La tolérance n’est pas une concession que je fais à l’autre, elle est la reconnaissance du principe qu’une partie de la vérité m’échappe.
Paul Ricoeur.
L’enseignement secondaire n’est pas démocratique du tout (Alain, 1906)
L’enseignement secondaire (Alain, 1906) L’enseignement secondaire n’est pas démocratique du tout. Et en disant cela, je ne pense point aux opinions des professeurs ; elles sont tout à fait variées, et c’est tant mieux. Je pense à des traditions déjà anciennes, et qui...
Pourquoi nous voulons abolir le délit d’opinion ?
La liberté d’expression est une valeur humaine dans sa liberté même de dire l’inhumain. Les opinions racistes, xénophobes, sexistes, sadiques, haineuses, méprisantes ont autant le droit de s’exprimer que les nationalismes, les croyances religieuses, les idéologies sectaires, les clans corporatistes qui les encouragent ouvertement ou sournoisement selon les fluctuations de l’ignominie démagogique. Les lois qui les répriment, telle, en France, la loi Gayssot de 1992, s’en prennent au « puéril revers des choses » sans toucher aux causes. Elles exorcisent le mal au lieu de le prévenir et de le guérir. Elles substituent la sanction à l’éducation. Ce ne sont pas les propos qui doivent être condamnés, ce sont les voies de fait. Ce ne sont pas les discours ignominieux du populisme qui doivent faire l’objet de poursuites - sans quoi il faudrait dénoncer aussi leur imprégnation sournoise et leur présence masquée dans les déclarations démagogiques de la politique clientéliste et bien-pensante -, ce sont les violences à l’encontre des biens et des personnes, perpétrées par les sectateurs de la barbarie.
Le sens commun montre qu’il est inconséquent d’interdire Mon Combat de Hitler, Bagatelles pour un massacre de Céline, les Protocoles des sages de Sion, ou les ouvrages révisionnistes, et de tolérer par ailleurs les propos misogynes de Paul de Tarse et du Coran, les diatribes antisémites de saint Jérôme et de Luther, un livre truffé d’infamies comme la Bible, l’exhibition complaisante des violences qui forment la matière ordinaire de l’information, l’affichage omniprésent du mensonge publicitaire et tant de contrevérités historiques, entérinées par l’histoire officielle. Mieux vaut ne pas l’oublier : une fois instaurée, la censure ne connaît pas de limites, car la purification éthique se nourrit de la corruption qu’elle dénonce.
On ne combat pas et on ne décourage pas la bêtise et l’ignominie en leur interdisant de s’exprimer : la meilleure critique d’un état de fait déplorable consiste à créer la situation qui y remédie. La bêtise, l’infamie, la pensée ignoble sont les sanies d’une sensibilité blessée. Les empêcher de s’écouler, c’est envenimer la blessure au lieu d’en diagnostiquer les causes afin d’y porter remède. Si nous ne voulons pas qu’une aberration finisse par infecter le tissu social comme une tumeur maligne, nous devons la reconnaître pour ce qu’elle est : le symptôme d’un malaise dans l’individu et dans la société.
Ce n’est pas le symptôme qui est condamnable, c’est notre peu d’empressement à éradiquer des conditions qui propagent le prurit, l’abcès, la peste. Au souci d’écraser l’infâme, mieux vaut seconder le désir de vivre mieux - c’est-à-dire plus humainement.
Raoul Vaneigem – Rien n’est sacré, tout peut se dire.
Est démocratique, une société qui se reconnaît divisée, c’est-à-dire traversée par des contradictions d’intérêt et qui se fixe comme modalité, d’associer à parts égales, chaque citoyen dans l’expression de ces contradictions, l’analyse de ces contradictions et la mise en délibération de ces contradictions, en vue d’arriver à un arbitrage.
Paul Ricoeur.
La photo de l’année 2016.
Cette photo est extraordinaire.
Cette femme, esclave de l’Etat Islamique, retire son voile après avoir passé la frontière.
Qu’en pense @sciencespo ? #HijabDay
D’autres photos de passages de frontières …
https://making-of.afp.com/fuir-la-syrie-par-le-trou-dune-aiguille
Lordon persiste et signe :
httpv://www.youtube.com/watch?v=zvS5MRcoCFE
Excellent dans ses analyses théoriques, handicapé (et handicapant) dans son militantisme.
Beurque. Frédéric Lordon est comme beaucoup de gens : instruit à gauche, il rendra probablement son dernier souffle en saluant une dernière fois cette « antichambre du fascisme » (Léo Ferré). Pour le dire plus gentiment, il souffre d’un grave excès de confiance en sa capacité à tout savoir. Et pourtant j’adore lire sa prose, et je le trouve même si minoritaire dans des combats si utiles (la sortie de l’euro en particulier). Mais merde, beurque.
Frédéric Lordon est comme tout le monde : il vit avec ses contradictions. Quelques semaines après s’être emballé pour un « film d’action directe », et tonnant encore qu’on n’est pas là pour la paix et qu’il y en a au moins un ou deux qu’on a bien l’intention de fâcher, il flippe à l’idée que les mass média puissent trouver la moindre raison de coller sur cette sorte de « printemps français » qu’il a pourtant assumé de laisser s’autogérer quelque image marron d’ailleurs totalement indéfinie, éventualité contre laquelle seul pouvait le protéger l’activisme vigilant de la « commission accueil et sérénité » – atroce prouesse de novlangue, en dépit du fait et surtout grâce au fait qu’elle est, à n’en pas douter, l’invention de fougueux partisans de la révolution festive, laquelle forme de drôlerie se fout généralement de la rumeur d’implication d’un Soros dans certains autres « printemps », comme elle se tamponne de « l’idiosyncrasie monétaire allemande » (rendons à César…).
Frédéric Lordon est comme tout le monde : il a ses contradictions. Au premier coup de feu (et encore), et après tant d’années à dénoncer le fait que l’on a gravé dans la constitution (via les traités UE) les fondements incontournables d’une politique néolibérale, il veut déjà y graver l’interdiction de la propriété privée des moyens de production. Qu’importe, d’ailleurs, si c’est à tort qu’il affirme que la propriété lucrative des moyens de production est sanctuarisée par la constitution. Ou si son abolition totale signifie le léninisme pratique, savoir la capitalisme d’État. Certes, je cite là une interview, les mots étaient sans doute mal pesés, mais on attend encore de savoir comment établir la propriété d’usage (je signe des deux mains).
Simone Weil, après bien d’autres et bien avant Frédéric Lordon, voulait inscrire dans la « constitution » la propriété d’usage – ce droit fondamental que vient couramment piétiner le faux droit de l’actionnaire qui n’a jamais vu la couleur des murs de l’atelier qu’il « possède ». Mais voilà : Simone prônait aussi l’abolition des partis politiques. Elle croyait, du reste, que toute personne, même prétendument débile, peut atteindre, pourvu qu’elle le souhaite et y travaille, une grande intelligence, et elle était aussi beaucoup attachée, manifestement, au fait de penser par soi-même (c’est un pléonasme). En toute logique, Raoul Marc Jennar (au hasard) serait donc favorable à ce que Simone ne soit pas admise sur la place de la République : c’était à l’évidence une proto-fasciste des années 1930. Quelques égarés commenteront peut-être que c’est couillon pour une juive, surtout une qui a essayé de servir en Espagne contre Franco, mais c’est ainsi : elle était, donc, contre le suffrage universel, donc pour la dictature fasciste. D’ailleurs, noyée dans ses paradoxes et autres idées nauséabondes, elle a sérieusement songé carrément à se faire baptiser catho, au point de harceler un curé avec ça – et de bourrer ses « Oeuvres » de lettres mystiques. Certes, Raoul Marc risquerait alors d’être taxé d’antisémitisme : comment donc peut-on exclure une juive de l’agora ? Pourtant il ne craint pas forcément d’être taxé de fasciste, lui qui s’est permis de censurer sauvagement 50 commentaires (dont tous ceux d’Étienne et le mien) qui avaient été postés sur son blog en réponse à son billet intitulé : Le tirage au sort, une chimère (1) (2).
Mais ce n’est pas si simple d’y réchapper… Selon le site du CVIPMA (voir lien dans le dernier billet d’Étienne en date), le fascisme comporterait nécessairement un fondement idéologique raciste et antisémite. Pardon d’y insister un peu, à part la blague à la con qui précède (et je dois dire que je débarque), mais on dirait que ça se corse. Je cite, cités par un rabbin orthodoxe (3), monsieur Vladimir Jabotinsky, célèbre leader sioniste de la première heure, fondateur du parti « révisionniste » (ça existe, ça?) qui serait ancêtre du Likoud : « The Jewish people are a very nasty people. Its neighbors hate it and they’re right » et David Ben Gourion, chef combattant sioniste et premier Premier ministre de l’État d’Israël qui – paraphrasant lui aussi Hitler – aurait parlé de « sterile Jewish masses living parasitically off of the body of an alien economic body. » Ah ouais, si les mots ont un sens, y aurait des juifs antisémites… C’est bizarre, à vue de nez ça me donnerait surtout l’impression que les mots n’ont plus de sens.
Pour ajouter à clarté, je veux dire au bordel : alors que ledit rabbin débattait là avec un musicien né, en Israël, de père et mère juifs, cet échange me paraît répugnant d’antisémitisme selon tous les standards même les plus relâchés que l’on puisse imaginer en France… Le premier tient autant à Israël qu’à la Chine ; pire, il considère que l’idée d’une nation juive est en elle même une idolâtrie de la pire espèce (je vous épargne volontiers les développements) ; le second (le musicien) explique qu’il n’a évidemment rien contre les gens qui se disent Juifs par ascendance, ni rien non plus contre les juifs – c.à.d. les religieux – (bien qu’il soit athée, et du reste « ex-Juif » un peu à la manière d’un Shlomo Sand… suivez un peu, merde), mais il considère comme un énorme problème pour le monde (comme un fléau qui dépasse de loin la question d’Israël et des Palestiniens) l’idéologie et le comportement d’une troisième catégorie de Juifs, fort nombreuse, qui revendique un suprématisme racialiste – allez comprendre, il semble les détester d’autant plus quand ils sont antisionistes…
Zarbe. Je croyais que l’antisémitisme était un racisme, et ce type me dit que certains Juifs sont racistes… Con que je suis : je n’y avais tout bonnement jamais songé… et voilà qui suffisait à faire de moi un raciste ! M’étant toujours plus ou moins spontanément interdit de réfléchir à la question – comme je pensais non seulement y être invité par je ne sais quel ordre non écrit mais bel et bien régnant, mais tout simplement, et à part que je ne vois pas ce que je pourrais avoir contre « les Juifs », comme contre qui que ce soit d’autre, parce que j’ai autre chose à foutre que de chercher des problèmes ailleurs quand j’en ai bien assez déjà, bref -, voilà-t‑y pas que cela m’amenait à ce résultat tout à fait paradoxal : je pataugeais en fait dans le racisme le plus vil… en mettant implicitement tous les Juifs dans le même sac, donc, puisque n’ayant même pas l’idée de penser qu’il puisse y avoir, aussi, des Juifs racistes, comme… Comme il pourrait y a avoir des Belges fort au ski ou des Italiens qui n’aiment pas les pâtes.
Selon Manuella Cadelli, citée en mars sur ce blog : « Le fascisme se définit comme l’assujettissement de toutes les composantes de l’État à une idéologie totalitaire et nihiliste. » Ouh là, plus grand chose à voir, non ? Bon, je dois dire que ça me paraît absurde de poser le totalitarisme comme instrument du fascisme et non plutôt l’inverse, mais passons. En ce qui me concerne, le totalitarisme écologiste est déjà avéré, j’estime sérieusement être entouré – surtout chez les militants – de foules dangereuses qui gobent absolument n’importe quoi, ne lisent rien à la source, surtout pas les études scientifiques, et qui soutiennent des cinglés qui nous ruinent et nous détruisent au motif de sauver la planète, donc si j’avais l’idée qu’il faille laisser quelqu’un dehors je foutrais dehors tous les gens qui, par simple ignorance, veulent faire rentrer Gaïa dans la constitution – au lieu d’y inscrire le principe de séparation de l’État et de la science ». Autant dire que je serais déjà entouré de plus grand monde…
(1) http://www.jennar.fr/?p=1975
(2) RMJ, qui n’en ai pas à un changement de parti près, est manifestement de ceux qui attendront jusqu’à leur dernier souffle un miracle qu’un appareil dont la vocation est la guerre électoralo-électoraliste ne peut tout bonnement pas produire. Du reste, il est aussi placé pour savoir que, sans aller du tout jusque là, les logiques d’appareils sont parfois aussi insondables que celles de notre bon vieux seigneur. Ainsi un parti blindé de faux antifa plus tout boutonneux peut-il œuvrer activement à tuer subtilement le combat pour la sortie de l’euro au motif d’on ne sait que nationalisme mais placer un nationaliste revendiqué au « parlement européen » quand ça lui chante : http://www.politis.fr/blogs/2009/05/un-oubli-facheux-de-raoul-marc-jennar-npa-7145/
(3) A 1:07:00 – dans ce débat sans doute parfaitement surréaliste pour un antifa moyen, je suppose, en tous cas, moi, j’ai juste halluciné : https://youtu.be/OXBuUqPndqg Malheureusement, c’est en anglais et pas sous-titré, mais la citation est gravée sur l’écran et n’est pas dure à traduire (d’ailleurs, je n’ai même pas pris cette peine).
Merci Sam. Ta prose est reconnaissable entre mille…A peu près d’accord avec tout ton texte.
L’humoriste roi de la synthèse George Carlin sur l’écologie :
httpv://www.youtube.com/watch?v=JA5ftCNunRE
Carlin a su rester lucide et éviter presque tout les pièges de la « bien pensence », sauf sur… le féminisme (où il est à peu près au même niveau de bêtise et de sexisme que l’abruti alcoolo néo-pseudo-ex-gauchiste qui aime les flics dans sa chanson « Miss Maggie ») . Nobody’s pefect !
Bonjour Étienne,
Je pense que le moment est venu d’écrire un petit manifeste, une synthèse, un livre court d’éducation populaire, que chaque virus pourrait planter pour faire germer d’autres graines. Sur le modèle de ton Tedx, un livre universel, rassembleur, qu’on se passerait entre nous (comme dans 1984), ou les bénéfices irait à une association ou autres pour éviter toute accusation. Bref, rien n’est plus fort qu’une idée dont l’heure est venue comme disait l’autre et bien, je pense qu’il est temps que nous ayons cet outil démocratique.
Tu ne peux pas nous demander de lire des centaines de bouquins, écrire des tartines sur ton site mais aucun livre qui résume ton idée géniale 🙂
Bien à toi
Cordialement
Julien.
l’autre c’était Victor Hugo ! lol
Brutale, hideuse et illégale : 9 choses que vous devez savoir sur l’occupation israélienne de la Palestine (Salon.com)
Alors que ce récit est mis sous presse, l’Association américaine d’anthropologie (AAA) est en train de procéder au vote d’une résolution pour un boycott académique en solidarité avec le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS). Si elle vote la résolution, ce sera la plus grande organisation académique au monde à l’avoir fait, rejoignant des dizaines d’autres organisations académiques professionnelles, syndicats, et syndicats d’étudiants aux États-Unis et en Europe. La résolution de l’AAA pour le boycott vient juste de recevoirl’approbation de 22 anthropologues israéliens, dont la lettre se lit en partie comme suit :
« Nous convenons que nous sommes arrivés à un point critique où, sous certaines conditions internationales, une autre expulsion massive de Palestiniens pourrait se produire – ou pire… Nous estimons qu’il est possible de prendre une position positive contre cette réalité. L’appel palestinien au BDS se fonde sur une protestation anticoloniale, sous une forme non violente, contre une occupation qui est extrêmement violente ».
L’occupation est également au premier plan sur la scène politique aux États-Unis, même quand les politiciens tournent autour du pot sur cette question. Récemment, quatre candidats à la présidentielle, dont Hillary Clinton et Donald Trump, ont tenu à exprimer leur ardent soutien à Israël devant la convention du Comité américain pour les affaires publiques israéliennes (AIPAC). Le titred’un article dans le Ha’aretz parle de lui–même : « Les candidats à l’AIPAC : qui s’abaissera le plus devant ses exigences : Clinton ou Trump ? Peu importe ! La conférence de l’AIPAC a été un tour d’honneur pour un Benjamin Netanyahu victorieux. ». L’article résume ainsi ce désolant spectacle :
« L’expression « s’abaisser » n’est même pas un début de vérité. Tout au long de la nuit, les quatre candidats ont recherché les applaudissements en déblatérant sur des sanctions contre l’Iran – même Clinton qui avait été contrainte d’adopter l’accord avec l’Iran en raison de son affiliation avec Obama, même elle n’a pas répugné à le faire.
« Tous les candidats ont admonesté les Palestiniens pour leur promotion d’une « culture de haine et de mort« , mais aucun n’a évoqué l’occupation de la Cisjordanie, ni la crise humanitaire incessante qu’est Gaza. Ils ont bassement flatté l’AIPAC, et cela leur a gagné des applaudissements tonitruants et des ovations debout ».
Bernie Sanders, seul, a eu le courage d’aller à contre-courant et d’introduire un minimum de vérité, de morale et de réalité, mais comme d’habitude, les médias dominants n’en ont pas parlé. CommeThe Intercept le rapporte :
« Dans un discours à Salt Lake City, qui avait été proposé à l’AIPAC pour une émission de télévision – une proposition qui a été refusée -, le sénateur du Vermont a répété qu’il soutenait la sécurité d’Israël. Il a aussi insisté sur le fait que « la paix signifie aussi la sécurité pour chaque Palestinien. Elle signifie parvenir à l’autodétermination, aux droits civils, et au bien-être économique pour le peuple palestinien« .
« Sanders a déclaré qu’il était « absurde » de la part d’Israël de vouloir plus de colonisation en réponse à la violence. « La paix signifiera aussi la fin du blocus économique de Gaza » dit-il. « Et elle signifiera une répartition durable et équitable des précieuses ressources en eau, de sorte qu’Israël et la Palestine puissent prospérer l’un et l’autre en tant que voisins » ».
Également, et contrastant de façon frappante avec le non-débat sur ce point essentiel de la politique étrangère US, on apprenait que récemment, le sénateur Patrick Leahy et dix membres de la Chambre des représentants avaient adressé une lettre au secrétaire d’État John Kerry, lui demandant d’enquêter sur les allégations selon lesquelles les forces de sécurité israéllennes et égyptiennes avaient commis « de flagrantes violations des droits de l’homme ». Comme Politico(média de l’actualité politique US) l’explique, « La signature de Leahy est à noter tout particulièrement parce que son nom est attaché à une loi qui conditionne l’aide militaire US aux autres pays à l’existence ou non de mauvais traitements commis par leurs forces de sécurité ».
En dépit du fait que l’occupation illégale par Israël et ses violations persistantes des droits de l’homme dans le Territoire palestinien occupé (TPO) font l’objet d’une condamnation de plus en plus large, tant ici qu’au niveau international, la plupart des Américains n’en savent toujours que très peu sur la nature exacte de cette occupation, ses racines historiques profondes et son impact mortel sur la vie des Palestiniens ordinaires. Ce n’est pas surprenant étant donné le black-out quasi-total des médias sur la question. Comme la Fondation pour la paix au Moyen-Orient le souligne, à la conférence de l’AIPAC aucun des participants n’a osé prononcer le mot « occupation », un mot qui a une signification juridique claire et légitime. Et la Fondation interroge, pourquoi ? :
« C’est un mot qui est loin d’être radical. Un mot dont l’applicabilité a été confirmée par la Haute Cour de Justice en Israël, et qui a été utilisé par des Premiers ministres tels qu’Ehud Barak et même Ariel Sharon. Il a aussi le mérite de décrire la situation sur le terrain en Cisjordanie, et légalement ils’applique tout autant pour Gaza. Le fait que les Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza soient régentés par une législation militaire, plutôt que civile, démontre bien qu’Israël lui-même reconnaît le fait juridique de l’occupation, malgré ce que ses politiciens de droite peuvent alléguer ».
C’est précisément parce que l’occupation est illégale en vertu du droit international qu’Israël ne peut pas tolérer que son contrôle et son exploitation d’une main de fer de la terre palestinienne se voient donné ce nom. C’est aussi pour cela qu’aucun des candidats présidentiels qui se sont exprimés devant l’AIPAC n’a aussi prononcé ce mot – le faire aurait mis à nu le fait que, en criant leur soutien à Israël, ils déclaraient en même temps leur soutien à l’occupation illégale, une occupation que même le Département d’État US dénonce.
Compte tenu du poids donné au terme « occupation », il nous faut savoir exactement ce qu’il veut dire, et pourquoi il est devenu le point central de tant d’activités énergiques et engagées pour les droits de l’homme, ici et internationalement. Voici neuf raisons fondamentales pour lesquelles vous devriez vous préoccuper de l’occupation, et savoir ce que nos dirigeants politiques traditionnels, et même certains analystes, ne veulent pas que vous sachiez.
1 – L’occupation est illégale
Qu’entendons-nous par « occupation israélienne » ? En 1967, Israël s’est emparé de ce que l’on appelle aujourd’hui le Territoire palestinien occupé (TPO) au cours d’un acte de guerre. Les Nations-Unies ont condamné cette action et elles ont exprimé cette condamnation dans la Résolution 242 (novembre 1967) qui insiste sur « l’inadmissibilité de l’acquisition de territoires par la guerre et la nécessité d’œuvrer pour une paix juste et durable permettant à chaque État de la région de vivre en sécurité ». Le document de l’ONU énonce les principes qui appellent au « retrait des forces armées israéliennes des territoires occupés au cours du récent conflit ; à la fin de toute revendication ou de tout état de belligérance, et au respect et à la reconnaissance de la souveraineté, de l’intégrité territoriale et de l’indépendance politique de chaque État de la région et de son droit de vivre en paix à l’intérieur de frontières sûres et reconnues, à l’abri de menaces et d’actes de violence ». Il s’agit d’une déclaration précise qui insiste sur le droit inviolable des Palestiniens à un État.
Au lieu d’un Israël agissant en accord avec cette résolution qui a été adoptée à l’unanimité par le Conseil de Sécurité des Nations-Unies – dont les États-Unis sont membres -, nous assistons à une histoire ininterrompue, s’étirant sur des décennies, d’un Israël qui dénie aux Palestiniens leurs droits et leur terre. Qui plus est, non seulement il n’y a eu aucune réduction dans les terres palestiniennes qu’il s’est appropriées, mais Israël a constamment augmenté son acquisition illégale de terres et ses constructions de colonies illégales. Comme le secrétaire des Nations-Unies Ban Ki-Moon l’a noté, ces actions ont contribué à la montée de la violence dans le TPO. Et il a qualifié les colonies « d’affront au monde ».
Human Rights Watch décrit les nombreuses violations par Israël du droit international et des conventions relatives aux droits de l’homme :
« Les colonies israéliennes en Cisjordanie violent les lois de l’occupation. La Quatrième Convention de Genève interdit à une puissance occupante de transférer ses citoyens dans le territoire qu’elle occupe et de transférer ou déplacer la population d’un territoire occupé à l’intérieur ou à l’extérieur de ce territoire. Le Statut de Rome, traité fondateur de la Cour pénale internationale (CPI), fixe la compétence de la Cour en matière de crimes de guerre, notamment les crimes de transferts de parties de la population civile d’une puissance occupante vers l’intérieur d’un territoire occupé, et le transfert forcé de la population d’un territoire occupé. La CPI a compétence sur les crimes commis dans ou à partir du territoire de l’État de Palestine, qui est maintenant membre de la CPI depuis le 13 juin 2014, date désignée par la Palestine dans une déclaration jointe à son adhésion.
« La confiscation par Israël de la terre, de l’eau et des autres ressources naturelles au profit des colonies et résidents d’Israël violent également les Règlements de La Haye de 1907 qui interdisent à une puissance occupante d’exproprier les ressources du territoire occupé pour son propre profit. En outre, le projet colonial de peuplement d’Israël viole la législation internationale relative aux droits de l’homme, en particulier la politique discriminatoire d’Israël envers les Palestiniens qui régit pratiquement tous les domaines de la vie en Zone C – régions de la Cisjordanie qui se trouvent sous le contrôle exclusif d’Israël – et qui déplace de force des Palestiniens tout en encourageant la croissance des colonies juives ».
Le porte-parole du Département US, John Kirby, déclare distinctement :
« Notre position de longue date sur les colonies est claire. Nous considérons l’activité de colonisation israélienne comme illégitime et contre-productive pour la cause de la paix. Nous restons profondément préoccupés par la politique actuelle d’Israël à propos des colonies, notamment les constructions, la planification et les légalisations rétroactives ».
Lorsque l’ambassadeur US en Israël, Daniel Shapiro, a attiré l’attention sur le deux poids deux mesures juridiques appliqué dans le TPO – « Parfois, il semble qu’Israël a deux standards en matière de respect de la règle du droit – un pour les Israéliens, et un autre pour les Palestiniens » -, il a été traité avec dédain de « petit garçon juif » par un collaborateur du Premier ministre Benjamin Netanyahu.
Compte tenu de tout cela, il est plus qu’étrange d’entendre Hillary Clinton et d’autres défendre un régime qui persiste dans des pratiques que notre propre Département d’État a condamnées comme illégales et très problématiques pour les intérêts des États-Unis et du monde, et, dans le cas de Clinton, d’aller jusqu’à promettre une augmentation de l’aide militaire à ce régime pour qu’il puisse agir encore plus efficacement contre le droit international, et contre la politique états-unienne.
2 – Elle viole les droits de l’homme, et Israël agit en toute impunité.
En même temps qu’il méprise toute la série de droits humains internationaux cités ci-dessus, Israël a tant fait pour bloquer toute inspection du TPO par les inspecteurs des droits de l’homme, que Makarim Wibisono, le rapporteur spécial des Nations-Unies sur la situation des droits de l’homme dans les territoires palestiniens, a remis sa démission en janvier. Il a déclaré : « Malheureusement, mes efforts pour aider à l’amélioration de la vie des victimes palestiniennes des violations sous l’occupation israélienne ont été contrariés à chaque étape du processus ».
Aussi, venant des Nations-Unies :
Le rapporteur spécial a souligné que lors de sa prise de fonction en juin 2014, il lui avait été assuré qu’il aurait accès au Territoire palestinien occupé. « J’ai pris ce mandat en comprenant qu’Israël m’en permettrait l’accès, en tant qu’observateur impartial et objectif », a‑t-il déclaré.
Les demandes répétées pour l’accès, tant écrites qu’orales, ont été vaines. « En l’absence de réponse d’Israël à ma dernière requête, en octobre 2015, pour obtenir l’accès avant la fin 2015, c’est avec un profond regret que j’accepte la prémisse sur laquelle j’ai pris le mandat, qui est d’avoir un accès direct aux victimes dans le Territoire palestinien occupé, et qui ne sera pas respectée », a déclaré le rapporteur spécial.
Mr Wibisono a déclaré que tout au long de sa fonction, le gouvernement de l’État de Palestine a coopéré pleinement avec le mandat.
Le rapporteur spécial a exprimé sa vive préoccupation devant l’absence de protection efficace des victimes palestiniennes contre les violations constantes des droits de l’homme et les violations du droit humanitaire international.
Le prédécesseur de Wibisono comme rapporteur spécial des Nations-Unies, Richard Falk, a dit cecien 2013 : « Ni Israël, ni ses mandataires, ne peuvent justifier les faits sur le terrain en Palestine occupée, aussi, ils détournent l’attention, dénaturent les faits et diffament pour permettre aux violations de se poursuivre ».
Par les Nations-Unies :
Dans un communiqué de presse, Mr Falk a souligné que « les campagnes de diffamation irresponsables et malhonnêtes visant à discréditer ceux qui documentent ces réalités ne changent en rien les réalités sur le terrain depuis qu’Israël a lancé la guerre avec laquelle il a commencé son occupation de la Palestine ».
Selon Mr Falk, Israël confisque effectivement l’eau et la terre palestiniennes, notamment en s’emparant cette semaine de 60 000 autres m² de terres près de Naplouse.
« Israël continue d’annexer le territoire palestinien ; Israël persiste à démolir les maisons des Palestiniens et peuple la Palestine de ses citoyens israéliens ; Israël maintient une politique de punition collective sur 1,75 million de Palestiniens en imposant le blocus de la bande de Gaza ; et Israël poursuit son occupation en toute impunité, refusant d’entendre les appels dans le monde à respecter le droit international », dit-il.
Dans sa Vue d’ensemble de la situation dans le TPO, Amnesty International se fait l’écho précisément de ces préoccupations :
« En Cisjordanie, notamment à Jérusalem-Est, les forces israéliennes ont commis des meurtres arbitraires de civils palestiniens, dont des enfants, et mis en détention des milliers de Palestiniens qui protestaient ou s’opposaient d’une manière ou d’une autre à l’occupation militaire persistante, gardant des centaines d’entre eux en détention administrative. Les tortures et autres mauvais traitements sont toujours monnaie courante et sont commis en toute impunité. Les autorités ont continué la promotion des colonies illégales en Cisjordanie, et elles restreignent gravement la liberté de déplacements des Palestiniens, resserrant toujours davantage les restrictions en pleine escalade de la violence depuis octobre, notamment avec des attaques sur les civils israéliens par des Palestiniens, et des exécutions présumées extrajudiciaires par les forces israéliennes. Les colons israéliens en Cisjordanie agressent les Palestiniens et leurs biens quasiment en toute impunité. La bande de Gaza est maintenue sous le blocus militaire israélien qui impose une punition collective à ses habitants. Les autorités ont poursuivi les démolitions de maisons palestiniennes, en Cisjordanie et à l’intérieur d’Israël, particulièrement dans les villages bédouins dans la région du Néguev/Naqab, expulsant par la force leurs habitants. Elles ont également détenu et expulsé des milliers de demandeurs d’asile africains et emprisonné des objecteurs de conscience israéliens. »
3 – C’est le seul projet de colonisation en cours et ininterrompu dans le monde
La confiscation illégale de la terre palestinienne, la démolition des maisons palestiniennes et la construction de colonies illégales s’intègrent dans un programme systématique, permanent, visant à infliger la misère, la détresse et la mort à une population captive dans ce que le Premier ministre britannique David Cameron a qualifié, dans une expression célèbre, « un camp de prisonniers à ciel ouvert ». L’objectif est d’annexer de façon définitive l’ensemble de la terre palestinienne, une violation flagrante du droit international.
4 – Il tue les gens de façon expéditive, dans des agressions comme celle montée dans l’été 2014
Les Nations-Unies rapportent que durant cette attaque contre une population emprisonnée par l’une des forces militaires les plus puissantes dans le monde, « au moins 2104 Palestiniens sont morts, dont 1462 civils comprenant 495 enfants et 253 femmes ». Amnesty International a également attiré l’attention sur les « exécutions extrajudiciaires » dans les rues. Comme rapportédans Salon :
« Pour les Palestiniens qui vivent sous une occupation militaire israélienne illégale, une répression violente est un fardeau quotidien. Le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations-Unies (OCHA) a rapporté que les Palestiniens ont été blessés 14 000 fois rien qu’en 2015 ; et que 136 ont été tués. Ce sont les chiffres les plus élevés de l’agence des Nations-Unies depuis qu’elle a commencé à documenter la violence en 2005.
« Des manifestations pacifiques palestiniennes sont dispersées par les soldats israéliens pratiquement tous les jours. Il n’est pas rare pour le citoyen moyen de se faire tirer dessus, ou d’être réveillé au milieu de la nuit par les raids des soldats israéliens.
« Selon un rapport de l’Ong Défense internationale des enfants/section Palestine (DCI), les forces israéliennes ont tiré sur au moins 30 enfants en Cisjordanie occupée, dont Jérusalem-Est, au cours des trois premiers mois de 2015.
5 – Il tue les gens lentement, aussi
Une façon pour agir de la sorte, c’est de maintenir une mainmise sur les Palestiniens au moyen d’un embargo illégal, d’un détournement à son profit de l’électricité et de l’eau, de la destruction de l’infrastructure, du chômage. Les Nations-Unies rapportent que « ces restrictions ont réduit l’accès aux moyens de subsistance, aux services de base et aux logements, elles ont perturbé la vie des familles, et sapé les espoirs d’un peuple pour un avenir sûr et prospère ».
De façon terrifiante, le gouvernement israélien a réellement commandé une étude pour connaître le nombre minimum de calories qu’il pouvait attribuer aux Palestiniens, ayant la crainte que leur mort sous l’occupation ne se généralise et ne soit connue. Autrement dit, il voulait descendre la quantité juste avant que les Palestiniens affamés et en captivité ne meurent. Ha’aretz note :
« Après une bataille juridique de trois ans et demi, engagée par l’organisation des droits de l’homme Gisha, le coordinateur des activités gouvernementales dans les Territoires a finalement publié un document en 2008 qui expose en détail les « lignes rouges » pour « la consommation alimentaire dans la bande de Gaza » ».
« Le document calcule la quantité minimum de calories nécessaires, selon l’avis de COGAT, pour éviter la sous-alimentation aux habitants de Gaza à un moment où Israël resserre ses restrictions sur les déplacements de la population et des marchandises, dans et hors de la Bande, y compris des produits alimentaires et des matières premières.
« La décision du cabinet a déclaré que « le déplacement des marchandises dans la bande de Gaza sera restreint ; la fourniture de gaz et d’électricité allait être réduite ; et des restrictions seront imposées sur les déplacements de la population pour sortir de la Bande et y entrer ». En plus, les exportations hors de Gaza seront totalement interdites. Cependant, ajoutait la résolution, les restrictions devront être dosées afin d’éviter une « crise humanitaire »
6 – Il est particulièrement néfaste pour les enfants et les jeunes gens
Par exemple, en janvier 2015, l’UNESCO a publié son « Appréciation rapide des institutions de l’enseignement supérieur à Gaza », elle constate que les décès d’étudiants durant le conflit ont constitué plus du quart – 27,4 % – du nombre total des morts civiles subies en Palestine. Unerécente étude indique que depuis 2000, Israël a arrêté et emprisonné plus de 7000 enfants.
Notre propre gouvernement US a mené sa propre enquête et a publié un rapport :
« Le rapport annuel par pays concernant les pratiques en matière de droits de l’homme, qui comprend une section spécifique couvrant la situation des droits de l’homme en Israël et dans le TPO, soulève un certain nombre de questions liées aux mauvais traitements des enfants palestiniens prisonniers, et au déni du droit à un procès équitable dans les tribunaux militaires israéliens. Il note d’autres violations graves contre les enfants palestiniens, notamment le meurtre et la mutilation d’enfants et des agressions sur des écoles à Gaza par les forces israéliennes. »
7 – De nombreuses organisations, des groupes religieux, et des personnalités ont retiré leur soutien à l’occupation en se désinvestissant et en boycottant
Parmi eux, des personnalités de la société et des artistes, des écrivains et des musiciens, tels que l’archevêque Desmond Tutu, Junot Diaz, Lauryn Hill, Chuck D, Roger Waters, Cornel West, et Angela Davis.
Plus d’un millier de militants et universitaires noirs ont signé une déclaration de solidarité. Le niveau du soutien international à BDS arrive petit à petit à celui auquel était parvenu le soutien à la lutte anti-apartheid en Afrique du Sud.
En juin 2014, l’Assemblée générale de l’Église presbytérienne (USA) a voté une résolution de désinvestissement, et l’Église méthodiste unifiée a voté le désinvestissement de G4S, « une société britannique fortement complice de l’occupation militaire par Israël de la Palestine et qui tire profit des multiples violations des droits de l’homme envers les prisonniers politiques palestiniens, notamment les prisonniers enfants ».
Des militants, beaucoup d’étudiants de l’enseignement supérieur, ont également fait pression sur Bill Gates pour qu’il se désinvestisse de G4S, et il l’a fait en 2014, vendant la totalité de ses parts dans la société. Et aujourd’hui, c’est l’entreprise elle-même qui a pris la décision de mettre fin à ses activités en Israël. Comme Mondoweiss le rapporte :
« La société britannique de services de sécurité G4S, la plus importante du monde, a réagi à une campagne mondiale BDS de quatre années protestant contre son rôle dans les violations israéliennes des droits de l’homme palestiniens en annonçant hier qu’elle allait céder sa subvention israélienne dans les « 12 à 24 mois » à venir. Commentant cette initiative, le Financial Times a rapporté que G4S se « dégageait d’une activité préjudiciable à sa réputation ». »
Une discussion sérieuse sur la brutalité, la laideur et l’illégalité de l’occupation s’observe plus particulièrement dans les actions qui se déroulent aussi dans la communauté juive, comme cet évènement avec son titre éloquent. Jewschool fait observer :
« Ce n’est pas tous les jours que le journaliste Peter Beinart et le rabbin Brant Rosen, deux grands maîtres-penseurs américains juifs dont les opinions divergent sur Israël, se retrouvent dans la même pièce. Mais c’est exactement ce qu’il va arriver cet été quand Beinard, auto-proclamé sioniste libéral, qui s’oppose au BDS, et Rosen, co-président du conseil rabbinique d’Une Voix juive pour la paix, vont venir ensemble participer à la campagne de l’été 2016 du Centre juif pour la non-violence appelée : « L’occupation n’est pas notre judaïsme » ».
8 – Ce projet de colonisation, vous le soutenez financièrement et politiquement
Les USA versent à Israël quelque 3,1 milliards de dollars de vos impôts chaque année – et cela juste pour une aide militaire directe, sans restriction. Et Hillary Clinton promet d’augmenter cette somme. C’est notre argent qui permet l’assujettissement des Palestiniens et le maintien de l’occupation, c’est notre argent qui est utilisé pour violer le droit international, les conventions des droits de l’homme, et même la politique de notre propre Département d’État.
Parallèlement à cela, les USA assurent systématiquement à Israël un bouclier contre les résolutions des Nations-Unies et les autres modes de censures et de sanctions. Dans une lettre adressée aux donateurs, de façon déplorable, Hillary Clinton considère son obstruction à la justice pour les Palestiniens comme une marque d’honneur, claironnant ses efforts constants pour garder Israël hors de portée de la loi en étouffant toute critique d’Israël :
« En tant que sénateur et secrétaire d’État, j’ai vu combien il était capital pour l’Amérique de défendre Israël à toute occasion. Je me suis opposée à des dizaines de résolutions anti-Israël aux Nations-Unies, au Conseil des droits de l’homme, et dans les autres organisations internationales ».
Si vous vous êtes vraiment engagé pour les droits humains internationaux, alors vous ne pouvez pas, moralement, laisser Israël se poser en exception, s’accorder une immunité, avec la complicité de politiciens tels que Clinton.
Nous, États-Unis, nous nous trouvons dans la situation orwellienne où notre Département d’État condamne sur la scène publique l’occupation – conformément au droit international – avec, dans le même temps, un Congrès qui vote constamment pour une augmentation de l’aide militaire et la couverture diplomatique d’Israël.
9 – Il fait partie intégrante d’un ensemble tripartite de torts causés aux Palestiniens
Il est crucial que l’occupation soit vue dans ce contexte afin de nous permettre de mesurer sa véritable gravité. Parallèlement à l’occupation, historiquement nous avons, et l’expulsion des trois quarts d’un million de Palestinien de leur pays en 1948, et le déni continu de tous les droits et privilèges des Palestiniens qui vivent en Israël. Mettre fin à l’occupation est une étape majeure, mais la pleine justice pour les Palestiniens doit intégrer ces deux autres éléments, et c’est exactement ce que fait le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions.
Ainsi, venant de gens comme Hillary Clinton, promettre son soutien à Israël en le mettant dans la position de victime et d’agressé, et en mettant les Palestiniens dans celle de terroristes irrationnels, c’est moralement répugnant et mensonger. Que feriez-vous si vous étiez victime d’un vol de votre terre et de votre maison, si vous étiez attaqué violemment par l’une des forces les plus puissantes dans le monde alors que vous êtes une population captive, et si vos appels à la communauté internationale pour qu’elle fasse respecter et pour qu’elle protège vos droits et votre vie au moyen des règles impératives qu’elle a elle-même instaurées, oui, que feriez-vous si ces appels étaient à leur tour censurés, réduits au silence et attaqués ? Que feriez-vous si vous décidiez que la meilleure façon d’obtenir ces droits passe par un mouvement légal, non violent, de boycott, désinvestissement et sanctions, et que ce mouvement était déclaré illégal par des nations et des États simplement parce qu’il exige d’Israël qu’il se conforme au droit international ? Nous devrions penser à cette histoire profonde quand nos présentateurs d’infos expriment leur perplexité devant des Palestiniens qui sont de plus en plus désespérés et qui prennent des mesures extrêmes. Toute discussion de « dialogue » dans ces conditions, avec des règles du jeu aussi inégales, est absurde. Les efforts pour gagner les droits des Palestiniens doivent être entrepris dans des circonstances éthiques et justes, et c’est pour cela que les gens se mobilisent en ce sens.
Voici ce que vous pouvez faire :
– Consultez de multiples sources d’informations – ne comptez pas seulement sur les grands médias US pour votre information. Allez sur les sites de Mondoweiss, Jewish Voice for Peace,American Friends Service Committee, Electronic Intifada. Prenez connaissance des documents des Nations-Unies, et de ceux d’Amnesty International, Human Rights Watch, Middle East Children’s Alliance, B’Tselem, du Centre israélien d’information pour les droits de l’homme dans les Territoires occupés, et des autres organisations des droits de l’homme.
– Faites savoir à vos représentants au Congrès que vous n’êtes pas d’accord et que vous ne voulez plus que vos impôts servent à payer l’occupation.
– Renseignez-vous sur le mouvement de Boycott, Désinvestissement et Sanctions, et si vous êtes universitaire ou travailleur culturel, informez-vous sur la Campagne US pour le boycott universitaire et culturel d’Israël, déjà approuvée notamment par l’archevêque Desmond Tutu, Angela Davis, Patrice Cullors de Black Lives Matter, Barbara Ehrenreich, Naomi Line, et des centaines d’autres.
– Parlez-en avec vos amis.
Pensez à ceci : il y a des décennies, les gens actifs dans le mouvement anti-apartheid sur les campus de l’enseignement supérieur disaient que durant la lutte, sur tels ou tels campus particuliers, les militants étaient rarissimes. Et aujourd’hui, ils disent que lorsqu’ils visitent ces mêmes campus, il n’y a personne pour prétendre ne pas faire partie du mouvement. Voilà ce qu’il en est des luttes pour la justice. Aller contre le statu quo est toujours impopulaire et toujours risqué, c’est seulement plus tard que les gens se mettent finalement du bon côté de l’histoire. Cependant, la crise si longue et meurtrière dans le Territoire occupé est telle que ceux qui viendront après nous dans l’avenir, se demanderont certainement ce que nous, nous avons fait pour l’empêcher d’empirer, et ce que nous avons fait pour apporter la justice.
Comme Martin Luther King Jr l’a déclaré autrefois : « L’arc de l’univers moral est long mais il se plie vers la justice ». Seulement, il a besoin qu’on l’aide.
Mise à jour : il y a juste quelques jours, le 27 mars, le Conseil des droits de l’homme des Nations-Unies a adopté six résolutions lors de sa 31e session ordinaire. Sur les six mesures qu’il a approuvées, quatre se rapportent à Israël-Palestine :
Dans une résolution adoptée sans vote, le Conseil réaffirme le droit inaliénable, permanent et absolu, du peuple palestinien à l’autodétermination, et il réaffirme son soutien à la solution à deux États vivant côte à côte dans la paix et la sécurité.
Dans une résolution adoptée par un vote avec 42 voix pour, aucune contre et 5 abstentions, le Conseil demande à Israël de cesser toutes les pratiques et actions qui violent les droits de l’homme du peuple palestinien ou le caractère, le statut et la composition démographique du Territoire palestinien occupé.
Dans une résolution garantissant la mise en responsabilité et la justice pour toutes violations du droit international dans le Territoire palestinien occupé, dont Jérusalem-Est, adoptée par un vote avec voix 32 pour, aucune contre et 15 abstentions, le Conseil requiert du Haut Commissaire qu’il fasse la critique de la mise en œuvre des recommandations adressées à toutes les parties depuis 2009, et qu’il présente un rapport lors de la 35e session.
Dans une résolution adoptée par un vote avec 32 voix pour, aucune contre et 15 abstentions, le Conseil demande à Israël de cesser immédiatement et d’inverser toutes les activités de colonisation, et il requiert du Haut Commissaire qu’il enquête sur les implications des colonies sur les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels du peuple palestinien.
David Palumbo-Liu
Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine
Source : Salon.com
http://www.legrandsoir.info/brutale-hideuse-et-illegale-9-choses-que-vous-devez-savoir-sur-l-occupation-israelienne-de-la-palestine-salon-com.html
C’est courageux et il faut bien que certains s’en fassent le relais, mais je ne suis pas sûr que ce soit très prudent et pertinent, compte tenu d’une part de la puissance, de la violence, de la paranoïa du lobby concerné et, d’autre part, de la hauteur du combat que tu mènes.
Certes, les pouvoirs trouveront toujours une façon de te disqualifier, quoi que tu dises ou fasses… mais faut-il pour autant les alimenter ?
@ Zedav,
pour le coup, je suis peut-être en grand désaccord avec toi… Je ne pense d’ailleurs même pas que relayer ça soit imprudent. Ces propos ne sont pas du tout polémiques, en fait, ni en France ni ailleurs. Ils ne paraissent l’être qu’à travers un miroir qu’on se tend soi-même, suivant une sorte de consigne écrite nulle part, entretenant d’ailleurs ainsi le mythe de la puissance d’un lobby qui n’a rien d’un monolithe (même au « sein » dudit lobby, il est bien connu qu’on compte des pantins de fanatiques évangélises dont la vision eschatologique s’accommode plutôt bien,… un temps… d’une sorte d’accomplissement de prophétie de domination juive). De telles déclarations ne sauraient guère agacer (et encore, seulement en façade) que des sionistes d’extrême droite.
Mais il y a surtout que, si j’en crois certains avis (qui, pour le coup, me paraissent bien plus courageux), c’est de la propagande de fausse opposition – d’une opposition infiltrée et retournée. S’il fallait résumer en quelques mots, et ne pas s’embarrasser à questionner la pertinence du sujet ici (comme tu le fais), je dirais qu’une analyse un peu attentive de ce genre de déclaration et de sa provenance devrait facilement amener à constater que : 1) la cause palestinienne a été sauvagement récupérée puis monopolisée par des clubs de juifs suprématistes ; 2) l’antisionisme a été royalement récupéré et détourné par… un nouveau sionisme.
Les objectifs revendiqués étant logiquement noyés sous un flot de haines et d’hémoglobine (qu’il s’agit de dénoncer), et le sujet étant d’emblée réputé tabou, on aura tendance à ne pas trop s’y pencher. Or, sous couvert de dénoncer une « colonisation », un « régime apartheid » , etc. et de prôner un boycott de l’État d’Israël, il s’agit justement d’entériner les « frontières de 1967 » et, surtout, d’accepter l’existence d’un État se définissant comme « juif », c.-à.-d. réservant la citoyenneté et la protection des droits à une communauté.
On n’exige pas que soit rétabli et appliqué le droit des quelques 6 500 000 palestiniens réfugiés à retourner vivre là d’où on les a chassés. Il s’agit de focaliser sur la bande de Gaza et, de manière plus floue dans les contours (pour cause), la Cisjordanie. Mais bien d’autres parties de la Palestine, même la banlieue de Tel-Aviv, couvrent des villages palestiniens vidés de leurs habitants palestiniens et rasés. On n’exige pas non plus que soit abrogée la « loi du retour », qui offre la citoyenneté et le droit de résidence à tout Juif de la diaspora qui le souhaite. On parle simplement d’arrêter les implantations de colonies, c’est à dire l’extension au-delà d’un territoire qui couvre déjà la plus grande partie, de loin, et qui d’ailleurs découpe le reste en morceaux enclavés. On parle de répartir l’eau sur cette base, pas sur une autre. Etc. Mais comme ça en jette, le lecteur qui ne connaît pas bien le sujet ne verra que le verre au 10e plein, pas au 9 10emes vide. Il y a occupation et occupation. Quand BDS est né, sa charte dénonçait l’occupation par Israël de TOUT territoire arabe. En douce, et sans que cela ait été traduit dans la version en arabe et dans les autres versions, la version anglosaxonne a été amendée par on ne sait qui (l’Open Society de Soros, selon des sources anonymes internes rapportées par Gildad Atzmon) pour parler du territoire d’avant juin 1967. (1)
On pourrait tenter d’ajouter qu’il s’agit donc de soutenir la « solution à deux États ». Sauf que ce truc incessamment rabâché n’a jamais été qu’un leurre. Une chimère à laquelle, d’ailleurs, aucun des partis dans aucune des parties n’a jamais cru. Il suffit d’ailleurs déjà d’observer qu’à l’instar de l’ « Union européenne », ce machin s’applique soigneusement à laisser en blanc la clause qui définit ses frontières. Quoi qu’il en soit, côté israélien comme côté palestinien, on sait que dès lors qu’il y a État juif, il y aura extension incessante et politique racialiste impitoyable. Les gens qui ne savent pas ça ne lisent pas, même et surtout quand c’est écrit dans un média juif, même quand c’est en français, accessible en deux clics. Ils ont supposément bien appris la leçon – supposément, et c’est bien pour ça qu’il ne s’agit pas de fermer sa gueule, quand bien même la question ne serait pas grandement pertinente ici. Imprudent, maintenant, c’est évident quand on est fliqués par des gauchistes imberbes maintenus dans un tel obscurantisme. Cela étant, donc, j’invite Étienne à supprimer ce message s’il préfère qu’il en soit ainsi (en agissant non comme un censeur mais parce que je lui propose ce choix en toute simplicité).
Prenez par exemple Avraham Burg, ancien Président du Parlement israélien (la Knesset) de 1999 à 2003, de l’Agence juive et du Fonds National Juif. Il a quitté Israël, comme le font de plus en plus les élites (ce qu’on ne nous raconte pas non plus) et vit en France. Comme tant d’autres, il s’est rallié à l’antisionisme que, jusqu’à une date récente, il considérait comme de l’antisémitisme. Il ne tire plus la sonnette d’alarme. Il estime que c’est trop tard pour Israël : il compare dans le quotidien Haaretz l’état de xénophobie de la société israélienne à celui de l’Allemagne lors de la montée du nazisme. Et il conclut « Nous sommes déjà morts ».« Avoir défini l’Etat d’Israël comme un Etat juif est la clef de sa perte. Un Etat juif, c’est explosif, c’est de la dynamite. » (2)
Une opposition infiltrée et retournée, je disais. Pardon ne noter ce qu’il devient si difficile, en principe, de ne pas voir : sous couvert de soutenir les palestiniens, il s’agit essentiellement de l’expression de clubs réservés aux juifs et à eux seuls, qui monopolisent l’expression sur le dossier – et qui prennent un soin très important à chasser de ces organisations tous les présumés antisémites (notamment juifs). Les sources (primaires et secondaires) de cet article (et de tant d’autres) ne cessent de le montrer elles-mêmes, d’ailleurs. Juish Voices for Peace, Juifs pour ceci, Juifs contre cela, Mondoweiss. On pourrait ajouter IJAN, JFJFP, J‑big, etc. Et tiens, 22 antropologues qui signent ceci, mais il suffit de cliquer et de lire un peu quel article est cité : ils se présentent comme « Israéliens et citoyens israéliens » (ce qui laisserait encore penser qu’il y a, dans le lot, des palestiniens résidents en Israël, mais ils écrivent, plus loin, qu’ils sont « fiers de se joindre, par solidarité, avec leurs collègues palestiniens »). On met encore en valeur ici, par élimination, un Bernie Sanders : à part que ceux de ses propos qui sont rapportés atteignent difficilement le minimum syndical, on ne dira pas qu’en durant la même campagne, interrogé sur « les gens [qui] tiennent la Fed et Wall Street » et ses rapports avec eux, il a répondu : « ce n’est pas votre question. Je suis fier d’être Juif ». Ceci manifestement pas par amour de la Tora et respect des centaines de « lois » tracassières que le Talmud prescrit à cette partie toujours plus réduite du menu peuple juif qui souhaite y obéir. Bref, pardon de le dire, mais ce genre de déclaration est outrageusement judéo-centrée.
Un résultat évidemment étonnant de l’opération est qu’un mouvement d’abord supposé défendre la cause des Palestiniens – non pas seulement à Gaza et dans quelques dizaines de villages choisis et désertiques, mais pour les millions de réfugiés toujours interdit de retourner chez eux – s’est muté en un mouvement dont la priorité est la défense d’Israël, un État qui se définit lui-même en tant qu’État juif, établi sur cette terre volée à ces millions de réfugiés. Mais il y a au moins un autre résultat qui devrait être spectaculaire : un mouvement d’abord fondé en opposition au suprématisme juif s’est muté en un mouvement dont la priorité est de défendre le suprématisme juif… Mais là aussi, ni vu ni connu : on en prend plein la vue et on trouvera même ça courageux, comme tu dis. Bref, c’est de la fausse subversion, de la fausse opposition, une franche opération d’infiltration et de détournement d’opposition.
Qui voudrait que des Bœrs dirigent les luttes contre l’appartheid en Afrique du Sud ? Que des membres du Ku Kux Klan dirigent la lutte d’émancipation des Noirs américains ? Une autre triste réalité est que cette direction illégitime et finalement amené à trahir – malgré elle, sans doute – la cause qu’elle a infiltrée à force de la soutenir, puis de la diriger, c’est que ça donne précisément une caution suprême au sens de la doxa : voyez, la cause palestinienne n’est pas antisémite, bien au contraire… Elle est largement dirigé par des Juifs et elle fout dehors quiconque est taxé d’antisémitisme (en particulier des Juifs, mais là n’est pas la question)… Les noirs ne sont pas pour que l’on égorge tous les blancs, les Palestiniens les Juifs ? La belle affaire : qui donc a dit ça ? Mais j’en reviens au premier point : la question n’est pas vraiment de savoir si trop de ces dirigeants sont juifs, ou Juifs – ils sont évidemment laïcs, donc Juifs par ascendance et surtout par esprit tribal. La question est de savoir quelle est leur position par rapport à l’existence d’Israël en tant qu’État juif, ce qui n’a rien à voir.
D’abord, la plupart des Juifs n’ont aucune envie d’aller vivre là-bas, et un grand nombre en revient (parmi ceux qui en ont les moyens). Pour bon nombre de Juifs, il n’en est pas question, et il y a que ce nombre faisait même la quasi-unanimité au départ et fut longtemps l’immense majorité – avant l’avènement, circonstances historiques et spirituelles (laïcisation) obligent, de ce que des auteurs (juifs) ont appelé la « religion de la Shoa » (naturellement, certains ont avantage à compter sur l’ignorance des gens, qui joue même quand il s’agit du passé relativement récent de leur propre peuple). Mais la question ne résume pas non plus à savoir si des Juifs veulent vivre en Palestine. Elle ne s’est même jamais posée. Il y a eu depuis longtemps, certes une minorité, qui vivait là-bas en très bon termes avec les autres, comme un peu partout dans le « monde arabe » d’ailleurs. Mais un État juif, à part que c’est sacrilège d’un certain point de vue orthodoxe (j’avoue que je m’en cogne, mais je ne souhaite pas pour autant les heurter inutilement), si c’est une bombe à retardement (pour paraphraser A. Burg) c’est d’abord parce que c’est un fondement non viable car raciste. Avec le temps, ce n’est plus seulement l’État qui, par sa constitution, est raciste, c’est le peuple : laïcs comme religieux, en Israël, brillent en écrasante majorité par leur suprématisme et en majorité par un racisme anti-arabe déboutonné. N’importe quel Israélien le sait, et tout ça apparaît dans les sondages comme dans les discours – unanimes, en l’espèce – des partis. La rhétorique du « colonialisme » a aussi pour fonction de masquer cette horreur-là : pour le dire vite quitte à le dire mal, si ce n’est que du colonialisme, l’histoire est supposé montrer que ça se soigne.
Or cette prouesse de retournement n’a été possible que parce que ce qui était conçu comme un anti-sionisme « de gauche », s’opposant notamment au sionisme d’extrême droite (qui était, dès le départ, un mouvement nationaliste, raciste et même ouvertement antisémite… faut suivre, les gars…), n’a pas été dénoncé pour ce qu’il était aussi et surtout, noyé qu’il était dans un débat à facettes : une autre forme de suprématisme (pour ne pas dire de racisme) juif, pour lequel l’élection divine a simplement été remplacée par une nouvelle élection. Paradoxalement, le sionisme avait pour but initial de « faire des Juifs un peuple comme les autres », ce qui supposait (à part de se mettre à travailler la terre à présent qu’on n’avait plus l’excuse de ne pas être sur sa terre) le développement d’une philosophie non pas seulement laïque mais universaliste. Or ce fut un échec à peu près complet, et c’est là le drame. Un drame qui s’est avéré en Palestine mais pas seulement. C’est une chose que pas mal de Juifs, surtout en Israel, reconnaissent plutôt, contrairement à certains voltigeurs de la chutzpah – autrement dit, ils n’en font pas trop mystère lorsqu’ils en parlent entre eux (ils ne vont pas non plus s’acharner à le crier sur les toits, pas grand monde n’aime se flageller). Le sentiment national israélien, que cela plaise ou non, est fortement suprématiste, largement raciste – et, en fin de compte, fort logiquement, militariste. Mais un leurre important vient du fait que cela s’est finalement combiné aussi bien avec les idéologies de « nouvelle gauche » : féministes, LGBTistes, environnementalistes, etc. voire sans-papiéristes et autrement pseudo-internationalistes. Je laisse aux historiens la question de savoir s’il y avait un fondement suprématiste (ou racialiste) dans certains mouvements qui ont donné beaucoup de dirigeants communistes autrefois ; je rappelle seulement que le sionisme est une idéologie complexe, qui a une histoire, et accessoirement révolutionnaire, et je suggère qu’il n’y a pas de raison de croire qu’il suffit de le remplacer par de l’anti‑, de le mettre plutôt à gauche qu’à droite (il y a toujours eu des deux) pour rendre la chose limpide. Or tout ce débat est interdit aux Goyim, après quoi les sionistes ou je ne sais quels mouvements qui en dérivent (même par opposition désirée ou affichée) ont la fâcheuse habitude de démontrer qu’ils s’alimentent d’un anti-sémitisme qu’ils déplorent ou feignent de déplorer.
Mais puisqu’il s’agit d’abord, oui, de s’interroger sur la pertinence du sujet dans le cadre où nous parlons, je dirais que je ne sais justement pas grand chose du « lobby concerné » sinon que toute tentative un peu trop « essentialiste » de circonscrire la chose risque fort de tomber dans le panneau ; que cette dialectique infernale que j’essaie de décortiquer un peu ici, faite d’étiquettes que l’on oppose et qu’on échange finalement à loisir, est, pour lui, un instrument de pouvoir qui exerce aussi bien loin de la Palestine et que, précisément, ces gens là qui sèment et entretiennent la zizanie en lançant des drapeaux les uns contre les autres n’en ont rien à foutre des Juifs (encore moins des juifs, bien sûr). Que cela soit bien clair, c’est en tout cas ce que je pense : la véritable subversion, celle que craint non pas tant « le lobby » (avec sa politique égoïste de courte vue) mais la clique dont il n’est qu’un instrument parmi bien d’autres, n’est pas enfermée dans des affrontements absurdes tels qu’antisionistes vs sionistes, sionistes vs antisémites, etc. Tout ça, comme les affrontements racistes / antiracistes, écolos / anti-écolo, c’est d’abord, pour eux du moins, une dialectique parfaitement instrumentale. Non seulement on sait très bien, sauf les ignares, les pires oppositions qu’il y eut entre les sionistes et l’immense majorité des Juifs, ainsi que les pires collusions, aussi bien pratiques qu’idéologiques, qu’il y a eu entre les premiers et des nazis avérés mais ce n’est là qu’un dossier, parmi tant d’autres, servant aussi et surtout à balader la Terre entière. Voilà pourquoi l’interdit le plus grand est le « conspirationnisme ». Les élites de la gauche sont trop incultes, fainéantes ou peureuses pour savoir pourquoi… et donc pourquoi elles passent pour des connes quand elles passent leur temps à prétendre défendre la paix, la démocratie et la multitude des gueux tout en empêchant ceux-ci de parler, sauf quand ils ont bien appris à répéter le discours de ces maîtres qui prétendent être socialistes tout en considérant qu’ils doivent et qu’ils peuvent penser et parler à leur place.
En très haut lieu, là où on fait la monnaie et où on fait et défait les guerres et les nations, ils n’en ont rien à battre, des Juifs, disais-je. Pas plus que des Palestiniens, des homosexuels, de l’environnement, de la santé, de l’égalité, du partage des richesses et de la paix entre les nations. On connaît un peu l’éventail néo-gauchiste d’un Soros ou même, bien avant lui, d’un Rockefeller. Le premier, en particulier, est connu pour instrumentaliser la logique du drapeau des « minorités » (homos, « migrants », faux islamistes) pour saper les luttes de libération nationale. Ce que je veux noter ici, en particulier, c’est le rôle contemporain extrêmement délétère de cette indécrottable gauche de « l’internationalisme mal compris », la même gauche institutionnelle (c’est un pléonasme) qui n’a de cesse de vouloir faire taire quiconque ne chante pas sa messe néo-frelatée.
Or sur chacun de ces dossiers, tant celui de la « question juive » que les autres ici listées, c’est toujours un affreux obscurantisme qui assoit cette domination, cet empêchement permanent de tout ce qui, en réalité, pourrait à terme, accessoirement, refonder la gauche (si on veut bien encore assimiler ça à la défense des travailleurs), une gauche qui ne soit plus qu’une machine à trahir le peuple, abritée sous des apparats de bisounours. Si tu ne contribues pas, au motif de reconnaître les communautés, à les jeter les unes contre les autres, tu es raciste. Si tu considères que, comme on l’a toujours fait, en France et ailleurs, une certaine politique de l’immigration est nécessaire, assise sur une réflexion mature en lien avec la constitution civile, la production, le commerce international, que sais-je, tu es raciste. Si tu n’en peux plus d’une idéologie qui pousse les gens à tout gérer, à se gérer en tout, tu es de droite. Si tu flippes à l’idée qu’on mette en place un eugénisme technicien sous couvert de « droit à l’enfant », que les gens soient entièrement livrés à l’État dès l’enfance, une fois que tout reste de cellule familiale aura disparu, tu es fasciste. Si tu soupçonnes que le féminisme peut aussi avoir pour effet de monter les femmes aveuglement contre des hommes « essentialisés », et inversement, tu es un gros bidochon. Si tu ne confonds pas les réalités du climat, de l’ozone, des espèces, avec des projections de modèles basés sur des moyennes de valeurs qui ne se moyennent pas, sur du tri sélectif dans les mesures, et autres équations bidons ou appliquées sans rapport avec leur domaine de validité, si tu cultives un vrai potager au lieu de parler depuis ton salon de mégapole d’une nature que tu ne connais pas, tu es un ennemi de la planète. Si tu es pour le tirage au sort, tu es fasciste. Je suis désolé de le dire : le fléau « antifasciste » sévit sur tous les dossiers. Donc, je disais, même cette question est aussi pertinente.. ou plutôt, c’est son recadrage qui l’est.
PS : rapport à l’autre bout d’échange, simple problème de clic / de molette, quand j’ai des occupations plus légères, il m’arrive d’employer ce pseudo (qui fut pour moi une sorte de « nom d’artiste »)…
(1) http://www.gilad.co.uk/writings/2015/5/16/the-jewish-solidarity-spin
(2) https://blogs.mediapart.fr/fxavier/blog/240912/les-juifs-antisionistes
@zedav
La paille et la poutre, Sylvain BARON, là dessus, a fait une vidéo qui est malhonnête et manipulatoire, Lordon ne parle pas de la violence des antifas.
Il parle de l’injonction des médias a accueillir tout le monde sans distinction, Lordon réfute ce point en expliquant que les personnes qui ont un interet a maintenir ce cadre politique, celui du capitalisme, ne peuvent pas souhaiter le changer et que donc il n’ont rien à faire ici. Personnellement, et comme Étienne, je suis en désaccord avec lui sur ce point. Mais RIEN A VOIR avec les antifas, désolé.
Faut arreter de monter en épingle un truc aussi inutile. Pensez bien les semeurs de zizanie sont autant chez les antifas que ceux qui veulent vous faire croire qu’ils sont partout. « Surtout n’allez pas là-bas, c’est plein d’antifas gauchistes »… Ça vire à l’obsession votre truc, vous êtes en train de jouer à leur jeu …et ils sont en train de gagner.
Ignorez les, les antifa et les anti-antifa, on s’en fout complètement.
« Se rencontrer soi-même à travers les autres dans une fermeture qui ne reproduit que soi-même n’a aucun intérêt.
C’est dans la divergence et dans la rencontre que la fertilité et l’avancement peuvent se produire. »
Francis Cousin