DÉMOCRATIE, RELIGIONS et LAÏCITÉ

17/05/2014 | 32 commentaires

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32 Commentaires

  1. Michel NO

    Bon­jour , toutes ces réflexions autour d’une Consti­tuante Citoyenne m’intéressent au plus haut point . Je viens de vision­ner ce petit sujet sur la laï­ci­té , autre sujet d’in­té­rêt , le reli­gieux étant la plaie des plaies de la vie en com­mu­nau­té ( celle des hommes bien enten­du ) je n’en recon­nais aucune autre ! il me semble que depuis que les fron­tons des édi­fices publics affichent men­son­gè­re­ment Liber­té etc etc , il serait peut être oppor­tun et ambi­tieux , j’en conviens , d’y gra­ver : LAÏCITÉ ÉGALITÉ FRATERNITÉ .
    A réflé­chir Non .…

    Réponse
  2. Ana Sailland

    Je m’in­té­resse ici au point 5 de ce document :

    http://​clas​siques​.uqac​.ca/​c​o​n​t​e​m​p​o​r​a​i​n​s​/​g​o​d​b​o​u​t​_​j​a​c​q​u​e​s​_​t​/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​_​e​s​s​a​i​_​s​u​r​_​l​e​_​d​o​n​/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​_​e​s​s​a​i​_​s​u​r​_​l​e​_​d​o​n​.​pdf

    Mar­cel Mauss est cri­ti­qué pour son intro­duc­tion du hau comme rai­son de l’o­bli­ga­tion de rendre.

    Cette cri­tique est injuste.
    Mauss parle de socié­tés habi­tées par le cha­ma­nisme et il est appro­prié pour ten­ter de com­prendre ces socié­tés de faire l’ef­fort de ren­trer un mini­mum dans la pen­sée chamanique.
    Et le hau est bien une notion cha­ma­nique ; il tient compte de l’es­prit de la chose-objet + de la par­tie de l’être (arti­san, chas­seur, ou acteur du don) émet­teur de la chose, par­tie qui se trouve por­tée par la chose.
    (((Notons que le hau n’est pas pré­sent dans ce que nous appe­lons un ser­vice, et l’o­bli­ga­tion res­sen­tie du devoir de rendre en retour le ser­vice reçu est d’une autre nature ; il se peut d’ailleurs que nul ne res­sente cette obli­ga­tion, mais que cha­cun étant impul­sé à ser­vir, tout se passe comme s’il y avait red­di­tion ; il se peut aus­si que le motif de rendre soit issu de l’é­du­ca­tion = trans­mis­sion d’archétypes)))
    Pour un esprit « occi­den­tal » « car­té­sien » « ratio­na­liste » il peut être dif­fi­cile de com­prendre ce concept.
    Et pour­tant qui­conque est « féti­chiste », qui donc conser­ve­ra pré­cieu­se­ment un habit ou orne­ment de l’aimé(e), ou un bibe­lot sou­ve­nir d’un ins­tant heu­reux, ce qui­conque là est impré­gné du concept du hau puis­qu’il conserve l’ob­jet non pour sa valeur pra­tique ou mar­chande, mais pour cela qu’il contient de l’es­prit, ce que nous nom­mons pudi­que­ment « valeur sentimentale ».
    Dans d’autres civi­li­sa­tions que celle des Mao­ri, l’o­bli­ga­tion de rendre sera en par­tie liée à la notion de « dette kar­mique », qui pré­té­rite la vie future de qui ne se serait pas acquit­té en temps et heure rai­son­nable d’un devoir.
    Les deux concepts sont très voisins …
    Une ques­tion se pose :
    Chez nous pré­sen­te­ment où comme dit plus haut reste en fili­grane le concept de hau, bien que nié, quelle est la part de cette dimen­sion cachée qui pré­side à notre fonc­tion­ne­ment col­la­bo­ra­tif social, d’in­di­vi­du à indi­vi­du, ou au sein de l’en­tre­prise, ou au niveau glo­bal, entre l’in­di­vi­du et la société.
    S’il y en a trace archéo­lo­gique, elle est cer­tai­ne­ment cachée par toutes sortes d’autres moteurs et freins à la contri­bu­tion, au don, à l’échange.
    Mon intui­tion, et comme cha­cun sait une intui­tion ne se démontre pas, est que ce méca­nisme caché est pour­tant dans le pelo­ton de tête de nos fonctionnements.

    😉 Ques­tion à 10 cen­times : la mon­naie fidu­ciaire contient elle plus de hau que la mon­naie scripturale ? 😉

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    • Yéti

      La socié­té pri­mi­tive ne fait pas de dif­fé­rence entre droits et devoirs, ven­geance, entraide, gou­ver­nance, échange, guerre, pot­latch, rite de pas­sage, et toutes les pra­tiques « expia­toires » sont de l’ordre du tabou (l’a­ma­zo­nien se sui­ci­de­ra lui même suite à un crime par ex). C’est aus­si con comme ques­tion de se deman­der si l’é­change « hau » est de l’ordre du reli­gieux, que de deman­der si man­ger, pêcher, pis­ser, chas­ser, cuire la pitance, ou bai­ser est de l’ordre de la col­la­bo­ra­tion sociale. Mais ce sys­tème est valable avant la divi­sion des classes, avec juste une divi­sion du tra­vail sexe/age, et SURTOUT est du à la fron­tière pas bobo de gôôôche qui s’ap­pelle la jungle de l’a­ma­zo­nien où « la marche » du ger­main, qui bloque qua­si­ment l’é­change marchand.
      La pro­prié­té se limi­tait aux outils (armes,vaisselle, pirogue etc…) d’où l’inadéquation du « hau » pour la loto­cra­tie des benêts de la tri­bu des bobo i‑ped18. Lais­sez tom­ber pour la consti­tu­tion loto­crate, c’est le monde des réac­tion­naires, pas de bobo le shi­teux du supermarché.

      « L’a­ma­zo­nien n’avait pas la foi où la science, il avait la cer­ti­tude et l’émerveillement, c’est ce qui fait de lui un enfant envié » Le passéiste

      Réponse
  3. Yéti

    D’ailleurs c’est Athènes, le ber­ceau loto­crate, qui inven­ta l’hy­po­thèque capi­ta­liste, l’u­sure, et la vente des enfants pour rem­bour­ser la dette … L’or­ga­ni­sa­tion gen­ti­lice tra­di­tion­nelle est incom­pa­tible avec la mon­naie (d’où les recherches de Marx et Engels la des­sus d’ailleurs) car la concen­tra­tion finan­cière y est impos­sible, mais la gens est loin, et la famille de bobo doré­na­vant ache­tée sur Inter­BE­net. D’ailleurs l’ar­ri­vée des « métèques » qui s’en­ri­chis­saient a aus­si détruit l’an­cien sys­tème des famille/gens/clan, pour une socié­té de classes terriennes.
    Les fameux champs de l’At­tique héris­sés de stèles hypothécaires .…
    Sparte a réso­lu le pro­blème … mais Sparte c’é­tait pas du benêt moderne. Alors benêt obéi­ra à ses nou­veaux Sei­gneurs hypo­thé­caires du Glo­bal­State, car il le veau bien.

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    • Ana Sailland

      Solon abo­lit l’hy­po­thèque vers ‑594
      réduit le pou­voir des tri­bus en créant les dèmes
      inhibe le pou­voir de l’oligarchie
      annule la dette

      Sur les che­mins qui mènent à la démo­cra­tie, la ques­tion qui nous inté­resse au pré­sent, ins­pi­rée du pas­sé, est : puisque ça s’est pro­duit autre­fois, dans quelles cir­cons­tances un archonte élu peut il être ame­né à (re)dynamiser l’éclésia.

      De fait, il a tra­hi l’  »élite » => Pour­quoi ? Est ce encore possible ?

      His­to­riens svp 🙂

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  4. zut

    Yéti, le nègre de Zem­mour, peu_être…

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  5. Yéti

    Quand César fait le cake sur son char d’Im­pe­ra­tor, il porte les lau­riers d’Apollon, car le vrai vain­queur est tou­jours le Dieu. César est un « ini­tié », au sens reli­gieux , à tra­vers duquel la force divine s’ex­prime, son mérite est de com­prendre la volon­té des dieux et de se faire leur instrument.
    Les vikings morts sur le champ de bataille ren­forcent la pha­lange des hoplites célestes qui lutte contre Raggg­gna Rök­krrr, « l’obscurcissement du divin » (Hésiode), puri­ne­ment issu des pre­miers âges, qui triomphe dans le boboïsme du Dieu Jaloux d’Is­raël et l’u­té­rus en loca­tion pour pédé­rastes. Arrivent en ren­fort Mithra et ses fava­shi aryens d’Ahmadinejad.

    Volon­té divine qui s’ex­prime aus­si à tra­vers les antiques vota­tions hel­vé­tiques, grecques où ger­ma­niques (c’est pour ça que je sacri­fie tou­jours un pou­let avant d’al­ler voter, offrande néces­saire pour ins­pi­rer le bôn chouaa). 

    Car si les dieux n’in­fluen­çaient pas le vote des loto­crasses, com­ment l’Illu­mi­na­tion pour­rait elle venir à des rap­peurs, des dea­lers, des bas du front, des sexes décé­ré­brés pous­seurs de Cad­die, des fonc­tion­naires où des burkas ?
    Le sort désas­treux inévi­table d’une déci­sion loto­crate ne peut être alors com­pa­ré par les clercs sto­cho­cra­tiques qu’à celui de la ver­tu mal­heu­reuse, qui n’est jugée et récom­pen­sée que dans l’autre vie.

     » Nos­tri maiores reli­gio­sis­si­mi mor­tales » Salluste

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  6. Mic El

    La laï­ci­té c’est la liber­té de ne pas avoir à nom­mer dieu. et donc ce droit.

    Après avoir obser­vé, lors­qu’on a retour­né son regard vers l’in­té­rieur de soi, que moins on nomme ou iden­ti­fie dieu, plus on a de chance de s’éveiller au mystère. 

    Il faut ensuite remar­quer que nom­mer, iden­ti­fier dieu, n’a d’intérêt que pour mani­pu­ler et prendre du pou­voir sur la sub­jec­ti­vi­té d’au­trui, tech­ni­que­ment en inter­po­sant une ‘repré­sen­ta­tion’ entre le ‘sujet’ et sa sub­jec­ti­vi­té. une forme de schi­zo­phré­nie obli­ga­toire pour satis­faire à l’ins­tinct gré­gaire, l’arme fatale des théocrates.

    la Laï­ci­té est un besoin essen­tiel de la sub­jec­ti­vi­té. Sub­jec­ti­vi­té qui est LE contre pou­voir légi­time à oppo­ser à tous les experts et autres scien­ti­fiques objec­ti­vistes et chiens de garde de tout poils !

    Réponse
    • 222

      Oui, mille manières d’i­den­ti­fier Dieu ou cet Abso­lu cen­sé nous dépas­ser, comme il y a tout autant de rai­sons de n’en par­ler qu’à bon escient ou pour pous­ser plus avant la réflexion et non pour impo­ser son inter­pré­ta­tion per­son­nelle et d’é­ven­tuels béné­fices maté­riels, égo­tistes, repré­sen­ta­tifs… la méta­phy­sique et/ou la foi nous pla­çant face à nos limites et à nos res­pon­sa­bi­li­tés indi­vi­duelles et communes.

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  7. Ana Sailland

    Nier le mys­tère est absurde.
    Le nom­mer est orgueilleux.

    Réponse
    • 222

      La vie est un mystère…
      … l’or­gueil quelque chose d’in­SEN­Sé qui confond libre arbitre et volon­té, poten­tia­li­té intel­lec­tuelle et pleine conscience…

      Réponse
  8. Jacques

    Je suis très loin d’a­voir fait le tour des argu­ments que j’a­vance, mais je me lance quand même : (dsl d’etre un peu long)
    Je viens de lire en dia­go­nale la lettre ouverte de JL Mélen­chon adres­sée au Pape et cela m’a fait réfléchir.

    Un pre­mier mea culpa de ma part, quand j’ai dit que l’hé­breu (en tout cas l’hé­breu biblique, cf Annick de Sou­ze­nelle) n’a­vait pas de mot pour dire le corps : je me rends compte main­te­nant qu’à l’in­verse, cer­tains mys­tiques indiens n’hé­sitent pas à mor­ti­fier leur corps pour puri­fier leur âmes. D’ailleurs l’oeuf c’est la tota­li­té mais aus­si la mort… il n’y a rien de plus fra­gile qu’un oeuf ! (Pour « l’oeuf » qui gran­dit dans le ventre de la femme… peut être est-ce la souf­france de l’ac­cou­che­ment ? Et « ver­sion méta­phy­sique », les trois mono­théismes étant appa­rus dans des déserts, pas très « fer­tile » comme terre, voire mortelle!)

    Le deuxième mea culpa porte sur mon idée d’une « école de méde­cine de Salerne » moder­ni­sée… si on donne des cours de théo­lo­gie com­pa­rée cela ne plai­rait pas for­cé­ment à tout le monde… donc je renou­velle l’i­dée de méde­cine par les plantes et de psy­cho­so­ma­tique (tou­jours en gar­dant la méde­cine de pointe quand elle s’im­pose) tout en refor­mu­lant l’as­pect reli­gieux (quand on va chez le méde­cin, on demande ce que l’on « a », chez le prêtre, ce que l’on « est »):
    On devrait remettre Aris­tote au pro­gramme du Lycée… (Et pas juste en classe de phi­lo de ter­mi­nale… en meme temps que les maths et la rhétorique) 

    => cf « De la logique » de Bar­the­le­my Saint-Hilaire :
    p.17 « savoir si la logique est une par­tie réelle de la phi­lo­so­phie, ou si elle est seule­ment l’ins­tru­ment. Les Stoi­ciens avaient adop­té la pre­mière opi­nion ; les péri­pa­té­ti­ciens la seconde »
    p.100 « On peut dire, d’une manière géné­rale, et pour don­ner une idée claire du mot Caté­go­rie, qu’il répond à peu près à notre mot : attribution »
    p.143 « mais la double nature, logique et onto­lo­gique, des caté­go­ries, est cause d’incertitude »
    p.147 « Ain­si, Aris­tote par­ti de simples dis­tinc­tions entre les choses et les mots, arrive à cette conclu­sion que les mots, indé­pen­dam­ment de leur com­bi­nai­son, dont il s’oc­cu­pe­ra plus tard, ne peuvent repré­sen­ter les choses que sous dix aspects dif­fé­rents ; et comme les mots ne sont que l’i­mage des choses […] Ce sont donc à la fois les caté­go­ries de la pen­sée et les caté­go­ries de l’être. »
    et juste avant : « 1)substance 2)quantité 3)qualité 4)relation 5)lieu 6)temps 7)situation 8)manière d’être 9)action 10) pas­sion ou souffrance. »
    p.148 « la sub­stance pro­pre­ment dite, la sub­stance pre­mière et supé­rieure, est celle qui ne peut ni être dite d’un sujet, ni être dans un sujet ; ain­si, un homme, un che­val. La sub­stance réside essen­ciel­le­ment dans l’in­di­vi­du, et n’est point ailleurs, comme l’a­vaient pré­ten­du Pla­ton et d’autres écoles. »

    Remarque 1 : Donc si on s’ap­pelle Boud­dha ou Zhuang Zi, e=mc2 nous dit que 5)le lieu et 6)le temps sont « nada »… ou plu­tot, à quelques bosons de higgs près, peuvent être résu­més à de l’énergie.

    Remarque 2 : La 4eme forme de syl­lo­gisme d’A­ris­tote, l’im­pos­si­bi­li­té => {http://fr.wikipedia.org/wiki/Quatre_nobles_v%C3%A9rit%C3%A9s#La_quatri.C3.A8me_noble_v.C3.A9rit.C3.A9_:_Magga_sacca} ; qui donne : {http://​fr​.wiki​pe​dia​.org/​w​i​k​i​/​N​o​b​l​e​_​C​h​e​m​i​n​_​o​c​t​u​ple}

    Remarque 3 : Tou­jours sur la 4eme forme de syl­lo­gisme, cf le genre d’ap­pro­pria­tion qui me fait grin­cer des dents : {http://fr.wikipedia.org/wiki/Pens%C3%A9e_lat%C3%A9rale} ; ou pire, la défi­ni­tion de la séren­di­pi­té {http://fr.wikipedia.org/wiki/S%C3%A9rendipit%C3%A9}; quand sur {http://​fr​.wiki​pe​dia​.org/​w​i​k​i​/​V​o​y​a​g​e​s​_​e​t​_​a​v​e​n​t​u​r​e​s​_​d​e​s​_​t​r​o​i​s​_​p​r​i​n​c​e​s​_​d​e​_​S​e​r​e​n​d​i​p​#​R​.​C​3​.​A​9​s​u​m​.​C​3​.​A​9​_​d​e​_​l​.​2​7​h​i​s​t​o​i​r​e​_​d​u​_​c​h​a​m​eau} on peut lire : « Les trois frères ren­con­trèrent ensuite un conduc­teur de cha­meau qui avait per­du son ani­mal. Comme ils avaient déjà rele­vé beau­coup d’in­dices, ils lan­cèrent comme bou­tade au cha­me­lier qu’ils avaient vu son cha­meau et, pour cré­di­bi­li­ser leur blague, ils énu­mé­rèrent les SEPT signes qui carac­té­ri­saient le cha­meau. Les carac­té­ris­tiques s’a­vé­rèrent toutes justes. Accu­sés de vol, les trois frères furent jetés en PRISON. Ce ne fut qu’a­près que le cha­meau fut retrou­vé sain et sauf par un vil­la­geois, qu’ils furent libérés. »

    Remarque 4 : p.147 « les mots ne sont que l’i­mage des choses » => cf le pro­to­si­naï­tique, super impor­tant, puisque nous lisons des sons avec notre hémi­sphère gauche et (par exemple) les chi­nois lisent des images avec leurs hémi­sphères droits… j’é­mets l’hy­po­thèse que les 22 lettres de Moise ne sont pas juste le début de l’abs­trac­tion, mais cor­res­pondent à 22 émo­tions dif­fé­rentes : {http://​www​.dis​co​ve​ring​peace​.com/​t​h​e​-​a​b​r​a​h​a​m​-​h​i​c​k​s​-​e​m​o​t​i​o​n​a​l​-​g​u​i​d​a​n​c​e​-​s​c​a​l​e​.​h​tml}

    Réponse
    • Jacques

      Je dois pré­ci­ser : cer­tains éru­dits de la sco­las­tiques disaient que le syl­lo­gisme était l’u­nique accès à la véri­té… mais de ce que j’ai lu, que ce soit Marc Aurèle qui s’est bien gar­dé de faire des syl­lo­gismes, Sci­pion Dupleix qui fait un éloge à « l’oeil de l’art » ou Bar­thé­lé­my st Hilaire qui cite Hoe­der­lin pour ses poèmes où les mots sont seule­ment jux­ta­po­sés… on retrouve bien la dif­fé­rence qu’A­ris­tote donne aux caté­go­ries : on s’oc­cupe des mots pris iso­lé­ments, et non des com­bi­nai­sons des mots entre eux. Ain­si, selon moi, le Yi Jing est le tableau des énon­cia­tions impar­faites (donc impropre au syl­lo­gisme) pour les­quels l’homme se découvre être le « moyen » (émo­tio­nel).

      Et la 4e forme de syl­lo­gisme prend une valeur onto-psy­cho-logique : p.95 von Franz déjà cité… « la fonc­tion infé­rieure est la porte par laquelle toutes les images de l’in­cons­cient viennent à la conscience. Notre domaine conscient est comme une chambre à quatre portes et c’est par la 4e que l’ombre, l’a­ni­ma ou l’a­ni­mus et la per­son­ni­fi­ca­tion du Soi pénètrent. Ils entrent plus rare­ment par les autres portes, ce qui, en un sens, va de soi car la fonc­tion infé­rieure demeure si proche de l’in­cons­cient et elle est res­té si bar­bare, infé­rieure et non déve­lop­pée qu’elle consti­tue natu­rel­le­ment le point faible de la conscience par lequel les figures de l’in­cons­cient peuvent faire irrup­tion. Sur le plan de la conscience, on la res­sent comme une faille, comme la chose désa­gréable qui ne nous laisse jamais de répit et ne cesse de nous cau­ser des ennuis. […] Aus­si long­temps qu’on a pas déve­lop­pé les autres fonc­tions, les deux fonc­tions auxi­liaires sont, elles aus­si, des portes ouvertes […] Quand on a réus­si à déve­lop­per les trois fonc­tions, en fer­mant trois des portes inté­rieures, le pro­blème de la qua­trième demeure, car celle-ci ne semble pas faite pour être fer­mée. C’est là qu’il nous faut suc­com­ber et subir la défaite en vue d’un déve­lop­pe­ment ulté­rieur.« P.96 « Lors­qu’on sera deve­nu quelque peu conscient de son ombre, la fonc­tion infé­rieure conti­nue­ra à doter la figure de l’a­ni­mus ou de l’a­ni­ma d’une qua­li­té par­ti­cu­lière. Par exemple, la figure d’a­ni­ma, si elle est per­son­ni­fiée par un être humain, appa­raî­tra très sou­vent comme une per­sonne de la fonc­tion oppo­sée. Il se pro­dui­ra la même chose quand sur­gi­ront des per­son­ni­fi­ca­tions du Soi. Un autre genre de per­son­ni­fi­ca­tion, natu­rel­le­ment en rap­port avec l’ombre, se pré­sente lorsque la 4e fonc­tion est iden­ti­fiée avec les couches sociales du plus bas niveau ou avec les soi-disant « pays sous-déve­lop­pés ». […] De même elle se mani­feste sous les traits de per­sonnes exo­tiques telles que Chi­nois ou Russes ou qui que se soit pos­sé­dant quelque chose d’in­con­nu sur le plan conscient […] (p.99) Dans la plu­part des socié­tés, les gens dis­si­mulent leur fonc­tion infé­rieure der­rière une per­so­na. L’une des prin­ci­pales rai­sons pour laquelle on déve­loppe une per­so­na, c’est afin de ne pas mon­trer ses aspects infé­rieurs, en par­ti­cu­lier ceux appar­te­nant à la 4e fonc­tion. Celle-ci est mêlée à notre nature ani­male et mélan­gée à nos émo­tions inadap­tées et à nos affects. […] (p.100) Dans la plu­part des autres socié­tés ou groupes, la fonc­tion infé­rieure est recou­verte et tisse ses intrigues sous la table ; toutes ces dif­fi­cul­tés demeurent en sous-sol, sans jamais faire l’ob­jet d’une dis­cus­sion ouverte. L’as­si­mi­la­tion de l’ombre ou de la fonc­tion infé­rieure a pour effet de rendre les gens socia­le­ment plus dif­fi­ciles et moins conven­tion­nels, ce qui pro­voque des fric­tions. Mais d’un autre côté, cela crée aus­si une plus grande ani­ma­tion ; ce n’est jamais ennuyeux car il y a tou­jours une tem­pête dans un verre d’eau et, au lieu d’é­vo­luer sur une sur­face lisse, à la fois polie et morne, le groupe est beau­coup plus vivant. »

      Ps : (p.28) Ces quatres fonc­tions sont : 2 ration­nelles (pen­sée et sen­ti­ment) et 2 irra­tion­nelles (sen­sa­tion et intui­tion) pou­vant être cha­cune extra­ver­tie ou introvertie.

      Réponse
    • Jacques

      p.185 du Yi-Jing (Albin Michel 2002), cf. l’a­na­lyse de l’i­déo­gramme « chariot » : 

      « L’i­déo­gramme est com­po­sé avec le signe géné­ral des chars, pré­ci­sé par un carac­tère qui évoque l’i­dée d’  »union concer­tante » (voir 612, et). Le cha­riot, comme le char, en rai­son de sa caisse car­rée comme la Terre et de son dais rond comme le Ciel, est en Chine une image usuelle du cou­plage Terre-Ciel. Dans le contexte du Yi-Jing, sa facul­té à avan­cer et à trans­por­ter marque géné­ra­le­ment l’ef­fi­cience de ce couplage. »

      Si l’on change le cercle du ciel par le tri­angle du toit, qui lui est équi­valent, on obtient par­ti­cu­liè­re­ment : « La Répu­blique Fran­caise est indi­vi­sible, laïque, démo­cra­tique et sociale ; et sa devise est : Liber­té, Ega­li­té, Fraternité. »

      Pour le fun : petit inven­taire lexical : 

      Il y a 5 occu­rences du mot « char » : 221 « Embel­lir ses pieds, renon­cer au char et mar­cher » ; 142 « Un grand char à char­ger, il y a où aller, absence de fautes » ; 403 « Etre char­ger en biens et en plus voya­ger en char, pro­voque l’ar­ri­vée des bri­gands, pré­sage de gêne. » 474 « venir tout dou­ce­ment, épui­sé auprès du char doré. Gêne, il y a abou­tis­se­ment. »; 386 « Esseu­lé en diver­gence. On voit un porc cou­vert de boue. Un char char­gé de fan­tômes. D’a­bord on tend l’arc, ensuite on détend l’arc. N’est pas bri­gand qui scelle l’u­nion par mariage. En allant on ren­contre la pluie, donc l’ou­ver­ture s’ensuit.

      Il y a 5 occu­rences du mot « cha­riot » : 93 « Les essieux du cha­riot lâchent prise. Mari et épouse se regardent de tra­vers » ; 263 « Un bon che­val s’ef­force de pour­suivre, pré­sage de dif­fi­cul­tés pro­fi­tables. Chaque jour contrô­ler les cha­riots et les gardes, pro­fi­table d’a­voir où aller. » 383 « On voit le cha­riot frei­né, un boeuf traî­né, des gens le crâne rasé le nez cou­pé. Sans début il y a abou­tis­se­ment. » 344 Pré­sage d’ou­ver­ture, tout regret dis­pa­raît. La haie s’ouvre. On n’est plus lié. Force à l’es­sieu d’un grand cha­riot. » 236 « Un fruit excellent n’est pas consom­mé. Un chef accom­pli obtient un cha­riot, l’être petit l’u­sure de sa cabane. »

      A com­pa­rer avec le début du pre­mier cha­pitre des Essais de Mon­taigne : https://fr.wikisource.org/wiki/Essais/%C3%A9dition_Michaud,_1907/Livre_I/Chapitre_1

      « La sou­mis­sion vous conci­lie d’ordinaire ceux que vous avez offen­sés ; par­fois une atti­tude réso­lue pro­duit le même résul­tat. — La façon la plus ordi­naire d’attendrir les cœurs de ceux que nous avons offen­sés, quand, leur ven­geance en main, nous sommes à leur mer­ci, c’est de les émou­voir par notre sou­mis­sion, en leur ins­pi­rant com­mi­sé­ra­tion et pitié ; tou­te­fois la bra­voure, la constance et la réso­lu­tion, qui sont des moyens tout contraires, ont quel­que­fois pro­duit le même résultat.

      Édouard, prince de Galles, celui-là même qui, si long­temps, fut régent de notre pro­vince de Guyenne, per­son­nage dont les actes et la for­tune ont maintes fois témoi­gné de beau­coup de gran­deur d’âme, s’étant empa­ré de vive force de Limoges, avait ordon­né le mas­sacre de ses habi­tants qui l’avaient gra­ve­ment offen­sé. Il che­mi­nait à tra­vers la ville, et les cris de ceux, hommes, femmes et enfants, ain­si voués à la mort, qui, pros­ter­nés à ses pieds, implo­raient mer­ci, n’avaient pu atten­drir son âme ; quand s’offrirent à sa vue trois gen­tils­hommes fran­çais, qui, avec une har­diesse incroyable, tenaient tête, à eux seuls, à son armée vic­to­rieuse. Un tel cou­rage lui ins­pi­ra une consi­dé­ra­tion et un res­pect qui cal­mèrent subi­te­ment sa colère ; sur-le-champ il leur fit grâce, et cette grâce, il reten­dit à tous les autres habi­tants de la ville.

      Scan­der­berg, prince d’Épire, pour­sui­vait avec l’intention de le tuer, un de ses sol­dats ; celui-ci, après avoir essayé en vain de l’apaiser par des pro­tes­ta­tions de toutes sortes et les plus humbles sup­pli­ca­tions, se réso­lut, en déses­poir de cause, à l’attendre l’épée à la main. Cet acte de réso­lu­tion arrê­ta net l’exaspération de son maître qui, en le voyant prendre un si hono­rable par­ti, lui fit grâce. Ce fait est sus­cep­tible d’être inter­pré­té autre­ment que je ne le fais, mais par ceux-là seule­ment qui ignorent la force pro­di­gieuse et le cou­rage dont ce prince était doué.

      L’empereur Conrad III, assié­geant Guelphe, duc de Bavière, n’avait consen­ti à ne lais­ser sor­tir de la ville que les femmes des gen­tils­hommes qui s’y trou­vaient enfer­mées avec son enne­mi, s’engageant à res­pec­ter leur hon­neur, mais ne leur accor­dant de sor­tir qu’à pied, en n’emportant que ce qu’elles pour­raient por­ter elles-mêmes ; et il s’était refu­sé à adou­cir ces condi­tions, quelques autres satis­fac­tions qu’on lui offrît, si humi­liantes qu’elles fussent. N’écoutant que leur grand cœur, ces femmes s’avisèrent alors de char­ger sur leurs épaules leurs maris, leurs enfants et le duc lui-même. L’empereur fut tel­le­ment sai­si de cette tou­chante marque de cou­rage, qu’il en pleu­ra d’attendrissement ; la haine mor­telle qu’il avait vouée au duc, dont il vou­lait la perte, en devint moins ardente ; et, à par­tir de ce moment, il le trai­ta lui et les siens avec humanité. »

      Réponse
  9. Ana Sailland

    Ce brave Aris­tote fut un des pre­miers à ten­ter de mettre de l’ordre dans les règles de la déductibilité.
    Depuis on a pro­gres­sé un peu.
    Mais en amont de cette inten­tion est le pré­sup­po­sé du treillis des causes et des effets.
    Qui n’est pas un acquis solide, loin de là.
    (Nous y sommes atta­chés car sans lui dému­nis, « à poil » devant le futur et devant l’imaginaire)

    o Logos c’est la parole.
    Avec un esprit rude sur le o n°1 😉
    Non seule­ment éty­mo­lo­gi­que­ment mais encore de fait, la logique est rigou­reu­se­ment liée au lan­gage et à la notion de grammaire.
    La logique est humaine, donc, si la parole l’est.
    Mais existe-t-il, et avant l’in­tel­li­gence incar­née, une logique qui serait une don­née cos­mique, pré­ho­mi­nienne donc, qui ins­ti­tue­rait l’ordre des choses avant qu’une conscience ne soit là pour les obser­ver. L’ordre des choses concrètes, certes, mais aus­si celui des choses abstraites(!)
    Nous savons depuis un siècle que le déter­mi­nisme doit être tem­pé­ré ou nié quand il s’a­git du monde physique.
    Mais qu’en est il du monde abstrait ?
    Existe-t-il avant que d’être pen­sé, et si oui est il déterministe.
    Nous sommes là dans un mys­tère qui pré­cède celui de la création.

    !!! J’a­voue que je peux dor­mir sans savoir répondre 😉

    Réponse
  10. Mic El

    « La logique est humaine, donc, si la parole l’est. »
    ‑au com­men­ce­ment était le verbe, et le verbe était dieu et le verbe était avec dieu…
    =no comment.

    « Mais existe-t-il, et avant l’intelligence incar­née, une logique qui serait une don­née cosmique »
    ‑la nature est frac­tale, et bien que ce soit logos qui le dise, on peut obser­ver sa réa­li­té frac­tale avant le concept.

    « le déter­mi­nisme doit être tem­pé­ré ou nié quand il s’agit du monde phy­sique. » -? là je ne sai­sis pas à quoi tu fais référence ?

    « Mais qu’en est il du monde abstrait ?
    Existe-t-il avant que d’être pensé, »
    ‑est-ce que dans ta pen­sée l’abs­trait a à voir avec l’éthérique ?

    Réponse
  11. oli

    Bon­jour,

    Voi­ci une vidéo de Ber­nard Friot qui colle avec le sujet :

    Ber­nard Friot : Reli­gion Capi­ta­liste & Laïcité

    http://​www​.laf​fran​chi​presse​.fr/​v​i​d​e​o​/​2​0​1​5​/​0​3​/​2​0​/​b​e​r​n​a​r​d​-​f​r​i​o​t​-​r​e​l​i​g​i​o​n​-​c​a​p​i​t​a​l​i​s​t​e​-​l​a​i​c​ite

    httpv://youtu.be/3vW8EoVUaEo

    httpv://youtu.be/oIdzo2HpRYk

    Très inté­res­sante. Je me per­mets de vous en faire un résu­mé (en espé­rant qu’il soit exact, n’hé­si­tez pas à inter­ve­nir pour le pré­ci­ser), tout en vous invi­tant à la vision­ner pour en avoir les détails.

    Ber­nard Friot nous rap­pelle que le mot laï­ci­té vient du mot grec laïos, qui signi­fie : peuple en oppo­si­tion au chef, donc affir­ma­tion de la sou­ve­rai­ne­té du peuple contre la classe dirigeante.

    Ensuite, il nous rap­pelle le fon­de­ment de la laï­ci­té, qui consiste à rendre pos­sible des lois et des ins­ti­tu­tions garan­tis­sant la sou­ve­rai­ne­té du peuple contre le pouvoir.

    Enfin, il nous explique que nous sommes aujourd’hui en pleine reli­gion capi­ta­liste, que les éco­no­mistes sont deve­nus nos nou­veaux curés, ceux en charge de répandre la bonne parole du capi­tal dans les médias, et que nous adhé­rons nous-mêmes à cette reli­gion en acceptent de croire à une série de men­songes de nature économiques.
    Il fait une liste de 5 de ces croyances :

    1. CROYANCE QUE LE PATRIMOINE GÉNÈRE DE LA VALEUR ET QU’IL EST NORMAL D’EN TIRER UN REVENU

    => seul le tra­vail créé de la valeur éco­no­mique, les déten­teurs de patri­moines (immo­bi­liers ou indus­triels) ne pro­duisent pas de valeur ; lors­qu’ils tirent un reve­nu de leur pro­prié­té, c’est qu’ils ponc­tionnent le salaire pro­duit par un travailleur.

    SOLUTION : rem­pla­cer la pro­prié­té lucra­tive par la pro­prié­té d’usage.

    2. CROYANCE DANS LE MARCHE DU TRAVAIL

    => ce n’est pas parce qu’on ne se sou­met pas à un employeur qu’on ne créé pas de valeur (exemple du fonctionnaire).

    (=> là je me per­mets d’a­jou­ter qu’en plus, la sou­mis­sion à un employeur ne créé par néces­sai­re­ment un tra­vail utile à la com­mu­nau­té (exemple : le tra­vail pro­duit par les employés des firmes comme Mon­san­to), et je pense qu’il vaut mieux encore pour la com­mu­nau­té une per­sonne au chô­mage qui fait son jar­din bio chez elle plu­tôt qu’une per­sonne qui tra­vaille dans ces firmes)

    SOLUTION : le salaire à vie, afin de sor­tir le tra­vail du chan­tage éco­no­mique privé.

    3. CROYANCE DANS LE CRÉDIT ET SA NÉCESSITÉ POUR FINANCER L’INVESTISSEMENT

    => comme seuls les tra­vailleurs pro­duisent de la valeur éco­no­mique, tout prê­teur a néces­sai­re­ment piqué au préa­lable ce qu’il nous prête, puisqu’il n’a pas lui-même pro­duit de tra­vail. Nous lui ache­tons donc, par notre tra­vail, notre propre argent, et la créa­tion moné­taire par cré­dit ne pro­fite qu’au prêteur.

    SOLUTION : rem­pla­cer le cré­dit par la sub­ven­tion (qui vient de nos impôts et coti­sa­tions, pris sur notre tra­vail), et créer des caisses d’investissement.

    4. CROYANCE DANS LE FAIT QUE LA RÉDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL EST LA MESURE DE LA PRODUCTIVITÉ

    => cette croyance repose sur le fait qu’on ne prend ici en compte que l’exemple des sala­riés du pri­vé, dont le salaire est déter­mi­né selon leur temps de tra­vail. Or, les fonc­tion­naires eux ont un salaire indexé non sur leur temps de tra­vail mais sur leur qua­li­fi­ca­tion, ce qui les retire de la contrainte éco­no­mique du temps qui doit néces­sai­re­ment géné­ré du pro­fit, autre­ment dit, c’est la qua­li­té du tra­vail qui compte et non sa quantité.

    RAPPEL : la classe ouvrière s’est bat­tue pour que ce ne soit pas le temps qui mesure la pro­duc­tion MAIS la qua­li­fi­ca­tion du producteur.

    SOLUTION : la mesure du tra­vail doit se baser sur la qua­li­té du pro­duc­teur, ce qui per­met de sor­tir de la dic­ta­ture éco­no­mique du temps, il faut donc géné­ra­li­ser le modèle des fonctionnaires.

    5. CROYANCE DANS LE FAIT QUE LA SÉCURITÉ SOCIALE C’EST DE LA SOLIDARITÉ

    => sur ma fiche de salaire, mes coti­sa­tions ne vont pas aux autres, il s’agit d’un salaire dif­fé­ré, autre­ment dit, c’est moi qui pro­duit ma pen­sion, mon chô­mage et mes droits par mon tra­vail, et non les autres.

    RAPPEL : la classe ouvrière s’est bat­tue pour le chan­ge­ment de la valeur et non pour son partage.

    Conclu­sion de Friot :
    – il faut arrê­ter de nous sou­mettre men­ta­le­ment à ces croyances, et en sor­tir notre entourage.
    – il faut mili­ter pour obte­nir la sépa­ra­tion de l’État d’avec l’église capi­ta­liste, afin de reprendre notre sou­ve­rai­ne­té popu­laire sur l’économie.

    Réponse
  12. oli

    AJOUT :

    Il remarque éga­le­ment que le com­bat pour la laï­ci­té a été dépla­cé et réduit au champ des reli­gions offi­cielles… ce qui per­met évi­dem­ment d’oc­cul­ter le vrai combat.

    Je vous avoue que je ne connais­sais pas cette défi­ni­tion de la laïcité…
    J’a­vais vu, comme beau­coup d’autres, qu’il y avait un aspect reli­gieux indé­niable dans notre éco­no­mie et dans cette sou­mis­sion aux lois du mar­ché qu’on exige conti­nuel­le­ment de tous. Et l’État me sem­blait fort hypo­crite en exi­geant l’in­ter­dic­tion des signes osten­ta­toires de reli­gion dans les lieux publics, alors qu’il s’accommodait fort bien par ailleurs de la pré­sence de la reli­gion de l’argent et du pro­fit par­tout… (bourses, publi­ci­tés, centres d’af­faires, centres com­mer­ciaux, grandes chaînes ont conta­mi­né l’es­pace public). 

    Cette confé­rence de Ber­nard Friot est très éclairante !

    Réponse
  13. Ana Sailland

    dic­tion­naire bailly page 1164

    laέkos = qui concerne le peuple, profane

    Réponse
  14. oli

    Un peu d’air dans cette actua­li­té chao­tique, avec un texte d’Ar­mand Robin, qui porte un regard spi­ri­tuel sur le monde et retrace l’é­vo­lu­tion his­to­rique de nos idées :

    « On sup­pri­me­ra la Foi Au nom de la Lumière,
    Puis on sup­pri­me­ra la lumière.

    On sup­pri­me­ra l’Âme Au nom de la Raison,
    Puis on sup­pri­me­ra la raison.

    On sup­pri­me­ra la Cha­ri­té Au nom de la Justice,
    Puis on sup­pri­me­ra la justice.

    On sup­pri­me­ra l’A­mour Au nom de la Fraternité,
    Puis on sup­pri­me­ra la fraternité.

    On sup­pri­me­ra l’Es­prit de Véri­té Au nom de l’Es­prit critique,
    Puis on sup­pri­me­ra l’es­prit critique.

    On sup­pri­me­ra le Sens du Mot Au nom du sens des mots,
    Puis on sup­pri­me­ra le sens des mots.

    On sup­pri­me­ra le Sublime Au nom de l’Art,
    Puis on sup­pri­me­ra l’art.

    On sup­pri­me­ra les Écrits Au nom des Commentaires,
    Puis on sup­pri­me­ra les commentaires.

    On sup­pri­me­ra le Saint Au nom du Génie,
    Puis on sup­pri­me­ra le génie.

    On sup­pri­me­ra le Pro­phète Au nom du poète,
    Puis on sup­pri­me­ra le poète.

    On sup­pri­me­ra les Hommes du Feu Au nom des Éclairés,
    Puis on sup­pri­me­ra les éclairés.

    On sup­pri­me­ra l’Es­prit, Au nom de la Matière,
    Puis on sup­pri­me­ra la matière.

    Au nom de rien on sup­pri­me­ra l’homme ;
    On sup­pri­me­ra le nom de l’homme ;
    Il n’y aura plus de nom ;

    Nous y sommes. »

    De quoi nous redon­ner de nou­velles pistes de réflexions, et d’inspiration.

    Réponse
  15. Jacques

    Quelques extraits de « Plo­tin ou la sim­pli­ci­té du regard » par Pierre Hadot (Folio poche).

    p. 27–28
    On peut dire que toutes les phi­lo­so­phies de cette époque cherchent à expli­quer cette pré­sence de l’âme divine dans un corps ter­restre et qu’elles répondent à une inter­ro­ga­tion anxieuse de l’homme qui se sent étran­ger ici-bas : 

    « Qui étions-nous ? Que sommes-nous deve­nus ? Où étions-nous ? Où avons-nous été jetés ? Où allons-nous ? D’où nous vient la libération ? »

    Dans l’école même de Plo­tin, cer­tains don­naient à cette inter­ro­ga­tion gnos­tique la réponse du gnos­ti­cisme. Pour eux, les âmes étaient tom­bées dans le monde sen­sible à la suite d’un drame exté­rieure à elles. Une puis­sance mau­vaise avait créé le monde sen­sible. Les âmes, par­celles du monde spi­ri­tuel, s’y trou­vaient pri­son­nières mal­gré elles. Mais, venues du monde spi­ri­tuel, elles res­taient spi­ri­tuelles. Leur mal­heur venait seule­ment du lieu où elles se trou­vaient. Avec la fin du monde, avec la défaite de la puis­sance mau­vaise, leur épreuve pren­drait fin. Elles retour­ne­raient dans le monde spi­ri­tuel, dans le « Plé­rôme ». Le salut était donc exté­rieur à l’âme : il consis­tait dans un chan­ge­ment de lieu ; il dépen­dait de la lutte entre des Puis­sance supérieures.
    Contre cette doc­trine qui, se parant d’une appa­rence pla­to­ni­cienne, mena­çait de cor­rompre ses dis­ciples, Plo­tin réagi­ra avec pas­sion, dans ses leçons et dans ses écrits.

    p. 157–158
    Pré­cieuse anec­dote ! Le dis­ciple vit une crise spi­ri­tuelle très grave : Plo­tin dit et répète qu’il faut se sépa­rer du corps ; pour­quoi ne pas le faire volon­tai­re­ment et phy­si­que­ment, une bonne fois, pour­quoi ne pas fuir d’ici, lorsqu’on est las­sé du corps et de la vie ? Les stoï­ciens n’ont-ils pas dit que le sage est libre de sor­tir de ce monde quand il le veut ? Mais quelle sur­prise, lorsqu’on remâche ces noires pen­sées, de voir Plo­tin se diri­ger vers vous et vous dire : « Ce que tu médites ne vient pas de l’Esprit, mais du corps ; oui, d’un mau­vais état de la bile ! » Sur­prise d’être devi­né jusqu’au plus pro­fond de soi, sur­prise aus­si de savoir que « ce n’est que cela », sur­prise enfin de s’entendre pro­po­ser un remède aus­si simple ! Et pour­tant, ce remède bou­le­verse toute l’existence. Depuis six ans, on s’efforce de tenir la pre­mière place de l’école, on fait un effort conti­nuel de recherche intense, d’ascèse et de médi­ta­tion. Et le maître vous envoie loin de lui, « prendre l’air ».
    Quelle pro­fon­deur, quelle déli­ca­tesse et quel bon sens dans la direc­tion spi­ri­tuelle de Plo­tin ! Non seule­ment il devine la crise inté­rieure, mais il en com­prend la véri­table signi­fi­ca­tion. Por­phyre se croit sin­cè­re­ment mû par l’Esprit. Plo­tin voit tout de suite qu’il n’en n’est rien, mais il sait tout aus­si bien que Por­phyre n’est pas res­pon­sable de cet état : c’est une mala­die ; il faut la soi­gner comme telle. Le remède sera simple : se chan­ger les idées, voya­ger. Mais ce voyage, Por­phyre tire­ra sans doute un pro­fit spi­ri­tuel : il se retrou­ve­ra lui-même, loin de la fièvre de Rome, loin des ambi­tions et des riva­li­tés, qui sont peut-être la véri­table cause de sa mélancolie.

    p.159–160
    Cette dou­ceur de Plo­tin est une atti­tude consciente qui sup­pose toute son expé­rience spi­ri­tuelle. Il faut accep­ter le monde sen­sible parce qu’il est la mani­fes­ta­tion du monde des Formes :
    « Ils [les gnos­tiques] diront peut-être que leurs dis­cours ont pour effet de faire fuir loin du corps en s’en éloi­gnant avec haine, tan­dis que nos dis­cours retiennent l’âme près de lui. Mais c’est comme si deux hommes habi­taient la même mai­son. L’un [le gnos­tique] en cri­ti­que­rait la construc­tion et le construc­teur, tout en conti­nuant d’y habi­ter ; l’autre [le pla­to­ni­cien] ne les cri­tique pas. Il dit même que l’architecte l’a bâtie avec beau­coup d’art ; et il attend que vienne le temps où il s’en ira, quand il n’aura plus besoin de mai­son. (II 9, 18, 1.) Celui qui se plaint de la nature du monde ne sait pas ce qu’il fait et jusqu’où va son audace. C’est qu’il ignore l’ordre conti­nu des choses, des pre­mières aux secondes, puis aux troi­sièmes, et ain­si de suite jusqu’aux der­nières, et il ne sait pas qu’il ne faut pas insul­ter des êtres parce qu’ils sont infé­rieurs aux pre­miers ; mais il faut accep­ter avec dou­ceur la nature de tous les êtres. (II 9, 13, 1.) »

    p.161
    « La par­tie infé­rieure de l’âme sera comme un homme qui vit près d’un sage et qui pro­fite de ce voi­si­nage : ou bien il lui devient sem­blable ou bien il le res­pecte tel­le­ment qu’il n’ose rien faire de ce que l’homme de bien ne veut pas qu’il fasse. Il n’y aura pas de com­bat inté­rieur. Il suf­fit que soit pré­sente la Rai­son ; la par­tie infé­rieure la res­pec­te­ra, en sorte que, si elle est trou­blée par quelque chose, c’est elle-même qui s’irritera de ne pas être res­tée en repos en pré­sence de son maître, et c’est elle-même qui se repro­che­ra sa fai­blesse. (I 2, 5, 25) »

    p.179–180
    « La vie, qui sur­abonde dans l’univers, pro­duit toutes choses et elle invente des formes de vie variées et elle ne se lasse pas de tou­jours créer des jouets vivants, beaux et gra­cieux. – Ces armées qui se font face et ces hommes, ces mor­tels ! S’avancent en bel ordre d’attaque, comme s’ils vou­laient dan­ser la pyr­rhique, nous montre que les grandes affaires des hommes ne sont que des jeux… Oui, tout cela se passe comme sur des tré­teaux de théâtre : ces meurtres et toutes ces morts et ces pillages de ville ! Tout cela, cela n’est qu’un chan­ge­ment de cos­tume ou d’attitude, des lamen­ta­tions et des gémis­se­ments d’acteurs. Et en effet, ici-bas, dans cha­cun de ces évé­ne­ments de la vie, ce n’est pas l’âme, celle qui est à l’intérieur, c’est seule­ment l’ombre exté­rieure de l’homme, qui pleure, s’afflige, prend toutes sortes d’attitudes, les hommes, sur ce théâtre qu’est la terre entière, jouant ain­si leur rôle sur de mul­tiples scènes. Car telles sont les actions de l’homme qui ne sait vivre que les choses d’en bas et les choses exté­rieures : il ne sait pas que, même en ver­sant des larmes, et même les pre­nant au sérieux, il joue. Seul ce qu’il y a de sérieux dans l’homme peut s’appliquer de manière sérieuse aux actions sérieuses ; le reste de l’homme n’est que jouet. Ceux qui ne savent pas être sérieux et qui ne savent pas qu’ils sont eux-mêmes des jouets, prennent leurs jouets au sérieux. Si, jouant avec eux, on éprouve les même sortes de mal­heurs qu’eux, l’on doit savoir, en dépo­sant le masque de jeu que l’on avait revê­tu, que l’on était tom­bé dans un jeu d’enfants. Et si Socrate joue, ce n’est assu­ré­ment qu’avec le Socrate exté­rieur qu’il joue. (III 2, 15, 31.) »

    p.193
    L’homme est ain­si dans une posi­tion presque inte­nable. L’in­di­cible vient rompre le tis­su fami­lier et confor­table du quo­ti­dien. L’homme ne peut donc s’en­fer­mer en celui-ci, y vivre tota­le­ment, s’en satis­faire. Mais s’il ose affron­ter le mys­tère, il ne pour­ra pas se main­te­nir dans cette atti­tude : il lui fau­dra reve­nir bien vite aux évi­dences ras­su­rantes du quo­ti­dien. La vie inté­rieure de l’homme ne sera jamais plei­ne­ment uni­fiée ; elle ne sera jamais ni pure extase, ni pure rai­son, ni pure ani­ma­li­té. Cela, Plo­tin le savait déjà. Il accep­tait avec dou­ceur ces niveaux mul­tiples et il cher­chait seule­ment à réduire le plus pos­sible cette mul­ti­pli­ci­té en détour­nant son atten­tion du « com­po­sé ». Il fal­lait que l’homme apprît à se sup­por­ter lui-même.

    p.209–211
    En édi­tant les trai­tés de son maître, Por­phyre les a répar­tis selon un ordre sys­té­ma­tique et arbi­traire, sans tenir compte de l’ordre dans lequel ils avaient été com­po­sés. Il les a par­fois décou­pés d’une manière conven­tion­nelle. Il vou­lait en effet obte­nir cin­quante-quatre trai­tés, c’est-à-dire un mul­tiple des nombres par­faits six et neuf […]. Les Ennéades sont donc six groupes de neuf trai­tés. Chaque groupe, selon Por­phyre, est for­mé de trai­tés se rap­por­tant à des sujets com­muns : La pre­mière Ennéade cor­res­pon­drait à des sujets de morale, la seconde, aux sujets de phy­sique, la troi­sième aux sujets trai­tant du monde en géné­ral, la qua­trième s’occuperait spé­cia­le­ment de l’âme, la cin­quième de l’intelligence divine, la sixième enfin, du Bien ou de l’Un […]. Ceci nous révèle les véri­tables inten­tions de Por­phyre. L’ordre sys­té­ma­tique, qu’il a intro­duit arti­fi­ciel­le­ment, cor­res­pond aux degrés de per­fec­tion de la vie spi­ri­tuelle. Il a clas­sé les trai­tés de Plo­tin dans un ordre qui cor­res­pond à une divi­sion des par­ties de la phi­lo­so­phie qui dis­tin­guait trois étapes dans le pro­grès spi­ri­tuel : La morale ou éthique y était pla­cée au com­men­ce­ment pour assu­rer la puri­fi­ca­tion ini­tiale de l’âme indis­pen­sable à la pro­gres­sion ulté­rieure ; la phy­sique venait ensuite pour ache­ver la puri­fi­ca­tion en révé­lant la vani­té des choses sen­sibles ; venait enfin l’époptique (selon un terme emprun­té aux mys­tères d’Eleusis) ou la méta­phy­sique, qui livrait à l’âme par­fai­te­ment puri­fiée la révé­la­tion suprême des choses divines. Cette divi­sion des par­ties de la phi­lo­so­phie se retrouve chez Plu­tarque […], Théon de Smyrne […], Clé­ment d’Alexandrie […], Ori­gène […]. Elle joue­ra un grand rôle dans la mys­tique chrétienne.
    Mais l’ordre sys­té­ma­tique intro­duit par Por­phyre est d’autant plus arbi­traire que la plu­part des trai­tés de Plo­tin traitent à la fois de morale, de phy­sique et de méta­phy­sique et ne se laissent pas enfer­mer dans les clas­si­fi­ca­tions sco­laires. Ce sont tou­jours des écrits de cir­cons­tance : « Il en tirait les sujets des pro­blèmes qui se pré­sen­taient », dit lui-même Porphyre […].
    Heu­reu­se­ment, Por­phyre nous a conser­vé dans sa Vie de Plo­tin […], une liste chro­no­lo­gique des trai­tés et on a tout lieu de croire qu’elle est exacte au moins dans ses grandes lignes. Elle nous four­ni­ra donc l’ordre à suivre dans la lec­ture de Plotin.

    Réponse
    • Ana Sailland

      Mer­ci

      La ques­tion de la chute ou de l’er­reur divine, ver­sus la voie de l’ac­cep­ta­tion, voire celle de l’é­mer­veille­ment , sont si sou­vent évo­quées, et de manière pérenne, qu’il convien­drait d’y trou­ver une réponse claire, si c’é­tait possible.
      Le vou­loir suf­fit, ain­si que le pre­mier pas, la bêtise étant d’es­pé­rer atteindre le terme, ou pire de croire le che­min accompli.

      Elle ( la ques­tion) fut cause ou pré­texte de géno­cides, c’est pas rien …

      L’in­di­cible est à dire, impu­dique et néces­saire mal­adresse, mais bien sûr dans l’i­dée que dire c’est rêver, ou pire s’é­ga­rer. Mettre des mots sur le Mys­tère pour le net­toyer de sa qua­li­té de mys­tère ne peut que tra­ves­tir l’inconnu.

      Nous n’au­rons jamais de réponse aux ques­tions que seul nous pose un sen­ti­ment ; ce sen­ti­ment assez lar­ge­ment par­ta­gé qui nous susurre et peut être nous trompe, qu’il y aurait en nous autre chose que l’im­mé­diate appa­rence, autre chose que l’in­tel­li­gence, autre chose que le désir et la satis­fac­tion, autre chose que le sou­rire et les larmes, autre chose que l’amitié, l’a­mour, la haine, la peur, autre chose que ces pay­sages inté­rieurs ou exté­rieurs que nous appe­lons la vie, autre chose que la crois­sance et la déli­ques­cence des fleurs, dont nous par­ta­geons le destin.
      Je me pro­mène au jar­din et y contemple mes soeurs, qui me disent qui je suis. C’est apai­sant, résolvant.

      Mais nous pou­vons cepen­dant jouer.

      Et si vivre était un métier que nous aurait assi­gné l’ordre des choses, et leur désordre (?)
      Ordre et désordre har­mo­nieu­se­ment orga­ni­sés pour nous four­nir le job.

      Car enfin, ima­gi­nons le para­dis des cieux qui serait le pays des âmes sans corps, où nulle pas­sion ne vien­drait ter­nir une immuable séré­ni­té, nulle pas­sion, mais non plus nulle jouissance.
      Ne serait il pas mort ce para­dis idéal, ou mor­tel­le­ment triste ?

      Car enfin, ima­gi­nons le gemme ini­tial du cos­mos, noir ou éclai­ré, voire res­plen­dis­sant, mais sans vie, sans âme ni corps pour le détes­ter ou l’ai­mer, ni per­sonne pour l’ad­mi­rer ni le coloniser.
      Exis­te­rait il seulement ?
      Le monde phy­sique exis­te­rait il sans l’es­prit qui l’ob­serve, sans la vie qui l’oc­cupe, en jouit ou en souffre, tente de le façon­ner à l’i­mage de son bon­heur, avec des hauts et des bas, des bas sou­vent tra­giques, des hauts himalayens.

      Il y aurait donc dans le fait d’être en vie un métier, de cou­tu­rier ou de tailleur, dont l’in­ten­tion serait d’ap­pa­rier ces deux mondes dits d’en haut et d’en bas, afin de leur accor­der à tous deux l’exis­tence d’un amour fusion­nel, insécable.

      Sur­vient alors ce para­doxe étrange que je dois jouer le jeu pour en assu­mer l’in­ten­tion, que je dois me plier à l’illu­sion pour qu’elle soit plei­ne­ment effi­cace. Ce seraient mes folies autant que mes sagesses qui auto­ri­se­raient l’accomplissement.

      En ver­tu des espoirs qui me sont confé­rés, je sors un peu ici de la dua­li­té qui angoisse, m’é­carte du concept de chute, du clas­se­ment des mondes en bon et mau­vais, divin/charnel, et m’en­gage dans ce métier de petite main de l’His­toire, avec plaisir 🙂

      Réponse
    • Mic El

      Sur la Chute, un concept à part entière, on trouve dans l’école de Plo­tin une ‘expli­ca­tion’ des gnos­tiques. « Pour eux, les âmes étaient tom­bées dans le monde sen­sible à la suite d’un drame exté­rieure à elles. »
      expli­ca­tion clas­sique mais émi­nem­ment mys­té­rieuse qu’il serait réduc­teur de voir seule­ment comme une ‘erreur divine’.

      Autant son ori­gine reste mys­té­rieuse, autant la déve­lop­pe­ment du concept de Chute nous per­met de le com­prendre jus­qu’à l’épuisement !
      Pour vous situer le tableau :
      « c’é­tait mieux avant »
      « le temps passe de plus en plus vite »…

      Les ‘constantes’ de notre envi­ron­ne­ment qui sont tou­jours pires ; degré de radio­ac­ti­vi­té, pol­lu­tion en tout genres, épui­se­ment des res­sources, extinc­tion des espèces, etc…

      Nos condi­tions poli­tiques tou­jours pires, je ne vous fait pas de dessein…

      La pers­pec­tive trans­hu­ma­niste qui incarne l’ob­jec­ti­va­tion du pro­grès est un des der­niers et des plus beau fleu­ron de cette chute qui ne cesse de nous sur­prendre par son ampleur et sa pro­fon­deur et sa vitesse. 

      Même les ‘scien­ti­fiques’ l’ont concep­tua­li­sé, je sais qu’en géné­ral ils s’en défen­dant mais le concept d’en­tro­pie recouvre exac­te­ment le tra­vail de la chute. Tout part en couilles en per­ma­nence (si vous me pas­sez l’ex­pres­sion). On y com­prend même l’im­por­tance du concept de Chute en ce que pour défi­nir ce qui nie la chute, (que cha­cun d’entre nous s’ap­pro­chant iné­luc­ta­ble­ment de la mort ne peut entendre comme une ‘chose’ posi­tive), ils pro­duit ‘néguen­tro­pie’. Donc qua­li­fie d’un nom néga­tif les seules choses qui soient positives.…

      le Tita­nic four­nit une belle illus­tra­tion de ce qu’est la chute, un drame dont on ne se relève que si on peut grim­per dans un canot de sau­ve­tage, en atten­dant le pro­chain nau­frage… et le pro­chain canot de sau­ve­tage, tou­jours plus petit…

      cette his­toire, cette chute abys­sale n’a pas de remède ou seule­ment pro­vi­soires, pour les­quels il vaut le coup de se battre le temps ‘de com­prendre la néguen­tro­pie’, le temps de recons­truire et d’accéder au réel, tel que le défi­nit par exemple le Védanta.

      Le Védan­ta résume assez bien Plo­tin, par anti­ci­pa­tion si je peu me per­mettre en énon­çant que seul ce qui dure éter­nel­le­ment et qui est par­fait est réel, le reste sans pour autant être illu­soire, n’est pas réel.…

      À nous de voir à quoi nous nous attachons.

      Réponse
    • Jacques

      Lec­ture croi­sée ima­gi­na­tive : 2 hypo­thèses de départ :
      1) Yi Jing : Les hexa­grammes 29 (eau->eau) et 30 (feu->feu) par­tagent le même com­men­taire de la « 10°Aile » (Tra­di­tion­nel­le­ment attri­bué à Confu­cius) : « Filet d’oiseleur (30) vers le haut et S’entraîner au pas­sage des ravins (29) vers le bas. »
      2) Gri­mal­di dans « Les idées en place », PUF, cha­pitre « Sub­stance » p.346–347 : « Ain­si Leib­niz avait-il mon­tré, après bien des hési­ta­tions, que la monade (c’est-à-dire la sub­stance) est consti­tué de deux ten­dances adverses dont l’une est indé­fi­ni­ment active et l’autre tout aus­si ori­gi­nel­le­ment pas­sive. Comme l’âme est le dyna­misme par lequel tout être vivant tend à déve­lop­per et à accom­plir tout ce qui est ins­crit en lui dès le com­men­ce­ment, et comme le corps est cette por­tion de matière qui lui est unie et qui résiste au chan­ge­ment, le retarde, et impose ain­si des délais à son accom­plis­se­ment, cette union d’une âme et d’un corps fait de toute monade l’unité d’une dua­li­té. En même temps qu’elle tend à déve­lop­per tous les pré­di­cats conte­nus dans sa notion, une part insé­pa­rable d’elle-même tend, à l’inverse, à conser­ver l’état pré­sent et résiste au chan­ge­ment. Aus­si n’en finit-elle pas d’avoir à être ce qu’elle est. Du per­pé­tuel délai que la dua­li­té de son être lui impose s’ensuit sa per­pé­tuelle inquié­tude. A son désir d’expressivité et de déve­lop­pe­ment, sans cesse le pré­sent oppose sa résis­tance. Aus­si n’a‑t-elle ni paix ni conni­vence avec lui, faute de pou­voir jamais se recon­naître en lui. Ayant par­tie liée avec l’avenir, elle ne peut que s’écarter et s’impatienter du pré­sent. La sub­stance ne peut plus, dès lors, être défi­nie par sa per­ma­nence et son immu­ta­bi­li­té, mais seule­ment par son iden­ti­té à tra­vers le temps. La sub­stance, en ce sens, c’est l’individu. L’individu, c’est l’unité dia­chro­nique d’un même être, se déployant dans le temps, gar­dant des traces de tout son pas­sé et por­tant en lui une anti­ci­pa­tion de tout ce qu’il sera. Ain­si sommes-nous ame­nés à pres­sen­tir que la véri­table réa­li­té sub­stan­tielle est celle de la vie. »
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      Par la suite : « p. … : » cor­res­pond à des cita­tions du cha­pitre « Démo­cra­tie » de Gri­mal­di et [n° : …] désigne les hexa­grammes avec une par­tie de leur intro­duc­tion respective.
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      p.146 : « Selon Pla­ton, qui pou­vait en avoir gar­dé quelque cui­sant sou­ve­nir, la démo­cra­tie est le plus char­mant, le plus déli­cieux, en même temps que le moins contrai­gnant des régimes. Rien ne le carac­té­rise mieux que la liber­té qu’y a cha­cun de faire ce qu’il veut. Nul ne s’y lais­sant rien impo­ser par per­sonne, un tel régime est aus­si incom­pa­tible avec aucune hié­rar­chie qu’avec aucune dis­ci­pline. Aus­si n’y en a‑t-il pas qui res­semble davan­tage à l’anarchie. »
      [14] Ciel->feu : GRAND REALISE : « GRAND REALISE, c’est rendre réel. Le moment cor­res­pond à un souffle créa­teur qui per­met de pas­ser du pro­jet à la réa­li­sa­tion, du latent au patent, du vir­tuel au mani­fes­té. L’aptitude de ce qui est éle­vé à se concré­ti­ser est à l’œuvre, ce qui rend pos­sible de maté­ria­li­ser les pro­jets avec aisance. Le nom de l’hexagramme peut se lire de dif­fé­rentes manières : « pou­voir de réa­li­sa­tion de ce qui est grand », « grand pou­voir de réa­li­sa­tion », « pou­voir de réa­li­sa­tion en grand ». Toutes ces lec­tures ont un point com­mun : Le Grand a lieu, il s’exprime et fait adve­nir les choses. L’hexagramme ne traite donc pas de pos­ses­sions ou d’opulence : il n’évoque pas un « avoir », mais un « avoir lieu ». Il ne s’agit pas non plus de l’être par rap­port au non-être – notions trop fixes pour l’esprit chi­nois et étran­gères au « Livre des chan­ge­ments » – mais d’un pas­sage du vir­tuel au réel. »
      (NB : 141 : « Absence de rela­tion avec ce qui nuit. Aucune faute. Dif­fi­cul­tés donc absence de faute. »)
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      p.146 suite : « De là vient que cha­cun ne tarde pas à s’en remettre à n’importe quel tyran pour en être protégé. »
      [7] Eau->terre : ARMEE : « Armée, c’est l’état de guerre, la mobi­li­sa­tion de toutes les forces contre un péril qui menace le ter­ri­toire. C’est l’état d’exception qui exige l’instauration d’une dis­ci­pline sévère, le regrou­pe­ment de toutes les forces autour d’une auto­ri­té appro­priée et leur conver­gence vers un seul objec­tif. L’Armée, c’est le temps où seule la ban­nière de géné­ral en chef flotte sur les remparts. »
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      p.146 suite : « Car l’autre, l’imprévisible, l’indiscipliné, c’est aus­si celui dont il y a tout à craindre. »
      [36] Feu->terre : LUMIERE OBSCURCIE (OISEAU BLESSE) : « Lumière obs­cur­cie est une situa­tion d’étouffement, une oppres­sion pénible, dont il faut se pro­té­ger de manière intel­li­gente endu­rante afin que les talents et capa­ci­tés propres ne soit pas défi­ni­ti­ve­ment anni­hi­lés. La tyran­nie subie est d’autant plus cruelle que, à la dif­fé­rence du contexte conflic­tuel décrit par « Plai­der sa cause » (6), on est confron­té à cette oppres­sion à son corps défendant. »
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      p.146 suite : « Par ailleurs, aus­si tolé­rant à toutes les opi­nions que soit un tel régime, une seule chose lui est pour­tant abso­lu­ment into­lé­rable : c’est qu’un citoyen pré­tende avoir quelque mérite qu’un autre n’aurait pas. Car la démo­cra­tie qui souffre tout ne peut souf­frir la moindre inéga­li­té. Aus­si le para­doxe de la démo­cra­tie est-il d’accueillir toutes les dif­fé­rences, mais sans pou­voir admettre aucune distinction. »
      [13] Feu->ciel : S’ENTENDRE AVEC TOUS : « S’entendre avec tous, c’est aller vers l’autre. C’est faire entendre à autrui sa dif­fé­rence tout en accueillant la sienne afin que chaque par­tie ins­crive sa spé­ci­fi­ci­té dans une orga­ni­sa­tion har­mo­nieuse. Tout comme un bol et son cou­vercle – c’est ce que des­sine l’idéogramme, concordent en emboî­tant leurs dis­pa­ri­tés, il s’agit ici de s’accorder entre êtres humains mal­gré, et avec, les par­ti­cu­la­ri­tés de cha­cun. Le moment n’est pas à s’abandonner à un sen­ti­ment d’affection uni­ver­selle, mais à accom­plir le dif­fi­cile par­cours entre espoirs de fra­ter­ni­té et leur pas­sage au crible de la réalité.
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      p.146–147 suite : « Sans doute est-ce cela même qui a ren­du Socrate insup­por­table à la démo­cra­tie athé­nienne. N’avait-il pas osé dire que le tirage au sort était une folie, comme si tous n’étaient pas égaux ? Ne mon­trait-il pas, à toute occa­sion, comme ceux qu’on avait dési­gnés pour occu­per les plus hautes fonc­tions n’avaient-ils pas la moindre capa­ci­té pour les exer­cer, comme si cer­tains étaient plus capables que d’autres ? »
      [35] Terre->feu : AVANCER AU GRAND JOUR : « Avan­cer au grand jour, c’est se mon­trer et mon­trer de quoi on est capable. Il s’agit d’assumer une charge dif­fi­cile sur un che­min par­se­mé d’obstacles, ce qui exige de vaincre ses réti­cences pour s’avancer en pleine lumière. Cette sor­tie de l’ombre a pour image prin­ci­pale un grand vas­sal mis à l’honneur par son suze­rain, et appe­lé à exer­cer ses talents au ser­vice de l’Etat. »
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      p.147–148 suite : « Ce pru­rit d’égalité et si inhé­rent à l’esprit démo­cra­tique qu’il iden­ti­fie spon­ta­né­ment tout mérite à une excep­tion, et toute excep­tion à un pri­vi­lège. Aus­si Mon­tes­quieu consi­dé­rait-il le tirage au sort comme le plus conforme à l’égalitarisme démo­cra­tique. Sans plus de consi­dé­ra­tion per­son­nelle que si l’on avait affaire à des numé­ros, ain­si cha­cun pou­vait-il être dési­gné pour n’importe quelle charge indé­pen­dam­ment de sa com­pé­tence, de son habi­li­té ou de son talent. Quelque satis­fac­tion qu’une démo­cra­tie puisse tirer d’un mode aus­si aveugle de dési­gna­tion, l’ensemble du corps social n’en a pas moins inté­rêt à choi­sir pour chaque fonc­tion le plus habile à l’exercer. Aus­si Mon­tes­quieu avait-il obser­vé que le bon sens popu­laire confiait presque infailli­ble­ment au plus expé­ri­men­té le soin de dési­gner les plus aptes à l’exercice d’une fonc­tion. C’était, sous la pres­sion du besoin et ins­truit par l’expérience, recon­naître quelque droit au mérite, et, par le fait, intro­duire les rudi­ments d’un prin­cipe aris­to­cra­tique. Comme Rous­seau après lui, Mon­tes­quieu avait cor­ri­gé la des­crip­tion que Pla­ton avait faite de la démo­cra­tie. Serait démo­cra­tique tout régime qui ferait par­ti­ci­per le peuple tout entier non seule­ment à la déli­bé­ra­tion et à la pro­mul­ga­tion de ses lois, mais aus­si à la dési­gna­tion de ceux aux­quels il confie­rait de les faire appli­quer. Il suf­fit d’avoir énon­cé le prin­cipe pour com­prendre qu’une telle démo­cra­tie sup­pose une popu­la­tion si peu nom­breuse et si ramas­sée que les capa­ci­tés de cha­cun y seraient connues de tous, et que les inté­rêts de tous seraient pris en compte par cha­cun. Comme l’avait par­fai­te­ment vu Rous­seau, il n’y a pas de démo­cra­tie pos­sible en des nations si vastes qu’on ne sau­rait jamais en réunir tous les membres, aux régions si éloi­gnées que les besoins des unes n’y seraient pas iden­tique à ceux des autres, et aux popu­la­tions si diverses que leurs inté­rêts ne sau­raient être communs. »
      [8] Terre->eau : ALLIANCE : « Alliance est élec­tion d’un centre autour duquel des forces dis­pa­rates viennent se consti­tuer en un ensemble hié­rar­chi­sé. Cette conver­gence de toutes les com­po­santes d’un groupe ou d’un indi­vi­du s’organise autour d’un but ou d’un pro­jet choi­si comme pri­mor­dial en la cir­cons­tance. L’établissement de ce pôle fédé­ra­teur néces­site de savoir à la fois faire le point des forces en pré­sence et fran­chir le pas de la déci­sion, deux opé­ra­tions qui sont pré­ci­sé­ment celles que l’on effec­tue lorsqu’on inter­roge le Yi Jing. Qu’il soit ques­tion de tirage dans le juge­ment de cet hexa­gramme montre bien qu’il s’agit ici de sor­tir de l’inquiétude et de se cen­trer. La forme de la figure, com­po­sée majo­ri­tai­re­ment de traits yin, est à l’image de ce pro­ces­sus d’organisation. Il n’est d’ailleurs pas impos­sible que le choix de pla­cer cet hexa­gramme en hui­tième posi­tion soit un écho à la signi­fi­ca­tion géné­rale du chiffre huit comme emblème de la bonne orga­ni­sa­tion d’un ensemble. »
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      p.149 : « Autant recon­naître, par consé­quent, que toute la vie démo­cra­tique se résume aux riva­li­tés qui s’exercent à l’intérieur des par­tis, et qu’elle s’y résume de façon bien plus oli­gar­chique encore, au pou­voir qu’y ont une ving­taines de per­sonnes d’accorder à tel ou tel l’investiture du par­ti. Quand cette démo­cra­tie comp­te­rait soixante mil­lions d’hommes, il n’y aurait guère que soixante d’entre eux à presque tout déci­der à l’écart de tout le monde. Ce serait donc encore trop accor­der au peuple que de consi­dé­rer ces démo­cra­ties comme des oli­gar­chies par­ti­sanes (ce qu’elles sont en effet), puisque ce ne sont en effet que quelques per­sonnes, dans quelques comi­tés et dans quelques com­mis­sions, qui y décide tout. »
      [5] Ciel->eau : ATTENDRE : « Attendre, c’est apprendre à dif­fé­rer. Lorsque ce qui est ardem­ment dési­ré est remis à plus tard, la ten­dance natu­relle est de tom­ber dans une anxié­té irré­pres­sible et de se mettre à tour­ner en rond en ron­geant son frein. Quelque impé­rieux puissent être le désir ou le besoin, on ne doit pas gâcher une situa­tion riche de pro­messes en se lais­sant gagner par l’énervement ou l’impatience. L’attente ne doit pas pour autant être un moment de soli­tude ren­fro­gnée et inquiète, mais une période où la com­mu­ni­ca­tion est entre­te­nue dans la confiance et la bonne humeur. »
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      p.149 suite : « Aus­si ame­nui­sé que soit l’exercice de la démo­cra­tie, trois pro­blèmes n’en res­tent pas moins posés. Le pre­mier est celui de savoir ce que repré­sentent les dépu­tés de la nation. […] Le deuxième pro­blème consiste à s’interroger sur leurs com­pé­tences pour légi­fé­rer. […] Le troi­sième, qui relève peut être plus de la morale que de la poli­tique, porte sur la véri­table moti­va­tion de ceux qui osent qué­man­der comme une faveur ou comme un pri­vi­lège l’accablant hon­neur de repré­sen­ter le peuple. »
      [6] Eau->ciel : PLAIDER SA CAUSE : « Plai­der sa cause, c’est sor­tir d’une contro­verse. Fai­sant aus­si bien réfé­rence aux plaintes des plai­deurs – l’idéogramme signi­fie « par­ler devant le prince » – qu’aux joutes prin­ta­nières qui pré­si­daient dans l’antiquité aux ren­contres amou­reuses, cet hexa­gramme concerne toutes sortes de dis­cordes, y com­pris les tiraille­ments entre dif­fé­rentes ten­dances d’une même per­sonne. Axé sur la réso­lu­tion du conflit, Plai­der sa cause pose le débat et la dis­cus­sion, la sou­plesse, et la modé­ra­tion comme prin­ci­pales manières d’aboutir à un nou­veau départ. »
      (NB : Cf. note sur 6/J : « Pas­ser le grand fleuve : For­mule man­tique spé­ci­fique signi­fiant qu’il faut oser vaincre sa peur, sor­tir de chez soi, se jeter à l’eau. Le moment requiert de dépas­ser son fonc­tion­ne­ment habi­tuel et de mettre à l’épreuve ses capa­ci­tés en accom­plis­sant le pas néces­saire pour abor­der à des rives nou­velles. « Plai­der sa cause » est le seul hexa­gramme où cette stra­té­gie est consi­dé­rée comme contre-pro­duc­tive (pas pro­fi­table de) car, en pareille situa­tion, il est pré­fé­rable de véri­fier ses affir­ma­tions à l’aune de ses repères per­son­nels, plu­tôt que de cher­cher à les appli­quer au ter­ri­toire d’autrui. »)
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      p.150 : « Aus­si la prin­ci­pale res­pon­sa­bi­li­té de ceux qui la repré­sentent est-elle moins d’y exer­cer le pou­voir avec plus ou moins d’habilité, de dis­cer­ne­ment et de com­pé­tence, que de ne pas l’avilir et de la décon­si­dé­rer au point que le peuple viennent à lui pré­fé­rer n’importe quoi, pour­vu qu’on en finisse avec cette déri­sion. Chaque démo­crate devrait donc médi­ter la leçon platonicienne. »

      Réponse
    • Jacques

      * Anec­dote sur Pyr­rhon : Cf. Hadot dans « Qu’est-ce que la phi­lo­so­phie antique ? » (Folio) p.152–153

      « Notam­ment un phi­lo­sophe de l’école d’Abdère, Anaxarque, et l’élève de celui-ci, Pyr­rhon d’Elis, avaient accom­pa­gné le conqué­rant jusqu’en Inde, et l’on racon­tait que Pyr­rhon, à son retour, vécut reti­ré du monde, parce qu’il avait enten­du un Indien dire à Anaxarque qu’il était inca­pable d’être un maître, puisqu’il fré­quen­tait les cours royales. Dans ces contacts, il ne semble pas y avoir eu véri­ta­ble­ment des échanges d’idées, des confron­ta­tions de théo­ries. Du moins, nous n’en avons aucune trace évi­dente. Mais les Grecs furent impres­sion­nés par le mode de vie de ceux qu’ils appe­lèrent les « gym­no­so­phistes », les « sages nus ». L’historien et phi­lo­sophe Oné­si­crite, qui par­ti­ci­pa lui aus­si à l’expédition et en écri­vit un récit peu de temps après la mort d’Alexandre, rap­por­ta force de détails sur leurs mœurs, sur leur sui­cide par le feu. Les phi­lo­sophes grecs eurent l’impression de retrou­ver chez les gym­no­so­phistes la manière de vivre qu’ils recom­man­daient eux-mêmes : la vie sans conven­tion, selon la pure nature, l’indifférence totale à ce que les hommes consi­dèrent comme dési­rable ou indé­si­rable, bon ou mau­vais, indif­fé­rence qui condui­sait à une par­faite paix inté­rieure, à l’absence de troubles. Démo­crite, le maître d’Anaxarque, avait lui-même prô­né cette tran­quilli­té de l’âme. Les cyniques affec­taient de mépri­ser toutes les conven­tions humaines. Mais ils décou­vraient chez les gym­no­so­phistes cette atti­tude por­té à l’extrême. Comme le dira le stoï­cien Zénon, pro­ba­ble­ment à pro­pos du sui­cide du sage hin­dou Cala­nus, qui était entré en contact avec Alexandre : « Je pré­fère voir un seul Indien brû­lé à petit feu que d’apprendre abs­trai­te­ment toutes les démons­tra­tions que l’on déve­loppe sur la souf­france. » Et sans aller jusqu’à ces situa­tions dra­ma­tiques, ce que les Anciens nous rap­portent du mode de vie de Pyr­rhon marque un tel degré d’indifférence à toutes choses que l’on ne peut s’empêcher de pen­ser qu’il s’efforçait d’imiter ce qu’il avait vu en Inde. On remar­que­ra par ailleurs l’extrême sub­jec­ti­visme d’Anaxarque qui disait que les êtres exis­tants n’étaient pas plus réels qu’un décor de théâtre et qu’ils res­sem­blaient aux images qui appa­raissent à ceux qui rêvent ou qui sont dans un état de folie. On pour­rait pen­ser ici à une source orien­tale, mais il ne faut pas oublier que son maître Démo­crite, fon­da­teur de l’école d’Abdère, oppo­sait déjà radi­ca­le­ment la réa­li­té en soi, c’est-à-dire les atomes, et les per­cep­tions sub­jec­tives des sens. »

      * Anec­dote sur Marc Aurèle : Cf. Hadot dans « La cita­delle inté­rieure » (Fayard).

      p.328–329
      « Renan, en effet, comme bien d’autres his­to­riens à sa suite, s’est trom­pé sur la signi­fi­ca­tion que prend, chez Marc Aurèle, le fameux dilemme : Ou la Nature ou les atomes. […] Tout d’abord, Marc Aurèle ne l’a pas inven­té : il était tra­di­tion­nel dans l’école stoï­cienne. D’autre part, ce rai­son­ne­ment avait été éla­bo­ré par les stoï­ciens pour éta­blir, d’une manière irré­fu­table, que, même si l’épicurisme était vrai (hypo­thèse qu’ils excluaient tota­le­ment), il fau­drait quand même vivre en stoï­cien, c’est-à-dire qu’il fau­drait agir selon la rai­son, en consi­dé­rant le bien moral comme le seul bien, même si tout, autour de nous, n’était que chaos et hasard. »

      p.169–170
      « La pre­mière oppo­si­tion entre hasard [(hypo­thèse 1)] ou non-hasard, c’est-à-dire entre hasard et pro­vi­dence, est, comme Marc Aurèle le dit lui-même, une dis­jonc­tive, c’est-à-dire que l’un des oppo­sé exclut tota­le­ment l’autre. Ils sont abso­lu­ment incompatibles.
      Les autres oppo­si­tions ne sont pas de véri­tables dis­jonc­tives. Ce sont ce que les his­to­riens de la logique stoï­cienne appellent des « sub­dis­jonc­tives ». L’exclusion n’y est pas abso­lue, mais rela­tive. Cela signi­fie que, pour Marc Aurèle, dans le même monde, cer­taines choses peuvent être pro­duites par une action directe de la pro­vi­dence (hypo­thèse 2) et d’autres d’une manière seule­ment indi­recte et déri­vée (hypo­thèse 3). Ou encore, on peut dire que, dans le même monde, cer­taines choses peuvent être pro­duites, soit par une impul­sion géné­rale ini­tiale et unique de la pro­vi­dence (hypo­thèse 4), soit par une impul­sion par­ti­cu­lière qui se rap­porte aux êtres rai­son­nables (hypo­thèse 5).
      La dis­tinc­tion entre les hypo­thèses 2 et 3 a une impor­tance capi­tale dans la pers­pec­tive de la dis­ci­pline du désir (VI, 36, 2) : « Tout vient de là-haut, ou bien sous l’impulsion du prin­cipe direc­teur uni­ver­sel (2), ou bien par voie de consé­quence (3) (kat’epakolouthésin) : ain­si la gueule béante du lion et le poi­son et tout ce qui est désa­gréable : les épines, la fange, ne sont que des consé­quences acces­soires (epi­gén­ne­ma­ta) de ces choses d’en haut, véné­rables et sacrées. Ne te repré­sente donc pas ces choses qui viennent par voie de consé­quence (3) comme étran­gère à ce que tu vénères, mais remonte par le rai­son­ne­ment jusqu’à la source de tout (2). »

      p.177 (VII, 75) : « La Nature du Tout a don­né autre­fois l’impulsion [hypo­thèse 4], afin que se réa­lise la pro­duc­tion du monde. Mais main­te­nant, ou bien tout ce qui se pro­duit se pro­duit en consé­quence (kat’epakolouthésin) de cela [hypo­thèse 3], ou bien il y a un tout petit nombre de choses (oli­gis­ta) – et ce sont les plus impor­tantes – qui sont l’objet d’une volon­té par­ti­cu­lière [hypo­thèse 5] du prin­cipe direc­teur du monde. »

      * Anec­dote sur Hip­po­crate : Cf. « Hip­po­crate, L’art de la méde­cine » (GF Flammarion).

      Note 25 p.300 :
      « Nature de l’homme » est le pre­mier trai­té à pré­sen­ter une théo­rie aus­si éla­bo­rée des quatre humeurs, avec un sys­tème qua­ter­naire sans doute ins­pi­ré de la théo­rie des quatre élé­ments d’Empédocle, dont l’influence est sen­sible. C’est éga­le­ment l’un des pre­miers textes connus à faire de la bile noire une humeur sur le même plan que les autres. […]

      Note 57 p.303 :
      Plu­sieurs trai­tés de la « Col­lec­tion » offrent une des­crip­tion des vais­seaux et de leurs tra­jets. La plu­part d’entre eux, […], placent l’origine des vais­seaux dans la tête ; d’autres, […] les font tous par­tir de gros vais­seaux situés dans le tronc ; enfin, il faut attendre le trai­té pos­ta­ris­to­té­li­cien du « Cœur », pour voir le cœur véri­ta­ble­ment inter­ve­nir dans ces des­crip­tions. Il faut rap­pe­ler que les méde­cins hip­po­cra­tiques ne pra­ti­quaient pas la dis­sec­tion humaine, mais obser­vaient des ani­maux morts, ou des malades très amaigris. […]

      * Anec­dote sur Jung : « Liber Novus » (L’iconoclaste).

      p.630–631 : (Annexe B.)
      « Le Vieux Sage repré­sente un prin­cipe spi­ri­tuel que l’on pour­rait nom­mer Logos et la jeune fille un prin­cipe affec­tif non spi­ri­tuel que l’on pour­rait appe­ler Eros. Un des­cen­dant du Logos est le Nous, l’intellect, qui s’est débar­ras­sé de la conta­mi­na­tion par le sen­ti­ment, l’intuition et la sen­sa­tion. Le Logos, en revanche, contient ce mélange. Il n’est cepen­dant pas le pro­duit de ce mélange, il serait sinon une vul­gaire acti­vi­té ani­male de l’âme ; au contraire, il mai­trise le mélange de sorte que les quatre acti­vi­tés fon­da­men­tales de l’âme se sou­mette à son prin­cipe. Il est un prin­cipe for­mel auto­nome qui signi­fie com­pré­hen­sion, dis­cer­ne­ment, pré­voyance, légis­la­tion, sagesse. Le per­son­nage du vieux pro­phète est donc une allé­go­rie appro­priée pour ce prin­cipe, puisque l’esprit pro­phé­tique réunit en lui tous ces attri­buts. En revanche, l’Eros est un prin­cipe qui contient certes tout autant un mélange de toutes les acti­vi­tés fon­da­men­tales de l’âme et qui les maî­trise dans la même mesure, mais sa fina­li­té est tout autre. Il ne donne pas forme, il accom­plit la forme, il est le vin qui est ver­sé dans le réci­pient ; il n’est pas le lit et la direc­tion du cou­rant, mais l’impétuosité de l’eau qui y coule. L’Eros est désir, aspi­ra­tion, force, exu­bé­rance, plai­sir, pas­sion. Le Logos est ordre et sta­bi­li­té, l’Eros dis­so­lu­tion et mou­ve­ment. Ce sont deux forces fon­da­men­tales pré­sentes dans l’âme, qui repré­sente un couple de contraires dont cha­cun implique l’autre. L’âge du pro­phète exprime la sta­bi­li­té, la jeu­nesse de la fille, le mou­ve­ment. Leur essence supra-per­son­nelle s’exprime dans le fait qu’il s’agit de per­sonnes appar­te­nant à l’histoire uni­ver­selle de l’humanité ; ils ne font pas par­tie d’une per­sonne mais sont un conte­nu psy­chique des peuples depuis tou­jours. […] Cette force secrète est comme un sor­ti­lège, comme une magie, et pro­voque élé­va­tion autant que séduc­tion. La carac­té­ris­tique des images pri­mor­diale est qu’elles sai­sissent l’homme là où il n’est qu’un être humain et une force s’empare de lui comme si le peuple l’emportait dans la cohue. Et cela arrive même si la rai­son et le sen­ti­ment de l’individu s’insurgent. Que repré­sente la force d’un indi­vi­du face à la voix d’un peuple tout entier qui résonne en lui ? Il est cap­ti­vé, hap­pé et englou­ti. Rien n’exprime plus clai­re­ment cet effet que le Ser­pent. Il sym­bo­lise tous les aspects dan­ge­reux, tous les côtés mal­fai­sants, noc­turnes, inquié­tant qui sont inhé­rents au Logos tout comme à l’Eros tant qu’ils peuvent agir en tant que sombres prin­cipes non recon­nus de l’esprit incons­cient. La mai­son exprime un domi­cile fixe, ce qui laisse entendre que Logos et Eros vivent en nous en permanence. »

      p.637 : « La vue d’Eve entraîne vers une odys­sée aven­tu­reuse, vers Cir­cé et Calyp­so. La vue de la mère de Dieu, par contre, détourne du désir de la chaire et incite à véné­rer l’esprit. Dans la chair, l’Eros est sou­mis à l’erreur, mais dans l’esprit, il s’élève au-des­sus de la chair et au-des­sus de l’infériorité dans l’erreur char­nelle. Sous forme d’amour, il devient ain­si presque imper­cep­ti­ble­ment esprit, domi­na­tion de la chair, et du cocon de l’amour sort la puis­sance spi­ri­tuelle qui croit certes aimer l’esprit, mais qui est en véri­té et en réa­li­té une domi­na­tion de la chair. Et plus elle est puis­sante, moins elle est amour de l’esprit, plus elle est puis­sance char­nelle. Ain­si, l’amour de l’esprit devient, parce qu’il domine la chair, l’instinct de puis­sance ter­restre sous forme spi­ri­tuelle. Le Christ a sur­mon­té le monde en assu­mant la souf­france du monde. Le Boud­dha a sur­mon­té les deux, la jouis­sance et la souf­france du monde, en fai­sant fi de la jouis­sance et de la souf­france. Et il a ain­si régres­sé jusqu’au non-être, à l’état de non-retour. »

      p.638 : « Mais voi­ci le fâcheux incon­vé­nient de la solu­tion de filia­tion : tout enfant veut gran­dir. Etre enfant va de pair avec le désir ardent et l’impatience de deve­nir adulte. Si nous reve­nons à l’enfant pas peur des dan­gers de l’Eros, l’enfant va vou­loir évo­luer vers la puis­sance spi­ri­tuelle. Mais si nous nous réfu­gions dans l’enfance par peur des dan­gers de l’esprit, nous suc­com­be­rons à l’arrogance de la puis­sance érotique. »

      p.645–650 : Annexe C.
      « [Le texte qui suit est un frag­ment tiré du « cahier noir 5 », qui donne une idée pro­vi­soire de la cos­mo­lo­gie des « Sept ser­mons aux morts ». De nom­breux aspects cités ne sont pas seule­ment éclai­rant pour les « Ser­mons », mais aus­si pour le « Livre Rouge » dans sa tota­li­té ; c’est pour­quoi le texte est publié ici.]
      16 jan­vier 1916.
      Ter­rible est la puis­sance de Dieu.
      Tu dois en apprendre plus à ce sujet. Tu es dans la deuxième ère. La pre­mière ère a été sur­mon­tée. Nous sommes à l’ère du règne du fils que tu appelles le dieu-cra­paud. Une troi­sième ère sui­vra, l’ère de la répar­ti­tion et de la puis­sance équilibrée.
      Mon âme, où allais-tu ? Allais-tu voir les animaux ?
      Je relie ce qui est en haut et ce qui est en bas. Je relie Dieu et l’animal. Une part de moi est ani­male, une part est Dieu, une troi­sième est humaine. Sous toi Ser­pent, en toi homme, au-des­sus de toi Dieu. Au-delà du Ser­pent vient le Phal­lus, et plus loin la terre, et plus loin la lune et puis la froi­deur et le vide de l’espace cosmique.
      Au-des­sus de toi vient la colombe ou l’âme céleste, s’unissant dans l’amour et la pré­voyance, comme s’unissent dans le Ser­pent venin et ruse. La ruse est la rai­son du Diable qui aper­çoit tou­jours ce qui est encore plus petit et trouve des trous où tu n’en sup­po­sais aucun.
      Si je ne suis pas com­po­sé de l’union de ce qui est en bas et de ce qui est en haut, alors je me dis­so­cie en trois par­ties : le Ser­pent, et j’erre en tant que tel ou sous une autre forme ani­male, vivant la nature de manière démo­nique, ins­pi­rant la crainte et le désir ardent. L’âme humaine, ce qui vit tou­jours avec toi. L’âme céleste, qui fait que je réside près des dieux, loin de toi et incon­nu de toi, appa­rais­sant sous forme d’oiseau. Cha­cune de ces trois par­ties est alors autonome.
      Au-delà de moi se trouve la Mère céleste. Son vis-à-vis est le Phal­lus. Sa mère est la terre, son but est la Mère céleste.
      La mère céleste est la fille du monde céleste. Son vis-à-vis est la terre.
      Le monde céleste est illu­mi­né par le soleil spi­ri­tuel. Son vis-à-vis est la lune. Et tout comme la lune est le pas­sage vers la mort de l’espace, le soleil spi­ri­tuel est le pas­sage dans le Plé­rôme, le monde supé­rieur de l’abondance. La lune est l’œil divin du vide, tout comme le soleil est l’œil divin de la plé­ni­tude. La lune que tu vois est le sym­bole, tout comme le soleil que tu vois. Soleil et lune, plus pré­ci­sé­ment leurs sym­boles, sont des dieux. Il existe encore d’autres dieux, leurs sym­boles sont les pla­nètes. La Mère céleste est un démon, en des­sous du rang des dieux, une habi­tante du monde céleste.
      Les dieux sont favo­rables et défa­vo­rables, imper­son­nels, âmes astrales, influences, forces, grands-pères des âmes, sou­ve­rains du monde céleste, dans l’espace comme dans la force. Ils ne sont ni dan­ge­reux ni bien­veillants, ils sont forts et pour­tant dociles, spé­ci­fi­ca­tions du Plé­rôme et du vide éter­nel, confi­gu­ra­tions des attri­buts éternels.
      Leurs nombre est immen­sé­ment grand et conduit dans le supra-essen­tiel unique qui contient toutes les pro­prié­tés et n’en a lui-même aucune, un Néant et un Tout, la désa­gré­ga­tion totale de l’homme, mort et vie éternelle.
      L’homme devient grâce au « prin­ci­pium indi­vi­dua­tio­nis ». Il aspire à être abso­lu­ment unique ; ce fai­sant, il condense tou­jours plus la matière du Plé­rôme en état de dis­so­lu­tion abso­lue. Il trans­forme ain­si le Plé­rôme en point ren­fer­mant la plus haute ten­sion, étant lui-même un astre res­plen­dis­sant, d’une peti­tesse incom­men­su­rable tout comme le plé­rôme est d’une gran­deur incom­men­su­rable. Plus le Plé­rôme est concen­tré, plus l’étoile de l’individu est forte. Elle est entou­rée de nuages lumi­neux, un astre en deve­nir, com­pa­rable à un petit soleil. Elle crache du feu. C’est pour­quoi on dit [cf. note 1 : « Je suis une étoile qui che­mine avec toi ». Cita­tion de la litur­gie de Mithra […]. Jung gra­va une reprise de cette phrase dans sa pierre de Bol­lin­gen.] Tout comme le soleil qui est aus­si un tel astre, un Dieu et grand-père des âmes, l’étoile de l’individu, comme le soleil, est un Dieu et un grand-père des âmes. Elle est par­fois visible, telle que je l’ai décrite. Sa lumière est bleue comme celle d’un astre loin­tain. Elle est loin dans l’espace, froide et soli­taire, car elle est au-delà de la mort. Pour arri­ver à être uniques, nous avons besoin d’une grande part de mort. C’est pour­quoi il est écrit [cf. note 2 : « Vous êtes des dieux » est une cita­tion de Jean, 10, 33–34 : « Les juifs lui répon­dirent : ce n’est point pour une bonne œuvre que nous te lapi­dons, mais pour un blas­phème, et parce que toi, qui es un homme, tu te fais Dieu. Jésus leur répon­dit : n’est-il pas écrit dans votre loi : « j’ai dit : Vous êtes des dieux ? » »], car tout comme les hommes qui dominent la terre sont innom­brables, de même sont les astres, les dieux, sou­ve­rains du monde céleste.
      Ce Dieu est sans doute celui qui sur­vit à la mort de l’homme. Celui pour qui la soli­tude est céleste va au ciel, celui pour qui elle est infer­nale va en enfer. Celui qui ne va pas au bout de ‘prin­ci­pium indi­vi­dua­tio­nis » ne devient pas Dieu, car il ne peut sup­por­ter d’être unique.
      Les morts qui nous har­cèlent sont des âmes qui n’ont pas accom­pli le « prin­ci­pium indi­vi­dua­tio­nis » ; ils seraient alors deve­nus des astres loin­tains. Dans la mesure où ne nous l’accomplissons pas, les morts ont un droit sur nous et nous har­cèlent, et nous ne leur échap­pons pas.
      Le Dieu des gre­nouilles ou des cra­pauds, sans cer­velle, est l’union du Dieu chré­tien et de Satan. Sa nature res­semble à la flamme, il est sem­blable à Eros mais il n’en est pas moins un Dieu alors qu’Eros est un démon.
      « Le Dieu unique », à qui l’on doit ado­ra­tion, est au milieu.
      « Tu n’adoreras qu’un seul Dieu ». Les autres dieux sont sans inté­rêt. « C’est Abraxas qu’il faut craindre ». C’est pour­quoi ce fut une déli­vrance lorsqu’il se sépa­ra de moi. Tu n’as pas besoin de le cher­cher. Il te trou­ve­ra, tout comme l’Eros. Il est le Dieu de l’univers, extrê­me­ment puis­sant et ter­rible. Il est la pul­sion créa­trice, il est forme et donne forme, autant matière qu’énergie, et par suite au-des­sus de tous les dieux lumi­neux et obs­curs. Il enlève les âmes et les jettent dans la pro­créa­tion. Il est créa­teur et créa­ture. Il est le Dieu qui se renou­velle constam­ment, dans le jour, dans le mois, dans l’année, dans la vie humaine, dans l’époque, dans les peuples, dans le vivant, dans les astres. Il contraint, il est impi­toyable. Si tu l’adores, tu aug­mentes la force qu’il exerce sur toi. Elle devient alors insup­por­table. Tu auras toutes les peines du monde à te libé­rer de son emprise. Plus tu te libères de lui, plus tu te rap­proches de la mort, car il est la vie du Tout. Mais il est éga­le­ment la mort uni­ver­selle. C’est pour­quoi tu lui suc­combes, non pas dans la vie, mais dans l’agonie. En consé­quence, sou­viens-toi de lui, ne l’adore pas, mais n’imagine pas non plus que tu puisses lui échap­per, car il est par­tout autour de toi. Il faut que tu sois en plein dans la vie, encer­clé par la mort. Ecar­te­lé, comme un cru­ci­fié, tu es accro­ché en lui, le ter­rible, le plus que puissant.
      Mais tu as en toi le Dieu « unique », celui qui est sin­gu­liè­re­ment beau et géné­reux, soli­taire, sem­blable à une Etoile, immo­bile, celui qui est plus âgé et plus sage que le Père, celui qui a une main assu­rée, qui te guide dans toutes les ténèbres et toutes les frayeurs mor­telles du ter­rible Abraxas. Il donne joie et paix car il est au-delà de la mort et au-delà des vicis­si­tudes. Il n’est pas un ser­vi­teur ni un ami d’Abraxas. Davan­tage : il est lui-même un Abraxas ; il ne l’est cepen­dant pas pour toi, mais en lui-même et dans son monde loin­tain, car tu es toi-même un Dieu qui habite des espaces loin­tains et se régé­nère dans ses époques et ses créa­tions et ses peuples, aus­si puis­sant pour eux qu’Abraxas l’est pour toi.
      Tu es toi-même créa­teur du monde et créature.
      Tu as le Dieu « unique », tu deviens ton Dieu « unique » par­mi les innom­brables dieux.
      Tu es en tant que Dieu le grand Abraxas de ton monde. Mais en tant qu’homme, tu es le cœur du Dieu unique qui appa­raît à son monde comme le grand Abraxas, celui que l’on craint, qui est puis­sant, qui rend fou, qui dis­tri­bue l’eau de la vie, l’esprit de l’arbre de vie, le démon du sang, celui qui apporte la mort.
      Tu es le cœur souf­frant de ton Dieu astral unique qui est l’Abraxas de son monde.
      Puisque tu es le cœur de ce Dieu, cherches-le, aimes-le, vis pour lui. Crains l’Abraxas qui régit le monde des humains. Accepte ce à quoi il t’oblige, car il est le sou­ve­rain de la vie en ce monde et per­sonne ne lui échappe. Si tu n’acceptes pas, il te fait mou­rir sous la tor­ture et le cœur de ton Dieu souffre, tout comme le Dieu « unique » du Christ a souf­fert le pire dans la mort de ce dernier.
      La souf­france de l’humanité est sans fin, car sa vie est sans fin. Car il n’y a pas de fin si per­sonne ne voit qu’il y a une fin. Quand l’humanité est à son terme, il n’y aura per­sonne pour voir sa fin et il n’y aura per­sonne qui pour­rait dire que l’humanité a une fin. Elle n’a donc pas de fin pour elle-même, mais elle en a une pour les dieux.
      La mort du Christ n’a pas sup­pri­mé les souf­frances du monde, mais sa vie nous a beau­coup appris : à savoir qu’il plaît au Dieu « unique » que chaque indi­vi­du vive sa propre vie en bra­vant la force d’Abraxas. Cela per­met au Dieu « unique » de se libé­rer de la souf­france de la terre dans laquelle son Eros l’avait plon­gé ; car lorsque le Dieu « unique » vit la terre ; il la dési­ra ardem­ment pour pro­créer et oublia qu’un monde lui était déjà don­né où il était Abraxas. Ain­si le Dieu unique se fit homme. Ain­si l’Unique, à son tour, élève l’homme vers lui et en lui, afin que l’unique rede­vienne entier.
      L’homme ne se libère pas de la puis­sance d’Abraxas en se sous­trayant de la puis­sance d’Abraxas – per­sonne ne peut s’y sous­traire, mais en s’y sou­met­tant. Même le Christ dut se sou­mettre à la puis­sance d’Abraxas et Abraxas le tua cruellement.
      Ce n’est qu’en vivant la vie que tu t’en libères. Vis-la donc dans la mesure où tu y a droit. Dans la mesure où tu la vis, tu suc­combe aus­si à la puis­sance d’Abraxas et à ses ter­ribles dupe­ries. Mais en même temps, en toi, le Dieu stel­laire gagne en désir et en force, car le fruit de la super­che­rie et de la décep­tion de l’homme lui revient. Dou­leur et décep­tion emplissent de froi­deur le monde d’Abraxas, toute ta cha­leur vitale des­cends len­te­ment dans les pro­fon­deurs de ton âme, au centre de l’homme, là où s’estompe la lumière astrale, bleue, loin­taine, du Dieu unique.
      Si tu fuis Abraxas par peur, tu échappes à la souf­france et à la décep­tion et tu restes alors atta­ché à Abraxas par la peur, autre­ment dit par un amour dont tu n’es pas conscient et ton Dieu « unique » ne peut pas s’enflammer. Mais par la dou­leur et la décep­tion, tu te libères, car alors ton désir tombe de lui-même comme un fruit mûr dans les pro­fon­deurs, par la force de la pesan­teur, cher­chant le centre où naît jus­te­ment la lumière bleue du Dieu astral.
      Alors ne fuis pas Abraxas, ne le cherches pas. Tu res­sens sa contrainte, ne lui résiste pas afin que tu vives et payes ta ran­çon. Il faut réa­li­ser les œuvres d’Abraxas, car, penses‑y, dans ton monde tu es toi-même Abraxas et tu obliges ta créa­ture à réa­li­ser tes œuvres. Ici où tu es une créa­ture sou­mise à Abraxas, tu dois apprendre à réa­li­ser les œuvres de la vie. Là où tu es Abraxas, tu obliges tes créa­tures à le faire.
      Tu demandes pour­quoi tout cela est ain­si ? Je com­prends que cela te sembles dou­teux. Le monde est dou­teux. Il est l’infiniment grande folie des dieux dont tu sais qu’elle est infi­ni­ment sage. Il est cer­tain qu’il est aus­si une vile­nie, un péché impar­don­nable et par suite aus­si l’amour et la ver­tu les plus nobles.
      Alors vis la vie, ne fuis pas Abraxas dans la mesure où il t’oblige à recon­naître sa néces­si­té, et où tu en es capable. Dans un sens, je dis : Ne le craint pas, ne l’aime pas. D’un autre côté, je te dis : Crains-le, aimes-le. « Il est la vie de la terre », cela t’en dit suf­fi­sam­ment. Tu as grand besoin de recon­naître la mul­ti­pli­ci­té des dieux. Tu ne peux pas tout réunir en un seul être. Tout comme tu n’es pas un avec la mul­ti­pli­ci­té des hommes, le Dieu unique n’est pas un avec la mul­ti­pli­ci­té des dieux. Ce Dieu « unique » est bien­veillant, aimant, il guide et gué­rit. Tu lui dois tout ton amour et ton ado­ra­tion. C’est lui que tu dois prier, c’est avec lui que tu ne formes qu’un, il est proche de toi, plus proche que ton âme.
      Moi, ton âme, je suis ta mère qui t’entoure, tendre et effroyable, celle qui te nour­rit et te pour­rit, je te pré­pare manne et poi­son. J’intercède pour toi auprès d’Abraxas. Je t’enseigne les arts qui te pro­tègent d’Abraxas. Je me tiens entre toi et Abraxas, celui qui entoure tout. Je suis ton corps, ton ombre, ton effet en ce monde, ton appa­ri­tion dans le monde des dieux, ton éclat, ton souffle, ton odeur, ta force magique. C’est moi qu’il te faut invo­quer si tu veux vivre avec des humains, mais invoque le Dieu « unique » si tu veux t’élever au-des­sus du monde des humains jusqu’à la soli­tude éter­nelle et divine et l’Etoile. »

      Annexe A : http://​carl​-gus​tav​-jung​.blog​spot​.fr/​2​0​1​2​/​1​1​/​s​y​s​t​e​m​a​-​m​u​n​d​i​-​t​o​t​i​u​s​.​h​tml

      Réponse
      • Jacques

        Effet de la guerre ? :

        p.227 dans « Psy­cho­thé­ra­pie » de Von Franz : « […] La pous­sée vers la tota­li­té est la pul­sion la plus forte dans l’homme. Au fond elle se dis­si­mule der­rière les pas­sions plus pro­fondes qui se mani­festent au cours du trans­fert. A la fin de sa vie, Jung confes­sa ne pas savoir expri­mer les para­doxes de l’Eros, ni oser le faire : « Eros est un kos­mo­go­nos, un créa­teur, père et mère de toute conscience […] S’il (l’homme) pos­sède un grain de sagesse, il dépo­se­ra les armes et appel­le­ra « igno­tum per igno­tius » – une chose igno­rée par une chose encore plus igno­rée – c’est-à-dire du nom de Dieu. » Et, lors d’un entre­tien, il dit : « Le pro­blème de l’amour est dif­fi­cile au point que vous pou­vez vous esti­mer heu­reux si, à la fin de votre vie, vous pou­vez affir­mer que per­sonne n’a fait nau­frage à cause de vous. »

        (Ps : le « Livre Rouge » ne fut publié à titre post­hume qu’en 2009)
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        Spé­cial Père Attali :
        http://​blogs​.media​part​.fr/​b​l​o​g​/​d​o​m​i​n​i​q​u​e​-​g​-​b​o​u​l​l​i​e​r​/​0​7​0​9​1​5​/​e​n​t​r​e​t​i​e​n​-​d​a​n​s​-​l​e​-​m​o​n​d​e​-​s​u​r​-​l​e​s​-​s​c​i​e​n​c​e​s​-​s​o​c​i​a​l​e​s​-​3​g​-​e​t​-​l​e​-​b​i​g​-​d​ata

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        Spé­cial Père Onfray « Phi­lo­sophe au marteau » :

        1) Cita­tion de Zhuang Zi dans l’introduction de l’hexagramme 17 (ton­nerre -> brume) « Suivre » [du chi­nois : « SUI » : Suivre, se confor­mer à. Sui­vant, selon, d’après, confor­mé­ment à. Ensuite. Au fur et à mesure. Etc.]
        « Le bou­cher du prince Wen Hui dépe­çait un bœuf avec un rythme musi­cal. « Eh bien ! lui répon­dit le prince, com­ment ton art peut-il atteindre un tel degré ? » Le bou­cher dit : « J’aime le Tao. Un bon bou­cher use un cou­teau par an parce qu’il ne découpe que la chair. Un bou­cher ordi­naire use un cou­teau par mois parce qu’il le brise sur les os. Le même cou­teau m’a ser­vi depuis dix-neuf ans. […]. Les join­tures des os contiennent des inter­stices et le tran­chant du cou­teau n’a pas d’épaisseur. Celui qui connaît la confor­ma­tion natu­rel du bœuf sait glis­ser le mince tran­chant dans ces inter­stices. Il agit avec aisance parce qu’il opère par le vide. –Très bien, dit le prince après avoir enten­du les paroles du bou­cher, je sai­sis l’art de me conserver. »

        2) Cynique, vous avez dit cynique ? (En Chine, le 8 c’est l’ordre, le 9 c’est l’imagination et le 10 c’est le (grand) Tout.)
        Cf. note p.91–92 sur https://​books​.google​.fr/​b​o​o​k​s​?​i​d​=​1​q​9​j​L​M​a​a​5​T​Q​C​&pg

        « Il y a, dans le far­gard cité du Ven­di­dad –Sadé [=> Zoroastre], une espèce d’éloge du chien, assez bizarre pour être rap­por­té. Cet ani­mal a, dit-on, huit qua­li­tés. Il est comme le prêtre, comme le mili­taire, comme le labou­reur, comme l’oiseau, comme le voleur, comme la bête féroce, comme la femme de mau­vaise vie, comme la jeune per­sonne : comme le prêtre, en ce qu’il mange ce qu’il trouve, qu’il est heu­reux et bien fai­sant, qu’il se contente de tout, et éloigne ceux qui s’approchent de lui ; comme le mili­taire, en ce qu’il marche en avant, rode autour des lieux, et frappe les trou­peaux purs en les condui­sant ; comme le labou­reur, en ce qu’il rode aus­si devant et der­rière les lieux, et qu’il est actif et vigi­lant pen­dant le som­meil ; comme l’oiseau, en ce qu’il est gai, s’approche de l’homme et se nour­rit de ce qu’il peut prendre ; comme le voleur, en ce qu’il agit dans l’obscurité, est expo­sé à ne rien man­ger, et reçoit sou­vent quelque chose de mau­vais ; comme les bêtes féroces, en ce qu’il agit dans les ténèbres, que sa force est pen­dant la nuit, et qu’il manque quelque fois de nour­ri­ture ; comme la femme de mau­vaise vie, en ce qu’il se nour­rit de ce qu’il peut trou­ver, et se tient dans les che­mins écar­tés ; comme la jeune per­sonne enfin, en ce qu’il dort beau­coup, qu’il est brû­lant et en action, qu’il a la langue longue et qu’il court en avant. » 

        3) Pre­mier comble de l’épicurien : Accep­ter « Vins » lois, en plus de la tetrapharmakon (?!) :
        http://​gal​li​ca​.bnf​.fr/​a​r​k​:​/​1​2​1​4​8​/​b​p​t​6​k​1​0​6​3​6​9​7​/​f​1​3​.​i​m​age

        « I. L’univers n’est rien que par la vie, et tout ce qui vit se nourrit.
        II. Les ani­maux se repaissent ; l’homme mange ; l’homme d’esprit seul sait manger.
        III. La des­ti­née des nations dépend de la manière dont elles se nourrissent.
        IV. Dis-moi ce que tu manges, je te dirai ce que tu es.
        V. Le Créa­teur, en obli­geant l’homme à man­ger pour vivre, l’y invite par l’appétit, et l’en récom­pense par le plaisir.
        VI. La gour­man­dise est un acte de notre juge­ment, par lequel nous accor­dons la pré­fé­rence aux choses qui sont agréables au goût sur celles qui n’ont pas cette qualité.
        VII. Le plai­sir de la table est de tous les âges, de toutes les condi­tions, de tous les pays et de tous les jours ; il peut s’associer à tous les autres plai­sirs, et reste le der­nier pour nous conso­ler de leur perte.
        VIII. La table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pen­dant la pre­mière heure.
        IX. La décou­verte d’un mets nou­veau fait plus pour le bon­heur du genre humain que la décou­verte d’une étoile.
        X. Ceux qui s’indigèrent ou qui s’enivrent ne savent ni boire ni manger.
        XI. L’ordre des comes­tibles est des plus sub­stan­tiels aux plus légers.
        XII. L’ordre des bois­sons est des plus tem­pé­rées aux plus fumeuses et aux plus parfumées.
        XIII. Pré­tendre qu’il ne faut pas chan­ger de vins est une héré­sie ; la langue se sature ; et après le troi­sième verre, le meilleur vin n’éveille plus qu’une sen­sa­tion obtuse.
        XIV. Un des­sert sans fro­mage est une belle à qui il manque un œil.
        XV. On devient cui­si­nier, mais on naît rôtisseur.
        XVI. La qua­li­té la plus indis­pen­sable du cui­si­nier est l’exactitude : elle doit être aus­si celle du convié.
        XVII. Attendre trop long­temps un convive retar­da­taire est un manque d’égards pour tous ceux qui sont présents.
        XVIII. Celui qui reçoit ses amis et ne donne aucun soin per­son­nel au repas qui leur est pré­pa­ré, n’est pas digne d’avoir des amis.
        XIX. La maî­tresse de mai­son doit tou­jours s’assurer que le café est excellent ; et le maître, que les liqueurs sont de pre­mier choix.
        XX. Convier quelqu’un, c’est se char­ger de son bon­heur pen­dant tout le temps qu’il est sous notre toit. » 

        4) Deuxième comble de l’épicurien : pou­voir décou­per un ico­sa­èdre en 6 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Icosa%C3%A8dre#cite_ref‑7)

        http://​gal​li​ca​.bnf​.fr/​a​r​k​:​/​1​2​1​4​8​/​b​p​t​6​k​1​0​6​3​6​9​7​/​f​2​9​.​i​m​age

        « Nombre de sens : On doit comp­ter au moins six : La « vue », qui embrasse l’espace et nous ins­truit, par le moyen de la lumière, de l’existence et des cou­leurs des corps qui nous envi­ronnent ; L’ « ouïe », qui reçoit, par l’intermédiaire de l’air, l’ébranlement cau­sé par les corps bruyants ou sonores ; L’ « odo­rat », au moyen duquel nous flai­rons les odeurs des corps qui en sont doués ; Le « goût », par lequel nous appré­cions tout ce qui est sapide ou esculent ; Le « tou­cher », dont l’objet est la consis­tance et la sur­face des corps ;
        Enfin le « géné­sique », ou « amour phy­sique », qui entraîne les sexes l’un vers l’autre, et dont le but est la repro­duc­tion de l’espèce.
        Il est éton­nant que, presque jusqu’à Buf­fon, un sens si impor­tant ait été mécon­nu, et soit res­té confon­du ou plu­tôt annexé au toucher.
        Cepen­dant la sen­sa­tion dont il est le siège n’a rien de com­mun avec celle du tact ; il réside dans un appa­reil aus­si com­plet que la bouche et les yeux ; et ce qu’il y a de sin­gu­lier, c’est que chaque sexe ayant tout ce qu’il faut pour éprou­ver cette sen­sa­tion, il est néan­moins néces­saire que les deux se réunissent pour atteindre au but que la nature s’est pro­po­sé. Et si le « goût », qui a pour but la conser­va­tion de l’individu, est incon­tes­ta­ble­ment un sens, à plus forte rai­son doit-on accor­der ce titre aux organes des­ti­nés à la conser­va­tion de l’espèce.
        Don­nons donc au « géné­sique » la place « sen­suelle » qu’on ne peut lui refu­ser, et repo­sons-nous sur nos neveux du soin de lui assi­gner son rang. »
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        Il me semble que c’est Freud qui, en le para­phra­sant de mémoire, disait : « Le psy­chisme est une éco­no­mie libidinale ».

        Réponse
      • Jacques

        [9] Ciel-> vent : PETIT APPRIVOISE : « PETIT APPRIVOISE, c’est appri­voi­ser de manière Yin. En rete­nant patiem­ment des éner­gies fortes, on peut non seule­ment les affi­ner mais aus­si domp­ter les ten­sions, main­te­nir des liens et trans­for­mer peu à peu en enri­chis­se­ment une situa­tion res­sen­tie comme un enfer­me­ment. APPRIVOISER ne signi­fie pas pour autant muse­ler : l’idéogramme indique qu’il s’agit d’appliquer aux ani­maux de pâtu­rage le pro­ces­sus d’élevage des vers à soie. La grande réserve d’énergie créa­tive qui carac­té­rise ce moment doit être déli­ca­te­ment affi­née et len­te­ment mode­lée afin de pou­voir prendre une forme abou­tie. PETIT, cor­res­pon­dant à ce qui est interne, ténu, caché, évoque avant tout la sou­plesse pru­dente et lon­ga­nime propre à la force Yin. Que l’hexagramme entre dans le cadre d’une rela­tion dif­fi­cile à l’entourage ou rende compte d’un pro­ces­sus inté­rieur, l’apprivoisement qui s’effectue par cette force du faible suit un modèle pres­ti­gieux : Chang l’étincelant, le créa­teur légen­daire du Yi Jing, qui sera en rai­son de son œuvre civi­li­sa­trice et de sa ver­tu paci­fique appe­lé : le Roi Wen. »
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        [10] Brume-> ciel : DEMARCHE : « DEMARCHE montre com­ment se com­por­ter au contact d’une force puis­sante et poten­tiel­le­ment dan­ge­reuse. L’allégorie uti­li­sée est inha­bi­tuelle : elle expose les risques qu’on recourt à mar­cher sur la queue d’un tigre. Le tigre est en pre­mier lieu asso­cié à la force, par­fois féroce, des rois et des puis­sants. DEMARCHE repré­sente ain­si un moment où l’on se trouve impli­qué par inad­ver­tance dans des ten­sions sou­daines qui peuvent pro­vo­quer des réac­tions vio­lentes. Mais le sym­bole se double d’une autre signi­fi­ca­tion : par oppo­si­tion au dra­gon vert qui sur­git des pro­fon­deurs au Prin­temps, le tigre, asso­cié à la cou­leur blanche, est l’image de l’énergie qui s’enfuit dans la terre à l’Automne. Il repré­sente alors une autre facette de cette force : celle, aus­si puis­sante, tapie à l’intérieur de cha­cun de nous sous forme de sexua­li­té, de dési­rs ou d’instincts qu’un hasard peut brus­que­ment réveiller. Cet autre aspect sym­bo­lique du tigre, dont les appé­tits insa­tiables sont décrit au qua­trième trait de l’hexagramme NOURRIR [27 tonnerre->montagne], est éclai­ré ici par l’emploi d’images inso­lites : le borgne et le boi­teux qui ne sont men­tion­nés ailleurs dans le Yi Jing qu’à l’hexagramme MARIAGE DE LA CADETTE [54 brume->tonnerre], figure dédiée aux moments où l’on se laisse empor­ter par l’ardeur et la passion.
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        Petites trou­vailles sur le net :
        « Pour une contre-his­toire de la psy­cha­na­lyse » : http://​www​.lacan​chine​.com/​M​a​s​s​a​t​_​0​4​.​h​tml
        « Le Yi Jing et la topo­lo­gie de Lacan » : http://​www​.lacan​chine​.com/​J​u​_​0​1​f​r​.​h​tml

        Réponse
  16. Jacques

    J’ai oublié en 262 « Les essieux du cha­riot lâchent prise ». Donc 5 chars et 6 cha­riots. Eton­nante (bien que je ne connaisse pas spé­cia­le­ment Pla­ton) cette note à la der­nière page : http://​www​.per​see​.fr/​w​e​b​/​r​e​v​u​e​s​/​h​o​m​e​/​p​r​e​s​c​r​i​p​t​/​a​r​t​i​c​l​e​/​r​e​g​_​0​0​3​5​-​2​0​3​9​_​1​9​6​9​_​n​u​m​_​8​2​_​3​9​1​_​1​086
    (Erra­ta : le lien a (déjà!) dis­pa­ru ?! Il était ques­tion dans l’Iliade de 5 occur­rences du char céleste et de 6 occur­rences du char ter­restre… bref, passons !)

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    Il faut dis­tin­guer ondes céré­brales et neu­ro­trans­met­teurs : la séro­to­nine on l’utilise tout le temps, alors que les ondes del­ta on n’y entre que lors du som­meil (d’où l’impossibilité… sur­mon­tée par le Boud­dha grâce à sa médi­ta­tion des ondes del­ta.) Ce qui m’amène à ima­gi­ner une nou­velle loi de Pare­to (Lol !) : 80% de la jouis­sance dans 20% du temps de som­meil (ondes del­ta + acti­va­tion du sym­pa­thique dans le som­meil para­doxal (der­nier 15 d’un cycle) !)

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    [58] Brume -> Brume : ECHANGER :
    Intro­duc­tion : « ECHANGER, c’est la joie de com­mu­ni­quer. Com­mer­cer avec autrui dans un rap­port ami­cal et déten­du, s’exprimer avec légè­re­té, échan­ger sur tout avec tous sont des plai­sirs que le peuple chi­nois a tou­jours tenu en grande estime. Pierre angu­laire de son art de vivre ensemble, l’aptitude à la com­mu­ni­ca­tion est ce qui per­met d’aplanir les dif­fi­cul­tés inhé­rentes à la vie col­lec­tive, d’en éro­der les aspé­ri­tés, comme les brumes légères adou­cissent les contours et embel­lissent le pay­sage. […] Bien qu’elle ne puisse être le point de départ de grandes réa­li­sa­tions, la dis­po­si­tion raf­fi­née décrite par ECHANGER est pré­cieuse lorsqu’il s’agit, comme l’indique la Grande Image, d’aplanir les dif­fé­rends. L’amicale confiance qu’elle sup­pose, et dont le flux por­teur est indi­qué aux deux lignes cen­trales, ne doit pas être gas­pillée mais ser­vir, comme au moment de l’hexagramme 17 SUIVRE, à s’insérer dans un cou­rant plus large que la dis­po­si­tion per­son­nelle. On doit pour cela veiller à ce que l’échange ne se résume pas à un simple effet de miroir, comme pour­rait le lais­ser croire la symé­trie de la figure. Echan­ger, ce n’est pas seule­ment recher­cher au-dehors l’écho de ce qui est inté­rieu­re­ment res­sen­ti, mais savoir à la fois s’exprimer et se mettre sub­ti­le­ment à l’écoute. »

    Ana­lyse de l’idéogramme : « DUI : échan­ger, tro­quer. Trans­va­ser (un liquide), chan­ger (de l’argent). » […] « En haut se trouve le chiffre huit […] En des­sous, se trouve le carac­tère « frère aîné ». L’idéogramme est for­mé du signe de la bouche et la par­tie infé­rieur du signe géné­ral de l’être humain. Dans la forme pri­mi­tive, la bouche est des­si­née tour­née vers le Ciel (man­dat), pré­ci­sion qui sou­ligne une atti­tude votive (de nos jours, com­bi­né avec le signe des affaires reli­gieuses, ce carac­tère forme le verbe « sou­hai­ter, faire le vœu de »). Le frère aîné est dési­gné par un geste de prière en rai­son de son rôle dans les céré­mo­nies du culte fami­lial aux ancêtres. L’aîné est en effet celui par lequel se réa­lise le pas­sage entre deux niveaux, celui des vivants et celui des défunts, et s’instaure l’échange entre le monde visible des offrandes et celui invi­sible des ancêtres à qui elles sont des­ti­nées, les­quels en retour, selon une cir­cu­la­tion fluide et ordon­née, feront redes­cendre sur leur clan faveurs et bien­faits (dans le Shuo Gua, la Hui­tième Aile, le tri­gramme Dui est asso­cié à la bouche et au cha­mane inter­ces­seur entre les mondes, et dans le docu­ment sur soie de Ma Wang Dui, le nom de l’hexagramme 58 com­porte le signe de l’oiseau). […] »

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    Dr Mano­la Sou­van­la­sy Abhay dans « La méde­cine éner­gé­tique chi­noise » sous-titré « des organes internes inté­grés à la méde­cine fonc­tion­nelle et nutri­tion­nelle occi­den­tale. » Ed. Dangles.

    P.6–7 : « […] Le « Chong Qi » est donc le cou­rant de l’Energie uni­ver­selle crée par le Vide ori­gi­nel du Dao. Il cir­cule sous la forme d’un tour­billon pro­fond, appe­lé Yuan, qui, selon la tra­di­tion chi­noise, exis­te­rait bien avant le Sou­ve­rain céleste que per­son­na­lise le Ciel. Comme le Dao conti­nue éter­nel­le­ment à res­ter vide, il conti­nue éter­nel­le­ment à émettre ce puis­sant tour­billon d’énergie cos­mique pour créer et entre­te­nir les mani­fes­ta­tions du Dao, qui sont le Ciel, la Terre et les Dix Mille Etres. Ce tour­billon pro­fond, Yuan, est l’ancêtre des Dix Mille Etres, « He Tu » est son sym­bole. […] A la strophe 11 du Dao de Jing, Lao Zi dit : « Trente rais se réunissent pour faire le moyeux d’une roue. La fonc­tion de la roue vient de « Wu, le non-être, le non-agir, le non-avoir, le vide, l’invisible, l’insensible ». L’usage du char vient de « You, l’être, l’agir, l’avoir, le plein, le visible, le sen­sible. » C’est pour­quoi l’utilité vient de You et la fonc­tion vient de Wu. […] C’est le vide du vase qui crée sa fonc­tion, et la fonc­tion crée son uti­li­té. […] C’est le Vide qui crée la Plé­ni­tude. Inver­se­ment la Plé­ni­tude abou­tit au Vide. […] C’est le Vide ori­gi­nel du Dao qui crée ses mani­fes­ta­tions, le De.

    P.7–8 : Selon le Dao De Jing, la fon­da­tion du Taoïsme, le Dao engendre le Grand Un, appe­lé Tai Ji. Le Un engendre le Deux, repré­sen­té par le yin et le yang. Le Deux engendre le Trois, le Ciel, la Terre et l’Homme appe­lé les Trois Puis­sances San Cai. Cha­cun d’eux joue un rôle dans la créa­tion de l’Univers : Le Ciel engendre la Terre, la Terre nour­rit l’Homme et l’Homme crée la des­cen­dance des êtres vivants que la phi­lo­so­phie taoïste appelle les « Dix Mille Etres ». L’Homme est né entre le Ciel et la Terre. Il existe donc une Uni­té pro­fonde entre l’Homme et l’Univers. L’équilibre de la san­té de l’Homme dépend de sa capa­ci­té d’adaptation aux chan­ge­ments de l’Univers pour res­ter en har­mo­nie avec lui. Dans le corps humain, par ana­lo­gie avec le Chong Qi cos­mique, il existe le Chong Qi de l’Homme qui cir­cule dans le Chong Mai, le Vais­seau Mer­veilleux qui est l’équivalent, chez l’Homme, de l’axe entre le Ciel et la Terre, de l’axe entre le haut et le bas, de l’axe entre le Sud et le Nord, de l’axe entre le Cœur et les Reins, de l’axe entre le Shen (l’Esprit) et le Jing (la Matière). En tant qu’axe, le Chong Mai est consti­tué d’un vide « le Wu, le non-être, le non-avoir, le non-agir ». Le Chong Mai trans­porte le Chong Qi qui tour­billonne du centre de l’axe vers la péri­phé­rie pour tout nour­rir sur son pas­sage, comme le grand tour­billon de la vie. […] Le Chong Qi à l’intérieur de l’être humain cir­cule dans le Chong Mai pour don­ner nais­sance aux Cinq Organes, aux Six Entrailles, aux Quatre Sub­stances (Le Jing, le Qi, le Sang, les Liquides), aux trois tré­sors (le Jing, le Qi, le Shen). Le Chong Mai entre­tient leurs formes et leurs fonc­tions pour main­te­nir l’harmonie entre les dif­fé­rentes par­ties du corps humain afin que chaque être vivant reste une uni­té, une globalité.

    P.9 : Le Chong Mai est à l’homme ce que le tour­billon pro­fond Yuan est à l’univers.

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    http://www.ted.com/talks/ron_eglash_on_african_fractals?language=fr#t‑288759

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    [Suite de « La méde­cine éner­gé­tique chinoise »]

    P.128 : Il y a un autre organe qui est le Maître du Cœur ou Péri­carde. C’est l’enveloppe du Cœur. Sa phy­sio­lo­gie est assi­mi­lée à celle du Cœur, c’est pour­quoi on ne parle que de Cinq Organes et non de six.

    P.136–137 [Sur les Trois Tré­sors « San Bao »] : Le Jing (Essence) et le Shen (Esprit) ne sont ni plus ni moins que des formes inter­chan­geable de Qi. Le Qi conden­sé sous forme de Jing [sto­cké dans les Reins] cor­res­pond à la Terre, le Qi raf­fi­né sous forme de Shen [éla­bo­ré dans le Cœur] cor­res­pond au Ciel. Tan­dis que le Qi [trans­for­mé par la Rate] cor­res­pond à l’Homme.

    […] Le Shen contrôle les acti­vi­tés phy­sio­lo­giques des Cinq Organes et des Six Entrailles qui ont besoin d’une « direc­tion cen­tra­li­sée du Cœur » pour fonc­tion­ner d’une manière har­mo­nieuse et coordonnée.

    […] Le Cœur abrite le Shen. Le Shen du Cœur est l’aspect Feu du Shen. [Orien­ta­tion Sud, sai­son de l’Eté.] [Nb : la bous­sole chi­noise indi­quait le sud]

    Le Po est l’Esprit du Pou­mon. Il cor­res­pond à l’aspect Métal du Shen. Le Po est sou­vent tra­duit par « l’âme cor­po­relle », c’est-à-dire l’Esprit qui condi­tionne la prise de la forme cor­po­relle. Le Po est indis­so­ciable du corps phy­sique. Cette âme cor­po­relle donne au corps phy­sique sa capa­ci­té de sen­tir, de res­sen­tir, d’entendre, de voir le monde exté­rieur. Le Po dis­pa­raît avec le corps phy­sique. Après la mort, il retourne à la Terre. [Orien­ta­tion Ouest, sai­son de l’Automne.]

    Le Hun est l’Esprit du Foie. Il cor­res­pond à l’aspect bois du Shen. Le Hun est sou­vent tra­duit par « l’âme spi­ri­tuelle ou âme éthé­rique ». C’est cette âme qui quit­te­ra le corps phy­sique après son dépé­ris­se­ment et qui va lui sur­vivre après la mort. [Orien­ta­tion Est, sai­son du Printemps.]

    Le Yi est l’Esprit de la Rate. Il cor­res­pond à l’aspect Terre du Shen. Le Yi est le pou­voir d’idéation, d’abstraction et de logique des idées, la capa­ci­té intel­lec­tuelle de pen­ser, de com­prendre, d’étudier, d’apprendre, de se concen­trer, de mémo­ri­ser. [Orien­ta­tion Centre, sai­son fin de l’Eté.]

    Le Zhi est l’Esprit des Reins, il cor­res­pond à l’aspect Eau du Shen. Le Zhi est la volon­té, l’endurance qui nous donne la force men­tale, la déter­mi­na­tion d’atteindre un objec­tif, le vou­loir vivre, la capa­ci­té de se réa­li­ser. [Orien­ta­tion Nord, sai­son de l’Hiver.]

    […] Les Esprits des Cinq Organes se trouvent tous sous le com­man­de­ment du Cœur, ce qui signi­fie que le Shen tient sous sa com­mande le Po, le Hun, le Yi et le Zhi.

    P. 179–180 : Les Entrailles (Fu) sont yang par oppo­si­tion aux vis­cères yin que sont les Organes (Zang). Elles sont au nombre de six : l’estomac, la vési­cule biliaire, le gros intes­tin, l’intestin grêle, la ves­sie et le triple réchauf­feur. Ils sont cou­plés res­pec­ti­ve­ment à la Rate, au Foie, au Pou­mon, au Cœur, aux Reins et au Maître du Cœur. […] Contrai­re­ment aux organes, les Entrailles trans­mettent et trans­forment les ali­ments, mais ne stockent pas l’énergie quin­tes­sen­ciée. Elles peuvent être rem­plies des bois­sons et des céréales, mais elles ne peuvent pas être pleines de l’énergie quin­tes­sen­ciée Jing Qi. « Les Entrailles sont rem­plies, mais ne sont pas pleines ».

    P.201 : Le Rein sans le Feu du Cœur, c’est de l’Eau froide, le Cœur sans l’Eau des Reins, c’est le Feu ardent. 

    P.365 : Les ponts entre les deux méde­cines [concer­nant le sys­tème ner­veux] peuvent se résu­mer ain­si : 1. La sub­stance grise, la sub­stance blanche, le sys­tème ner­veux cen­tral, la moelle épi­nière cor­res­pondent au Jing inné des Reins ; 2. Le sys­tème ner­veux péri­phé­rique est un sys­tème de conduc­tion des infor­ma­tions ; il cor­res­pond aux méri­diens, qui sont les canaux de conduc­tion invi­sible du Qi, du Sang et des Liquides. Les fonc­tions cog­ni­tives et psy­cho-émo­tion­nelle du cer­veau cor­res­pondent aux fonc­tions du Shen du Cœur, du Hun du Foie et du Po des Pou­mons ; 3. Le Jing Acquis dans la Rate cor­res­pond au rôle pri­mor­dial de la nutri­tion fonc­tion­nelle dans le main­tien de la fonc­tion­na­li­té du cer­veau et de la plas­ti­ci­té des synapses.

    P.366 : La méde­cine Chi­noise n’a pas cette approche ana­to­mo­phy­sio­lo­gique, car les dis­sec­tions étaient inter­dites en Chine, mais elle a une approche plu­tôt « spi­ri­tuelle et mys­tique » de l’Esprit des Organes éner­gé­tiques internes. 

    P.409–410 : Notre pla­nète, en per­dant son équi­libre natu­rel entre l’Eau et le Feu à cause de l’égoïsme des hommes, de la course effré­née pour le pou­voir et la richesse, est en train d’épuiser ses réserves vitales qui sont le Bois et la Terre.

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