Essai pour un contrôle populaire des institutions – DÉFINITION, FORCE ET ENJEUX DE LA CONSTITUTION : pourquoi nous sommes complètement fous de ne pas nous y intéresser en priorité absolue (3 vidéos intégrales et texte)

12/03/2024 | 3 commentaires

Chers amis,

Je réca­pi­tule, sur ma chaîne et dans ce billet, les vidéos que j’ai conçues et publiées pour Une Nôtre His­toire pour faire le point sur la démo­cra­tie et les ins­ti­tu­tions, en insis­tant évi­dem­ment sur l’im­por­tance prio­ri­taire d’un pro­ces­sus consti­tuant popu­laire et per­ma­nent (PCPP).

La nou­veau­té, ici, c’est que TOUS les ENJEUX POLITIQUES sont pré­sen­tés en une seule vidéo de 53 minutes (la troisième).

Je joins à ces trois vidéos le texte cor­res­pon­dant, pour ceux qui pré­fèrent lire.

Bonne lec­ture.

Étienne.


 

Les vidéos ci-des­sus reprennent, un à un, les points cités dans le texte ci-dessous :

 

DÉMOCRATIE ET INSTITUTIONS
À la recherche de NOTRE CAUSE COMMUNE :

ins­ti­tuer nous-mêmes la puis­sance poli­tique qui nous manque

ESSAI POUR UN CONTRÔLE POPULAIRE DES INSTITUTIONS
et par voie de consé­quence, un contrôle popu­laire des lois et de l’application des lois :

un contrôle popu­laire de la police, de la jus­tice et de l’armée, des fonctionnaires,
des médias, de la mon­naie, de la science, des ser­vices publics…
Donc un contrôle popu­laire per­ma­nent de tous les repré­sen­tants du peuple.

Extrait :
FORCE ET ENJEUX DE LA CONSTITUTION

Salut 🙂

« Démo­cra­tie et Ins­ti­tu­tions », pre­mier épi­sode d’une série de courtes vidéos (5−10 min) sur le thème « une démo­cra­tie, ça s’institue », qui vont uti­li­ser un for­mat un peu par­ti­cu­lier : je tourne tout ça chez moi, tran­quille­ment, tout seul, je parle à une machine, je n’ai pas l’habitude, ce n’est pas facile, il faut régler plein de pro­blèmes tech­niques en direct, ce qui me décon­centre beau­coup, mais cette façon de faire me donne la pos­si­bi­li­té de m’accompagner avec un plan, qui pour­ra vous aider à fixer vos idées, à suivre mes rai­son­ne­ments, à gar­der une vue d’ensemble sur points étu­diés ; et puis moi aus­si, ce plan va m’aider : à ne rien oublier et à prendre les choses dans l’ordre… Enfin on ver­ra, vous me direz si c’est pénible ou si ça va.

Plus que jamais, nous avons besoin d’une cause com­mune, sur laquelle nous pour­rions fon­der notre coexis­tence paci­fique durable. Au lieu de ça, pour l’instant, nous nous déchi­rons, nous nous dis­pu­tons sans arrêt selon des cli­vages par­ti­sans : les par­tis nous jettent les uns contre les autres, on dirait qu’il nous est impos­sible d’éviter la ziza­nie, et même, ces temps-ci, l’hystérie fana­tique… Toutes ces dis­putes pour rien, pour abso­lu­ment rien, puisque ce n’est jamais nous qui vote­rons les lois…

Je prends sou­vent l’image de la pri­son : je nous vois comme des pri­son­niers (poli­tiques) dans une cel­lule, tous agrip­pés aux bar­reaux de la fenêtre, en regar­dant le monde libre dehors à tra­vers des grilles et en nous dis­pu­tant pour savoir ce qu’il fau­drait faire dans ce monde exté­rieur : « il faut aller à gauche » disent les uns, « pas du tout il faut aller à droite ! » répondent les autres, « salauds d’extrémistes, c’est au centre qu’il est urgent d’aller ! », etc.  Et per­sonne d’entre nous ne prête la moindre atten­tion au fait que ces DISCUSSIONS LÉGISLATIVES (à pro­pos des lois qu’il fau­drait voter) sont par­fai­te­ment STÉRILES puisque, de toutes façons, CE N’EST PAS NOUS QUI DÉCIDONS, ce n’est pas nous qui votons nos lois. Et pen­dant ce temps, der­rière nous, la porte de la pri­son (que nous négli­geons sot­te­ment) est ouverte : elle n’est pas fer­mée à clef, il suf­fi­rait de la pous­ser pour s’évader. Mais elle est lourde, c’est vrai, et elle donne l’impression d’être fer­mée : aucun indi­vi­du, ni même aucun par­ti, ne peut la pous­ser à lui seul : il faut nous y mettre tous ensemble, vrai­ment ensemble, oubliant quelque temps nos dis­putes légis­la­tives pour nous unir dans un moment consti­tuant : ain­si unis, nous pour­rons nous éva­der sans dif­fi­cul­té. Et puis, une fois libres, on dis­pu­te­ra dehors pour savoir ce qu’il convient de faire, sans doute « loi par loi » et pas en bloc comme aujourd’hui.

Ce moment très impor­tant, où nous allons pous­ser ensemble sur la porte de notre pri­son pour en sor­tir, c’est « le pro­ces­sus consti­tuant », ce moment où les indi­vi­dus d’une popu­la­tion (même toute petite, comme des gilets jaunes sur leur rond-point ou les vil­la­geois d’une com­mune) réflé­chissent ensemble et décident des règles de leur repré­sen­ta­tion. Ces règles de repré­sen­ta­tion qui « consti­tuent » des êtres humains en un « peuple » s’appellent leur « constitution ».

Et voi­là donc cette cause com­mune, que je cherche depuis 2005 et que j’ai trou­vée : ce qui nous ras­semble, c’est notre impuis­sance poli­tique ; que nous soyons de gauche, de droite, du centre ou d’ailleurs, nous ne pou­vons déci­der de rien, nous ne sommes pas citoyens, nous n’avons pas de consti­tu­tion digne de ce nom. Et notre cause com­mune, c’est d’apprendre à ins­ti­tuer nous-mêmes la puis­sance poli­tique qui nous manque pour impo­ser la paix, la jus­tice et la prospérité.

* * * * *

Alors, à quoi sert une consti­tu­tion ? Pour vivre ensemble en paix, sans craindre « la loi du plus fort », les socié­tés humaines ont ima­gi­né et mis en place des INSTITUTIONS, c’est-à-dire des règles supé­rieures qui s’imposent à tous, et notam­ment aux plus forts, pour empê­cher cha­cun de nuire au bien com­mun. Ces ins­ti­tu­tions mettent donc en place des pou­voirs utiles (pour pro­duire le droit), mais aus­si très dan­ge­reux : pour nous pro­té­ger aus­si contre les pou­voirs abu­sifs, les ins­ti­tu­tions servent donc (et c’est même sans doute leur fonc­tion la plus impor­tante)  à limi­ter et contrô­ler les pou­voirs.

Théo­ri­que­ment, c’est une sacrée bonne idée : créer une puis­sance publique plus forte que le plus fort d’entre nous, pour empê­cher les forts de domi­ner arbi­trai­re­ment (injus­te­ment) les faibles, tout en inter­di­sant aux pou­voirs ins­ti­tués d’abuser de leur pou­voir, tout ça pour ser­vir le bien com­mun (les inté­rêts de tous), ça devrait bien fonctionner.

Et pour­tant, ça ne fonc­tionne pas du tout… C’est parce que CETTE IDÉE GÉNIALE DE CONSTITUTION NE PEUT FONCTIONNER QUE SI L’ON ÉVITE ABSOLUMENT QUE CES RÈGLES SOIENT ÉCRITES PAR CEUX DONT LA CONSTITUTION EST CENSÉE NOUS PROTÉGER…

Sinon, si on laisse les plus forts (ou les repré­sen­tants) écrire les ins­ti­tu­tions, la force des forts va être encore redou­blée par la puis­sance publique qui sera mise à leur ser­vice au lieu d’être mise au ser­vice du bien com­mun. Et alors le risque d’arbitraire et d’injustice va redou­bler au lieu de disparaître.

Et c’est pré­ci­sé­ment la situa­tion actuelle des peuples du monde entier.

Ce sont donc les simples citoyens (ceux qu’on appelle sou­vent « le peuple ») qui devraient impé­ra­ti­ve­ment contrô­ler leurs propres ins­ti­tu­tions : le contrôle des ins­ti­tu­tions doit être POPULAIRE ET PERMANENT.

Je vais donc plai­der, dans cette série de vidéos, pour un contrôle popu­laire des ins­ti­tu­tions, au plus haut niveau du droit, ce qui entrai­ne­ra natu­rel­le­ment, méca­ni­que­ment, par voie de consé­quence, le contrôle popu­laire de tous nos repré­sen­tants (les élus, les ministres, le pré­sident, les maires, tous les fonc­tion­naires…), le contrôle popu­laire de tous les pou­voirs (la police, la jus­tice, l’armée, les médias, la banque, la science…), et le contrôle popu­laire de toutes les normes de droit (les lois, les décrets, les arrê­tés, les ordon­nances, les traités…).

Il s’agit, pour que les droits théo­riques deviennent enfin des droits réels, d’ins­ti­tuer nous-mêmes « le droit des peuples à dis­po­ser d’eux-mêmes ».

On va tâcher, dans cet essai, d’inviter cha­cun à d’abord COMPRENDRE CE QUI NE VA PAS (A) en matière ins­ti­tu­tion­nelle, puis à CONNAÎTRE LES ALTERNATIVES (B) ins­ti­tu­tion­nelles, et enfin à AGIR © en matière institutionnelle :

* * * * *

A – COMPRENDRE CE QUI NE VA PAS : LE PIÈGE INSTITUTIONNEL

Pour com­prendre « ce qui ne va pas » en matière ins­ti­tu­tion­nelle, il faut d’abord com­prendre com­ment les ins­ti­tu­tions devraient fonc­tion­ner, qu’est-ce qu’une bonne consti­tu­tion (1), et ensuite décrire les graves pro­blèmes de socié­té qui naissent — ou per­durent — du fait d’une mau­vaise consti­tu­tion (2) :

 

1 – QU’EST-CE QUE LA CONSTITUTION ?

En rédi­geant libre­ment une consti­tu­tion com­mune, en déci­dant sou­ve­rai­ne­ment com­ment elle veut être repré­sen­tée poli­ti­que­ment, une mul­ti­tude devient un peuple.

Une consti­tu­tion digne de ce nom peut être vue comme un « contrat social » (a) doté d’une force juri­dique supé­rieure et pré­sen­tant des enjeux poli­tiques majeurs, et ce contrat doit res­pec­ter quelques grands prin­cipes (b) que tout citoyen digne de ce nom devrait connaître :

a – UN CONTRAT SOCIAL ENTRE CEUX QUI VEULENT ÊTRE REPRÉSENTÉS fixant les règles de leur représentation

Une consti­tu­tion est une règle supé­rieure com­mune accep­tée par tous — d’abord au départ et ensuite chaque fois qu’elle est cor­ri­gée — pour aider les indi­vi­dus à ne pas s’entretuer et même à vivre en paix mal­gré les inévi­tables oppo­si­tions d’intérêts par­fois très contradictoires.

On l’a dit en intro­duc­tion, pour vivre ensemble en paix, sans craindre « la loi du plus fort », les socié­tés humaines ont ima­gi­né et mis en place des INSTITUTIONS, c’est-à-dire des règles supé­rieures qui s’imposent à tous, et notam­ment aux plus forts, pour empê­cher cha­cun de nuire au bien commun.

Théo­ri­que­ment, c’est une sacrée bonne idée : créer une puis­sance publique plus forte que le plus fort d’entre nous, pour empê­cher les forts de domi­ner arbi­trai­re­ment (injus­te­ment) les faibles, et pour ser­vir le bien com­mun (les inté­rêts de tous), ça devrait bien fonctionner.

Ce « contrat social » — pacte pas­sé entre des per­sonnes qui estiment avoir besoin d’être repré­sen­tés — fixe les règles de la repré­sen­ta­tion, il fait émer­ger des « représentants ».

Atten­tion ! À ce moment pré­cis de la réflexion se joue un drame, une erreur pro­fonde dont les consé­quences sont catas­tro­phiques pour toute l’humanité : le contrat social n’est PAS pas­sé entre le peuple et ses repré­sen­tants, mais entre les citoyens du peuple exclu­si­ve­ment, à un moment où les repré­sen­tants n’existent pas encore. C’est le contrat social qui va faire naître les repré­sen­tants, donc les repré­sen­tants ne sont PAS par­ties au contrat social, sur­tout pas. On y revien­dra bien­tôt, dans la par­tie ci-des­sous consa­crée au pro­ces­sus constituant.

En gros, la consti­tu­tion nous sert à dire com­ment nous vou­lons être repré­sen­tés : vou­lons-nous des repré­sen­tants qui soient nos ser­vi­teurs ou bien nos maîtres ? Com­ment allons-nous dési­gner nos repré­sen­tants : élec­tions et/ou tirage au sort ? Quels modes de scru­tin ? Quels man­dats ? Com­ment les repré­sen­tants (tous les pou­voirs) vont-ils être contrô­lés en cours de man­dat ? Quelle puis­sance poli­tique (quelle sou­ve­rai­ne­té) nous est confé­rée (à nous, les citoyens repré­sen­tés) en oppo­si­tion ou en com­plé­men­ta­ri­té avec la puis­sance des repré­sen­tants ? Com­ment sont répar­tis les dif­fé­rents pou­voirs ? Com­ment sera révi­sée la consti­tu­tion ? Tout ça se décide dans la constitution.

Ces « règles de la repré­sen­ta­tion » ont une FORCE JURIDIQUE immense (1), ce qui fait qu’elles pré­sentent un ENJEU POLITIQUE vital (2) pour la liber­té et la justice :

1)  FORCE JURIDIQUE de la constitution

Pour­quoi la consti­tu­tion est-elle si importante ?

La consti­tu­tion est au som­met de la pyra­mide des normes obli­ga­toires, tout en haut de l’état de droit, c’est la loi supé­rieure à toutes les autres ; on l’appelle par­fois le droit du droit : elle dit com­ment doit être écrit (et appli­qué) le droit.

Pour notre vie quo­ti­dienne, son impor­tance est considérable :

a) Toutes LES PERSONNES porteuses d’un pouvoir sont soumises à la constitution :
  • La police obéit à la constitution.
  • L’armée obéit à la constitution.
  • Les juges, les avo­cats, les huis­siers, les gar­diens de pri­son obéissent à la constitution.
  • Le pré­sident de la Répu­blique, les ministres, les pré­fets, les maires et les par­le­men­taires, tous ceux qui nous servent obéissent à la constitution.
  • Tous les fonc­tion­naires, tous les pou­voirs en place (et toutes les déci­sions qu’ils prennent pour nous ser­vir) doivent res­pec­ter la constitution.
b) Toutes LES RÈGLES ET DÉCISIONS doivent être conformes à la constitution :
  • toutes les lois doivent res­pec­ter la constitution, 
  • tous les règle­ments (décrets, arrê­tés, ordon­nances…) doivent res­pec­ter la constitution, 
  • tous les actes et juge­ments doivent res­pec­ter la constitution,
  • tous les trai­tés doivent res­pec­ter la constitution…

On voit là que ce texte est véri­ta­ble­ment essen­tiel, à la fois pour ceux qui veulent prendre le pou­voir et pour ceux qui veulent s’en pro­té­ger : tous les pou­voirs publics, c’est-à-dire ceux qui ont le mono­pole de l’usage de la force et des armes, obéissent tous à la Consti­tu­tion, ain­si que toutes les règles de droit… Nous sommes donc com­plè­te­ment fous de nous en désintéresser.

c) Mais attention  aux « experts » constitutionnels :

Atten­tion : les juristes (les notables dont le droit est le métier : juges, pro­fes­seurs de droit public…) se sont appro­prié l’autorité sur la consti­tu­tion (en disant « nous sommes les seuls à pou­voir dire vala­ble­ment ce qui a été, ce qui doit être, ce qui peut être, et ce qui ne peut pas être… en matière de consti­tu­tion), mais je pré­tends que LES JURISTES SONT ILLÉGITIMES À S’ARROGER LE MONOPOLE DU SAVOIR CONSTITUANT (comme si la consti­tu­tion n’était qu’un simple objet tech­nique) : la consti­tu­tion est si haut pla­cée que ce n’est plus du droit, c’est de la poli­tique ; ce texte est si impor­tant qu’il ne doit abso­lu­ment pas être cap­té par des tech­ni­ciens, par des experts :  ce texte appar­tient par nature au peuple qui accepte de s’y sou­mettre, au peuple en per­sonne qui est le seul qui soit à la fois apte et légi­time pour l’écrire et le faire res­pec­ter. Et c’est au peuple de se faire res­pec­ter comme tel : comme le seul acteur consti­tuant accep­table. La consti­tu­tion n’est pas un texte juri­dique mais politique.

2) ENJEUX POLITIQUES de la constitution

Mais ce n’est pas tout ; voyez ci-après tous les tré­sors d’émancipation que pour­rait ren­fer­mer la consti­tu­tion, et aus­si bien tout au contraire (sui­vant qui l’écrit) tous les rouages d’aliénation qu’elle ren­ferme aujourd’hui, concrè­te­ment, maté­riel­le­ment, prag­ma­ti­que­ment — tout ça n’a rien de théo­rique ou de vir­tuel, c’est du droit posi­tif, de la réa­li­té contrai­gnante, de la liber­té ou de l’oppression selon le cas :

  1. C’est dans la consti­tu­tion que le pou­voir exé­cu­tif peut « décla­rer la guerre » sans deman­der la per­mis­sion (par réfé­ren­dum) à ceux qui font la faire.
  2. C’est dans la consti­tu­tion que les élus n’ont PAS de comptes à rendre, et qu’ils peuvent donc men­tir, voler, tri­cher, et même par­fois tra­hir au der­nier degré sans jamais être sanctionnés,
  3. C’est dans la consti­tu­tion que les élus ne sont PAS révo­cables en cas de faute, poli­tique ou autre,
  4. C’est dans la consti­tu­tion qu’est défi­ni le man­dat (la mis­sion, la charge) des repré­sen­tants : vont-ils être nos maîtres (et tout voter à notre place sans jamais nous consul­ter, comme aujourd’hui) ? Ou bien vont-ils être nos ser­vi­teurs (en nous pré­pa­rant les lois, mais en nous lais­sant ensuite les voter nous-mêmes ?
  5. C’est dans la consti­tu­tion que les man­dats ne sont PAS courts, que les man­dats sont renou­ve­lables, que les man­dats sont cumu­lables (et tout ça va pro­duire des pro­fes­sion­nels de la poli­tique, une caste de poli­ti­ciens, accros au pou­voir plu­tôt qu’intéressés au bien commun),
  6. C’est dans la consti­tu­tion que nous ne pou­vons PAS choi­sir libre­ment nos can­di­dats aux élec­tions et que nous sommes obli­gés de choi­sir par­mi les canailles impo­sées par les par­tis (et leurs par­rains mafieux) : voyez le scan­dale du par­rai­nage obli­ga­toire par 500 élus pour deve­nir soi-même élu,
  7. C’est dans la consti­tu­tion que nous est impo­sé le mode de scru­tin humi­liant uni­no­mi­nal majo­ri­taire à deux tours, au lieu du juge­ment majo­ri­taire ou du scru­tin à points,
  8. C’est dans la consti­tu­tion que les repré­sen­tants ont le droit extra­va­gant d’écrire eux-mêmes le code élec­to­ral : le décou­page des cir­cons­crip­tions (ce qu’on appelle le « char­cu­tage élec­to­ral »), l’utilisation de machines à voter (opaques et invé­ri­fiables), la pos­si­bi­li­té du vote par cor­res­pon­dance (lieu des pires fraudes mas­sives), le décompte des voix par le gou­ver­ne­ment majo­ri­taire, l’obligation d’un par­rai­nage mafieux (par­rai­nage non ano­nyme et donc expo­sé aux pires pres­sions occultes) des can­di­dats par 500  élus, etc., c’est donc dans la consti­tu­tion qu’est pré­vue cette folie que ce sont les élus qui fixent eux-mêmes les règles de l’élection,
  9. C’est dans la consti­tu­tion que les repré­sen­tants sont ÉLUS et à l’abri de tout contrôle citoyen, ce qui entraîne la for­ma­tion des par­tis et la profession­nalisation de la poli­tique, (au lieu d’être tirés au sort et contrôlés/révocables à tout moment, ce qui garan­ti­rait la rota­tion des charges et l’amateurisme poli­tique propre à la vraie démocratie),
  10. C’est dans la consti­tu­tion que les citoyens n’ont aucun moyen de se défendre eux-mêmes contre leurs repré­sen­tants s’ils votent des lois scélérates,
  11. C’est dans la consti­tu­tion qu’est pro­gram­mée L’IMPUISSANCE POLITIQUE du peuple, l’infantilisation des citoyens, trai­tés comme des inca­pables poli­tiques, ne pou­vant rigou­reu­se­ment rien déci­der eux-mêmes,
  12. C’est dans la consti­tu­tion que les repré­sen­tants peuvent modi­fier eux-mêmes la consti­tu­tion, et même (pire encore) de révi­ser la consti­tu­tion sans réfé­ren­dum,
  13. C’est dans la consti­tu­tion que les man­dats impé­ra­tifs (l’obligation de res­pec­ter ses pro­messes de cam­pagne) sont car­ré­ment inter­dits, au lieu d’être la règle normale,
  14. C’est dans la consti­tu­tion que les repris de jus­tice ne sont PAS exclus à vie de la can­di­da­ture aux élec­tions et qu’ils peuvent s’y repré­sen­ter librement,
  15. C’est dans la consti­tu­tion que le vote blanc — qui est un vote de pro­tes­ta­tion glo­bale pour dire « ren­trez tous chez vous, je vous trouve tous nuls, je veux d’autres can­di­dats » — n’est PAS res­pec­té et qu’il est même car­ré­ment mélan­gé avec les votes nuls (quel sym­bole, quel mépris !),
  16. C’est dans la consti­tu­tion que les par­le­men­taires fixent eux-mêmes leur salaire, leurs impôts et leurs pri­vi­lèges exor­bi­tants (chô­mage, retraite, gra­tui­tés, exemp­tions, ), et plus lar­ge­ment, c’est aus­si dans la consti­tu­tion que les élus peuvent être eux-mêmes à l’abri des lois qu’ils imposent aux autres,
  17. C’est dans la consti­tu­tion que les pou­voirs ne sont PAS sépa­rés et que l’exécutif s’appelle « gou­ver­ne­ment » — chan­ge­ment de nom stra­té­gique qui jus­ti­fie ensuite, mais illé­gi­ti­me­ment, sa scan­da­leuse toute-puissance,
  18. C’est dans la consti­tu­tion que l’exécutif peut écrire des lois : les « lois » émises par l’exécutif portent un nom spé­cial (les « règle­ments »), mais on se fiche de cette éti­quette fal­la­cieuse : la sépa­ra­tion des pou­voirs, essen­tielle, c’est l’interdiction pour celui qui contrôle la force publique, la police, l’armée, de pro­duire lui-même les règles qu’il est char­gé d’appliquer : le « pou­voir régle­men­taire » est DONC une scan­da­leuse confu­sion des pou­voirs, ultra dan­ge­reuse pour les liber­tés publiques. Et c’est dans la consti­tu­tion que c’est programmé,
  19. C’est dans la consti­tu­tion que l’indispensable RIC réfé­ren­dum d’initiative popu­laire n’est PAS prévu,
  20. C’est dans la consti­tu­tion que la mon­naie n’est PAS publique, et donc que la mon­naie a pu deve­nir PRIVÉE, et que sont donc ren­du pos­sibles à la fois : 
    1. le chan­tage quo­ti­dien des usu­riers (chan­tage à la dette, uni­ver­selle) pour détruire l’État-Providence (tous les ser­vices publics et toutes les ins­ti­tu­tions de soli­da­ri­té qui ne peuvent plus être finan­cés par un État inuti­le­ment ruiné)
    2. mais aus­si la cap­ta­tion de l’impôt par les mêmes usu­riers qui per­çoivent des for­tunes de la part de l’État au titre des « inté­rêts de la dette publique » (reve­nus illé­gi­times, sans cause : ce que les riches autre­fois payaient en impôts, ils ne le paient plus : ils le prêtent désor­mais !, et il faut donc le leur rendre ! et en plus avec inté­rêts !!… Alors que nor­ma­le­ment, en démo­cra­tie, seuls les riches paient des impôts : là, faute de consti­tu­tion, c’est l’inverse !),
    3. et même le coup d’État ban­caire actuel (où les patrons de banques, au lieu d’être empri­son­nés pour faillite frau­du­leuse, se retrouvent car­ré­ment à la tête des gou­ver­ne­ments ! Les usu­riers sont ain­si pro­gres­si­ve­ment deve­nus les maîtres de la terre entière), dans une bonne consti­tu­tion, la mon­naie et le cré­dit devraient être des ser­vices publics sous contrôle citoyen et sans but lucra­tif,
  21. C’est dans la consti­tu­tion que les médias et les jour­na­listes ne sont PAS pro­té­gés contre l’appropriation / concen­tra­tion par les 1‰ (un pour mille, 1 pour 5 mil­lions en fait) les plus riches, c’est la consti­tu­tion qui per­met que TOUS les jour­naux du pays France soient désor­mais sous le contrôle de 8 milliardaires,
  22. C’est dans la consti­tu­tion que les médias ne sont PAS affec­tés à la remon­tée de l’information depuis le peuple, et qu’ils peuvent donc ser­vir d’outil de for­ma­tage à sens unique, de pro­pa­gande : l’info des­cend ain­si de haut en bas, tou­jours dans le même sens, vers le peuple à qui on ne donne aucun droit sérieux de par­ler sur les ondes,
  23. C’est dans la consti­tu­tion fran­çaise qu’est per­mis cet abus de droit scan­da­leux, pour les élus, de trans­fé­rer la sou­ve­rai­ne­té popu­laire (qui ne leur appar­tient pour­tant abso­lu­ment PAS) à des organes hors contrôle en inté­grant la consti­tu­tion euro­péenne dans la consti­tu­tion fran­çaise (c’est-à-dire en construi­sant un 2ème mur d’enceinte, inter­na­tio­nal, autour des murs de la pre­mière pri­son, natio­nale), et de le faire sans réfé­ren­dum (et même contre un réfé­ren­dum contraire, comme en 2008 contre 2005),
  24. C’est dans la consti­tu­tion (euro­péenne) que l’État ne peut PAS créer gra­tui­te­ment la mon­naie per­ma­nente dont il a besoin pour finan­cer les inves­tis­se­ments et les ser­vices publics, et c’est DONC dans la consti­tu­tion (euro­péenne) que l’État est ren­du pri­son­nier des mar­chés finan­ciers (c’est-à-dire, en fait, des quelques pro­prié­taires des grandes banques mon­diales) sous le joug des inté­rêts arbi­traires d’une dette publique non néces­saire et ruineuse,
  25. C’est même dans la consti­tu­tion (euro­péenne) qu’est fixée défi­ni­ti­ve­ment et irré­vo­ca­ble­ment une poli­tique moné­taire anti­so­ciale qui nous impose un chô­mage de masse sys­té­mique — lui aus­si évi­dem­ment non néces­saire et rui­neux — (ain­si que les bas salaires et la doci­li­té des sala­riés qui vont avec) en impo­sant la seule lutte contre l’inflation comme prio­ri­té abso­lue à une Banque cen­trale « indé­pen­dante » (indé­pen­dante de nos votes, sur­tout), et lut­ter contre l’inflation, ça se paie en chô­mage,
  26. C’est encore dans la consti­tu­tion (euro­péenne) qu’est impo­sé le révol­tant libre-échange (mise en concur­rence de nos tra­vailleurs avec ceux de pays escla­va­gistes dont la « com­pé­ti­ti­vi­té » est inac­ces­sible) et le chô­mage, les bas salaires, la dés­in­dus­tria­li­sa­tion, le défi­cit mons­trueux de la balance com­mer­ciale, la dépen­dance, l’endettement explo­sif et l’appauvrissement géné­ral qui vont avec,
  27. C’est encore dans la consti­tu­tion (euro­péenne) qu’est impo­sée la libre cir­culation des capi­taux et les hon­teuses délo­ca­li­sa­tions / dés­in­dus­tria­li­sa­tions qui en découlent for­cé­ment (et le chô­mage et les bas salaires qui vont avec),
  28. C’est fina­le­ment dans la consti­tu­tion (euro­péenne) que sont impo­sés les bas salaires, « grâce » au chô­mage et à la pré­ca­ri­té sys­té­mique impo­sés par les ins­ti­tu­tions ci-dessus.
  29. Et comme par hasard (une coïn­ci­dence, sans doute), les mul­ti­na­tio­nales et les banques, moins bêtes que nous, ça c’est bien clair, écrivent elles-mêmes (ou font écrire par leur armée de juristes pros­ti­tués) l’anticonstitution (euro­péenne) !

Ce der­nier point est un indice très impor­tant de notre sot­tise popu­laire, je trouve.

Pour résu­mer, je dirais que ceux qui pré­tendent que « la consti­tu­tion n’a pas d’importance » sont soit igno­rants ou idiots, soit com­plices ; ils se trompent ou ils nous trompent.

Étienne Chouard.


Tableau réca­pi­tu­la­tif des ENJEUX POLITIQUES DE LA CONSTITUTION :

Tableau récapitulatif des ENJEUX POLITIQUES DE LA CONSTITUTION

Source (texte au for­mat PDF) : https://​www​.chouard​.org/​w​p​-​c​o​n​t​e​n​t​/​u​p​l​o​a​d​s​/​2​0​2​4​/​0​3​/​F​O​R​C​E​-​E​T​-​E​N​J​E​U​X​-​P​O​L​I​T​I​Q​U​E​S​-​D​E​-​L​A​-​C​O​N​S​T​I​T​U​T​I​O​N​.​pdf

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Étienne

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3 Commentaires

  1. François HAQUET

    Un peu long, mais juste.

    Réponse
  2. Yanick Toutain

    Chaque fois qu’il était pos­sible depuis des années de dési­gner des délé­gués révo­cables délé­gués inter­mé­diaires de base DIB #1pour5 délé­gués de base DB #1pour25 délé­gués inter­mé­diaires conseillers DIC #1pour125 qui seront les coor­di­na­teurs com­mu­naux membre de l’exé­cu­tif des 15625 com­munes révo­lu­tion­naires vos par­ti­sans dis­cré­di­taient notre pro­jet sans même don­ner un seul argu­ment : la force gré­gaire du nombre plus votre man­tra absurde : le tirage au sort.
    Nous vou­lons que le peuple embauche 2,5M de fonc­tion­naires sup­plé­men­taires et que les 8 mil­lions de « fonc­tion­nantes » (5,5M+2,5M) soient tous des délé­gués inter­mé­diaires de base DIB pré­sen­tant cha­cun les 4 noms des citoyens leur don­nant accréditation
    Nous vou­lons qu’en plus des 32M de Fran­çais accré­di­tant ces 8M de DIB , 8 M sup­plé­men­taires donnent accré­di­ta­tion à 2M d’é­tu­diants délé­gués péda­go­gie DIB.
    Ce pro­ces­sus popu­laire rem­pla­çant parcoursup
    Les 25 délé­gués révo­cables ministres repré­sen­tant cha­cun 2M de citoyens, 400000 DIB, 80 000 DB etc
    Cha­cun serait le porte-parole de 16 000 DIC

    Nous pré­voyons que 14 000 élèves de Sciences Po soient cha­cun « men­torg  » d’une com­mune révolutionnaire
    Chaque men­torg étant par ailleurs le délé­gué conseiller accré­di­té par 625 jeunes de 7 à 17 ans.
    Etc etc

    Réponse
  3. salima

    Les ins­ti­tu­tions sont le fon­de­ment d’un l’é­tat popu­laire et un peuple qui ne contrôle pas lui même ses ins­ti­tu­tions n’a aucun pou­voir, il sera auto­ma­ti­que­ment aliéné

    Réponse

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