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Affiche « Élire n’est pas voter » à coller sur les panneaux électoraux pour le 9 juin

Affiche « Élire n’est pas voter » à coller sur les panneaux électoraux pour le 9 juin

Les col­lec­tifs Espoir RIC et Culture RIC ont conçu une affiche pour infor­mer sur le RIC « Élire n’est pas voter » qui sera col­lée sur de nom­breux pan­neaux élec­to­raux n°2 à l’oc­ca­sion des euro­péennes ! Des cen­taines de béné­voles se sont don­né beau­coup de peine pour obte­nir le droit d’u­ti­li­ser les espaces de publi­ci­té dédiés aux élec­tions… Si l’af­fiche n’est pas déjà sur les pan­neaux des bureaux de vote à proxi­mi­té de chez vous… ce serait gen­til de la col­ler par vous-même 🙂 Tout est expliqué…

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Réflexion constituante #1 avec « Jack Angaräa » (Joannes Itiaty) de Nouvelle-Calédonie

Notre pre­mier entre­tien de réflexion consti­tuante J’ai par­lé hier, jeu­di, avec Joannes, en com­pa­gnie de Léo. Nous avons conve­nu d’enregistrer notre conver­sa­tion, pour le cas où elle nous semble utile au bien com­mun, c’est pour­quoi je vous donne aujourd’hui connais­sance de cette pre­mière réflexion consti­tuante : https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​V​y​J​N​u​5​8​P​A​E​0​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.be Chers amis, J’ai décou­vert avant-hier un live éton­nant, éclai­rant, sur la situa­tion en Nou­velle Calé­do­nie, et je l’ai…

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Marseille, 28 mai 2024, 20h, conférence-débat : Souveraineté nationale ? Souveraineté populaire ? OK mais, bon sang, QUI VA L’ÉCRIRE ?

Marseille, 28 mai 2024, 20h, conférence-débat : Souveraineté nationale ? Souveraineté populaire ? OK mais, bon sang, QUI VA L’ÉCRIRE ?

Chers amis, Je vous donne ren­dez-vous à Mar­seille, le 28 mai pro­chain, pour par­ler concrè­te­ment de sou­ve­rai­ne­té. D’une cer­taine façon, j’ai deux mots à dire à tous les sou­ve­rai­nistes en peau de lapin à qui je reproche : 1) d’a­do­rer l’é­lec­tion — qui est pour­tant, par défi­ni­tion, une pro­cé­dure où chaque élec­teur renonce tota­le­ment à sa propre sou­ve­rai­ne­té, 2) de se méfier du RIC — qui est pour­tant la seule pro­cé­dure de sou­ve­rai­ne­té popu­laire digne de ce nom en régime repré­sen­ta­tif, et surtout,…

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For­mat grille – For­mat articles complets

[Violences policières bientôt protégées des dénonciations citoyennes par les « élus » des riches, ennemis du peuple] La tyrannie qui vient, éclairée par Régis de Castelnau, sur son blog

LAETITIA AVIA, JEAN-PIERRE GRAND : DUETTISTES DE BASSES-ŒUVRES

https://​www​.vudu​droit​.com/​2​0​1​9​/​1​2​/​l​a​e​t​i​t​i​a​–​a​v​i​a​–​j​e​a​n​–​p​i​e​r​r​e​–​g​r​a​n​d​–​d​u​e​t​t​i​s​t​e​s​–​d​e​–​b​a​s​s​e​s​–​o​e​u​v​res

Petit retour sur deux petites séquences dont nous avons pris connais­sance ces jours derniers.

On va com­men­cer par Madame Lae­ti­tia Avia, venue assé­ner quelques vile­nies chez Media­part sans que cela pro­voque une réac­tion digne de Mous­tache dont on sait mal­heu­reu­se­ment et depuis long­temps ce qu’il faut pen­ser de son amour des libertés.

Inter­ro­gée sur les vio­lences poli­cières à l’occasion des mani­fes­ta­tions elle a répon­du : « je suis avo­cate il n’y a pas plus sou­cieux de l’État de droit qu’une avo­cate. Si demain j’ai une vio­lence poli­cière consta­tée que j’ai comme telle, je serais la pre­mière à la condam­ner. Mais appor­­tez-moi une condam­na­tion. » Donc, la dépu­tée nous dit en sub­stance : « tant qu’il n’y a pas de condam­na­tion, il n’y a pas de vio­lences poli­cières. » Et puis vous allez voir qu’elle va nous dire qu’il faut que ces condam­na­tions soient défi­ni­tives ! Madame Avia, ce que vous avez dit là, vous abri­tant der­rière votre robe d’avocat et une réfé­rence « à l’État de droit » est sim­ple­ment une infamie.

L’absence de condam­na­tion judi­ciaire ne fait pas dis­pa­raître un évé­ne­ment. Alexia Daval a été assas­si­née, et son mari a avoué l’avoir tué. Il n’est pas encore jugé et par consé­quent il est pré­su­mé inno­cent. MAIS L’ABSENCE D’UNE DÉCISION DE CONDAMNATION NE FAIT PAS DISPARAÎTRE LE FAIT ! Alexia Daval a‑t‑elle été assas­si­née oui ou non ? On pour­rait mul­ti­plier les exemples, mais pour le sujet qui nous occupe, nous savons très bien, tous les obser­va­teurs, tous les jour­na­listes hon­nêtes, tous les témoins, toutes les vic­times, et elles dans leur chair, savent qu’il y a eu un défer­le­ment sans pré­cé­dent de vio­lences policières.

Pour vous Madame Avia, les ébor­gnés, les ampu­tés, les bles­sés, les familles des morts, n’ont donc été vic­times de rien, il n’y a pas eu de vio­lence puisqu’il n’y a pas de juge­ment ? Com­ment peut-on faire preuve d’une telle bas­sesse ? Fran­che­ment vous n’avez pas honte ?

Ensuite il y a le séna­teur Jean-Pierre Grand, long­temps membre de l’UMP/LR qui y a déjà man­gé à tous les râte­liers et qui vient de quit­ter son par­ti : « parce que com­ment qu’il est pas trop d’extrême droite, qua­si­ment nazi »  nous dit-il à peu près en ver­sion ori­gi­nale, ce qui après lec­ture des sous-titres donne : « cou­cou Mon­sieur Macron com­ment que je suis pas trop gen­til de venir vers vous, vous n’auriez pas un petit maro­quin, une petite mis­sion en échange, ou un chouette petit pla­card dorée comme Ségo­lène Royal pour m’occuper. Main­te­nant à cause du cumul des man­dats j’ai dû rendre celui de maire. Et puis vous savez, n’hésitez pas, je suis prêt à rendre service ».

Aus­si­tôt dit aus­si­tôt fait, c’est vrai qu’il est ser­viable Mon­sieur Grand. La presse amie lance une cam­pagne à par­tir d’incidents « mena­çants » contre des poli­ciers, dont la réa­li­té pour la plu­part d’entre eux est quand même sujette à cau­tion et com­mence à sen­tir la manipulation.(1) À par­tir de là le séna­teur empres­sé et pro­ba­ble­ment sol­li­ci­té par ses nou­veaux amis a dépo­sé au moment de la dis­cus­sion au Sénat de la fameuse loi scé­lé­rate « contre la haine sur Inter­net » appe­lée loi Avia (tiens tiens !), un amen­de­ment par­fai­te­ment liber­ti­cide inter­di­sant de fil­mer les poli­ciers dans les mani­fes­ta­tions et de dif­fu­ser ses vidéos sans leur consen­te­ment (???). Sous peine d’une amende de, excu­sez du peu, 15 000 € ! Cha­cun a bien com­pris qu’il s’agit d’inscrire dans la loi l’impunité totale de la vio­lence des poli­ciers dévoyés. Toutes les affaires dont la plu­part ont certes été ensuite étouf­fées par l’IGPN et les par­quets n’ont pu se déclen­cher qu’à cause des pho­tos et des vidéos cir­cu­lant sur les réseaux.

Nou­velle infa­mie, qui vient com­plé­ter la pre­mière, parce qu’avec cette inter­dic­tion, il n’y aura jamais de pro­cé­dure pénale pos­sible contre les vio­lences poli­cières et par consé­quent pas de condam­na­tion et donc comme le dit Madame Avia pas de vio­lences. La boucle est bou­clée. Ce régime est en train de bas­cu­ler sans état d’âme dans une dérive effrayante.

Et une fois de plus avec ces deux per­son­nages emblé­ma­tiques du macro­nisme, on com­prend pour­quoi toutes les dic­ta­tures ont tou­jours trou­vé faci­le­ment leurs exé­cu­teurs de basses œuvres.

Régis de Castelnau.

(1) À pro­pos, ou en est l’enquête sur « l’incendie cri­mi­nel » dont aurait été vic­time une rési­dence secon­daire inha­bi­tée de Richard Fer­rand ? Ça avance ?

 
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Pétition Amnesty International / LDH : METTEZ FIN AU HARCÈLEMENT DE CAMILLE HALUT ET DES OBSERVATEURS DES PRATIQUES POLICIÈRES !

De mon point de vue, Camille est lit­té­ra­le­ment admi­rable, d’un cou­rage inouï et d’un dévoue­ment au bien com­mun exem­plaire. Je vous signale qu’elle est aujourd’­hui mar­ty­ri­sée par l’É­tat pour sa sur­veillance active et effi­cace des vio­lences poli­cières, et qu’une péti­tion tourne pour la sou­te­nir. Je vous invite à la signer ici : https://​www​.amnes​ty​.fr/​p​e​t​i​t​i​o​n​s​/​m​e​t​t​e​z​–​f​i​n​–​a​u​–​h​a​r​c​e​l​e​m​e​n​t​–​d​e​–​c​a​m​i​l​l​e​–​h​a​l​u​t​–​e​t​–​d​e​s​–​o​b​s​e​r​v​a​t​e​urs

Étienne.

PÉTITION
METTEZ FIN AU HARCÈLEMENT DE CAMILLE HALUT ET DES OBSERVATEURS DES PRATIQUES POLICIÈRES !

(on peut signer jus­qu’au 31.05.2020)

Camille Halut est obser­va­trice pour la Ligue des droits de l’homme (LDH). Elle rejoint la LDH il y a un an et demi, cho­quée d’avoir vu une mani­fes­ta­tion se faire gazer avant même d’avoir commencé.

En docu­men­tant les pra­tiques des forces de l’ordre, elle veut aler­ter sur cer­taines dérives et encou­ra­ger le res­pect du droit. Mais comme de nom­breux obser­va­teurs de mani­fes­ta­tions, dans le cadre de sa mis­sion, Camille fait l’objet de pres­sions, inti­mi­da­tions et vio­lences de la part de la police.

Depuis avril 2019, elle a déjà pas­sé 56 heures en garde à vue. Le 12 décembre pro­chain, elle sera jugée pour rébel­lion et dis­si­mu­la­tion de visage, alors qu’elle avait sim­ple­ment refu­sé de don­ner son appa­reil pho­to aux forces de l’ordre qui enca­draient la marche pour le cli­mat à Mont­pel­lier. Cha­cun de ces délits est pas­sible d’un an d’emprisonnement et de 15000 euros d’amende. Ce n’est pas la pre­mière fois que Camille est pour­sui­vie : le 1er octobre der­nier, les juges l’ont relaxée, ques­tion­nant l’intégralité de la pro­cé­dure puisque la police aurait cher­ché une infrac­tion a pos­te­rio­ri. Cela indi­que­rait qu’il s’agissait avant tout d’entraver sa mis­sion d’observatrice.

Les per­sonnes qui observent les pra­tiques poli­cières en mani­fes­ta­tions sont de plus en plus sou­mises à des inti­mi­da­tions, bru­ta­li­tés, insultes de la part des poli­ciers, alors que le droit inter­na­tio­nal exige qu’ils puissent opé­rer libre­ment et recon­naît que leur mis­sion est essen­tielle à la pré­ven­tion et à la docu­men­ta­tion des vio­lences poli­cières. Les obser­va­teurs de pra­tiques poli­cières sont des défen­seurs des droits humains et devraient être pro­té­gés comme tels. Ils devraient pou­voir évo­luer dans un envi­ron­ne­ment favo­rable pour mener à bien leurs missions.

Ces pour­suites et toutes formes de pres­sion contre les obser­va­teurs doivent ces­ser, et Camille doit être relaxée.

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La lettre de la pétition :

Mon­sieur le ministre,

Depuis plu­sieurs mois, les obser­va­teurs et obser­va­trices des pra­tiques poli­cières pré­sents dans les mani­fes­ta­tions sont régu­liè­re­ment vic­times d’intimidations, d’insultes voire de vio­lences de la part de cer­tains membres des forces de l’ordre. Une par­tie de ces vio­lences a été fil­mée et des plaintes ont été dépo­sées, sans qu’aucune n’aboutisse à ce jour. Plu­sieurs obser­va­teurs ont été inter­pel­lés et conduits en garde-à-vue. Un pas a encore été fran­chi avec des pour­suites répé­tées et sans fon­de­ments contre Camille Halut, obser­va­trice pour la Ligue des droits de l’homme.

Les obser­va­teurs agissent pour pro­té­ger le droit de mani­fes­ter paci­fi­que­ment : ils sont des défen­seurs des droits humains dont le rôle est recon­nu par le droit inter­na­tio­nal. A ce titre, ils doivent pou­voir opé­rer libre­ment et en toute sécurité.

Les pressions,violences poli­cières et pour­suites dont les obser­va­teurs font l’objet entravent leur mis­sion. En tant que ministre de l’Intérieur, vous avez la res­pon­sa­bi­li­té de mettre un terme à ce har­cè­le­ment. Nous vous appe­lons à :

-Mettre fin au har­cè­le­ment de Camille Halut et de tous les obser­va­teurs lors des manifestations

-Garan­tir qu’ils puissent exer­cer leur mis­sion d’observation en toute sécurité

-Faci­li­ter la conduite d’enquêtes exhaus­tives, indé­pen­dantes et impar­tiales pour toutes les plaintes dépo­sées pour les allé­ga­tions de vio­lences à leur encontre

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Lien pour signer la péti­tion : https://​www​.amnes​ty​.fr/​p​e​t​i​t​i​o​n​s​/​m​e​t​t​e​z​–​f​i​n​–​a​u​–​h​a​r​c​e​l​e​m​e​n​t​–​d​e​–​c​a​m​i​l​l​e​–​h​a​l​u​t​–​e​t​–​d​e​s​–​o​b​s​e​r​v​a​t​e​urs

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[RETRAITES – Passionnant, urgent et important] Bernard Friot : Retraite = Salaire continué ou Revenu différé ?

https://youtu.be/a‑kSP0g0UL4&feature=youtu.be

Je ne me lasse pas de cette puis­sance de penser.
Ber­nard nous aide à nous éman­ci­per, vrai­ment, en pro­fon­deur et pour longtemps.
Il faut écou­ter ses confé­rences le crayon à la main : 0% MG… du début à la fin.

Il y a des ful­gu­rances dans cette confé­rence, comme chaque fois, des for­mules fortes que nous pour­rions retrans­crire et publier en com­men­taires, non ?

En cette période de dévas­ta­tion cri­mi­nelle de notre assu­rance retraite (et de toute la sécu­ri­té sociale, en fait), il est urgent que tous les citoyens connaissent la pré­cieuse ana­lyse de l’en­jeu des retraites par Friot. Les syn­di­ca­listes d’a­bord, bien sûr, devraient connaître cette argu­men­ta­tion sur le bout des doigts ; les mili­tants aus­si, sans doute ; mais aus­si tous les citoyens dignes de ce nom.

[L’an­tienne d’É­tienne : ] Ne pas perdre de vue que, si nos pré­ten­dus « repré­sen­tants » peuvent ain­si nous voler comme au coin du bois sans rien craindre de notre colère, c’est parce que nous n’a­vons pas de consti­tu­tion digne de ce nom. Et si nous n’a­vons pas de consti­tu­tion digne de ce nom, c’est parce qu’il n’existe pas (assez) de citoyens consti­tuants. Ils ne sont grands que parce que nous sommes à genoux. Pen­dant les ate­liers consti­tuants, nous nous rele­vons, nous ne sommes plus à genoux, nous deve­nons des adultes poli­tiques, nous n’ac­cep­tons plus d’être rava­lés au rang humi­liant d’élec­teurs (c’est-à-dire d’en­fants, d’inca­pables poli­tiques), nous sommes en train de deve­nir libres, sim­ple­ment parce que — enfin — nous le voulons !

Dans un peuple deve­nu consti­tuant, il n’y aura plus de place pour des tyrans.

Ne pas oublier non plus que la des­truc­tion de la sécu­ri­té sociale est pro­gram­mée dans les GOPÉ (Grandes Orien­ta­tions des Poli­tiques Éco­no­miques) et impo­sée par la Com­mis­sion euro­péenne, et que ça va conti­nuer de plus en plus cruel­le­ment tant que nous res­te­rons dans l’UE. Aucune sou­ve­rai­ne­té popu­laire, aucune démo­cra­tie digne de ce nom, n’est pos­sible dans le car­can de la pré­ten­due « Union euro­péenne ». En deve­nant consti­tuants, nous devien­drons sou­ve­rains et nous sor­ti­rons du même geste, sans doute par RICs, de la pri­son euro­péenne (UE) et de la pri­son fran­çaise (5ème « République »).

Je tique encore sur l’af­fir­ma­tion de Ber­nard : « en éco­no­mie, il n’y a que de l’au­jourd’­hui », qui semble dénier la pos­si­bi­li­té de conser­ver des droits-sur-la-valeur-créée-par-la-socié­­té avec des signes moné­taires épar­gnés (des titres-por­teurs-de-pou­voir‑d’a­chat-uti­li­sables-plus-tard-quand-je-veux). Il me semble que c’est nier une des fonc­tions essen­tielles de la mon­naie. Il fau­dra que je lui en parle la pro­chaine fois qu’on se verra 🙂

Il faut aider Réseau Sala­riat (même un peu c’est beaucoup) :

http://​www​.reseau​-sala​riat​.info/​?​l​a​n​g​=fr

Étienne.

 

PS : (rap­pel)

« Vaincre Macron », le nouveau livre de Bernard Friot, plus incisif, plus bouleversant et plus important que jamais

https://​www​.chouard​.org/​b​l​o​g​/​2​0​1​7​/​1​1​/​1​8​/​v​a​i​n​c​r​e​–​m​a​c​r​o​n​–​l​e​–​n​o​u​v​e​a​u​–​l​i​v​r​e​–​d​e​–​b​e​r​n​a​r​d​–​f​r​i​o​t​–​p​l​u​s​–​i​n​c​i​s​i​f​–​p​l​u​s​–​b​o​u​l​e​v​e​r​s​a​n​t​–​e​t​–​p​l​u​s​–​i​m​p​o​r​t​a​n​t​–​q​u​e​–​j​a​m​a​is/

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[RICs LIBRES et contagieux – DÉMOCRATIE VRAIE] Dans l’Aveyron, des Gilets jaunes ont organisé EUX-MÊMES un RIC local !

« Une première nationale » : dans l’Aveyron, des Gilets jaunes ont organisé un RIC local

Source : RT France, https://​fran​cais​.rt​.com/​f​r​a​n​c​e​/​6​8​2​4​5​–​p​r​e​m​i​e​r​e​–​n​a​t​i​o​n​a​l​e​–​d​a​n​s​–​a​v​e​y​r​o​n​–​g​i​l​e​t​s​–​j​a​u​n​e​s​–​o​r​g​a​n​i​s​e​–​r​i​c​–​l​o​cal

Un Gilet jaune de Saint-Affrique lors du RIC expé­ri­men­tal qu’ils ont orga­ni­sé dans leur com­mune le 23 novembre. 

Convain­cus que le réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne ne serait pas « ins­tau­ré par en haut », des Gilets jaunes avey­ron­nais ont déci­dé de le faire par­tir « par en bas » et en ont orga­ni­sé un dans leur com­mune. Ils espèrent faire des émules.

C’est LA reven­di­ca­tion phare des Gilets jaunes, qui est deve­nue réa­li­té ce 23 novembre dans l’A­vey­ron : dans la com­mune de Saint-Affrique, les habi­tants ont en effet pu s’es­sayer à la démo­cra­tie directe en pre­nant part à un réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne (RIC) – non contrai­gnant légalement. 

Ils étaient appe­lés à se pro­non­cer sur trois pro­po­si­tions, qu’ils avaient eux-mêmes défi­nies en amont : l’u­ti­li­sa­tion de pro­duits bio locaux dans les cui­sines col­lec­tives, l’in­ter­dic­tion du gly­pho­sate dans la com­mune et l’in­té­gra­tion du RIC dans les prises de déci­sions de la com­mune. « C’est une pre­mière natio­nale ! » : dans la salle mise à dis­po­si­tion par la mai­rie – avec iso­loirs et urne – les Gilets jaunes à l’o­ri­gine de ce pro­jet « expé­ri­men­tal » n’ont pas bou­dé leur plai­sir face au suc­cès ren­con­tré par leur initiative. 

© RT France Les Saint-Affri­­cains s’adonnant au RIC.

Si l’i­dée a ger­mé dans leur esprit en début d’an­née, après avoir assis­té à une confé­rence sur le sujet, l’or­ga­ni­sa­tion du vote à pro­pre­ment par­ler n’a com­men­cé qu’en juin. C’est un vrai par­cours du com­bat­tant auquel les Gilets jaunes ont alors été confron­tés pour mener à bien le pro­jet ; du tra­vail péda­go­gique à faire auprès de la popu­la­tion pour expli­quer en quoi consiste un RIC, aux trac­ta­tions avec le mai­rie pour obte­nir les listes élec­to­rales ain­si que du maté­riel, en pas­sant par la dis­tri­bu­tion de 3 500 bul­le­tins, et sur­tout l’é­la­bo­ra­tion des pro­po­si­tions par les habitants. 

Alors, quand vers midi une habi­tante a glis­sé le 100e bul­le­tin de vote de la jour­née, les applau­dis­se­ments étaient de rigueur. « Plus de 90% des gens qui sont venus voter, on ne les connaît pas », se féli­cite ain­si un Gilet jaune. Par­mi eux, une jeune mère de famille tren­te­naire, qui vient voter pour la pre­mière fois de sa vie. Ou encore une ado­les­cente pas encore majeure (le vote était ouvert aux per­sonnes de 16 ans et plus), bien déci­dée à don­ner son avis sur l’u­ti­li­sa­tion de pro­duits bio locaux dans les cui­sines col­lec­tives : « C’est impor­tant qu’à la can­tine ils nous donnent des pro­duits locaux », explique-t-elle. 

Puisque le RIC ne sera pas ins­tau­ré d’en haut,
il fau­dra qu’il parte d’en bas

Si les résul­tats du vote ne seront pas contrai­gnants, le RIC ne dis­po­sant pas à l’heure actuelle de cadre légal, ils seront mal­gré tout étu­diés par le Conseil muni­ci­pal le 27 novembre. A quelques mois des élec­tions muni­ci­pales, le maire PS de la ville Alain Fau­con­nier a d’ailleurs fait le dépla­ce­ment pour glis­ser un bul­le­tin dans l’urne. « Leur démarche citoyenne […] mérite qu’on s’y inté­resse […] J’en­voie un signe répu­bli­cain », a fait savoir l’édile. 

287 per­sonnes ont fina­le­ment pris part au vote sur les 5 541 votants poten­tiels que compte Saint-Affrique et les 10 000 des com­munes alen­tours. La pro­po­si­tion qui a recueilli le plus de suf­frages concerne l’u­ti­li­sa­tion de pro­duits bio et locaux dans les cui­sines col­lec­tives, à laquelle 98% des votants ont adhé­ré. Les deux autres pro­po­si­tions ont éga­le­ment été adop­tées à une majo­ri­té de plus de 90% des votants. 

Très satis­faits de la par­ti­ci­pa­tion et du dérou­lé de la jour­née, les orga­ni­sa­teurs, au-delà des chiffres, espèrent sur­tout faire des émules. Que l’i­dée se répande et que les citoyens des quatre coins du pays s’en sai­sissent pour que le RIC finisse par deve­nir incon­tour­nable dans le pay­sage poli­tique : « Puisque le RIC ne sera pas ins­tau­ré d’en haut, il fau­dra qu’il parte d’en bas. Si des per­sonnes sont au cou­rant de ce qu’on a fait sur Saint-Affrique et trouvent ça inté­res­sant […] petit à petit, ça peut ren­trer dans des habi­tudes. Et à par­tir de là, on aura peut-être un jour ou l’autre un can­di­dat cré­dible à une élec­tion qui por­te­ra le RIC. » 


Lire aus­si :
Inter­dit d’in­ter­dire : Le réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne en débat


Source : RT France, https://​fran​cais​.rt​.com/​f​r​a​n​c​e​/​6​8​2​4​5​–​p​r​e​m​i​e​r​e​–​n​a​t​i​o​n​a​l​e​–​d​a​n​s​–​a​v​e​y​r​o​n​–​g​i​l​e​t​s​–​j​a​u​n​e​s​–​o​r​g​a​n​i​s​e​–​r​i​c​–​l​o​cal

 

Mon com­men­taire :

En fait, le RIC LIBRE de Saint-Affrique n’est pas exac­te­ment « une pre­mière » puisque les gilets jaunes de Saint-Clair-du-Rhône ont orga­ni­sé un RIC LIBRE dès jan­vier 2019. Mais aujourd’­hui, ça com­mence à se répandre par­tout, ce qui est à la fois his­to­rique et enthousiasmant. 

J’ai ren­con­tré les gilets jaune de Saint-Affrique lors de la ren­contre de Mil­lau le 5 novembre der­nier. Nous avions par­ta­gé la tri­bune pour mettre en regard théo­rie et pra­tique, et leur expé­rience nous a paru à tous bien inté­res­sante et vivi­fiante. J’at­tends la vidéo de cette soi­rée avec impatience.

Faites des RIC !

Étienne.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​6​5​8​5​3​6​8​3​7​317

Rendez-vous à Marseille, samedi 23 novembre 2019 à 9h30, pour un café-débat « Pourquoi voter ? »

Comme vous savez, je refuse de confondre élire et voter (voter c’est déci­der, alors que élire c’est renon­cer à voter, élire c’est abdi­quer sa sou­ve­rai­ne­té) ; et j’in­siste sur le fait que nous ne sommes jamais appe­lés à voter. 

Mal nom­mer les choses, c’est ajou­ter au mal­heur du monde. Camus.

#élire_n_est_pas_voter

#citoyens_constituants

Ins­crip­tion (gra­tuite) :
https://​www​.wee​zevent​.com/​m​2​020

L’a­dresse exacte sera com­mu­ni­quée aux inscrits.

Les prétendus gaz « lacrymogènes » sont en fait des ARMES DE GUERRE, des gaz neurotoxiques !

Il faut arrê­ter d’ap­pe­ler « gaz lacry­mo­gènes » les gaz que la police fran­çaise uti­lise tous les jours contre les oppo­sants poli­tiques : ce sont des gaz neu­ro­toxiques, inter­dits en temps de guerre !
Et main­te­nant, la police fran­çaise arrête car­ré­ment les citoyens qui osent enquê­ter sur ses propres abus de pou­voir policier…

Une preuve de plus que nous n’a­vons pas de consti­tu­tion digne de nom : en France, les pou­voirs les plus dan­ge­reux se sont mis eux-mêmes à l’a­bri de tout contrôle sérieux.

Étienne.

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Gilets jaunes : le biologiste qui enquête sur les gaz lacrymogènes arrêté (source Spunik) :


https://​fr​.sput​nik​news​.com/​f​r​a​n​c​e​/​2​0​1​9​1​0​3​0​1​0​4​2​3​4​8​9​9​5​–​g​i​l​e​t​s​–​j​a​u​n​e​s​–​l​e​–​b​i​o​l​o​g​i​s​t​e​–​q​u​i​–​e​n​q​u​e​t​e​–​s​u​r​–​l​e​s​–​g​a​z​–​l​a​c​r​y​m​o​g​e​n​e​s​–​a​r​r​e​te/

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Alexan­der, c’est celui qui a prou­vé l’exis­tence de CYANURE dans les pré­ten­dus « gaz lacry­mo­gènes ». Voyez son entre­tien avec San­glier Jaune :

Du CYANURE dans les LACRYMOS ? Interview après enquête

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Alex Sam (Alexan­der) écrit (sur sa page fb) aux poli­ciers qui ont per­qui­si­tion­né son logement :
https://​www​.face​book​.com/​m​a​y​.​h​e​m​.​9​4​/​p​o​s​t​s​/​1​0​2​1​8​2​0​2​1​2​6​8​5​8​451

Enfin je vous rap­pelle ce que vous avez per­qui­si­tion­né chers poli­ciers, pour que jamais vous n’ou­bliiez cette mémo­rable enquête sur « cette per­sonne a‑t‑elle bien lan­cé un pot de mélange de lave-vitre bio/charbon sur les vitres de la socié­té géné­rale ». Je vou­drais que pour chaque pièce, vous me disiez son inté­rêt dans l’en­quête. Ah oui, et que vous me pré­ci­siez à quel moment de l’en­quête inter­vient la véri­fi­ca­tion de l’a­li­bi de la per­sonne sur laquelle vous enquê­tez. J’ai pas très bien com­pris votre démarche.

- trois clés USB conte­nant mes cours, et mes tra­vaux sur les gaz lacrymogènes
– un livre inti­tu­lé « ins­truc­tion sur la pro­tec­tion contre les gaz de com­bat TTA602 » que vous avez détruit ensuite
– un livre inti­tu­lé « petite his­toire du gaz lacrymogène »
– un livre inti­tu­lé « domi­na­tion policière »
– 7 gre­nades lacry­mo­gènes vides, dont vous m’a­vez dit « la pos­ses­sion de ces objets est un délit car il s’a­git de déten­tion d’armes de guerre, vous ris­quez 3 ans de pri­son avec ça ». 3 ans de pri­son si on a juste la gre­nade vide ? J’ose pas ima­gi­ner ce que ça fait si elles sont pleines ! Mais alors, on uti­lise bien une arme de guerre contre la popu­la­tion ? Je ne sais pas mais en tous cas j’au­rais gra­cieu­se­ment accep­té un pro­cès dans le cas où cela éta­blis­sait ce fait. Vous avez pré­fé­ré ne pas me pour­suivre et les détruire.
– Un tshirt medic de rue lyon, sou­ve­nir d’une inter­ven­tion médi­cale essen­tielle pour la san­té publique, que vous avez détruit.
– des lunettes de plon­gée, que vous avez détruit
– une écharpe et des gants noirs, que vous avez détruits
– un sac à dos que­chua que vous avez détruit
– deux casques de trot­ti­nette que vous avez détruits
– la tablette que l’é­du­ca­tion natio­nale m’a four­nie… ah non fina­le­ment on va pas la prendre… ok ça compte pas vous l’a­vez pas prise fina­le­ment mal­gré votre hésitation

Vous vous êtes ren­dus à ma voi­ture et y avez perquisitionné :

- Un ordi­na­teur por­table conte­nant mes tra­vaux sur les gaz lacrymogènes
– un gilet jaune que vous avez détruit
– une gre­nade vide que vous avez détruite
– deux clés usb conte­nant de la bonne musique (cf ci-des­­sous), et mes cours

PETIT UPDATE QUI A SON POIDS :
L’une de mes clés USB conte­nait les fichiers que vous pou­vez voir en image. Ceux-ci ont donc pu être consultés.

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Alexandre Lan­glois, du syn­di­cat de poli­ciers VIGI, a écrit en sep­tembre cette lettre ouverte :

LETTRE OUVERTE À MONSIEUR CASTANER SUR LA DANGEROSITÉ DES GAZ UTILISÉS LORS DU MAINTIEN DE L’ORDRE EN FRANCE, POUR LA SANTÉ DES PERSONNES EXPOSÉES

Ven­dre­di 6 sep­tembre 2019

Mon­sieur le Ministre,

Le mou­ve­ment des Gilets Jaunes dure depuis neuf mois. Tous les week-end nos col­lègues font usage de gaz à effet lacry­mo­gène en très grande quan­ti­té, satu­rant régu­liè­re­ment l’air.

La plu­part de nos col­lègues ne dis­posent pas de masque à gaz et de tenue NRBC, alors même qu’ils uti­lisent une arme chi­mique, inter­dite en temps de guerre par la conven­tion de Genève, comme le confirme le site Check News dans son article du 26 novembre 2018.

Ces gre­nades à effet lacry­mo­gène sont com­po­sées d’un gaz : l’agent CS (Ortho­chlo­ro­ben­zy­li­de­ne­ma­lo­no­ni­trile).

Sur cet agent, Kam­ran Logh­man, expert recon­nu en Amé­rique, a fait date dans de très nom­breuses pro­cé­dures devant les tri­bu­naux fédé­raux. Il est un expert sur la dan­ge­ro­si­té des gaz de com­bat et de main­tien de l’ordre. D’après lui :

« Les CS et le CN pro­voquent tous deux une der­ma­tite et sont des sen­si­bi­li­sants sus­cep­tibles de pro­vo­quer de très graves réac­tions aller­giques à la suite d’ex­po­si­tions répé­tées. Les tests toxi­co­lo­giques ont mon­tré que les ani­maux morts après une expo­si­tion au CS mon­traient une aug­men­ta­tion du nombre de cel­lules cali­ci­formes dans les voies res­pi­ra­toires et dans la conjonc­tive (la mem­brane muqueuse des yeux, le long de la pau­pière et recou­vrant une par­tie du globe ocu­laire), de la nécrose (la mort des cel­lules) dans les voies res­pi­ra­toires et gas­­tro-intes­­ti­­nales, œdème pul­mo­naire (pou­mons rem­plis de liquide) et hémor­ra­gie de la surrénale.

La mort résulte d’une alté­ra­tion du trans­fert d’oxy­gène dans le sang pro­vo­qué par un œdème, une hémor­ra­gie et une obs­truc­tion des voies res­pi­ra­toires dans les pou­mons. Dans le cas d’une sub­stance telle que le CS, l’at­ten­tion doit être por­tée sur les pro­duits de dégra­da­tion qui se pro­dui­ront dans le corps humain. Le cli­vage ou l’hy­dro­lyse en malo­no­ni­trile et en ortho-chlo­­ro­­ben­­zal­­dé­­hyde est une réac­tion com­plète à 50% en envi­ron dix minutes.

On pense que le malo­no­ni­trile subit une dégra­da­tion en cya­nure et en thio­cya­nate, tan­dis que le reste de la molé­cule est com­bi­né à la gly­cine et excré­té sous forme d’a­cide ortho-chlo­­ro­­hip­­pu­­rique. Par consé­quent, le malo­no­ni­trile est une sub­stance hau­te­ment toxique trou­vée dans le CS. La dose mor­telle pour une per­sonne de 70 kilo­grammes est esti­mée à moins d’un gramme. »

Cette ana­lyse est cor­ro­bo­rée par les infor­ma­tions col­lec­tées par le Natio­nal Cen­ter for Bio­tech­no­lo­gy Infor­ma­tion, US Natio­nal Libra­ry of Mede­cine (NCBI), c’est-à-dire un orga­nisme public amé­ri­cain de renom­mée mon­diale, auprès de cher­cheurs amé­ri­cains, anglais, chi­nois, israé­liens, ita­liens, turcs, etc. Nous avons tra­duit une par­tie de ces docu­ments dans notre com­mu­ni­qué du 6 juin 2019, en accès libre sur notre site inter­net www​.vigi​mi​.fr.

Sans avoir à tra­ver­ser l’Atlantique, la clas­si­fi­ca­tion four­nie par les entre­prises à l’E­CHA (Euro­pean Che­mi­cals Agen­cy), indique que cette sub­stance est mor­telle en cas d’in­ha­la­tion. Elle pro­voque une irri­ta­tion ocu­laire grave et peut pro­vo­quer une réac­tion aller­gique cuta­née en irri­tant les voies respiratoires.

Enfin en France nous avons accès à des dos­siers médi­caux de sol­dats fran­çais ayant uti­li­sés ces muni­tions sur 20 mis­sions maxi­mum de 1 à 4 heures et qui ont été gra­ve­ment han­di­ca­pés toute leur vie sur le plan res­pi­ra­toire. Leurs pou­mons brû­lée et nécro­sés par les gaz qu’ils déployaient. La Jus­tice a recon­nu leur pré­ju­dice (Par un juge­ment du 29 août 2017 dans l’affaire 1700313, Ministre de la Défense contre Yves CARGNINO).

Nous fonc­tion­naires de Police, force de l’ordre et gar­dien de la Paix, notre devoir, notre enga­ge­ment, notre rai­son de vivre est de pro­té­ger la popu­la­tion et donc d’exercer notre droit de retrait et notre devoir d’information, si nous iden­ti­fions une situa­tion ou une dérive dan­ge­reuse pour notre avenir.

Selon les docu­ments por­tés à notre connais­sance, les maté­riels dits « lacry­mo­gènes » que l’on nous demande d’utiliser au cœur des tac­tiques des opé­ra­tions de main­tien de l’ordre sont très pro­ba­ble­ment extrê­me­ment dan­ge­reux, sources de lésions irré­ver­sibles, voir mor­tels, vue les durées d’exposition et les concen­tra­tions records auquel, nous forces de l’ordre ain­si que la grande majo­ri­té des mani­fes­tants et passants.

Notre col­lègue com­man­dant les CRS, le 28 juin 2019 sur le pont Sul­ly, a fait un malaise avec perte de connais­sance par suf­fo­ca­tion, à cause de l’usage de ces armes chi­miques sur ordre du Pré­fet de Police de Paris, contre des mani­fes­tants pacifiques.

En consé­quence le syn­di­cat VIGI vous demande :

* La com­po­si­tion exacte des gre­nades qu’on nous demande d’utiliser.

* Un pro­to­cole de décon­ta­mi­na­tion après chaque fin de ser­vice où des armes chi­miques sont utilisées.

* Un sui­vi a mini­ma men­suel par la méde­cine de pré­ven­tion pour nos col­lègues expo­sés à ces armes chi­miques, avec prises de sang, ain­si qu’une véri­fi­ca­tion du bon fonc­tion­ne­ment des reins et du foie indis­pen­sable à l’élimination des toxines par l’organisme.
Ce sui­vi per­met­tra de pro­té­ger la san­té de nos col­lègues. En cas d’empoisonnement, il per­met­tra éga­le­ment de faire recon­naître l’imputabilité au ser­vice dans les cas d’invalidité, en vue d’une indemnisation.

* Des tenus NRBC (vête­ments, masques à gaz…) adap­tées au main­tien de l’ordre pour pro­té­ger la san­té de nos collègues.

* La cla­ri­fi­ca­tion de nos devoirs et de nos res­pon­sa­bi­li­tés de poli­ciers de ter­rain concer­nant l’usage de ces muni­tions, afin d’éviter des pour­suites à notre encontre. En cas de pro­cès de la part de mani­fes­tants, de rive­rains, de com­mer­çants, voire d’incident diplo­ma­tique avec le Qatar dont l’ambassade se situe Place de l’Etoile à Paris, c’est votre éven­tuelle res­pon­sa­bi­li­té et celle des don­neurs d’ordres, qui doit être mise en lumière.

Vu l’urgence sani­taire de la situa­tion, nous atten­dons votre réponse ou une audience auprès de votre auto­ri­té avant le 23 sep­tembre 2019.

En l’attente, je vous prie de croire, Mon­sieur le Ministre de l’Intérieur, en mes res­pec­tueuses salutations.

Alexandre LANGLOIS
Secré­taire Général

https://​vigi​mi​.fr/​f​/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​s​–​f​r​/​e​n​t​r​y​/​l​e​t​t​r​e​–​a​–​m​o​n​s​i​e​u​r​–​c​a​s​t​a​n​e​r​–​s​u​r​–​l​a​–​d​a​n​g​e​r​o​s​i​t​e​–​d​e​s​–​g​a​z​–​u​t​i​l​i​s​e​s​–​l​o​r​s​–​d​u​–​m​a​i​n​t​i​e​n​–​d​e​–​l​–​o​r​d​r​e​–​e​n​–​f​r​a​n​c​e​–​p​o​u​r​–​l​a​–​s​a​n​t​e​–​d​e​s​–​p​e​r​s​o​n​n​e​s​–​e​x​p​o​s​ees


Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​5​8​8​7​0​0​1​4​7​317

[Règles variables selon le détenu] Julian Assange à la prison anglaise de Belmarsh : injustice crasse en Grande Bretagne, qui n’est pas un État de droit

Julian Assange : Privation de justice et double standard à la prison de Belmarsh (21st Century Wire)

[Pre­mière par­tie – 28/8/2019] L’Histoire de deux pri­son­niers : Julian Assange, fon­da­teur de Wiki­leaks, et Tom­my Robin­son, per­son­na­li­té d’extrême-droite, sont trai­tés très dif­fé­rem­ment à la pri­son de Bel­marsh. Ana­lyse de Nina CROSS.

Source : Le Grand Soir, https://​www​.legrand​soir​.info/​j​u​l​i​a​n​–​a​s​s​a​n​g​e​–​p​r​i​v​a​t​i​o​n​–​d​e​–​j​u​s​t​i​c​e​–​e​t​–​d​o​u​b​l​e​–​s​t​a​n​d​a​r​d​–​a​–​l​a​–​p​r​i​s​o​n​–​d​e​–​b​e​l​m​a​r​s​h​–​2​1​s​t​–​c​e​n​t​u​r​y​–​w​i​r​e​.​h​tml

Alfred de Zayas, ancien Rap­por­teur de l’ONU, a décrit les actions des auto­ri­tés bri­tan­niques envers Assange comme ’.… contraires à l’état de droit et à l’esprit de la loi’. Ce que nous voyons à la sur­face est une illu­sion de la jus­tice bri­tan­nique qui mas­quant un pro­gramme politique.

La tris­te­ment célèbre pri­son de Bel­marsh, en Grande-Bre­­tagne, est main­te­nant pré­sen­tée comme un exemple de bonne gou­ver­nance, révé­la­trice d’une socié­té juste et équi­table, équi­table mais ferme à l’égard de ceux qui ont enfreint la loi. Après un exa­men atten­tif du cas de Julian Assange, il ne fait guère de doute que pla­cer le jour­na­liste pri­mé dans un tel éta­blis­se­ment n’est rien d’autre que la der­nière étape avant sa res­ti­tu­tion aux États-Unis.

Jusqu’à pré­sent, Bel­marsh s’est acquit­té de cette volon­té de l’État.

Bel­marsh comme arme de choix de l’État

La juge Debo­rah Tay­lor a envoyé Assange à la pri­son de caté­go­rie A de Bel­marsh pour une infrac­tion à sa liber­té sur­veillée, même s’il a démon­tré qu’il avait de bonnes rai­sons de le faire.

Il est dif­fi­cile de ne pas conclure que son clas­se­ment en caté­go­rie A fut déci­dé pour l’affaiblir et le rendre vul­né­rable. Essen­tiel­le­ment, Assange a été envoyé à Bel­marsh pen­dant 50 semaines pour ne pas s’être pré­sen­té à un poste de police. Il n’y avait pas de pro­cès en cours ; il n’avait pas d’antécédents judi­ciaires ; il n’y avait pas d’accusations ; l’enquête sué­doise avait été aban­don­née. Donc, le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique n’avait rien d’autre contre lui que le fait de ne pas s’être pré­sen­té à un poste de police. Il convient éga­le­ment de sou­li­gner que la juge Tay­lor a com­mis une série d’erreurs lors de la condam­na­tion le 1er mai [2019], se réfé­rant à des accu­sa­tions de viol en Suède, qu’Assange a cor­ri­gées et qu’elle a ensuite recon­nues comme étant erro­nées. Ce qui montre que la juge Tay­lor s’est pré­sen­tée devant le tri­bu­nal sans être infor­mée, avec l’idée qu’Assange avait été accu­sée de viol quelque part, d’une manière ou d’une autre. Cela peut expli­quer en par­tie le rai­son­ne­ment qui sous-tend la condam­na­tion cruelle du juge Tay­lor, décrite par le Groupe de tra­vail des Nations Unies sur la déten­tion arbi­traire comme ’dis­pro­por­tion­née’, mais aus­si comme favo­ri­sant la pri­va­tion arbi­traire de la liber­té d’Assange. Qui plus est, il a été sou­li­gné que chaque année plu­sieurs mil­liers de per­sonnes au Royaume-Uni en liber­té sur­veillée ne se pré­sentent pas au poste de police sans pour autant être sou­mises à des peines aus­si sévères.

De toute évi­dence, le juge Tay­lor s’est appuyée sur les nar­ra­tives four­nies par l’État pour envoyer Assange dans un péni­ten­cier de caté­go­rie A, même si ces nar­ra­tives ont été com­plè­te­ment démon­tées. Une de ces fausses infor­ma­tions dif­fu­sées par l’État bri­tan­nique et ses prin­ci­paux par­te­naires média­tiques était que les auto­ri­tés sué­doises avaient aban­don­né les allé­ga­tions sexuelles qu’elles avaient por­tée contre Assange parce qu’elles ’ne pou­vaient pas faire avan­cer le dos­sier’ car il était enfer­mé à l’ambassade de l’Équateur à Londres. Cette dés­in­for­ma­tion était fausse, comme en témoigne le fait que les auto­ri­tés sué­doises avaient déjà réa­li­sé pas moins de 44 liai­sons vidéo ou entre­tiens avec des per­sonnes d’intérêt et étaient donc tout à fait capables d’interroger Assange à distance.

Quant à l’affaire elle-même, la ques­tion qui se pose main­te­nant est la sui­vante : quelle affaire ? Ouverte puis fer­mée, puis ouverte à nou­veau, puis fer­mée, puis fer­mée, puis ouverte, et pour­tant – le minis­tère public sué­dois a encore dit à l’époque qu’’une inter­view n’était pas à l’ordre du jour’.

Il n’est donc pas sur­pre­nant que les auto­ri­tés sué­doises semblent lais­ser l’affaire en sus­pens, comme elles le font depuis des années. Les tri­bu­naux sué­dois ayant récem­ment déjoué les ten­ta­tives du pro­cu­reur d’extrader Assange vers la Suède, la réou­ver­ture de l’affaire n’est-elle plus qu’une simple tac­tique de contrôle de l’opinion publique ? Peut-être l’ont-ils ouvert pour la troi­sième fois parce que clô­tu­rer défi­ni­ti­ve­ment le récit de plus en plus fal­la­cieux du « vio­leur » ris­quait d’attirer un sou­tien accru de la part des membres du public (et du gou­ver­ne­ment) qui n’étaient pas cer­tains aupa­ra­vant si Assange avait droit à un sou­tien moral quel­conque. Nous ver­rons si le pro­cu­reur sué­dois déci­de­ra si un ’entre­tien est à l’ordre du jour’ après avoir col­lé l’étiquette de vio­leur à Assange pen­dant plus de dix ans déjà.

C’est ain­si qu’avec toute la force que l’establishment bri­tan­nique pou­vait exer­cer der­rière un délit mineur d’infraction à une liber­té sur­veillée, Assange se retrouve pié­gé à l’intérieur de la pri­son de Belmarsh.

Bel­marsh refuse d’appliquer la loi

Le régime de haute sécu­ri­té de la pri­son de SM Bel­marsh s’est avé­ré jusqu’à pré­sent para­ly­sant pour les espoirs d’Assange d’organiser une défense juri­dique. Il est main­te­nant de noto­rié­té publique que les fonc­tion­naires du gou­ver­ne­ment de Bel­marsh ont impo­sé des res­tric­tions qui ont pour effet de pri­ver Assange de visites juri­diques suf­fi­santes, de lui refu­ser la pos­si­bi­li­té de par­ler à ses avo­cats amé­ri­cains, de lui refu­ser l’accès et la pos­ses­sion de docu­ments juri­diques et de lui refu­ser les moyens essen­tiels pour pré­pa­rer sa défense juri­dique, à savoir un ordi­na­teur portable.

Pour les lec­teurs qui ne connaissent pas le jar­gon juri­dique, les pas­sages sui­vants mon­tre­ront com­ment on peut mesu­rer le trai­te­ment d’Assange par Bel­marsh par rap­port aux pro­tec­tions et direc­tives recon­nues, telles que :

L’article 6.3 de la Conven­tion euro­péenne des droits de l’homme, qui revêt une impor­tance par­ti­cu­lière pour les pri­son­niers (Assange est clai­re­ment un pri­son­nier poli­tique) et sti­pule que les déte­nus doivent :

’.… dis­po­ser du temps et des faci­li­tés néces­saires à la pré­pa­ra­tion de leur défense…’

Le Conseil de l’Europe (CdE) a éla­bo­ré une défi­ni­tion de ce que cela signi­fie dans un guide sur l’article 6 de la CEDH :

386. Les ’faci­li­tés’ dont doit béné­fi­cier toute per­sonne accu­sée d’une infrac­tion pénale com­prennent la pos­si­bi­li­té de prendre connais­sance, aux fins de la pré­pa­ra­tion de sa défense, des résul­tats des enquêtes menées au cours de la pro­cé­dure.
387.Afin de faci­li­ter la conduite de la défense, l’accusé ne doit pas être empê­ché d’obtenir des copies des docu­ments per­ti­nents du dos­sier de l’affaire, ni de com­pi­ler et d’utiliser toute note prise.

NOTE : Lors de l’audience du tri­bu­nal d’extradition amé­ri­cain d’Assange en juin, Assange lui-même a été caté­go­rique sur le fait qu’il n’avait même pas reçu le texte de l’acte d’accusation amé­ri­cain contre lui et a décla­ré qu’il devait rece­voir les docu­ments juri­diques essen­tiels qui lui étaient adres­sés. Son équipe juri­dique a éga­le­mentréité­ré que la pré­pa­ra­tion de sa défense était entra­vée et que l’accès à son client était res­treint par le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique. Il est dif­fi­cile de croire que cette stra­té­gie n’est pas intentionnelle.

Les lignes direc­trices du Conseil de l’Europe en matière de droits de l’homme ont éga­le­ment énon­cé dans ses Règles péni­ten­tiaires euro­péennes que :

23.6 Les déte­nus doivent avoir accès aux docu­ments rela­tifs à leur pro­cé­dure judi­ciaire ou être auto­ri­sés à les gar­der en leur possession.

Fair Trials, l’organisme mon­dial de sur­veillance de la jus­tice pénale, explique :

Une per­sonne fai­sant face à des accu­sa­tions cri­mi­nelles doit avoir le temps et les moyens néces­saires pour pré­pa­rer sa défense. Ce droit existe à tous les stades de la pro­cé­dure et com­prend le droit à des docu­ments, dos­siers et infor­ma­tions ain­si que la garan­tie d’une com­mu­ni­ca­tion confi­den­tielle avec des avo­cats.

En mai 2019, Nils Mel­zer, Rap­por­teur des Nations Unies sur la tor­ture, a indi­qué qu’Assange avait un accès limi­té aux docu­ments juri­diques dans sa cellule.

Plus récem­ment, le jour­na­liste lau­réat John Pil­ger, a éga­le­ment expli­qué qu’Assange n’avait pas eu accès à des docu­ments pour pré­pa­rer sa défense :

https://​you​tu​.be/​z​V​E​t​U​p​U​R​N​A​wEn ce qui concerne la demande d’Assange pour un ordi­na­teur por­table, les lignes direc­trices bri­tan­niques sur l’accès à la jus­tice montrent qu’il s’agit d’une demande rai­son­nable et le cas d’Assange semble répondre exac­te­ment aux condi­tions prévues :

L’orientation dit que les ordi­na­teurs por­tables devraient être accor­dés aux per­sonnes qui ne pour­raient pas se pré­pa­rer cor­rec­te­ment sans, mais ne devraient pas l’être uni­que­ment pour une rai­son de com­mo­di­té.’

Le guide du Conseil de l’Europe sur l’article 6.3 légi­time éga­le­ment cette demande :

387. Lorsqu’une per­sonne est déte­nue en atten­dant son pro­cès, la notion de ’faci­li­tés’ peut inclure des condi­tions de déten­tion qui per­mettent à la per­sonne de lire et d’écrire avec un degré rai­son­nable de concen­tra­tion. Il est essen­tiel que l’accusé et son avo­cat puissent tous deux par­ti­ci­per à la pro­cé­dure et pré­sen­ter des obser­va­tions sans souf­frir d’une fatigue excessive.

Suite à son éva­lua­tion d’Assange en mai à l’intérieur de la pri­son de Bel­marsh, Nils Mel­zer a publié une décla­ra­tion détaillant les condi­tions de déten­tion. Mel­zer était accom­pa­gné de deux experts médi­caux spé­cia­li­sés dans l’examen des vic­times poten­tielles de tor­ture ain­si que dans la docu­men­ta­tion des symp­tômes, tant phy­siques que psy­cho­lo­giques. En exa­mi­nant Assange Mel­zer a obser­vé ce qui suit :

«  Mais sur­tout, en plus des maux phy­siques, M. Assange pré­sen­tait tous les symp­tômes typiques d’une expo­si­tion pro­lon­gée à la tor­ture psy­cho­lo­gique, y com­pris le stress extrême, l’anxiété chro­nique et le trau­ma­tisme psy­cho­lo­gique intense. »

En plus de ces pré­oc­cu­pa­tions, des rap­ports indiquent éga­le­ment que des médi­ca­ments sont admi­nis­trés à Assange.

Mel­zer a éga­le­ment expli­qué que l’accumulation de pro­cé­dures judi­ciaires mul­tiples ajoute au stress et à l’incapacité d’Assange à faire face aux exi­gences de la pré­pa­ra­tion de sa défense. :

https://​you​tu​.be/​z​p​M​0​v​r​0​B​r​8​gIl est impor­tant de noter que les pré­pa­ra­tifs juri­diques d’Assange dans cette affaire n’ont rien à voir avec les fausses accu­sa­tions d’évasion sous liber­té sur­veillée pour les­quelles Assange fut ini­tia­le­ment arrê­té et déte­nu par le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique. Sa défense juri­dique consiste plu­tôt à com­battre ce qui pour­rait deve­nir un pré­cé­dent juri­dique déter­mi­nant pour notre géné­ra­tion – une affaire d’extradition amé­ri­caine dans laquelle un citoyen non amé­ri­cain fait face à des accu­sa­tions en ver­tu du Espio­nage Act de 1917 pour son rôle (en tant que jour­na­liste) dans la divul­ga­tion de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité par le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain – tous publiés par un média non amé­ri­cain. Par consé­quent, on peut sou­te­nir à juste titre qu’en limi­tant l’accès d’Assange à une défense juri­dique adé­quate dans une affaire aus­si média­ti­sée et his­to­rique, le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique agit contre l’intérêt public, non seule­ment à domi­cile, mais aus­si à l’étranger.

Mal­gré tout cela, Bel­marsh semble avoir igno­ré ou reje­té les pré­oc­cu­pa­tions concer­nant l’incapacité d’Assange d’avoir accès aux tri­bu­naux pour sa défense et lui refuse des ’faci­li­tés’.

Les res­tric­tions impo­sées par Bel­marsh à la capa­ci­té d’Assange de ren­con­trer ses avo­cats et son refus de lui per­mettre de par­ler à ses avo­cats amé­ri­cains semblent saper le fon­de­ment même de l’article 6, qui, selon le guide du Conseil de l’Europe :

’.…garan­tit le droit d’un accu­sé de par­ti­ci­per effec­ti­ve­ment à un pro­cès pénal.’

En recon­nais­sance de l’article 6, le site Web du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique four­nit des conseils sur le droit de tous les déte­nus de contac­ter leur avocat :

Les pri­son­niers ont des droits, y com­pris celui d’entrer en contact avec un avo­cat.’

Les droits des déte­nus sont éga­le­ment sou­te­nus par le Citizen’s Advice Bureau (CAB) du Royaume-Uni, qui four­nit un ser­vice consul­ta­tif à tous les déte­nus. Ce qui suit résume les droits des déte­nus dans les domaines par­ti­cu­liers où Assange a deman­dé un accès mais s’est vu refu­ser ou res­treindre cet accès par Bel­marsh (gras ajouté) :

  • Des ins­tal­la­tions adé­quates pour pré­pa­rer une défense, y com­pris un nombre illi­mi­té de visites de leur conseiller juridique.
  • Appels télé­pho­niques illi­mi­tés à leur conseiller juri­dique ou au CAB. Un déte­nu peut être en mesure d’utiliser le télé­phone offi­ciel de la pri­son pour des appels juri­diques urgents avec l’autorisation écrite du gou­ver­neur. On s’attend à ce qu’un pri­son­nier paie pour ces appels, à moins que le gou­ver­neur ne soit convain­cu qu’il ne peut pas payer.
  • Un déte­nu a accès à des ins­tal­la­tions infor­ma­tiques, pour une durée limi­tée, afin de l’aider à pré­pa­rer une action en jus­tice, lorsqu’il peut démon­trer que son cas serait com­pro­mis sans cet accès – par exemple, s’il a un han­di­cap ou un autre pro­blème de san­té pertinent.

Il appa­raît donc clai­re­ment qu’Assange se voit refu­ser les droits des déte­nus en matière d’accès à la jus­tice. Le résul­tat de ces res­tric­tions impo­sées à Assange est qu’il ne peut pas par­ti­ci­per effec­ti­ve­ment à la pro­cé­dure judi­ciaire enga­gée contre lui. Les res­tric­tions actuelles de M. Bel­marsh semblent miner toutes ses ten­ta­tives d’accès à toutes les voies de jus­tice, ain­si que les moyens néces­saires pour par­ti­ci­per à sa défense juri­dique depuis qu’il est entré en pri­son. Ces atteintes aux droits et ces refus d’accès à la jus­tice sont sou­vent impu­tés à des pénu­ries, à des pro­blèmes de sys­tème et à des défaillances, et même jus­ti­fiés par la sécu­ri­té et la pra­tique ins­ti­tu­tion­nelle. Cepen­dant, toutes les lacunes du sys­tème bri­tan­nique dans ce cas pour­raient faci­le­ment être évi­tées ou cor­ri­gées par les auto­ri­tés pénitentiaires.

Dans le cas d’Assange, cela signi­fie que son équipe juri­dique est for­cée de perdre du temps et des res­sources à ten­ter d’obtenir un accès légal à la jus­tice, y com­pris éven­tuel­le­ment en inten­tant des pour­suites contre Bel­marsh et le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique. Il est facile d’imaginer pour­quoi les auto­ri­tés sont très satis­faites que cela se pro­duise : cela fait perdre du temps, épuise les res­sources de son équipe juri­dique et fait s’accumuler les litiges. Le nombre de batailles qui peuvent être livrées en même temps est limi­té ; l’appel d’Assange contre la sen­tence de Bel­marsh sur la vio­la­tion de liber­té sur­veillée a déjà été aban­don­né. Et même si cer­taines res­tric­tions seront moins sévères lorsqu’Assange se retrou­ve­ra pro­ba­ble­ment en déten­tion pro­vi­soire pour lut­ter contre l’extradition, le bon sens nous dicte que l’impact des res­tric­tions exer­cées avant cette date sera très pré­ju­di­ciable à sa défense.

L’accès à la jus­tice’ a été décrit par la CEDH comme suit :

L’accès à la jus­tice per­met aux indi­vi­dus de se pro­té­ger contre les atteintes à leurs droits, de répa­rer les torts civils, de deman­der des comptes au pou­voir exé­cu­tif et de se défendre dans les pro­cé­dures pénales. C’est un élé­ment impor­tant de l’État de droit…

Si nous pen­sons que les obs­tacles à la capa­ci­té d’Assange à se défendre contre l’extradition sont jus­ti­fiés par les cri­tères d’un sys­tème péni­ten­tiaire de haute sécu­ri­té ’sur­char­gé et sous-finan­­cé ’, alors nous ne fai­sons que consen­tir à l’érosion de la loi et accep­ter à sa place les règles impo­sées par les admi­nis­tra­teurs des ins­ti­tu­tions de l’État – au détri­ment de la liber­té indi­vi­duelle. Ces jus­ti­fi­ca­tions pour refu­ser à Assange son droit légal fon­da­men­tal à la jus­tice sont des pré­textes com­modes pour Bel­marsh qui fut choi­sie – et pas par hasard – pour ser­vir un objec­tif poli­tique qui cherche à obte­nir sa res­ti­tu­tion aux Etats-Unis.

Deux poids, deux mesures : l’expérience de la pri­son de Bel­marsh selon le gouverneur

Bel­marsh est éga­le­ment la pri­son d’État de pré­di­lec­tion de Tom­my Robin­son (de son vrai nom Ste­phen Yax­­ley-Len­­non), per­son­na­li­té d’extrême-droite contro­ver­sée et fon­da­teur de l’English Defence League. M. Robin­son a été recon­nu cou­pable d’outrage au tri­bu­nal pour avoir dif­fu­sé le pro­cès d’un gang de tra­fi­quants sexuels sur Face­book Live à l’extérieur du tri­bu­nal de Leeds en 2018, et fut par la suite condam­né et enfer­mé comme « déte­nu civil » [caté­go­ri­sa­tion des déte­nus en fonc­tion de leur sta­tut et/ou nature d’infraction – NdT].

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Robin­son est entré en pri­son por­tant un t‑shirt « condam­né pour journalisme »

Contrai­re­ment à Assange qui a été pla­cé dans la popu­la­tion car­cé­rale géné­rale avant d’être pla­cé dans une aile médi­cale, le pla­ce­ment spé­cial de Robin­son semble appar­te­nir à la caté­go­rie des déte­nus à Bel­marsh qui, en rai­son de leur pro­fil public et média­tique, néces­site des dis­po­si­tions par­ti­cu­lières de ges­tion’ et a donc été iso­lé de tous les autres déte­nus. En consé­quence, il est déte­nu dans l’unité de haute sécu­ri­té à l’intérieur de Bel­marsh. Les déte­nus civils sont trai­tés de la même manière que les déte­nus condam­nés, à quelques excep­tions près, l’une d’entre elles étant le droit de visite. Selon l’un de ses récents visi­teurs, Ezra Levant, direc­teur du média cana­dien The Rebel Media, par qui Robin­son était employé, ce cer­nier reçoit des visi­teurs trois ou quatre fois par semaine. Levant a éga­le­ment décla­ré que le direc­teur de la pri­son, Rob Davis OBE, visite Robin­son tous les jours, notant que,

’…le gou­ver­neur de la pri­son, le direc­teur comme nous l’appelons en Amé­rique du Nord, lui rend visite tous les jours, ne serait-ce qu’un ins­tant, pour lui dire ’com­ment ça va’. J’ai trou­vé cela très inté­res­sant. Non seule­ment le direc­teur se met à la dis­po­si­tion de Tom­my, mais il ins­pecte pour s’assurer que tout va bien. J’ai trou­vé ça très inté­res­sant et ras­su­rant.’

Une autre visi­teuse de The Rebel MediaJes­si­ca Swie­to­niows­ki, a rap­por­té que Robin­son est auto­ri­sé à faire des appels télé­pho­niques illi­mi­tés entre 9h et 11h chaque matin, déclarant :

’… de 9 h à 11 h, il peut sor­tir de sa cel­lule, donc sa cel­lule s’ouvre de 9 h du matin à 11 h, à 11 h [il] revient dans la cel­lule. Pen­dant ce temps, il peut faire de l’exercice et pas­ser autant d’appels qu’il veut, ce qui est une bonne nou­velle.’

Il convient de noter ici que la capa­ci­té de Robin­son d’avoir un accès sans entraves aux appels télé­pho­niques est pro­ba­ble­ment due au fait qu’il est un déte­nu civil. Cepen­dant, cela montre le fos­sé qui sépare l’accès aux res­sources d’un déte­nu à un autre, et le peu de res­sources accor­dées à Assange en comparaison.

Swie­to­niows­ki a éga­le­ment décla­ré que le gou­ver­neur de Bel­marsh avait ’ fait une excep­tion pour moi ’ de rendre visite à Robin­son lors d’une ses­sion de visite le ven­dre­di 15 août au matin, et que le direc­teur de la pri­son tra­vaillait avec ’nous’ (The Rebel Media) pour assu­rer que leurs visites à Bel­marsh soient aus­si ’posi­tives que pos­sible’. Ceci est expli­qué dans les ’rap­ports de pri­son’ de The Rebel qui docu­mentent leurs visites à Belmarsh.

Il convient éga­le­ment de noter que si le gou­ver­neur a pris la déci­sion de faire une excep­tion pour un organe de presse qui a employé Robin­son et qui peut tou­cher les par­ti­sans de Robin­son – il y aura for­cé­ment des réper­cus­sions posi­tives en termes de rela­tions publiques pour Bel­marsh, et par exten­sion pour tous les fonc­tion­naires du gou­ver­ne­ment bri­tan­nique impli­qués dans le pro­ces­sus. Ils espèrent peut-être que les efforts de Bel­marsh auront un écho favo­rable auprès des par­ti­sans de Robin­son et contri­bue­ront à apai­ser les menaces d’agitation que craint le gou­ver­ne­ment. De même, aux yeux de la base de sou­tien de droite de M. Robin­son, le trai­te­ment glo­ba­le­ment posi­tif de M. Bel­marsh à l’égard de M. Robin­son pour­rait avoir des réper­cus­sions posi­tives sur le nou­veau gou­ver­ne­ment conser­va­teur et le cabi­net diri­gé par Boris John­son, alors que le Par­le­ment se dirige vers des élec­tions géné­rales. Il est rai­son­nable de consi­dé­rer qu’il s’agit là d’un résul­tat pré­vi­sible du trai­te­ment publi­que­ment favo­rable que le gou­ver­neur a réser­vé à Robinson.

L’État, par l’intermédiaire de Bel­marsh, tente-t-il de cal­mer les par­ti­sans d’un indi­vi­du tout en refu­sant à un autre l’accès à la jus­tice ? S’agit-il d’un pro­gramme fal­la­cieux qui se déroule actuel­le­ment dans le cadre d’un sys­tème car­cé­ral politisé ?

Le contraste frap­pant entre le trai­te­ment réser­vé par la pri­son à deux per­son­na­li­tés de pre­mier plan, Robin­son et Assange, est cer­tai­ne­ment évident. Bien que Robin­son soit trai­té équi­ta­ble­ment et léga­le­ment, Assange ne l’est pas.

 

John Pil­ger

@johnpilger

Visi­ting Julian #Assange in pri­son I glimp­sed his bar­ba­ric treat­ment. Iso­la­ted, denied pro­per exer­cise, access to the libra­ry, a lap­top, he can­not pre­pare his defence. He is even denied calls to his US lawyers. His UK lawyer wrote to the gover­nor on 4 June. Silence. How lawless.

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Selon John Pil­ger, le direc­teur de la pri­son n’avait pas non plus répon­du à la lettre envoyée par l’avocat d’Assange, Gareth Peirce, le 4 juin, à pro­pos des res­tric­tions impo­sées aux droits d’accès d’Assange.

Tout indique que l’État bri­tan­nique, via la pri­son de Bel­marsh, impose un régime de non-droit à Assange, qui se retrouve une fois de plus à se battre pour ses droits humains fon­da­men­taux et le res­pect de la léga­li­té en Grande-Bretagne.

[Deuxième partie – 3/10/2019]
Garder Assange en prison au nom des Néocons de Washington

La déci­sion ren­due le 13 sep­tembre par la juge Vanes­sa Barait­ser lors d’une ’audience tech­nique’ devant le tri­bu­nal de pre­mière ins­tance de West­mins­ter signi­fie que, bien qu’Assange pou­vait être libé­ré sur parole après avoir accom­pli la moi­tié de ce que les experts estiment être une peine dis­pro­por­tion­née de 50 semaines, il res­te­ra en pri­son pen­dant qu’il s’oppose à une extra­di­tion vers les États-Unis, un pro­ces­sus qui pour­rait prendre de nom­breuses années. Barait­ser a jus­ti­fié sa déci­sion ainsi :

’j’ai de bonnes rai­sons de croire que si je vous libère, vous vous enfui­rez à nouveau’

Elle a décrit son chan­ge­ment de sta­tut comme suit :

’.…de celui d’un déte­nu à celui d’une per­sonne mena­cée d’extradition’

Selon la jus­tice bri­tan­nique, M. Assange fut ini­tia­le­ment appré­hen­dé et condam­né à la pri­son parce qu’il avait ’vio­lé la liber­té sur­veillé’ en cher­chant refuge et l’asile poli­tique auprès de l’ambassade équa­to­rienne de Londres. Mal­gré le fait que l’enquête ini­tiale dans laquelle il était recher­ché pour inter­ro­ga­toire par les auto­ri­tés sué­doises (et auquel il s’était confor­mé) avait été aban­don­née, les tri­bu­naux bri­tan­niques trai­taient tou­jours Assange comme un cri­mi­nel dan­ge­reux et le condam­naient comme tel. Les nar­ra­tives conte­nues dans la décla­ra­tion de Barait­ser, les injus­tices qui en découlent et les pro­cé­dures entou­rant cette audience ont tous été sou­li­gnés et fer­me­ment condam­nés. De plus, mal­gré le chan­ge­ment de sta­tut d’Assange, il a jusqu’à pré­sent été main­te­nu à Belmarsh.

Ces inco­hé­rences devraient sou­le­ver de sérieux doutes quant au fonc­tion­ne­ment objec­tif et conforme aux normes juri­diques natio­nales et inter­na­tio­nales du sys­tème judi­ciaire britannique.

Le « risque de fuite »

Le rap­port d’inspection 2018 du gou­ver­ne­ment décrit Bel­marsh comme suit :

« Pro­ba­ble­ment la pri­son la plus pres­ti­gieuse du Royaume-Uni, elle conte­nait un mélange extrê­me­ment com­plexe d’hommes. Il y avait des jeunes adultes et des hommes à faible risque sem­blables à ceux déte­nus dans d’autres pri­sons locales, mais aus­si plus de 100 condam­nés à une peine d’une durée indé­ter­mi­née et d’autres déte­nus pour les infrac­tions les plus graves. »

Dans une récente inter­view, John Ship­ton, le père d’Assange, a expli­qué qu’Assange était un déte­nu de caté­go­rie ’B’. Cepen­dant, comme on peut le voir, l’infraction de 2012 d’Assange en rap­port à sa liber­té sur­veillée fait par­tie des cri­tères appli­cables aux déte­nus de caté­go­rie C. Selon les don­nées du Conseil de la déter­mi­na­tion des peines, seule une mino­ri­té d’affaires abou­tit à des peines pri­va­tives de liber­té. Les cri­tères de la caté­go­rie C sont expli­qués comme suit :

.…vous avez pris la fuite, omis de vous rendre, vio­lé la liber­té sous cau­tion, un couvre-feu de déten­tion à domi­cile ou une libé­ra­tion avec per­mis tem­po­raire au cours des trois der­nières années…

Il est impor­tant de noter que ’omis de se rendre’ n’est pas la même chose que s’évader ou prendre la fuite. Si le récit de la fuite est uti­li­sé pour main­te­nir Assange en déten­tion pro­vi­soire c’est aus­si un méca­nisme juri­dique pra­tique pour le main­te­nir dans la caté­go­rie A à Belmarsh.

Mais nous ne devons pas lais­ser le récit de Barait­ser sur le risque de fuite nous faire croire que c’est ain­si que les choses sont cen­sées fonc­tion­ner. Comme nous l’avons déjà sou­li­gné, chaque année plu­sieurs mil­liers de per­sonnes au Royaume-Uni échappent à leur liber­té sur­veillée – sans se retrou­ver à la pri­son de Bel­marsh. Il existe une dis­tinc­tion claire entre ceux qui ne se rendent pas à un poste de police et les indi­vi­dus dan­ge­reux qui s’échappent d’une garde à vue. Le cadre de sécu­ri­té natio­nale du gou­ver­ne­ment pour les pri­sons défi­nit les déte­nus de caté­go­rie A comme suit :

’Un déte­nu de caté­go­rie A est un déte­nu dont l’évasion serait très dan­ge­reuse pour le public, la police ou la sécu­ri­té de l’État, et pour qui l’évasion doit être ren­due impossible.

…le poten­tiel d’évasion n’aura nor­ma­le­ment pas d’incidence sur l’examen de la per­ti­nence de la caté­go­rie A, parce que la défi­ni­tion porte sur la dan­ge­ro­si­té du déte­nu s’il s’est éva­dé et non sur la pro­ba­bi­li­té qu’il s’évade et, de toute façon, il est impos­sible de pré­voir toutes les cir­cons­tances dans les­quelles une éva­sion peut survenir.’

Parce qu’il fut condam­né en avril 2019 pour une infrac­tion mineure, Assange ne pou­vait être trai­té pen­dant très long­temps comme un déte­nu de caté­go­rie A. Com­ment est-ce pos­sible ? La déci­sion du juge Barait­ser d’ordonner la déten­tion pro­vi­soire d’Assange ’en tant que per­sonne mena­cée d’extradition’ avec le récit selon lequel ’il s’enfuirait’ ne devrait pas ser­vir de pré­texte pour le sou­mettre à une déten­tion illi­mi­tée dans une pri­son de caté­go­rie A, où il a été démon­tré que l’accès à la jus­tice est refusé.

De délin­quant mineur à cri­mi­nel dangereux

Quelle que soit votre caté­go­rie, une fois à Bel­marsh, vous êtes sou­mis à de sévères res­tric­tions. C’est un point qui a été sou­le­vé à maintes reprises dans les rap­ports gou­ver­ne­men­taux. Suite à une ins­pec­tion gou­ver­ne­men­tale en 2013, le texte sui­vant a été rédi­gé :

’L’accent mis sur la sécu­ri­té dont HMP Bel­marsh avait besoin pour son petit groupe de déte­nus à haut risque avait un impact dis­pro­por­tion­né sur sa popu­la­tion plus générale.…

…de nom­breuses mesures de sécu­ri­té sup­plé­men­taires n’étaient néces­saires que pour un petit nombre de déte­nus sur la base de leur caté­go­rie de sécu­ri­té, mais la sécu­ri­té pour­rait deve­nir une expli­ca­tion fourre-tout des fai­blesses et des insuf­fi­sances des résul­tats pour les déte­nus de caté­go­rie inférieure…’.

En 2018, un rap­port de la Chambre des com­munes sur la san­té dans les pri­sons décri­vait comme suit les effets des mesures sévères de sécu­ri­té à Belmarsh :

« La popu­la­tion est très hété­ro­gène, allant des déte­nus de caté­go­rie A aux déte­nus de caté­go­rie D. Cepen­dant, seuls les déte­nus à très haut risque sont sus­cep­tibles de res­ter long­temps, car les délin­quants peuvent venir à Bel­marsh avant d’être trans­fé­rés dans d’autres pri­sons. Au moment de notre visite, Bel­marsh comp­tait plu­sieurs déte­nus de caté­go­rie D, en rai­son de pro­blèmes de pla­ce­ment, qui sont gérés avec le même niveau de sécu­ri­té que les déte­nus de caté­go­rie A. »

Le gou­ver­ne­ment recon­naît que les pri­son­niers qui se rendent à Bel­marsh, peu importe leur crime ou leur caté­go­rie, sont sou­mis à des res­tric­tions de sécu­ri­té de caté­go­rie A. Le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique qui pour­suit Assange depuis près d’une décen­nie peut comp­ter sur Bel­marsh pour lui infli­ger une ’expé­rience de déten­tion intense’ où les res­tric­tions sécu­ri­taires peuvent entra­ver l’accès à la jus­tice et la capa­ci­té de se pré­pa­rer à sa défense, tout en niant sa capa­ci­té à l’autodétermination.

Com­ment le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique peut-il s’en tirer en impo­sant la peine la plus sévère pos­sible à quelqu’un qui a com­mis l’infraction la plus mineure mais qui a aus­si embar­ras­sé le gou­ver­ne­ment et ses alliés ? Com­ment le faire en plein jour tout en le fai­sant paraître légal ? La réponse est le camou­flage : des cen­taines, des mil­liers d’hommes, qui ne repré­sentent aucune menace pour le public, ont fran­chi les portes de la pri­son de Bel­marsh et ont été sou­mis à de fortes res­tric­tions de sécu­ri­té – où tous les pri­son­niers sont trai­tés comme s’ils étaient de dan­ge­reux cri­mi­nels. C’est deve­nu la norme, même si le gou­ver­ne­ment lui-même recon­naît que la sécu­ri­té est dis­pro­por­tion­née. En se débar­ras­sant d’Assange, quoi de mieux que de le pié­ger dans un tel endroit, où les ques­tions d’équité et de pro­por­tion­na­li­té du trai­te­ment peuvent être jus­ti­fiées comme consé­quences des mesures de sécurité.

Plus tard, lorsque sa puni­tion extrême pour avoir enfreint la liber­té sur­veillé pren­dra fin, l’État bri­tan­nique pour­rait le gar­der jusqu’à ce qu’une occa­sion se pré­sente de le rendre à l’allié le plus puis­sant de la Grande-Bre­­tagne, où Assange croit qu’il per­dra la vie à moins que les condi­tions dif­fi­ciles aux­quelles il est actuel­le­ment sou­mis ne le tuent pas avant.

L’emploi de Bel­marsh comme bour­reau d’Assange, tout en por­tant le masque de la bonne gou­ver­nance, est très effi­cace. Dans une récente inter­view, Kris­tinn Hrafns­son, rédac­teur en chef de Wiki­leaks, a rap­por­té que les avo­cats repré­sen­tant les pri­son­niers de caté­go­rie A à Bel­marsh ont affir­mé que les condi­tions dans les­quelles Assange est déte­nu étaient plus sévères que celles des cri­mi­nels vio­lents qu’ils représentent.

https://youtu.be/e0XdsC3jaXwC’est comme si le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique comp­tait sur les défaillances et la dis­pro­por­tion­na­li­té de son ins­ti­tu­tion la plus sévère pour deve­nir la norme et échap­per à tout contrôle.

Le pri­son­nier excep­tion­nel : Assange enfer­mé à Bel­marsh plus long­temps que le meur­trier moyen ?

En plus des direc­tives gou­ver­ne­men­tales, des ins­pec­tions et des conclu­sions par­le­men­taires, les sta­tis­tiques démontrent éga­le­ment qu’Assange pour­rait faire l’objet d’un trai­te­ment exceptionnel.

Les déte­nus ne rele­vant pas de la caté­go­rie A sont géné­ra­le­ment trans­fé­rés de Bel­marsh dans les mois qui suivent. Son rap­port d’inspection de 2018 montre que sur 769 déte­nus (âgés de plus de 21 ans), 120 seule­ment étaient encore là après un an. De ce nombre, six seule­ment n’avaient pas été condam­nés (en déten­tion pro­vi­soire), tan­dis qu’aucun déte­nu non condam­né n’y a pas­sé plus de deux ans.

De même, le rap­port d’inspection de 2015 montre que sur 808 hommes, seuls 112 (âgés de plus de 21 ans) y sont res­tés après un an, dont 8 seule­ment n’avaient pas été condam­nés. Un seul pri­son­nier non condam­né était encore déte­nu après 2 ans. Rien n’indique si les per­sonnes non condam­nées l’ont fina­le­ment été, une caté­go­rie de déten­tion pré­ven­tive qui s’applique main­te­nant à Assange, en ver­tu des dis­po­si­tions de la loi de 1989 sur l’extradition et de la loi de 1965 sur l’exécution des man­dats d’arrêt.

Il appa­raît clai­re­ment que Bel­marsh n’est ni équi­pé ni adap­té pour gar­der des déte­nus non clas­sés dans la caté­go­rie A pen­dant de longues périodes, en par­ti­cu­lier ceux en déten­tion pré­ven­tive. Le rap­port de 2018 sou­ligne que même les cri­mi­nels dan­ge­reux ne devraient pas être gar­dés à Bel­marsh pen­dant de longues périodes (indi­quées comme étant plus d’un an) :

Bel­marsh n’a pas été mis en place pour gérer des déte­nus condam­nés pour une longue période.’

La déci­sion de Barait­ser signi­fie qu’Assange ne sera pas libé­ré pen­dant qu’il son com­bat contre l’extradition vers les États-Unis, mais qu’il res­te­ra enfer­mé en tant que per­sonne mena­cée d’extradition, jusqu’à ce qu’il gagne son pro­cès ou soit extra­dé vers les États-Unis. Tou­te­fois, l’équipe juri­dique d’Assange a fait remar­quer que cette affaire pour­rait durer de nom­breuses années.

Cela signi­­fie-t-il qu’Assange pour­rait pas­ser des années à lan­guir dans une pri­son de caté­go­rie A, un pri­son­nier non condam­né qui ne pré­sente aucun dan­ger pour le public, alors que cer­tains des cri­mi­nels les plus dan­ge­reux et les plus vio­lents du pays ne feront que pas­ser ? Si Assange devait être main­te­nu à Bel­marsh, ce serait pro­ba­ble­ment le cas. Lors d’une confé­rence de presse cette semaine, John Ship­ton a expli­qué que la lutte de son fils contre l’extradition vers les États-Unis pour­rait prendre jusqu’à cinq ans, si elle abou­tit devant la Cour euro­péenne des droits de l’homme.

https://​you​tu​.be/​i​K​S​M​0​s​E​J​S6AL’isolement pour soins de san­té : un récit trop commode

Bien qu’il soit déjà sou­mis à d’intenses res­tric­tions qui violent ses droits humains fon­da­men­taux, Assange est éga­le­ment sou­mis au dur régime d’isolement résul­tant de son incar­cé­ra­tion en tant que patient hos­pi­ta­li­sé dans l’unité de soins. Les uni­tés de soins offrent un autre moyen d’isoler une per­sonne – de la même manière que la sécu­ri­té peut être uti­li­sée pour jus­ti­fier le déni des droits des déte­nus. L’isolement dans les éta­blis­se­ments péni­ten­tiaires est lar­ge­ment recon­nu comme un pro­blème réel, comme le sou­lignent les ins­truc­tions de l’administration péni­ten­tiaire sur la foi et les soins pas­to­raux publiées par le gou­ver­ne­ment :

Un membre de l’équipe d’aumônerie doit rendre visite quo­ti­dien­ne­ment aux déte­nus dans le centre de soins. Non seule­ment il s’agit d’une exi­gence légale, mais elle recon­naît aus­si que les déte­nus qui reçoivent des soins de san­té peuvent sou­vent se sen­tir iso­lés ou dépri­més. Ils sont nor­ma­le­ment reti­rés de la rou­tine de la vie car­cé­rale et exclus de l’accès à de nom­breuses acti­vi­tés.

Les uni­tés de soins hos­pi­ta­liers sont des envi­ron­ne­ments com­plexes et dif­fi­ciles. Ils peuvent jus­ti­fier l’isolement comme mesure pré­ven­tive, par exemple en cas de mala­die infec­tieuse. Mais ce n’est qu’une par­tie de l’histoire. Le rap­port d’inspection Bel­marsh de 2018 réa­li­sé par le Conseil de sur­veillance indé­pen­dant sou­ligne que les patients hos­pi­ta­li­sés sont régu­liè­re­ment lais­sés dans leur cel­lule en rai­son des nom­breuses exi­gences liées à l’instabilité et à la fra­gi­li­té des ’patients hos­pi­ta­li­sés en san­té men­tale’, une situa­tion aggra­vée par un manque de personnel :

Ce qui pré­oc­cupe le conseil d’administration, c’est le nombre éle­vé de patients hos­pi­ta­li­sés en san­té men­tale, de patients « mul­­ti-unlock » [ tra­duc­tion ? NdT] des patients sous sur­veillance constante. A titre d’exemple, chaque patient sous sur­veillance constante néces­site un membre du per­son­nel dédié pour le sur­veiller. Les soins sup­plé­men­taires dont ces patients ont besoin affectent le régime de san­té et d’autres sec­teurs de la pri­son lorsque le per­son­nel doit être mobi­li­sé pour leur appor­ter un sou­tien’.

Ain­si, l’isolement est pré­sen­té comme une rou­tine dans le sys­tème de san­té car­cé­ral, expli­quée par le manque de per­son­nel, et comme une ques­tion de san­té et de sécu­ri­té. La situa­tion décrite ci-des­­sus n’est pas satis­fai­sante en soi, mais n’explique pas le niveau d’isolement que connaît Assange à l’intérieur de l’unité de san­té de Bel­marsh. Une visi­teuse d’Assange, Feli­ci­ty Ruby, a récem­ment rap­por­té qu’il semble y avoir un régime de sépa­ra­tion planifiée :

« Il explique qu’il est trans­por­té à l’intérieur et à l’extérieur de sa cel­lule, où il est déte­nu pen­dant vingt-deux heures par jour dans le cadre de ce que l’on appelle des ’dépla­ce­ments contrô­lés’, ce qui signi­fie que la pri­son est fer­mée à clé et les cou­loirs sont éva­cués. »

[note du tra­duc­teur : voir compte-ren­­du de Feli­ci­ty Ruby en fran­çais : https://​www​.les​-crises​.fr/​a​s​s​a​n​g​e​–​d​e​r​r​i​e​r​e​–​l​e​s​–​b​a​r​r​e​a​ux/ ]

Bel­marsh ten­te­rait sans doute de four­nir un récit sur la sécu­ri­té ou la pro­cé­dure pour jus­ti­fier cela, mais l’isolement d’Assange a été constant et conti­nu pen­dant une longue période de temps. En août, John Pil­ger a révé­lé qu’Assange n’était pas auto­ri­sé à fra­ter­ni­ser avec d’autres déte­nus pen­dant les périodes d’activités communes :

«  Ils semblent lui impo­ser un régime – qui doit être puni­tif – d’isolement. Il est dans l’aile de san­té – ce qu’on appelle l’aile de san­té – de la pri­son de Bel­marsh, mais il est dans une seule cel­lule et il m’a dit : ’ Je vois des gens pas­ser et j’aimerais bien leur par­ler, mais je ne peux pas ’. Les pri­son­niers de caté­go­rie A, les meur­triers et les autres per­sonnes qui ont com­mis des crimes graves sont auto­ri­sés à fra­ter­ni­ser. Julian n’a pas le droit de fra­ter­ni­ser. Il n’a même pas le droit de télé­pho­ner à ses avo­cats amé­ri­cains… »

Plus récem­ment, dans une autre inter­view, John Ship­ton https://​you​tu​.be/​s​d​v​g​P​1​1​x​pSs qu’Assange est auto­ri­sé à assis­ter à la messe catho­lique, sinon il ne ver­rait jamais d’autres déte­nus. Il est impor­tant de noter que la pra­tique de la reli­gion est un droit humain ; ce n’est pas la même chose que la par­ti­ci­pa­tion à des acti­vi­tés com­munes, et elle s’exerce sous contrôle.

Le trai­te­ment constant doit cer­tai­ne­ment indi­quer qu’un régime a été impo­sé pour res­treindre autant que pos­sible l’interaction d’Assange avec les autres pri­son­niers, tan­dis que la seule conces­sion au culte pro­tège les auto­ri­tés d’une nou­velle contro­verse publique. C’est là que les pro­ces­sus admi­nis­tra­tifs de Bel­marsh assurent une fonc­tion indi­recte de rela­tions publiques.

Assange n’est pas un pri­son­nier condam­né qui purge une peine, mais un pri­son­nier non condam­né qui est innocent.

N’étant plus un pri­son­nier, les droits et ’pri­vi­lèges’ d’Assange ont chan­gé. En tant que per­sonne mena­cée d’extradition, il aurait droit aux condi­tions énon­cées dans l’ordonnance no 4600 de l’Administration péni­ten­tiaire. Voi­ci quelques-uns des droits par­ti­cu­liers accor­dés aux déte­nus non condamnés :

  • Avoir accès à ses frais à des livres, jour­naux, maté­riel d’écriture et autres moyens d’occupation.
  • Avoir des objets pour des acti­vi­tés et passe-temps dans sa cel­lule remis par des parents ou des amis ou achetés.
  • Exer­cer des acti­vi­tés commerciales
  • Por­ter ses propres vête­ments, sauf s’ils soint jugés inap­pro­priés ou inadaptés.
  • Être sui­vi par son propre méde­cin ou den­tiste agréé, à ses propres frais.
  • Rece­voir autant de visites qu’il le sou­haite, dans des limites rai­son­nables. Les déte­nus non condam­nés ont le droit de rece­voir autant de visites qu’ils le sou­haitent (la poli­tique de l’administration péni­ten­tiaire exige au mini­mum que les éta­blis­se­ments leur accordent trois heures de visite par semaine).

L’association cari­ta­tive Pri­so­ners’ Advice Ser­vice sou­ligne éga­le­ment que les déte­nus non condam­nés ont le droit de dépen­ser plus d’argent par semaine.

Il appa­raît que, très sou­vent, les déte­nus en déten­tion pro­vi­soire ne reçoivent pas les choses aux­quelles ils ont droit, pour diverses rai­sons. Il est rai­son­nable de s’attendre à ce que des res­tric­tions soient impo­sées à Assange et qu’il fau­dra une pres­sion publique pour les faire tom­ber. Tou­te­fois, il convient éga­le­ment de rap­pe­ler que Bel­marsh a fait tout ce qui était en son pou­voir pour accom­mo­der cer­tains pri­son­niers très en vue et qu’il a démon­tré publi­que­ment qu’il pou­vait s’assurer que les droits et les droits des pri­son­niers soient res­pec­tés. En quit­tant Bel­marsh le ven­dre­di 13 sep­tembre, le jour où Assange s’est vu refu­ser sa sor­tie de pri­son, Tom­my Robin­son (de son vrai nom Ste­phen Yax­­ley-Len­­non), fon­da­teur de la English Defence League, est sor­ti de la pri­son de Bel­marsh en disant qu’il n’avait rien de ’néga­tif’ à dire sur le gou­ver­neur. (…) Dans chaque article publié, M. Robin­son aurait féli­ci­té le gou­ver­neur pour son sou­tien, notam­ment en veillant à ce qu’il reçoive plu­sieurs visites sociales par semaine, ce qui était per­mis, puisqu’il était un déte­nu civil condamné.

Main­te­nant qu’Assange est un pri­son­nier non condam­né, toute per­sonne rai­son­nable s’attendrait à ce que l’administration péni­ten­tiaire l’aide à obte­nir son plein droit de visite, l’accès sans entrave à la jus­tice et tous les autres droits aux­quels il a droit en ver­tu de son ’sta­tut spé­cial de pri­son­nier’ d’homme inno­cent déte­nu à Belmarsh.

Bel­marsh : un hom­mage sym­bo­lique à l’empire américain

Alors pour­quoi Julian Assange est-il tou­jours à la pri­son de Bel­marsh, déte­nu dans les cir­cons­tances les plus oppres­santes, iso­lé et pri­vé des droits fon­da­men­taux d’accès à la jus­tice ? C’est un pri­son­nier non condam­né, il ne repré­sente aucune menace pour la sécu­ri­té publique, et son « pas­sé d’évasion » consiste uni­que­ment à avoir deman­dé et obte­nu l’asile poli­tique par crainte d’être per­sé­cu­té par le gou­ver­ne­ment amé­ri­cain qui le pour­suit pour des accu­sa­tions spé­cieuses d’espionnage. Compte tenu de tout cela, il est dif­fi­cile de voir com­ment un jour­na­liste ou un poli­ti­cien hon­nête peut défendre ce que les gou­ver­ne­ments bri­tan­nique et amé­ri­cain font subir à Assange.

La façon dont le gou­ver­ne­ment bri­tan­nique a pour­sui­vi Assange fut auda­cieuse et osten­ta­toire. Nous avons été témoins de l’exhibition embar­ras­sante de bataillons de poli­ciers métro­po­li­tains en uni­forme, debout devant l’ambassade de l’Équateur pen­dant des années, gas­pillant des fonds publics indi­cibles. Et tout cela pour quelqu’un qui n’a jamais été accu­sé d’un crime, mais dont le tra­vail jour­na­lis­tique a embar­ras­sé les États-Unis.

Les propres normes du gou­ver­ne­ment montrent qu’Assange est trai­té de manière dis­pro­por­tion­née et qu’il ne peut res­ter à Bel­marsh. Il est pos­sible qu’il puisse être trans­fé­ré dans une pri­son de caté­go­rie infé­rieure, ce qui serait cer­tai­ne­ment béné­fique à condi­tion qu’il ait plei­ne­ment accès à ses avo­cats et qu’il ait tous les droits des déte­nus : mais ce serait tou­jours une déten­tion arbitraire.

Son incar­cé­ra­tion à Bel­marsh n’est deve­nue rien de plus qu’un ’show’ osten­ta­toire des­ti­né à ren­for­cer le récit que ce jour­na­liste pri­mé est en quelque sorte une menace pour le public et à impres­sion­ner les néo­con­ser­va­teurs de Washington.

Nina CROSS

1ère par­tie : https://21stcenturywire.com/2019/08/28/julian-assange-deprivation-of‑j…

2ème par­tie : https://21stcenturywire.com/2019/10/03/britains-unconvicted-prisoner‑k…

Tra­duc­tion « ah, la scène de la Reine dans Alice au Pays des Mer­veilles… » par VD pour le Grand Soir avec pro­ba­ble­ment toutes les fautes et coquilles habituelles

Source : Le Grand Soir, https://​www​.legrand​soir​.info/​j​u​l​i​a​n​–​a​s​s​a​n​g​e​–​p​r​i​v​a​t​i​o​n​–​d​e​–​j​u​s​t​i​c​e​–​e​t​–​d​o​u​b​l​e​–​s​t​a​n​d​a​r​d​–​a​–​l​a​–​p​r​i​s​o​n​–​d​e​–​b​e​l​m​a​r​s​h​–​2​1​s​t​–​c​e​n​t​u​r​y​–​w​i​r​e​.​h​tml

[Scandale absolu] Destruction de la Sécurité sociale française : encore un crime antisocial voté contre des millions de Français, la nuit, par une poignée de traîtres hors contrôle. Nous n’avons pas de constitution, pas de RIC, pour nous protéger contre les félonies des « élus ».

Les seuls articles de Roma­ric Godin jus­ti­fi­raient que vous vous abon­niez à Media­part.

Le scan­dale que Roma­ric Godin décrit ici est la ruine volon­taire de notre sécu­ri­té sociale par nos pré­ten­dus « repré­sen­tants » qui « affament l’É­tat » (« starve the beast ») pour pré­pa­rer l’o­pi­nion à la pri­va­ti­sa­tion des assu­rances sociales :

Sécurité sociale : l’Assemblée vote le déficit pour compenser la politique néolibérale

24 octobre 2019, par Roma­ric Godin et Manuel Jar­di­naud, sur Mediapart

https://​www​.media​part​.fr/​j​o​u​r​n​a​l​/​f​r​a​n​c​e​/​2​4​1​0​1​9​/​s​e​c​u​r​i​t​e​–​s​o​c​i​a​l​e​–​l​–​a​s​s​e​m​b​l​e​e​–​v​o​t​e​–​l​e​–​d​e​f​i​c​i​t​–​p​o​u​r​–​c​o​m​p​e​n​s​e​r​–​l​a​–​p​o​l​i​t​i​q​u​e​–​n​e​o​l​i​b​e​r​ale

En pre­mière lec­ture, l’Assemblée natio­nale a acté que l’État ne com­pen­se­ra pas dans le bud­get de la Sécu­ri­té sociale les exo­né­ra­tions et les trans­ferts de coti­sa­tions qui lui servent à mener sa poli­tique de baisse d’impôts. Un pré­cé­dent d’ampleur auquel les oppo­si­tions et une poi­gnée de dépu­tés LREM ont ten­té, en vain, de s’opposer.

L’analyse est sans appel. Il s’agit d’un « chan­ge­ment radi­cal de phi­lo­so­phie ». Un peu avant minuit, dans la nuit du 22 au 23 octobre, Valé­rie Rabault, à la tête du groupe socia­liste à l’Assemblée natio­nale, ne déco­lère pas. Les dépu­tés débattent de l’article 3 du pro­jet de loi de finan­ce­ment de la Sécu­ri­té sociale (PLFSS). Cet article, pour­tant reje­té en com­mis­sion avec l’apport de voix LREM, pré­voit que, désor­mais, l’État ne com­pen­se­ra pas les baisses de cotisations.

C’est donc une rup­ture his­to­rique du pacte social fran­çais. Depuis 1994, en ver­tu de la loi Veil, les com­pen­sa­tions étaient la règle. Pour une rai­son évi­dente : la Sécu­ri­té sociale, depuis sa créa­tion en 1945, est en théo­rie gérée par ceux qui payent les coti­sa­tions sociales : les employeurs et les salariés.

Agnès Buzyn, ministre de la santé. © ReutersAgnès Buzyn, ministre de la santé. © Reuters

 
D’ailleurs, en com­mis­sion des affaires sociales, c’est une dépu­tée LREM, Del­phine Bagar­ry, qui avait fait un petit cours d’histoire à ses col­lègues de groupe fort peu loquaces ce jour-là alors que la dis­cus­sion por­tait sur la pos­si­bi­li­té d’a­men­der ce fameux article 3 : « En adop­tant ces amen­de­ments, nous témoi­gne­rions de notre atta­che­ment au prin­cipe de la ges­tion pari­taire de la Sécu­ri­té sociale, tel qu’il a été pen­sé par le Conseil natio­nal de la Résistance. » 

Si l’État décide de réduire ces coti­sa­tions sans l’accord una­nime des par­te­naires sociaux, alors il lui revient de ne pas faire payer sa déci­sion à la Sécu­ri­té sociale et de com­pen­ser les pertes de recettes.

Dans l’hémicycle, mal­gré la demande insis­tante de l’opposition de déca­ler le débat au len­de­main, en ver­tu du nou­veau règle­ment de l’Assemblée qui incite à évi­ter tout débat au-delà de minuit, l’amendement est fina­le­ment dis­cu­té et reje­té au milieu de la nuit par 93 voix contre 51, plus une abs­ten­tion. L’ar­ticle 3 est ensuite voté dans son ensemble avant la sus­pen­sion de séance à 1 h 05.

Mal­gré l’heure tar­dive, l’ensemble de la gauche a ten­té de faire bas­cu­ler le vote sur l’a­men­de­ment, tout comme les élus LR, UDI et Liber­tés et ter­ri­toires, mais aus­si huit dépu­tés LREM. Fait notable : mis en dif­fi­cul­té tout au long de la dis­cus­sion, le rap­por­teur géné­ral LREM Oli­vier Véran n’a pas pris part au vote… Il avait expli­qué être atta­ché à cette auto­no­mie des comptes sociaux mais refu­sé de sou­te­nir l’amendement en rai­son de « l’imbroglio juri­dique » auquel il condui­rait en met­tant le PLFSS en contra­dic­tion avec le pro­jet de loi de finance (PLF).

Une frange non négli­geable de la repré­sen­ta­tion natio­nale, dont cer­tains au sein de la majo­ri­té, a ten­té de sau­ver une cer­taine concep­tion du modèle social fran­çais. En vain.

Car l’époque semble révo­lue où quelques grands prin­cipes poli­tiques prennent le pas sur des mesures tech­niques. Du moins à ce niveau. Car, en réa­li­té, la loi Veil était déjà contour­née. En 2019, il man­quait deux mil­liards d’euros de com­pen­sa­tions par des arti­fices comp­tables. Cette fois, l’attaque est fron­tale et plus large.

Elle touche le prin­cipe même. Pour le bud­get 2020, cet article 3 va conduire à creu­ser le défi­cit de la Sécu­ri­té sociale de 5,2 mil­liards d’euros. Les « mesures gilets jaunes », celles annon­cées par Emma­nuel Macron le 10 décembre der­nier, seront ain­si prises en charge par le bud­get de la Sécu­ri­té sociale sans compensations.

Ce sera le cas non seule­ment des exo­né­ra­tions des heures sup­plé­men­taires (1,9 mil­liard d’euros de manque à gagner), de l’exonération de la prime excep­tion­nelle pla­fon­née à 1 000 euros (1,2 mil­liard d’euros), de la sup­pres­sion du for­fait social des ver­se­ments de l’intéressement et de la par­ti­ci­pa­tion pré­vu dans la loi Pacte (600 mil­lions d’euros), mais aus­si de la baisse de la CSG pour les retraites modestes (1,5 mil­liard d’euros).

Ce manque à gagner, qui fait replon­ger la Sécu­ri­té sociale dans le défi­cit, aura des consé­quences plus larges. Car comme le fait remar­quer dans une note récente l’économiste Hen­ri Ster­dy­niak, le défi­cit de la Sécu­ri­té sociale et celui de l’État ont une dif­fé­rence notable. Le second vient aug­men­ter une dette qui peut être « rou­lée », autre­ment dit son capi­tal n’est jamais rem­bour­sé, elle n’est pas « amor­tie » : on s’endette pour rem­bour­ser et ne sont effec­ti­ve­ment payés que les inté­rêts. La dette de la « Sécu », en revanche, doit être amor­tie. Non par néces­si­té, du reste, mais par déci­sion politique.

Alors que les taux sont néga­tifs et que toute dette nou­velle est, jusqu’à son renou­vel­le­ment, indo­lore pour les finances publiques (il n’y a pas de nou­velles dépenses d’intérêts), la Sécu­ri­té sociale, elle, doit réduire sa dette à marche forcée.

Cette action d’amortissement est réa­li­sée par la Caisse d’amortissement de la dette sociale (CADES) qui, en 2019, a rem­bour­sé 15,7 mil­liards d’euros en ponc­tion­nant d’autant les recettes de la Sécu­ri­té sociale.

Hen­ri Ster­dy­niak consi­dère donc que l’État fait por­ter à la Sécu­ri­té sociale le seul effort de désen­det­te­ment public et que, de fac­to, sans cet effort impo­sé, la Sécu­ri­té sociale affi­che­rait en 2019 un excé­dent de 11,7 mil­liards d’euros !

Or, en lui fai­sant, de sur­croît, por­ter l’effort de finan­cer ses poli­tiques éco­no­miques de baisses d’impôt, l’État ren­force la pres­sion future sur les comptes sociaux puisqu’il fau­dra amor­tir la dette contrac­tée à cette occa­sion. On doit donc logi­que­ment s’attendre à ce que la part des recettes consa­crée au désen­det­te­ment soit encore plus éle­vée. Et que, en consé­quence, les moyens don­nés aux besoins sociaux soient plus réduits.

L’article 3 du PLFSS ouvre donc la voie à un cercle vicieux qui sape les bases finan­cières à long terme de la Sécu­ri­té sociale. On peut, du reste, ima­gi­ner que lorsque revien­dra la ques­tion de la com­pé­ti­ti­vi­té – et elle revien­dra néces­sai­re­ment –, de nou­velles réduc­tions de coti­sa­tion inter­vien­dront et rédui­ront encore la capa­ci­té d’action de la Sécu­ri­té sociale puisque ces baisses ne seront plus compensées.

« Un point de rupture »

Pré­sent sur les bancs aux côtés d’Agnès Buzyn, la ministre de la san­té qui a cla­mé son atta­che­ment à ce que « les bud­gets de l’État et de la Sécu­ri­té sociale, ain­si que les lois qui les concernent, soient sépa­rés », Gérald Dar­ma­nin ne s’est pas caché d’envisager de péren­ni­ser un tel arran­ge­ment. Mal­gré ce que le dépu­té LR Jean-Pierre Door a appe­lé « une affaire triste et dra­ma­tique » et l’Insoumis Adrien Qua­ten­nens « un point de rup­ture ».

Le ministre du budget Gérald Darmanin, visé par les plaintes de deux femmes. © ReutersLe ministre du budget Gérald Darmanin, visé par les plaintes de deux femmes. © Reuters

 
Le ministre des comptes publics a recon­nu en creux que le débat n’était pas clos et que ce non-res­­pect de la loi Veil pour­rait ne pas res­ter excep­tion­nel : « Nous aurons l’occasion de repar­ler de cette répar­ti­tion entre l’État et la Sécu­ri­té sociale après l’examen du pro­jet de loi sur les retraites et après le Brexit, après y avoir consa­cré un peu plus de temps, de tra­vail et de réflexion, et d’une manière peut-être un peu plus dépassionnée. »

Quelques minutes plus tôt, fort de son expé­rience de par­ti­ci­per à la dis­cus­sion de son 26e PLFSS, Charles de Cour­son avait pré­ve­nu : Tout cela est donc de très mau­vaise poli­tique. Dès lors que l’on renonce à l’application de la loi de 1994, tout est permis. »

Car, comme tou­jours, les réformes du gou­ver­ne­ment Phi­lippe ont une por­tée plus large et à plus long terme qu’on ne le pense ordi­nai­re­ment. Ici, le but de ces manœuvres est clair : il s’agit de faire por­ter aux comptes sociaux le poids de l’ajustement bud­gé­taire. La Sécu­ri­té sociale devient alors une immense caisse de défai­sance des poli­tiques éco­no­miques néo­li­bé­rales du gou­ver­ne­ment : elle doit assu­rer un désen­det­te­ment ren­du dif­fi­cile par le refus de s’attaquer sérieu­se­ment aux niches fis­cales pour les entre­prises et par les baisses d’impôts massives.

Mais c’est aus­si une les­si­veuse à jus­ti­fi­ca­tion des « réformes dou­lou­reuses, mais néces­saires ». Car l’article 3 et l’amortissement de la dette étant une machine à créer des défi­cits, il fau­dra bien conti­nuer à ration­ner les moyens de l’assurance-maladie (qui, en 2020, et mal­gré la crise de l’hôpital, devra effec­tuer 4,2 mil­liards d’euros d’économies après les 4 mil­liards de 2019) et réduire les ver­se­ments de pension.

Cela tombe fort bien puisque le gou­ver­ne­ment pré­voit pré­ci­sé­ment une réforme des retraites majeure. Et la seule chose que l’on sait de cette réforme, c’est qu’elle devra per­mettre une ges­tion par les coûts de l’assurance-vieillesse grâce à un sys­tème à « coti­sa­tions défi­nies » qui assu­re­ra une sta­bi­li­té des dépenses de retraites à un niveau stable de 14 % du PIB. Autre­ment dit, au niveau d’une crois­sance éco­no­mique qui demeure anémique.

On pour­rait cepen­dant répondre qu’une fois la dette amor­tie, ce qui est pré­vue en 2025, la Sécu­ri­té sociale béné­fi­cie­ra de moyens nou­veaux pour mener ses poli­tiques sociales. Mais c’est dou­ble­ment un leurre. D’abord parce que, puisqu’on orga­nise la pénu­rie et les défi­cits, il n’est pas cer­tain que l’amortissement soit ter­mi­né à temps. Le gou­ver­ne­ment n’a ces­sé de repous­ser ce terme depuis deux ans.

Ensuite, parce que, une fois lar­ge­ment en excé­dent, la Sécu­ri­té sociale sera uti­li­sée comme « caisse de com­pen­sa­tion » du défi­cit de l’État. Concrè­te­ment, on uti­li­se­ra ses excé­dents pour amé­lio­rer le solde des admi­nis­tra­tions au sens de Maas­tricht et pou­voir conti­nuer à bais­ser les impôts sur le capi­tal et les entre­prises, mais aus­si sur les plus for­tu­nés. Le « pacte pro­duc­tif » de Bru­no Le Maire pro­met ain­si de nou­velles baisses d’impôt sur la pro­duc­tion. Ces baisses seront finan­cées par la Sécu­ri­té sociale.

Enfin, l’État pour­rait uti­li­ser ce défi­cit nou­veau non pour amé­lio­rer les pres­ta­tions, mais pour, encore une fois, réduire les coti­sa­tions et le coût du tra­vail sans le com­pen­ser. Quoi qu’il en soit, il paraît évident que désor­mais la Sécu­ri­té sociale n’est plus auto­nome, mais est pla­cée au ser­vice des choix éco­no­miques du gouvernement.

Avec cet article 3, le gou­ver­ne­ment donne donc un nou­veau coup de poi­gnard dans le dos de l’État social fran­çais. Ce qui est atta­qué direc­te­ment, c’est l’idée d’un sys­tème auto­nome pari­taire per­met­tant de trou­ver un équi­libre entre les inté­rêts du capi­tal et ceux du tra­vail pour assu­rer la redis­tri­bu­tion sociale.

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Certes, ce n’est pas nou­veau, mais l’ampleur de l’offensive et son carac­tère désor­mais ouvert est évident. En mena­çant ain­si de rayer pour l’avenir la loi Veil de 1994, le gou­ver­ne­ment brise avec une tra­di­tion fran­çaise : celle de cher­cher à trou­ver des com­pen­sa­tions a mini­ma aux réformes néo­li­bé­rales dans la sphère sociale. Désor­mais, la logique est inver­sée : la sphère sociale est pillée et ce pillage même vient jus­ti­fier les réformes.

La main­mise de l’État sur les struc­tures pari­taires se fait donc au détri­ment des poli­tiques sociales. C’est pré­ci­sé­ment l’action de l’idéologie néo­li­bé­rale : pla­cer l’État au ser­vice exclu­sif du capi­tal. Pour bais­ser la pres­sion fis­cale, on réduit les poli­tiques sociales. C’est là une poli­tique qu’Emmanuel Macron mène avec une ardeur qui n’a jamais été démentie.

Il le prouve encore avec la réforme de l’assurance-chômage où la sup­pres­sion des coti­sa­tions sala­riales conduit natu­rel­le­ment à une coges­tion État-patro­­nat, avec l’État repre­nant la main pour réa­li­ser une réforme extrê­me­ment vio­lente contre les assu­rés. C’est que l’assurance-chômage n’est plus une assu­rance. C’est une pres­ta­tion sociale lais­sée à la dis­cré­tion d’un État. Avec cet article 3 du PLFSS, il en va de même désor­mais de la Sécu­ri­té sociale.

Au cours du débat à l’Assemblée, Adrien Qua­ten­nens avait résu­mé, à l’adresse du banc du gou­ver­ne­ment et de la majo­ri­té : « La méthode que vous employez est bien connue. Des cher­cheurs anglais l’ont théo­ri­sée : il s’agit de créer les condi­tions d’un trou finan­cier, pour ensuite le déplo­rer afin de jus­ti­fier d’autres poli­tiques. » Avec le PLFSS 2020, la méthode est bien en marche.

Roma­ric Godin et Manuel Jardinaud

Source : Media­part.

 
Mon com­men­taire : si nous avions une vraie consti­tu­tion, et donc un RIC digne de ce nom (en toutes matières et écrit par nous-mêmes), nous pour­rions empê­cher nous-mêmes nos bour­reaux élus de nous mar­ty­ri­ser : de notre propre ini­tia­tive, nous abro­ge­rions les lois scé­lé­rates et nous révo­que­rions les traîtres qui les ont votées ; par RIC nous sor­ti­rions aus­si du car­can unio­neu­ro­péen qui per­met aux grands mar­chands de ran­çon­ner les socié­tés et d’im­po­ser aux popu­la­tions les pires régres­sions sociales.

Nous ne sor­ti­rons pas de cette pri­son juri­dique et éco­no­mique sans deve­nir consti­tuants, c’est-à-dire des adultes politiques.

Étienne.

#star­ve­the­beast

Il faut sor­tir de l’U­nion euro­péenne, vite ! #frexit


Denis Kess­ler, ancien vice-pré­­sident du MEDEF, avouait en 2007, dans la revue Chal­lenges, cette révol­tante tra­hi­son (évi­dem­ment jamais annon­cée dans les pro­grammes électoraux) :

« Le modèle social fran­çais est le pur pro­duit du Conseil natio­nal de la Résis­tance. Un com­pro­mis entre gaul­listes et com­mu­nistes. Il est grand temps de le réfor­mer, et le gou­ver­ne­ment s’y emploie. 

Les annonces suc­ces­sives des dif­fé­rentes « réformes » par le gou­ver­ne­ment peuvent don­ner une impres­sion de patch­work, tant elles paraissent variées, d’im­por­tance inégale, et de por­tées diverses : sta­tut de la fonc­tion publique, régimes spé­ciaux de retraite, refonte de la Sécu­ri­té sociale, pari­ta­risme… À y regar­der de plus près, on constate qu’il y a une pro­fonde uni­té à ce pro­gramme ambitieux. 

La liste des « réformes » ? C’est simple, pre­nez tout ce qui a été mis en place entre 1944 et 1952, sans excep­tion. Elle est là. Il s’a­git aujourd’­hui de sor­tir de 1945, et de défaire métho­di­que­ment le pro­gramme du Conseil natio­nal de la Résistance ! » 

Source : Chal­lenges, 4 octobre 2007, « Adieu, 1945, rac­cro­chons notre pays au monde »

Vidéos autour des rencontres des 27 et 28 sept 2019 (Anglet et Garein)

Voi­ci quelques traces de nos deux ren­contres du week-end der­nier dans le sud-ouest 🙂

Entre­tien avec Etienne Chouard : Notre impuis­sance poli­tique (1÷3)
https://www.pressenza.com/fr/2019/10/entretien-avec-etienne-chouard-notre-impuissance-politique‑1–3/

Texte repris en espagnol :
https://www.pressenza.com/es/2019/10/entrevista-con-etienne-chouard-nuestra-impotencia-politica‑1–3/

Le Réfé­ren­dum d’Initiative Citoyenne (RIC), cor­rec­teur Démo­cra­tique ? (2÷3)
https://www.pressenza.com/fr/2019/10/entretien-avec-etienne-chouard-le-referendum-dinitiative-citoyenne-ric-correcteur-democratique‑2–3/

Les Ate­liers Consti­tuants (3÷3)
https://www.pressenza.com/fr/2019/10/entretien-avec-etienne-chouard-les-ateliers-constituants‑3–3/

La confé­rence à Anglet, le 27 septembre : 

Entre­tien avec Phi­lippe Pascot :

Pho­tos du 28 :
https://​www​.face​book​.com/​p​h​i​l​i​p​e​.​p​a​s​c​o​t​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​8​9​8​2​8​0​5​7​4​2​306

Rendez-vous à Garein (près de Mont-de-Marsan) samedi 28 septembre 2019, avec Philippe Pascot

L’é­vé­ne­ment Face­book de la rencontre :
https://​www​.face​book​.com/​e​v​e​n​t​s​/​4​1​6​8​1​8​5​6​2​2​6​3​618

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​4​8​0​4​7​0​3​2​7​317

Rendez-vous à Anglet (entre Biarritz et Bayonne), vendredi 27 septembre 2019, avec Philippe Pascot

Le lieu de ren­­dez-vous est au parc « Gre­na­dine et Crayon­nade », 1 che­min de Jor­lis, 64600 Anglet

La trame des ques­tions envisagées :

L’é­vé­ne­ment Face­book cor­res­pon­dant à la rencontre :
https://www.facebook.com/events/grenadine-et-crayonnade/d%C3%A9mocratie-horizontale-fantasme-ou-solution-/366940834254482/

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​4​8​0​4​3​9​7​8​7​317

VIOLENCES D’ÉTAT : rendez-vous le 6 sept 2019 à Paris pour en parler avec les Robes Noires et Gilets Jaunes

L’é­vé­ne­ment Face­book (pour s’ins­crire) : https://​www​.face​book​.com/​e​v​e​n​t​s​/​4​7​5​2​0​4​7​1​6​3​6​2​8​44/

Le groupe « Robes Noires et Gilets Jaunes » : https://​www​.face​book​.com/​g​r​o​u​p​s​/​9​7​9​3​1​7​8​1​2​4​5​5​821


Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​4​2​7​6​4​5​5​8​2​317

[Courageusement] invité par Denis Robert sur Le Média TV mardi 21 mai 2019 : élections européennes, gilets jaunes, RIC et règles de la représentation

La semaine qui a pré­cé­dé https://​you​tu​.be/​z​M​t​m​Z​Q​4​l​b2g (celle dont 3 minutes ont été copieu­se­ment mon­tées en épingle et défor­mées par les acteurs mains­tream du sys­tème de domi­na­tion par­le­men­taire — acteurs qui me tapent des­sus depuis dix ans et qui ont sim­ple­ment pro­fi­té d’une nou­velle mal­adresse pour redou­bler leurs coups, tout ça pour évi­ter à tout prix de débattre loya­le­ment sur le fond des sujets les plus impor­tants), la semaine pré­cé­dente, donc, Denis Robert m’a­vait gen­ti­ment – et cou­ra­geu­se­ment – invi­té sur Le Média TV, le mar­di 21 mai 2019, pour évo­quer les gilets jaunes et les élec­tions euro­péennes. Voi­ci l’é­mis­sion com­plète (que j’a­vais oublié de vous signa­ler à l’époque) :

• Ma pre­mière inter­ven­tion est à la min 1h26’45  : l’UE est un outil de dépos­ses­sion poli­tique abso­lue, qui nous conduit comme d’ha­bi­tude à élire plu­tôt qu’à voter, mais en éloi­gnant encore davan­tage (et pour tou­jours) les repré­sen­tants des repré­sen­tés ; les pro­fes­sion­nels de la poli­tique nous privent de toute pos­si­bi­li­té de déci­der quoi que ce soit ; il fau­drait dis­tin­guer les deux mots voter (= déci­der) et élire (= renon­cer à voter = contraire de la démo­cra­tie = mise à l’é­cart du peuple depuis l’o­ri­gine en 1789 avec Sieyes) ; notre vieux sys­tème de domi­na­tion par­le­men­taire natio­nal est encore ren­for­cé (et gra­ve­ment) en deve­nant inter­na­tio­nal (euro­péen) ; par­ti­cu­la­ri­té remar­quable — his­to­rique ! — des gilets jaunes qui deviennent consti­tuants, qui écrivent eux-même le RIC qu’ils veulent ; ce n’est pas aux repré­sen­tants d’é­crire les règles de la repré­sen­ta­tion : c’est aux aux repré­sen­tés, qui sont les seuls à être à la fois aptes et légi­times pour écrire la constitution…

• Et sur­tout, ma 2ème inter­ven­tion à la minute 1h49’50 : j’in­ter­pelle face à face un dépu­té, Renaud Muse­lier, en déplo­rant que ces grands pri­vi­lé­giés détruisent une à une toutes les pro­tec­tions sociales sans souf­frir eux-mêmes des plaies qu’ils infligent au corps social et en toute impu­ni­té (sans que leurs vic­times, mal repré­sen­tées, aient la moindre ins­ti­tu­tion pour résis­ter aux mau­vais coups de leurs représentants).

Ce serait bien, peut-être, d’i­so­ler ces deux pas­sages dans une vidéo spéciale.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :

https://m.facebook.com/story.php?story_fbid=10157412239722317&id=600922316&preview_rid=10157417597517317


[Édit : cer­tains com­men­taires entre­tiennent un res­sen­ti­ment (contre Denis) que j’es­time être un contre­sens. Je reco­pie ci-des­­sous une expli­ca­tion que j’ai rédi­gée pour Sigo­lene mais qui devrait aider d’autres per­sonnes à com­prendre mon point de vue : 

« Chère Sigolene,

Je dis des choses impor­tantes dans cette vidéo (grâce au cou­rage de Denis, qui a bra­vé l’in­ter­dit de me don­ner la parole mal­gré les menaces des anti­­fa-natiques), et ori­gi­nales : ce n’est pas tous les matins qu’on est en face d’un élu qu’on peut inter­pe­ler, en direct, avec du temps et du calme. Je l’ai inter­pe­lé sur son salaire obs­cène, sur ses pri­vi­lèges révol­tants, sur sa scan­da­leuse impu­ni­té après avoir com­mis le crime anti­so­cial de la dés­in­dexa­tion des retraites, je lui ai signa­lé la muta­tion for­mi­dable – his­to­rique – des gilets jaunes en citoyens consti­tuants (écri­vant d’ores et déjà, un peu par­tout dans le pays, le RIC qu’ils veulent EUX et le salaire des élus qui devrait être égal au salaire médian des électeurs)… 

Le spec­tacle public de cette inter­pel­la­tion (d’un repré­sen­tant par un repré­sen­té, qui conteste jus­qu’à sa légi­ti­mi­té), nous le devons au cou­rage de Denis (et ce n’é­tait qu’un début). 

C’é­tait AVANT le 10 juin et on voit bien la bien­veillance de Denis. Arrê­tez de lui col­ler une res­pon­sa­bi­li­té qui n’est pas la sienne : ceux qui me tapent des­sus (par der­rière et à plu­sieurs, sans me per­mettre de me défendre : Libé­ra­tion, Les Inrocks, L’Obs et tous les com­plices du sys­tème de domi­na­tion par­le­men­taire) sont les vrais affreux (ça fait dix ans qu’ils me tapent des­sus aus­si mal­hon­nê­te­ment ; ils tapent sim­ple­ment plus fort que jamais, tou­jours pour se dis­pen­ser d’un débat de fond loyal qu’ils craignent plus que tout, mais rien n’a chan­gé sur le fond ; c’est une varia­tion d’in­ten­si­té), affeux qui ont exploi­té mal­hon­nê­te­ment MA maladresse. 

Denis est un type bien.

Étienne. »]

[GILETS JAUNES – Passionnant et important] Comprendre la situation au Venezuela (et en Amérique Latine) avec Romain Migus

Chers amis,

Je vais vous par­ler d’un jeune homme épa­tant, enthou­sias­mant, important.

Il s’ap­pelle Romain Migus et c’est un des meilleurs connais­seurs du Vene­zue­la que je connaisse. Son blog est une source d’in­for­ma­tions pré­cieuse pour contre­dire et inva­li­der les men­songes quo­ti­diens de la presse fran­çaise (toute entière ven­due aux ultra-riches) sur le Venezuela.

Les ana­lyses de Romain sont sou­vent reprises sur le site Le Grand Soir, que je consi­dère comme un des cinq ou six meilleurs sites d’in­for­ma­tion en France (avec Les Crises, RT France, Le Saker fran­co­phone, Inves­tig’Ac­tion et le CADTM, notamment).

Je vais regrou­per dans ce billet quelques perles récentes de Romain. Vous allez voir comme c’est exci­tant et stimulant :


• D’a­bord, ce for­mi­dable entre­tien de Romain avec Blan­ca Eekhout, Ministre des Com­munes, sur l’or­ga­ni­sa­tion de la démo­cra­tie véné­zué­lienne — en com­pa­rai­son (pour l’ins­tant), la France peut rou­gir de honte pour sa nul­li­té crasse en matière démocratique :

Interview de Blanca Eekhout, ministre des Communes de la République Bolivarienne du Venezuela

https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​6​/​l​a​–​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​–​p​a​r​t​i​c​i​p​a​t​i​v​e​–​a​u​.​h​tml

Depuis l’étranger, le Vene­zue­la est sou­vent dépeint comme une dic­ta­ture, où le chef de l’Etat, Nico­las Madu­ro, règne­rait de manière auto­ri­taire et vio­lente sans prendre en compte les aspi­ra­tions popu­laires. Cette des­crip­tion se heurte pour­tant à une réa­li­té qu’il est impos­sible de nier : le cha­visme et le pré­sident Madu­ro pos­sèdent le sou­tien d’une par­tie non négli­geable de la popu­la­tion véné­zué­lienne. La pro­pa­gande du sys­tème média­tique [fran­çais] ne per­met donc pas de répondre à la ques­tion : Pourquoi ?

Un des élé­ments de réponse est à cher­cher du coté de la démo­cra­tie directe et par­ti­ci­pa­tive implan­tée au Vene­zue­la depuis l’avènement d’Hugo Chá­vez au pou­voir. Cet aspect cen­tral de la Révo­lu­tion Boli­va­rienne est sys­té­ma­ti­que­ment nié par le sys­tème média­tique. Les luttes du Peuple véné­zué­lien au sein du sys­tème de Conseils com­mu­naux et des Com­munes socia­listes sont invi­si­bi­li­sés. Nous sommes donc allés inter­vie­wer Blan­ca Eekhout, ministre des Com­munes afin qu’elle explique au lec­teur fran­co­phone l’originalité et la robus­tesse de la démo­cra­tie vénézuélienne. 

Blan­ca est une mili­tante sociale de la pre­mière heure, elle a été la fon­da­trice de nom­breux médias asso­cia­tifs comme Catia Tv, et est deve­nu la pre­mière pré­si­dente de la chaine publique ViVe TV, puis de VTV. Élu dépu­tée en 2010, elle devien­dra vice-pré­­si­­dente de l’Assemblée natio­nale de 2011 à 2015.  Cette jeune femme, qui a consa­cré sa vie à la lutte sociale et à l’approfondissement de la démo­cra­tie dans son pays, a occu­pé plu­sieurs postes de la haute fonc­tion publique. Elle a été Ministre de la Com­mu­ni­ca­tion et de l’Information (2009−2010), Ministre de la Femme et de l’Égalité des genres (2016−2018). Elle est aujourd’hui Ministre des Com­munes depuis sep­tembre 2018. 

Le Minis­tère des Com­munes est situé dans le centre de Cara­cas dans un immeuble où furent relo­gés plu­sieurs ven­deurs ambu­lants, il y a quelques années. Il appa­rais­sait logique que ce minis­tère cen­tral déserte les quar­tiers admi­nis­tra­tifs tra­di­tion­nels pour s’implanter aux côtés du Peuple. La ministre nous rece­vra dans son modeste bureau où trône côte à côte un por­trait d’Hugo Chá­vez et de Jose­fa Came­jo, une héroïne de la guerre d’indépendance du Vene­zue­la : bon résu­mé ico­no­gra­phique du par­cours poli­tique de notre interlocutrice. 

Pen­dant que Blan­ca répon­dait avec fougue et pas­sion à mes ques­tions, je pen­sais aux reven­di­ca­tions des Gilets jaunes fran­çais, expri­mées à plu­sieurs mil­liers de kilo­mètres de Cara­cas. En cause ? Les thèmes évo­qués par la ministre véné­zué­lienne : l’Assemblée Consti­tuante et la mobi­li­sa­tion popu­laire pour écrire la nou­velle Charte suprême, les moda­li­tés du réfé­ren­dum révo­ca­toire pour tous les élus, la force des conseils com­mu­naux et des com­munes —où toutes les déci­sions sont prises lors d’Assemblées géné­rales—, la néces­si­té d’inventer de nou­velles formes de pro­prié­té pour déve­lop­per le pays. Les paroles de Blan­ca Eekhout fusent comme une rafale de AK47, chaque balle est un concept qui fait écho aux pré­oc­cu­pa­tions poli­tiques expri­mées sur les ronds-points de France. 

L’autre son de cloche que vous pou­vez lire ci-des­­sous témoigne de l’extraordinaire viva­ci­té démo­cra­tique du Vene­zue­la, qui marque la colonne ver­té­brale du pro­jet poli­tique de la Révo­lu­tion boli­va­rienne. On com­prend mieux alors la ter­rible vio­lence poli­tique et média­tique qui s’abat contre ce Peuple. La démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive véné­zué­lienne doit être abso­lu­ment balayée pour enrayer le risque de voir fleu­rir 1, 2, 3 Blan­ca. Pour que ce modèle ne donne pas d’idées à d’autres et ne menace pas le sys­tème poli­tique encore domi­nant… pour l’instant.  


Avec Blan­ca Eeckout, Cara­cas 2019. 

Romain Migus Quelles sont les racines de la démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive au Vene­zue­la ? Com­ment s’est construit le modèle démo­cra­tique de la Révo­lu­tion Bolivarienne ? 

Blan­ca Eekhout : Il faut com­men­cer par le début de notre mou­ve­ment poli­tique, ou en tout cas par la prise de pou­voir par le Com­man­dant Chá­vez. Sa pre­mière action du gou­ver­ne­ment fut de convo­quer un pro­ces­sus natio­nal consti­tuant. Hugo Chá­vez a appe­lé le Peuple à refon­der notre Répu­blique. Avant cela, tout notre cadre juri­dique était déter­mi­né par le pou­voir en place, par les oli­gar­chies mais aus­si par la dépen­dance his­to­rique héri­tée de notre his­toire colo­niale. Donc, refon­der notre Répu­blique a impli­qué de chan­ger de charte suprême, mais le plus impor­tant était de savoir qui allait par­ti­ci­per à ce débat. La pre­mière action a donc consis­té à convo­quer un réfé­ren­dum pour mettre en place ce pro­ces­sus consti­tuant. Ce fait poli­tique extra­or­di­naire avait pour racine his­to­rique le Congrès d’Angostura, réa­li­sé sous l’égide de notre Libé­ra­teur Simon Boli­var, en 1819 (1). Boli­var don­ne­ra un dis­cours his­to­rique lors de ce congrès et rap­pel­le­ra notam­ment : « Heu­reux le citoyen qui invoque et convoque son peuple, consulte la volon­té du sou­ve­rain ». C’est pour cette rai­son qu’au Vene­zue­la, à par­tir de 1999, une fois que la nou­velle consti­tu­tion est approu­vée, notre démo­cra­tie est deve­nue par­ti­ci­pa­tive et « protagonique ».

R.M : Excuse-moi de t’interrompre, mais pour­­rais-tu expli­quer à nos lec­teurs com­ment se sont orga­ni­sés les comi­tés consti­tuants ? Com­ment s’est dérou­lé le débat au sein de la popu­la­tion pour nour­rir de pro­jets cette Assem­blée Natio­nale Constituante ?

B.E : D’abord, il y a eu une élec­tion natio­nale pour choi­sir nos repré­sen­tants : il y avait des indi­gènes, des tra­vailleurs et tra­vailleuses, les femmes en tant que mou­ve­ment, les pêcheurs, les pay­sans, toutes les forces sociales, ceux qui étaient invi­sibles, ceux qui n’avaient jamais été consul­tés sur le des­tin de leur patrie ni sur les lois qui régis­saient leur vie. Mais la véri­table consul­ta­tion a été réa­li­sée lors d’assemblées de rue. On a créé dif­fé­rents méca­nismes par les­quels on sys­té­ma­ti­sait les pro­po­si­tions ; des camions recueillaient les pro­po­si­tions à tra­vers tout le ter­ri­toire natio­nal. Les mou­ve­ments ini­tiaux, ceux du mou­ve­ment ouvrier, pay­san, par­ti­ci­paient par des lettres de pro­po­si­tions et de requêtes historiques.

Ce fut une consul­ta­tion natio­nale très, très large et com­plète car le modèle duquel nous vou­lions sor­tir avait eu comme objec­tif l’application des mesures néo­li­bé­rales dic­tées par le FMI et la Banque Mon­diale. Ceci avait pro­vo­qué une réponse forte de la part du peuple qui était des­cen­du dans la rue en 1989. Cet évé­ne­ment, que nous appe­lons le Cara­ca­zo avait été répri­mé de façon très vio­lente. Toutes les demandes qui s’étaient expri­mées en réac­tion contre le modèle néo­li­bé­ral ont fini par se trou­ver recueillies dans le pro­ces­sus consti­tuant, en tant que demande de la Répu­blique, pour garan­tir le droit à la Sécu­ri­té Sociale, la réaf­fir­ma­tion de notre droit à l’éducation gra­tuite, à la san­té gra­tuite, à la redis­tri­bu­tion des reve­nus, à la recon­nais­sance des droits indi­gènes, etc.

Au début, nous avions une révolte natio­nale mais nous n’avions pas encore un déve­lop­pe­ment des mou­ve­ments sociaux suf­fi­sam­ment orga­ni­sé. C’est la convo­ca­tion du pré­sident à une Assem­blée Natio­nale Consti­tuante qui fait que nombre de ces mou­ve­ments se regroupent comme force natio­nale. On recon­naît alors, par exemple, la com­mu­ni­ca­tion comme un droit de l’homme ; pour la pre­mière fois, les médias alter­na­tifs com­mencent à occu­per l’espace hert­zien alors que dans le vieux modèle pré­cé­dent, ceux-ci étaient consi­dé­rés comme illé­gaux, pirates, et étaient sanc­tion­nés. Nous avons mis en marche un pro­ces­sus de révi­sion de la ques­tion pétro­lière, ain­si que de la ques­tion agraire pour face à toutes ces pra­tiques ter­ribles de sac­cage de la terre par les grands pro­prié­taires ; c’est pour cela que le mou­ve­ment pay­san avance à par­tir du pro­ces­sus consti­tuant. Ce pro­ces­sus a été une impul­sion pour que se déve­loppent, se conso­lident et se ren­forcent les dif­fé­rents mou­ve­ments sociaux dans notre pays.


« Nous sommes un Peuple consti­tuant et souverain » 

R.M : On peut dire que le pro­ces­sus consti­tuant marque le départ d’une nou­velle démo­cra­tie. En quoi est-elle dif­fé­rente de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive dans laquelle vit la majo­ri­té des peuples du monde ?

B.E : En pre­mier lieu, nous, nous avons inno­vé en ce qui concerne l’exercice per­ma­nent du pou­voir et de la non-délé­­ga­­tion de la volon­té. C’est-à-dire que pour le peuple véné­zué­lien, notre sou­ve­rai­ne­té réside dans le peuple, elle ne peut pas être délé­guée. C’est pour cela que nous dépas­sons le modèle de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive dans lequel tous les cinq ou six ans, selon les élec­tions, le peuple finit par délé­guer à un autre son droit de sou­ve­rai­ne­té. Dans le cas du Vene­zue­la, il ne peut pas être délé­gué même si nous réaf­fir­mons l’élection directe et uni­ver­selle. Nous avons d’ailleurs, au Vene­zue­la, bat­tu des records, car nous avons eu 25 pro­ces­sus élec­to­raux. Nous avons inclus lors de notre Consti­tuante, la pos­si­bi­li­té pour les citoyens d’organiser des réfé­ren­dum révo­ca­toire à mi-man­­dat pour tous les élus. Nous avons été le pre­mier pays à faire un réfé­ren­dum révo­ca­toire pour le pré­sident de la Répu­blique. Nous avons orga­ni­sé un réfé­ren­dum révo­ca­toire au pré­sident Cha­vez ; et il a été confir­mé dans ses fonctions.

Mais, au Vene­zue­la, je disais que l’exercice de la démo­cra­tie et de la par­ti­ci­pa­tion n’est pas déli­mi­té par des élec­tions au terme d’un quin­quen­nat ou sex­ten­nat. D’abord, nous élar­gis­sons les pou­voirs. Des trois pou­voirs tra­di­tion­nels en démo­cra­tie (exé­cu­tif, légis­la­tif et judi­ciaire), nous en avons rajou­té deux : le pou­voir élec­to­ral et le pou­voir moral. Le pou­voir élec­to­ral est deve­nu un pou­voir avec suf­fi­sam­ment de force et d’autonomie pour garan­tir des élec­tions libres, directes, trans­pa­rentes, tota­le­ment auto­ma­ti­sées(2). Quant au pou­voir moral, il traite tout ce qui a à voir avec la défense du peuple (3), la fis­ca­li­té ; il est deve­nu un pou­voir impor­tant à l’intérieur de la République.

En plus de cela, nous avons éta­bli quelque chose de plus impor­tant et de nou­veau, c’est le ren­for­ce­ment du pou­voir popu­laire. Le pou­voir popu­laire, c’est l’exercice per­ma­nent de l’autogouvernement sur le ter­ri­toire. Nous avons approu­vé des lois pour orga­ni­ser ce pou­voir popu­laire, et qui déter­minent l’organisation, le déve­lop­pe­ment éco­no­mique de tout ce qui est ce modèle de trans­fert d’attributions poli­tiques, de ges­tions de res­sources éco­no­miques. C’est ce qui nous donne aujourd’hui une force dans le pays.

R.M : Avant de s’attaquer à l’expérience des com­munes, on va déjà par­ler des conseils com­mu­naux. La pre­mière loi de Conseil com­mu­nal a été votée en 2006  et, je crois qu’il y a eu de nom­breuses modi­fi­ca­tions pour l’adapter peu à peu à la réa­li­té concrète. Ceci démontre  aus­si que le Vene­zue­la est en train d’inventer un nou­veau sys­tème et qu’au début en tout cas, il a tâton­né. On va poser une ques­tion basique, mais essen­tiel pour nos lec­teurs qui ne savent rien ou presque du modèle de démo­cra­tie véné­zué­lienne : qu’est-ce qu’un conseil com­mu­nal ? En quoi consiste-t-il ?

B.E : La loi des Conseils Com­mu­naux garan­tit l’exercice, à tous les niveaux ter­ri­to­riaux de nos com­mu­nau­tés de voi­si­nage, à tous les citoyens d’un ter­ri­toire, de se réunir en Assem­blée citoyenne. Ils décident des pro­ces­sus d’actions au cours d’une prise de parole géné­rale. Grâce à des élec­tions directes, lors des assem­blées ter­ri­to­riales, il est déci­dé par l’Assemblée géné­rale de qui est à la tête des pro­jets, des comi­tés, et de la mise en marche des poli­tiques publiques sur le ter­ri­toire. Nous avons éga­le­ment une loi pour orga­ni­ser l’économie popu­laire, nous avons les lois qui régissent l’organisation des com­munes, ain­si que des lois de com­mu­ni­ca­tion qui relèvent éga­le­ment du pou­voir populaire.

R.M : Qui décide du rayon d’action du Conseil Com­mu­nal ? Par qui va-t-il être com­po­sé ? Quelle est la rela­tion avec l’Etat et les éche­lons admi­nis­tra­tifs de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive qui conti­nuent d’exister ?

B.E : Au sein du Conseil com­mu­nal, les gens décident, en Assem­blée de l’espace ter­ri­to­rial qui va déli­mi­ter l’action de leur conseil.  Les citoyens doivent être dis­po­sés à se regrou­per volon­tai­re­ment en fonc­tion de la déli­mi­ta­tion géo­gra­phique de leur ter­ri­toire. Il y a des conseils com­mu­naux beau­coup plus petits, il y en a de plus grands ; s’ils se consti­tuent dans les zones urba­ni­sées, la popu­la­tion se concentre dans un immeuble, et cela peut dépendre de l’urbanisme. Dans les immeubles d’un même quar­tier, il peut y avoir deux ou même trois conseils com­mu­naux. L’assemblée de citoyens décide éga­le­ment de la capa­ci­té d’organisation. Pour nous, l’as­sem­blée citoyenne est l’instance de déli­bé­ra­tion la plus impor­tante ; c’est ce qu’il y a écrit dans l’article 20 de notre loi des Conseils Com­mu­naux (4). Elle est aus­si l’organe de déci­sion pour l’exercice du pou­voir des com­mu­nau­tés de voi­si­nage : la par­ti­ci­pa­tion et le pro­ta­go­nisme popu­laire. Les déci­sions du conseil com­mu­nal doivent s’appliquer de manière obli­ga­toire. Le conseil com­mu­nal est recon­nu par toutes les autres auto­ri­tés qu’elles soient muni­ci­pales ou régio­nales. Les conseils com­mu­naux dans une com­mu­nau­té pay­sanne peuvent être consti­tués par un plus petit nombre de familles en rai­son de l’immensité de l’espace et de la faible concen­tra­tion de popu­la­tion. Ain­si, les assem­blées de citoyens éta­blissent eux-mêmes la déli­mi­ta­tion de leur espace territorial.

R.M : Com­ment les gens s’organisent-ils au sein du Conseil communal ? 

B.E : Dans le Conseil com­mu­nal, il y a des comi­tés de san­té, d’éducation, de culture, d’alimentation, de com­mu­ni­ca­tion popu­laire, il y a aus­si un comi­té de d’équité et d’égalité entre les genres, et bien d’autres comi­tés en fonc­tion de la réa­li­té de la vie sur le ter­ri­toire du Conseil com­mu­nal. Mais il y a éga­le­ment un comi­té qui se charge de la ques­tion de l’économie et un autre qui se charge de la sécu­ri­té. Par sécu­ri­té nous n’entendons pas seule­ment la sécu­ri­té inter-per­­son­­nelle, mais aus­si la sécu­ri­té et la défense inté­grale de notre ter­ri­toire qui est constam­ment mena­cé par une inva­sion étrangère.

R.M : Com­bien de conseils com­mu­naux y a‑t‑il sur tout le ter­ri­toire vénézuélien ? 

B.E : En ce moment, il y en a 47.834. Cela repré­sente l’équivalent de 14 mil­lions de personnes.

R.M : Cet appro­fon­dis­se­ment de la démo­cra­tie directe et du pou­voir popu­laire vous a ame­né à recon­si­dé­rer le thème de la pro­prié­té (de la terre et des moyens de pro­duc­tions). Com­ment ces deux thèmes s’articulent-ils ? Pour­quoi, aux cotés de la pro­prié­té pri­vé ou publique avez-vous dû inclure la pro­prié­té sociale directe et indi­recte ? Com­ment s’interconnectent l’économie popu­laire et le pou­voir populaire ?

B.E : Les uni­tés de pro­duc­tion fami­liale, nombre d’entre elles sont éga­le­ment dis­cu­tées en assem­blée citoyenne. Le déve­lop­pe­ment d’une uni­té de pro­duc­tion fami­liale, une Entre­prise de Pro­duc­tion Sociale, nombres de réa­li­sa­tions de ce type naissent dans le débat lors de l’assemblée de citoyens. En ce moment, nous sommes encore en train de tra­vailler pour ampli­fier les types de pro­prié­té, non seule­ment les types d’organisation de pro­prié­té sociale mais aus­si les types de pro­prié­té indi­vi­duelle, fami­liale qui existent dans la com­mune et se mettent au ser­vice de la com­mune. Nous avons encore beau­coup à faire en ce qui concerne le déve­lop­pe­ment d’un modèle éco­no­mique com­mu­nal, d’un cir­cuit éco­no­mique communal.

Les ini­tia­tives et les expé­riences de quelques com­munes sont extra­or­di­naires, mais nous ne sommes pas encore par­ve­nus à une arti­cu­la­tion totale. Nous avons des sys­tèmes de mon­naie ou de banque com­mu­nale qui existent, mais le déve­lop­pe­ment est inégal. Il y a des com­munes qui ont réus­si à dépas­ser les attentes même de ce que per­met­tait la capa­ci­té pro­duc­tive et d’autres qui ne sont pas par­ve­nues à s’articuler au niveau éco­no­mique et conti­nuent d’être des expé­riences iso­lées. Aujourd’hui, nous fai­sons un tra­vail impor­tant pour sys­té­ma­ti­ser la pro­prié­té sociale et col­lec­tive. Nous nous ins­pi­rons aus­si des conseils pay­sans qui ne fonc­tionnent pas tous selon la pro­prié­té sociale. Les pay­sans ont la pro­prié­té de leur terre, pro­prié­té indi­vi­duelle ou fami­liale, et néan­moins, à par­tir d’expérience coopé­ra­tives, ils finissent par se ras­sem­bler pour que s’ajoute toute la pro­duc­tion d’une com­mune à un effort col­lec­tif bien que la pro­prié­té soit diver­si­fiée. Les méca­nismes et les types de pro­prié­té sont diver­si­fiés sur le ter­ri­toire com­mu­nal et nous affron­tons un défi énorme qui consiste à garan­tir que tout per­mette l’autogestion, l’autonomie ali­men­taire et le ren­for­ce­ment éco­no­mique sur le territoire.

R.M : Venons-en à la Com­mune. Qu’appelez-vous une Com­mune au Vene­zue­la ? Com­ment expli­­que­­rais-tu à une per­sonne qui ignore tout de ce pro­ces­sus poli­tique de pre­mier ordre, ce qu’est une com­mune et com­ment fonc­­tionne-t-elle ? Quelle est la rela­tion de la Com­mune avec les Conseils communaux ?

B.E : Peut-être que la pre­mière chose serait de dire qu’il s’agit d’un regrou­pe­ment de conseils com­mu­naux mais c’est beau­coup plus que cela. L’idée est que toutes les forces et les mou­ve­ments pré­sents sur un ter­ri­toire forment une com­mune.  En plus des Conseils com­mu­naux, on trouve dans la Com­mune les conseils de jeu­nesse, les conseils pay­sans, les Conseils de pro­duc­tion des tra­vailleurs ; tout ce qui fait la vie poli­tique et éco­no­mique d’un ter­ri­toire vient for­mer la com­mune.  Les dif­fé­rents comi­tés qui forment un conseil com­mu­nal ont ensuite un porte-parole, qui, dans la com­mune, par­ti­cipe aux ins­tances d’autogouvernement. Un porte-parole de chaque conseil com­mu­nal siège au par­le­ment de la com­mune. L’idée est que cela consti­tue un sys­tème d’agrégation et déter­mine une nou­velle géo­mé­trie du pou­voir. L’objectif est qu’à un moment don­né, ce modèle com­mu­nal dépasse les struc­tures héri­tées de notre vieil état, où le modèle admi­nis­tra­tif est basé sur la mai­rie, ou le gou­ver­ne­ment régio­nal. Ces struc­tures qui nous viennent de la colo­ni­sa­tion sont très liées au vieux modèle de démo­cra­tie repré­sen­ta­tive. Elles ne relèvent pas du sys­tème per­ma­nent et direct d’autogouvernement du peuple sur un ter­ri­toire qu’il a lui-même déci­dé. Aujourd’hui au Vene­zue­la, il existe 3078 com­munes de ce type. Dans la com­mune et le conseil com­mu­nal, l’assemblée de citoyens est l’instance supé­rieure, rai­son pour laquelle elle per­met une démo­cra­tie per­ma­nente qui ne peut être délé­guée. C’est une démo­cra­tie pleine, elle est par­ti­ci­pa­tive, protagonique.

R.M : Quelle est la rela­tion entre cet État com­mu­nal qui prend forme et les struc­tures tra­di­tion­nelles de l’État vénézuélien ?

B.E : Les vieilles struc­tures de l’État, les mai­ries, les conseils muni­ci­paux, les gou­ver­ne­ments régio­naux, conti­nuent d’avoir un rôle. Nous les avons main­te­nus, nous les avons réno­vés, nous conti­nuons d’organiser des élec­tions — que le cha­visme vient de gagner, d’ailleurs — mais nous croyons que, si le pou­voir réside dans le peuple, l’exercice de démo­cra­tie par ce sou­ve­rain qu’est le peuple doit être per­ma­nent, et le déve­lop­pe­ment de poli­tiques publiques doit être éga­le­ment entre les mains du peuple. C’est pour­quoi, pour nous, le pou­voir de la com­mune et du conseil com­mu­nal consti­tue la base de ce que doit être le nou­vel État, un État véri­ta­ble­ment popu­laire, un État qui rompt avec la bureau­cra­tie, avec l’héritage de ce modèle de fausse démo­cra­tie bour­geoise et repré­sen­ta­tive. Nous sommes dans un pro­ces­sus d’invention per­ma­nente avec des erreurs et des réus­sites mais nous essayons de construire un autre modèle. Nous ne pou­vons être pro­ta­go­nistes de notre pro­ces­sus poli­tique qu’en le fai­sant, qu’en nous ren­con­trant, qu’en débat­tant, qu’en le dis­cu­tant dans le même temps où nous sommes un acteur pro­ta­go­nique de ce changement.


Assem­blée géné­rale pour élire l’au­to­gou­ver­ne­ment de la Com­mune Simon Boli­var dans l’E­tat rural d’A­pure (pho­to : Caro­li­na Cruz) 

R.M : Si le Conseil com­mu­nal dépend en par­tie des ins­tances admi­nis­tra­tives locales ou natio­nales pour finan­cer ses pro­jets, la Com­mune entend être véri­ta­ble­ment auto­nome. Qu’en est-il de l’é­co­no­mie communale ?

B.E : La com­mune a son mode de fonc­tion­ne­ment propre mais elle intègre les ini­tia­tives de l’Etat cen­tral comme la créa­tion de comi­té pour la pro­tec­tion sociale ou le Car­net de la Patrie (5). Elle se charge aus­si de nou­velles tâches. A cause de la guerre que nous subis­sons, les Comi­tés locaux d’approvisionnement et de pro­duc­tion (CLAP) ont été créés et se chargent de la dis­tri­bu­tion directe de l’alimentation dans la Com­mune, mai­son par mai­son (5).

Il faut que la Com­mune soit auto­suf­fi­sante dans le temps, et qu’elle ait les capa­ci­tés de pro­duire dans tous les sec­teurs : agri­cole, tou­ris­tique et même dans l’industrie com­mu­nale car nous avons déve­lop­pé, grâce à l’investissement de l’État, des pro­ces­sus indus­triels com­mu­naux qui garan­tissent tant l’approvisionnement au niveau de la com­mune que l’échange et l’apport au niveau natio­nal. Le déve­lop­pe­ment éco­no­mique de la com­mune est un élé­ment fon­da­men­tal pour qu’une com­mune soit une com­mune. Dans ces temps de guerre, la pro­duc­tion est une impé­rieuse néces­si­té. Mais il y a aus­si des pro­ces­sus dif­fé­ren­ciés : la capa­ci­té de pro­duc­tion n’est pas la même dans une zone urba­ni­sée que dans une com­mu­nau­té rurale.

R.M : Évi­dem­ment.

B.E : Néan­moins, dans les com­munes urbaines, nous avons des bou­lan­ge­ries com­mu­nales, des pota­gers com­mu­naux, les gens com­mencent sur­tout à déve­lop­per l’activité tex­tile et nous avons obte­nu, qu’à l’intérieur d’une com­mune urbaine, il existe des bri­gades de pro­duc­tion aux­quelles l’Etat a attri­bué des terres pour qu’ils pro­duisent dans des zones rurales et rap­portent les pro­duits en zone urbaine.

R.M : Quel est le lien entre l’État, le Minis­tère des Com­munes, dont tu es la plus haute repré­sen­tante, et les com­munes elles-mêmes ? C’est-à-dire entre cet État héri­té mais éga­le­ment néces­saire pour appli­quer une macro-poli­­tique, et les forces popu­laires organisées ?

B.E : Le Minis­tère des Com­munes pro­meut l’organisation de la Com­mune, il faci­lite les méca­nismes pour qu’elle soit légale, pour qu’elle s’organise, pour que l’on forme les citoyens et citoyennes et qu’ils puissent se consti­tuer en conseils com­mu­naux puis en com­mune. Ain­si, l’une des prin­ci­pales tâches est de pro­mou­voir l’organisation du peuple pour qu’il par­vienne à éta­blir ses propres méca­nismes d’autogouvernement. L’un des élé­ments éga­le­ment impor­tant, c’est la for­ma­tion. D’une part, dans le pro­ces­sus de pro­duc­tion et d’autre part dans la mise en marche des poli­tiques sur le ter­ri­toire, des poli­tiques publiques qui se font au niveau de la com­mune. Nous sou­te­nons de fait tous les lea­der­ships nais­sants pour que se consti­tuent des Communes.

Mais, il y a un autre élé­ment qui repré­sente une tâche impor­tante pour nous en tant que minis­tère. Il nous faut per­mettre l’articulation natio­nale de toutes les com­munes. Le com­man­dant Chá­vez disait qu’une com­mune iso­lée pou­vait même être contre-révo­­lu­­tion­­naire. La seule façon pour qu’elle soit révo­lu­tion­naire, pro­fon­dé­ment démo­cra­tique et trans­for­ma­trice, c’est qu’il y ait un tis­su social com­mu­nal, qu’il y ait une véri­table arti­cu­la­tion entre toutes les com­munes. Nous favo­ri­sons l’organisation de Congrès et de ren­contres entre les com­munes. Lors d’une récente ren­contre natio­nale que nous avons orga­ni­sé, a sur­git l’idée de la créa­tion d’une Uni­ver­si­té des Com­munes. Ou plu­tôt devrais-je dire d’une Mul­ti­ver­si­té plu­tôt qu’Université. Tout ce tra­vail de mise en rela­tion dépend du Minis­tère. Celui-ci apporte, lorsque cela est néces­saire, des res­sources pour le déve­lop­pe­ment d’initiatives de pro­duc­tion, des semences pour l’agriculture, des outils, des machines.

Mais l’organisation des com­munes ne peut rele­ver exclu­si­ve­ment de la res­pon­sa­bi­li­té du Minis­tère des Com­munes. Il existe un tel niveau de déve­lop­pe­ment des forces com­mu­nales qu’elles-mêmes sont et doivent être pro­mo­trices de la créa­tion d’autres com­munes, et orga­ni­sa­trices de ce grand mou­ve­ment com­mu­nal natio­nal. Nous sommes donc dans une phase de trans­fert de pou­voir et d’attributions que détient le Minis­tère aux com­munes. Pour l’organisation du ter­ri­toire, l’un des méca­nismes est : « la com­mune sème d’autres com­munes ». Une com­mune pion­nière, entre­pre­nante qui s’est déve­lop­pée de façon impor­tante éco­no­mi­que­ment, socia­le­ment et au niveau poli­tique devient un fac­teur mul­ti­pli­ca­teur des com­munes à par­tir de son fonctionnement.


La ministre des Com­munes Blan­ca Eeck­hout lors d’un échange avec les comu­ne­ros 

R.M : Quels sont vos pro­chains défis politiques ?

B.E : Nous pen­sons que l’exercice per­ma­nent de la démo­cra­tie est plus que jamais néces­saire. C’est pour­quoi, il nous faut accé­lé­rer le trans­fert de nou­velles attri­bu­tions au mou­ve­ment com­mu­nal. Nous sommes actuel­le­ment dans une phase d’organisation d’élections pour garan­tir le renou­vel­le­ment des lea­der­ships, et le ren­for­ce­ment des assem­blées citoyennes. Et nous orga­ni­sons ceci dans un scé­na­rio com­plexe, à cause de toutes les menaces et les attaques contre notre pays, ain­si que la guerre éco­no­mique qui s’abat contre le Venezuela.

R.M : Der­nière ques­tion, quelle est l’importance du thème de la démo­cra­tie pour la  Révo­lu­tion Boli­va­rienne au Venezuela ? 

B.E : La Révo­lu­tion boli­va­rienne au Vene­zue­la existe parce qu’il y a un peuple orga­ni­sé qui exerce le pou­voir. Sans cela, nous n’aurions pas pu sup­por­ter les ter­ribles attaques dont nous sommes vic­times depuis vingt ans. On nous a appli­qué toutes les doc­trines de guerre pour trans­for­mer le Vene­zue­la en un État voyou, failli, nous vivons sous la menace per­ma­nente de coups d’état et d’une inter­ven­tion mili­taire. Dans ces cir­cons­tances, dans les moments les plus dif­fi­ciles, la Révo­lu­tion a tou­jours convo­qué le peuple sou­ve­rain, comme ce fut le cas encore lors du pro­ces­sus consti­tuant que nous avons ini­tié en 2017.

Cette année là, alors que nous affron­tions depuis plu­sieurs semaines un épi­sode insur­rec­tion­nel qui pou­vait pro­vo­quer une guerre civile dans le pays, le pré­sident Nico­las Madu­ro a déci­dé de consul­ter le peuple, et de convo­quer de nou­veau une Assem­blée Consti­tuante. Ce pro­ces­sus a été encore plus démo­cra­tique que celui que nous avons fait en 1999 car le pro­ces­sus d’élections a été ter­ri­to­rial et par sec­teurs de la popu­la­tion. Nous avons choi­si de façon directe nos propres porte-paroles pour les per­sonnes âgées, pour les per­sonnes pré­sen­tant un han­di­cap, pour les pay­sans, pour les pêcheurs, pour la jeu­nesse, pour les tra­vailleurs, pour les com­munes, pour toutes les forces vives de notre pays. Il y a des repré­sen­tants de tous les sec­teurs dans notre Assem­blée Natio­nale Constituante.

Actuel­le­ment, il y a un débat sur tout, ouvert, achar­né, mais ce qui était fon­da­men­tal pour aller à cette Assem­blée Natio­nale Consti­tuante, ce fut de cher­cher la paix. Ce qui démontre que la démo­cra­tie apporte la paix, la vraie démo­cra­tie, celle qui ne réduit pas la volon­té du peuple, qui n’est pas la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive. La démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive et pro­ta­go­nique est une garan­tie de paix et c’est la garan­tie d’une Patrie. Dans les moments les plus dif­fi­ciles, notre pré­sident Nico­las Madu­ro, de même que le Com­man­dant Cha­vez avant lui, a constam­ment appe­lé au dia­logue, à la négo­cia­tion, à écou­ter les autres, et il a assu­mé au sein de ce dia­logue des enga­ge­ments énormes, comme réno­ver tous les pou­voirs au beau milieu d’une guerre.

En 2017 et 2018, au milieu de la guerre éco­no­mique (6), de la guerre ter­ro­riste, de la ten­ta­tive de guerre civile (7), nous avons convo­qué un pro­ces­sus consti­tuant et nous avons gagné. La voix du peuple est la voix de Dieu, elle s’est mani­fes­tée et nous avons retrou­vé la paix le len­de­main de l’élection des dépu­tés consti­tuants. Puis, nous avons convo­qué des élec­tions muni­ci­pales et régio­nales et enfin une élec­tion pré­si­den­tielle, et nous avons gagné. Je crois que, dif­fi­ci­le­ment, en plein état de siège, en situa­tion de blo­cus, un gou­ver­ne­ment se sou­met à autant d’élections comme nous l’avons fait. C’est la confiance du peuple, c’est l’exercice direct et réel de la volon­té du peuple de vivre en démo­cra­tie et d’avoir la paix. Devant toutes les menaces de la bar­ba­rie fas­ciste, je ne crois pas qu’il existe d’autres façons de garan­tir notre révo­lu­tion, si ce n’est par une démo­cra­tie totale. Parce que, ain­si, c’est le peuple entier qui est concer­né et qui s’unit pour la défendre.

C’est cela un peuple en mou­ve­ment. Et pour être en mou­ve­ment, il doit être pro­ta­go­niste de son des­tin. Il ne peut être un « invi­té de pierre ». C’est pour­quoi, mal­gré les men­songes média­tiques, mal­gré le fait que des mil­lions d’hommes et de femmes ont été ren­du com­plè­te­ment invi­sibles, ils conti­nuent de défendre cette révo­lu­tion. Si nous résis­tons et que nous conti­nuons d’avancer, c’est parce que le peuple est un véri­table acteur poli­tique, parce que cette démo­cra­tie est une vraie démocratie.


Extrait de notre ren­contre avec Blan­ca Eekhout (en français)

Cette inter­view serait sûre­ment encore un fichier .mp3 dis­si­mu­lé dans un des nom­breux dos­siers de mon ordi­na­teur sans l’aide pré­cieuse et admi­rable de Syl­vie Car­ras­co qui nous a aidé à la trans­crire et à la tra­duire. Qu’elle en soit mille fois remerciée. 

Notes ajou­tées par nous :

(1)  Convo­qué par Simon Boli­var le 15 février 1819 dans la ville d’Angostura (actuelle Ciu­dad Boli­var) au Vene­zue­la, cette Assem­blée consti­tuante avait pour but d’organiser admi­nis­tra­ti­ve­ment et légis­la­ti­ve­ment les ter­ri­toires libé­rés de l’Empire espa­gnol ou en passe de l’être.

(2)  Pour connaître com­ment fonc­tionne le pou­voir élec­to­ral, et le sys­tème élec­to­ral véné­zué­lien, lire Romain Migus, « Tout com­prendre à la nou­velle offen­sive contre le Vene­zue­la », Vene­zue­la en Vivo, 09/01/2018, https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​1​/​t​o​u​t​–​c​o​m​p​r​e​n​d​r​e​–​s​u​r​–​l​a​–​n​o​u​v​e​l​l​e​.​h​tml

(3)  Le défen­seur du Peuple est une figure équi­va­lente au Défen­seur des droits, en France.

(4)  « Ley Orga­ni­ca de los Conse­jos Comu­nales », publié au jour­nal offi­ciel nº39.335, 28/12/2009, dis­po­nible sur http://www.minci.gob.ve/wp-content/uploads/downloads/2012/11/LEY-CONSEJOS-COMUNALES‑6–11–2012-WEB.pdf

(5)  Pour com­prendre le sys­tème du Car­net de la Patrie ou des CLAP, lire Romain Migus, « Entre mesures d’ur­gence et construc­tion de l’E­tat. Chro­niques d’en bas nº4 », Vene­zue­la en Vivo, 02/08/2018,

https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​8​/​0​8​/​e​n​t​r​e​–​m​e​s​u​r​e​s​–​d​u​r​g​e​n​c​e​–​e​t​–​c​o​n​s​t​r​u​c​t​i​o​n​.​h​tml

(6)  Pour se rendre compte de la féro­ci­té de la guerre éco­no­mique contre le Vene­zue­la, lire Romain Migus, « Chro­no­lo­gie actua­li­sée des sanc­tions éco­no­miques contre le Vene­zue­la », Vene­zue­la en Vivohttps://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​1​/​c​h​r​o​n​o​l​o​g​i​e​–​d​e​s​–​s​a​n​c​t​i​o​n​s​–​e​c​o​n​o​m​i​q​u​e​s​.​h​tml

(7)  Lire Mau­rice Lemoine, Chro­nique d’une désta­bi­li­sa­tion, Mon­treuil : éd. Le Temps des Cerises, 2019.

 

 

Source : https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​6​/​l​a​–​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​–​p​a​r​t​i​c​i​p​a​t​i​v​e​–​a​u​.​h​tml



• Ensuite, je vous signale ce tout récent entre­tien, pas­sion­nant et impor­tant, de Romain Migus avec Vincent Lapierre (lui aus­si un connais­seur du Vene­zue­la), expo­sé à écou­ter le crayon à la main pour mieux fixer les noms et les dates :

Comprendre la situation au Venezuela



• Ensuite, cet entre­tien de Romain avec l’ex­cellent Michel Col­lon (Inves­tig’Ac­tion) :

Qu’est-ce que les Gilets Jaunes en ont à foutre du Venezuela ?



GILETS JAUNES ET AMÉRIQUE LATINE


https://​www​.face​book​.com/​m​i​g​u​s​r​o​m​a​i​n​/​p​o​s​t​s​/​1​2​9​8​8​6​8​8​5​3​5​9​6​563

*Texte tra­duit par Clau­dia Karlinsky

1. Le PIB de la ville de Bue­nos Aires repré­sente 25% du PIB natio­nal ; Ka Nation 13–08–20022.Ana Maria Fer­nan­dez, “ El mar en una botel­la ”, publié par la revue “ El cam­po gru­pal ” AÑO4, n°32-Marzo 2002, Bue­nos Aires,

3. Pour voir une ana­lyse minu­tieuse par rap­port aux années quatre-vingt-dix en Amé­rique Latine voir Brie­ger, Pedro : “ De la déca­da per­di­da a la déca­da del mito neo­li­be­ral ”.In La glo­ba­li­za­cion eco­­no­­mi­­co-fiann­­cie­­ra. Su impac­to en Amé­ri­ca Lati­na (AAVV) Ed. CLASCO5.Clarin, 10 juin 1999

6. Cla­rin, 23 novembre 2001

7. Cla­rin, 17 décembre 1999

8. Ariel Ogan­do : Deso­cu­pa­dos y cortes de ruta en el noroeste argen­ti­no ”. in Revis­ta Her­ra­mien­ta n°15. Bue­nos Aires, Automne 2001

9. Voir Tony Flores. De la culpa a la auto­ges­tion. Un recor­ri­do del movi­mien­to de Tra­ba­ja­dores Deso­cu­pas de La Matan­za. MTD Edi­to­ra, Bue­nos Aires, décembre 2002.

10. Voir le tra­vail de Nico­la Inigo Car­re­ra et Maria Cel­la Cota­re­lo “ Clase y pro­tes­ta social en la Argen­ti­na de los “ 90 ”. Agen­cia Way­ru­ro, 26 juin 2001.

11. “ Una inves­ti­ga­cion de la UBA sobre las fabri­cas recu­pe­ra­das por sus obre­ros ” in Pagi­na 12, 5 jan­vier 2003

12. Pour com­prendre en pro­fon­deur le phé­no­mène des “ nou­veaux pauvres ” voir l’excellent tra­vail d’Alberto Minu­jin et Gabriel Kess­ler “ La nue­va pobre­za en la Argen­ti­na. ” Bue­nos Aires. Ed Pla­ne­ta, 1995

13. Voir Pedro Brie­ger “ Tes­ti­mo­nio de una pue­bla­da ”, in El GRANO DE ARENA n° 120, 26/12/2001

14. Voir Emi­lio Cafas­si : Olla a pre­sion (cace­ro­la­zos, piquetes y asam­bleas sobre fue­go argen­ti­no. Univ. De Bue­nos Aires, avril 2002, Pgs 79–82

15. Avant De la Rua, les pré­si­dents sui­vants sont tom­bés suite à des mobi­li­sa­tions popu­laires : Fer­nan­do Col­lor de Mel­ho au Bré­sil, en décembre 1992, Car­los Andrés Per­ez au Véné­zue­la en mai 1993, Abda­la Buca­ram en Equa­teur en février 1997, Raul Cubas Grau au Para­guay en Mars 1999, Jamil Mahuad en Equa­teur en jan­vier 2000 et Alber­to Fuji­mo­ri au Pérou en novembre 2000.

16. Ale­jan­dro Horo­wicz, dans Oscar Caram ‘que se vaya todo’, Manuel Sua­rez Edi­tor, Bue­nos Aires 2002, pag. 22.

17. Pagina/12, 20 jan­vier 2001

18. Asu­ce­na , Assem­blée d’Almagro ; in Oscar Caram, opus cité page 30

19. S’il est vrai que l’essor de ces assem­blées semble la consé­quence du ras le bol public face aux conduites peu dignes de confiance de la classe poli­tique, l’on doit tenir compte du fait que de tels méca­nismes de déli­bé­ra­tion popu­laire ren­ferment un dan­ger, de par leur nature, on peut les rap­pro­cher de l’inquiétant modèle de déci­sion des “ soviets ”, (La Nacion , 14 fdé­vrier 2002)

20. Denis et Joelle Chas­sin : Pour com­prendre la crise argen­tine. Ins­ti­tut d’études poliitques. Strasbourg.Janvier 2003, pag. 186

21. Pol­lo (pseu­do­nyme) “ Para mili­tantes y mili­ta­dos ”, 13 février 2002, in www. Indy​me​dia​.org 5e22.Modesto Emi­lio Guer­re­ro : “ Emer­gen­cia y desa­fios de las asam­bleas bar­riales ”, Revis­ta Her­ra­mien­ta N°19, Automne 2002, Bue­nos Aires.“

23. Modes­to Emi­lio Guer­re­ro ; “ Emer­gen­cia y desa­fios de las asam­bleas bar­riales ”, Revis­ta Her­ra­mien­ta N° 19, Automne 2002, Bue­nos Aires, Argentine.

24. Julie­ta Mira y Car­los Jua­rez Alda­za­bal “ Cultu­ra y poli­ti­ca en un bar­rio : La tra­ma de la Asam­blea de Paler­mo Vie­jo ”. Sou­te­nance pré­sen­tée aux Vèmes jour­nées de socio­lo­gie de la UBA, novembre 2002

26. Gus­ta­vo Vera, Asam­blea Popu­lar 20 décembre, Parc Avel­la­ne­da ; in Oscar Caram, Opus.Cité page 80

27. Entre­vue avec Ani­bal Qui­ja­no, Bue­nos Aires, Juillet 2002.

28. Cris­ti­na Fei­joo et Lucio Salas Oroño ; “ Las asam­bleas y el movi­mien­to social ”. In qué son las Asam­bleas popu­lares. Ed. Continente/Pena Lil­lo ; Bue­nos Aires 2002..Pag.2429. Entre­vue avec Toty Flores, jan­vier 2003.30. Entre­vue avec Sil­va­no Vil­la­gra, jan­vier 2003.

Source : https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​5​/​p​e​d​r​o​–​b​r​i​e​g​e​r​–​l​e​s​–​a​s​s​e​m​b​l​e​e​s​–​d​e​–​v​o​i​s​i​n​s​.​h​tml


Michel Collon résume son livre (important) : « les 7 péchés d’Hugo Chavez » :


https://​www​.legrand​soir​.info/​l​e​s​–​7​–​p​e​c​h​e​s​–​d​–​h​u​g​o​–​c​h​a​v​e​z​.​h​tml


Voi­ci aus­si un débat très inté­res­sant sur le Vene­zue­la, sur RT France avec Fré­dé­ric Tad­déi, en jan­vier 2019, où Romain Migus est accom­pa­gné de Mau­rice Lemoine (une autre réfé­rence abso­lue pour com­prendre l’A­mé­rique Latine, de mon point de vue) pour contrer les erreurs de Renaud Girard et Gabriel Giménez-Roche :

Interdit d’interdire : La crise vénézuélienne : le débat


Il faut aus­si signa­ler une pas­sion­nante série d’ar­ticles de Romain pour com­prendre la guerre qui vient contre le Venezuela :

Com­prendre la Guerre qui vient 

Romain Migus : « La guerre contre le Vene­zue­la a déjà com­men­cé. Mais une offen­sive d’envergure est en train de se pré­pa­rer contre le pays cari­béen, que seule la capi­tu­la­tion totale, ou la dis­pa­ri­tion du camp boli­va­rien, pour­raient endi­guer. Comme ces options ne sont pas à l’ordre du jour, le conflit mili­taire contre le Vene­zue­la prend chaque jour un peu plus forme.

Com­ment com­prendre la guerre qui s’annonce ? Quels seront les acteurs impli­qués dans ce conflit ? Quelles seront les stra­té­gies mises en place pour dévas­ter le pays ? Dans cette ana­lyse en cinq par­ties, nous ten­te­rons d’apporter des élé­ments de réponse pour que nos lec­teurs com­prennent toutes les dimen­sions d’un affron­te­ment qui paraît inéluctable. »

1ère par­tie : Le rôle des Etats-Unis et de leurs alliés (22÷05÷2019). Lire l’ar­ticle
2ème par­tie : Consti­tu­tion d’une armée paral­lèle (03÷06÷2019). Lire l’ar­ticle
3ème par­tie : Les com­bat­tants véné­zué­liens (déser­teurs, civils et cri­mi­nels) (07÷06÷2019). Lire l’ar­ticle 
4ème par­tie : Les élé­ments étran­gers (mer­ce­naires, para­mi­li­taires et forces spé­ciales) (11÷06÷2019) Lire l’ar­ticle
5ème par­tie : La stra­té­gie d’a­gres­sion contre le Vene­zue­la. (19÷06÷2019). Lire l’ar­ticle


Tout ça est pas­sion­nant, je trouve, très proche des pré­oc­cu­pa­tions des gilets jaunes consti­tuants fran­çais, très utile pour tenir bon et pour progresser.

Bon tra­vail à tous pour décou­vrir tout ça.

Étienne.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​3​2​5​4​4​1​3​2​7​317

[Moment rare] Interdit d’interdire : Olivier Berruyer et Jean-Michel Aphatie – Information ou propagande ?

Un échange raris­sime, et inté­res­sant, sur RT (for­cé­ment) (puisque c’est presque le der­nier grand média libre du pays) : 

On y parle des vio­lences poli­cières très mal cou­vertes par les gens comme Apa­thie, des cri­tiques de l’UE et de l’eu­ro pas cou­vertes non plus par Apa­thie et ses com­plices, de plu­ra­lisme de la presse en dan­ger, du fléau de la traque gou­ver­ne­men­tale aux oppo­sants via les der­nières lois comme celle sur les « fake news », et de la dérive auto­ri­taire du régime Macron sous l’œil indif­fé­rent de des pré­ten­dus « jour­na­listes » (inca­pables de dire du mal de Big Bro­ther Macron et des ravages qu’il cause au pays).

On y parle d’As­sange, de son empri­son­ne­ment pour avoir révé­lé des choses vraies, des pro­tes­ta­tions de l’O­NU et des ONG contre les mau­vais trai­te­ments qu’on lui inflige, et du silence de la presse fran­çaise sur ce point (avec la tech­nique fourbe de la page 27) : je trouve scan­da­leux le mépris assu­mé d’A­pa­thie pour la tor­ture du jour­na­liste Julian Assange ; au moins, ici, c’est prou­vé. Il y a des gens à qui le qua­li­fi­ca­tif d’enne­mi du peuple va comme un gant (de fer).

On y parle aus­si du RIC, outil démo­cra­tique par excel­lence dans un sys­tème de domi­na­tion par­le­men­taire : je trouve aus­si scan­da­leuse l’in­com­pé­tence crasse d’A­pa­thie sur ce sujet, dont il ose pour­tant par­ler avec aplomb un peu par­tout. Apa­thie essaie (deux fois) de se ser­vir des contro­verses qu’il entre­tient lui-même sur Chouard comme épou­van­tail à moi­neaux pour détour­ner les regards du RIC ; mais Oli­vier esquive bien.

Apa­thie évoque même les ate­liers consti­tuants popu­laires (en sou­li­gnant qu’il aime beau­coup le droit consti­tu­tion­nel), mais c’est pour les trou­ver abso­lu­ment ridi­cules (sans le moindre argu­ment bien sûr).

Mer­ci à Fré­dé­ric Tad­déi d’organiser des moments comme celui-là. Mer­ci à Car­la Cos­tan­ti­ni, surtout 🙂

Ami­tiés à tous. 

N’ou­bliez pas de faire des ate­liers consti­tuants tous les jours, avec vos voi­sins, avec vos copains, avec vos fran­gins, avec vos cou­sins… Vous allez pro­gres­si­ve­ment (et sans l’aide d’au­cun chef) deve­nir tous très bons pour écrire le contrat de tra­vail de vos repré­sen­tants. Et, le moment vou­lu, c’est ça qui va tout changer.

Étienne.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​2​6​8​7​4​5​6​4​2​317

[APPAUVRISSEMENT général pendant que les ultra-riches se goinfrent] Scandale de NOTRE DÉSINDUSTRIALISATION, VOULUE ET IMPOSÉE depuis 40 ans par Pompidou (banquier) et ses successeurs, eux aussi vendus aux plus riches. Les gilets jaunes construisent déjà l’alternative : ateliers constituants, RICs sauvages…

Pierre Lévy, fon­da­teur du jour­nal Rup­tures radi­ca­le­ment euro­cri­tique, vient de publier sa troi­sième émis­sion télé­vi­sée, « Le Point de Rup­tures », et cette fois, nous avons tra­vaillé sur le petit livre (très sti­mu­lant) de Pierre Ver­me­ren, « La France qui déclasse. Les gilets jaunes, une jac­que­rie du 21e siècle » (Tal­lan­dier 2019).


https://​www​.tal​lan​dier​.com/​l​i​v​r​e​/​l​a​–​f​r​a​n​c​e​–​q​u​i​–​d​e​c​l​a​s​se/

Voi­ci notre entretien :

Nous avons donc par­lé de la scan­da­leuse dés­in­dus­tria­li­sa­tion VOLONTAIRE (appau­vris­se­ment conti­nu, régres­sion his­to­rique, mise en dépen­dance dan­ge­reuse et non néces­saire) déci­dée sans débat public ni accord popu­laire — et sans aucune remise en cause mal­gré les innom­brables résul­tats catas­tro­phiques pour le pays.

Le livre de Pierre Ver­mu­ren pro­pose un état des lieux tonique et docu­men­té de qua­rante ans de ce j’ap­pelle des « tra­hi­sons » et que l’au­teur appelle « un gâchis ». Après que Pierre ait résu­mé le pano­ra­ma (effrayant) des résul­tats (cata­clys­miques) des poli­tiques pen­sées et impo­sées par nos pré­ten­dues « élites » depuis 40 ans, sans avoir jamais eu aucune res­pon­sa­bi­li­té à assu­mer, j’ai insis­té sur les dia­ble­ries du libre-échange et de la « dette publique » (qui sont dans l’ADN de l’UE), et de l’eu­ro fort (qui est dans l’ADN de l’eu­ro, comme autant d’ins­tru­ments de tor­ture des peuples et de « tiermondisation ».

Tous les pays qui ont appli­qué le libre-échange (L‑É) se sont ruinés.

Tous.

. Tous les pays déve­lop­pés se sont protégés.

Tous.

. Le L‑É est une idéo­lo­gie cri­mi­nelle, tou­jours impo­sée par un empire à ses colonies.

. En Europe, l’Al­le­magne se com­porte comme la tête de pont d’un empire, pré­da­trice et cruelle (voyez comme elle pille encore la Grèce), et la France se com­porte comme une colo­nie, ser­vile et ran­çon­née, dont les « élites » cor­rom­pues tra­hissent leur pays à tout propos. 

. Par­tout sur terre, les mul­ti­na­tio­nales mar­ty­risent les pays colo­ni­sés, diri­gés par des traîtres.

Je vou­lais signa­ler ici un livre très impor­tant : « Com­ment les pays riches sont deve­nus riches et pour­quoi les pays pauvres res­tent pauvres » d’E­rik Rei­nert, avec une pré­face excep­tion­nelle (un vrai bon livre en soi) de Claude Rochet :


https://​books​.google​.fr/​b​o​o​k​s​?​i​d​=​n​m​H​L​D​A​A​A​Q​BAJ.….

Le livre de Pierre est un bon livre. Mais, j’en ai sou­li­gné une (grande) lacune, dans son évo­ca­tion des gilets jaunes : pas un mot n’a été dit, alors que c’est une inno­va­tion his­to­rique et por­teuse de grands espoirs inédits, de l’ac­tion révo­lu­tion­naire des gilets jaunes, avec leurs RICs SAUVAGES (déclen­chés sans l’aide des élus) et leurs ate­liers consti­tuants (trans­for­mant des foules d’é­lec­teurs enfants en citoyens adultes), par­tout dans le pays.

Les gilets jaunes sont exem­plaires, en téna­ci­té, en volon­té d’u­ni­té, et en créa­ti­vi­té ; ils montrent le che­min de l’é­man­ci­pa­tion au reste de la popu­la­tion : nous sommes en train d’ap­prendre nous-mêmes à écrire nous-mêmes le contrat de tra­vail de nos repré­sen­tants (notre consti­tu­tion en peuple digne de ce nom), et nous n’a­vons pas besoin de nos maîtres pour nous éman­ci­per de la sorte.

Mer­ci à tous pour votre sou­tien, très émou­vant et très impor­tant : vous êtes pour moi comme une armure contre les mau­vais coups des enne­mis du peuple : nous sommes déjà en train de nous éman­ci­per sans eux.

Res­tez unis.

Et conti­nuez, inlas­sa­ble­ment, à trans­for­mer les autres en consti­tuants. On ne pro­gres­ser que par édu­ca­tion popu­laire, entre nous.

On gran­dit ensemble.

Étienne.

Fil face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​2​6​5​4​0​4​9​1​2​317



https://​rup​tures​-presse​.fr/​a​c​t​u​/​t​r​o​i​s​i​e​m​e​–​e​m​i​s​s​i​o​n​–​p​o​i​n​t​–​r​u​p​t​u​r​e​s​–​v​e​r​m​e​r​e​n​–​c​h​o​u​a​r​d​–​l​e​vy/

Pour sou­te­nir l’é­quipe de Rup­tures, qui pré­pare chaque semaine un bon outil pour s’in­for­mer avec sérieux sur les res­pon­sa­bi­li­tés unio­neu­ro­péennes du désastre éco­no­mique, poli­tique et social que nous vivons tous, je conseille de s’a­bon­ner au journal :
https://​rup​tures​-presse​.fr/​a​b​o​n​n​e​m​e​nt/