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Discussion en direct avec Thomas Wroblevski au sujet de l’amélioration de la démocratie Suisse
Discussion en direct avec questions du public le 28 avril 2024 à 14h30 sur youtube à ce lien. https://www.youtube.com/watch?v=aRU31XhwEh4 Description : « Modernocratie est une organisation en développement en Suisse et constituée sous la forme d’une association. Le but est d’instituer la puissance politique du peuple pour limiter (ou mettre un terme) les abus de pouvoir. La Suisse est réputée pour son droit d’initiative constitutionnelle et son référendum (veto). Heureusement les suisses ont…
Démocratie : faut-il un contrôle populaire du peuple lui-même ? Étienne Chouard, Gradignan 13/4/2024
Étienne Chouard chez Karl Zéro : « Le suffrage universel pour élire des maîtres ? Ils se foutent de notre gueule ! »
Merci à Karl, pour son combat important et courageux, pour sa gentille invitation, et pour ses commentaires bienveillants. https://twitter.com/karlitozero/status/1782439520811557100
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LE SOLEIL DES GILETS JAUNES DE MILLAU
https://youtu.be/yilNQPcV5Hk&feature=youtu.be
On n’est riche que de ses amis, c’est dit ♥
Je vous présente une bande de jeunes copains d’une chorale près de mon village, en Provence. Ce que le confinement les a conduits à faire ensemble est épatant.
On n’est riche que de ses amis, c’est dit ♥
Insurrection violente ou pas ? (+ Monnaie + Francis Cousin) Entretien avec Jean-Christophe Chavanon
J’ai passé un moment avec Jean-Christophe Chavanon, hier soir au calme :
On a évoqué les aspirations actuelles (compréhensibles) à la violence insurrectionnelle, et l’alternative non violente de notre mutation générale en citoyens constituants, devenus enfin méfiants de tous les pouvoirs, par principe et par méthode.
Il n’est pas surprenant, il est même logique et prévisible, que les hommes forts (aspirant à un pouvoir sans partage) méprisent et combattent cette idée alternative, pourtant prometteuse, du point de vue populaire, si on la comprend bien.
Tâchez d’inviter la constitution dans la plupart de vos conversations avec des inconnus, et advienne que pourra.
Étienne.
PS : on aussi parlé de monnaie et de création monétaire sous contrôle populaire.
PPS : on a aussi dit quelques mots de Francis Cousin.
Fil Facebook correspondant à ce billet :
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[RIC, Gilets jaunes] Entrer dans un parti politique ? Ou multiplier les ateliers constituants populaires autonomes ?
Merci à Benoît, pour la publication de cet extrait, et pour tout son travail sur cette belle chaîne YT.
Les ateliers constituants, c’est le service militaire des citoyens, l’entraînement (auto-organisé) où ils apprennent à se méfier des pouvoirs (et des hommes forts candidats au pouvoir) et où ils apprennent à manier les armes contre les pouvoirs, où ils deviennent des soldats, des soldats de la démocratie, où ils deviennent des adultes politiques, méfiants des puissants et jaloux de leur souveraineté, capables d’utiliser les meilleures armes politiques, loyalement.
Qu’un homme fort (qui se croit meilleur que les autres, qui voudrait tout décider à la place des autres, qui voudrait dominer le plus grand nombre) méprise et même déteste cette idée émancipatrice d’auto-institution de la société, ce n’est pas étonnant.
La seule piste de révolution sans l’aide des financiers, c’est la mutation générale des électeurs en citoyens, donc constituants.
Aucune révolution n’a jamais fonctionné sans l’aide secrète d’un gang financier rival du gang au pouvoir.
Le projet d’une révolution populaire victorieuse est un rêve de singe si on n’a pas formé des soldats politiques avant.
Tâchez de parler de la constitution autour de vous, surtout à des inconnus, pour que nous soyions de plus en plus nombreux.
Étienne.
Vidéo originale complète :
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[Mutation en citoyen constituant] Vincent Lindon : « comment ce pays si riche… »
Vers la fin de cette bonne synthèse, Vincent mute en citoyen constituant 🙂
Source : Mediapart, https://www.mediapart.fr/journal/france/060520/un–appel–de–vincent–lindon–comment–ce–pays–si–richehttps://www.mediapart.fr/journal/france/060520/un–appel–de–vincent–lindon–comment–ce–pays–si–riche
Comment ce pays si riche…
Traversé par le flot incessant des commentaires, désorienté par l’addition d’analyses souvent contradictoires, j’ai tenté de réfléchir à la question la plus banale : mais comment avons-nous pu en arriver là ? À cette situation inédite, littéralement stupéfiante.
Spécialiste en rien, intéressé par tout, il m’a paru pourtant utile de contribuer en faisant entendre une voix simplement citoyenne. Suis-je légitime pour interpeller nos dirigeants, tous professionnels de la chose publique, tous diplômés des meilleures écoles ? Pas plus qu’un autre sans doute, mais pas moins non plus, ayant pris soin de consulter nombre d’avis autorisés, notamment dans le domaine de la santé, où André Grimaldi [professeur émérite de diabétologie au CHU de la Pitié-Salpêtrière – ndlr] m’a apporté son éclairage.
Comment ce pays si riche, la France, sixième économie du monde, a‑t‑il pu désosser ses hôpitaux jusqu’à devoir, pour éviter l’engorgement des services de réanimation, se résigner à se voir acculé à cette seule solution, utile certes, mais moyenâgeuse, le confinement ? Nous qui, au début des années 2000 encore, pouvions nous enorgueillir d’avoir le meilleur système de santé du monde.
C’était avant.
Avant que s’impose la folle idée que la santé devait être rentable, puisque tout désormais devait être marchandise, jusqu’à la vie des hommes.
Un espoir s’était pourtant levé avec le nouveau chef de l’État Emmanuel Macron, et son programme promettant un « investissement massif dans le système de santé ». Hélas, l’élection acquise, il préféra poursuivre l’action de ses prédécesseurs. S’il n’est donc que le dernier avatar d’une même politique, il porte pourtant une responsabilité particulière, pour avoir ignoré tous les signaux d’alerte.
Douze mois de grève des urgences ? Les patients patienteront.
1 200 chefs de service démissionnent de leurs fonctions administratives ? Moins de paperasse.
Présence massive des soignants dans toutes les manifestations ? Sortez les LBD et les grenades de désencerclement…
Au-delà de la santé, c’est l’ensemble du secteur public qui subit depuis des décennies les coups de boutoir des présidents qui se succèdent avec toujours la même obsession : réduire la place de l’État dans l’économie. La recette est simple : privations pour ce qui coûte (l’éducation, la justice, la police, l’armée, la santé…) et privatisations pour ce qui rapporte.
Tandis que les budgets des ministères régaliens sont comprimés et les salaires de leurs fonctionnaires bloqués, la grande braderie est ouverte. Villepin solde les autoroutes, Nicolas Sarkozy fait absorber Gaz de France par un groupe privé, Suez, et enfin François Hollande, sous la férule de Macron, démembre Alstom pour le plus grand profit de l’américain General Electric.
Avec l’arrivée d’Emmanuel Macron, la fête continue. Deux entreprises publiques, la Française des jeux (FDJ) et Aéroports de Paris (AdP), sont très rentables ? Vendez-les !
Pour comprendre l’attachement aveugle de notre président à cette ligne idéologique, il est nécessaire de revenir sur trois années d’exercice de son pouvoir, que notre Constitution a voulu absolu.
Qu’en retenir ?
Dès les premiers jours, une évidence : le goût du nouveau président pour la pompe et les rites de la monarchie, se mettant régulièrement en scène dans les décors de la royauté ; ainsi a‑t‑il choisi le palais du Louvre pour son intronisation, marchant seul devant la pyramide, le château de Versailles pour recevoir Vladimir Poutine, l’empereur du Japon ou 150 millionnaires high-tech et, enfin, celui de Chambord pour célébrer son 40e anniversaire.
Une prédilection annoncée par des déclarations antérieures – en 2015, il affirmait déjà : « Dans la politique française, l’absent est la figure du roi, dont je pense fondamentalement que le peuple français n’a pas voulu la mort » – et confirmée jusque dans son programme, qui prévoyait de rétablir les chasses présidentielles. Ce qui n’a rien d’un détail.
L’ego comblé, le jeune homme allait pouvoir s’attaquer à son grand œuvre : bâtir cette « start-up nation » où les « premiers de cordée » allaient tirer vers les cimes ces « Gaulois réfractaires ». Au pas de charge : suppression de l’ISF et allègement de l’impôt sur les profits financiers pour les uns, réformes restrictives du droit du travail ou des allocations chômage et baisse des APL pour les autres. Cinq euros en moins sur les APL ! Mais qu’est-ce qui peut bien passer par la tête d’un dirigeant pour accoucher d’une aussi mauvaise idée ? La brume des sommets obscurcit-elle le jugement au point de lui faire oublier le poids des symboles ? C’était donc ça le « en même temps » macronien, des offrandes pour ceux qui n’ont besoin de rien, des sacrifices pour ceux qui ont besoin de tout ?
Mais c’est le premier été du quinquennat, et tout semble encore permis au conquérant de l’Élysée. Malgré quelques protestations, le nouveau monde impose ses lois grâce au soutien de sa majorité obéissante et reconnaissante.
Premier grain de sable à l’été 2018, l’affaire Benalla et son traitement rocambolesque, qui jette une lumière crue sur la conception et les pratiques du pouvoir.
Avec l’automne, un vent se lève, une révolte inattendue et pourtant évidente : des femmes et des hommes en jaune envahissent les ronds-points et les Champs-Élysées, naturellement accompagnés par une très faible minorité qui prétexte le port de la chasuble pour casser plutôt que pour revendiquer, une revendication légitime qui emporte l’adhésion de l’opinion, contraignant le gouvernement à un repli tactique : 10 milliards jetés à la hâte pour tenter d’éteindre la colère sociale.
Trop tard. Les sacrifiés de la mondialisation ultralibérale veulent plus. Plus de moyens, certes, mais aussi plus de pouvoirs, notamment celui de contrôler ceux dont la mission est de les représenter.
Après la carotte, vient le temps du bâton. Une répression brutale, policière, avec mains arrachées et manifestants éborgnés, mais aussi judiciaire, avec une distribution massive de condamnations fermes. Pendant que les pouvoirs exécutif et judiciaire répriment, les législateurs ferraillent pour imposer une réforme des retraites dont une majorité des Français ne veut pas.
Occupés à bâtir leur nouveau monde, les responsables n’accordent qu’une attention distraite à un virus agressif qui, parti de Chine, va très vite ravager la planète et envahir la totalité de l’espace politique, donnant à nos gouvernants l’occasion de montrer l’étendue de leur compétence.
Dans les hôpitaux, la situation est dramatique. On manque de tout, de masques, de gel, de tests, de respirateurs, de lits et de personnels en réanimation. Le 29 février, après que le Covid-19 a fait ses premières victimes en France, Édouard Philippe convoque un conseil des ministres extraordinaire consacré au virus. Une grande décision en ressort : utiliser le 49–3 pour faire adopter la réforme des retraites !
Alors que l’épidémie progresse, se faisant pandémie, le pouvoir s’affole, s’agite comme un poulet sans tête. Sur quoi s’interroge l’exécutif aux premiers jours de mars ? Mais sur le maintien des municipales, bien sûr ! La veille du premier tour, le premier ministre joue les contorsionnistes, invitant les Français à rester chez eux, mais, en même temps, à aller voter. Chapeau l’artiste !
Pendant que nos voisins allemands se mettent en ordre de bataille, le gouvernement français peaufine sa communication.
Une seule stratégie, mentir.
Relayant le discours présidentiel, l’équipe gouvernementale multiplie les déclarations absurdes et contradictoires. Ainsi affirme-t-on successivement qu’il ne s’agit que d’une « grippette », que l’épidémie, comme le nuage de Tchernobyl, ne touchera pas la France – alors même qu’à notre frontière sud, l’Italie est frappée –, puis qu’elle est « sous contrôle », avant de devoir avouer la gravité de la situation.
Sur la question cruciale des masques de protection, la parole officielle est schizophrène : aux premiers temps, leur utilité est affirmée. D’ailleurs, il y en a des millions en stock, prêts à être distribués à la population en cas de besoin. La menace virale se précisant, les masques sont soudain déclarés inutiles, voire dangereux puisqu’on ne sait pas s’en servir. Ce qui est fort opportun, puisque les stocks se sont volatilisés.
Pschitt…
Plus de masques.
Pas même de quoi équiper tous les soignants qui doivent monter au front armés de leur seul courage. Bon, d’accord, pas de masques, mais ils arrivent. Quand ? Mais demain, bien sûr ! Hélas, les jours et les semaines passent, la pénurie persiste. Ignorés, méprisés et matraqués quelques semaines plus tôt, les soignants sont désormais portés aux nues.
Pour le commun des Français, le confinement est la règle, chômage technique pour les uns, télétravail pour les autres. Tous les Français ? Non. Pour les caissières, les livreurs, les éboueurs, les policiers ou les pompiers, l’activité doit se poursuivre, quels que soient les périls. Eux qui formaient le gros des bataillons en gilet jaune, naguère vilipendés, sont désormais officiellement essentiels. Exit les premiers de cordée, place aux premiers de corvée.
Le 23 avril, dans une adresse solennelle à la nation, le président Macron annonce enfin le déconfinement pour le 11 mai. Pourquoi le 11 plutôt que le 5 ? Pourquoi mai plutôt que juin ? Parce que.
Deux semaines plus tard, le premier ministre en dévoile les conditions. Acte 1 : réouverture des crèches et des écoles primaires. Curieux puisqu’elles avaient été les premières à être fermées, avant même le début du confinement, au motif qu’elles étaient un lieu hautement favorable à la propagation du virus… Évidemment économique – il s’agit bien sûr de libérer les parents de l’obligation de garder leurs jeunes enfants, pour leur permettre de reprendre le travail –, la véritable raison de ce choix sera passée sous silence, voire niée, alors même qu’elle est audible : vouloir éviter l’effondrement total de l’activité et son cortège de drames est après tout une motivation hautement respectable.
Empêtré dans ses mensonges et ses omissions, le pourvoir tergiverse. Très vite, le discours s’infléchit : l’obligation de retourner en classe ne s’appliquera pas systématiquement. Les maires, les préfets pourront décider, ou non, de s’y conformer.
Mieux, les parents seront libres de garder leurs enfants à la maison. Dans les milieux favorisés, on n’hésitera guère. Mais dans les milieux plus modestes, le dilemme est cornélien. Alors que le chômage enfle, dois-je exposer mon enfant au risque de tomber malade, ou accepter l’éventualité de perdre mon emploi ? Et si les parents sont d’avis contraires, le couple pourra-t-il résister, notamment si les choses tournent mal ? Questions sans réponses…
Une bonne nouvelle, pourtant : les masques arrivent. Des masques en tissu, lavables et réutilisables. Efficaces ? « Oui, dit le Pr Grimaldi, contre la transmission du virus. Mais comme ils n’empêchent pas le porteur d’être infecté lui-même, la mesure ne vaut que si elle s’impose à tous, dans l’espace public au moins. » Prisonnier de son discours récent, le gouvernement ne peut se résoudre à rendre obligatoires partout ces masques qu’hier encore il déclarait inutiles. « Pourtant, ajoute le Pr Grimaldi, on a le droit de se tromper, mais le devoir de reconnaître ses erreurs. »
Au rythme où s’enchaînent les événements, ce droit à l’erreur pourrait bien m’être utile, mes propos risquant de devenir rapidement caducs, tant les stratégies gouvernementales oscillent, sinon à la vitesse de la lumière, au moins à celle où se propage le virus.
En termes de gestion et de communication de crise, je ne sais pas qui aurait pu faire mieux, mais je ne vois pas qui aurait pu faire pire.
En mettant au jour ses insuffisances, cette crise pourrait-elle être l’occasion d’une refonte radicale de notre démocratie ? Dans un discours célèbre, Churchill affirmait que c’était là « le pire des systèmes, à l’exclusion de tous les autres ». Mais, ajoutait-il aussitôt, « la démocratie n’est pas un lieu où on obtient un mandat déterminé sur des promesses, puis où on en fait ce qu’on veut ».
Si l’on s’accorde pour ne pas changer de système, alors il faut changer LE système.
Mais l’urgence est ailleurs. Déjà insupportables, les inégalités ont explosé avec la pandémie. Confinés dans des logements exigus ou contraints d’affronter les périls, les plus fragiles vivent des jours terriblement difficiles. Et leurs lendemains ne chantent pas. Après la crise sanitaire, ils seront sûrement les premières victimes de l’inévitable catastrophe économique et sociale.
Que faire ?
L’État ne pouvant pas tout, il me paraît impératif d’innover. Comment ? En demandant aux plus grosses fortunes une solidarité envers les plus démunis. Cette idée, juste et légitime, pourrait prendre la forme d’une contribution exceptionnelle, baptisée « Jean Valjean », conçue comme une forme d’assistance à personnes en danger, financée par les patrimoines français de plus de 10 millions d’euros, sans acrobaties, à travers une taxe progressive de 1 % à 5 %, avec une franchise pour les premiers 10 millions d’euros.
À période exceptionnelle, contribution exceptionnelle. Même si j’applaudirais évidemment tout amendement visant à pérenniser cet effort de réduction des inégalités. Après tout, une fois peut devenir coutume.
D’après les économistes que j’ai pris soin de consulter, cette contribution devrait représenter environ 36 à 37 milliards d’euros, qui seront distribués aux quelque 21,4 millions de foyers trop pauvres pour être assujettis à l’impôt sur le revenu.
Compte tenu de l’urgence, l’État assurerait la trésorerie et abonderait marginalement la collecte, leur distribuant sans délai et sans prélèvement, la somme de 2 000 €, à charge pour lui de recouvrer ultérieurement le produit de la contribution « Jean Valjean ».
Même si je ne doute pas un instant que les plus riches de nos concitoyens se réjouiront de l’occasion ainsi offerte de montrer leur patriotisme et leur générosité, il me paraît prudent que les législateurs mettent en place des sanctions suffisamment dissuasives pour décourager les improbables mauvaises volontés. Je pense ici, surtout, à nos compatriotes domiciliés fiscalement à l’étranger, évidemment conviés à manifester leur solidarité.
Mon rôle n’est évidemment pas d’entrer dans le détail de ces sanctions. Je voudrais néanmoins en proposer une, essentiellement symbolique – car je crois, moi, à la force du symbole : alléger les réfractaires de leurs pesantes décorations (Ordre du mérite ou Légion d’honneur, par exemple) pour leur permettre de gambader librement dans les couloirs des hôpitaux étrangers, voire français, où ils seraient évidemment les bienvenus après avoir refusé de financer notre système de santé national et plus généralement notre service public. En un mot, leur pays.
Bien sûr, je sais que ces précautions seront sans nul doute inutiles, tous ces privilégiés étant bien conscients de ce qu’ils doivent au pays qui les a formés et souvent enrichis. Mais la confiance n’excluant pas la prudence, de telles dispositions ne sauraient nuire.
Après cette mesure d’urgence, il sera temps de nous pencher sur les moyens de réparer notre démocratie. Comment ? On pourra s’étonner que je me pose la question et plus encore que j’essaie d’y répondre. Alors, sans prétendre détenir des solutions – j’ai gardé le sens du ridicule –, je me risque à évoquer quelques pistes de réflexion.
Instituer des contre-pouvoirs. La Constitution de la Ve République avait été taillée sur mesure pour le général de Gaulle. Un costume bien trop grand pour ses récents successeurs. D’autant que, depuis l’instauration du quinquennat, le président dispose toujours, et pendant toute la durée de son mandat, d’une franche majorité au Parlement. Élue en même temps que lui, grâce à lui et sur son programme, l’Assemblée nationale a logiquement la même couleur que l’Élysée et le législatif n’a donc pas vocation à s’opposer à l’exécutif.
Quant au pouvoir judiciaire, son indépendance n’est que théorique, tant il est simple de le contrôler par le jeu des nominations et des promotions. Depuis Montesquieu, qui a théorisé la séparation des pouvoirs (il n’en connaissait que trois, lui), un quatrième s’est imposé : la presse. Problème : neuf milliardaires en possèdent l’immense majorité, on ne s’étonnera donc pas que l’intérêt des puissants soit ménagé dans le traitement de l’information. Impuissante politiquement, la contestation s’exprime là où elle le peut encore, dans la rue et dans les sondages d’opinion.
Responsabiliser les élus. Les élus devront être comptables de leur action devant le peuple dont ils ont obtenu la confiance. Une élection, c’est quoi ? C’est l’histoire d’un mec qui arrive et qui dit : « Faites-moi confiance, voilà ce que je vais faire », et qui, une fois élu, ne le fait pas. À la place, il fait autre chose ou rien. Eh bien non, ça ne peut plus marcher comme ça. En cas de défaillance, il est nécessaire qu’ils puissent être démis de leur fonctions, démocratiquement, c’est-à-dire si une fraction de citoyens le propose et si une majorité d’électeurs l’exige.
Insistons : cette mesure doit s’appliquer à tous les élus, jusqu’au président de la République, qui, en France, ne peut être démis par personne en cours de mandat, ni même être jugé depuis la scandaleuse décision du Conseil constitutionnel sous la présidence du douteux Roland Dumas.
Sanctionner sévèrement les dérives, pour interdire l’alliance mortifère entre les copains et les coquins. Depuis des décennies, aucun élu, même le plus corrompu, ne craint les rigueurs de la loi. Il y a à cela une excellente raison : la prison, c’est pour les autres. Eux pourront toujours solliciter les meilleurs avocats et multiplier les procédures des décennies durant, jusqu’au moment où les juger n’aura plus aucun sens.
D’où une proposition en trois points :
- Rendre passible de longues années de prison ferme tout acte de corruption avérée d’un élu. Parce qu’elle menace dangereusement la démocratie, en décourageant le vote notamment, la corruption politique me paraît un crime plus grave qu’un braquage de banque. Excessif ? Je ne pense pas. Enfant, je me souviens que, sur les billets de banque, il était inscrit que « la fabrication de fausse monnaie [était] passible des travaux forcés à perpétuité ». Pas une goutte de sang versée, pourtant, mais une atteinte criminelle au bien commun.
- Définir des couloirs judiciaires dédiés, pour éviter qu’on ne juge que des cadavres. L’ensemble des procédures, appel et cassation compris, devra être bouclé dans les 12 mois suivant l’ouverture de l’instruction.
- Augmenter fortement la rémunération des hommes et des femmes qui choisiront de servir la collectivité avec compétence, zèle et intégrité. Pourquoi ? Pour avoir les meilleurs. Pour leur éviter la tentation. Et pour rendre inexcusable qu’ils y cèdent.
Constitutionnelles, électorales ou judiciaires, ces propositions de réforme peuvent apparaître éloignées des préoccupations immédiates, en ces temps troublés surtout.
Je les crois pourtant essentielles. Même si elles ne résolvent pas l’ensemble des problèmes auxquels notre époque est confrontée, elles m’apparaissent nécessaires pour rétablir l’indispensable confiance du peuple en ses représentants, enfin comptables de leurs promesses comme de leur action, et responsables de leurs erreurs.
Vincent Lindon.
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PROJET D’EXPÉRIMENTATION DÉMOCRATIQUE, Élaborer ensemble le RÈGLEMENT INTÉRIEUR de nos prochaines assemblées démocratiques, avec Maxime Péroud – Dernier Mumble de mobilisation : jeudi 7 mai 2020, 20h30
Maxime organise une dernière réunion d’information sur le projet, le jeudi 7 mai 2020 à 20h30.
Le site du projet, où vous devriez regarder la vidéo de présentation en entier :
https://exp-demo.jimdo.com/
Rappel : c’est un projet important pour tous les démocrates, car il permettra de disposer des fondations nécessaires pour organiser concrètement les citoyens en assemblée délibérante, y compris pendant que nous sommes encore en « démocratie représentative » (oxymore) pour rédiger, dans quelques années, la future Constitution au sein d’une véritable assemblée populaire.
Cette assemblée sera, en quelque sorte, une expérimentation en vraie grandeur de ce que pourrait être une assemblée Constituante.
Mais sans le projet que propose Maxime, nous ne pourrons pas expérimenter cela. Alors intéressez-vous à son travail, et tâchez de l’aider si vous le pouvez, ça en vaut la peine ! Maxime et son équipe ont besoin de renfort et le compte n’y est pas. Trop rares sont les citoyens prêts à consacrer du temps chaque semaine à un projet construit et rigoureux comme celui-ci. C’est pourtant un vrai TRAVAIL nécessaire pour notre avenir.
Cette réunion d’information sera la dernière avant de longs mois car l’équipe est presque au complet (mais pas tout à fait, donc n’hésitez pas à contacter Maxime comme indiqué dans l’événement si vous êtes intéressés par une contribution active au projet). Pensez à regarder la vidéo de présentation en entier avant de vous inscrire !
Maxime m’a demandé de vous préciser que si, parmi les intéressés, certains ont des compétences en développement d’applications web ou/et en architecture informatique, ils seront les bienvenus dans l’équipe (pour travailler avec les autres membres sur le règlement intérieur) ou seulement – selon leur préférence (notamment s’ils manquent de temps) – pour apporter de l’aide à l’équipe au moment des travaux préparatoires sur l’application GESTA qui sera développée sur-mesure pour le projet. Ils ne seront pas sollicités pour le développement lui-même de l’application car ce développement sera confié à un freelance qui sera choisi par Maxime dans quelques mois.
Le lien Facebook vers l’événement :
https://www.facebook.com/events/1090829191291686/
Étienne.
Fil Facebook correspondant à ce billet :
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Au Danemark, pas d’aide financière pour les entreprises avec dividendes ou paradis fiscaux
Source : La Relève et la Peste, https://lareleveetlapeste.fr/au–danemark–pas–daide–financiere–pour–les–entreprises–avec–dividendes–ou–paradis–fiscaux
« En clair : les entreprises qui versent des dividendes, rachètent leurs propres actions ou sont enregistrées dans des paradis fiscaux ne seront éligibles à aucun des programmes d’aide, qui s’élèvent désormais à un total de 400 milliards de couronnes (37 milliards d’euros), y compris les prêts et les garanties.
Ce weekend, le gouvernement danois a décidé de prolonger ses programmes d’aide aux entreprises et aux travailleurs pour augmenter l’enveloppe d’environ 100 milliards de couronnes, soit 9 milliards d’euros. L’Etat danois a décidé d’exclure de cette aide financière toutes les entreprises qui versent des dividendes ou étant enregistrées dans des paradis fiscaux. Une contrainte économique avant-gardiste sur la scène internationale.
Dans un communiqué publié dimanche, le gouvernement du Danemark et tous les groupes d’opposition ont décidé de prolonger jusqu’au 8 juillet le programme d’aide financière accordé aux entreprises et aux travailleurs pour éviter les licenciements et les faillites.
Parmi les mesures annoncées, les petites et moyennes entreprises pourront désormais récupérer certains paiements de TVA qu’elles ont effectués l’année dernière sous forme de prêts à taux zéro, et les charges sociales seront remboursées à certains secteurs d’activité.
Côté travailleurs, le gouvernement s’engage à destiner un fonds pour renforcer et maintenir les emplois danois, tandis que les droits au chômage et aux indemnités de maladie vont être prolongés. Mais la mesure qui détonne le plus, c’est le conditionnement des aides publiques.
« Les demandeurs, comme condition pour recevoir une indemnisation pour la période prolongée, doivent déclarer par la foi et les lois que les sociétés ne paieront pas de dividendes ou ne rachèteront pas d’actions pour les exercices 2020 et 2021. (…) Les entreprises basées dans des paradis fiscaux, conformément aux lignes directrices de l’UE, ne peuvent pas recevoir de compensation financière. » a ainsi déclaré le gouvernement
En clair : les entreprises qui versent des dividendes, rachètent leurs propres actions ou sont enregistrées dans des paradis fiscaux ne seront éligibles à aucun des programmes d’aide, qui s’élèvent désormais à un total de 400 milliards de couronnes (37 milliards d’euros), y compris les prêts et les garanties.
Lamentable rejet par le gouvernement et la majorité de notre amendement demandant des contreparties #climat aux grandes entreprises recevant les 20 Mds€ de participations de l’Etat. Remplacé par un simple rapport #greenwashing du gouv. Très mauvais signal pour #lemondedaprès pic.twitter.com/pJL4pYUMvV
— Matthieu ORPHELIN (@M_Orphelin) April 18, 2020
Dans le même temps, en France, l’Assemblée Nationale a voté favorablement à un plan de 20 milliards d’euros pour le sauvetage de grandes entreprises « stratégiques » comme Air France, Renault ou le parapétrolier Vallourec. Sans leur demander aucune contrepartie écologique et sociale en échange, suite au rejet du seul amendement qui aurait pu rétablir l’équilibre.
Le projet de loi de finances rectificative 2020 qui a été adopté par l’Assemblée Nationale vendredi soir doit maintenant passer devant le Sénat mardi 21 avril. La politique économique sociale avant-gardiste du Danemark va-t-elle faire écho auprès de nos sénateurs ? pas sûr…
20 avril 2020 – Laurie Debove.
Source : La Relève et la Peste, https://lareleveetlapeste.fr/au–danemark–pas–daide–financiere–pour–les–entreprises–avec–dividendes–ou–paradis–fiscaux
Mon commentaire :
Les actionnaires sont une classe oisive, parasitaire, des ennemis de l’Humanité qui vont bientôt tous nous faire crever (pour toujours gagner davantage sans jamais travailler), de la même façon qu’un ver solitaire tue la bête qu’il ponctionne à mort, stupide au point de crever lui-même avec sa victime…
Nous devrions supprimer la possibilité même de verser des dividendes. Nous devrions même supprimer la forme juridique des sociétés par actions.
On va nous objecter : « Sans actions ni dividendes, comment attirerez-vous les capitaux pour investir ? »
Nous répondrons : NOUS N’AVONS PAS BESOIN DE L’ARGENT DES RICHES POUR INVESTIR : nous pouvons financer l’investissement par une cotisation sociale (à une Caisse sociale des investissements, créée pour ça), exactement comme nous avons construit tout notre système de soins hospitaliers avec des cotisations sur nos salaires versées à des caisses d’assurance maladie qui ont intégralement financé aussi bien les investissements que le fonctionnement des hôpitaux, sans emprunter un sou ni verser un centime d’intérêts aux marchés financiers.
Écoutez et lisez Bernard Friot, et aidez le Réseau Salariat.
Les actionnaires sont un cancer, non nécessaires.
Pour survivre, il va bien falloir nous occuper personnellement de cette menace mortelle.
Étienne.
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10158137101482317
CRISE SANITAIRE-ÉCONOMIQUE-DÉMOCRATIQUE / CRÉATION MONÉTAIRE – Entretien avec É. CHOUARD & Charles-Henri GALLOIS
J’aime bien Charles-Henri Gallois, il vient d’écrire un bon bouquin sur la prétendue « Union européenne », je vous le recommande.
https://www.fauves-editions.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=150
Nous nous sommes un peu parlé, il y a deux jours, à propos :
1) de « la crise sanitaire » (qui peut être vue surtout comme une crise des libertés publiques, sous prétexte de terreur)
et 2) de la création monétaire une fois sortis de l’UE.
J’apprécie le travail de ce jeune homme, que je trouve très pointu et pertinent sur l’UE, même si, clairement, on n’est pas d’accord du tout (pour l’instant) sur les enjeux monétaires 🙂
Voici l’enregistrement de l’échange, réalisé par les militants de l’UPR :
https://youtu.be/4nTNwe0EicM&feature=youtu.be
Fil Facebook correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10158132768832317
Deuxième live avec Bascar : Quelle(s) stratégie(s) pour une « gouvernance liquide » ?
L’échange de la semaine dernière ayant paru intéressant, on a décidé de recommencer cette semaine (demain soir) 🙂
Je ne sais pas d’où sort ce titre ni ce que ça va donner, mais j’aime autant vous prévenir que les deux mots « gouvernance » et « liquide » allument tous mes warnings 🙂
Le lien du live (et du replay) :
Bonne nuit.
Étienne.
Fil Facebook corrspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10158119559502317