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Le processus constituant à la loupe – Politoscope TV (BETA)

Le processus constituant à la loupe – Politoscope TV (BETA)

Mer­ci à Fré­dé­ric Bas­cuña­na et à Space Ago­ra pour cet entre­tien https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​p​q​-​G​x​J​a​h​M4Q Ce Mer­cre­di 10 avril, nous avions enre­gis­tré un « salon vocal sur X, en com­pa­gnie d’ @Etienne_Chouard – vous pou­vez retrou­ver nos lives en sui­vant les comptes @Space_Agora ou @parrhesiaste_fr (Fred Bas­cuña­na) pour inter­agir avec les invi­tés. Nous avons ce soir-là abor­dé de manière concrète le pro­ces­sus consti­tuant et ses avan­tages. Som­maire : 14:43 Du carac­tère incon­tour­nable de la…

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[Exceptionnel] Rencontre avec Jacques Neirynck, un ancien élu suisse

[Exceptionnel] Rencontre avec Jacques Neirynck, un ancien élu suisse

Mer­ci à Tho­mas Wro­blevs­ki fon­da­teur de l’as­so­cia­tion Moder­no­cra­tie pour l’or­ga­ni­sa­tion de cette ren­contre : Ouvrir la vidéo sur you­tube https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​2​A​g​P​9​m​L​u​H​6​I​&​t​=​1​47s Etienne Chouard ren­contre Jacques Nei­rynck lors de la « Jour­née démo­cra­tie » du 18.02.24 à Lau­sanne et orga­ni­sée par l’as­so­cia­tion Moder­no­cra­tie. Jacques Nei­rynck a 93 ans, il a été élu au Conseil natio­nal de 1999 à 2003 et de 2007 à 2015 au PDC, le Par­ti Démo­crate-Chré­tien et a mis fin à sa carrière…

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Le mirage des élections européennes – Entretien avec Jérémie Mercier

Le mirage des élections européennes – Entretien avec Jérémie Mercier

Mer­ci à Jéré­mie Mer­cier pour son invi­ta­tion : « Pour cette émis­sion excep­tion­nelle, Jéré­mie Mer­cier reçoit Étienne Chouard, qui va nous mon­trer en quoi les élec­tions « euro­péennes » (les pro­chaines auront lieu le 9 juin 2024 en France) sont un mirage. De nom­breuses notions dis­cu­tées lors de l’é­mis­sion sont ras­sem­blées dans le docu­ment : « Prin­ci­paux griefs contre les ins­ti­tu­tions euro­péennes, ins­ti­tu­tions écrites sans les citoyens — même sou­vent contre eux — et pro­gram­mant leur impuissance ». »…

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For­mat grille – For­mat articles complets

Alain Supiot : DU GOUVERNEMENT PAR LES LOIS À LA GOUVERNANCE PAR LES NOMBRES : 12 leçons fondamentales retransmises à nouveau sur France Culture

Chers amis,

France Culture redif­fuse à par­tir d’au­jourd’­hui les 12 for­mi­dables et essen­tielles leçons qu’Alain Supiot a don­nées au Col­lège de France en 2013 sur la gou­ver­nance par les nombres.

Les douze cours sont déjà tous dis­po­nibles sur le site de France Culture, mais c’est autre chose de les entendre à la radio : il y a un côté « com­mu­nion » (on écoute tous ensemble), et aus­si un côté « il faut res­ter bien concen­tré pour ne rien rater », qui n’ap­par­tiennent qu’à la radio 🙂

J’ai déjà écou­té de nom­breuses fois toutes ces confé­rences, en auto ou en vélo, j’en raf­fole, je ne m’en lasse pas. C’est à par­tir du n°3, et encore plus du n°6, que l’in­té­rêt de ces cours devient incandescent.

Bien ami­ca­le­ment.

Étienne.


Ce lun­di 30 mars, c’est la pre­mière leçon (plus théo­rique et géné­rale que les suivantes) :

Épisode 1 : Du gouvernement des hommes : de l’imaginaire horloger à l’ordinateur

https://​www​.fran​ce​cul​ture​.fr/​e​m​i​s​s​i​o​n​s​/​l​e​s​–​c​o​u​r​s​–​d​u​–​c​o​l​l​e​g​e​–​d​e​–​f​r​a​n​c​e​/​d​u​–​g​o​u​v​e​r​n​e​m​e​n​t​–​p​a​r​–​l​e​s​–​l​o​i​s​–​a​–​l​a​–​g​o​u​v​e​r​n​a​n​c​e​–​p​a​r​–​l​e​s​–​n​o​m​b​r​e​s​–​1​1​2​–​d​u​–​g​o​u​v​e​r​n​e​m​e​n​t​–​d​e​s​–​h​o​m​m​e​s​-de

Mer­ryl Mone­ghet­ti intro­duit la leçon : Com­ment l’analyse juri­dique peut-elle contri­buer à éclai­rer les trans­for­ma­tions de nos socié­tés, tra­vaillées par la glo­ba­li­sa­tion, la révo­lu­tion numé­rique et le pas­sage, selon sa for­mule du « gou­ver­ne­ment par les lois à la gou­ver­nance par les nombres » ? s’in­ter­roge le juriste Alain Supiot.

Extrait du film "Metropolis" de Fritz Lang, la séquence dans l'usine, associée à un gros plan d'une main analysant les données boursières sur un écran. A. Supiot analyse la mise en place d'un « ordre normatif entièrement régi par le calcul ».
Extrait du film « Metro­po­lis » de Fritz Lang, la séquence dans l’u­sine, asso­ciée à un gros plan d’une main ana­ly­sant les don­nées bour­sières sur un écran. A. Supiot ana­lyse la mise en place d’un « ordre nor­ma­tif entiè­re­ment régi par le cal­cul ». Cré­dits : UFA/Jesada Wongsa/EyeEm/Getty/Moneghetti

Dans l’ac­tua­li­té de la pro­fonde remise en ques­tion de l’é­co­no­mie de mar­ché et de l’ap­proche bud­gé­taire des domaines sen­sibles que sont la san­té, la culture, et les ser­vices publics…, nous vous pro­po­sons  la redif­fu­sion de la série d’A­lain Supiot « Du gou­ver­ne­ment par les lois à la gou­ver­nance par les nombres(1re dif­fu­sion en jan­vier 2017).

Les années 2015–2020 sont mar­quées par des san­glants atten­tats et les ondes de choc du ter­rible conflit syrien, par l’ébranlement du Brexit et les secousses de l’élection de Donald Trump, à la tête des Etats-Unis, et plus récem­ment le mou­ve­ment des gilets jaunes et les grandes grèves en France et aujourd’­hui par une ter­rible pan­dé­mie qui néces­site le confi­ne­ment de la plus grande par­tie de la popu­la­tion et le ralen­tis­se­ment, voire la mise à l’ar­rêt de pans entiers de l’é­co­no­mie mon­diale. La« gou­ver­nance par les nombres », cet l’idéal des « objec­tifs mesu­rables », de la sta­tis­tique, de l’algorithme qui numé­rise tout et pour­rait tout maî­tri­ser… cet idéal serait-il bous­cu­lé par un retour de bâton de l’imprévisible ?

Alain Supiot, Pro­fes­seur au Col­lège de France, titu­laire de la chaire « État social et mon­dia­li­sa­tion : ana­lyse juri­dique des soli­da­ri­tés », fon­da­teur en 2008 de l’Ins­ti­tut d’é­tudes avan­cées de Nantes, dont il pré­side aujourd’­hui le comi­té stra­té­gique, s’attache dans son approche trans­di­ci­pli­naire et trans­na­tio­nale à rendre sa juste place  à cet impré­vi­sible qui fait notre monde. Il montre quel par­ti nous pou­vons tirer de l’analyse juri­dique dans la longue durée et dans une approche com­pa­ra­tive. La série de cours que vous allez pou­voir suivre a fait l’objet d’un sti­mu­lant ouvrage, inti­tu­lé « La gou­ver­nance par les nombres » chez Fayard, en 2015 (la publi­ca­tion en poche est pré­vue pour le prin­temps 2020). Cet ouvrage essen­tiel est publié dans la col­lec­tion, joli­ment nom­mée « Poids et mesures du monde ».Alain Supiot la défi­nit comme

« ouverte à des auteurs de tous les conti­nents, qui ont en com­mun de consi­dé­rer la diver­si­té des sys­tèmes de pen­sée, non pas comme un reste d’irrationalité dans un monde des­ti­né à deve­nir uni­forme, trans­pa­rent et gérable, mais comme un sup­port indis­pen­sable à l’institution de la rai­son, dans un monde des­ti­né à demeu­rer divers et imprévisible ».

Et c’est dans cet esprit qu’il ouvre ce matin sur la part indé­mon­trable des socié­tés, son « arma­ture dog­ma­tique », les sys­tèmes de croyances, le fameux ima­gi­naire col­lec­tif.

D’é­lec­tions en élec­tions,  mar­quées ces der­nières années par les popu­listes qui battent cam­pagne, la mon­dia­li­sa­tion  se trouve for­te­ment ques­tion­née, tan­dis que « l’ubérisation » et l’influence plus ou moins réflé­chie des réseaux sociaux, voire les dérives numé­riques (les craintes de pira­tages, l’é­pi­neux enjeu de la pro­tec­tion des don­nées per­son­nelles…) sont redoutées.

Alain Supiot remet bien des ques­tions en pers­pec­tive et retourne quelques idées reçues.

En 2008, dans une note pour le think tank, Notre Europe, il aver­tis­sait déjà :

« On aurait tort de ne pas prendre au sérieux ce que les diri­geants chi­nois appellent aujourd’hui« l’économie com­mu­niste de mar­ché », car elle éclaire le cours pris par la glo­ba­li­sa­tion. Nos notions de com­mu­nisme, d’économie de mar­ché ou de démo­cra­tie ne nous per­mettent en effet ni de com­prendre la sin­gu­la­ri­té des voies emprun­tées aujourd’hui par la Rus­sie ou la Chine, ni de voir en quoi ces pays sont à l’avant-garde de ten­dances plus géné­rales du nou­veau capi­ta­lisme mon­dial. Elles ne sont pas davan­tage en mesure d’éclairer le « défi­cit démo­cra­tique » de l’Europe, ni l’effacement dans les pays occi­den­taux du poli­tique au pro­fit de la « gou­ver­nance » à base d’indicateurs chif­frés et autres tech­niques de bench­mar­king. »

Nous voi­ci au cœur des enjeux.

Alors com­ment est-on pas­sé d’un ima­gi­naire qui s’est don­né comme « objet fétiche » l’horloge à « l’imaginaire cybernétique » ?

Nous gagnons l’amphithéâtre du Col­lège de France, le 31 jan­vier 2013,  pour le cours d’introduction d’Alain Supiot àsa série inti­tu­lée « Du gou­ver­ne­ment par les lois à la gou­ver­nance par les nombres » :

PS : par­mi tous les livres d’A­lain Supiot, que j’aime tous lire, je vous recom­mande par­ti­cu­liè­re­ment ces deux-là, ce sont des bijoux : 


https://​www​.fayard​.fr/​s​c​i​e​n​c​e​s​–​h​u​m​a​i​n​e​s​/​l​a​–​g​o​u​v​e​r​n​a​n​c​e​–​p​a​r​–​l​e​s​–​n​o​m​b​r​e​s​–​9​7​8​2​2​1​3​6​8​1​092


http://www.seuil.com/ouvrage/l‑esprit-de-philadelphie-alain-supiot/9782020991032

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​8​0​5​6​0​4​2​1​0​7​317

Une action en justice est lancée par des citoyens et avocats en soutien aux 600 médecins ayant porté plainte contre le gouverne-ment : http://​plain​te​co​vid​.fr

Ça bouge côté citoyens : une action en jus­tice est lan­cée par des citoyens et avo­cats en sou­tien aux 600 méde­cins ayant por­té plainte contre le gou­­verne-ment : http://​plain​te​co​vid​.fr

15 000 plaintes dépo­sées en 24 h…

Citoyen, te laisse pas faire ! La politique c'est ton affaire !

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​p​h​o​t​o​.​p​h​p​?​f​b​i​d​=​1​0​1​5​8​0​4​7​7​4​6​4​7​2​3​1​7​&​s​e​t​=​a​.​1​0​1​5​0​2​7​9​4​4​5​9​0​7​3​1​7​&​t​y​p​e​=​3​&​t​h​e​a​ter

[Passionnant et important] Didier Sicard : « Il est urgent d’enquêter sur l’origine animale de l’épidémie de Covid-19 »

Article pas­sion­nant et impor­tant, de Didier Sicard sur France culture, signa­lé par Juan.

Cette ana­lyse recoupe en de nom­breux points nos recherches des racines pro­fondes (la cause des causes) des crimes odieux du pré­ten­du « néo­li­bé­ra­lisme », gou­ver­nance par les nombres for­mi­da­ble­ment décrite par Alain Supiot, scien­tisme irres­pon­sable et assas­sin qu’on retrouve chez les nazis, chez les sovié­tiques, et chez… les Unioneuropéistes.

Don­ner le pou­voir à des comp­tables (des ges­tion­naires, des mana­gers) a été une catas­trophe huma­ni­taire majeure dont on n’a pas fini de payer le prix exor­bi­tant.

On en crè­ve­ra peut-être, si notre sot­tise et notre vul­né­ra­bi­li­té aux bobards (en l’oc­cur­rence, les men­songes des mar­chands et de leurs élus) en rajoutent encore au désastre.

Étienne.

PS : moi j’au­rais plu­tôt don­né à ce texte le titre suivant :
« Il est urgent d’en­quê­ter sur l’o­ri­gine humaine de l’é­pi­dé­mie de Covid-19 ».

On pour­rait aus­si incri­mi­ner la vora­ci­té des hommes à man­ger tous les autres animaux.


Didier Sicard : « Il est urgent d’enquêter sur l’origine animale de l’épidémie de Covid-19 »

Entre­tien |La recherche se foca­lise sur les trai­te­ments et les vac­cins, ana­lyse le pro­fes­seur Didier Sicard, mais elle néglige l’o­ri­gine ani­male de l’é­pi­dé­mie. Spé­cia­liste des mala­dies infec­tieuses, il affirme qu’il faut retour­ner sur le ter­rain, étu­dier de plus près la chaîne de trans­mis­sion des coronavirus.

https://​www​.fran​ce​cul​ture​.fr/​s​c​i​e​n​c​e​s​/​d​i​d​i​e​r​–​s​i​c​a​r​d​–​i​l​–​e​s​t​–​u​r​g​e​n​t​–​d​e​n​q​u​e​t​e​r​–​s​u​r​–​l​o​r​i​g​i​n​e​–​a​n​i​m​a​l​e​–​d​e​–​l​e​p​i​d​e​m​i​e​–​d​e​–​c​o​v​i​d​-19

Pour Didier Sicard, il faut notamment "essayer de reconstituer le parcours épidémiologique qui fait que la chauve-souris tolère des coronavirus depuis des millions d’années, mais aussi qu’elle les disperse".
Pour Didier Sicard, il faut notam­ment « essayer de recons­ti­tuer le par­cours épi­dé­mio­lo­gique qui fait que la chauve-sou­­ris tolère des coro­na­vi­rus depuis des mil­lions d’années, mais aus­si qu’elle les dis­perse ». Cré­dits : Isa­bel Pavia – Get­ty

Didier Sicard est un spé­cia­liste des mala­dies infec­tieuses, il a notam­ment tra­vaillé long­temps sur le VIH. Doc­teur en méde­cine interne, il est aujourd’­hui pro­fes­seur émé­rite à Sor­bonne Uni­ver­si­té. Ce qui le frappe dans cette crise est « l’in­dif­fé­rence au point de départ », à l’o­ri­gine de la pandémie. 

Très impli­qué dans la créa­tion de l’Ins­ti­tut Pas­teur au Laos, Didier Sicard a pu consta­ter à quel point la trans­for­ma­tion de la forêt pri­maire rap­proche l’homme des chauves-sou­­ris et donc d’un réser­voir de virus qu’on a trop peu étudié.

Par ailleurs, si la Chine a inter­dit le 24 février der­nier « tota­le­ment et immé­dia­te­ment » le tra­fic et la consom­ma­tion d’a­ni­maux sau­vages, une légis­la­tion ana­logue existe déjà depuis 2003 sans être appli­quée réel­le­ment par Pékin. Le pro­fes­seur Sicard plaide donc pour la créa­tion d’un tri­bu­nal sani­taire international. 

L’an­cien pré­sident du Comi­té consul­ta­tif d’é­thique de 1999 à 2008 sou­ligne enfin com­bien, dans cette épi­dé­mie où la ques­tion du contact est pri­mor­diale, il faut que cha­cun se com­porte comme un modèle. 

Vous sou­hai­tez reve­nir aux ori­gines du mal ?

Le point de départ de cette pan­dé­mie, c’est un mar­ché ouvert de Wuhan dans lequel s’accumulent des ani­maux sau­vages, ser­pents, chauves-sou­­ris, pan­go­lins, conser­vés dans des caisses en osier. En Chine, ces ani­maux sont ache­tés pour la fête du Rat. Ils coûtent assez cher et ce sont des ali­ments de choix. Sur ce mar­ché, ils sont tou­chés par les ven­deurs, dépe­cés, alors qu’ils sont macu­lés d’urine et que les tiques et les mous­tiques font une sorte de nuage autour de ces pauvres ani­maux, par mil­liers. Ces condi­tions ont fait que quelques ani­maux infec­tés ont for­cé­ment infec­té d’autres ani­maux en quelques jours. On peut faire l’hypothèse qu’un ven­deur s’est bles­sé ou a tou­ché des urines conta­mi­nantes avant de por­ter la main à son visage. Et c’est parti !

Ce qui me frappe tou­jours, c’est l’indifférence au point de départ. Comme si la socié­té ne s’intéressait qu’au point d’arrivée : le vac­cin, les trai­te­ments, la réani­ma­tion. Mais pour que cela ne recom­mence pas, il fau­drait consi­dé­rer que le point de départ est vital. Or c’est impres­sion­nant de voir à quel point on le néglige. L’indifférence aux mar­chés d’animaux sau­vages dans le monde est dra­ma­tique. On dit que ces mar­chés rap­portent autant d’argent que le mar­ché de la drogue. Au Mexique, il y a un tel tra­fic que les doua­niers retrouvent même des pan­go­lins dans des valises…

Ce n’est pour­tant pas la pre­mière fois que des ani­maux sont à l’origine de crises sanitaires ?

Les ani­maux sont effec­ti­ve­ment à l’origine de la plu­part des crises épi­dé­miques depuis tou­jours : le VIH, les grippes aviaires type H5N1, Ebo­la. Ces mala­dies virales viennent tou­jours d’un réser­voir de virus ani­mal. Et on ne s’y inté­resse pra­ti­que­ment pas. C’est la même chose pour la dengue. J’ai des rela­tions très étroites avec le Laos et sur place, au moment où la mala­die appa­raît, les popu­la­tions disent : ‘Il faut démous­ti­quer ‘. Mais en réa­li­té c’est pen­dant la sai­son sèche, au moment où il n’y a que des larves, qu’il fau­drait mener une poli­tique d’extermination des larves de mous­tique. Or per­sonne ne le fait parce que les gens se disent ‘oh, il n’y a pas de mous­tiques, pour­quoi vou­­lez-vous qu’on uti­lise des insec­ti­cides ?’. Et l’Institut Pas­teur du Laos s’époumone en vain, en deman­dant aux popu­la­tions locales de por­ter l’effort avant que la mala­die n’éclate.

C’est exac­te­ment comme le tra­vail qui reste à faire sur les chauves-sou­­ris. Elles sont elles-mêmes por­teuses d’une tren­taine de coro­na­vi­rus ! Il faut que l’on mène des tra­vaux sur ces ani­maux. Evi­dem­ment, ce n’est pas très facile : aller dans des grottes, bien pro­té­gé, prendre des vipères, des pan­go­lins, des four­mis, regar­der les virus qu’ils hébergent, ce sont des tra­vaux ingrats et sou­vent mépri­sés par les labo­ra­toires. Les cher­cheurs disent : ‘Nous pré­fé­rons tra­vailler dans le labo­ra­toire de bio­lo­gie molé­cu­laire avec nos cagoules de cos­mo­nautes. Aller dans la jungle, rame­ner des mous­tiques, c’est dan­ge­reux.’ Pour­tant, ce sont de très loin les pistes essentielles.

Par ailleurs, on sait que ces épi­dé­mies vont recom­men­cer dans les années à venir de façon répé­tée si on n’interdit pas défi­ni­ti­ve­ment le tra­fic d’animaux sau­vages. Cela devrait être cri­mi­na­li­sé comme une vente de cocaïne à l’air libre. Il fau­drait punir ce crime de pri­son. Je pense aus­si à ces éle­vages de pou­let ou de porc en bat­te­rie que l’on trouve en Chine. Ils donnent chaque année de nou­velles crises grip­pales à par­tir de virus d’origine aviaire. Ras­sem­bler comme cela des ani­maux, ce n’est pas sérieux.

C’est comme si l’art vété­ri­naire et l’art médi­cal humain n’avaient aucun rap­port. L’origine de l’épidémie devrait être l’objet d’une mobi­li­sa­tion inter­na­tio­nale majeure.

Quel type de recherches fau­­drait-il mettre en œuvre ? 

Il faut essayer de recons­ti­tuer le par­cours épi­dé­mio­lo­gique qui fait que la chauve-sou­­ris tolère des coro­na­vi­rus depuis des mil­lions d’années, mais aus­si qu’elle les dis­perse. Elle conta­mine ain­si d’autres ani­maux. Lorsque les chauves-sou­­ris sont accro­chées dans les grottes et meurent, elles tombent par terre. Alors les ser­pents, les vipères en par­ti­cu­lier, qui raf­folent de leurs cadavres, les mangent. Tout comme les petits chauves-sou­­ri­­ceaux enfants qui tombent et sont dévo­rés immé­dia­te­ment par ces ser­pents qui sont donc pro­ba­ble­ment des hôtes inter­mé­diaires des virus. En plus, il y a dans ces grottes des nuages de mous­tiques et de tiques et il fau­drait essayer de voir quels sont les insectes qui sont aus­si éven­tuel­le­ment trans­met­teurs du virus.

Une autre hypo­thèse porte sur la trans­mis­sion qui se pro­duit quand les chauves-sou­­ris sortent la nuit man­ger des fruits, en par­ti­cu­lier dans les bégo­nia­cées. Elles ont un réflexe qua­si­ment auto­ma­tique, dès qu’elles déglu­tissent, elles urinent. Elles vont donc conta­mi­ner les fruits de ces arbres et les civettes, qui adorent les mêmes fruits, se conta­minent en les man­geant. Les four­mis par­ti­cipent aux agapes et les pan­go­lins – pour les­quels la nour­ri­ture la plus mer­veilleuse est consti­tuée de four­mis – dévorent les four­mis et s’infectent à leur tour.

C’est toute cette chaîne de conta­mi­na­tion qu’il faut explo­rer. Les réser­voirs de virus les plus dan­ge­reux sont pro­ba­ble­ment les ser­pents, car ce sont eux qui se nour­rissent per­pé­tuel­le­ment des chauves-sou­­ris, elles-mêmes por­teuses des coro­na­vi­rus. Il se pour­rait donc que les ser­pents hébergent ces virus en per­ma­nence. Mais c’est jus­te­ment cela qu’il faut savoir et véri­fier. Il fau­drait donc que des cher­cheurs cap­turent des chauves-sou­­ris, mais aus­si qu’ils fassent le même tra­vail sur les four­mis, les civettes, les pan­go­lins et essayent de com­prendre leur tolé­rance au virus. C’est un peu ingrat, mais essentiel.

 

Quel est le rap­port qu’en­tre­tient la popu­la­tion locale avec ces chauves-souris ? 

Ce qui m’a frap­pé au Laos, où je vais sou­vent, c’est que la forêt pri­maire est en train de régres­ser parce que les Chi­nois y construisent des gares et des trains. Ces trains, qui tra­versent la jungle sans aucune pré­cau­tion sani­taire, peuvent deve­nir le vec­teur de mala­dies para­si­taires ou virales et les trans­por­ter à tra­vers la Chine, le Laos, la Thaï­lande, la Malai­sie et même Sin­ga­pour. La route de la soie, que les chi­nois sont en train d’a­che­ver, devien­dra peut-être aus­si la route de pro­pa­ga­tion de graves maladies.

Sur place, les grottes sont de plus en plus acces­sibles. Les humains ont donc ten­dance à s’ap­pro­cher des lieux d’ha­bi­ta­tion des chauves-sou­­ris, qui sont de sur­croît des ali­ments très recher­chés. Les hommes construisent aus­si désor­mais des parcs d’arbres à fruit tout près de ces grottes parce qu’il n’y a plus d’arbres en rai­son de la défo­res­ta­tion. Les habi­tants ont l’impression qu’ils peuvent gagner des ter­ri­toires, comme en Ama­zo­nie. Et ils construisent donc des zones agri­coles toutes proches de zones de réser­voir de virus extrê­me­ment dangereuses.

Moi, je n’ai pas la réponse à toutes ces ques­tions, mais je sais sim­ple­ment que le point de départ est mal connu. Et qu’il est tota­le­ment mépri­sé. On en fait des dis­cours de confé­rence sur un mode folk­lo­rique. On parle à pro­pos des chauves-sou­­ris de la malé­dic­tion des pharaons.

 

Mais il n’existe pas d’après vous d’études suf­fi­sam­ment sérieuses sur la capa­ci­té des chauves-sou­­ris à héber­ger des coronavirus ?

Si, il y a sûre­ment des études sérieuses, je ne peux pas dire qu’il n’y a rien du tout.  Mais je le vois bien, quand je me rends à l’Institut Pas­teur du Laos qui est diri­gé par un homme excep­tion­nel, Paul Brey. Ce direc­teur a la fibre d’un Louis Pas­teur, il est pas­sion­né depuis vingt ans par les ques­tions de trans­mis­sion. Mais il est extrê­me­ment seul. Même l’étude des mous­tiques, qui est fon­da­men­tale pour com­prendre la trans­mis­sions des mala­dies au Laos, est presque aban­don­née. Et Paul Brey me répète qu’il y a une tren­taine d’espèces de coro­na­vi­rus chez les chauve-sou­­ris. L’effort scien­ti­fique n’est donc pas à la hauteur.

Quand le minis­tère des Affaires étran­gères fran­çais retire le poste de viro­logue de cet Ins­ti­tut Pas­teur qui est à quelques cen­taines de kilo­mètres de la fron­tière chi­noise, on est atter­ré. Cela s’est pas­sé en novembre 2019. Nous allons essayer de récu­pé­rer ce poste, mais c’est quand même effrayant de se dire qu’aux portes même de là où les mala­dies infec­tieuses virales viennent, on a de la peine à mettre tous les efforts. L’Institut Pas­teur du Laos est sou­te­nu très modé­ré­ment par la France, il est sou­te­nu par les Japo­nais, les Amé­ri­cains, les Luxem­bour­geois. La France y contri­bue, mais elle n’en fait pas un outil majeur de recherche.

Quel est le rôle exact de cet Ins­ti­tut Pasteur ?

Sa mis­sion est de for­mer des cher­cheurs locaux. De faire des études épi­dé­mio­lo­giques sur les virus exis­tants le chi­kun­gu­nya, la dengue et main­te­nant le coro­na­vi­rus. D’être un lieu d’é­tudes scien­ti­fiques bio­lo­giques de haut niveau dans un ter­ri­toire loin­tain, tro­pi­cal, mais avec un labo­ra­toire de haute sécu­ri­té. D’être au plus près de là où se passent les épi­dé­mies et d’a­voir des labo­ra­toires à la hau­teur. C’est très dif­fi­cile pour les pays rela­ti­ve­ment pauvres d’avoir un équi­pe­ment scien­ti­fique de haut niveau. Le réseau des Ins­ti­tuts Pas­teurs – qui existent dans plu­sieurs pays – est une struc­ture que le monde nous envie. Mais des ins­ti­tuts comme celui du Laos ont besoin d’être aidé beau­coup plus qu’il ne l’est actuel­le­ment. Ces labo­ra­toires ont du mal à bou­cler leur bud­get et ils ont aus­si de la peine à recru­ter des cher­cheurs. La plu­part d’entre eux pré­fèrent être dans leur labo­ra­toire à l’Institut Pas­teur à Paris ou dans un labo­ra­toire Sano­fi ou chez Merieux, mais se trans­for­mer en explo­ra­teur dans la jungle, il n’y a pas beau­coup de gens qui font cela. Or c’est ce que fai­sait Louis Pas­teur, il allait voir les pay­sans dans les vignes, il allait voir les ber­gers et leurs mou­tons. Il sor­tait de son labo­ra­toire. Tout comme Alexandre Yer­sin qui était sur le ter­rain, au Viet­nam, quand il a décou­vert le bacille de la peste.

La recherche ento­mo­lo­gique et la recherche sur les ani­maux trans­met­teurs n’est donc pas à la hau­teur des enjeux. Bien sûr qu’elle existe, mais elle doit comp­ter peut-être pour 1% de la recherche. Parce que ce qui fas­cine les can­di­dats au Prix Nobel, c’est de trou­ver un trai­te­ment ou un nou­veau virus en bio­lo­gie molé­cu­laire et pas de recons­ti­tuer les chaînes épi­dé­mio­lo­giques. Or les grandes décou­vertes infec­tieuses sont nées ain­si : l’agent du palu­disme, le Plas­mo­dium, a été décou­vert par un Fran­çais, Alphonse Lave­ran sur le ter­rain, en Tuni­sie. Et ce sont des recherches qui sont fon­da­men­tales et qui sont faites à une échelle qu’on a un peu oubliée. Comme si la vision micro avait fini par faire dis­pa­raître l’importance du macro.

Auriez-vous d’autres exemples qui montrent que l’étude du com­por­te­ment ani­mal est cruciale ?

La peste reste un exemple pas­sion­nant. Le réser­voir de la peste, ce sont les rats. Il y a des popu­la­tions de rats qui sont très résis­tantes et qui trans­mettent le bacille de la peste, mais s’en fichent com­plè­te­ment. Et puis, il y a des popu­la­tions de rats très sen­sibles. Il suf­fit qu’un jour, quelques indi­vi­dus de la popu­la­tion de rats sen­sible ren­contrent la popu­la­tion de rats qui est résis­tante pour qu’ils se conta­minent. Les rats sen­sibles meurent. A ce moment là, les puces qui se nour­rissent du sang des rats, déses­pé­rées de ne plus avoir de rats vivants, vont se mettre à piquer les hommes. Recons­ti­tuer ce tout début de la chaîne de trans­mis­sion per­met d’agir. Dans les endroits où la peste sévit encore, en Cali­for­nie, à Mada­gas­car, en Iran ou en Chine, lorsque l’on constate que quelques rats se mettent à mou­rir, c’est exac­te­ment le moment où il faut inter­ve­nir : c’est extrê­me­ment dan­ge­reux car c’est le moment où les puces vont se mettre à vou­loir piquer les humains. Dans les régions pes­teuses, lorsque l’on voit des cen­taines de rats morts, c’est une véri­table bombe.

Heu­reu­se­ment, la peste est une mala­die du pas­sé. Il doit y avoir encore 4 000 ou 5 000 cas de peste dans le monde. Ce n’est pas consi­dé­rable et puis les anti­bio­tiques sont effi­caces. Mais c’est un exemple, pour mon­trer que l’origine ani­male est fon­da­men­tale et tou­jours dif­fi­cile à appré­hen­der. Elle est néan­moins essen­tielle pour la com­pré­hen­sion et per­met de mettre en place des poli­tiques de pré­ven­tion. Aujourd’hui, si l’on conti­nue à vendre des ani­maux sau­vages sur un mar­ché, on est dans une situa­tion déli­rante. Il faut appli­quer le prin­cipe de précaution.

Le tra­fic d’animaux sau­vage est pour­tant pro­hi­bé. Il existe une conven­tion inter­na­tio­nale qui encadre toutes les ventes. 

Oui, mais en Chine, notam­ment, cette conven­tion inter­na­tio­nale n’est pas res­pec­tée. Il fau­drait créer une sorte de tri­bu­nal sani­taire inter­na­tio­nal. On voit bien que si on demande à chaque pays de s’organiser natio­na­le­ment, rien ne chan­ge­ra. La Chine a fait pres­sion au début sur l’OMS pour qu’on ne dise pas qu’il s’agissait d’une pan­dé­mie. Elle a ten­té de blo­quer les choses, car elle contri­bue for­te­ment au finan­ce­ment de l’OMS. Il serait donc impor­tant que ce soit un tri­bu­nal sani­taire tota­le­ment indé­pen­dant, comme un tri­bu­nal inter­na­tio­nal pour les crimes de guerre, avec des ins­pec­teurs indé­pen­dants qui véri­fient ce qu’il se passe sur le terrain.

Au Laos, dans la cam­pagne, il y a beau­coup de mar­chés où les ani­maux sau­vages sont ven­dus comme des pou­lets ou des lapins. Dans l’indifférence géné­rale, car c’est la culture locale. Or la culture est la choses la plus dif­fi­cile à faire évo­luer dans un pays.

Dans cette épi­dé­mie, en tant que spé­cia­liste des mala­dies infec­tieuses, y a‑t‑il quelque chose qui vous frappe dans l’attitude de la population ? 

Oui, c’est l’écart entre une sorte de désin­vol­ture indif­fé­rente, un regard un peu cri­tique sur l’Italie, sur la Chine et la décou­verte bru­tale de la catas­trophe sani­taire. On est pas­sé d’une insou­ciance à une extrême inquié­tude et les deux sont aus­si toxiques l’une que l’autre : l’insouciance crée la conta­mi­na­tion et l’angoisse extrême abou­tit à des com­por­te­ments irra­tion­nels. J’en veux pour preuve la fuite des Pari­siens, des Lyon­nais, des habi­tants des grandes villes vers leurs rési­dences secon­daires. Cela m’a paru témoi­gner d’abord une vision à très courte vue, comme si l’on pou­vait échap­per, en guerre, à l’arrivée des armées alle­mandes. Et ensuite d’un com­por­te­ment extra­or­di­nai­re­ment indi­vi­dua­liste, dans le mau­vais sens du terme : ‘Sauve qui peut, moi je me ren­ferme dans ma cam­pagne et puis tant pis pour les autres, je me pro­tège’. Bien sûr, j’imagine que si l’on peut pro­té­ger des per­sonnes âgées et les mettre à l’abri, c’est très bien. Mais quand on voit des jeunes couples ou des bandes d’amis qui se disent main­te­nant on va par­tir en vacances ! Il y a là une image d’autant plus cho­quante que dans cette épi­dé­mie, il s’agit jus­te­ment de tout autre chose que d’un sauve-qui-peut. Il s’agit, à l’inverse, de se deman­der com­ment cha­cun peut être vu par l’autre comme un modèle.

Il fau­drait donc affi­cher une sorte d’attitude universalisable ? 

Oui, il ne faut pas se mettre ‘en dehors’. Il ne faut pas consi­dé­rer qu’on a 30 ans et qu’on est en bonne san­té et qu’on ne va pas se lais­ser avoir par tous ces dis­cours. Je pense aus­si aux couples qui pour­raient dire, on va conti­nuer quand même à s’embrasser dans la rue, on se connaît, on n’est pas conta­gieux. Alors que l’on sait qu’environ 13 des per­sonnes conta­mi­nantes ne pré­sentent aucun symp­tôme. Par consé­quent, il faut que cha­cun intègre le fait qu’il est pos­si­ble­ment conta­mi­nant à son insu. Et si cette per­sonne part dans un ter­ri­toire à prio­ri vierge de tout virus, son com­por­te­ment va être une vraie bombe pour les autres.

L’épidémie est pas­sée par des gens qui sont reve­nus de Chine ou d’Italie. Je connais l’exemple d’une femme ita­lienne qui s’est ren­due en Argen­tine. Elle a par­ti­ci­pé à un mariage et embras­sé tout le monde. Cette femme a conta­mi­né 56 per­sonnes ! L’irresponsabilité en période d’épidémie fait d’immenses dégâts. Il faut au contraire res­pec­ter à la lettre les mesures bar­rières. Comme attendre, par exemple, devant le super­mar­ché avant d’entrer si on voit qu’il y a du monde.

Quant aux masques, ce sont des pro­tec­teurs psy­cho­lo­giques pour les pro­me­neurs et non des pro­tec­teurs viro­lo­giques. Il faut que chaque Fran­çais se dise : je fais tout pour que les autres ne puissent rien me repro­cher. Nous avons besoin d’une atti­tude où l’on cherche le regard de l’autre avant son propre regard. Cela seul sera por­teur d’efficacité.

Pour­quoi dites-vous que les masques ne sont pas protecteurs ?

Ils sont pro­tec­teurs bien évi­dem­ment pour les méde­cins et les soi­gnants, dans un milieu où cir­cule le virus. Mais quand vous avez des gens qui se pro­mènent dans la rue en por­tant des masques, c’est para­doxal. Ils pensent se pro­té­ger des autres mais il y a un écart consi­dé­rable entre l’inutilité des masques dans la rue et l’utilité vitale des masques dans les hôpi­taux. Moi même, j’étais à la phar­ma­cie same­di matin et j’ai mon­tré ma carte de méde­cin pour véri­fier si je pou­vais ache­ter des masques. Le phar­ma­cien m’a répon­du qu’il n’y en avait plus. Donc, si j’en avais eu besoin pour soi­gner un malade je n’aurai pas pu aller le voir, ou je l’aurais peut-être conta­mi­né. On a trop vu de gens se pro­me­ner dans la rue en arbo­rant des masques comme une sorte de pano­plie. Il y a un drame poli­tique majeur dans cette absence de masque.

Faut-il les réser­ver aux soignants ? 

Oui, c’est évident. A tous ceux qui tra­vaillent à proxi­mi­té du virus. Quand vous voyez au super­mar­ché des cais­sières qui n’ont pas de masques alors que les clients ont des masques, il y a quelque chose de com­plè­te­ment contre pro­duc­tif. Ceux qui n’en ont pas besoin en ont eu, et ceux qui en ont vrai­ment besoin en manquent. Cela est direc­te­ment lié aux com­por­te­ments indi­vi­duels. Jamais je n’aurais osé me pro­me­ner dans la rue avec un masque tant que les soi­gnants n’en avaient pas. C’est quelque chose qui m’aurait effa­ré. Cela montre au fond la céci­té des gens et leur igno­rance. Si on se pro­mène sans croi­ser per­sonne, il n’y a aucun inté­rêt à por­ter un masque.

Que pen­­sez-vous, d’un point de vue éthique, de l’attitude des soi­gnants, qui sont en pre­mière ligne alors qu’ils étaient en grève il y a encore quelques semaines ? 

C’est leur fonc­tion. Un méde­cin est mobi­li­sé dans son fort inté­rieur pour accom­plir son métier. Les lâches ne viennent pas dès le début. Donc cela me paraît à la fois admi­rable et nor­mal. La souf­france du corps hos­pi­ta­lier, je la vois depuis dix ou quinze ans. Le nombre de mes col­lègues qui m’ont dit, tu as tel­le­ment de chance d’être à la retraite ! Nous souf­frons, c’est épou­van­table, l’hôpital est deve­nu une entre­prise. Et je suis tout à fait d’accord avec leur dis­cours : l’hôpital a été mar­ty­ri­sé. Avec des déci­sions pure­ment éco­no­miques qui ont fait fi de l’intérêt des malades et des médecins.

Il faut mesu­rer le nombre de méde­cins qui sont par­tis en retraite anti­ci­pée en expli­quant que leur métier n’avait plus d’intérêt et qu’ils avaient l’impression de pas­ser leur temps à rem­plir des fiches et des cases. Il y a eu un vrai sac­cage de l’hôpital public depuis une décen­nie. Le der­nier ministre de la San­té qui avait encore vrai­ment conscience de son rôle et qui res­pec­tait le per­son­nel de san­té, c’était Xavier Ber­trand. Après, cela a été la catastrophe.

Mais cette casse du sys­tème hos­pi­ta­lier a‑t‑elle des réper­cus­sions aujourd’hui au moment de la crise sanitaire ? 

Non, il y a un décou­plage. Toutes les mesures qui ren­daient l’hôpital non fonc­tion­nel ont tem­po­rai­re­ment dis­pa­ru. Les admi­nis­tra­teurs sont ter­ri­fiés dans leurs bureaux et ne font plus rien. Ce sont les méde­cins qui font tout. Ils ont retrou­vé la tota­li­té de leur pou­voir. Il y a pour eux un cer­tain bon­heur à retrou­ver le métier qu’ils ont tou­jours vou­lu faire. L’administration a plié bagage, ou plus exac­te­ment elle est aux ordres. Le rap­port de force s’est ren­ver­sé : il y a un an, les méde­cins étaient aux ordres de l’administration ; à pré­sent, c’est l’administration qui est aux ordres des méde­cins. C’est un phé­no­mène très inté­res­sant. Les méde­cins eux-mêmes ne sont plus entra­vés par la contrainte de rem­plir leurs lits avec des malades qui rap­portent de l’argent, ce qui était le prin­cipe jusqu’alors. Main­te­nant, ils répondent à leur cœur de métier. A ce qui est la lutte contre la mort. Au fond, ils retrouvent l’ADN pro­fond de leur métier.

C’est presque un para­doxe : il y a moins de détresse dans le corps médi­cal actuel­le­ment en situa­tion d’activité maxi­male, qu’il n’y avait de détresse il y a six mois quand ils étaient déses­pé­rés et dépri­més car ils esti­maient que leur métier avait per­du son sens.

Pen­­sez-vous que le poli­tique sau­ra s’en souvenir ? 

Oui, je le pense. Je crois qu’on va chan­ger d’époque. Je peux vous don­ner un exemple pour lequel je me bats depuis deux ans. Je ne don­ne­rai pas le nom de l’hôpital mais je connais une femme chi­rur­gien spé­cia­liste des grands brû­lés. A l’hôpital, son ser­vice a fer­mé et elle n’avait plus de poste. Elle sou­hai­tait néan­moins conti­nuer à tra­vailler avec des enfants vic­times de brû­lures. Or son ser­vice d’enfants brû­lés a été trans­for­mé en un ser­vice de chi­rur­gie plas­tique de la fesse et du sein. Parce que cela rap­porte beau­coup d’argent. Mais elle me dit tou­jours que s’il y avait un incen­die dans une école avec qua­rante ou cin­quante enfants brû­lés, on n’aurait plus la capa­ci­té de les accueillir parce qu’on consi­dère que la brû­lure n’est pas assez ren­table et qu’il vaut mieux s’intéresser à la chi­rur­gie des stars. Cette vision éco­no­mique de la méde­cine, qui s’est intro­duite depuis dix ans, est une catas­trophe absolue.

Il s’agit d’un hôpi­tal public ? 

Oui bien enten­du. Dans le pri­vé, les éta­blis­se­ments font ce qu’ils veulent. Mais que dans le public, on détruise une acti­vi­té qui n’est pas ren­table – car les brû­lures cela coûte effec­ti­ve­ment très cher et rap­porte très peu et il n’y a pas d’activité pri­vé capable de les prendre en charge – qu’on écarte cela au pro­fit d’activités ren­tables ce n’est pas nor­mal. Au fond, le public était angois­sé à l’idée qu’il lui fal­lait inves­tir énor­mé­ment dans des équi­pe­ments haut de gamme pour être à la hau­teur du pri­vé. Or le public n’aura jamais autant d’argent que le pri­vé et n’arrivera jamais à suivre. Et à force de dépen­ser de l’argent pour des sec­teurs ultra poin­tus, on finit par négli­ger l’accueil des per­sonnes les plus vul­né­rables, que ce soient les per­sonnes âgées, les per­sonnes en situa­tion d’alcoolisme, de pré­ca­ri­té. L’hôpital public a fini par oublier sa fonc­tion hos­pi­ta­lière, je l’ai dit à plu­sieurs reprises.
90% des méde­cins en ont été conscients et cela a été pour eux une souf­france ter­rible. Tout comme pour les infir­mières et les autres per­son­nels soi­gnants, de faire un métier qui était relié à l’argent.

En quoi pen­sez vous que les hommes poli­tiques vont modi­fier leur regard sur l’hôpital ? 

On n’a aucune cer­ti­tude, mais je pense que les Fran­çais s’en sou­vien­dront et deman­de­ront des comptes. Le Pré­sident Macron avait pro­mis d’arrêter la tari­fi­ca­tion à l’activité, le sys­tème actuel de finan­ce­ment des hôpi­taux. Les éco­no­mistes ont pous­sé des hauts-cris en disant qu’on n’arriverait plus à mesu­rer ce que coûte telle ou telle opé­ra­tion. Et le chef de l’Etat a renon­cé. Moi, je pense qu’après cette crise, le pré­sident de la Répu­blique va modi­fier cette tari­fi­ca­tion à l’activité. L’hôpital deman­de­ra à être rem­bour­sé sur ce qu’il réa­lise et ce qu’il consi­dère comme sa prio­ri­té. Il faut faire confiance à l’hôpital pour ne pas trai­ter les patients inuti­le­ment et rem­plir des lits comme si on était au club médi­ter­ra­née. L’hôpital va retrou­ver sa vraie fonc­tion de soins publics.

Source : https://​www​.fran​ce​cul​ture​.fr/​s​c​i​e​n​c​e​s​/​d​i​d​i​e​r​–​s​i​c​a​r​d​–​i​l​–​e​s​t​–​u​r​g​e​n​t​–​d​e​n​q​u​e​t​e​r​–​s​u​r​–​l​o​r​i​g​i​n​e​–​a​n​i​m​a​l​e​–​d​e​–​l​e​p​i​d​e​m​i​e​–​d​e​–​c​o​v​i​d​-19

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​8​0​4​7​6​4​8​3​3​7​317

COVID19 : PROCÉDURE DE RÉFÉRÉ LIBERTÉ DEVANT LE CONSEIL D’ÉTAT, par Régis de CASTELNAU


https://​www​.vudu​droit​.com/​2​0​2​0​/​0​3​/​c​o​v​i​d​1​9​–​p​r​o​c​e​d​u​r​e​–​d​e​–​r​e​f​e​r​e​–​l​i​b​e​r​t​e​–​d​e​v​a​n​t​–​l​e​–​c​o​n​s​e​i​l​–​d​e​t​at/

Les carences de l’État et de son gou­ver­ne­ment dans la conduite d’une stra­té­gie cohé­rente de lutte contre la pan­dé­mie due au Covid19 sont abso­lu­ment écla­tantes. La prise en compte de l’importance de la menace a été beau­coup trop tar­dive, et les mesures pré­co­ni­sées sont insuf­fi­santes quand elles sont appli­quées ce qui n’est pas tou­jours le cas. L’Assemblée natio­nale trans­for­mée en chambre d’enregistrement du pou­voir exé­cu­tif en vio­la­tion de la sépa­ra­tion des pou­voirs empêche la mise en cause de la res­pon­sa­bi­li­té du gouvernement.

Dans ces condi­tions, compte tenu de la gra­vi­té sans pré­cé­dent de cette situa­tion et de l’urgence il ne reste aux citoyens que la voie de l’action devant la jus­tice admi­nis­tra­tive, à savoir le Conseil d’État.

Vu Du Droit met à la dis­po­si­tion de ceux qui le sou­haitent un pro­jet de requête devant la sec­tion du conten­tieux du Conseil d’État sta­tuant en matière de réfé­ré liber­té. Tous les citoyens sont rece­vables à sai­sir la juri­dic­tion puisqu’ils sont vic­times des carences de l’État et du gou­ver­ne­ment. Le minis­tère d’avocat n’est pas obligatoire.

Il est pos­sible de réa­li­ser un copier col­ler à par­tir de ce texte, de le com­plé­ter et de l’adresser au conseil d’État soit par cour­rier recom­man­dé au 1 Place du Palais Royal, 75001 Paris. On peut éga­le­ment uti­li­ser la voie élec­tro­nique en allant sur ce lien :https://​citoyens​.tele​re​cours​.fr/​#​/​a​u​t​h​e​n​t​i​c​a​t​ion

Ceux qui le sou­haitent peuvent se regrou­per, mais il faut impé­ra­ti­ve­ment faire appa­raître les noms et l’État civil com­plet de chaque requérant.


CONSEIL D’ÉTAT
SECTION DU CONTENTIEUX
JUGE DES RÉFÉRÉS
RÉFÉRÉ-LIBERTÉ
(article L 521–2 du Code de jus­tice administrative)

CORONAVIRUS

POUR :                        1. M. / Mme [pré­nom]
[nom]
                                      De natio­na­li­té [à compléter]
Né le [à compléter]
                                      [adresse]
[pro­fes­sion]
Repré­sen­tant unique des par­ties au sens de l’article R 751–3 du Code de jus­tice administrative

                                      2. M. / Mme [pré­nom] [nom] 
                                      De natio­na­li­té [à compléter]
Né le [à compléter]
                                      [adresse]
[pro­fes­sion]

                                      3. M. / Mme [pré­nom] [nom] 
                                      De natio­na­li­té [à compléter]
Né le [à compléter]
                                      [adresse]
[pro­fes­sion]

FAITS

En France, les pre­miers malades du coro­na­vi­rus, qui avaient séjour­né à Wuhan, ont été recen­sés le 24 jan­vier 2020. Des foyers de cir­cu­la­tion du virus se forment dans un pre­mier temps en Haute-Savoie, l’Oise, le Mor­bi­han, le Haut-Rhin. L’épidémie est désor­mais répar­tie sur tout le ter­ri­toire natio­nal, outre-mer compris.

Au total, au 23 mars 2020, plus de 350 000 cas ont été confir­més. En France, il y aurait au moins envi­ron 20 000 cas confir­més et 869 morts.

La durée moyenne d’incubation du virus semble être d’environ 7 jours, avec une ampli­tude de 2 à 28 jours.

Selon l’OMS, les symp­tômes de la mala­die sont : la fièvre, la toux sèche, la fatigue, l’expectoration, le souffle court, la gorge irri­tée, les maux de tête, les dou­leurs mus­cu­laires, les fris­sons, la nau­sée ou les vomis­se­ments, la conges­tion nasale ou encore la diarrhée.

Si une part impor­tante des per­sonnes infec­tées ne pré­sente aucun symp­tôme, la mala­die est grave dans de nom­breux cas et par­fois léthale. Certes, la mor­ta­li­té même sans trai­te­ment est infé­rieure 10% mais le virus est si conta­gieux que même une mor­ta­li­té de 2% peut faire périr des cen­taines de mil­liers de per­sonnes en France – indé­pen­dam­ment même du risque de séquelles chez les survivants.

Le prin­ci­pal vec­teur de pro­pa­ga­tion du virus est l’homme, par contact phy­sique, mais le virus reste conta­gieux pen­dant quelques heures à quelques jours  lorsqu’il conta­mine une sur­face inanimée.

Jusqu’au 12 mars, l’exécutif se veut ras­su­rant et écarte l’application, en France, de mesures prises par d’autres Etats pour lut­ter contre la pandémie.

Le 21 jan­vier 2020, Agnès Buzyn, ministre de la San­té, a affir­mé : « le risque d’introduction en France est faible mais il ne peut être exclu ». Le 24 jan­vier 2020, Mme Buzyn ajoute : « le risque d’importation depuis Wuhan est modé­ré, il est désor­mais pra­ti­que­ment nul parce que la ville, vous le savez, est iso­lée. Les risques de cas secon­daires autour de cas impor­tés sont très faibles et les risques de pro­pa­ga­tion dans la popu­la­tion sont très faibles. Cela peut évo­luer dans les pro­chains jours s’il appa­rais­sait que plus de villes sont concer­nées en Chine ou dans l’Union euro­péenne ».

Le 25 jan­vier, lors d’un point presse, Jérôme Salo­mon, direc­teur géné­ral de la San­té, se veut ras­su­rant : « le nombre de morts certes pro­gresse, mais moins vite que le nombre de cas (…) On a au maxi­mum 3% de mor­ta­li­té, mais on pense qu’il y a beau­coup plus de cas que les cas confir­més, ce qui veut dire fina­le­ment que la mor­ta­li­té auto­ma­ti­que­ment baisse et qu’elle est déjà très net­te­ment infé­rieure à celle qui avait été obser­vée lors du Sras, ce qui est plu­tôt une bonne nou­velle ».

Le 27 jan­vier, Mme Buzyn expose que la prise de tem­pé­ra­ture aux aéro­ports des voya­geurs en pro­ve­nance de Chine est un « sym­bole qui ne sert à rien ».

Le 23 février, le Ministre de la san­té affirme : « un virus ne s’arrête pas aux fron­tières » et « il n’y a pas à pro­pre­ment par­ler d’épidémie en Ita­lie »., ana­lyse réité­rée par le Pre­mier ministre le 29 février.

Le 26 février, un match s’est tenu à Lyon entre le club de la ville et la Juven­tus de Turin. Aucune mesure de pré­cau­tion n’a été prise pour limi­ter le risque immense de conta­gion de la part des spec­ta­teurs italiens.

Le 7 mars, le chef de l’Etat et son épouse ont assis­té à une repré­sen­ta­tion théâ­trale afin d’inciter les Fran­çais à conti­nuer de sor­tir mal­gré la pan­dé­mie décla­rée par l’OMS et ont décla­ré : « La vie conti­nue. Il n’y a aucune rai­son, mis à part pour les popu­la­tions fra­gi­li­sées, de modi­fier nos habi­tudes de sortie ».

Le 13 mars, le pré­sident de la Répu­blique annonce sa déci­sion de main­te­nir le pre­mier tour des élec­tions municipales.

Depuis le 16 mars, l’exécutif a déci­dé la fer­me­ture au public des lieux non essen­tiels (centres com­mer­ciaux, res­tau­rants, biblio­thèques, éta­blis­se­ments spor­tifs cou­verts, musées, bars, ciné­mas, dis­co­thèques, salles d’auditions, de confé­rences, de réunions, de spec­tacles, d’expositions, de danse, de jeux, crèches, écoles, col­lèges, lycées et uni­ver­si­tés) et la res­tric­tion des dépla­ce­ments au mini­mum (mais sans inter­dic­tion de tra­vailler même dans les sec­teurs non essen­tiels à court terme).

Immu­ni­té gré­gaire. L’exécutif semble avoir adop­té au moins en par­tie la stra­té­gie de l’immunité de groupe, qui consiste à lais­ser infec­ter une grande par­tie de la popu­la­tion afin qu’elle déve­loppe en tant que groupe une immu­ni­té acquise au virus auquel elle aura été expo­sée et que le virus ne puisse plus se répandre en pra­tique une fois qu’une grande par­tie du groupe aura été conta­mi­née et aura résis­té à la maladie.

Selon un article non démen­ti du Figa­ro du 13 mars : « C’est en lisant entre les lignes de l’allocution solen­nelle du pré­sident de la Répu­blique jeu­di soir que l’on peut se faire une idée du choix stra­té­gique opé­ré en cou­lisse. (…) En d’autres termes, déci­sion a été prise de lais­ser l’épidémie suivre son cours et de ne pas ten­ter de l’arrêter bru­ta­le­ment ».

Dans un entre­tien sur Fran­cein­fo le 15 mars 2020, le Ministre de l’éducation déclare : « comme vous les savez, depuis le début, la stra­té­gie ce n’est pas d’empêcher que le virus passe. On sait qu’il pas­se­ra pro­ba­ble­ment par plus de la moi­tié d’entre nous. C’est de faire en sorte qu’il passe de la manière la plus éta­lée pos­sible dans le temps ».

Selon Le Monde du 15 mars 2020 :

Masques. L’Etat ne dis­pose pas de suf­fi­sam­ment de masques pour pro­té­ger ses soi­gnants et force de l’ordre et a for­tio­ri toute sa popu­la­tion. Cette carence résulte d’une impré­voyance mal­heu­reu­se­ment bien connue.

Dépis­tage. La France ne pro­cède pas à des à dépis­tages sys­té­ma­tiques de covid-19, contrai­re­ment aux pays qui ont soit pu jugu­ler l’épidémie (Corée du Sud), ou dont taux de mor­ta­li­té est très faible (Alle­magne).

Chlo­ro­quine. Selon un spé­cia­liste fran­çais mon­dia­le­ment recon­nu des mala­dies infec­tieuses, un trai­te­ment à base de chlo­ro­quine pour­rait gué­rir le coro­na­vi­rus dans de nom­breux cas, à condi­tion d’être injec­té suf­fi­sam­ment tôt.

Plu­sieurs autres pays s’intéressent à ce trai­te­ment et, s’il réus­sit, pour­raient le mettre en œuvre en réqui­si­tion­nant les réserves et les usines se trou­vant sur leur ter­ri­toire pour soi­gner leur propre population.

Une seule usine située en France fabrique de la chlo­ro­quine. Elle appar­tient à la socié­té Famar à Saint-Genis-Laval, dans la ban­lieue de Lyon, or cette socié­té est en redres­se­ment judiciaire.

Il sem­ble­rait que d’autres usines puissent être trans­for­mées pour pro­duire de la chlo­ro­quine à par­tir de mi-avril ou fin avril seule­ment et rien ne garan­tit qu’elles suf­fi­ront à cou­vrir les besoins. .

Res­pi­ra­teurs. La socié­té Lux­fer est la seule entre­prise en France à pro­duire les bou­teilles conte­nant l’oxygène néces­saire pour ali­men­ter les appa­reils de réani­ma­tion. Sans cet élé­ment essen­tiel, les appa­reils de réani­ma­tion sont inutiles.

Or la demande d’appareils de réani­ma­tion aug­mente énor­mé­ment à mesure que le nombre de patients atteint d’une forme grave du coro­na­vi­rus aug­mente. Les res­pi­ra­teurs seront tou­te­fois inutiles s’ils ne sont pas approvisionnés.

L’usine de la socié­té Lux­fer employait 136 sala­riés à Ger­zat (Puy-de-Dôme) et pou­vait pro­duire en moyenne plus de 30 000 bou­teilles par mois.

Or la socié­té Lux­fer est en redres­se­ment judi­ciaire et l’Etat n’est tou­jours pas inter­ve­nu pour la sau­ver au moins tem­po­rai­re­ment et relan­cer la production.

DISCUSSION

En ver­tu de l’article L 521–2 du Code de jus­tice admi­nis­tra­tive : « Sai­si d’une demande en ce sens jus­ti­fiée par l’urgence, le juge des réfé­rés peut ordon­ner toutes mesures néces­saires à la sau­ve­garde d’une liber­té fon­da­men­tale à laquelle une per­sonne morale de droit public ou un orga­nisme de droit pri­vé char­gé de la ges­tion d’un ser­vice public aurait por­té, dans l’exercice d’un de ses pou­voirs, une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale. Le juge des réfé­rés se pro­nonce dans un délai de qua­­rante-huit heures ».

I.         L’urgence

Cette condi­tion est évi­dem­ment remplie.

Le Conseil d’Etat l’a d’ailleurs rete­nue dans son ordon­nance Syn­di­cat des jeunes méde­cins (CE Ord. 22 mars 2020 n° 439674).

II.        Les liber­tés fon­da­men­tales en cause – droit à la vie et à la pro­tec­tion contre une pandémie

Le droit à la vie et même plus géné­ra­le­ment à l’intégrité phy­sique sont des liber­tés fon­da­men­tales (CE Sect. 16 novembre 2011 Ville de Paris et SEM Pari­Seine ; CE Ass. 14 février 2014 Mme Lam­bert).

Certes, le Conseil d’Etat a jugé dans une espèce très sin­gu­lière que le droit à la san­té ne fai­sait pas par­tie des liber­tés fon­da­men­tales (CE 8 sep­tembre 2005 Garde des Sceaux c. B) mais cette déci­sion d’espèce ne sau­rait s’appliquer à une pan­dé­mie. Autant un requé­rant unique ne peut se pré­va­loir d’un droit aus­si vague dans un réfé­­ré-liber­­té, sur­tout en invo­quant le seul risque de taba­gisme pas­sif, autant il ne sau­rait juger qu’exposer des dizaines de mil­lions de per­sonnes à une épi­dé­mie poten­tiel­le­ment mor­telle ne porte pas atteinte à une liber­té fondamentale.

Ici, le droit à la vie et l’intégrité phy­sique sont en cause car expo­ser les Fran­çais à un risque de conta­mi­na­tion par le Covid19 les met en danger.

Le Conseil d’Etat a d’ailleurs rete­nu cette ana­lyse dans son ordon­nance Syn­di­cat des jeunes méde­cins(CE Ord. 22 mars 2020 n° 439674).

Tout citoyen peut inten­ter un réfé­­ré-liber­­té pour défendre son droit à la vie et  la santé.

III.      L’atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale aux liber­tés fon­da­men­tales com­mise par le Gou­ver­ne­ment et les mesures qui s’imposent pour y remédier

Tout d’abord, la carence de l’autorité admi­nis­tra­tive ou l’adoption d’une stra­té­gie dont les désa­van­tages de san­té publique pré­vi­sibles sont sen­si­ble­ment plus graves que les avan­tages sont illé­gales de deux manières.

Le juge admi­nis­tra­tif des réfé­rés sanc­tionne tou­jours l’erreur mani­feste d’appréciation (CE Ord. 31 jan­vier 2020 Nuances poli­tiques n° 437675). Ce pou­voir s’exerce aus­si en matière de san­té publique.

Dès lors que le droit à la vie est en cause, le Conseil d’Etat exerce un contrôle bien plus strict sur les erreurs com­mises par l’autorité admi­nis­tra­tive (CE Ass. 14 février 2014 Mme Lam­bert n° 375081, au Recueil, et CE 24 juin 2014 Mme Lam­bert n° 375081, au Recueil). Une mesure net­te­ment inadé­quate est donc illé­gale, quand bien même elle ne résul­te­rait pas d’une erreur mani­feste d’appréciation.

En par­ti­cu­lier, le Conseil d’Etat a jugé dans son ordon­nance Ville de Paris (CE 16 novembre 2011 n° 353172 au Recueil) : « le droit au res­pect de la vie, rap­pe­lé notam­ment par l’article 2 de la conven­tion euro­péenne de sau­ve­garde des droits de l’homme et des liber­tés fon­da­men­tales, consti­tue une liber­té fon­da­men­tale au sens des dis­po­si­tions de l’article L. 521–2 du code de jus­tice admi­nis­tra­tive ; que, lorsque l’action ou la carence de l’autorité publique crée un dan­ger carac­té­ri­sé et immi­nent pour la vie des per­sonnes, por­tant ain­si une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale à cette liber­té fon­da­men­tale, et que la situa­tion per­met de prendre uti­le­ment des mesures de sau­ve­garde dans un délai de qua­­rante-huit heures, le juge des réfé­rés peut, au titre de la pro­cé­dure par­ti­cu­lière pré­vue par cet article, pres­crire toutes les mesures de nature à faire ces­ser le dan­ger résul­tant de cette action ou de cette carence ; qu’il peut, le cas échéant, après avoir ordon­né des mesures d’urgence, déci­der de déter­mi­ner dans une déci­sion ulté­rieure prise à brève échéance les mesures com­plé­men­taires qui s’imposent et qui peuvent être très rapi­de­ment mises en œuvre ».

Le Conseil d’Etat a confir­mé l’étendue de son contrôle dans sa récente ordon­nance Syn­di­cat des jeunes méde­cins.

Par cette ordon­nance, le Conseil d’Etat a confir­mé qu’en cas de catas­trophe sani­taire natio­nale il pou­vait et devait com­pa­rer les mesures prises aux mesures qui devraient être adop­tées pour pré­ser­ver les liber­tés fon­da­men­tales et l’intérêt général.

C’est pour­quoi pour l’application de l’article L 521–2 du CJA, la léga­li­té d’une mesure ou d’une absence de mesure s’apprécie en fonc­tion de son écart par rap­port à la mesure la plus adéquate.

Ensuite, grâce à l’article L 521–4 du Code de jus­tice admi­nis­tra­tive, le Conseil d’Etat pour­ra aisé­ment modi­fier les injonc­tions qu’il pro­non­ce­ra sur simple demande du Gou­ver­ne­ment. C’est pour­quoi il ne faut pas craindre d’ordonner d’urgence les mesures de sau­ve­garde qui s’imposent, quitte à les modi­fier trois jours plus tard si elles ne sont plus adéquates.

Ces pré­ci­sions appor­tées, plu­sieurs mesures s’imposent :

  1. Enjoindre au Pre­mier ministre et au Ministre de la san­té de prendre toutes mesures de nature à aug­men­ter la pro­duc­tion natio­nale de masques en vue de leur dis­tri­bu­tion massive
  2. Enjoindre au Pre­mier ministre et au Ministre de la san­té d’adopter sans délai toutes les mesures sus­cep­tibles d’accroître la pro­duc­tion de tests de dépis­tage du covid19
  3. Enjoindre au Pre­mier ministre de rache­ter la socié­té Famar et de lui faire pro­duire la plus grande quan­ti­té pos­sible de chloroquine
  4. Enjoindre au Pre­mier ministre de rache­ter la socié­té Lux­fer et de lui faire pro­duire la plus grande quan­ti­té pos­sible de bou­teilles d’oxygène à usage médical
  5. Enjoindre au Pre­mier ministre et au Ministre de l’Intérieur d’ordonner, à den­si­té de popu­la­tion égale, l’application uni­forme sur tout le ter­ri­toire des contrôles et sanc­tions rela­tifs au res­pect du confinement.

1. Pro­duc­tion mas­sive de masques

Comme expo­sé par le Pré­sident de la Répu­blique et les ministres « nous sommes en guerre ». Or en temps de guerre on pré­fère des armes et des équi­pe­ments même impar­faits à aucune arme et aucun équipement.

Jusqu’à cou­rant 1916, les masques à gaz n’étaient pas effi­caces à 100% face aux armes chi­miques employées par les bel­li­gé­rants. Pour autant, les sol­dats ont employé des masques impar­faits plu­tôt que de déam­bu­ler sans masque. Une pro­tec­tion impar­faite est tou­jours pré­fé­rable à aucune protection.

De même, on sait que le pré­ser­va­tif n’est pas fiable à 100% pour empê­cher la pro­pa­ga­tion des mala­dies sexuel­le­ment trans­mis­sibles et qu’il peut être mal uti­li­sé, ce qui le rend moins effi­cace. Pour autant, aucun esprit éclai­ré ne doute que le pré­ser­va­tif ait été utile pour lut­ter contre les MST ou enrayer la pro­pa­ga­tion du SIDA.

Ici, la popu­la­tion fran­çaise n’est pas mas­si­ve­ment équi­pée en masques ; même de nom­breux soi­gnants et membres des forces de l’ordre n’en sont pas équipés.

Certes, les masques non médi­caux ne sont pas effi­caces à 100% mais à Ver­dun on a four­ni des masques à gaz par­tiel­le­ment effi­caces plu­tôt que d’envoyer les sol­dats à la mort. Il aurait été cri­mi­nel d’agir autrement.

Le gra­phique ci-des­­sous du Finan­cial Times confirme l’évidence selon laquelle mieux vaut une pro­tec­tion par­tielle que pas de pro­tec­tion du tout :

C’est pour­quoi la pro­duc­tion de masques même non médi­caux est indis­pen­sable, faute de mieux. Or cette pro­duc­tion est mani­fes­te­ment encore insuf­fi­sante. Il faut donc enjoindre au Gou­ver­ne­ment de l’accroître au plus vite.

2. Pro­duc­tion mas­sive de tests

De noto­rié­té publique, la France ne peut mas­si­ve­ment dépis­ter sa popu­la­tion pour déter­mi­ner qui est atteint par le coro­na­vi­rus. Le Conseil d’Etat a consta­té cette carence dans son ordon­nance du 22 mars 2020.

L’Organisation mon­diale de la san­té recom­mande mas­si­ve­ment de tes­ter le plus pos­sible la population.

La Corée du Sud a mas­si­ve­ment tes­té sa popu­la­tion, ce qui l’a aidé à obte­nir la courbe sui­vante de cas confir­més (gra­phique de M. Ber­ruyer à par­tir des don­nées publiques four­nies par le Centre de contrôle et de pré­ven­tion des mala­dies coréen) :

Selon des sources publiques, la Corée du Sud fabrique 140 000 tests de dépis­tage par jour mal­gré un PIB par habi­tant infé­rieur d’un quart à la France.

Les tests mas­sifs per­mettent de déter­mi­ner qui est conta­mi­né par­mi la popu­la­tion et donc de confi­ner sur­tout ces per­sonnes plu­tôt que tout un pays.

Comme le confi­ne­ment porte atteinte aux liber­tés, le défaut de tests en nombre suf­fi­sant per­met à l’administration de jus­ti­fier la pro­ro­ga­tion d’une atteinte aux liber­tés. Or l’administration ne sau­rait se pré­va­loir de sa propre incu­rie pour por­ter atteinte aux liber­tés indi­vi­duelles. Elle doit au contraire mettre en œuvre toutes les mesures qui per­mettent de limi­ter le confi­ne­ment et en par­ti­cu­lier le cas échéant pro­duire ou faire pro­duits des tests en quan­ti­té la plus impor­tante pos­sible afin de pou­voir pro­gres­si­ve­ment lever le confinement.

De même, l’administration doit adop­ter les poli­tiques de san­té publique les plus effi­caces or mani­fes­te­ment le dépis­tage en fait partie.

Certes, selon l’ordonnance du 22 mars : « Il résulte des décla­ra­tions du ministre de la san­té et de celles faites à l’audience d’une part que les auto­ri­tés ont pris les dis­po­si­tions avec l’ensemble des indus­triels en France et à l’étranger pour aug­men­ter les capa­ci­tés de tests dans les meilleurs délais, d’autre part que la limi­ta­tion, à ce jour, des tests aux seuls per­son­nels de san­té pré­sen­tant des symp­tômes du virus résulte, à ce jour, d’une insuf­fi­sante dis­po­ni­bi­li­té des maté­riels ».

Or la pan­dé­mie s’est répan­due à une telle échelle par­tout dans le monde que cette réponse est inadé­quate, pour des rai­sons dis­si­mu­lées au juge admi­nis­tra­tif. Car chaque Etat fait face à une pénu­rie mas­sive de tests en rai­son de la pro­gres­sion expo­nen­tielle de la mala­die (y com­pris par résur­gence dans les pays asia­tiques réin­fec­tés par des pays étran­gers), de sorte que chaque pays est très enclin à réqui­si­tion­ner les tests pro­duits sur son ter­ri­toire en faveur de sa population.

Le Gou­ver­ne­ment a peut-être pris des dis­po­si­tions avec des indus­triels à l’étranger mais ces dis­po­si­tions ne sont pas de nature à garan­tir l’approvisionnement suf­fi­sant en tests pour dépis­ter mas­si­ve­ment la situation.

La réponse inadé­quate du Gou­ver­ne­ment lors de l’audience du 22 mars conduit le requé­rant à sou­le­ver à nou­veau la ques­tion de la pro­duc­tion mas­sive de tests car le cri­tère per­ti­nent est de savoir si les capa­ci­tés de pro­duc­tion en France suf­fisent à cou­vrir les besoins envisageables.

3. Rachat de la socié­té FAMAR 

En droit, la pan­dé­mie est une menace spé­ci­fique jus­ti­fiant une ana­lyse par­ti­cu­lière par le Conseil d’Etat de l’atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale à une liber­té fon­da­men­tale jus­ti­fiant d’ordonner des mesures.

Toute pan­dé­mie est par défi­ni­tion un risque car on ignore le nombre pré­cis de per­sonnes infec­tées, le taux de mor­ta­li­té, le risque de muta­tion du virus, les trai­te­ments qui pour­raient être effi­caces et de nom­breux autres éléments.

Dans un tel contexte, le défaut d’anticipation d’une éven­tua­li­té défa­vo­rable est une erreur mani­feste d’appréciation por­tant une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale aux liber­tés fon­da­men­tales, que le risque se réa­lise ou non.

Un exemple mathé­ma­tique illustre le rai­son­ne­ment. Dans un cas sur [nombre de chambres du barillet], la rou­lette russe est un jeu pro­fi­table plu­tôt que mor­tel ; or l’autorité admi­nis­tra­tive qui encou­ra­ge­rait et orga­ni­se­rait la pra­tique de ce jeu por­te­rait une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale aux liber­tés fon­da­men­tales. La réa­li­sa­tion concrète de l’atteinte n’est pas seule­ment incer­taine, elle est le scé­na­rio le moins pro­bable ; or cette cir­cons­tance ne ren­drait pas licite l’organisation par l’administration de la rou­lette russe, fût-ce en jouant une seule fois.

Le même rai­son­ne­ment pro­ba­bi­liste s’applique aux éven­tua­li­tés favo­rables en cas de crise grave. Si un trai­te­ment est peut-être effi­cace pour gué­rir une pan­dé­mie et au pire seule­ment utile pour gué­rir d’autres mala­dies, il est au pire sans dan­ger et au mieux indis­pen­sable de la pro­duire mas­si­ve­ment. L’autorité admi­nis­tra­tive porte une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale au droit à la vie et à la san­té en expo­sant les per­sonnes au risque de ne pas dis­po­ser de ce trai­te­ment s’il s’avère utile.

Par exemple, si un médi­ca­ment n’a qu’une chance sur trois de sau­ver un malade et ne cause aucun dom­mage au patient, refu­ser de le four­nir porte une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale au droit à la vie et au droit à la san­té du patient – bien que par hypo­thèse la réa­li­sa­tion de l’atteinte soit hypothétique.

Ici, selon un spé­cia­liste fran­çais mon­dia­le­ment recon­nu des mala­dies infec­tieuses, un trai­te­ment à base de chlo­ro­quine pour­rait gué­rir le coro­na­vi­rus dans de nom­breux cas, à condi­tion d’être injec­té suf­fi­sam­ment tôt.

Plu­sieurs autres pays s’intéressent à ce trai­te­ment et, s’il réus­sit, pour­raient le mettre en œuvre en réqui­si­tion­nant les réserves et les usines se trou­vant sur leur ter­ri­toire pour soi­gner leur propre population.

Une seule usine située en France fabrique de la chlo­ro­quine. Elle appar­tient à la socié­té Famar à Saint-Genis-Laval, dans la ban­lieue de Lyon, or cette socié­té est en redres­se­ment judiciaire.

Il sem­ble­rait que d’autres usines puissent être trans­for­mées pour pro­duire de la chlo­ro­quine à par­tir de mi-avril ou fin avril.

De deux choses l’une : soit le trai­te­ment pré­co­ni­sé par le Pro­fes­seur Raoult sera employé pour gué­rir le Covid-19 soit il ne sera pas employé à cette fin.

Comme la chlo­ro­quine est déjà uti­li­sée dans de nom­breux cas comme le palu­disme, la pro­duire mas­si­ve­ment n’est pas inutile ; en toute hypo­thèse, le coût est infime par rap­port aux consé­quences de ne pas en pos­sé­der suf­fi­sam­ment si la chlo­ro­quine s’avère un trai­te­ment efficace.

C’est pour­quoi la pro­duc­tion de chlo­ro­quine est une éven­tua­li­té favo­rable qui ne pré­sente aucun désa­van­tage signi­fi­ca­tif, de sorte que ne pas ordon­ner cette pro­duc­tion en France porte une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale au droit à la vie et au droit à la san­té des requé­rants et de tous les Français.

Le Ministre de la san­té a décla­ré que l’efficacité de la chlo­ro­quine serait tes­tée à grande échelle et qu’elle serait auto­ri­sée à brève échéance au moins dans cer­tains cas. Comme l’administration estime que la chlo­ro­quine est poten­tiel­le­ment effi­cace, elle com­met une erreur mani­feste d’appréciation en ne s’assurant pas de la pos­si­bi­li­té de la pro­duire mas­si­ve­ment en cas de besoin.

Les requé­rants ne réclament pas au Conseil d’Etat que la chlo­ro­quine soit admi­nis­trée aux patients qui souffrent du Covid-19 mais que l’autorité admi­nis­tra­tive mette en œuvre toutes les mesures qui per­mettent de l’administrer si l’expérimentation et l’analyse démontrent que ce trai­te­ment est utile.

Or la seule usine pro­dui­sant cette sub­stance dont l’Etat fran­çais est cer­tain de pou­voir dis­po­ser de la pro­duc­tion est en redres­se­ment judi­ciaire. D’autres usines pour­raient peut-être pro­duire aus­si ce médi­ca­ment mais ce n’est pas encore le cas et les besoins poten­tiel­le­ment immenses com­mandent de dis­po­ser de capa­ci­tés de pro­duc­tion aus­si impor­tantes que possible.

Comme la socié­té FAMAR est en redres­se­ment judi­ciaire, son rachat ne sera pas oné­reux. Au pire, l’Etat aura sau­vé une entre­prise de l’industrie phar­ma­ceu­tique située en France et dis­po­se­ra désor­mais d’importantes réserves de trai­te­ment du palu­disme. Si la crise actuelle a démon­tré une chose, c’est que la France a tout inté­rêt à dis­po­ser sur son sol de capa­ci­tés de pro­duc­tion pharmaceutiques.

Au mieux, la pro­duc­tion mas­sive de chlo­ro­quine sau­ve­ra de la mort des dizaines de mil­liers de Fran­çais et per­met­tra de mettre fin au confinement.

C’est pour­quoi la carence de l’Etat consis­tant à ne pas natio­na­li­ser la socié­té FAMAR porte une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale au droit à la vie et au droit à la san­té des Français.

4. Rachat de la socié­té Luxfer

La socié­té Lux­fer est la seule entre­prise en France à pro­duire les bou­teilles conte­nant l’oxygène néces­saire pour ali­men­ter les appa­reils de réani­ma­tion. Sans cet élé­ment essen­tiel, les appa­reils de réani­ma­tion sont inutiles.

Or la demande d’appareils de réani­ma­tion aug­mente énor­mé­ment à mesure que le nombre de patients atteint d’une forme grave du coro­na­vi­rus aug­mente. Air liquide a par exemple annon­cé une aug­men­ta­tion de sa pro­duc­tion de ces appareils :

Les res­pi­ra­teurs seront tou­te­fois inutiles s’ils ne sont pas approvisionnés.

L’usine de la socié­té Lux­fer employait 136 sala­riés à Ger­zat (Puy-de-Dôme) et pou­vait pro­duire en moyenne plus de 10 000 bou­teilles par mois.

Or la socié­té Lux­fer est en redres­se­ment judi­ciaire et l’Etat n’est tou­jours pas inter­ve­nu pour la sau­ver au moins tem­po­rai­re­ment et relan­cer la production.

L’injonction de natio­na­li­sa­tion deman­dée ne porte pas atteinte à la liber­té d’entreprise car par hypo­thèse l’entreprise est à vendre. Cette natio­na­li­sa­tion ne peut entraî­ner aucun effet néga­tif puisque l’entreprise est à vendre à vil prix et qu’au prie l’Etat aura acquis une usine du sec­teur phar­ma­ceu­tique, dont la pan­dé­mie démontre qu’il doit être relocalisé.

En pre­nant le risque que la France ne soit pas appro­vi­sion­née en bou­teilles per­met­tant d’alimenter en oxy­gène les res­pi­ra­teurs de réani­ma­tion, l’Etat porte une atteinte grave et mani­fes­te­ment illé­gale au droit à la vie des Français.

Par­tant, rien ne sau­rait jus­ti­fier la carence de l’Etat consis­tant à ne pas rache­ter la socié­té Luxfer.

5. Appli­ca­tion uni­forme du confinement

Pre­miè­re­ment, le décret n° 2020-293 du 23 mars 2020 pres­cri­vant les mesures géné­rales néces­saires pour faire face à l’épidémie de covid-19 dans le cadre de l’état d’urgence sani­taire pré­voit notam­ment le confi­ne­ment de la population.

L’administration est donc tenue de le res­pec­ter ; aucune auto­ri­té admi­nis­tra­tive ne sau­rait don­ner des ins­truc­tions contraires.

Deuxiè­me­ment, ne pas appli­quer le confi­ne­ment de la même manière sur tout le ter­ri­toire porte atteinte à l’égalité de trai­te­ment, a for­tio­ri lorsque le Gou­ver­ne­ment dis­cri­mine les habi­tants en fonc­tion de leur ori­gine natio­nale ou de leurs convic­tions reli­gieuses réelles ou supposées.

Une pri­va­tion de liber­té aus­si bru­tale que le confi­ne­ment n’est licite que si elle res­pecte le prin­cipe d’égalité de traitement.

Troi­siè­me­ment, l’application seule­ment par­tielle du confi­ne­ment est en matière de san­té publique une erreur mani­feste d’appréciation, qui rend illé­gal le laxisme consis­tant à ne pas l’appliquer à cer­tains ter­ri­toires. Car comme le confi­ne­ment vise à faire dis­pa­raître le virus en inter­rom­pant sa trans­mis­sion, il est inutile si le virus sur­vit dans une par­tie de la popu­la­tion, prêt à se répandre à nou­veau quand ceux qui auront res­pec­té lé confi­ne­ment seront libérés.

L’application par­tielle du confi­ne­ment revient à trai­ter par­tiel­le­ment un can­cer par chi­mio­thé­ra­pie en pre­nant soin de lais­ser des méta­stases pour que le can­cer se pro­page à nou­veau une fois le patient sor­ti de l’hôpital.

Ici, selon de nom­breux témoi­gnages, le confi­ne­ment n’est pas appli­qué dans « les quar­tiers », c’est-à-dire en clair dans les zones de non-droit autour des métropoles.

Le Canard enchaî­né du 25 mars 2020 révèle :

La déci­sion admi­nis­tra­tive révé­lée par cet article est tri­ple­ment illé­gale : (i) elle mécon­naît les décrets de confi­ne­ment par refus d’application, (ii) elle viole l’égalité de trai­te­ment et (iii) elle résulte d’une erreur mani­feste d’appréciation quant aux moyens à mettre en œuvre pour jugu­ler la pandémie.

C’est pour­quoi il faut enjoindre au Pre­mier ministre et au Ministre de l’Intérieur d’ordonner, à den­si­té de popu­la­tion égale, l’application uni­forme sur tout le ter­ri­toire natio­nal des contrôles et des sanc­tions rela­tifs au res­pect du confinement.

PAR CES MOTIFS, et tous autres à pro­duire, déduire ou sup­pléer, même d’office, il est deman­dé au juge des réfé­rés du Conseil d’Etat :

– Enjoindre au Pre­mier ministre et au Ministre de la san­té de prendre toutes mesures de nature à aug­men­ter la pro­duc­tion natio­nale de masques en vue de leur dis­tri­bu­tion massive

– Enjoindre au Pre­mier ministre et au Ministre de la san­té d’adopter sans délai toutes les mesures sus­cep­tibles d’accroître la pro­duc­tion de tests de dépis­tage du covid19

– Enjoindre au Pre­mier ministre de faire rache­ter la socié­té Famar

– Enjoindre au Pre­mier ministre de faire rache­ter la socié­té Luxfer

– Enjoindre au Pre­mier ministre et au Ministre de l’Intérieur d’ordonner, à den­si­té de popu­la­tion égale, l’application uni­forme sur tout le ter­ri­toire natio­nal des contrôles et des sanc­tions rela­tifs au res­pect du confinement

– Condam­ner l’Etat à ver­ser la somme de 5 000 € aux requé­rants sur le fon­de­ment de l’article 761–1  du Code de jus­tice administrative.

Régis de Castelnau

Source : https://​www​.vudu​droit​.com/​2​0​2​0​/​0​3​/​c​o​v​i​d​1​9​–​p​r​o​c​e​d​u​r​e​–​d​e​–​r​e​f​e​r​e​–​l​i​b​e​r​t​e​–​d​e​v​a​n​t​–​l​e​–​c​o​n​s​e​i​l​–​d​e​t​at/

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​8​0​4​3​8​4​9​2​2​2​317

Le Professeur Didier Raoult : Rebelle Anti-Système ou Mégalomane sans éthique ? par Olivier Berruyer, sur les​-crises​.fr

Oli­vier Ber­ruyer vient de publier une longue et inté­res­sante enquête sur Didier Raoult (il fau­dra qu’il puisse se défendre point par point).

[Edit]
J’ai décou­vert dans cette enquête la « stra­té­gie du cou­cou », et les fake-CV — hyper­tro­phiés et gros­siè­re­ment men­son­gers — des scien­ti­fiques « man­da­rins » : CV à ral­longe très impres­sion­nants qui découlent faci­le­ment et fal­la­cieu­se­ment de cette « stra­té­gie du cou­cou qui consiste à s’im­po­ser auto­ri­tai­re­ment, parce qu’on est le chef, par abus de pou­voir, en signa­taire de papiers qu’on n’a pas écrits, et par­fois même pas lus !, et cette fraude, paraît-il très cou­rante pour ne pas dire géné­ra­li­sée, m’a lais­sé l’im­pres­sion d’a­voir été trom­pé par un argu­ment d’au­to­ri­té lar­ge­ment bidon­né… On ver­ra avec la suite de la contro­verse si ce reproche est exa­gé­ré ou pas.

J’ai donc aujourd’­hui deux billets, ouverts aux com­men­taires et aux compléments :
– un qui défend Raoult, que je trouve per­son­nel­le­ment très convaincant,
– et un qui doute de Raoult, en insis­tant sur les pro­blèmes que cer­tains peuvent voir dans ses méthodes et prises de position.

Comme chaque fois que ce n’est pas simple, je sus­pens mon juge­ment (c’est mon droit le plus élé­men­taire), et j’ob­serve les argu­ments de part et d’autre.

Cha­cun fait comme il veut, mais moi, je suis pas un sol­dat dans une armée, je n’o­béis à aucun ordre. Je tiens à ma liber­té de chan­ger d’o­pi­nion quand je m’a­per­çois que je me suis trom­pé, en tout ou partie.
[\Edit]

Étienne.


https://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​–​p​r​o​f​e​s​s​e​u​r​–​d​i​d​i​e​r​–​r​a​o​u​l​t​–​r​e​b​e​l​l​e​–​a​n​t​i​–​s​y​s​t​e​m​e​–​o​u​–​m​e​g​a​l​o​m​a​n​e​–​s​a​n​s​–​e​t​h​i​q​ue/

OB : « Fidèles à notre mis­sion d’informer sans tabous, et sou­vent à contre-cou­­rant, nous avons sou­hai­té rap­por­ter quelques faits à pro­pos du Pro­fes­seur Raoult, nou­velle star des réseaux sociaux, et main­te­nant des médias.

Notre pro­pos ne sera pas sur ce site, de tran­cher la ques­tion de l’efficacité de la chlo­ro­quine, c’est un débat que nous lais­sons aux méde­cins, seuls com­pé­tents pour en juger. Nous nous inter­di­sons même d’avoir un avis sur ce sujet. Cela n’est pas de notre res­sort, l’efficacité d’un trai­te­ment ne rele­vant pas du débat d’opinicon, mais de la science. Ce médi­ca­ment semble être une piste inté­res­sante, et nous espé­rons, comme tout le monde, qu’il s’agira du trai­te­ment miracle qui nous aide­ra à sor­tir de cette crise.

Nous sommes donc heu­reux qu’un très grand essai cli­nique soit en cours (comme dans d’autres pays, où la recherche n’attend pas la France pour avan­cer), car seul cet essai per­met­tra d’apprécier l’efficacité réelle (mais aus­si la dan­ge­ro­si­té poten­tielle) de ce traitement.

En ce qui concerne les pre­miers essais menés par le Pro­fes­seur Raoult, nous en par­le­rons plus en détail dans un pro­chain billet dédié. Ain­si, cha­cun pour­ra se faire sa propre opi­nion (et en dis­cu­ter dans les com­men­taires de ce pro­chain billet)

Dans ce billet, nous allons nous inté­res­ser au pro­fil du doc­teur Raoult, désor­mais au cœur d’importantes polé­miques. Notre but n’est en aucun cas de polé­mi­quer, mais d’informer.

À la ques­tion, Didier Raoult est-il un génie incom­pris et anti­sys­tème ou un mani­pu­la­teur mal­hon­nête, nous répon­dons : pro­ba­ble­ment ni l’un ni l’autre. Cepen­dant les élé­ments que vous retrou­ve­rez dans cet article nous portent à croire qu’il n’est pas bon de nous repo­ser uni­que­ment sur son seul juge­ment, compte tenu de pré­cé­dents assez stu­pé­fiants et dra­ma­tiques le concernant.

Soyons pru­dents avec notre san­té et res­pec­tons les règles scien­ti­fiques et éthiques, pour ne pas aggra­ver davan­tage la situation.

Alors, qui est donc Didier Raoult, ce méde­cin qui court-cir­­cuite toutes les auto­ri­tés médi­cales, et com­mu­nique désor­mais direc­te­ment des consignes médi­cales à la popu­la­tion sur Twit­ter (comme ici ou ) ?

Alors, par­tons donc à la décou­verte du « plus grand cher­cheur fran­çais de micro­bio­lo­gie ». Qui est donc Didier Raoult, ce méde­cin qui court-cir­­cuite toutes les auto­ri­tés médi­cales, et com­mu­nique désor­mais direc­te­ment des consignes médi­cales à la popu­la­tion sur Twit­ter (comme ici ou ) ?

Bonne lec­ture,

Oli­vier Berruyer


Être un grand cher­cheur ne pro­cure pas une com­pé­tence uni­ver­selle. Car il y a de nom­breux très grands cher­cheurs fran­çais, et ils ne sont pas tous d’accord sur tout. Celui qui a rai­son sur un sujet un jour, peut avoir tort sur un autre sujet le len­de­main. Etre spé­cia­liste de la com­po­si­tion de l’ARN d’un virus ou de la façon dont il infecte une alvéole pul­mo­naire ne fait pas de vous un spé­cia­liste d’épidémiologie pour pré­voir la pro­pa­ga­tion du virus (comme on va le voir), ou des arbi­trages à faire pour vali­der un médi­ca­ment. Cela ne l’empêche pas non plus, mais il faut sim­ple­ment vali­der la com­pé­tence sur ces points par la confron­ta­tion des pré­dic­tions avec la réalité.

Rap­pe­lons que le géné­ra­lis­sime des Forces armées fran­çaises au cours de la Seconde Guerre mon­diale Mau­rice Game­lin (1872−1958) « était un des géné­raux les plus intel­lec­tuels de son époque. Il était res­pec­té, même en Alle­magne, pour son intel­li­gence et sa sub­ti­li­té. » (Wiki­pé­dia). Cela ne l’a pas empê­ché de mener la France au désastre face à l’Allemagne.

Sur le plan sani­taire, Didier Raoult peut donc être vu comme l’un des ‘’géné­raux’’ fran­çais qui était en charge d’empêcher l’invasion de la France par le coro­na­vi­rus (SRAS-Cov‑2 ou Covid-19). Inté­­res­­sons-nous donc à ses anti­ci­pa­tions en jan­vier 2020 :

I. Quelle était l’analyse de Didier Raoult en janvier 2020 face à la menace pandémique ?

Le coro­na­vi­rus SRAS‑2 est donc appa­ru en novembre/décembre en Chine. Très vite, fort de l’expérience du pays face au dan­ge­reux SRAS‑1, le gou­ver­ne­ment chi­nois s’est mobi­li­sé et a pris des mesures drastiques :

  • 17 jan­vier : 45 cas de Covid-19, 2 morts ;
  • 20 jan­vier : 291 cas de Covid-19, 9 morts ;
  • 22 jan­vier : 558 cas, 17 morts : confi­ne­ment de la popu­la­tion de trois villes de la pro­vince de Hubei par­ti­cu­liè­re­ment impac­tées par le virus et dont elles seraient le ber­ceau, afin de conte­nir les risques de pan­dé­mie : Wuhan, Huang­gang et Ezhou, soit une popu­la­tion com­bi­née de plus de vingt mil­lions d’habitants.
  • le , les auto­ri­tés chi­noises élar­gissent la zone de qua­ran­taine à presque toute la pro­vince de Hubei, soit envi­ron 56 mil­lions d’habitants.

D’autres mesures très fortes sont prises en Chine, en par­ti­cu­lier de dés­in­fec­tion, ce qui donne ce genre d’images édi­fiantes dans les jour­naux télévisés :

Inter­ro­gé face à cette incroyable réac­tion chi­noise, et donc aux menaces d’épidémie, voi­ci la réac­tion de Didier Raoult le 23 jan­vier aux actions du gou­ver­ne­ment chinois :

Ques­tion – Prof. Didier Raoult, une épi­dé­mie de coro­na­vi­rus fait l’actualité en Chine. Doit-on craindre quelque chose ?

Raoult – Vous savez, c’est un monde de fou. Ce qui se passe, le fait que des gens soient morts de coro­na­vi­rus en Chine, vous savez, je ne me sens pas tel­le­ment concer­né. C’est vrai que le monde est deve­nu com­plè­te­ment fou, c’est-à-dire que il se passe un truc où il y a 3 Chi­nois qui meurent et ça fait une alerte mon­diale, l’OMS s’en mêle, ça passe à la radio, à la télé­vi­sion. S’il y a un bus qui tombe au Pérou on va dire : « les acci­dents de la route tuent de plus en plus ». Tout ça est fou. C’est-à-dire qu’il n’y a plus aucune luci­di­té.

À chaque fois qu’il y a une mala­die dans le monde on se demande si en France on va avoir la même chose. Ça devient com­plè­te­ment déli­rant. C’est tel­le­ment déri­soire que ça finit par être hallucinant.

Ça veut dire qu’il n’y a plus aucune connexion entre l’information et la réa­li­té du risque. Mais aucune du tout. Comme ils sont 1,6 mil­liard, vous n’avez pas fini d’avoir des alertes. Je ne sais pas, les gens n’ont pas de quoi s’occuper, alors ils vont cher­cher en Chine de quoi avoir peur, parce qu’ils n’arrivent pas à regar­der ce dont ils pour­raient avoir peur en res­tant en France. Voi­là, ce n’est pas sérieux.

Didier Raoult, 21 jan­vier 2020, https://​you​tu​.be/​q​o​B​o​r​y​H​u​Z6E de l’IHU Médi­ter­ra­née Infec­tion (archive)

On saluera dans ces conditions le slogan de Raoult « Nous avons le droit d’être intelligents »…

Donc, eh bien, « voi­là, ce n’est pas sérieux ».

Et il a conti­nué dans la presse, ici le 1er février (source) :

Il y a onze ans, en pleine crise H1N1, le pro­fes­seur Ber­nard Debré iro­ni­sait dans le JDD : « Cela reste une grip­pette ». Le gou­ver­ne­ment en fait-il trop ?
Ce virus n’est pas si méchant, ce n’est pas un meur­trier aveugle. Le taux de mor­ta­li­té, esti­mé aujourd’hui aux envi­rons de 2 % c’est-à-dire équi­valent à celui de toutes les pneu­mo­nies virales pré­sentes à l’hôpital, va pro­ba­ble­ment dimi­nuer une fois que les cas qui n’ont pas don­né de symp­tômes seront pris en compte. Sans être devin, je doute que le virus chi­nois fasse aug­men­ter de manière très signi­fi­ca­tive, chez nous tout au moins, les décès par pneumonie.

Mais on ne peut pas ne pas tenir compte de l’état de notre socié­té, très émo­tive. À l’heure de l’hyper-réactivité des réseaux sociaux, les res­pon­sables poli­tiques ont peur de ne pas en faire assez, alors ils en font par­fois trop.

2 % de 20 000 000 = 400 000 morts – « pas si méchant »… Le pro­blème de ce SRAS‑2 du covid-19, n’est pas le taux de mor­ta­li­té, mais le couple taux de mor­ta­li­té x conta­gio­si­té. Il tue comme une pneu­mo­nie, mais il va tou­cher beau­coup plus de monde…

Mais Didier Raoult ne s’est pas conten­té de sous-esti­­mer gra­ve­ment la menace. Cela a conti­nué après l’invasion du coronavirus.

II. Quel était ensuite le message le Didier Raoult au début de la débâcle ?

Quand le virus a com­men­cé à se déve­lop­per en France, il a déci­dé de publier le 25 février (14 cas confir­més de Covid-19, 1 mort en France ce jour-là) cette vidéo surhttps://youtu.be/8L6ehRif-v8 (sic.) nom­mée, alors : « Fin de Par­tie pour le coro­na­vi­rus ! » (re-sic.), pour faire de la publi­ci­té à la Chlo­ro­quine (nous n’en par­le­rons plus dans ce billet) :

Pré­ci­sons que, a prio­ri (nous allons confir­mer), l’étude chi­noise n’avançait appa­rem­ment pas de chiffres pré­cis, se conten­tant de dire que ça pou­vait aider ; mais ce n’était pas un essai cli­nique clas­sique pou­vant le prou­ver. Raoult a donc sur­tout dit :

  • « Un scoop de der­nière minute, une nou­velle très impor­tante » ; « Fin de Par­tie pour le Coro­na­vi­rus ! » : c’est la nou­velle « Recherches fran­çaise« ™
  • « C’est pro­ba­ble­ment l’infection res­pi­ra­toire la plus facile à trai­ter de toutes » ;
  • « Ce n’est pas la peine de s’exciter » [ils sont vrai­ment fous ces Chi­nois, qui ont pour­tant été les pre­miers à uti­li­ser ce médi­ca­ment, de conti­nuer à confi­ner la population…] ;
  • « Faites atten­tion, il n’y aura bien­tôt plus de chlo­ro­quine dans les phar­ma­cies » : au vu du suc­cès de la vidéo de M. Raoult (plus de 550 000 vues), ceci a entraî­né une rup­ture des stocks dans les phar­ma­cies, pri­vant de médi­ca­ments ceux qui avaient vrai­ment besoin de chlo­ro­quine (patients atteints de mala­ria ou de lupus).

Comme les Déco­deurs du Monde ont, à rai­son, clas­sé la vidéo comme « par­tiel­le­ment fausse », Raoult l’a renom­mée « Coro­na­vi­rus : vers une sor­tie de crise ? » (sup­pri­mant ce sta­tut). Mais l’original était bien ceci , lar­ge­ment relayé par l’Assistance Publique des Hôpi­taux de Mar­seille qui n’y a vu aucun pro­blème déon­to­lo­gique (sourcearchive@aphm_actu) :

N’en res­tant pas là, il est allé ensuite dans les médias por­ter son mes­sage, comme ici dans 20 Minutes (nous enle­vons la plu­part des par­ties concer­nant la chlo­ro­quine, ce n’est pas notre axe d’analyse ici, mais plus d’analyser son expres­sion ver­bale et son éthique médicale) :

Coro­na­vi­rus : « Ce serait une faute médi­cale que de ne pas don­ner de chlo­ro­quine contre le virus chi­nois », selon le pro­fes­seur Didier Raoult

Note OB : rap­pe­lons que les prin­cipes de l’OMS visent à ne plus don­ner de nom de pays aux virus et mala­dies – cf. ce qui s’est pas­sé au début de l’épidémie pour nos res­sor­tis­sants d’origine chi­noise stig­ma­ti­sés sans raison

Source : 20 minutes, Mathilde Ceilles, 26-02-2020

INTERVIEW Le pro­fes­seur Didier Raoult, direc­teur de l’Institut Médi­ter­ra­née Infec­tion à Mar­seille, envi­sage désor­mais d’utiliser un trai­te­ment contre le palu­disme pour soi­gner le coro­na­vi­rus, compte tenu des der­nières décou­vertes scientifiques

  • Des scien­ti­fiques chi­nois affirment dans une publi­ca­tion qu’un trai­te­ment contre le palu­disme peut soi­gner le coronavirus.
  • Fortes de cette étude, les équipes de l’Institut Médi­ter­ra­née Infec­tion à Mar­seille envi­sagent désor­mais d’utiliser la chlo­ro­quine pour soi­gner la maladie.
  • Pour son direc­teur, Didier Raoult, les réserves émises par cer­tains confrères sont hors de propos.

Edit le 27 février : Dans un tweet, le minis­tère de la San­té indique que « aucune étude rigou­reuse, publiée dans une revue inter­na­tio­nale à comi­té de lec­ture indé­pen­dant, ne démontre l’efficacité de la chlo­ro­quine pour lutte contre l’infection au coro­na­vi­rus chez l’être humain ».

A Mar­seille, l’Institut Médi­ter­ra­née Infec­tion (IHU), centre de réfé­rence unique en France pour la prise en charge des mala­dies infec­tieuses dont le Covid-19, a déci­dé en consé­quence de com­man­der un stock de chlo­ro­quine, dans l’optique de soi­gner d’éventuels futurs malades du coro­na­vi­rus chi­nois. « Coro­na­vi­rus : Fin de partie ! »,​ titre même l’IHU sur son site Inter­net dans un article sur les bien­faits de la chlo­ro­quine. Le pro­fes­seur Didier Raoult, direc­teur de l’IHU et pas­sa­ble­ment aga­cé par les réserves, cri­tiques et autres com­men­taires sus­ci­tés par cette déci­sion, explique à 20 Minutes ce choix. […]

Certains scientifiques sont moins enthousiastes que vous sur les bienfaits de la chloroquine contre le coronavirus, à l’image du professeur Astrid Vabret dans« Sciences et Avenir »

Les ragots des uns et des autres, je m’en fous. Ça ne m’intéresse pas. Mon métier, c’est les mala­dies infec­tieuses, et ce depuis qua­rante ans. Je me sens obli­gé, car je crois que c’est main­te­nant néces­saire, de com­mu­ni­quer ce que je sais, et non pas des opi­nions, sur la recherche en mala­die infec­tieuse. Après, ce que vous en faites, je ne suis pas pro­phète. Je m’en fous. J’essaie d’être le plus clair pos­sible. Quand on a mon­tré qu’un médi­ca­ment mar­chait sur une cen­taine de per­sonnes alors que­tout le monde est en train de faire une crise de nerfs, et qu’il y a des andouilles qui disent qu’on n’est pas sûr que ça marche, ça ne m’intéresse pas !

Allez-vous utiliser la chloroquine à l’IHU pour soigner contre le coronavirus ?

Les scien­ti­fiques chi­nois sont des gens très sérieux. Ce ne sont pas des zozos, et ils ont mon­tré que la chlo­ro­quine marche. Ça serait hon­nê­te­ment une faute médi­cale que de ne pas don­ner de la chlo­ro­quine au coro­na­vi­rus chi­nois. Ça n’a pas de sens. Soyons sérieux. Demain, vous com­men­cez à être essouf­flé. Vous avez unco­ro­na­vi­rus chi­nois et vous avez 40 de fièvre. Et les gens vous disent : « Vous savez, je n’y crois pas à la chlo­ro­quine contre le coro­na­vi­rus chi­nois ». Qu’est-ce que vous faites ?

A l’IHU, nous allons mettre en place un pro­to­cole thé­ra­peu­tique. Nous, ce qu’on veut, c’est soi­gner les malades. Il y a des gens qui arrivent avec une mala­die grave, et on a mon­tré que le seul trai­te­ment contre cette mala­die, c’est la chlo­ro­quine. Donc, pour pas don­ner de la chlo­ro­quine, il faut être far­ci ! Donc on va pré­ve­nir le ministre pour lui dire que si les gens qui arrivent ont un coro­na­vi­rus chi­nois, on va les trai­ter par la chlo­ro­quine parce que c’est le seul trai­te­ment dont on a eu la démons­tra­tion qu’il mar­chait. C’est tout ! C’est pas mys­té­rieux, c’est de la méde­cine, pas des potins de télévision !

Source : 20 minutes, Mathilde Ceilles, 26-02-2020

Et le même jour, M. Raoult, qui ne semble pas trop bri­mé par les médias, donne une inter­view dans la Mar­seillaise, « Pour lut­ter contre le coro­na­vi­rus, il faut être effi­cace sur le diag­nos­tic » (source) :

Enfin… Il faut dire qu’ils ont chan­gé le titre le 18 mars :

Pas de chance, sui­vant depuis un moment ce sujet, j’avais déjà repé­ré et archi­vé cette pépite :

Voi­là. Il serait donc éthique que la Mar­seillaise ait la décence de remettre le titre ori­gi­nal – même s’il des­sert l’image de l’enfant du pays.

Dans cette inter­view il disait en effet ceci :

La Mar­seillaise : Le coro­na­vi­rus Covid-19 est-il plus dan­ge­reux qu’un virus res­pon­sable d’une épi­dé­mie de grippe saisonnière ?
Didier Raoult :

Il ne l’est pas.

Com­men­taire OB : Poke Michel Cymes. La Chine mets rapi­de­ment 60 mil­lions de per­sonnes en qua­ran­taine, l’OMS déclare une urgence de san­té mon­diale pour le SRAS‑2, mais c’est juste pour une « mau­vaise grippe » – sacrés « cher­cheurs français »™ …

Il y a eu dans la zone de Wuhan une mor­ta­li­té rela­ti­ve­ment éle­vée que les Chi­nois ont esti­mé à 5,6 %. Si vous sor­tez de cette zone, la mor­ta­li­té est plus proche des valeurs de 0,5 à 0,6 %, […] Par ailleurs, la sur­mor­ta­li­té pour les formes sévères dans la zone de Wuhan est liée, d’après la Chine, à un niveau d’équipement hos­pi­ta­lier insuf­fi­sant, c’est pour­quoi ils ont construit un hôpi­tal en dix jours. Il y aurait donc une sur­mor­ta­li­té liée à une mau­vaise prise en charge médi­cale, et il est vrai­sem­blable que ce scé­na­rio se soit répé­té ailleurs.

Com­men­taire OB : de l’intérêt, donc, qu’il n’y ait pas de grosse épi­dé­mie satu­rant les hôpi­taux. Hélas cela semble arri­ver dans 9 pays sur 10… Et donc cette mor­ta­li­té pour­rait bien être assez élevée.

Quelle stra­té­gie thé­ra­peu­tique vous semble la plus adé­quate pour lut­ter contre le virus ?
D.R. : Concer­nant les vac­cins, ils sont des­ti­nés à pré­ve­nir de vraies mala­dies, qui concernent des cen­taines de mil­liers de cas.

Com­men­taire OB : Raoult doit donc consi­dé­rer que nous avons à faire a une « fake mala­die ». Qui est por­tant en crois­sance expo­nen­tielle, qui a déjà conta­mi­né 375 000 per­sonnes et tué 16 000 per­sonnes (source)

J’attends plu­tôt des Chi­nois qu’ils testent chez les patients le médi­ca­ment le plus simple et le moins toxique au monde qu’est la chlo­ro­quine, dont ils ont prou­vé l’efficacité en labo­ra­toire. Ce serait le meilleur can­di­dat, plu­tôt qu’un nou­veau médi­ca­ment qui néces­si­te­rait plu­sieurs années avant une auto­ri­sa­tion de mise sur le marché.

On com­prend donc que tout ceci ait pu par­ti­ci­per à démo­bi­li­ser les pou­voirs publics.

III. La France : Raoult fut néanmoins récompensé par le Gouvernement

Bien que ses pro­pos aient par­ti­ci­pé à rela­ti­vi­ser la menace et à démo­bi­li­ser le public, Didier Raoult, ce grand « man­da­rin à la fran­çaise » fut inté­gré par­mi les 11 membres du Conseil scien­ti­fique gou­ver­ne­men­tal, le 11 mars 2020 (source) :

C’est même un des 2 seuls infectiologues.

En réa­li­té, il est peu sur­pre­nant de le voir à cette place, car le Pré­sident du conseil scien­ti­fique Jean-Fran­­çois Del­frais­sy appar­tient lui aus­si au conseil d’administration de l’IHU IM.

Bref, Raoult n’est pas vrai­ment bri­mé ni « hors-système ».

Même si, au vu des polé­miques, il a annon­cé le 24 mars ne plus par­ti­ci­per au Conseil scien­ti­fique réuni autour d’Emmanuel Macron (mais il n’en a pas démis­sion­né https://​www​.libe​ra​tion​.fr/​d​i​r​e​c​t​/​e​l​e​m​e​n​t​/​d​i​d​i​e​r​–​r​a​o​u​l​t​–​e​t​–​l​e​–​c​o​n​s​e​i​l​–​s​c​i​e​n​t​i​f​i​q​u​e​–​u​n​e​–​h​i​s​t​o​i​r​e​–​r​a​t​e​e​_​1​1​1​2​06/ (page sup­pri­mée)).

Rap­pe­lons d’ailleurs que c’est ce conseil qui a confir­mé à Macron qu’il n’y avait aucun pro­blème à orga­ni­ser les muni­ci­pales – ce que ne par­ta­geaient pas d’autres médecins :

Bilan : des asses­seurs ont été conta­mi­nés le jour du vote…

IV. Quel est le message de Didier Raoult en pleine débâcle ?

Didier Raoult a ensuite réa­li­sé un essai de chlo­ro­quine sur 26 per­sonnes, et a publié les résul­tats dans une très pres­ti­gieuse revue inter­na­tio­nale à comi­té de lec­turedans une vidéo You­tube le 16 mars (et par une publi­ca­tion le 17 – source). Nous nous inté­res­se­rons à cet essai dans un pro­chain billet.

Nous conti­nuons sim­ple­ment à ana­ly­ser ses décla­ra­tions dans la presse, qui se sont mul­ti­pliées suite à l’essai. Flo­ri­lège – en com­men­çant par mon préféré :

« La chloroquine guérit le Covid-19 » : Didier Raoult, l’infectiologue qui aurait le remède au coronavirus

Source : Marianne, Etienne Cam­pion, 19-03-2020

[Marianne] L’homme nous confie être encore amer quant au mépris dont il dit avoir été vic­time. Sans bais­ser les bras pour autant : « Je dis­cute beau­coup avec le gou­ver­ne­ment et avec des per­sonnes au plus haut niveau de l’Etat. Je com­prends ce qui fait par­tie de l’écosystème des déci­deurs, ce n’est pas une sur­prise que d’avoir été mis de côté. »

OB : « Mis de côté » : oui, enfin, en tant membre du Comi­té scien­ti­fique, il fait par­tie des 11 conseillers du gouvernement…

[Marianne] Quant aux accu­sa­tions de « fake news » ? « Pré­fé­rer les opi­nions aux faits est une mala­die. Mais je n’en veux à per­sonne, chan­ger d’avis, c’est mieux que de res­ter idiot. » […]

Mais, s’il explique « conti­nuer sa série de tests cli­niques« , Didier Raoult pré­cise : « Je ne fais pas de com­mu­ni­ca­tion avant d’avoir pré­ve­nu le minis­tère de la San­té. Dès que j’aurai un nou­vel article à faire paraître, je com­mu­ni­que­rai de façon trans­pa­rente pour infor­mer la popu­la­tion, pas avant. »

OB : C’est à dire que, main­te­nant, le « Cher­cheur Fran­çais »™ , dès qu’il a deux résul­tats pro­vi­soires, il fait des vidéos You­tube pour « infor­mer la popu­la­tion » avant d’avoir convain­cu ses pairs.

[Marianne] Sur les 300.000 médi­ca­ments à base de chlo­ro­quine que compte offrirSano­fi à la France, il confie : « Ça, croyez-moi, j’étais au cou­rant avant vous !« .

OB : ah, ben, il en sait des choses Didier Raoult… Mais du coup, vu les rela­tions de l’IHU IM et de Sano­fi, on com­prend mieux… Sano­fi qui en pro­fite donc pour se faire une énorme opé­ra­tion de com­mu­ni­ca­tion – pour un gigan­tesque mar­ché potentiel.

[Marianne] Concer­nant les bémols émis quant à la métho­do­lo­gie de ses récents essais cli­niques : « C’est contre-intui­­tif, mais plus l’échantillon d’un test cli­nique est faible, plus ses résul­tats sont signi­fi­ca­tifs. Les dif­fé­rences dans un échan­tillon de vingt per­sonnes peuvent être plus signi­fi­ca­tives que dans un échan­tillon de 10.000 per­sonnes.Si on a besoin d’un tel échan­tillon­nage, il y a des risques qu’on se trompe. Avec 10.000 per­sonnes, quand les dif­fé­rences sont faibles, par­fois, elles n’existent pas.« 

OB : Oui ! Didier Raoult a clai­re­ment dit cette énor­mi­té qui cho­que­ra prin­ci­pa­le­ment les lec­teurs scien­ti­fiques : « Plus l’échantillon d’un test cli­nique est faible, plus ses résu­lats sont signi­fi­ca­tifs » – une véri­table insulte à la Loi des Grands nombres ; une « Loi de Raoult » que l’on pour­rait résu­mer ain­si : « Tes­tons – non pas sur un grand nombre – mais sur un seul patient et nous aurons la meilleure robus­tesse sta­tis­tique pos­sible pour appré­cier l’efficacité du trai­te­ment et anti­ci­per les effets secon­daires ! Et don­­nons-le à tous les malades dès le len­de­main sans l’accord des auto­ri­tés médicales ! ».

Bien sûr les grands cher­cheurs inter­na­tio­naux (ici un spé­cia­liste suisse) n’en sont pas reve­nus (source) :

Eh oui, on parle bien ici du conseiller du Gou­ver­ne­ment fran­çais sur la crise actuelle… Ret­wee­té par Donald Trump !

Mais bon, si Trump avait fait de la recherche plu­tôt que de la poli­tique, cela devrait – dans la forme – res­sem­bler plus ou moins à ce que fait Raoult.

Source : Marianne, Etienne Cam­pion, 19-03-2020

On a éga­le­ment affaire à un bien bel humaniste :

Coronavirus : « Je ne suis pas un outsider, je suis en avance », entretien avec le professeur marseillais Didier Raoult

source : La Pro­vence, Alexan­dra Ducamp, 21-03-2020

627 morts en une jour­née et 40 000 cas de Covid-19 en Ita­lie, on n’en est plus à la « grip­pette » dont vous par­liez il y a quelques semaines…
Pr Didier Raoult : Vrai­sem­bla­ble­ment, vous ne com­pre­nez pas du pre­mier coup.Toutes les situa­tions doivent être mises en pers­pec­tive. Sur quelle mala­die infec­tieuse toute la presse s’est-elle exci­tée l’année der­nière ? La rou­geole. À la fin, il y a eu 1 000 cas avec un mort et il y avait une annonce tous les jours dans les médias. Le monde de l’information vit dans un monde paral­lèle au mien, celui de l’observation. On est pas­sé d’une exa­gé­ra­tion à une décon­nec­tion. Il y a dans le monde 2,6 mil­lions de morts d’infections res­pi­ra­toires par an, vous ima­gi­nez que les 5 000, 10 000 ou même 100 000 vont chan­ger les statistiques ?

On ne parle pas de sta­tis­tiques, on parle d’êtres humains, de popu­la­tions entières confinées…
Pr Didier Raoult : De quoi vou­­lez-vous par­ler d’autres ? Les gens meurent, oui. La plus grande sur­mor­ta­li­té de ces der­nières années en France, c’était en 2017 : 10 000 morts sup­plé­men­taires en hiver, on ne sait pas même pas si c’est de la grippe. 10 000 morts, c’est beau­coup. Mais là, on en est à moins de 500. On va voir si on arrive à en tuer 10 000, mais ça m’étonnerait.

OB : « Et puis on verra… »

L’argument sta­tis­tique est donc le seul prisme…
Pr Didier Raoult : À Mar­seille, nous avons diag­nos­ti­qué 120 cas posi­tifs, il y avait deux morts de plus de 87 ans. Ils mour­raient aus­si l’année der­nière. Sur 100 pré­lè­ve­ments de gens qui ont une infec­tion res­pi­ra­toire, ce sont plu­tôt des cas graves, quand on teste 20 virus et 8 bac­té­ries, il y en a 50 % dont on ne sait pas ce qu’ils ont, c’est notre grande igno­rance. Pour tous les autres, il y a 19 virus sai­son­niers, qui tuent aus­si. Les coro­na­vi­rus endé­miques tuent plus ici que le chi­nois. Je confronte en per­ma­nence les causes de mor­ta­li­té dans toute la région à cette espèce de souf­flet anxio­gène qui monte : pour l’instant, on a plus de chance de mou­rir d’autres choses que du Covid-19.

OB : ah, oui, si c’est le cri­tère, on n’est pas près d’y être en effet.

Le grand âge, les comor­bi­di­tés et la prise en charge tar­dive sont des fac­teurs de mor­ta­li­té. C’est peut-être inen­ten­dable, mais c’est la réa­li­té. La seule chose qui m’intéresse sont les datas, les don­nées brutes. Les don­nées vont res­ter, les opi­nions, elles, changent… […] Je ne dis pas l’avenir, mais je ne suis abso­lu­ment pas terrifié.

OB : ça , on l’avait bien compris…

« Dans mon monde, je suis une star mondiale »

Com­ment expli­­quez-vous la situa­tion dans l’est de la France ?
Pr Didier Raoult : Je suis scien­ti­fique, c’est ce qui manque dans ce pays ; une grande par­tie du monde poli­tique et admi­nis­tra­tif réagit comme vous (les médias, NDLR). Nous, nous ne devons pas réagir comme ça. Les seules don­nées qui m’intéressent ce sont les don­nées d’observation, je n’ai pas d’opinion. Il n’y a que la presse qui parle de ce qui se passe dans l’Est, moi, je n’ai pas de don­nées. Pour l’Italie, on disait pis que pendre, j’ai reçu une ana­lyse, c’est comme ailleurs, ce sont des gens de plus de 75 ans.

OB : bah oui. Ils peuvent tous cre­ver, où est le pro­blème ? C’est quoi 5 ou 10 ans d’espérance de vie en plus ?

[…] Vous êtes en per­ma­nence à contre-cou­­rant du discours…
Pr Didier Raoult : Ce n’est pas parce qu’il y a quelques per­sonnes qui pensent cer­taines choses à Paris, que je suis à contre-cou­­rant. Dans mon monde, je suis une star mon­diale, je ne suis pas du tout à contre-cou­­rant. Je fais de la science, pas de la poli­tique. Les mala­dies infec­tieuses, ce n’est pas très com­pli­qué, c’est diag­nos­tic et trai­te­ment. C’est le B‑A ba, si les gens ne connaissent pas le B‑A ba des mala­dies infec­tieuses ou de la chlo­ro­quine qui s’apprend en troi­sième année de méde­cine, je n’y peux rien. Je vais pas refaire l’éducation de ceux qui refont le monde sur les pla­­teaux-télé. Je me fous de ce que pensent les autres. Je ne suis pas un out­si­der, je suis celui qui est le plus en avance. La vraie ques­tion est : com­ment ce pays est arri­vé dans un tel état que l’on pré­fère écou­ter les gens qui ne savent pas que plu­tôt ceux qui savent ? […] Si vous avez des doutes sur ma cré­di­bi­li­té, ce n’est pas mon pro­blème. Il y a des gens soi­gnés dans le monde entier, je ne me sens pas plus res­pon­sable des malades de Paris que de Corée. Ce seront les plus intel­li­gents qui seront le mieux soi­gnés. Je n’essaie pas d’être arro­gant. Si les gens ne veulent pas regar­der les chiffres, je n’y peux rien.

OB : qui « savent » annon­cer à temps l’épidémie du siècle en la voyant venir de loin, par exemple ?

24 patients sont sui­vis dans l’essai cli­nique, com­bien de per­sonnes ont été trai­tées depuis…
Pr Didier Raoult : On en a trai­tées d’autres mais je ne vous dirai pas com­bien. J’en infor­me­rai d’abord le ministère.

OB : Ok, il traite donc des gens sans en avoir infor­mé le minis­tère, tout va bien.

Quid des effets secon­daires du trai­te­ment à l’hydroxy-chloroquine ?
Pr Didier Raoult : Ce qu’on dit sur les effets secon­daires est tout sim­ple­ment déli­rant. Ce sont des gens qui n’ont pas ouvert un livre de méde­cine depuis des années. Plus d’un mil­liard de gens en ont bouf­fé, les per­sonnes qui souffrent de lupus en prennent pen­dant des décen­nies… Je connais très bien ces médi­ca­ments, j’ai trai­té 4 000 per­sonnes au Pla­qué­nil depuis 20 ans. Ce n’est pas moi qui suis bizarre, ce sont les gens qui sont igno­rants. On ne va pas m’apprendre la toxi­ci­té de ce médicament.

OB : je me demande quand même com­ment on peut déjà connaitre les effets secon­daires lorsque le médi­ca­ment est don­né à un patient atteint du Covid-19… L’aspirine et les antiin­flam­ma­toires aus­si on connait bien, et pour­tant, il ne faut pas en prendre.

source : La Pro­vence, Alexan­dra Ducamp, 21-03-2020

Raoult a même démo­bi­li­sé pour le confinement :

[Vidéo] Un membre du conseil scientifique Covid-19 dénonce l’inefficacité du confinement

Pour le pro­fes­seur Didier Raoult, l’Italie, la France et l’Espagne suivent la mau­vaise route en emprun­tant la voie du confi­ne­ment total.

Alors que la France entière est confi­née depuis main­te­nant deux jours, l’avis du pro­fes­seur Didier Raoult est dis­so­nant. Cet infec­tio­logue, membre du conseil scien­ti­fique Covid-19 man­da­té par le gou­ver­ne­ment, refuse de céder à la panique. Dans une vidéo, celui qui est direc­teur de l’Institut hos­­pi­­ta­­lo-uni­­ver­­si­­taire (IHU) de Mar­seille explique d’ailleurs que les der­nières mesures prises par le gou­ver­ne­ment fran­çais, mais éga­le­ment par les gou­ver­ne­ments espa­gnols et ita­liens, ne règle­ra pas le pro­blème immé­diat du coro­na­vi­rus. Pour lui, un constat s’impose : « Il faut gar­der rai­son et faire comme pour les mala­dies infec­tieuses en géné­ral : du diag­nos­tic ».

Source : Valeurs actuelles, 19-03-2020

V. Plus de 1 000 morts : le parfait moment pour sortir un livre !

En pleine épi­dé­mie, en plein test phar­ma­ceu­tique, Didier Raoult vient d’annoncer qu’il sort un livre dans les pro­chains jours (source) pour encore démobiliser :

On croit rêver… Et la presse semble ne pas y voir de pro­blème (source) :

On com­prend mieux pour­quoi son essai sur la chlo­ro­quine est aus­si ban­cal (nous vous le démon­tre­rons dans le pro­chain billet) : il était pro­ba­ble­ment occu­pé à écrire son livre…

Flo­ri­lège :

Il appa­raît dans les tous pre­miers mots de ce court ouvrage des­ti­né à sur­fer sur le drame actuel, que Didier Raoult a un grand but dans la vie : démo­bi­li­ser les popu­la­tion face au risque excep­tion­nel de faible fré­quence mais de forte inten­si­té (du genre du Covid-19).

Pour­tant, comme le rap­pelle fort jus­te­ment Nas­sim Nicho­las Taleb (qui est, sur ce point de ges­tion du risque, clai­re­ment plus dans son domaine d’expertise que Didier Raoult) dans cet article que nous avons repris :

« Il faut rai­son­ner par l’inconnu, et non par le connu. C’est une erreur grave, parce qu’on sait qu’une grippe sai­son­nière ne se mul­ti­plie pas comme le coro­na­vi­rus , et si c’est le cas, elle est bénigne. […] face à un tel évé­ne­ment, il faut réagir pour parer au pire. C’est une néces­si­té. […] il y a des risques qu’il ne faut pas prendre. […] Même si on panique pour rien deux fois par an, ça vaut le coup pour la fois où on pani­que­ra avec rai­son. […] Sans para­noïa, pas de sur­vie ! » [Nas­sim Nicho­las Taleb, mars 2020]

Mais le pire est cette phrase pure­ment mensongère :

M. Raoult a le droit d’estimer qu’elle est très faible, mais, un scien­ti­fique ne peut décem­ment dire qu’elle est nulle.

Que ce soit du point de vue théo­rique ou pra­tique – le coro­na­vi­rus SRAS‑2 a bel et bien chan­gé les sta­tis­tiques de Ber­game en Ita­lie, qu’il a dure­ment frap­pée : du 8 au 16 mars 330 morts, contre 23 morts durant la même période de 2019 (source). A Ber­game, en Ita­lie, le virus aurait tué plus que pen­dant la Seconde Guerre mon­diale.(Fran­ceIn­fo,)

Et tout l’enjeu du com­bat est que la France ne devienne pas un gros Bergame…

Ain­si, le « Géné­ral de la san­té » Didier Raoult a contri­bué à plu­sieurs reprises à rela­ti­vi­ser la menace et à dimi­nuer la mobi­li­sa­tion de la popu­la­tion en pleine offen­sive du coro­na­vi­rus. Il a donc par­ti­ci­pé à notre défaite face à la pro­pa­ga­tion du virus. Espé­rons cepen­dant qu’il par­ti­ci­pe­ra à notre vic­toire finale sur sa mortalité…

VI. Didier Raoult : chercheur ou manager ?

Mais reve­nons sur le par­cours de Didier Raoult. Comme le rap­pelle sa page Wikipedia :

Didier Raoult, né le 13 mars 1952 à Dakar au Séné­gal, est un infec­tio­logue et pro­fes­seur de micro­bio­lo­gie fran­çais spé­cia­liste des mala­dies infec­tieuses tro­pi­cales émer­gentes à la facul­té de méde­cine de Marseille. […]

Mau­vais élève, Didier Raoult part tra­vailler à 17 ans, pen­dant deux ans, sur des bateaux. […]

En 1972, il passe un bac­ca­lau­réat lit­té­raire en can­di­dat libre puis s’inscrit en facul­té de médecine. […]

Deve­nu pro­fes­seur, il dirige des thèses sur les mala­dies infec­tieuses à la facul­té de méde­cine de Mar­seille. Il est pré­sident de l’université de la Médi­ter­ra­née – Aix-Mar­­seille II de 1994 à 1999. […]

Il dirige de 2008 à 2017 l’unité Urmite (Uni­té de recherche en mala­dies infec­tieuses et tro­pi­cales émer­gentes) à Marseille

Grand prix Inserm 2010 pour l’ensemble de sa car­rière, il a décrit, avec son équipe mar­seillaise, des virus com­plexes. Il est l’un des cher­cheurs fran­çais les plus cités, avec de nom­breuses publi­ca­tions scien­ti­fiques à son actif. […]

Grâce à la sub­ven­tion la plus éle­vée accor­dée en France pour la recherche médi­cale (72,3 mil­lions d’euros por­tés par l’ANR dans le cadre du PIA), Didier Raoult fait construire un nou­veau bâti­ment pour accueillir l’Institut hos­­pi­­ta­­lo-uni­­ver­­si­­taire en mala­dies infec­tieuses de Mar­seille ou IHU Médi­ter­ra­née Infec­tion (« Ins­ti­tut MI »), inau­gu­ré en 2018. Cet ins­ti­tut est dédié au diag­nos­tic, à la prise en charge et à l’étude des mala­dies infec­tieuses y com­pris les soins, la recherche et l’enseignement. L’Institut MI a pour membres fon­da­teurs : uni­ver­si­té d’Aix-Marseille, Assis­tance publique – Hôpi­taux de Mar­seille, Bio­Mé­rieux, l’Établissement fran­çais du sang, l’Institut de recherche pour le déve­lop­pe­ment (IRD), le Ser­vice de san­té des armées. Il béné­fi­cie de l’aide de l’Union euro­péenne et de la région ain­si que de nom­breux partenariats.

Nous vous ren­voyons vers sa page Wiki­pe­dia pour voir l’impressionnante liste des recherches de l’Institut, et ici pour la liste de ses publi­ca­tions (source, cher­cher « Raoult D[Author] ») .

Par ailleurs, et comme on l’a vu sur l’image pré­cé­dente il est en effet un des cher­cheurs fran­çais les plus fré­quem­ment cité. Mais en fait, ce n’est pas vrai­ment son seul nom qui est « cité », mais les études qu’il a signées. Et co-signées. Et il co-signe vrai­ment beaucoup :

Comme on voit qu’il co-signe depuis 2012 près d’un article chaque jour ouvré, cela signi­fie qu’il uti­lise une pra­tique assez répan­due, mais à large échelle : la « stra­té­gie du cou­cou », où il co-signe pra­ti­que­ment chaque article de n’importe lequel de ses (cen­taines de) subordonnés.

Signataires de l’essai de l’hydroxychloroquine dont Raoult a publié les résultats le 16 mars

Comme Didier Raoult est à la tête d’un des plus grands centres de recherche euro­péens sur les mala­dies infec­tieuses, co-signant presque tous les tra­vaux, il est donc fina­le­ment assez logique d’arriver à ce genre de com­mu­ni­qué de presse tapa­geur (source) :

Il cha­peaute d’ailleurs depuis long­temps de grandes équipes. Mais il a une vision très pro­duc­ti­viste de la recherche, comme on le voit ici en 2008 :

« Logé dans les étages de la facul­té de méde­cine, son labo­ra­toire emploie 140 per­sonnes dont 45 cher­cheurs qui publient entre 150 et 200 papiers par an. […] En moyenne, chaque thé­sard qui passe là pro­duit cinq articles. « Nous sommes 75 % plus pro­duc­tifs qu’un labo­ra­toire de l’Inserm », a cal­cu­lé Didier Raoult. Avec un bud­get annuel de 10 mil­lions d’euros, le coût de revient d’une publi­ca­tion dans son uni­té ne dépasse pas 80.000 euros contre 200.000 en moyenne (pour une publi­ca­tion d’impact 3,5) dans l’établissement public.

Si le scien­ti­fique est si proche de ses sous, c’est qu’il doit se battre chaque année pour rem­plir les caisses. […]. Cette année, deux autres pro­jets, jugés hors champ, ont encore été reto­qués. « C’est irri­tant et incom­pré­hen­sible, se révolte Didier Raoult.Sous pré­texte d’égalitarisme, le sys­tème fran­çais pré­tend don­ner autant à tous. Or la recherche est une com­pé­ti­tion. Comme des spor­tifs de haut niveau, les cher­cheurs doivent être éva­lués objec­ti­ve­ment et indi­vi­duel­le­ment. Les outils existent, faciles d’accès. Manque la volon­té de com­pa­rer. Or c’est la seule alter­na­tive pos­sible si on entend pri­vi­lé­gier la pro­mo­tion et le finan­ce­ment des cher­cheurs les plus effi­caces et les plus dyna­miques. » [Les Echos, 29/10/2008]

20 minutes pré­cise au pas­sage la vraie spé­cia­li­té de Raoult : « Spé­cia­liste mon­dial des Rickett­sies, ces bac­té­ries intra­cel­lu­laires à l’origine notam­ment du typhus, Didier Raoult a aus­si décryp­té le génome de la bac­té­rie à l’origine de la mala­die de Whipple, près d’un siècle après l’apparition de cette patho­lo­gie. Le pro­fes­seur mar­seillais a même don­né son nom à deux nou­velles bac­té­ries patho­gènes qu’il a décou­vertes, Raoul­tel­la plan­ti­co­la et Rickett­sia raoultii. »

Ain­si, on peut en conclure plu­sieurs choses :

  • bien qu’ayant un style disons « très per­son­nel », le pro­fes­seur Raoult est indu­bi­ta­ble­ment un grand cher­cheur fran­çais sur les virus.
  • Didier Raoult n’est pas un « petit cher­cheur » hors du sys­tème, ayant rai­son contre le reste du monde, c’est une très haute figure de la san­té fran­çaise à qui a été confié un bud­get de plus d’une cen­taine de mil­lions d’euros pour créer un des plus grands centres de recherche d’Europe, dans le cadre du grand emprunt ;
  • il n’a rien d’isolé : il dis­pose de nom­breux sou­tiens de poids dans la recherche, l’administration, mais aus­si la poli­tique (en par­ti­cu­lier chez LR : « C’est un gar­çon qui peut avoir le prix Nobel, lance même son ami méde­cin de longue date, le pré­sident LR de la région Paca Renaud Muse­lier. Il est brillan­tis­sime. » […] Face à ces cri­tiques, Renaud Muse­lier se fait son meilleur avo­cat : « Quand on est clas­sé numé­ro 1, dire qu’on est le meilleur, est-ce de la méga­lo­ma­nie ou sim­ple­ment faire un constat ? » – source 20 minutes)
    Didier Raoult avec toutes les autorités politiques locales et régionales lors de l’inauguration de l’IHU, le 27 mars 2018 (source)
  • c’est donc sur­tout main­te­nant un mana­ger, qui dirige un des centres de réfé­rence du pays – que nous allons ana­ly­ser plus avant.

« Le meilleur » ? Nous allons voir…

VII. Didier Raoult et les IHU

Didier Raoult, en rai­son de sa grande influence poli­tique en France, a joué un rôle cen­tral dans la créa­tion des IHU, comme le rap­pelle un rap­port de 2015 de l’Inspection Géné­rale des Affaires Sociales (IGAS) du Minis­tère de la San­té – don la mis­sion est d’aller audi­ter les struc­tures pour le compte du Min­si­tère (archive) :

« En 2003, peu après la crise liée à l’anthrax, dans un rap­port remis aux ministreschar­gés de la san­té (Jean-Fran­­çois Mat­tei) et de la recherche (Clau­die Hai­gne­ré), le pro­fes­seur Didier Raoult pro­pose la créa­tion de sept infec­tio­pôles [… – ] struc­tures inté­grées regrou­pant des équipes mul­ti­dis­ci­pli­naires (recherche fon­da­men­tale, soins, diag­nos­tic, épi­dé­mio­lo­gie et valo­ri­sa­tion) sur un site géo­gra­phique unique. […]

En 2006, le pro­fes­seur Raoult déve­loppe dans un nou­veau rap­port le pro­jet de créa­tion d’un pre­mier infec­tio­pôle implan­té à Mar­seille, sur le site de la Timone. […] » [Rap­port IGAS]

Ses pré­co­ni­sa­tions ont été sui­vies d’effets :

« La créa­tion d’Instituts hos­­pi­­ta­­lo-uni­­ver­­si­­taires (IHU) a été pré­co­ni­sée par deux com­mis­sions suc­ces­sives en 2009 et 2010, qui ont fixé les contours des IHU : la réunion en un lieu unique des fonc­tions de soins, de recherche et de for­ma­tion, ras­sem­blées au lit du malade. Ces rap­ports en ont pré­co­ni­sé les prin­cipes struc­tu­rants : être en nombre limi­té, viser un niveau d’excellence inter­na­tio­nale, être conçus autour de talents recon­nus mon­dia­le­ment, […] dis­po­ser d’un sta­tut spé­ci­fique per­met­tant d’attirer et de rete­nir les meilleurs talents inter­na­tio­naux et de sim­pli­fier les col­la­bo­ra­tions entre la recherche et l’industrie pour une durée suf­fi­sam­ment longue, inté­grer un objec­tif de trans­fert de tech­no­lo­gies, pas­sant par des rela­tions étroites avec les acteurs indus­triels et enfin, inclure un par­te­na­riat et donc un cofi­nan­ce­ment sys­té­ma­tique par le sec­teur pri­vé. En pra­tique, 850 M€ ont été ouverts par la loi de finances rec­ti­fi­ca­tives de mars 2010 au pro­fit des IHU. [NdR : dans le cadre du « Grand Emprunt »]

Le jury inter­na­tio­nal a audi­tion­né neuf pro­jets au total et en a rete­nu six. » [Rap­port IGAS]

Ces 6 IHU se sont donc déve­lop­pés au milieu des années 2010 grâce au Fond d’Investissement d’avenir mis en place en 2009 (« Grand Emprunt »).

Concer­nant ces struc­tures, Marianne rap­pe­lait ceci en 2017, en rai­sons de ten­sions entre elles et l’Inserm :

« Les IHU ont été créés en 2010, sous Nico­las Sar­ko­zy et sur conseil de Jacques Atta­li, Alain Jup­pé et Michel Rocard , afin de sti­mu­ler la recherche médi­cale, alors mori­bonde en France. L’objectif était de créer des centres de recherche de haut niveau échap­pant aux pesan­teurs des struc­tures exis­tantes. Pour ce faire, ils béné­fi­cient depuis leur créa­tion du sta­tut de « fon­da­tion » indé­pen­dante. […] Or, ce sta­tut est dis­cu­té depuis plu­sieurs années en ce qu’il pose des ques­tions sur la via­bi­li­té du modèle éco­no­mique et les liens avec les ins­ti­tu­tions par­te­naires de l’IHU.

Yves Levy est un des plus fer­vents contemp­teurs du modèle « fon­da­tion ». Dans son édi­tion de ce mer­cre­di 11 octobre, Le Canard enchaî­né révèle que le patron de l’Inserm a envoyé le 9 sep­tembre une note aux équipes can­di­dates, dans laquelle il prône le rem­pla­ce­ment du sta­tut de fon­da­tion par un simple « contrat ». Celui-ci pour­rait notam­ment prendre la forme d’un grou­pe­ment d’intérêt public. La dif­fé­rence entre les deux sta­tuts ? Le sta­tut de fon­da­tion per­met aux IHU de prendre des déci­sions rapi­de­ment, après consul­ta­tion de leur conseil d’administration. Dans les grou­pe­ments d’intérêt public (GIP), chaque ins­ti­tu­tion par­te­naire dis­pose d’un droit de regard sur les déci­sions de l’IHU. Or, l’Inserm est par­te­naire et membre fon­da­teur de cinq des six pre­miers IHU.

Dans ceux-ci, l’Institut met à dis­po­si­tion ses cher­cheurs, cer­tains de ses labo­ra­toires, et par­ti­cipe aux conseils d’administration. Sans avoir de droit de veto. Il y a aus­si un enjeu en termes de bre­vets. Les IHU ne pou­vant être en défi­cit, les bre­vets qu’ils déposent et vendent à des grandes entre­prises par­ti­cipent à leur modèle éco­no­mique. Au sein d’un GIP, la répar­ti­tion de la manne devra être rené­go­ciée, deve­nant poten­tiel­le­ment plus favo­rable à une ins­ti­tu­tion comme l’Inserm. » [Marianne, 11/10/2017]

Main­te­nant que nous avons mieux sai­si les enjeux autour de ces struc­tures (je ren­voie les pas­sion­nés vers un autre rap­port de l’IGAS de 2016 : « Le modèle éco­no­mique » des IHU) , ana­ly­sons plus en détail les pro­blèmes à Marseille.

VIII. L’IHU Marseille Infection, « bébé » de Didier Raoult

Le rap­port IGAS nous indique la suite de la créa­tion de l’IHU de Marseille :

« Une pre­mière fon­da­tion de coopé­ra­tion scien­ti­fique a été créée en 2007 pour abri­ter les acti­vi­tés du centre thé­ma­tique de recherche et de soins (CRTS), sous le nom d’Infectiopôle Sud. Le pro­fes­seur Didier Raoult en était le pré­sident et le doc­teur Yolande Oba­dia la directrice. […]

[Fina­le­ment rete­nu,] le pro­jet d’IHU de Mar­seille est celui des pro­jets d’IHU qui a béné­fi­cié du finan­ce­ment le plus impor­tant. Le coût total sur la période des huit années du pro­jet d’IHU pré­vu dans le docu­ment sou­mis au jury inter­na­tio­nal est affi­ché à hau­teur de 172,5 M€. […]

Le pro­jet d’IHU de Mar­seille se carac­té­rise par la part très impor­tante, plus des 23, des fonds ver­sés par l’ANR [Agence Natio­nale pour la Recherche] uti­li­sée pour finan­cer la construc­tion d’un bâti­ment : 48,8 M€ sur 72,3 M€. »

Comme le rap­pelle 20 Minutes, « il fau­dra tou­te­fois attendre la fin d’année 2016, soit une quin­zaine d’années plus tard, pour que Didier Raoult inau­gure son « bébé », l’IHU Médi­ter­ra­née Infec­tion, dans un bâti­ment de 24 000 m2 tout près de la Timone ».

Raoult est donc à la tête de l’Institut hos­­pi­­ta­­lo-uni­­ver­­si­­taire de Mar­seille. Il exerce à la fois la fonc­tion de Direc­teur de la Fon­da­tion Mar­seille Infec­tion qui coiffe l’IHU IM, mais il en est éga­le­ment admi­nis­tra­teur (source) :

Organigramme de l’IHU IM

La fon­da­tion mar­seillaise est pré­si­dée par Yolande Oba­dia, qui est méde­cin spé­cia­liste de san­té publique.

Didier Raoult gère donc depuis des années un énorme bud­get (plus de 150 mil­lions d’euros) et cha­peaute près de 800 sala­riés. (source 1, source 2)

Budget de l’IHU MI

Alors que la situa­tion finan­cière de l’IHU était très dif­fi­cile au début, elle a fini par s’améliorer récem­ment : l’IHU est désor­mais lar­ge­ment béné­fi­ciaire (source) :

Avec plus de 11 mil­lions d’euros de béné­fice (en aug­men­ta­tion de 79 % en un an), Didier Raoult semble avoir trou­vé de très bons par­te­naires pour finan­cer son IHU. Hélas, comme nous n’avons pas trou­vé de bud­get détaillé (mal­gré la page dédiée) pour com­prendre l’origine d’un tel béné­fice, ni d’éléments finan­ciers sur la fon­da­tion de l’IHU (pas grand chose sur la page dédiée) et ses struc­tures.

Mais il y a un « mais ».

D’abord il est à noter que cet IHU, comme les autres, néces­site une large par­ti­ci­pa­tion du sec­teur pri­vé, dont bien évi­dem­ment, les labo­ra­toires phar­ma­ceu­tiques mais aus­si les banques :

Les partenaires de l’IHU-IM.

Notez bien que Sano­fi Aven­tis finance l’Institut, donc Raoult est for­cé­ment régu­liè­re­ment en contact avec eux (c’est le 3e plus gros labo­ra­toire phar­ma­ceu­tique du monde ; il faut sim­ple­ment connaitre ces liens – source).

Ces par­te­na­riats sont très impor­tants, car, la péren­ni­té du finan­ce­ment de ces struc­tures IHU, à che­val entre le public et le pri­vé, inquié­tait déjà l’IGAS il y a 5 ans :

« À par­tir de 2020, c’est-à-dire après l’arrêt des sub­ven­tions de l’ANR [Agence Natio­nale de la Recherche], le modèle éco­no­mique de l’IHU est inexis­tant. Cette situa­tion n’est pas spé­ci­fique à l’IHU de Mar­seille mais sou­lève de mul­tiples ques­tions, en par­ti­cu­lier sur la capa­ci­té de l’IHU en mala­dies infec­tieuses à trou­ver des nou­velles res­sources fon­dées sur la recherche contrac­tuelle et la valo­ri­sa­tion[NdR : trou­ver des res­sources du sec­teur pri­vé] et sus­cep­tibles de pal­lier l’arrêt du sub­ven­tion­ne­ment public. » [Rap­port IGAS, 2015]

IX. L’avis de l’IGAS sur la gestion de l’IHU de Marseille par Didier Raoult

En réa­li­té, le rap­port de 2015 de l’IGAS était en fait un audit consa­cré à l’IHU de Marseille :

Il se pour­suit sur la gouvernance :

« Confor­mé­ment aux pré­co­ni­sa­tions du rap­port Mares­caux sur les IHU, le sup­port juri­dique et orga­ni­sa­tion­nel de l’IHU de Mar­seille est une fon­da­tion de coopé­ra­tion scien­ti­fique. […] En 2011, les sta­tuts de la fon­da­tion Infec­tio­pôle Sud ont été modi­fiés afin d’élargir son champ d’activité à l’IHU et la fon­da­tion a pris alors le nom de « fon­da­tion Médi­ter­ra­née Infec­tion ». Les sta­tuts modi­fiés ont été approu­vés par décret du 30 novembre 2011 et publiés au Jour­nal offi­ciel du 2 décembre 2011. Le doc­teur Yolande Oba­dia a été élue pré­si­dente de la fon­da­tion et le pro­fes­seur Didier Raoult nom­mé directeur. »

Raoult et Oba­dia ont donc inver­sé leurs rôles res­pec­tifs. Le rap­port se pour­suit, poin­tant une incroyable suc­ces­sion de pro­blèmes de gouvernance :

« 4.2 La gou­ver­nance et le mana­ge­ment de l’IHU sont inadaptés

4.2.1 Un conseil d’administration qui ne fonc­tionne pas de façon satisfaisante

À cette fin, la pre­mière qua­li­té d’un conseil d’administration se trouve dans l’équilibre de sa com­po­si­tion ain­si que dans la com­pé­tence et l’éthique de ses membres. Ses membres doivent être sou­cieux de l’intérêt social, avoir une qua­li­té de juge­ment qui repose sur l’expérience, avoir une capa­ci­té d’anticipation leur per­met­tant d’identifier les risques et les enjeux stra­té­giques et être pré­sents, actifs et impli­qués. Ils doivent éga­le­ment ne pas avoir de conflits d’intérêts.

Or le conseil d’administration de la fon­da­tion Médi­ter­ra­née Infec­tion ne satis­fait pas suf­fi­sam­ment aux stan­dards requis à cet égard.

Les admi­nis­tra­teurs de la fon­da­tion repré­sen­tant les membres fon­da­teurs sont très peu pré­sents per­son­nel­le­ment, et très sys­té­ma­ti­que­ment repré­sen­tés par un tiers. La pré­sence des per­son­na­li­tés qua­li­fiées est, elle-même, contras­tée […]

Le choix des pré­si­dents des conseils d’administration des IHU s’est à juste titre por­té, en géné­ral, sur une per­son­na­li­té natio­nale et exté­rieure à l’institut, ayant une forte expé­rience poli­­ti­­co-admi­­nis­­tra­­tive au plus haut niveau de l’État, qui pré­sente des garan­ties d’indépendance et apporte de la cré­di­bi­li­té, de l’autorité sur les membres du conseil d’administration ain­si que des capa­ci­tés de vision stra­té­gique et de sou­tien managérial.

On peut s’interroger sur l’autorité et l’indépendance de la pré­si­dente du conseil d’administration vis-à-vis du direc­teur, le pro­fes­seur Didier Raoult, alors que celle-ci était aupa­ra­vant la direc­trice de la fon­da­tion Infec­tio­pôle Sud dont le pro­fes­seur Didier Raoult était le pré­sident. Le cumul entre les fonc­tions de pré­si­dente du conseil d’administration et les fonc­tions de res­pon­sable d’une uni­té de recherche qui est par­tie inté­grante de l’IHU, est éga­le­ment dis­cu­table. […]

S’agissant du pro­fil des tré­so­riers, c’est un choix simi­laire qui s’est impo­sé dans les autres IHU […] : celui de per­son­na­li­tés issues du monde de la finance (minis­tère des Finances, Cour des comptes) ou de l’entreprise […]. Par ailleurs, le cumul consta­té entre les fonc­tions de tré­so­rier et celles de direc­teur géné­ral de l’Assistance Publique – Hôpi­taux de Mar­seille (Jean-Paul Ségade puis Jean-Jacques Roma­tet ont été élus tré­so­riers) paraît inop­por­tun. […]

Le direc­teur de l’IHU, [NdR Didier Raoult …] qui siège en prin­cipe selon l’article 3 des sta­tuts au conseil d’administration avec voix consul­ta­tive, est en pra­tique membre titu­laire du conseil d’administration depuis sa créa­tion : d’abord dési­gné à titre de per­son­na­li­té qua­li­fiée, il a ensuite été élu admi­nis­tra­teur de plein exer­cice en tant que repré­sen­tant des ensei­­gnants-cher­­cheurs. Ce cumul de fonc­tions (direc­teur et admi­nis­tra­teur) est contraire aux sta­­tuts-types des fon­da­tions recon­nues d’utilité publique, qui s’imposent aux fon­da­tions de coopé­ra­tion scien­ti­fique et qui ont été approu­vés par le Conseil d’Etat et éri­gés en direc­tives (CE, 2010, n° 305649, « Pos­­tel-Vinay » depuis qua­li­fiées de « lignes direc­trices » par le CE dans une déci­sion de 2014 n° 364385 « M. J »). L’article 8 de ces sta­­tuts-types dis­pose qu’aucun admi­nis­tra­teur ne peut exer­cer les fonc­tions de direc­tion, afin d’éviter la confu­sion entre l’organe col­lé­gial déci­sion­naire et les fonc­tions exé­cu­tives de direc­tion. Le cumul actuel doit donc ces­ser sans délai.

De façon géné­rale, et selon les obser­va­tions conver­gentes de plu­sieurs de ses membres, le conseil d’administration s’apparente trop à une chambre d’enregistrement des déci­sions prises par le direc­teur et ne peut rem­plir plei­ne­ment le rôle qui lui est impar­ti par le droit des fondations.

Deux admi­nis­tra­teurs et membres fon­da­teurs ain­si que le com­mis­saire du gou­ver­ne­ment ont sou­li­gné que les condi­tions dans les­quelles les docu­ments pré­pa­ra­toires étaient dif­fu­sés, les débats se dérou­laient et les comptes-ren­­dus étaient éla­bo­rés n’étaient pas pro­pices à leur garan­tir la séré­ni­té et la den­si­té néces­saires. […]

La mis­sion a pu consta­ter, en effet, sur le dos­sier du finan­ce­ment de la construc­tion du bâti­ment com­bien les docu­ments four­nis aux admi­nis­tra­teurs ont été suc­cincts et chan­geants, en dépit de l’importance des enjeux finan­ciers. Elle a éga­le­ment pu consta­ter, au vu des comptes ren­dus du conseil d’administration, que les débats sur le sujet ont été trop limités. […]

Les membres fon­da­teurs ne se réunissent pas jusqu’à pré­sent en col­lège, avant les conseils d’administration, afin d’en pré­pa­rer les débats et arrê­ter une ligne. […]

Il n’existe pas pour l’instant de bureau du conseil d’administration, qui devrait réunir le pré­sident, l’AP-HM, l’AMU, une per­son­na­li­té qua­li­fiée ou deux et le com­mis­saire du gouvernement.[…]

Dans le même esprit, en rai­son des défis actuels aux­quels doit faire face la fon­da­tion, le conseil d’administration méri­te­rait de se réunir plus de deux fois par an, compte tenu des enjeux nom­breux aux­quels la fon­da­tion et ses membres doivent faire face. » [Rap­port IGAS]

Un tel cumul d’entorses élé­men­taires à l’éthique de la gou­ver­nance d’une struc­ture publique au bud­get de près de 200 mil­lions d’euros est ver­ti­gi­neux. Et encore, ce n’était que le Conseil d’administration ! Le rap­port se pour­suit sur le management :

« 4.2.2 Une orga­ni­sa­tion et un mana­ge­ment de l’IHU qui ont des carac­té­ris­tiques mena­çant la bonne mise en oeuvre du projet

L’organisation et le mana­ge­ment de l’IHU de Mar­seille sou­lèvent plu­sieurs pro­blèmes qui ont été consta­tés par la mission.

4.2.2.1 Un défaut de for­ma­li­sa­tion et de clar­té dans l’organisation

La mis­sion a consta­té au cours de ses inves­ti­ga­tions un très grand manque de for­ma­li­sa­tion de la part des res­pon­sables de l’IHU, ce qui a com­pli­qué les tra­vaux de la mis­sion mais obère sur­tout le dérou­le­ment d’un pro­jet com­plexe sur le plan admi­nis­tra­tif et financier.

Des élé­ments fon­da­men­taux fai­saient, ou font tou­jours pour cer­tains, défaut. Il en va ain­si par exemple du nombre et de la répar­ti­tion des m² des locaux, du plan d’affectation des locaux…

D’autres élé­ments essen­tiels manquent énor­mé­ment de clar­té. Il en va ain­si de l’organigramme de la fon­da­tion ain­si que du rôle res­pec­tif du comi­té de pilo­tage, des dépar­te­ments, de l’articulation entre les work packages et l’organigramme, etc….

Un véri­table comi­té exé­cu­tif de l’IHU fait défaut, le comi­té de pilo­tage en prin­cipe dédié à l’animation de la vie scien­ti­fique en fai­sant office

Le rôle des direc­teurs de dépar­te­ments, et leur asso­cia­tion au mana­ge­ment de l’IHU, ne sont pas appa­rus clai­re­ment à la mission.

4.2.2.2 Une extrême concen­tra­tion des pou­voirs autour du directeur

Le mana­ge­ment de la fon­da­tion et de l’ensemble du pro­jet est tout entier domi­né par le pro­fes­seur Didier Raoult qui l’exerce selon un mode ver­ti­cal fon­dé sur l’autorité et non sur la coopé­ra­tion et l’inclusion et selon un mode très cen­tra­li­sé, sans délé­ga­tion ou presque. Toutes les déci­sions, scien­ti­fiques et non-scien­­ti­­fiques, remontent en pra­tique au pro­fes­seur Didier Raoult qui décide selon des cri­tères qui ne sont pas trans­pa­rents pour un bon nombre des inter­lo­cu­teurs de la mission. […]

Le pro­fes­seur Didier Raoult cumule au demeu­rant les fonc­tions de direc­teur et de direc­teur scien­ti­fique de l’IHU, ce qui n’existe pas dans les autres ins­ti­tuts com­pa­rables. Cette situa­tion de cumul n’est pas satis­fai­sante compte tenu de la mul­ti­pli­ci­té des pro­jets scien­ti­fiques qui sont gérés et des ambi­tions qui sont celles de l’IHU.

En outre, la concen­tra­tion de tous les pou­voirs entre les mains d’un seul est contra­dic­toire avec le carac­tère néces­sai­re­ment fédé­ra­tif et coopé­ra­tif de l’IHU et conduit cer­taines par­ties pre­nantes à prendre des pos­tures de méfiance – voire de défiance – à l’encontre de la direc­tion, qui pour­raient mettre en péril le pro­jet, ou en tout cas lui faire prendre du retard.

Par ailleurs, les rela­tions pro­fes­sion­nelles par­fois abruptes du pro­fes­seur Didier Raoult ont sus­ci­té des polé­miques, y com­pris en public ou par écrit, avec res­pon­sables de l’AP-HM, méde­cins et cher­cheurs. Cela n’a pas faci­li­té la mise en oeuvre du pro­jet jusqu’à pré­sent, du moins au-delà du péri­mètre de l’URMITE et du pôle MIT. Ces polé­miques doivent être abso­lu­ment évi­tées à l’avenir dans la nou­velle phase du pro­jet qui s’ouvre désormais.

4.2.2.3 L’absence de com­pé­tences admi­nis­tra­tives et finan­cières au sein de la fondation

L’encadrement admi­nis­tra­tif et finan­cier de la fon­da­tion est à ce jour très insuf­fi­sant au regard de la com­plexi­té des enjeux aux­quels elle est confron­tée. L’organisation actuelle explique les retards et les dif­fi­cul­tés sur un grand nombre de dos­siers admi­nis­tra­tifs et finan­ciers impor­tants évo­qués ci-dessus.

Au moins deux secré­taires géné­raux, anciens direc­teurs d’hôpitaux, ont été suc­ces­si­ve­ment recru­tés après avoir été pro­po­sés par la direc­tion géné­rale de l’AP-HM, mais ils n’ont pas pu trou­ver un point d’entente avec le direc­teur de la fon­da­tion et ont quit­té celle-ci pré­ma­tu­ré­ment. Le recru­te­ment d’un nou­veau secré­taire géné­ral est pré­vu mais son pro­fil, trop peu expé­ri­men­té, ne cor­res­pond pas aux besoins décrits ci-des­­sus par la mis­sion. Les res­pon­sables de l’IHU ont fait le choix déli­bé­ré de limi­ter au maxi­mum le nombre de sala­riés char­gés des tâches admi­nis­tra­tives au sein de la fon­da­tion : seule une « assis­tante de ges­tion » y pour­voit. […]

4.2.3 Des pro­ces­sus et une orga­ni­sa­tion adap­tés de conduite de pro­jet qui font défaut, au détri­ment des inter­faces avec l’AP-HM et les autres partenaires

L’IHU de Mar­seille ne s’est pas mis dans une logique de ges­tion de pro­jet suf­fi­sam­ment effi­cace et opé­ra­tion­nelle qui per­mette de déli­vrer à échéance les livrables atten­dus et de créer les inter­faces néces­saires avec ses grands par­te­naires, en par­ti­cu­lier l’AP-HM et l’AMU. » [Rap­port IGAS]

Le rap­port indique même de façon étonnante :

« Il n’a pas été pos­sible de récon­ci­lier les chiffres figu­rant dans le dos­sier de réponse à l’appel d’offres [NdR : pour les 72 mil­lions du Grand emprunt en 2011] avec les don­nées bud­gé­taires et finan­cières dis­po­nibles aujourd’hui. »

C’était donc l’analyse de la ges­tion de Didier Raoult.

On com­prend dès lors pour­quoi la page de pré­sen­ta­tion du rap­port IGAS indique :

« Ce rap­port conjoint IGAS-IGAENR porte sur l’Institut hos­­pi­­ta­­lo-uni­­ver­­si­­taire (IHU) en mala­dies infec­tieuses éta­bli à Mar­seille. […] Il ana­lyse sa situa­tion finan­cière qui n’apparaît plus de nature à mettre en péril le pro­jet. Il constate que la struc­tu­ra­tion du pro­jet tant médi­cal que de recherche de l’IHU n’est pas ache­vée sur des points impor­tants et pèse sur l’ambition du pro­jet. Enfin, il montre que la gou­ver­nance et le mana­ge­ment du pro­jet sont inadap­tés à ses enjeux actuels et que des chan­ge­ments rapides et pro­fonds devraient être requis par les finan­ceurs et les fon­da­teurs. » [Rap­port IGAS]

Ter­mi­nons en regar­dant com­ment ont été trai­tées 3 des mul­tiples recom­man­da­tions de l’IGAS :

Recom­man­da­tion n°25 : Dési­gner rapi­de­ment un tré­so­rier qui ait une expé­rience et une auto­ri­té éco­no­mique et finan­cière fortes

L’IHU MI a donc fini par rem­pla­cer son tré­so­rier méde­cin par une nou­velle trésorière :

Elle est « Direc­teur Inves­tis­se­ments » à la caisse locale de la Caisse d’épargne :

Au vu du volume d’argent bras­sé par ce pro­jet qui doit appro­cher les 250 mil­lions d’euros, essen­tiel­le­ment publics, un membre de la Cour des comptes spé­cia­listes de la comp­ta­bi­li­té publique aurait sem­blé un choix peut être plus approprié.

Recom­man­da­tion n°27 : Mettre un terme sans délai au cumul actuel des fonc­tions de direc­teur et de membre du conseil d’administration de plein exercice […]

Didier Raoult a répon­du ceci dans une inter­view (source) :

AEF : Le rap­port pointe le fait que vous cumu­liez les fonc­tions de direc­teur et d’administrateur.

Didier Raoult : Ils se trompent. On ne peut pas être à la fois admi­nis­tra­teur et direc­teur si l’on est payé. Je suis direc­teur béné­vole, il n’y a donc pas de conflits d’intérêts. Nous avons consul­té un cabi­net d’avocats spé­cia­li­sés : per­sonne ne peut être payé par une fon­da­tion de cette nature tout en étant administrateur.

Donc, face à une remarque de bon sens de l’IGAS, visant à évi­ter des conflits d’intérêts dus à « la confu­sion entre l’organe col­lé­gial déci­sion­naire et les fonc­tions exé­cu­tives de direc­tion« , Didier Raoult a pré­fé­ré uti­li­ser son bud­get pour payer une consul­ta­tion d’avocats pour ne pas démis­sion­ner d’une de ses fonc­tions. Lesmodèles de sta­tuts évo­qués indiquent que : « Aucun admi­nis­tra­teur ne peut exer­cer des fonc­tions sala­riées de direc­tion de la fon­da­tion. » Raoult joue sur le mot « sala­rié » (et explique que ce serait illé­gal à 1 € de salaire mais pas à 0), mais on com­prend bien l’esprit de la loi : c’est un pro­blème de contrôle et de bonne gou­ver­nance plus que d’argent.

Mais pas de sou­ci, Raoult a même cosi­gné en 2014 un xeme un papier, cette fois surle conflit d’intérêts :

Recom­man­da­tion n°24 : Dési­gner rapi­de­ment un pré­sident du conseil d’administration exté­rieur à l’IHU et ayant une expé­rience et une auto­ri­té (ancien ministre, diri­geant d’entreprise, diri­geant d’un grand éta­blis­se­ment public, membre d’un corps d’inspection, du Conseil d’Etat ou de la Cour des Comptes) adap­tées à un pro­jet d’ampleur natio­nale et internationale

Force est de consta­ter que Didier Raoult s’est assis, comme pour la pré­cé­dente, sur cette recom­man­da­tion, pour ne pas se sépa­rer de Yolande Oba­dia. Et nous allons com­prendre dans la par­tie sui­vante pourquoi…

X. Les drôles de « combines » à l’IHU Marseille Infection

La fon­da­tion de l’IHU IM est donc pré­si­dée depuis 2011 par Yolande Obadia,

L’excellent site d’investigation locale Mar­sAc­tu racon­tait fin 2018 cette élo­quente affaire :

« Les contrô­leurs de l’agence fran­çaise anti-cor­­rup­­tion (AFA)[…] dans la plus grande dis­cré­tion, sont venus à Mar­seille, fin mai [2018], contrô­ler un des fleu­rons de la recherche fran­çaise, l’Institut de recherche pour le déve­lop­pe­ment (IRD) […] dont le tra­vail consiste à déve­lop­per la recherche avec les pays du Sud. […]

Les contrô­leurs de l’AFA se sont par­ti­cu­liè­re­ment inté­res­sés à une conven­tion de quelques pages signée entre le PDG de l’IRD, Jean-Paul Moat­ti et sa femme, Yolande Oba­dia. À la clef, un chèque de 300 000 euros pour la fon­da­tion Médi­ter­ra­née infec­tion qu’elle pré­side. […] Cette conven­tion a toute l’apparence d’un conflit d’intérêts. […]

Plu­sieurs élé­ments étonnent. Le loyer, tout d’abord, semble cou­su main, pour débou­cher sur un chiffre mira­cu­leu­se­ment rond de 250 000 euros. Or, le détail, étage par étage et labo­ra­toire par labo­ra­toire, laisse pour­tant appa­raître des mon­tants bien plus pré­cis. Ain­si, l’IRD entend ver­ser 213 261 euros au prin­ci­pal labo­ra­toire de l’IHU, l’Urmite, jusqu’ici pilo­té par son direc­teur Didier Raoult. […]

Ensuite, cet accord vient pour­suivre un long com­pa­gnon­nage éco­no­mique et scien­ti­fique entre les deux enti­tés. En effet, de 2007 à 2010 et sous l’impulsion de Jean-Fran­­çois Girard alors pré­sident de l’IRD, l’institut s’était déjà enga­gé à ver­ser250 000 euros au pro­jet d’infectiopôle déjà por­té par Didier Raoult. Ensuite, son suc­ces­seur, Michel Laurent a pour­sui­vi son effort en faveur de l’IHU en ver­sant cette fois-ci 1 mil­lion d’euros sur cinq ans aux­quels s’ajoutent 50 000 euros par an pen­dant six ans, à par­tir de 2013. En 2017, l’IHU ne touche donc plus que 50 000 euros par an. La conven­tion et les loyers affé­rents semblent donc oppor­tu­né­ment com­bler le trou par rap­port aux années précédentes. […]

Au sein de l’IRD, aucun méca­nisme de contrôle ne s’est acti­vé : le mon­tant de 300 000 euros est jugé trop peu éle­vé pour que son conseil d’administration en soit informé. […]

Jean-Paul Moat­ti, le PDG de l’IRD, connaît bien l’IHU. Il en a long­temps été un de ses direc­teurs de labo­ra­toire. Quant à sa femme Yolande Oba­dia, elle en est par­tie pre­nante depuis le début. […]

Les membres du conseil d’administration de l’IRD que nous avons contac­tés nous ont confir­mé que ce sujet d’un déport pos­sible sur l’IHU n’avait jamais été abor­dé en conseil d’administration […] Et pour cause, le finan­ce­ment des orga­nismes exté­rieurs à l’IRD n’y est que très peu un sujet de débat. » [Mar­sAc­tu, 10/2018]

Opé­ra­tion de BTP de 75 mil­lions d’euros, course aux par­te­na­riats pri­vés, gou­ver­nance cala­mi­teuse, éton­nants sou­tiens poli­tiques très appuyés : il serait vrai­ment ras­su­rant pour le contri­buable que le pré­fet des Bouches-du-Rhône demande à la Cour des Comptes régio­nales un audit appro­fon­di de l’IHU-IM, et le minis­tère un nou­veau rap­port de l’IGAS.

XI. Souffrances dans les équipes de Raoult

L’IHU IM a été mis à rude épreuve par des affaires de har­cè­le­ment, durant depuis des années. La CGT raconte lon­gue­ment l’affaire dans cet article. En voi­ci quelques extraits :

« L’Agence d’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supé­rieur (AERES), a audi­té l’unité URMITE à plu­sieurs reprises (notam­ment en 2008 et 2012). Lors d’au moins deux de ces audits, les ITA [NdR : Ingé­nieurs, Tech­ni­ciens et Assis­tants] ont expri­mé cer­taines de leurs souf­frances au tra­vail devant les repré­sen­tants du comi­té d’audit. Cela n’a été sui­vi d’aucun effet. Plu­sieurs agents ont décrit leurs condi­tions de tra­vail et expri­mé leur mal-être et leur souf­france au sein de l’URMITE à la méde­cine du tra­vail de plu­sieurs tutelles. Cela n’a eu aucun résul­tat concret. […]

Nous sommes au cou­rant de nom­breuses demandes de muta­tion, for­mu­lées par des ITA, mais aus­si des cher­cheurs, INSERM, CNRS et Aix-Mar­­seille Uni­ver­si­té. Cela semble ne pas avoir aler­té les tutelles sur la situa­tion des per­son­nels dans l’unité. Le res­pon­sable de l’école doc­to­rale aurait eu à gérer un nombre non négli­geable deréaf­fec­ta­tions d’étudiants de l’URMITE dans d’autres uni­tés, en cours, voire en fin de thèse.

En jan­vier 2017, le Haut Conseil de l’Évaluation de la Recherche et de l’Enseignement Supé­rieur (HCERES) a audi­té les pro­jets des deux uni­tés issues de l’URMITE, qui devraient voir le jour en jan­vier 2018. Les repré­sen­tants élus des per­son­nels tech­niques ont été écar­tés de ces deux audits. Ce dys­fonc­tion­ne­ment, à l’initiative des futurs direc­teurs des deux uni­tés en créa­tion, a entraî­né la pre­mière action en externe de la CGT, qui a contac­té les per­son­nels tech­niques de l’unité pour leur deman­der s’ils avaient des pro­blèmes ou des demandes à faire remon­ter aux tutelles.

Lors des deux audits, des ITA ont témoi­gné devant les deux comi­tés HCERES, pour dénon­cer, au moins par­tiel­le­ment, leurs condi­tions de tra­vail et les rap­ports hié­rar­chiques au sein de l’URMITE. Ces témoi­gnages, qui sont cen­sés être confi­den­tiels, ont été connus de la direc­tion de l’URMITE, appa­rem­ment le soir même. On ne retrou­ve­ra, dans les deux rap­ports finaux de l’HCERES, aucune trace de ces témoignages. […]

La CGT a donc déci­dé de pro­po­ser aux ITA sus­cep­tibles d’accepter, de rédi­ger un cour­rier d’alerte et de demande d’intervention, à l’adresse des CHSCT des 4 tutelles. Le 3 avril, une lettre non signée de 12 per­son­nels ITA de l’URMITE est envoyée aux secré­taires des CHSCT et aux tutelles. »

Ain­si, en avril 2017, les CHSCT du CNRS, de l’Inserm, de l’IRD, et d’Aix-Marseille uni­ver­si­té ont reçu ce cour­rier ano­nyme envoyé par des sala­riés de l’Urmite (Uni­té de recherche sur les mala­dies infec­tieuses et tro­pi­cales émer­gentes), diri­gée par le même Didier Raoult (source – en entier ici) :

En réac­tion, les syn­di­cats s’organisent et informent les tutelles, dont l’INSERM le 1erjuin 2017. Le Direc­teur de l’Inserm Yves Levy leur répond le 29 juin, en leur indi­quant qu’il a deman­dé une ins­pec­tion de l’Urmite par les CHSCT (source) :

Pour­sui­vons le récit de la CGT :

« Début Juin, Didier Raoult, qui avait déjà connais­sance de la lettre des 12, apprend les avis néga­tifs […] quant à la label­li­sa­tion de ses deux uni­tés filles. Il faut pré­ci­ser que le conte­nu scien­ti­fique des pro­jets est cri­ti­qué dans les deux cas et que cet avis néga­tif n’est pas ren­du uni­que­ment sur les pro­blèmes de souf­france des per­son­nels, loin s’en faut. Ces pre­mières alertes pro­voquent une réac­tion de la direc­tion de l’URMITE. [NdR : les conseils scien­ti­fiques des deux ins­ti­tu­tions ont ren­du des avis défa­vo­rables, avis sui­vis par les deux directions]

Les mesures de rétor­sion à l’encontre des lan­ceurs d’alerte com­mencent le 8 juin. Didier Raoult remet à dis­po­si­tion des tutelles les deux ITA ayant cri­ti­qué le plus for­te­ment, lors des visites HCERES, ce qui se passe dans l’URMITE. Des pro­pos mena­çants auraient été tenus vis à vis des 12. Le direc­teur inter­vient en assem­blée géné­rale pour moquer les avis ren­dus par la sec­tion 27 du CNRS et la CSS de l’INSERM, dénon­cer l’action des 12 ITA et dire qu’il n’en res­te­rait pas là. Dans ces condi­tions, pour beau­coup de per­sonnes, la peur de témoi­gner devant les CHSCT se déve­loppe. » [CGT]

Une inter­syn­di­cale se forme alors, et alerte la ministre, ajou­tant que la Direc­tion serait en train de sanc­tion­ner les ingé­nieurs lan­ceurs d’alerte qu’elle pense avoir iden­ti­fiés (source) :


Le 7 juillet, l’inspection a lieu (voir ici Mar­sAc­tu). Un autre article pré­cise les choses quelques jours après (source) :

« Peu à peu, les langues se délient, même si les témoi­gnages se font tou­jours à mots cou­verts. […] Les entre­tiens indi­vi­duels, en par­ti­cu­lier, ont per­mis de don­ner corps à des faits déjà sou­le­vés par les syn­di­cats. [« Ce mépris se tra­duit par des cris, des vexa­tions, des insultes, le non-res­­pect des règles les plus élé­men­taires de l’hygiène et de la sécu­ri­té. Les per­son­nels, dont un très grand nombre est pré­caire et d’origine étran­gère, vivent dans la peur […]. »]

Dans un entre­tien accor­dé à l’agence de presse spé­cia­li­sée AEF, qui évo­quait le dos­sier cette semaine, Didier Raoult a pour la pre­mière fois com­men­té cette nou­velle période de remous. « À ma connais­sance, ce genre de choses ne se passe pas, hor­mis une plainte, une his­toire d’amour qui a mal tour­né selon le rap­port que j’ai eu de la police. Nous avons inter­dit à ces deux per­sonnes de se ren­con­trer sans témoin. » […]

« C’est déli­rant, déclare-t-il à nos confrères. Nous avons ouvert l’institut de recherche sur les mala­dies infec­tieuses le plus puis­sant au monde. Nous offrons des condi­tions de vie excep­tion­nelles. » Il évoque des « per­sonnes amères », « cinq ou six gro­gnons jaloux et mécon­tents du démé­na­ge­ment »avant de van­ter les condi­tions de tra­vail de l’IHU et le carac­tère excep­tion­nel des recherches menées en son sein : « La science, au niveau où je la pra­tique, c’est du sport de haut niveau. Il y a des ten­sions quand on le découvre, c’est la nature de l’excellence. » […]

« Ce qui est déli­rant, c’est sur­tout de tenir des pro­pos de ce type, réagit Jean Kis­ter, secré­taire géné­ral adjoint du syn­di­cat natio­nal des tra­vailleurs de la recherche scien­ti­fique (SNTRS-CGT), en écho à Didier Raoult. Cela vient plu­tôt accré­di­ter le mal-être res­sen­ti par cer­tains sala­riés. » [Mar­sAc­tu]

Le rap­port du CHSCT est glaçant :

« À l’inverse, par­mi cer­tains anciens de l’Urmite, les langues ont com­men­cé à se délier. Leurs témoi­gnages ano­nymes que Mar­sac­tu a pu recueillir recoupent lar­ge­ment les points de vue sou­te­nus dans le rap­port. Un ancien ingé­nieur de recherche de l’Urmite, explique ain­si que Didier Raoult semble fonc­tion­ner « avec un tableau dans la tête ». « Un tableau à entrées mul­tiples avec deux colonnes. Il vous consi­dère plus ou moins bien selon votre sta­tut, méde­cin, phar­ma­cien, cher­cheur, ingé­nieur... Et plus ou moins bien selon que vous êtes un homme ou une femme, explique-t-il. Nous avions des réunions de groupe le ven­dre­di et j’ai sou­vent vu des femmes par­tir en pleurs. »

L’ingénieur aujourd’hui signi­fie ain­si que le direc­teur de recherche lui a clai­re­ment signi­fié « un ingé­nieur, ça ne publie pas » à l’arrivée dans son ser­vice. Il pour­suit son por­­trait-charge : « Il mani­pule au mieux les plus sou­mis ou ceux qui ont les dents longues selon la vieille tech­nique de la carotte et du bâton. Cela ne mar­chait pas pour moi parce que je n’ai pas for­cé­ment de grosse ambi­tion. En revanche, cela se concré­ti­sait par de longs mois au pla­card, ce qui entraî­nait for­cé­ment une démo­ti­va­tion. » L’ingénieur a fini par quit­ter le ser­vice et la ville. […]

Les per­son­nels inter­ro­gés tout comme les écrits sou­lignent une grande frus­tra­tion res­sen­tie par cer­tains. C’est ce que résume le rap­port du CHSCT : « Cer­tains ingé­nieurs et tech­ni­ciens (IT) nous ont indi­qué, ora­le­ment ou dans les témoi­gnages écrits, avoir le sen­ti­ment que leur tra­vail n’était pas recon­nu par la hié­rar­chie. Lors de l’entretien avec les per­son­nels cher­cheurs, un chef de ser­vice nous a clai­re­ment indi­qué ne pas faire signer sys­té­ma­ti­que­ment tous les IT ayant par­ti­ci­pé aux expé­riences ». Ce constat se tra­duit sèche­ment par la recom­man­da­tion sui­vante : « Rap­pe­ler les règles éthiques en termes de signa­ture des articles scien­ti­fiques ». » [Source – Mar­sAc­tu]

Fina­le­ment, c’est vrai­ment la stra­té­gie du cou­cou : virer les méri­tants et prendre leur place dans les signatures…

« Ces ten­sions dans le tra­vail sont éga­le­ment res­sen­ties par cer­tains doc­to­rants qui décrivent des situa­tions de har­cè­le­ment moral. « Notre direc­teur de recherche, proche de Didier Raoult, avait beau­coup de mal à sup­por­ter la pres­sion que ce der­nier lui met­tait pour obte­nir des résul­tats, explique l’un d’eux. Du coup, de manière pyra­mi­dale, cette pres­sion retom­bait sur nous ». Il a ain­si le sou­ve­nir de réunions « work in pro­gress » où les étu­diants dont le tra­vail ne convain­quait pas étaient humi­liés par les direc­teurs de recherche, Raoult en tête. « Après on ne les revoyait plus », dit-il. […]

Mais le docu­ment vali­dé par les quatre tutelles ne s’arrête pas qu’aux aspects humains des condi­tions de tra­vail. Il décrit par le menu un cer­tain nombre de man­que­ments fac­tuels dans l’organisation du labo­ra­toire, y com­pris dans le res­pect des règles d’hygiène et de sécu­ri­té « basiques » au sein d’un labo­ra­toire où les per­son­nels mani­pulent des « agents bio­lo­giques patho­gènes ». Cela vaut éga­le­ment pour les règles de confi­ne­ment spé­ci­fiques asso­ciées à chaque type de micro-orga­­nisme selon leur dan­ge­ro­si­té. Là encore, les normes en vigueur ne sont pas toutes respectées.

Ces élé­ments nom­breux et répé­tés font état d’une mau­vaise prise en compte des attentes des per­son­nels dans la construc­tion de l’Institut, de maté­riaux défec­tueux, inadap­tés voire non conformes à la régle­men­ta­tion. » [Source –Mar­sAc­tu]

XII. #TheyToo

Mais ce n’est hélas pas fini. Il y a éga­le­ment eu des accu­sa­tions de har­cè­le­ment sexuel et même d’agression sexuelle subie au sein de l’Urmite, comme le raconte, à nou­veau le site Mar­sac­tu (abon­­nez-vous pour le sou­te­nir, si vous pou­vez, il le mérite). En effet, suite à la visite du CHSCT, 4 plaintes ont été dépo­sées pour har­cè­le­ment sexuel :

« Le syn­di­cat SNPTES a éga­le­ment été infor­mé de ce que cer­tains jeunes étudiants/chercheurs, le plus sou­vent de natio­na­li­té étran­gère, ont été vic­times depuis plu­sieurs années de faits pou­vant revê­tir la qua­li­fi­ca­tion de har­cè­le­ment sexuel, d’agressions sexuelles, ain­si que d’autres qua­li­fi­ca­tions pénales, et qui se seraient pro­duits là encore au sein de l’Institut hos­­pi­­ta­­lo-uni­­ver­­si­­taire (IHU) […]

Domi­nique Esca­lier confirme que le direc­teur de l’école doc­to­rale avait bien eu connais­sance de ces cas « mais qu’il n’en avait infor­mé que le direc­teur de l’unité », en l’occurrence, Didier Raoult. « Nous aurions appré­cié que ces dos­siers soient au moins trans­mis au pré­sident de l’université » »

Nous vous ren­voyons vers cet autre article de Mar­sAc­tu, rem­pli de témoignes révol­tants, tels que :

« Les ren­­dez-vous ne se sont pas bien pas­sés. J’ai eu l’impression que les faits que nous sou­le­vions n’étaient pas pris au sérieux. On m’a éga­le­ment deman­dé si je comp­tais finir mon doc­to­rat ce que j’ai pris comme une menace impli­cite ».

Nous vous recom­man­dons éga­le­ment cet article de Mar­sAc­tu pour lire la suite. La CGT précise :

« Il n’en reste pas moins que, à notre connais­sance, ce sont au moins 6 femmes qui ont eu à subir, au sein de l’URMITE, des faits de ce que nous pen­sons être, au mini­mum, du har­cè­le­ment sexuel, et que cela nous amène à faire plu­sieurs commentaires. […]

La tenue de pro­pos gra­ve­leux semble être une pra­tique cou­rante. Comme exemple qui nous a été rap­por­té, à une ITA qui por­tait une cou­dière, un cher­cheur aurait deman­dé si c’était « à force de bran­ler ? ». On peut éga­le­ment citer, une phrase qui aurait été cou­tu­mière d’un autre cher­cheur « Il est 4 heures, c’est l’heure de ma pipe, qui est-ce qui s’y colle ? ». […]

Com­ment est-il pos­sible que des faits sup­po­sés de har­cè­le­ment sexuel, por­tés à la connais­sance du direc­teur d’unité (Didier Raoult a confir­mé, devant les CHSCT, en avoir eu connais­sance dès 2015 et ne pas en avoir infor­mé la pré­si­dence de l’Université), puissent res­ter sans dénon­cia­tion offi­cielle par la direc­tion de l’unité pen­dant deux ans ? Com­ment peut-on consi­dé­rer comme nor­mal qu’une per­sonne res­pon­sable du per­son­nel qu’il a sous sa direc­tion, qui plus est méde­cin, laisse en contact, pen­dant deux ans, des sup­po­sées vic­times avec leur sup­po­sé agres­seur ? Com­ment inter­pré­ter le fait que, dans les nou­veaux locaux de l’IHU, les sup­po­sées vic­times et celui qu’elles ont dési­gné comme leur agres­seur soient ins­tal­lés dans des labo­ra­toires conti­gus par la direc­tion de l’unité ? Com­ment com­prendre qu’un direc­teur d’unité n’ait jamais pris le temps de ren­con­trer, en deux ans, une étu­diante qui a décla­ré avoir été agres­sée dans les locaux de son uni­té, par un direc­teur de recherche sous sa direc­tion (décla­ra­tion faite par Didier Raoult dans une lettre qu’il a signée et adres­sée aux sup­po­sées victimes) ? […]

Aujourd’hui, nous pou­vons dire que, loin de faire son exa­men de conscience, la direc­tion de l’URMITE est dans le déni. Pour les cadres en place il n’est pas ques­tion d’entendre les faits repro­chés, ils sont au contraire mini­mi­sés et les lan­ceurs d’alerte sont accu­sés de tous les maux. […]

Dans la deuxième moi­tié d’août, alors qu’elles sont en vacances, nous sommes aver­tis de menaces de ren­voi ou d’interruption de bourse des sup­po­sées vic­times sexuelles. […]

La pres­sion et la stig­ma­ti­sa­tion conti­nuent encore à l’heure actuelle. Lors de la der­nière assem­blée de l’URMITE, le 23/10/2017, plu­sieurs per­sonnes nous ont rap­por­té les pro­pos qui ont été tenus vis-à-vis des lan­ceurs d’alerte. Ils y auraient été dési­gnés sous le vocable de voyous. Il aurait même été affir­mé qu’ils ne feront pas long­temps les voyous. Leur dénon­cia­tion non signée de ce qu’ils affirment avoir subi aurait même été com­pa­rée à des méthodes de nazis.

Elles sont la démons­tra­tion qu’aucune volon­té d’apaisement et de recherche de rela­tions saines et res­pec­tueuses n’est actuel­le­ment à l’œuvre au sein de l’URMITE. La preuve en est, le pro­fes­seur Jean-Louis Mège, qui a témoi­gné en faveur des vic­times de har­cè­le­ment et d’agression sexuels lors de la CAP, aurait été reti­ré du poste de sous-direc­­teur de l’unité Méphi et rem­pla­cé. Nous regret­tons éga­le­ment que de nom­breux per­son­nels de l’URMITE, souf­frant de mal-être au sein de leur uni­té, se voient contraints de par­tir rejoindre d’autres uni­tés, alors que les res­pon­sables res­te­raient en place. » [CGT, 23/11/17]

France 3 a bien évi­dem­ment ren­du compte de l’affaire (source) – appré­ciez la réac­tion de Didier Raoult face aux graves accu­sa­tions contre ses collaborateurs :

Notons qu’en mars 2018, lors de l’inauguration offi­cielle de l’IHU IM a éga­le­ment tenu ses propos :

« Quant aux accu­sa­tions de har­cè­le­ment et agres­sions sexuelles por­tées par des employées de l’IHU à l’encontre de plu­sieurs cher­cheurs, il les balaie d’une for­mule :« Je vous remer­cie d’avoir décrit ce lieu comme un lupa­nar. J’ai fait ins­tal­ler un dis­tri­bu­teur de pré­ser­va­tifs » « Mais vous n’êtes pas la jus­tice, ni la police, s’emporte-t-il. Si le CNRS a vou­lu rendre la jus­tice avant que celle-ci se pro­nonce, ce n’est pas plus à vous de le faire ».

Pour la CGT, ces paroles sont « le reflet d’un manque de consi­dé­ra­tion de M.Raoult envers les vic­times d’actes de har­cè­le­ments sexuels ou agres­sions sexuelles, mais aus­si envers l’ensemble des per­son­nels et étu­diants tra­vaillant à l’IHU ». Les deux syn­di­cats pré­cisent ain­si qu’ils conti­nue­ront « leur action pour amé­lio­rer les condi­tions de tra­vail et d’étude à l’IHU et faire tom­ber l’omerta qui y règne ».

XIII. Appel à témoignages sur Didier Raoult et ses unités

Dans le cadre de ce dos­sier, nous sommes pre­neurs de tout témoi­gnage (public ou en off), infor­ma­tion ou docu­ment sur la ges­tion de l’IHU par Didier Raoult et les faits pré­cé­dem­ment évoqués.

Vous pou­vez nous contac­ter ici.

XIV. (bonus) Didier Raoult négateur du réchauffement climatique

Sou­li­gnons, en pas­sant, un autre com­bat de Didier Raoult depuis des années : démo­bi­li­ser les popu­la­tions du com­bat contre le réchauf­fe­ment cli­ma­tique (alors que ce n’est évi­dem­ment pas son domaine), comme ici en 2013 (source) ;

et c’est vrai que c’est mal les pré­vi­sions erro­nées, comme nous le ver­rons ci-après.

Et encore ici, le Monde nous rap­pelle ses pro­pos en juin 2014, dans l’hebdomadaireLe Point : « Après une pous­sée ther­mique notable dans les années 1990, la Terre a glo­ba­le­ment arrê­té de se réchauf­fer depuis 1998. » et « le réchauf­fe­ment cli­ma­tique est incer­tain et la res­pon­sa­bi­li­té de l’homme dis­cu­table » (source) !

Bref, Didier Raoult est un vision­naire responsable…

Mais du coup on com­prend mieux pour­quoi Raoult plait autant à Fox New et à Donald Trump…

XV. L’avis de la prestigieuse revue Science

En mars 2012, la revue Science a révé­lé ceci dans cette notice Didier Raoult (source)

« Contro­ver­sé et franc, Raoult a publié l’année der­nière un livre scien­ti­fique popu­laire qui déclare caté­go­ri­que­ment que la théo­rie de l’évolution de Dar­win est fausse. Et il a été tem­po­rai­re­ment inter­dit de publi­ca­tion dans une dou­zaine de grandes revues de micro­bio­lo­gie en 2006. » [Science, 02/03/2012]

Ce ban­nis­se­ment d’un an de toutes les revues édi­tées par la socié­té savante del’American Socie­ty for Micro­bio­lo­gy était dû à une sus­pi­cion de fraude, concer­nant un article de l’équipe de Raoult.

Sa réponse mérite le détour (source) :

Il mini­mise « c’est juste une inver­sion de chiffre » (sic.), puis explique que c’est une vic­time col­la­té­rale d’une sanc­tion col­lec­tive (qui n’existeraient plus en France depuis la Seconde Guerre mon­diale !) – alors qu’ils sanc­tionnent évi­dem­ment sim­ple­ment tous les signa­taires de l’article erro­né. Et il conclut en expli­quant que c’est injuste car « il n’a pas diri­gé le papier et n’a même pas relu la der­nière ver­sion » – il a juste employé sa stra­té­gie du cou­cou en s’attribuant un tra­vail erro­né. Les bras en tombent.

XV. Une dernière question

Pour conclure, j’aimerais par­ta­ger une der­nière réflexion per­son­nelle. À ce stade, elle n’a aucun lien avec Raoult. Elle est en lien avec les récents aveux d’Agnès Buzyn que nous avons rap­por­tés dans ce billet .

« Le 30 jan­vier, j’ai aver­ti Edouard Phi­lippe que les élec­tions ne pour­raient sans doute pas se tenir. Je ron­geais mon frein. » [Agnès Buzyn]

Ces pro­pos ont été confir­més par un témoin. Elle a donc lan­cé une impor­tante alerte au Pre­mier Ministre. Celui-ci a for­cé­ment pas­sé le dos­sier à son conseiller, qui a dû enquê­ter. Il a très pro­ba­ble­ment obte­nu d’une ou plu­sieurs per­sonnes des retours apai­sants. Ils ont dû être trans­mis en retour à Buzyn, qui a fini par se taire. Et, pour se faire, on peut donc ima­gi­ner que ces avis éma­naient de hautes per­son­na­li­tés entou­rées d’une aura pres­ti­gieuse – assez pour faire taire la ministre.

La ques­tion que je me pose est : Raoult en fai­­sait-il par­tie ? Raoult a‑t‑il été inter­ro­gé le 30 ou 31 jan­vier ou tout début février par les cabi­nets minis­té­riels ? Et leur a‑t‑il tenu son leit­mo­tiv « arrê­tez de pani­quer pour rien » – puisqu’on connait par­fai­te­ment sa posi­tion ce jour-là, avec ses vidéos…? Aurait-il contri­bué à désar­mer le gouvernement ?

Il serait inté­res­sant que des jour­na­listes creusent ce point en inter­ro­geant Raoult et Mati­gnon… Car mal­gré les aveux de Buzyn, je n’ai encore vu aucune d’enquête sur : com­ment cette alerte n’a pas été prise en compte ?

[Mes­sage : vous, les témoins directs, intègres et cou­ra­geux, qui êtes dans les struc­tures d’État (et qui à ce stade avez bien com­pris qu’il y a un très très gros pro­blème de gou­ver­nance) : vous pou­vez nous contac­ter ici– ano­ny­mat garanti]

Pour terminer

En conclu­sion, Didier Raoult, vrai grand cher­cheur, semble béné­fi­cier d’une aura exa­gé­rée car il compte de nom­breux échecs à son actif, dans les dif­fé­rents domaines que nous venons d’analyser (c’est-à-dire hors recherche médi­cale fon­da­men­tale). Loin d’être un cher­cheur iso­lé, on voit que ce « man­da­rin à la fran­çaise » béné­fi­cie de puis­sants sou­tiens, qui ont, semble-t-il, empê­ché de le sanc­tion­ner en tant que mana­ger quand il le fallait.

« Géné­ral de la san­té » ayant contri­bué à plu­sieurs reprises à dimi­nuer la mobi­li­sa­tion de la popu­la­tion en pleine offen­sive du coro­na­vi­rus – nous ver­rons jusqu’où plus tard – il a par­ti­ci­pé à notre défaite face à la pro­pa­ga­tion du virus. Espé­rons cepen­dant qu’il par­ti­ci­pe­ra à notre vic­toire finale sur sa mor­ta­li­té. Nous le ver­rons dans le pro­chain billet, consa­cré à son essai ren­du public le 16 mars.

Pour la Chlo­ro­quine, nous n’avons donc aucun avis ; croi­sons les doigts etatten­dons cal­me­ment le résul­tat des essais et les consignes des auto­ri­tés médi­cales. N’imaginez donc pas de com­plots : tout le monde peut l’attraper – Macron, un SDF, Ber­nard Arnaud, vous… – ; donc 100 % des Fran­çais veulent trou­ver un remède au plus vite.

Occu­­pons-nous plu­tôt de l’urgence impé­rieuse : ne pas nous faire conta­mi­ner, et #Res­ter­Chez­Nous.

Nous ana­ly­se­rons donc dans le pro­chain billet l’essai de Raoult – mais nous pou­vons déjà vous dire que son pro­fes­sion­na­lisme et son éthique sont à la hau­teur du per­son­nage que nous venons de décrire lon­gue­ment dans ce billet.

Bonne jour­née – et « vous pou­vez éteindre la télévision »… »

Oli­vier Berruyer

Source : les-crises, fr, https://​www​.les​-crises​.fr/​l​e​–​p​r​o​f​e​s​s​e​u​r​–​d​i​d​i​e​r​–​r​a​o​u​l​t​–​r​e​b​e​l​l​e​–​a​n​t​i​–​s​y​s​t​e​m​e​–​o​u​–​m​e​g​a​l​o​m​a​n​e​–​s​a​n​s​–​e​t​h​i​q​ue/


Tou­jours sur les​-crises​.fr, on trouve cette autre information :

Aucune efficacité de la Chloroquine contre le Covid19 d’après un nouvel essai chinois

https://​www​.les​-crises​.fr/​a​u​c​u​n​e​–​e​f​f​i​c​a​c​i​t​e​–​d​e​–​l​a​–​c​h​l​o​r​o​q​u​i​n​e​–​c​o​n​t​r​e​–​l​e​–​c​o​v​i​d​1​9​–​d​–​a​p​r​e​s​–​u​n​–​n​o​u​v​e​l​–​e​s​s​a​i​–​c​h​i​n​o​is/

Prologue

Les temps sont dif­fi­ciles. Nous tra­ver­sons une crise inédite et angois­sante. Nous sommes en effet confron­tés à un virus dont nous ne sai­sis­sons pas encore toutes les carac­té­ris­tiques, et qui ôte chaque jour la vie à des cen­taines de personnes.

Sur Les-Crises, nous essayons de contri­buer modes­te­ment, à notre échelle, de manière béné­vole et dés­in­té­res­sée, au débat public. Nous ras­sem­blons tous les articles de presse qui nous semblent indis­pen­sables à la bonne com­pré­hen­sion de cette crise, nous pas­sons des heures à bras­ser les don­nées sta­tis­tiques afin de rendre l’information la plus acces­sible possible.

Si les nou­velles rap­por­tées sont alar­mantes ou pes­si­mistes, il n’en va pas de notre volon­té. Nous sommes pro­fon­dé­ment tristes de ce qui se passe en ce moment, comme tout un cha­cun, et espé­rons rap­por­ter des infor­ma­tions plus opti­mistes les pro­chains jours. À titre d’exemple, des dizaines de trai­te­ments contre le Covid-19 sont en cours de tests, et nous allons bien­tôt vous en pro­po­ser une pré­sen­ta­tion. Toute la recherche mon­diale est concen­trée sur ce Coro­na­vi­rus, l’espoir est loin d’être perdu.

En d’autres termes, nous ne sou­hai­tons pas vous dire ce que vous avez envie d’entendre (c’est le rôle des poli­ti­ciens…) mais ce qui nous semble indis­pen­sable à savoir pour vous aider à for­ger une opi­nion éclairée.

La fièvre de la « course à la Chlo­ro­quine » sus­cite une intense polé­mique en France, ce qui ne semble pas être le cas dans le reste du monde, bien que le sujet ait été très inves­ti éga­le­ment par les Répu­bli­cains aux États Unis ou encore, le pré­sident Bré­si­lien, Bol­so­na­ro. Consé­quence : la chlo­ro­quine s’est échap­pée de son sujet ini­tial, à savoir la méde­cine, pour à pré­sent noir­cir les papiers d’opinions poli­tiques et d’experts autoproclamés.

C’est une erreur. Quoi qu’on en dise, c’est au corps médi­cal de tran­cher cette ques­tion – ce qui sup­pose un consen­sus de la com­mu­nau­té scien­ti­fique -, et il me déplaît d’avoir fina­le­ment à par­ler de Didier Raoult et « son médi­ca­ment », dans la mesure où notre posi­tion est la sui­vante : nous ne savons pas si la chlo­ro­quine est effi­cace, mais c’est une mau­vaise idée de se pré­ci­pi­ter dans l’émotion vers un médi­ca­ment qui n’a pas été tes­té dans des condi­tions nor­males contre le Covid19.

Sans rigueur scien­ti­fique ni recul cri­tique, on peut ima­gi­ner une sur­en­chère de solu­tions miracles :

« — si, si, Robert, prends du penta­sul­fate de potas­sium à 200 mg, je l’ai vu pas­ser sur Twit­ter — ah non, René, moi, j’écoute Les Répu­bli­cains et je prends de la qui­nis­tase de sul­fa­mine 800 mg chaque matin — Bon­jour ! Vous connais­sez le car­bo­nate de bro­mure ? »

Cepen­dant, nous rece­vons tous les jours des cen­taines de mes­sages qui nous exhortent de par­ler de Didier Raoult, notre silence étant de fac­to inter­pré­té comme une posi­tion à charge, pour ne pas dire, une agression !

Nous allons donc vous mon­trer dans cet article et les pro­chains, les élé­ments qui conti­nuent à ali­men­ter notre pru­dence face à la reven­di­ca­tion d’administration géné­ra­li­sée de la Chlo­ro­quine, en atten­dant que la science tranche.

Bonne lec­ture !

Le nouvel essai chinois sur la chloroquine (du 26 février)

Le Doc­teur Jun CHEN est méde­cin et Direc­teur adjoint du Dépar­te­ment des mala­dies infec­tieuses et immu­ni­taires à l’Université Fudan de Shan­ghai, en Chine. C’est en quelque sorte un des jeunes Raoult chinois.

Son équipe a réa­li­sé un essai d’hydroxy-chloroquine sur 30 malades du Covid-19 en Chine, n’étant pas atteints de forme sévère. Elle a été sou­mise à publi­ca­tion le 26 février et accep­tée le 6 mars. Elle est dis­po­nible ici (anglais et chinois) :

Nous vous en avons tra­duit la syn­thèse, que nous vous commentons :

Étude pilote portant sur l’hydroxy-chloroquine dans le traitement des patients atteints de la forme commune de la maladie associée au coronavirus 19 (COVID-19) [soumise le 29 février, publiée le 6 mars]

CHEN Jun, LIU Dan­ping, LIU Li, LIU Ping, XU Qin­gnian, XIA Lu, LING Yun, HUANG Dan, SONG Shu­li, ZHANG Dan­dan, QIAN Zhi­ping, LI Tao, SHEN Yinz­hong, LU Hongzhou

Dépar­te­ment des mala­dies infec­tieuses et immu­ni­taires, Centre cli­nique de san­té publique de Shan­ghai, Uni­ver­si­té Fudan, Shan­ghai 201508, Chine

Résu­mé

Objec­tif : Éva­luer l’efficacité et l‘inno­cui­té de l’hydroxychloroquine (HCQ) dans le trai­te­ment des patients atteints d’une mala­die de au coro­na­vi­rus 19 sous sa formecommune (COVID-19).

Méthodolo­gie : Nous avons recru­té au Centre cli­nique de san­té publique de Shan­ghai, de manière pros­pec­tive 30 patients n’ayant jamais été trai­tés et atteints d’un COVID-19 confir­mé, et ayant signé leur consen­te­ment éclai­ré. Les patients ont été ran­do­mi­sés 1:1 dans le groupe HCQ et dans le groupe témoin. Les patients du groupe HCQ ont reçu 400 mg de HCQ par jour pen­dant 5 jours en plus des trai­te­ments conven­tion­nels, tan­dis que ceux du groupe de contrôle n’ont reçu qu’un trai­te­ment conven­tion­nel. Le prin­ci­pal cri­tère d’évaluation était le taux de conver­sion néga­tif de l’acide nucléique du COVID-19 dans le pré­lè­ve­ment res­pi­ra­toire pha­ryn­gé au 7e jour après la ran­do­mi­sa­tion. Cette étude a été approu­vée par le comi­té d’éthique du centre cli­nique de san­té publique de Shan­ghai et enre­gis­trée en ligne (NCT04261517).

OB : donc l’essai porte sur 30 malades – ce qui est petit, il faut donc être très pru­dent au niveau des conclu­sions. 15 reçoivent leur trai­te­ment plus de l’hydroxy-chloroquine (HCQ), et 15 sim­ple­ment leur traitement.

Résul­tats : Un patient du groupe HCQ a déve­lop­pé une forme sévère pen­dant le traitement.

OB : pas de chance, un des patients sous chlo­ro­quine a gra­ve­ment empi­ré ; et aucun dans le groupe sans chlo­ro­quine. La chlo­ro­quine a‑t‑elle empi­ré la san­té du malade, ou est-ce du hasard ? On ne peut le savoir à ce stade, ce sont 2 hypo­thèses désormais.

Au jour 7, l’acide nucléique du COVID-19 était absent dans les pré­lè­ve­ments pha­ryn­gés dans 13 des cas (86,7 %) dans le groupe HCQ, et 14 des cas (93,3 %)dans le groupe témoin (P>0,05).

OB : c’est assez simple : au bout d’une semaine :

  • 13 malades trai­tés à la chlo­ro­quine sur 15 n’ont plus de virus dans la gorge ;
  • mais 14 malades non trai­tés à la chlo­ro­quine sur 15 n’ont plus le virus dans la gorge.

Le bilan est donc celui-ci :

  • 15 patients trai­tés à la chlo­ro­quine au bout d’une semaine : 13 sans virus, 1 malade, 1 aggravé
  • 15 patients sans chlo­ro­quine au bout d’une semaine : 14 sans virus, 1 malade

On ne peut pas aller trop loin dans les conclu­sions vu la taille de l’échantillon, mais, ici, on peut au moins en conclure que 1/ la chlo­ro­quine ne semble pas mira­cu­leuse 2/ il faut véri­fier dans des tests plus larges si elle n’aggrave pas le Covid-19. Et rien de plus.

La durée médiane entre la date d’hos­pi­ta­li­sa­tion et la conver­sion néga­tive de l’acide nucléique viral a été de 4 (1−9) jours dans le groupe HCQ, ce qui est com­pa­rable à celle du groupe témoin 2 (1−4) jours, (U=83,5, P>0,05)].

OB : la chlo­ro­quine n’a, ici, pas eu d’effet notable sur le virus ou réduit la durée d’hospitalisation

Le temps médian pour arri­ver à la nor­ma­li­sa­tion de la tem­pé­ra­ture cor­po­relle dans le groupe HCQ a été de 1 (0−2) après l’hospitalisation, ce qui est éga­le­ment com­pa­rable à celui du groupe de contrôle 1 (0–3)].

OB : la chlo­ro­quine n’a, ici, pas accé­lé­ré la baisse de la température

La pro­gres­sion radio­lo­gique a été mise en évi­dence sur les images tomo­den­si­to­mé­triques dans 5 cas (33,3%) du groupe HCQ et 7 cas (46,7%) du groupe témoin, et tous les patients ont mon­tré une amé­lio­ra­tion lors de l’examen de sui­vi. Quatre cas (26,7%) du groupe HCQ et 3 cas (20%) du groupe de contrôle ont eu une diar­rhée tran­si­toire et une fonc­tion hépa­tique anor­male (P>0,05).

OB : la chlo­ro­quine n’a, ici, pas d’effet notable sur ces autres critères

Conclu­sions : Le pro­nos­tic pour les patients ayant le COVID-19 sous sa forme com­mune est bon. Une étude sur un échan­tillon plus large est néces­saire pour étu­dier les effets de la HCQ dans le trai­te­ment du COVID-19. Les recherches ulté­rieures devraient pous­ser plus avant l’analyse et bien prendre en compte la fia­bi­li­té des expé­riences, notam­ment par [NdT : une plus grande] taille de l‘échan­tillon.

Commentaire du Docteur Chen

Afin de vous don­ner une bonne infor­ma­tion, nous avons contac­té le doc­teur Chen pour qu’il réagisse à la situa­tion du débat public en France que nous lui avons décrite. Voi­ci sa réponse :

« Nous n’avons obser­vé aucune ten­dance béné­fique de l’hydroxy-chloroquine dans le trai­te­ment du Covid-19. Mais cela ne signi­fie pas non plus que cela aggra­ve­rait la mala­die. Notre étude était limi­tée par sa petite taille d’échantillon [30 malades].

Mais nous pou­vons consta­ter dans cet essai que l’hydroxy-chloroquine n’est pas un médi­ca­ment « magique » – dans l’hypothèse où il aurait bien un effet anti­vi­ral. Je sais qu’il y a des ECR [Etudes Com­pa­ra­tives Ran­do­mi­sées = essais cli­niques de qua­li­té] en cours sur l’hydroxy-chloroquine. Mais, je ne connais aucun résul­tat posi­tif de ces études par com­mu­ni­ca­tion personnelle.

En fait l’hydroxy-chloroquine n’a jamais été effi­cace dans aucune des mala­dies virales, mal­gré son acti­vi­té anti­vi­rale in vitro.

De plus, son pro­blème est qu’elle a un effet néfaste dans le trai­te­ment de cer­taines mala­dies virales, aggra­vant notam­ment le VIH et les infec­tions par le virus du Chikungunya.

Par consé­quent, je recom­mande for­te­ment d’attendre que les ECR [essais cli­niques] soient effec­tués avant d’utiliser cette sub­stance comme pro­phy­laxie ou comme médi­ca­ment thé­ra­peu­tique. » [Jun CHEN, inter­view Les​-crises​.fr, 25 mars 2020]

Conclusion

On ne peut tirer de solides conclu­sions de tels essais. Mais on peut à tout le moins dire qu’il faut res­ter très pru­dent par rap­port à la chlo­ro­quine, tant au niveau de son effi­ca­ci­té que de ses effets négatifs.

L’expérience de Didier Raoult, sur des bases assez simi­laires, a abou­ti à des conclu­sions assez dif­fé­rentes, ce qui inter­pelle compte tenu de la sim­pli­ci­té du pro­to­cole. Celle-ci sera l’objet du pro­chain article à paraître sur Les-Crises – nous vous y pré­sen­te­rons le détail.

Notons éga­le­ment que Didier Raoult n’a pas men­tion­né cette étude contre­di­sant sa thèse alors que celle-ci a été pré-publiée 20 jours avant la sienne, et qu’il se rap­porte pour­tant très sou­vent aux tra­vaux des scien­ti­fiques chi­nois pour jus­ti­fier ses positions.

« Les Chi­nois, qui sont ceux qui vont le plus vite, qui sont le plus prag­ma­tiques, […] ont fait du repo­si­tion­ning. […] Je consi­dère les Chi­nois comme les meilleures équipes de viro­lo­gie au monde. […] J’espère que les Chi­nois nous don­ne­ront très rapi­de­ment les résul­tats d’une pre­mière étude sur l’efficacité de la chlo­ro­quine sur les coro­na­vi­rus. » (sources https://​you​tu​.be/​8​L​6​e​h​R​i​f​-v8 et https://​you​tu​.be/​m​J​l​2​n​P​H​A​o2g)

En l’état, le point com­mun entre ces deux essais aux conclu­sions contra­dic­toires est qu’ils ont été opé­rés sur des échan­tillons bien trop faibles en nombre, en sorte qu’aucun avis défi­ni­tif ne peut en résul­ter. C’est pour­quoi d’autres essais plus fiables sont en cours – espé­rons que leurs résul­tats puissent démon­trer l’efficacité de la Chlo­ro­quine.

Mer­ci de votre fidélité.

Oli­vier Berruyer

Edit : je note que Bloom­berg vient éga­le­ment d’en par­ler (en anglais).

Chloroquine/IHU–Méditerranée Infection : itw du Pr Éric Chabrière, collaborateur du Pr Didier Raoult : « Je ne comprends pas ces polémiques, ces tergiversations… »

On nous dit avec des accents de ter­reur qu’on est « en guerre », qu’il faut agir vite et avec fer­me­té pour conte­nir la mala­die… et de façon incroya­ble­ment contra­dic­toire, on n’é­coute pas le meilleur expert au monde en mala­dies infec­tieuses (IHU de Mar­seille) qui nous dit qu’on a un médi­ca­ment hyper-connu (la chlo­ro­quine est le médi­ca­ment le plus admi­nis­tré au monde, après l’as­pi­rine), sans dan­ger ! qua­si gra­tuit ! et qui marche très bien et très vite pour réduire la conta­gion et même la mala­die ! ET ON DISCUTAILLE À PARIS SUR DES FORMALITÉS PROCÉDURALES ?…

https://​you​tu​.be/​j​p​4​j​–​V​K​7​x​A​M​&​f​e​a​t​u​r​e​=​e​m​b​_​t​i​tle

On a de plus en plus l’im­pres­sion d’être gou­ver­nés par les pires enne­mis du peuple, des « agents de l’é­tran­ger » (dans toutes les socié­tés humaines, les ultra-riches devraient être consi­dé­rés comme des étran­gers hos­tiles et dan­ge­reux), et l’é­vo­lu­tion auto­ri­taire du « régime » Macron est très préoccupante.

Le fait (catas­tro­phique) de n’a­voir AUCUNE puis­sance poli­tique pour nous défendre contre de (très) mau­vais repré­sen­tants (le fait de ne pas avoir de consti­tu­tion digne de ce nom, le fait pour cha­cun de nous de démis­sion­ner du pro­ces­sus consti­tuant) va bien­tôt mon­trer ses pires consé­quences, j’en ai peur.


Je regroupe ci-des­­sous quelques docu­ments que j’ai lus et vus depuis 20 jours sur le tra­vail de Didier Raoult et que j’ai trou­vés bien intéressants :

D’a­bord, pour le site experts​cape​.com, Didier Raoult est (car­ré­ment) le pre­mier expert mon­dial en mala­dies infec­tieuses :


http://​experts​cape​.com/​e​x​/​c​o​m​m​u​n​i​c​a​b​l​e​+​d​i​s​e​a​ses

J’ai trou­vé cet expo­sé très inté­res­sant, à plus d’un titre :

Didier Raoult (2015) : Le processus de l’innovation peut-il respecter la règle ?

https://​you​tu​.be/​t​h​a​x​O​N​1​8​u​J​s​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.be


Le professeur Didier Raoult explique pourquoi la chloroquine peut traiter facilement le Coronavirus (26 février 2020)

https://​you​tu​.be/​f​c​N​R​m​A​L​k​p​T​A​&​f​e​a​t​u​r​e​=​s​h​are


Coronavirus : « Ce serait une faute médicale que de ne pas donner de chloroquine contre le virus chinois », selon le professeur Didier Raoult (26 février 2020)


https://www.20minutes.fr/sante/2727411–20200226-coronavirus-faute-medicale-donner-chloroquine-contre-virus-chinois-selon-professeur-didier-raoult


Chloroquine : pourquoi les Chinois se tromperaient-ils ? (28 février 2020)


Chloroquine : pourquoi tant de haine ? (3 mars 2020)


Le Pr. Didier RAOULT de l’IHU : la chloroquine un traitement contre le coronavirus ? (Chaîne chinoise Mandarin, 6 mars 2020)


Coronavirus : Peur vs data / Chloroquine : Recherche clinique (9 mars 2020)


Coronavirus : diagnostiquons et traitons ! Premiers résultats pour la chloroquine (16 mars 2020)


Didier Raoult sur le coronavirus : « Il ne faut pas jouer avec la peur » (Marianne, 16 mars 2020)

https://​www​.marianne​.net/​s​o​c​i​e​t​e​/​d​i​d​i​e​r​–​r​a​o​u​l​t​–​s​u​r​–​l​e​–​c​o​r​o​n​a​v​i​r​u​s​–​i​l​–​n​e​–​f​a​u​t​–​p​a​s​–​j​o​u​e​r​–​a​v​e​c​–​l​a​–​p​eur


Coronavirus, analyse des données épidémiques dans le monde : diagnostiquer doit être la priorité (17 mars 2020)


L’hydroxychloroquine et l’azithromycine comme traitement du COVID-19 (17 mars 2020)


Coronavirus : « Je ne suis pas un outsider, je suis en avance », entretien avec le professeur marseillais Didier Raoult (La Provence, 21 mars 2020)


https://​www​.lapro​vence​.com/​a​r​t​i​c​l​e​/​p​a​p​i​e​r​/​5​9​4​0​1​2​5​/​p​r​–​d​i​d​i​e​r​–​r​a​o​u​l​t​–​j​e​–​n​e​–​s​u​i​s​–​p​a​s​–​u​n​–​o​u​t​s​i​d​e​r​–​j​e​–​s​u​i​s​–​e​n​–​a​v​a​n​c​e​.​h​tml


Coronavirus : Didier Raoult teste tout le monde et traite à la chloroquine (22 mars 2020)

https://​www​.ledau​phine​.com/​f​r​a​n​c​e​–​m​o​n​d​e​/​2​0​2​0​/​0​3​/​2​2​/​c​o​r​o​n​a​v​i​r​u​s​–​d​i​d​i​e​r​–​r​a​o​u​l​t​–​t​e​s​t​e​–​t​o​u​t​–​l​e​–​m​o​n​d​e​–​e​t​–​t​r​a​i​t​e​–​a​–​l​a​–​c​h​l​o​r​o​q​u​ine

La patience du bouillon­nant pro­fes­seur Didier Raoult a des limites : alors qu’il bran­dit la chlo­ro­quine comme remède contre le covid-19, nombre de ses pairs lui contestent cette affir­ma­tion : la molé­cule, ancienne, connue comme anti­pa­lu­dique, a fonc­tion­né in vitro (en labo­ra­toire), mais pas encore in vivo (sur l’humain).

Tester tout le monde

Ou du moins, pas assez : aucun essai cli­nique « pro­to­co­laire » n’en a démon­tré l’ef­fi­ca­ci­té. Mais le pro­fes­seur n’en a cure, et il a pris la déci­sion que tous les patients tes­tés posi­tifs dans « son » ins­ti­tut seraient soi­gnés ain­si, s’ils le souhaitent.

Et pour être bien sûr que ses patients sont malades, il va faire ce qu’il prône depuis des semaines : tes­ter tous ceux qui le sou­haitent, pour peu qu’ils soient « fébriles ».

Les méde­cins de l’I­HU ont publié ce dimanche un com­mu­ni­qué laco­nique mais ferme :

« Dans le contexte actuel de la pro­pa­ga­tion de l’é­pi­dé­mie à coro­na­vi­rus Covid-19 sur le ter­ri­toire fran­çais et dans le monde, confor­mé­ment au ser­ment d’Hippocrate que nous avons prê­té, nous obéis­sons à notre devoir de méde­cin. Nous fai­sons béné­fi­cier à nos patients de la meilleure prise en charge pour le diag­nos­tic et le trai­te­ment d’une mala­die. Nous res­pec­tons les règles de l’art et les don­nées les plus récem­ment acquises de la science médicale.

Nous avons décidé :

· Pour les tous les malades fébriles qui viennent nous consul­ter, de pra­ti­quer les tests pour lediag­nos­tic d’infection à Covid 19 ;

· Pour tous les patients infec­tés, dont un grand nombre peu symp­to­ma­tiques ont des lésions pul­mo­naires au scan­ner, de pro­po­ser au plus tôt de la mala­die, dès le diag­nos­tic un trai­te­ment par l’association hydroxy­chlo­ro­quine (200 mg x 3 par jour pour 10 jours) +azi­thro­my­cine (500 mg le 1er jour puis 250 mg par jour pour 5 jours de plus), dans le cadre des pré­cau­tions d’usage de cette asso­cia­tion (avec notam­ment un élec­tro­car­dio­gramme à J0 et J2), et hors auto­ri­sa­tion de mise sur le mar­ché (AMM). Dans les cas de pneu­mo­nie sévère, un anti­bio­tique à large spectre est éga­le­ment associé. »

« Nous pen­sons qu’il n’est pas moral que cette asso­cia­tion ne soit pas inclue sys­té­ma­ti­que­ment dans les essais thé­ra­peu­tiques concer­nant le trai­te­ment de l’infection à Covid19 en France. »

 


Coronavirus : Remerciements, Toxicité des Traitements, Mortalité (IHU 24 mars 2020)

https://​you​tu​.be/​G​F​k​U​n​J​4​6​M​V​I​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.be


Autres vidéos : https://​www​.you​tube​.com/​u​s​e​r​/​i​f​r​4​8​/​v​i​d​e​o​s​?​d​i​s​a​b​l​e​_​p​o​l​y​m​e​r=1


Et puis, enfin, une petite touche « com­plo­tiste », pour éner­ver les amis des com­plo­teurs (ceux qui inter­disent au peuple toute dénon­cia­tion des complots) :

François de Siebenthal : Bas les masques !

http://​desie​ben​thal​.blog​spot​.com/​2​0​2​0​/​0​3​/​b​i​z​a​r​r​e​–​b​i​z​a​r​r​e​.​h​tml

https://​you​tu​.be/​j​p​4​j​–​V​K​7​x​A​M​&​f​e​a​t​u​r​e​=​e​m​b​_​t​i​tle
FR – Chlo­ro­quine : itw du Pr Éric Cha­brière, col­la­bo­ra­teur du Pr Didier Raoult à l’IHU–Méditerranée Infec­tion de l’Hô­pi­tal de la Timone à Mar­seille sur le trai­te­ment que leurs équipes donnent à leurs malades du coro­na­vi­rus (hydroxy­chlo­ro­quine et azi­thro­my­cine (anti-bac­­té­­rien)), avec aus­si le Pr Pierre Saliou, pro­fes­seur agré­gé du Val-de-Grâce, direc­teur médi­cal de Pas­­teur-Vac­­cins – 22.03.2020 – Mar­seille, France. © Fré­dé­rick Mou­lin 2020 – LCI2020 – Tous droits réservés.

Suite aux der­niers envois, ajou­tons 2 choses :
– je ne suis pas l’au­teur de cette excel­lente syn­thèse ; mais je suis fier de me trans­for­mer pour l’oc­ca­sion en Hermès ;
– V. B. ajoute, de sa plume, le der­nier para­graphe au mes­sage repro­duit ci-dessous =>

Repre­nons les faits, rien que les faits :

- le mari d’Agnès Buzyn, Mon­sieur Levy, par­ti­cipe à l’inauguration du labo­ra­toire P4 à Wuhan d’où le virus semble être sorti ;

- avant cela, le même mari d’Agnès Buzyn s’est fâché avec Didier Raoult, en refu­sant les label de l’INSERM au centre de recherche mon­dia­le­ment répu­té (IHU) diri­gé par le pro­fes­seur Didier Raoult ;

- le pro­fes­seur Didier Raoult montre que le clas­sique médi­ca­ment de la Chlo­ro­quine soigne 90% des cas de coro­na­vi­rus s’ils sont dépis­tés assez tôt, il s’oppose au confi­ne­ment géné­ra­li­sé des por­teurs sains qu’il juge digne du Moyen-Age. Il prône un dépis­tage géné­ra­li­sé, et un trai­te­ment rapide avec la chlo­ro­quine, et avec confi­ne­ment des seuls malades ;

- la chlo­ro­quine coûte 10 cen­times le com­pri­mé ; il est sûr que les labo­ra­toires qui financent l’Inserm cherchent des solu­tions bien plus coûteuses ;

- en octobre 2019, il faut savoir que Mon­sieur Levy, pré­sident de l’Inserm et mari de la ministre, a  vou­lu révo­quer le sta­tut de « fon­da­tion » des IHU, pour reprendre le contrô­lé sur leur recherche – le Pro­fes­seur Raoult dirige l’IHU de Mar­seille, est visé direc­te­ment par cette directive ;

- le 13 jan­vier 2020, alors que épi­dé­mie se répand en Chine, Agnes Buzyn classe la Chlo­ro­quine (le fameux remède) dans les sub­stances véné­neuses (dis­po­nible seule­ment sur ordon­nance), alors que cela fait plus de 50 ans qu’elle est en vente libre ;

- il y a quelques semaine, Agnès Buzyn a dit avoir su que ce serait une héca­tombe, et qu’il n’y avait pas de remède ;

- le gou­ver­ne­ment de Macron fait un confi­ne­ment géné­ra­li­sé de la popu­la­tion, il ne parle pas de la chloroquine ;

- il affirme que les poli­ciers ne doivent pas por­ter de masques (ils ont été volés pour la plu­part, et il n’y en a même pas pour les soignants);

- il refuse le dépis­tage de masse, pour­tant pra­ti­qué allè­gre­ment en Corée et en Alle­magne, avec succès ;

- il refuse de fer­mer les fron­tières avec les pays contaminés ;

- Le jour­nal le Monde et l’Agence d’Etat de la san­té qua­li­fient les recherches du pro­fes­seur Raoult de Fake News, avant de se rétracter ;

- le Pro­fes­seur Fran­çois Per­rone révèle il y a quelques jours sur LCI que le stock de chlo­ro­quine de la phar­ma­cie cen­trale fran­çaise, a été pillé ;

- Ailleurs dans le monde, la semaine der­nière, grâce à un tweet d’Elon Musk, en 48h, Donald Trump met a dis­po­si­tion de tous les amé­ri­cains la Chloroquine ;

- Le Maroc achète les stocks de chlo­ro­quine de Sano­fi à Casablanca ;

- Le Pakis­tan va accroître sa pro­duc­tion de la chlo­ro­quine à des­ti­na­tion de la Chine ;

- La Suisse uti­lise la chlo­ro­quine, exclut elle aus­si le confi­ne­ment géné­ra­li­sé de la popu­la­tion, pra­tique un large dépis­tage et trai­te­ment rapide, et accuse la France de faire de la poli­tique spectacle ;

-La socié­té TEVA en Israël annonce qu’elle va livrer gra­tui­te­ment plus de 10 mil­lions de dose de chlo­ro­quine aux USA ;

- Estro­si, soi­gné lui-même a la chlo­ro­quine, sans réponse du gou­ver­ne­ment, a appe­lé direc­te­ment Sano­fi pour qu’ils livrent la chlo­ro­quine aux hôpi­taux de Nice ;

- sous le lob­bying inten­sif du Pro­fes­seur Raoult, un test à grande échelle de la chlo­ro­quine a com­men­cé fina­le­ment en France, sous la direc­tion de l’Inserm (!), qui veut « refaire les expé­ri­men­ta­tions dans d’autres centres médi­caux indé­pen­dants » : ce qui pren­dra 6 semaines de plus…
+
La seule entre­prise qui fabrique encore de la chlo­ro­quine en France est en redres­se­ment judi­ciaire ! Le vol des stocks de chlo­ro­quine prend ici toute sa dimen­sion : car ces stocks vont être impos­sibles à recons­ti­tuer rapi­de­ment… déci­dé­ment, les voleurs étaient bien infor­més ! Mais qui donc peuvent-ils être ?

Valé­rie Bugault

Le pom­pon !

Infor­ma­tion de der­nière minute : le trai­te­ment à base de chlo­ro­quine est interdit !

https://​twit​ter​.com/​C​i​r​c​o​n​s​c​r​i​p​t​i​1​8​/​s​t​a​t​u​s​/​1​2​4​2​1​5​6​0​2​6​6​7​1​0​0​5​700

Alors même que des dépu­tés appe­laient à sa géné­ra­li­sa­tion rapide sur tout le territoire…

Il y trop de coïn­ci­dences : “Une fois (pas de masques), c’est un hasard, deux fois (le mot chlo­ro­quine inter­dit par des robots des réseaux sociaux, notam­ment mes blogs et celui de Liliane Held sur FB), c’est une coïn­ci­dence, trois fois, les men­songes si nom­breux, on ne dit pas que le virus peut res­ter actif 9 jours, que les conta­mi­nants le sont pen­dant 27 jours, que les chiffres sont tru­qués, que plus de 8 mil­lions d’a­bon­ne­ments de télé­phones mobiles chi­nois ont dis­pa­ru, que les tests ne sont pas faits en quan­ti­té, que la conta­gion est rapide, que les ita­liens refusent les « aides » euro­péennes fac­tu­rées trop chères (abus de fai­blesse), que les cli­niques pri­vées sont vides, que les pan­de­mic bonds sont tou­jours un béné­fice pri­vé et JAMAIS en défa­veur des spé­cu­la­teurs !!! Que « l’exercice 201 » de Bill Gates cor­res­pond qua­si­ment mot pour mot à ce qui se passe ! Que tout ceci sauve les spé­cu­la­teurs sans pitié qui pro­fitent hon­teu­se­ment de la détresse des autres (inté­rêts à 20% et énormes en Afrique…), c’est un com­plot… Ce n’est pas qu’un scan­dale, c’est un meurtre de masse, un géno­cide mon­dial ! Une atteinte à nos liber­tés, une loi mar­tiale mon­diale ! Des enquêtes sérieuses doivent être faites !
Infor­ma­tion à faire cir­cu­ler svp…

PS : ​Réponse à un contradicteur…

Cer­tains trouvent nor­mal que notam­ment ce mot chlo­ro­quine soit blo­qué sur cer­tains réseaux sociaux. Ce qui empêche l’in­tel­li­gence col­lec­tive !!!! Qu’un homme ait déci­dé de pro­gram­mer cette cen­sure gro­tesque ? Sans se poser de ques­tions ? Qui ? Pour­quoi ? Ce simple fait démontre une absence de curio­si­té ! Curio­si­té vient du mot atin cura, le soin ! Ou de com­pli­ci­té ? Ou de naï­ve­té ? Ou d’imbécillité ? Ou de sidé­ra­tion ? Ou de fas­ci­na­tion ? Ou de mani­pu­la­tion ? Ou de paresse intel­lec­tuelle ? Ou du syn­drome de Stock­holm ? « Il faut pro­duire dès main­te­nant et très mas­si­ve­ment » de la chlo­ro quine, demande Phi­lippe Juvin, lun­di 23 mars sur France Inter. Le chef du ser­vice des urgences à l’hô­pi­tal Georges-Pom­­pi­­dou à Paris estime que la France doit faire des stocks de cette molé­cule qui, d’a­près le Pr Didier Raoult à Mar­seille, est un trai­te­ment effi­cace pour soi­gner les per­sonnes atteintes du coro­na­vi­rus. Plu­sieurs can­tons suisses, dont Vaud et Genève, l’u­ti­lisent mal­gré les sub­tils spé­cu­la­teurs qui veulent fac­tu­rer des vac­cins abo­mi­na­ble­ment plus chers (près de 100 fois plus, sic ), mais qui ne seront là que dans des mois. Ils bloquent des trai­te­ments effi­caces et laissent donc mou­rir, sic mou­rir, pour faire du fric ! Ils en sont à lui faire les pires ennuis et de graves et inad­mis­sibles menaces ! à vomir de dégoût !

Ces salauds demandent 8 semaines, sic, pour faire des expé­riences et bloquent la chloroquine,
… Les mettre tous dans des asiles, et de suite !
Ce sont des cri­mi­nels, sans aucune excuse, des cyniques aveu­glés par leurs per­ver­sions inhu­maines, leur ido­lâ­trie de l’argent ou mani­pu­lés comme des inconscients !

QUAND LES CONFLITS D’INTÉRÊTS PRIMENT SUR LA SANTÉ DES FRANÇAIS 😡🤮😡🤮

Karine Lacombe, qui fait tout pour décré­di­bi­li­ser les tra­vaux du Pr. Raoult, a tou­ché de l’argent de Abb­vie & de Gilead pen­dant 5 ans.

Or, Abbvie&Gilead pro­duisent 2 médi­ca­ments contre le COVID19.

Par consé­quent, la chloroquine(pas chère et tom­bée dans le domaine public)  est un concur­rent qui pour­rait leurs faire perdre beau­coup d’argent.

Voi­ci sa décla­ra­tion d’in­té­rêt de 2016 : Elle a gagné au moins 18 000 € des labo­ra­toires Abb­vie et Gilead. Elle est nor­ma­le­ment obli­gée de le men­tion­ner lors de ses inter­ven­tions télévisées.

https://​cns​.sante​.fr/​w​p​–​c​o​n​t​e​n​t​/​u​p​l​o​a​d​s​/​2​0​1​7​/​0​7​/​d​p​i​_​l​a​c​o​m​b​e​–​k​a​r​i​n​e​_​2​0​1​6​.​pdf

Elle a par­ti­ci­pé à un congrès avec Abb­vie en 2018.
http://​www​.infec​tio​lo​gie​.com/​U​s​e​r​F​i​l​e​s​/​F​i​l​e​/​j​n​i​/​2​0​1​8​/​s​y​m​p​o​/​j​n​i​1​8​–​s​y​m​p​o​–​l​a​c​o​m​b​e​–​a​e​i​.​pdf

Elle a éga­le­ment par­ti­ci­pé à une étude pour Abb­Vie publiée en novembre 2018
https://​www​.research​gate​.net/​p​u​b​l​i​c​a​t​i​o​n​/​3​2​9​1​9​4​1​2​3​_​1​9​6​5​_​S​a​f​ety…

Karine Lacombe était éga­le­ment for­ma­trice lors d’une jour­née de for­ma­tion finan­cée par Abb­vie faite le 17 octobre 2019 !
https://​www​.fede​ra​tio​nad​dic​tion​.fr/​a​p​p​/​u​p​l​o​a​d​s​/​2​0​1​9​/​0​6​/​F​l​y​e​r​_​P​a​r​i​s​.​pdf

Il y a un conflit d’in­té­rêts caractérisé.
Tous ces poli­ti­ciens ven­dus aux lob­bys sont à vomir !

Source : http://​desie​ben​thal​.blog​spot​.com/​2​0​2​0​/​0​3​/​b​i​z​a​r​r​e​–​b​i​z​a​r​r​e​.​h​tml

 

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :

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Pourquoi tant de patients atteints de coronavirus sont-ils morts en Italie ? (The Telegraph)


Lire l’ar­ticle du Tele­graph : https://​www​.tele​graph​.co​.uk/​g​l​o​b​a​l​–​h​e​a​l​t​h​/​s​c​i​e​n​c​e​–​a​n​d​–​d​i​s​e​a​s​e​/​h​a​v​e​–​m​a​n​y​–​c​o​r​o​n​a​v​i​r​u​s​–​p​a​t​i​e​n​t​s​–​d​i​e​d​–​i​t​aly

Résu­mé commenté :

D’a­près le Pro­fes­seur Wal­ter Ric­ciar­di, Conseiller du Ministre ita­lien de la San­té, le nombre éton­nam­ment éle­vé de morts en Ita­lie est dû prin­ci­pa­le­ment à trois causes :

1. Une popu­la­tion vieillis­sante : les Ita­liens sont les plus vieux au monde après le Japon : 67 ans d’âge médian des malades, contre 46 ans en Chine…,

2. un sys­tème de san­té sur­char­gé, parce que
(les trois causes sui­vantes de la sur­charge du sys­tème de san­té ita­lien ne sont pas évo­quées dans l’ar­ticle et sont com­munes aux pays de l’UE néolibérale) :

(a) détruit par 40 ans de NÉOLIBÉRALISME et de « réformes » du mana­ge­ment et du finan­ce­ment des hôpi­taux : l’I­ta­lie comp­tait 10 lits pour 1 000 habi­tants en 1975, et seule­ment 3 en 2017 !, source OCDE : https://​data​.oecd​.org/​c​h​a​r​t​/​5​T94

(b) tou­jours très embou­teillé tous les ans à cette époque de l’année, 

© par­ti­cu­liè­re­ment ici quand, par PEUR d’un dan­ger très extra­or­di­naire, on REGROUPE tous les malades dans un petit nombre de grands hôpi­taux ultra-modernes au lieu de répar­tir la charge en soi­gnant loca­le­ment un peu par­tout) (et la sur­charge crée des morts en plus, faute de soins),

3. et la façon dont les décès sont signa­lés : en Ita­lie, TOUS les morts qui avaient le coro­na­vi­rus au moment de mou­rir sont comp­tés comme étant MORTS À CAUSE DU coro­na­vi­rus… En réa­li­té, selon le Pro­fes­seur Wal­ter Ric­ciar­di, seuls 12% des morts annon­cés peuvent être mis vrai­ment sur le compte du coro­na­vi­rus : « 800 morts hier », par exemple, sont en fait 96 morts du coronavirus…

Voir l’ar­ticle du Telegraph :
https://​www​.tele​graph​.co​.uk/​g​l​o​b​a​l​–​h​e​a​l​t​h​/​s​c​i​e​n​c​e​–​a​n​d​–​d​i​s​e​a​s​e​/​h​a​v​e​–​m​a​n​y​–​c​o​r​o​n​a​v​i​r​u​s​–​p​a​t​i​e​n​t​s​–​d​i​e​d​–​i​t​a​ly/

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

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Et maintenant on culpabilise les citoyens, par Marco Bersani (Attac & CADTM)

Une des stra­té­gies les plus effi­caces mises en œuvre dans toute situa­tion d’urgence par les pou­voirs forts consiste à culpa­bi­li­ser les indi­vi­dus pour obte­nir d’eux qu’ils inté­rio­risent la nar­ra­tion domi­nante sur les évé­ne­ments en cours, afin d’éviter toute forme de rébel­lion envers l’ordre constitué.

Cette stra­té­gie a été lar­ge­ment mise en œuvre dans la der­nière décen­nie avec le choc de la dette publique, pré­sen­té comme la consé­quence de modes de vie dérai­son­nables, où l’on vivait au-des­­sus de ses moyens sans faire preuve de res­pon­sa­bi­li­té envers les géné­ra­tions futures.
L’objectif était d’éviter que la frus­tra­tion due à la dégra­da­tion des condi­tions de vie de larges couches de la popu­la­tion ne se trans­forme en rage contre un modèle qui avait don­né la prio­ri­té aux inté­rêts des lob­bies finan­ciers et des banques sur les droits des individus.
C’est bien cette stra­té­gie qu’on est est en train de déployer dans la phase la plus cri­tique de l’épidémie de coronarivus.
L’épidémie a mis le roi à nu et fait res­sor­tir toutes les impos­tures de la doc­trine libérale

Un sys­tème sani­taire comme celui de l’Italie a été sacri­fié sur l’autel du pacte de stabilité

Un sys­tème sani­taire comme celui de l’Italie, qui jusqu’il y a dix ans était l’un des meilleurs du monde, a été sacri­fié sur l’autel du pacte de sta­bi­li­té : des coupes bud­gé­taires d’un mon­tant glo­bal de 37 mil­liards et une réduc­tion dras­tique du per­son­nel (moins 46.500 per­sonnes, entre méde­cins et infir­mières), avec pour brillant résul­tat la dis­pa­ri­tion de plus de 70.000 lits d’hôpital – ce qui veut dire, s’agissant de la thé­ra­pie inten­sive de dra­ma­tique actua­li­té, qu’on est pas­sé de 922 lits pour 100.000 habi­tants en 1980 à 275 en 2015.
Tout cela dans le cadre d’un sys­tème sani­taire pro­gres­si­ve­ment pri­va­ti­sé, et sou­mis, lorsqu’il est encore public, à une tor­sion entre­pre­neu­riale obsé­dée par l’équilibre financier.
Que la mise à nu du roi soit par­tie de la Lom­bar­die est on ne peut plus illus­tra­tif : cette région consi­dé­rée comme le lieu de l’excellence sani­taire ita­lienne est aujourd’hui ren­voyée dans les cordes par une épi­dé­mie qui, au cours du drame de ces der­nières semaines, a prou­vé la fra­gi­li­té intrin­sèque d’un modèle éco­­no­­mi­­co-social entiè­re­ment fon­dé sur la prio­ri­té aux pro­fits d’entreprise et sur la pré­émi­nence de l’initiative privée.
Peut-on remettre en ques­tion ce modèle, et cou­rir ain­si le risque que ce soit tout le châ­teau de cartes de la doc­trine libé­rale qui s’écroule en cas­cade ? Du point de vue des pou­voirs forts, c’est inacceptable.
Et ain­si démarre la phase de culpa­bi­li­sa­tion des citoyens
Ce n’est pas le sys­tème sani­taire, dé-finan­­cé et pri­va­ti­sé qui ne fonc­tionne pas ; ce ne sont pas les décrets insen­sés qui d’un côté laissent les usines ouvertes (et encou­ragent même la pré­sence au tra­vail par des primes) et de l’autre réduisent les trans­ports, trans­for­mant les unes et les autres en lieux de pro­pa­ga­tion du virus ; ce sont les citoyens irres­pon­sables qui se com­portent mal, en sor­tant se pro­me­ner ou cou­rir au parc, qui mettent en péril la résis­tance d’un sys­tème effi­cace par lui-même.
Cette chasse moderne, mais très ancienne, au semeur de peste est par­ti­cu­liè­re­ment puis­sante, car elle inter­fère avec le besoin indi­vi­duel de don­ner un nom à l’angoisse de devoir com­battre un enne­mi invi­sible ; voi­là pour­quoi dési­gner un cou­pable (« les irres­pon­sables »), en construi­sant autour une cam­pagne média­tique qui ne répond à aucune réa­li­té évi­dente, per­met de détour­ner une colère des­ti­née à gran­dir avec le pro­lon­ge­ment des mesures de res­tric­tion, en évi­tant qu’elle ne se trans­forme en révolte poli­tique contre un modèle qui nous a contraints à la com­pé­ti­tion jusqu’à épui­se­ment sans garan­tir de pro­tec­tion à aucun de nous.
Conti­nuons à nous com­por­ter de façon res­pon­sable et fai­­sons-le avec la déter­mi­na­tion de qui a tou­jours à l’esprit et dans le cœur une socié­té meilleure.
Mais com­men­çons à écrire sur tous les bal­cons : « Nous ne revien­drons pas à la nor­ma­li­té, car la nor­ma­li­té, c’était le pro­blème ».
Mar­co Ber­sa­ni,
Pré­sident d’Attac Ita­lie et l’un des pro­mo­teurs du CADTM Italie.
Source : CADTM, http://www.cadtm.org/Et-maintenant-on-culpabilise-les-citoyen-ne‑s
Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :

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[Seul rempart — populaire — contre la tyrannie qui vient] LA VISION CONSTITUANTE

Ce serait bien que vous m’ai­diez à rédi­ger le plan détaillé (minu­té) de ce long entretien 🙂

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

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[Pour le RIC en toutes matières] Le Cercle des Citoyens Constituants disparus (version RICou), par Dr Alwest

Dans la play­list de la chaîne YT, il y a 50 vidéos qui retracent l’his­to­ric de St-Clair et du RIC ! 🙂


Les com­men­taires de la ver­sion ori­gi­nale sont sympas :

Fil face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​face​book​.com/​s​t​o​r​y​.​p​h​p​?​s​t​o​r​y​_​f​b​i​d​=​1​0​1​5​8​0​1​1​3​7​1​0​2​2​3​1​7​&​i​d​=​6​0​0​9​2​2​316

CHOUARD #1 : Lepage, les partis et le clivage Gauche/Droite (Le Canard Réfractaire)

Lors de mon récent pas­sage en Bre­tagne (pour une soi­rée for­mi­dable avec Franck, voyez les 7 vidéos : 1 2 3 4 5 6 et https://​you​tu​.be/​A​3​X​a​x​H​E​V​IOs), j’ai pas­sé un moment, au calme, avec les jeunes gens du Canard réfrac­taire. Je suis mani­fes­te­ment cre­vé, et sans doute un peu triste au fond, par­don, mais bon, voi­là, on y a évo­qué quelques thèmes dont je ne parle que rarement :

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

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[Projet d’expérimentation démocratique] Élaborer ensemble le RÈGLEMENT INTÉRIEUR de nos prochaines assemblées démocratiques, avec Maxime Péroud – 2ème Mumble de mobilisation : 29 mars à 20h30

Comme vous le savez, je sou­tiens le pro­jet pro­met­teur et enthou­sias­mant lan­cé par Maxime Péroud. Ce pro­jet consiste à simu­ler le fonc­tion­ne­ment d’une assem­blée déli­bé­ra­tive stric­te­ment démo­cra­tique et à éla­bo­rer son règle­ment inté­rieur. Ce pro­jet peut être consi­dé­ré comme un des piliers de la construc­tion de la démo­cra­tie que nous appe­lons de nos vœux.


https://​exp​-demo​.jim​do​.com/

Ce pro­jet est en cours et l’équipe actuelle a besoin de ren­fort (entre 5 et 10 coéquipiers).

Je vous en avais lon­gue­ment par­lé dans un article récent que je vous recom­mande de lire si vous ne connais­siez pas déjà ce projet :
https://​www​.chouard​.org/​2​0​2​0​/​0​2​/​2​8​/​p​r​o​j​e​t​–​d​e​x​p​e​r​i​m​e​n​t​a​t​i​o​n​–​d​e​m​o​c​r​a​t​i​q​u​e​–​e​l​a​b​o​r​e​r​–​e​n​s​e​m​b​l​e​–​l​e​–​r​e​g​l​e​m​e​n​t​–​i​n​t​e​r​i​e​u​r​–​d​e​–​n​o​s​–​p​r​o​c​h​a​i​n​e​s​–​a​s​s​e​m​b​l​e​e​s​–​d​e​m​o​c​r​a​t​i​q​u​e​s​–​a​v​e​c​–​m​a​x​i​m​e​–​p​e​r​o​u​d​–​s​u​ite

Le mieux est de com­men­cer par regar­der la longue vidéo de pré­sen­ta­tion du pro­jet qu’il a pré­pa­rée et qui est acces­sible sur la page VIDEO du site dédié au pro­jet : http://​www​.exp​-demo​.jim​do​.com

Puis, si le pro­jet vous inté­resse et si vous pen­sez pou­voir y par­ti­ci­per dans la durée, de vous ins­crire à la pro­chaine réunion d’information du 29 mars à 20h30.

Pour cela, il suf­fit de cli­quer sur « Par­ti­cipe » à l’événement Face­book https://​www​.face​book​.com/​e​v​e​n​t​s​/​2​5​0​3​7​1​8​7​6​1​2​5​071

et sur­tout d’envoyer un mes­sage à Maxime à par­tir de la page CONTACT du site http://​www​.exp​-demo​.jim​do​.com.  Il vous don­ne­ra ensuite toutes les indi­ca­tions pour par­ti­ci­per à la réunion.

Bien à vous tous.

Étienne.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​8​0​0​1​4​3​9​7​5​7​317

Aidez Chelsea Manning à payer son « amende » de 250 000$ pour avoir refusé de balancer #JulianAssange. 180 000$ recueillis en 24h

Priscillia Ludosky est en garde à vue depuis hier soir (commissariat 13e à Paris place d’Italie) pour « vol en réunion du portrait de Macron »… pour avoir seulement brandi dans la rue l’image honnie du despote du « régime » français.

Réunions de sou­tien dans les cafés alentour.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​face​book​.com/​s​t​o​r​y​.​p​h​p​?​s​t​o​r​y​_​f​b​i​d​=​1​0​1​5​7​9​9​3​5​5​9​6​5​7​3​1​7​&​i​d​=​6​0​0​9​2​2​316

Rendez-vous le 14 mars à Cassis, au Forum des Nouveaux Mondes : Retissons le monde ensemble

Samedi 14 mars 2020 à Cassis

Forum participatif : « Retissons le monde ensemble »

Écrire nous-mêmes la constitution – Réflexions sur le R.I.C (référendum d’initiative citoyenne) et les alternatives monétaires 

https://​www​.asso​cia​tion​les​nou​veaux​mondes​.com/​f​o​r​u​m​–​2​020

(Bras­se­rie et buvette sur place – Empor­tez vos gourdes pour l’eau originelle)
Ins­crip­tion et covoi­tu­rage en fin de page

Les outils concrets pour assu­rer la tran­si­tion :

- Mon­tage idéal juri­­di­­co-finan­­cier pour les éco­lieux, habi­tats par­ti­ci­pa­tifs, éco­vil­lages etc.
– Réforme consti­tu­tion­nelle et RIC
– Eco­no­mie et monnaies
– Les construc­tions d’ha­bi­tat légers
– Per­ma­cul­ture et agroforesterie
– L’in­tel­li­gence collective
– La gou­ver­nance partagée
– La com­mu­ni­ca­tion bienveillante
– Les phi­lo­so­phies qui repensent le monde

 

Invi­tés : Etienne Chouard, Jean-Michel Elzeard,  Phi­lippe Pel­lan, Michèle Ava­ro, Béa­trice Mesi­ni, Véro­nique Guérin

 

Les confé­rences – débats – ateliers :

10h00
Confé­rence débat
Auto­no­mie et mode vie éco­lo­gique pour la socié­té de demain :
« com­ment vivre et se nour­rir en pre­nant soin de la planète »
avec Phi­lippe Pellan
Eco-pay­­sa­­giste concep­teur, for­ma­teur en éco­lo­gie appli­quée et édi­teur engagé.
Pro­duire son éner­gie. Pro­duire sa nour­ri­ture. Vivre en Tiny house. Réduire son impact sur l’environnement. Pro­té­ger et soi­gner  son envi­ron­ne­ment. Les bases de la per­ma­cul­ture.  Ges­tion éco­lo­gique, et éco­no­mie d’eau sur un site auto­nome. Toi­lettes sur silo à com­post bio-maitrisées…
En savoir plus sur l’intervenant
Site : eco​lieu​-les​-aman​diers​.com

11h30
Confé­rence débat
Chan­ger notre regard sur l’ha­bi­tat léger : 
avec Béa­trice Mesini
« Les éco-logis éphé­mères et réver­sibles du Sud-Ardèche, ancrage et désan­crage dans les espaces-ressources »
Socio­logue, juriste, cher­cheure CNRS, Membre du Pôle de Déve­lop­pe­ment Durable des Ter­ri­toires Médi­ter­ra­néens, Membre du réseau Ega­li­té des droits sociaux. Cette mono­gra­phie des formes d’habitats légers et mobiles a été conduite en Ardèche méri­dio­nale en col­la­bo­ra­tion avec l’association Avril, en rai­son de l’in­té­rêt mani­fes­té par le Pays et les col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales pour ce mode aty­pique de rési­den­tia­li­tés (yourte, tipi, tente, mara­bout, rou­lotte, camion, cara­vane, auto-construc­­tion, serre). Les témoi­gnages col­lec­tés par Flo­riane Bon­na­foux, ont été ana­ly­sés et com­plé­tés par de tra­vaux pré­cé­dents conduits dans les Pyré­nées, le Vau­cluse, les Cévennes, le Limou­sin (Més­i­ni, 2014). La notion d’habiter implique l’appropriation de l’espace, mais recouvre des signi­fi­ca­tions plu­rielles rele­vant du cog­ni­tif, de l’affectif et de l’esthétique.(…) Faut-il se battre loca­le­ment sur un « ter­ri­toire hos­tile » pour faire évo­luer les men­ta­li­tés, ou migrer vers des ter­ri­toires plus accueillants et hospitaliers ?
En savoir plus sur l’intervenante

 

14h00
Confé­rence débat
Les mon­tages juri­­di­­co-finan­­ciers à connaître pour construire le vivre ensemble dans les éco­lieux, les habi­tats par­ti­ci­pa­tifs, de manière éthique et durable
avec Jean-Michel Elzeard
Maître en droit des affaires et IEP d’Aix-en-Provence (sciences-po), chef d’en­tre­prise, pro­mo­teur immo­bi­lier, assis­tant à maître d’ou­vrage spé­cia­li­sé dans les éner­gies renou­ve­lables et les bâti­ments à éner­gie posi­tive, accou­cheur d’ha­bi­tat par­ti­ci­pa­tif (www​.eco​ra​vie​.org), pro­mo­teur de lieu alter­na­tif avec la coopé­ra­tive les pas-sages, une union entre les pluriels.

 

16h00
Confé­rence théâtralisée 

Gou­ver­nance partagée
avec Véro­nique Guérin
Psy­cho­so­cio­logue, direc­trice de l’organisme de for­ma­tion Etin­celle, elle explore la dyna­mique des groupes et l’évolution indi­vi­duelle et col­lec­tive via le théâtre.
La gou­ver­nance par­ta­gée favo­rise une syner­gie agréable et créa­tive ou s’articulent effi­ca­ci­té et ouver­ture à la diver­si­té. Au tra­vers d’un spec­tacle inter­ac­tif, nous abor­de­rons quelques point-clefs de la gou­ver­nance par­ta­gée  : la rai­son d’être, la cla­ri­fi­ca­tion des rôles et la prise  de déci­sion par consentement.
Site : www​.etin​celle​-theatre​-forum​.com

17h30
Pré­sen­ta­tion atelier
Intel­li­gence collective
avec Michèle Ava­ro
Faci­li­ta­trice d’a­te­liers d’in­tel­li­gence col­lec­tive et de groupes de codé­ve­lop­pe­ment auprès d’en­tre­prises et de par­ti­cu­liers. Accré­di­tée par le Centre Euro­péen de codé­ve­lop­pe­ment, CECODEV à PARIS. Membre de l’A­QCP, Asso­cia­tion Qué­bé­coise de Codé­ve­lop­pe­ment, dans le res­pect de son code éthique. Faci­li­ta­trice de forum ouvert, for­mée à la média­tion par l’Institut d’Etudes Poli­tiques d’Aix en Pro­vence, Coach adhé­rente à la Fédé­ra­tion Inter­na­tio­nale de coach (ICF), et Mas­ter en pro­gram­ma­tion neu­ro linguistique.
Cette approche s’appuie sur la réa­li­té du vécu de cha­cun, elle per­met aux par­ti­ci­pants de par­ta­ger ce vécu dans un espace sécu­ri­sé et de béné­fi­cier du groupe pour aider à la réflexion. Au-delà de la pro­duc­tion de solu­tions pra­tiques, elle per­met un tra­vail sur les savoirs-être de cha­cun, tra­vail néces­saire pour se sen­tir en sécu­ri­té dans le groupe et oser s’exprimer avec bien­veillance. La mixi­té des âges, métiers, sexes, cultures, consti­tue une richesse ines­ti­mable. Le tra­vail de cha­cun sur ses « peurs, appré­hen­sions », per­met peu à peu de s’ouvrir à l’autre, aux autres et d’aller che­min fai­sant vers une intel­li­gence collective.
En savoir plus sur l’intervenante

En rai­son des contraintes de temps d’1h30, nous vous pro­po­sons d’envoyer par mail un SUJET en amont qui vous tient à cœur, en lien avec le thème du forum à[email protected] et [email protected] en copie
Un sujet sera choi­si pour le dérou­le­ment de l’atelier pour faci­li­ter son expres­sion dans le temps imparti.
Lors de ces ate­liers un seul sujet peut être abor­dé, cepen­dant l’expérience montre à chaque fois, la trans­ver­sa­li­té entre les sujets et même si le vôtre n’est pas choi­si vous y tra­vaille­rez tout de même.
Voi­ci quelques conseils pour choi­sir et rédi­ger votre sujet :
. Votre sujet peut être un pro­jet, une dif­fi­cul­té, une pro­blé­ma­tique ou une déci­sion à prendre, ou sim­ple­ment une préoccupation.
. Choi­sir un sujet, une situa­tion réelle, dont vous êtes acteur/actrice en ce moment.
. Choi­sir un sujet que vous avez envie de faire avan­cer, et sur lequel vous avez le pou­voir d’agir
Une ques­tion pour vous aider à le rédi­ger : « Qu’est-ce que je ren­contre aujourd’hui, concrè­te­ment dans mon quo­ti­dien comme situa­tion, dif­fi­cul­té, en lien avec le thème du forum, « retis­sons le monde ensemble » que je sou­haite par­ta­ger et faire évo­luer ? Au plai­sir de décou­vrir vos sujets, et mer­ci de votre coopé­ra­tion pour pré­pa­rer cette belle jour­née qui s’annonce !

19h00
Confé­rence et atelier
Ecrire nous-mêmes la consti­tu­tion – Réflexions sur le R.I.C
(réfé­ren­dum d’i­ni­tia­tive citoyenne) et les alter­na­tives monétaires
avec Etienne Chouard
pro­fes­seur de droit et d’é­co­no­mie à Mar­seille, blo­gueur et mili­tant poli­tique pré­pa­rant un pro­ces­sus consti­tuant démo­cra­tique par édu­ca­tion popu­laire (entre simples citoyens).
Depuis 2005 et son « NON » média­ti­sé au réfé­ren­dum sur la Consti­tu­tion euro­péenne, il tra­vaille à une autre orga­ni­sa­tion poli­tique de la socié­té, à tra­vers une nou­velle Consti­tu­tion d’o­ri­gine populaire.
Depuis 15 ans, il anime de nom­breuses confé­rences et ate­liers consti­tuants, en France et à l’é­tran­ger, pour que, pro­gres­si­ve­ment, les élec­teurs enfants se trans­forment par eux-mêmes en citoyens adultes.
Le site de Etienne Chouard
En savoir plus sur l’intervenant

Pro­gramme :

10h Phi­lippe PELLAN
11h30 Bea­trice MESINI
Pause
14h Jean-Michel Elzeard
16h Vero­nique GUERIN
17h30 Michèle AVARO
19h Etienne CHOUARD

 

Lieu : Cas­sis centre cultu­rel (salles du haut) ave­nue Agos­ti­ni. Plan sur Google Maps

Horaires : de 10h à 20h

Tarif entrée : 35€/30€ adhé­rent la journée

Lien pour covoi­tu­rage : www​.toget​zer​.com/​c​o​v​o​i​t​u​r​a​g​e​–​e​v​e​n​e​m​e​n​t​/​r​s​z​2rk

Nous met­tons une buvette et bras­se­rie bio à dis­po­si­tion sur place pen­dant la jour­née avec assiette repas, vin, thé, tisane et café.

Mer­ci d’ap­por­ter vos gourdes !
Thi­baut vous offre de les rem­plir sur place d’une déli­cieuse eau ori­gi­nelle ! www​.eau​ri​gi​nelle​.com

JE M’INSCRIS

Une liste citoyenne (marquée « Gilets Jaunes » – label de qualité apposé par le préfet, véritable légion d’honneur de résistance citoyenne au régime illégitime) pour un vrai RIC local, à Saint-Clair-du-Rhône, « capitale du RIC »

Encore une ini­tia­tive passionnante !
Et ça se passe dans « la capi­tale du RIC », Saint-Clair-du-Rhône 🙂

La page Face­book de cette liste éti­que­tée « Gilets Jaunes » par le pré­fet, label de qua­li­té poli­tique, sorte de légion d’hon­neur de vraie résis­tance à la vio­lence d’É­tat contre le peuple) :

https://www.facebook.com/Avec-nous-le-pouvoir-est-%C3%A0-VOUS-104827891121519/

Un repor­tage sur France 3 Gre­noble et Lyon devrait être dif­fu­sé ce soir (jeu­di 12 mars) dans le 1920 et demain dans le 1213.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​9​8​7​5​7​1​7​0​2​317

Annie Lacroix-Riz La NON-épuration en France

For­mi­dable Annie Lacroix-Riz :
https://​you​tu​.be/​n​s​w​d​S​L​X​C​4​Q​8​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.be

Annie inter­ro­gée aus­si sur Quar­tier libre :
https://​you​tu​.be/​I​_​N​2​E​4​5​K​W​F​Q​&​f​e​a​t​u​r​e​=​e​m​b​_​l​ogo

Sur Fran­çois Mitterrand :

Sur de Gaulle :

Confé­rence longue sur la NON-Épu­­ra­­tion en France :

Livre impor­tant :

La NON-épuration en France 


https://www.armand-colin.com/la-non-epuration-en-france-de-1943-aux-annees-1950–9782200625146

Dès 1943 et jusque dans les années 1950, les élites impli­quées dans la Col­la­bo­ra­tion ont cher­ché à se « recy­cler ». Y a‑t‑il vrai­ment eu, en France, une poli­tique d’épuration ?
L’au­teure explore cette ques­tion tout au long de son ouvrage dans lequel elle démontre que l’é­pu­ra­tion cri­mi­na­li­sée ayant sui­vi la Libé­ra­tion (femmes ton­dues, cours mar­tiales, exé­cu­tions) a cher­ché à camou­fler la non-épu­­ra­­tion, aus­si bien de la part des minis­tères de l’In­té­rieur et de la Jus­tice que de celle des milieux finan­ciers, de la magis­tra­ture, des jour­na­listes, des hommes poli­tiques, voire de l’E­glise. De nom­breux anciens col­la­bo­ra­teurs ont ain­si béné­fi­cié de « grands pro­tec­teurs ». Le poids des Etats-Unis a éga­le­ment par­ti­ci­pé de cette non-épuration.
Annie Lacroix-Riz nous livre sa ver­sion des faits basée sur les archives et prend le contre­pied des ouvrages d’his­toire de l’é­pu­ra­tion parus ces vingt der­nières années, selon elle aus­si una­nimes que fan­tai­sistes, se concen­trant exclu­si­ve­ment sur l’é­pu­ra­tion (dite) sau­vage, sys­té­ma­ti­que­ment confon­due avec celle de la Résis­tance armée.

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet : 

https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​7​9​8​0​4​0​4​1​8​7​317

[Très important, faites passer] Et si les municipales étaient l’occasion de mettre en place un RIC ? par (le formidable) Raul Magni-Berton

Chers amis,

Ne ratez pas cette impor­tante étude du Raul sur nos pos­si­bi­li­tés juri­diques actuelles d’ins­ti­tuer loca­le­ment le RIC, ici et maintenant.

À impri­mer, à lire le crayon à la main, et à faire connaître par­tout autour de vous (car il ne faut pas comp­ter sur les pré­ten­dus « jour­na­listes » mains­tream pour faire une publi­ci­té loyale à une telle syn­thèse des moyens d’é­man­ci­pa­tion popu­laire par le RIC).

Bon cou­rage à tous, pour sup­por­ter cette période d’é­lec­tions où les médias nous rebattent les oreilles toute la jour­née avec le mot démo­cra­tie lit­té­ra­le­ment mis à l’en­vers, et confondent cent fois par jour, et sans per­sonne pour les contre­dire, élire et voter…

Hâte de vous retrou­ver demain à Longuyon 🙂

Étienne.



http://​the​con​ver​sa​tion​.com/​e​t​–​s​i​–​l​e​s​–​m​u​n​i​c​i​p​a​l​e​s​–​e​t​a​i​e​n​t​–​l​o​c​c​a​s​i​o​n​–​d​e​–​m​e​t​t​r​e​–​e​n​–​p​l​a​c​e​–​u​n​–​r​i​c​–​1​3​0​896

Raul Magni-Ber­­ton : L’un des prin­ci­paux points de reven­di­ca­tion lors du mou­ve­ment des « gilets jaunes » a été le Réfé­ren­dum d’initiative citoyenne – le RIC. Une reven­di­ca­tion qui a été lar­ge­ment relayée par la presse natio­nale entre décembre 2018 et mars 2019 mais qui, depuis, fait de moins en moins la une dans le débat public.

Avec l’essoufflement du mou­ve­ment des « gilets jaunes » et la mobi­li­sa­tion impor­tante des der­niers mois sur la réforme des retraites, l’appel à la démo­cra­ti­sa­tion par le RIC a per­du sa force. En fait, le refus caté­go­rique de cette mesure de la part de la majo­ri­té en place semble avoir décou­ra­gé ses soutiens.

Pour­tant, le RIC local, et plus géné­ra­le­ment la démo­cra­ti­sa­tion de la vie locale, sera l’un des enjeux des pro­chaines élec­tions municipales.

Cette reven­di­ca­tion n’est certes plus dans la rue ni dans les médias, mais elle conti­nue à faire son che­min dans des cercles plus res­treints. Plu­sieurs asso­cia­tions visent à consul­ter les citoyens sur la forme que peut prendre un RIC, à l’image d’Objec­tif RIC ou de Culture RIC.

Plu­sieurs réfé­ren­dums locaux orga­ni­sés par les habi­tants ont été lan­cés, à Gre­noble entre le 14 et le 20 octobre 2019 ou à Saint-Affrique dans l’Aveyron le 11 novembre.

Enfin, depuis un an nous voyons émer­ger des think tanks, groupes de pres­sion, mobi­li­sa­tions locales visant à ins­tau­rer le RIC au niveau natio­nal et local. Des ins­ti­tuts se spé­cia­lisent éga­le­ment sur ce pro­ces­sus et sa mise en place concrète en France, comme l’Ins­ti­tut de recherche ter­ri­toire démo­cra­tique dont je suis membre.

Ric local et expé­ri­men­tal à Saint-Affrique : Après les débats en petits comi­tés, les Gilets jaunes invitent au vote par réfé­ren­dum https://www.avey​ron​di​gi​tal​news​.fr/​2​0​1​9​/​1​1​/​2​2​/​ric-local-et-experimental-a-saint-affrique-apres-les-debats-en-petits-comites-les-gilets-jaunes-invitent-au-vote-par-referendum/?feed_id=1661&_unique_id=5dd7ea00b5b1d 

Ric local et expérimental à Saint-Affrique : Après les débats en petits comités, les Gilets jaunes invitent au vote par référendum 

« Ins­tau­rer aus­si sou­vent que pos­sible l’utilisation de pro­duits bio issus de pro­duc­teurs locaux dans les pré­pa­ra­tions des cui­sines col­lec­tives de Saint- Affrique » ; « inter­dire l’usage du gly­pho­sate et des pro­duits phy­to­sa­ni­taires sur la com­mune » ; « inté­grer le Ric dans les prises de déci­sion de la com­mune ». Ces trois pro­po­si­tions, les plus sou­te­nues par …

Des initiatives à concrétiser lors des municipales

Les élec­tions muni­ci­pales consti­tue­ront la pre­mière étape qui per­met d’évaluer l’activité de ces groupes. Plu­sieurs per­sonnes impli­quées dans le mou­ve­ment des « gilets jaunes » ont choi­si, au niveau muni­ci­pal, soit de lan­cer une asso­cia­tion pour faire pres­sion sur les can­di­dats, soit de créer des listes citoyennes indé­pen­dantes de tout par­ti poli­tique, soit encore d’entrer dans des listes sou­te­nues par des par­tis poli­tiques à la condi­tion d’exiger le RIC.

C’est le cas par exemple, de la France Insou­mise, d’Europe Éco­lo­gie les Verts ou du Ras­sem­ble­ment natio­nal.

Pro­mou­voir le RIC au niveau local n’est pas un com­bat évident. La France est un pays très cen­tra­li­sé et bien peu de com­pé­tences sont délé­guées, qu’il s’agisse du niveau local, et encore plus muni­ci­pal. Cepen­dant, pro­mou­voir le RIC au niveau local est une stra­té­gie qui vise avant tout à refaire vivre cette reven­di­ca­tion, à la faire connaître aux citoyens et à l’exercer concrètement.

Une mani­fes­tante en gilet jaune : sa veste porte l’inscription RIC lors d’une mobi­li­sa­tion à Paris le 28 sep­tembre 2019. Zaka­ria Abdelkafi/AFP

Illégalité de la mesure

Le prin­ci­pal pro­blème lié à cette reven­di­ca­tion au niveau muni­ci­pal est que le RIC est, en tant que tel, illégal.

Plus géné­ra­le­ment, les com­munes n’ont pas la pré­ro­ga­tive qui consiste à déci­der com­ment elles vont prendre des déci­sions, puisque celle-ci revient à l’État et appa­raît dans le Code géné­ral des col­lec­ti­vi­tés ter­ri­to­riales. D’après celui-ci, les deux ins­tru­ments clefs du RIC – la péti­tion et le réfé­ren­dum – sont pré­vus, mais d’une façon qui n’est pas com­pa­tible avec le fonc­tion­ne­ment du RIC. Ce der­nier pré­voit qu’une péti­tion puisse déclen­cher auto­ma­ti­que­ment un réfé­ren­dum dont le résul­tat est contrai­gnant pour les pou­voirs publics. Par consé­quent, il s’agit d’une pro­cé­dure où, à aucun moment, les repré­sen­tants ont leur mot à dire.

Or, quatre dis­po­si­tifs pré­voient l’utilisation de la péti­tion ou du référendum.

D’autres mesures déjà prévues

Tout d’abord, il existe dans la Consti­tu­tion la pos­si­bi­li­té de lan­cer une péti­tion pour deman­der l’inscription d’une ques­tion à l’ordre du jour d’une assem­blée locale.

Il n’y a pas encore de texte d’application de ce dis­po­si­tif, mais les com­munes peuvent y faire appel dans la mesure où il s’agit d’un droit consti­tu­tion­nel­le­ment pro­té­gé. Cepen­dant, ce droit ne per­met pas de déclen­cher un référendum.

Il existe éga­le­ment la consul­ta­tion d’initiative popu­laire, selon laquelle 20 % des ins­crits peuvent déclen­cher un réfé­ren­dum à tra­vers une péti­tion, mais ce réfé­ren­dum n’est pas contrai­gnant pour les pou­voirs publics.

D’où son label « consul­ta­tion », qui signi­fie qu’il est consul­ta­tif. Il faut éga­le­ment noter que le déclen­che­ment du réfé­ren­dum n’est pas contrai­gnant non plus, si bien qu’à chaque étape le conseil muni­ci­pal peut arrê­ter le processus.

Par ailleurs si les consul­ta­tions à l’initiative de la col­lec­ti­vi­té ter­ri­to­riale existent, elles ne pré­voient ni d’initiative citoyenne, ni de réfé­ren­dum contraignant.

Enfin, si le réfé­ren­dum local lui est bien contrai­gnant, il faut que la par­ti­ci­pa­tion atteigne 50 %. Et, l’initiative de ce réfé­ren­dum revient au conseil municipal.

Un guide pour le RIC

Au-delà de ces dis­po­si­tifs, aucune autre pro­cé­dure ne peut être mise en place, sous peine d’être dénon­cée par le pré­fet et annu­lée par le juge admi­nis­tra­tif. Le der­nier cas en date remonte à 2018, quand la muni­ci­pa­li­té de Gre­noble a vu son RIC – appe­lé Inter­pel­la­tion et vota­tion citoyenne – annu­lé de cette façon. Dès lors, il est pré­fé­rable se conten­ter des dis­po­si­tifs exis­tants. La méthode la plus intui­tive est de pous­ser les can­di­dats à uti­li­ser la consul­ta­tion d’initiative popu­laire, comme le fait effi­ca­ce­ment le Comi­té de liai­son pour l’initiative citoyenne. Ce comi­té est deve­nu un véri­table lob­by pour pro­mou­voir le RIC, en ras­sem­blant les per­sonnes morales qui défendent cette ins­ti­tu­tion et en fai­sant pres­sion sur les élus.

Cepen­dant, il existe une alter­na­tive juri­dique pour mettre en place un RIC au niveau local bien plus effi­cace que la consul­ta­tion. Les détails sont don­nés dans le « Guide pour mettre en place le Réfé­ren­dum d’initiative citoyenne dans une com­mune dès aujourd’hui » en accès libre sur le site de l’Institut de recherche Ter­ri­toire démo­cra­tique et auquel j’ai moi-même participé.

La pré­co­ni­sa­tion de ce guide, écrit à l’origine pour la mise en place du RIC à Gre­noble, a été reprise par plu­sieurs listes can­di­dates aux élec­tions muni­ci­pales, dont deux des trois citées plus haut.

Il s’agit d’enchaîner trois dis­po­si­tifs par­fai­te­ment légaux : le vœu, la péti­tion et le réfé­ren­dum local.

Pho­to prise le 24 octobre 2019 dans le quar­tier Arle­quin, à Gre­noble, où les habi­tants ont mis en place un RIC concer­nant l’avenir de cer­tains bâti­ments dont la démo­li­tion ou la réno­va­tion est pré­vue. Jean‑Pierre Clatot/AFP

Trois dispositifs cruciaux

Tout d’abord, il faut que le conseil muni­ci­pal for­ma­lise son inten­tion poli­tique d’octroyer ce nou­veau droit aux citoyens à tra­vers un acte écrit, mais non contrai­gnant. Ceci peut se faire par le vœu.

Cela signi­fie que le conseil muni­ci­pal demande au maire d’être sai­si sur toute ques­tion fai­sant l’objet d’une péti­tion écrite par les citoyens et remise au conseil muni­ci­pal ; c’est une sub­ti­li­té légale qui per­met d’engager le conseil muni­ci­pal et le maire, tout en n’ayant pas de valeur légale. Il ne confère donc pas un « droit » mais un enga­ge­ment à faire comme si ce droit existait.

Ain­si, le tri­bu­nal admi­nis­tra­tif de Paris a consi­dé­ré en 2011 qu’un vœu du conseil de Paris ten­dant à ce que le maire le sai­sisse de cer­taines péti­tions n’était pas contraire au droit. Cette étape consiste à rendre cré­dible le dis­po­si­tif aux yeux des citoyens.

La deuxième étape consiste à uti­li­ser le droit de péti­tion pour deman­der l’inscription d’une ques­tion à l’ordre du jour d’une assem­blée locale ins­crit dans la consti­tu­tion. Il s’agit ici de mettre concrè­te­ment en œuvre le dispositif.

Puisque ce dis­po­si­tif péti­tion­naire n’est pas régle­men­té par la loi, chaque com­mune est libre de régle­men­ter comme il le sou­haite. Ain­si, elle peut s’engager à rendre compte de toute péti­tion qui atteint un seuil entre 1 % et 5 % (selon la taille de la com­mune), ou elle peut éga­le­ment accep­ter les signa­tures des rési­dents non natio­naux. Il s’agit d’une pro­cé­dure assez cou­rante qui, si elle ne débouche pas habi­tuel­le­ment sur un réfé­ren­dum, fait sou­vent l’objet de débats au sein des conseils muni­ci­paux, comme, par exemple, c’est le cas à Stras­bourg.

Fina­le­ment, l’engagement du conseil muni­ci­pal consiste à mettre en place un réfé­ren­dum local sur tout objet de péti­tion qui atteint le seuil requis.

Le réfé­ren­dum local n’est contrai­gnant que si le seuil de 50 % de par­ti­ci­pa­tion est atteint. Si ce seuil n’est pas atteint, le conseil muni­ci­pal est libre de suivre ou non le résul­tat majo­ri­taire. Ce seuil est très exigent : il est non seule­ment très rare­ment atteint pour les réfé­ren­dums, mais aus­si pour les élec­tions locales. Il est donc impor­tant que le conseil muni­ci­pal s’engage auprès des citoyens à suivre sys­té­ma­ti­que­ment l’avis majo­ri­taire même si le seuil de par­ti­ci­pa­tion n’est pas atteint.

Est-ce que cela fonctionne ?

Cette for­mu­la­tion a deux avan­tages et un incon­vé­nient. Pre­miè­re­ment, elle com­bine trois dis­po­si­tifs légaux, et est donc légale face au juge admi­nis­tra­tif (même s’il y a encore un risque dans l’interprétation du vœu). Deuxiè­me­ment, il per­met de construire un RIC basé sur des seuils de signa­tures abor­dables et sur des ins­ti­tu­tions contraignantes.

Il a été démon­tré que des seuils trop hauts conduisent à des dis­po­si­tifs inopé­rants, et des dis­po­si­tifs non contrai­gnants décou­ragent l’utilisation du RIC comme ins­tru­ment de contes­ta­tion, en lui enle­vant ain­si sa pre­mière qualité.

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L’inconvénient majeur de ce dis­po­si­tif – comme tous les autres qui peuvent être mis en place au niveau local à l’heure actuelle – est qu’il repose sur la bonne volon­té des élus. Un incon­vé­nient de taille, mais qui ne pour­ra pas être évi­té. Comme noté plus haut, le RIC local aura plus une valeur péda­go­gique et expé­ri­men­tale qu’une valeur pro­pre­ment institutionnelle.

Actuel­le­ment, des dis­po­si­tifs démo­cra­tiques sont pro­po­sés par les dif­fé­rentes listes, même s’ils sont plus ou moins opé­rants. Une autre ini­tia­tive de cher­cheurs – le Par­ti­ci­po­mètre – vise à étu­dier et don­ner les moyens à tous d’évaluer l’aspect démo­cra­tique des pro­grammes des can­di­dats aux municipales.

Pour la pre­mière fois, les pro­grammes peuvent être com­pa­rés dans chaque com­mune par les inter­nautes comme les cher­cheurs. « Les résul­tats des éva­lua­tions sont publiés et mis en paral­lèle de ceux résul­tant de l’évaluation réa­li­sée par les cher­cheurs » indique le site du Par­ti­ci­po­mètre. Par­mi les dis­po­si­tifs éva­lués, le réfé­ren­dum d’initiative citoyenne aura une place de choix.

Raul Magni-Ber­­ton.

Source : http://​the​con​ver​sa​tion​.com/​e​t​–​s​i​–​l​e​s​–​m​u​n​i​c​i​p​a​l​e​s​–​e​t​a​i​e​n​t​–​l​o​c​c​a​s​i​o​n​–​d​e​–​m​e​t​t​r​e​–​e​n​–​p​l​a​c​e​–​u​n​–​r​i​c​–​1​3​0​896

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