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Réflexion constituante #1 avec « Jack Angaräa » (Joannes Itiaty) de Nouvelle-Calédonie

Notre pre­mier entre­tien de réflexion consti­tuante J’ai par­lé hier, jeu­di, avec Joannes, en com­pa­gnie de Léo. Nous avons conve­nu d’enregistrer notre conver­sa­tion, pour le cas où elle nous semble utile au bien com­mun, c’est pour­quoi je vous donne aujourd’hui connais­sance de cette pre­mière réflexion consti­tuante : https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​V​y​J​N​u​5​8​P​A​E​0​&​f​e​a​t​u​r​e​=​y​o​u​t​u​.be Chers amis, J’ai décou­vert avant-hier un live éton­nant, éclai­rant, sur la situa­tion en Nou­velle Calé­do­nie, et je l’ai…

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Marseille, 28 mai 2024, 20h, conférence-débat : Souveraineté nationale ? Souveraineté populaire ? OK mais, bon sang, QUI VA L’ÉCRIRE ?

Marseille, 28 mai 2024, 20h, conférence-débat : Souveraineté nationale ? Souveraineté populaire ? OK mais, bon sang, QUI VA L’ÉCRIRE ?

Chers amis, Je vous donne ren­dez-vous à Mar­seille, le 28 mai pro­chain, pour par­ler concrè­te­ment de sou­ve­rai­ne­té. D’une cer­taine façon, j’ai deux mots à dire à tous les sou­ve­rai­nistes en peau de lapin à qui je reproche : 1) d’a­do­rer l’é­lec­tion — qui est pour­tant, par défi­ni­tion, une pro­cé­dure où chaque élec­teur renonce tota­le­ment à sa propre sou­ve­rai­ne­té, 2) de se méfier du RIC — qui est pour­tant la seule pro­cé­dure de sou­ve­rai­ne­té popu­laire digne de ce nom en régime repré­sen­ta­tif, et surtout,…

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ON EST DANS UNE PRISON POLITIQUE, ÉVADONS-NOUS ! Et puis on se disputera APRÈS ! L’Évasion passe par la Constitution !

Le MCP invite tous les démo­crates à s’inscrire à son maillage ter­ri­to­rial, pour conver­ger vers une unique reven­di­ca­tion : le Pro­ces­sus Consti­tuant Popu­laire Per­ma­nent (PCPP), c’est-à-dire… la Démo­cra­tie ! ▶️ Rejoindre le MCP : https://​www​.mou​ve​ment​-consti​tuant​-popu​laire​.fr/​p​a​r​t​i​c​i​p​e​r​/​m​a​i​l​l​age À PARTAGER : You­Tube Twit­ter Face­book Tik­Tok Ins­ta­gram Tele­gram Article du blog https://​www​.you​tube​.com/​s​h​o​r​t​s​/​7​T​a​z​9​H​X​L​kzQ https://​www​.face​book​.com/​r​e​e​l​/​8​1​3​7​2​4​0​5​3​5​1​0​382…

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For­mat grille – For­mat articles complets

[NULLITÉ des modèles mathématiques pour légitimer les décisions politiques] Les mesures prises pour l’épidémie ont-elles vraiment sauvé des vies ? (Décoder l’éco)

Ce type est pas­sion­nant (il s’ap­pelle Pierre) :

.
Les sta­tis­tiques ter­ro­ri­santes sont FAUSSES,

les épi­dé­mies ne se répandent JAMAIS de façon exponentielle,

les modèles mathé­ma­tiques catas­tro­phistes sont EXTRAVAGANTS,

la récente démons­tra­tion dans la revue NATURE sur la base de ces modèles est MALHONNÊTE.

La dic­ta­ture sani­taire qui nous est impo­sée sans débats démo­cra­tiques n’a AUCUN FONDEMENT SCIENTIFIQUE RÉEL.

Les causes réelles de la catas­trophe sont les poli­tiques ultra­li­bé­rales cri­mi­nelles (asphyxie finan­cière de tous les moyens d’in­ter­ven­tion publique de l’É­tat et des­truc­tion volon­taire de tous les ser­vices publics, en l’oc­cur­rence les hôpi­taux et la recherche médi­cale publique) qui sont impo­sées au pays depuis cin­quante ans par les pré­ten­dues « élites », dont la culture éco­no­mique a été pro­fon­dé­ment (et mal­heu­reu­se­ment dura­ble­ment, appa­rem­ment irré­mé­dia­ble­ment) per­ver­tie et pol­luée par les finan­ce­ments idéo­lo­giques ultra­li­bé­raux des « grandes écoles ».

Étienne.

—–

Pierre résume son ana­lyse dans la des­crip­tion (sous la vidéo) :

« Nous sommes en 2021 et des mesures de res­tric­tions conti­nuent d’être appli­quées dans une grande par­tie des pays occi­den­taux. Pour les gou­ver­ne­ments, il s’agit de la bonne façon de pro­té­ger les gens de l’épidémie.

Dans les vidéos pré­cé­dentes, nous avons vu de plein de manières dif­fé­rentes que la mor­ta­li­té sur l’année 2020 n’est fina­le­ment pas impressionnante. 

On a vu que le nombre de décès en France en 2020 s’explique d’abord par le vieillis­se­ment des français. 

De plus, il n’y a pas eu d’épidémie sérieuse en 2019 et donc c’est une année avec très peu de décès. C’est un peu pareil pour 2018 en atté­nué. L’année 2020 est donc ce que l’on appelle une année mois­son pen­dant laquelle nous avons eu beau­coup de décès de per­sonnes qui d’habitude seraient décé­dées un an ou deux ans plus tôt. Il s’agit donc d’un phé­no­mène de rat­tra­page des années 2018 et 2019. Les années mois­sons ont lieu tous les 2 à 3 ans. C’est notam­ment pour cette rai­son que l’âge des per­sonnes décé­dées est très élevé. 

Enfin, jusqu’ici la forte mor­ta­li­té des années mois­sons était en par­tie com­pen­sée par une baisse régu­lière de la mor­ta­li­té ce que l’on résume en disant que l’espérance de vie aug­mente. Depuis quelques années l’espérance de vie a com­men­cé à stag­ner, comme si nous étions arri­vés à une sorte de palier. Ce palier est peut-être natu­rel ou est peut-être le signe que la poli­tique de san­té repo­sant sur la ren­ta­bi­li­té finan­cière n’est pas la bonne. 

Tous ces élé­ments sur la mor­ta­li­té 2020 pour la France sont détaillés dans une dizaine de vidéo de ma chaîne. Le même type d’analyse com­mence à arri­ver dans des papiers scien­ti­fiques fran­çais ou d’autres pays comme la Bel­gique ou la Suisse. 

Puisque le phé­no­mène des baby-boo­­mers, la faible mor­ta­li­té de l’année 2019 et la stag­na­tion de l’espérance de vie ont tou­ché qua­si­ment tout le monde occi­den­tal, ces ana­lyses vont se démul­ti­plier avec l’arrivée des chiffres défi­ni­tifs et com­plets pour l’année 2020. 

Si vous lisez ou regar­dez les médias, vous avez pu voir les dis­cours des poli­tiques et des jour­na­listes chan­ger. Au fur et à mesure que tombent toutes les ana­lyses de la mor­ta­li­té dans les pays occi­den­taux, tout le monde se rend compte aujourd’hui que la catas­trophe annon­cée n’est fina­le­ment pas arri­vée du tout. 

Pour mémoire, la catas­trophe a été annon­cé par des illu­mi­nés comme Neil Fer­gu­son qui annonce la fin du monde à chaque grippe. En France, 400 000 morts de la mala­die étaient annon­cées sur l’année quelles que soient les mesures. Ajou­tées aux 600 000 décès habi­tuels, cela aurait dû faire 1 mil­lion de morts en France en 2020. On en a fina­le­ment eu 660 000.
La plu­part des poli­tiques et jour­na­listes ont arrê­té de pré­tendre que 2020 a été une héca­tombe, mais affirment que si le monde s’en est aus­si bien sor­ti, c’est grâce à l’efficacité de leurs mesures. Ils se servent donc de ce rai­son­ne­ment pour conti­nuer à main­te­nir les res­tric­tions. Plu­tôt que de devoir prou­ver que les res­tric­tions servent à quelque chose, ils les appliquent et annoncent la fin du monde si jamais on les enlève.

Il faut bien se rendre compte de la stu­pi­di­té et de la dan­ge­ro­si­té de ce rai­son­ne­ment. Si des gens coulent du nez et qu’un char­la­tan leur donne de la mort au rat en guise de médi­ca­ment, vous aurez la moi­tié des gens qui vont mou­rir et le char­la­tan va dire : « ouf, heu­reu­se­ment que je leur ai don­né mon médi­ca­ment, vous avez vu comme ce virus était dan­ge­reux ! ». C’est ce type de rai­son­ne­ment qui a jus­ti­fié les sai­gnées pen­dant des siècles. Heu­reu­se­ment depuis, on est pas­sé à autre chose. 

Avec ce type de rai­son­ne­ment, on peut aus­si faire un sacri­fice tous les jours pour que le soleil conti­nue à se lever. Il suf­fit de pro­mettre la catas­trophe si on arrête. Ce prin­cipe de faire peur, c’est la base du charlatanisme.

Juste si on réflé­chit 2 minutes. Lorsque l’on a une épi­dé­mie, que l’on prend des mesures et qu’au final on a plus de décès que d’habitude sur une courte période, on n’en déduit pas que les mesures sont bonnes et que le virus est dan­ge­reux. A mini­ma, on en déduit que la com­bi­nai­son virus-mesure n’est pas bonne du tout. 

il serait peut-être temps de remettre en ques­tion les mesures prises.
Les défen­seurs de ces mesures s’appuient tou­te­fois sur des études scien­ti­fiques pour annon­cer le nombre de vies sau­vées grâce à leurs déci­sions. Dans cette vidéo, on va com­men­cer par mon­trer que les études défen­dant les mesures et quan­ti­fiant les vies sau­vées sont basées sur une arnaque intel­lec­tuelle. Les modèles mathé­ma­tiques ne sont pas uti­li­sés pour com­prendre un phé­no­mène, mais sont dévoyés pour faire la pro­mo­tion des mesures. On ver­ra en détail l’arnaque dans un article publié dans la revue NATURE (https://www.nature.com/articles/s41586-020‑2404‑8) consi­dé­rée comme l’une des plus grandes revues scien­ti­fiques de notre époque. 

Dans la deuxième par­tie de la vidéo, on va regar­der, ce qu’il se passe en France pen­dant les périodes épi­dé­miques et ce que l’on peut déduire des mesures prises en 2020. »

Avec une vraie constitution, les criminels qui suppriment les lits d’hôpitaux (et détruisent tous les services publics) depuis 40 ans rendraient des comptes au peuple et seraient punis. Au lieu de ça, l’impunité des fripouilles est totale. Notre « constitution » est un fake.


Le chirurgien Bernard Kron démolit la propagande politico-médiatique sur la saturation des réas

https://​www​.you​tube​.com/​w​a​t​c​h​?​v​=​g​f​8​I​C​M​M​5​ZBM


Dr Bernard Kron – « Les chiffres qu’on vous donne sont faux ! Et il suffirait d’ouvrir des lits ! »


https://​www​.max​mi​lo​.com/​p​r​o​d​u​i​t​/​b​l​o​u​s​e​s​–​b​l​a​n​c​h​e​s​–​c​o​l​e​r​e​–​n​o​i​re/


LA CAUSE pre­mière et prin­ci­pale de la pré­ten­due « crise sanitaire »,
c’est LA DESTRUCTION VOLONTAIRE (DONC CRIMINELLE) DE TOUT NOTRE SYSTÈME DE SOINS
par les ultra­li­bé­raux (les pré­ten­dues « élites » défor­mées dans les pré­ten­dues « grandes écoles ») depuis cin­quante ans.


François Ruffin à l’Assemblée nationale : « Je n’obéirai plus »

[NULLITÉ des modèles mathématiques pour légitimer les décisions politiques] Que restera-t-il de l’épidémiologie à la fin de la crise Covid-19 ? par Juliette ROUCHIER

Encore un article remar­quable sur le blog de Laurent Muc­chiel­li, que je trouve extrê­me­ment impor­tant pour la défense des liber­tés dans le monde.

Il s’a­git (je vais le dire en termes moins mesu­rés que la très sérieuse Juliette ROUCHIER) de la démons­tra­tion scien­ti­fique de la nul­li­té crasse et de la mal­fai­sance cri­mi­nelle des modèles mathé­ma­tiques extra­va­gants (abso­lu­ment pas scien­ti­fiques) qui servent aux gou­ver­ne­ments à per­sé­cu­ter les popu­la­tions depuis un an.

Toute cette folie d’une poli­tique publique pro­gres­si­ve­ment asser­vie aux sta­tis­tiques me fait pen­ser à la « gou­ver­nance par les nombres » (par­fai­te­ment décrite par Alain Supiot) qui nous est pro­gres­si­ve­ment impo­sée depuis cin­quante ans : la folie scien­tiste qui anime l’ul­tra­li­bé­ra­lisme est un trait com­mun entre l’URSS sta­li­nienne, l’Al­le­magne nazie et l’U­nion euro­péenne : tous les régimes tota­li­taires pré­tendent rem­pla­cer la déli­bé­ra­tion démo­cra­tique par un abso­lu­tisme pré­ten­du­ment scien­ti­fique. Avec la « crise sani­taire », cette folie scien­tiste s’aggrave.

Je repro­duis ici ce bon réqui­si­toire contre les pré­ten­dus « modèles » mathé­ma­tiques, pour pou­voir en sur­li­gner les pas­sages qui me paraissent les plus importants.

Bonne lec­ture.

Étienne.


Que restera-t-il de l’épidémiologie à la fin de la crise Covid-19 ?

Laurent Muc­chiel­li : Cet article rap­pelle quelques erreurs sys­té­ma­tiques por­tés par les épi­dé­mio­logues les plus visibles, comme la croyance que leur modèle est plus vrai que la réa­li­té ou bien la néces­si­té d’exprimer des vues pes­si­mistes pour sou­te­nir des formes de gou­ver­ne­ment par l’acceptabilité sociale. On ne devrait pas lais­ser à cette dis­ci­pline le mono­pole de l’expertise pour la déci­sion publique.

par Juliette ROUCHIER, direc­trice de recherche au CNRS en éco­no­mie et envi­ron­ne­ment, spé­cia­liste de l’utilisation des modèles agents appli­qués aux sciences sociales, et ancienne res­pon­sable du GDR « Poli­cy Ana­ly­tics » (Aide à la déci­sion inno­vante pour les poli­tiques publiques).

Le Monde a publié le 6 mars 2021 un entre­tien avec Simon Cau­che­mez qui marque une étape impor­tante dans une forme d’absur­di­té logique qui s’expose depuis bien­tôt un an aux yeux de tous nos conci­toyens. Quand on lui demande s’il s’est trom­pé en annon­çant 300 000 à 350 000 morts il y a un an, le modé­li­sa­teur du Conseil Scien­ti­fique répond « non », même si le nombre de morts esti­més à cause de la Covid-19 est de moins de 90 000 à ce jour (puisque les morts avec Covid-19 ne sont pas tous morts de Covid-19 : l’INED recom­mande encore d’attendre pour conclure). Ses argu­ments cen­traux sont de deux natures : les mesures prises sont à l’origine de cet écart mas­sif, et l’épidémie n’est pas finie.

Cette néga­tion est un révé­la­teur d’un cer­tain nombre de biais, géné­ra­li­sés au sein de la com­mu­nau­té épi­dé­mio­lo­giste la plus offi­cielle, dont celui qui consiste à refu­ser toute remise en cause. Si celui-ci pose en par­ti­cu­lier des pro­blèmes lorsque les pré­dic­tions servent à jus­ti­fier des poli­tiques publiques, il en existe d’autres qui s’expriment régu­liè­re­ment dans des sémi­naires, des publi­ca­tions, comme l’idée qu’on se doit d’être pes­si­miste dans les inter­ven­tions publiques.

En pré­am­bule à ce texte, il faut noter la mau­vaise habi­tude qui s’est impo­sée de faire usage d’arguments d’autorité pour inclure ou exclure les per­sonnes qui seraient « habi­li­tées », en leur qua­li­té d’épidémiologues, à cri­ti­quer ou même par­ler de modé­li­sa­tion. Cette défense dis­ci­pli­naire est assez clas­sique (on la trouve en éco­no­mie ou en finance depuis quelques dizaines d’années). Elle reste cho­quante pour tous les pra­ti­ciens inter­dis­ci­pli­naires qui défendent, au contraire, l’idée que le modèle for­mel a l’avantage d’établir une lin­gua fran­ca qui le rend dis­cu­table par toute per­sonne capable de le lire et de poser des ques­tions per­ti­nentes à son égard.

Les 400 000 morts du Président

Ce qui a carac­té­ri­sé la période de crise que nous connais­sons est un amour immo­dé­ré des chiffres et nombres, pro­duits et uti­li­sés de façon sou­vent un peu far­fe­lue. Les « 400 000 morts du Pré­sident de la Répu­blique », dans son allo­cu­tion du 28 octobre marquent un moment de bas­cule dans la capa­ci­té à mas­quer la réa­li­té sous des modèles.

Après la pre­mière sai­son de l’épidémie, où au mini­mum 350 000 morts avaient déjà été annon­cés par l’équipe de Fer­gu­son pour l’Angleterre, ce qui créait déjà un déca­lage impor­tant avec les don­nées, on pou­vait se dire que les modèles étaient à révi­ser (on note au pas­sage que S. Cau­che­mez a tra­vaillé 8 ans dans le labo­ra­toire de Fer­gu­son, ce qui peut expli­quer qu’il ait été choi­si comme expert natio­nal, à l’instar de son ancien col­lègue outre-Manche). A prio­ri, ils sont pour­tant basés sur les mêmes prin­cipes : des extra­po­la­tions de mor­ta­li­té ou réani­ma­tion à par­tir des don­nées du moment, et n’ont pas inté­gré les connais­sances acquises déjà en septembre.

Ain­si une hypo­thèse impor­tante est appa­ruedès juin : il existe des humains que le virus ne peut pas uti­li­ser pour conti­nuer son voyage entre hôtes. Une part non négli­geable de la popu­la­tion serait pro­té­gée de ce virus avant même de l’avoir ren­con­tré – soit l’individu pos­sède une « immu­ni­té croi­sée », soit ses muqueuses ne laissent pas péné­trer le virus – ou il ne le trans­met­trait pas, même une fois infec­té. C’est ce qui expli­que­rait à la fois le faible taux d’infection chez et par des enfants (à ce jour Karl Fris­ton donne le chiffre de 40% d’enfants et 25% des adultes qui natu­rel­le­ment ne feront pas par­tie de la chaîne de trans­mis­sion), mais aus­si le fait qu’au sein de nom­breux foyers seule­ment une par­tie de la famille se trouve infec­tée si l’un est malade, ou encore la dif­fu­sion limi­tée du virus sur le Dia­mond Prin­cess. En effet, sur envi­ron 3 700 pas­sa­gers expo­sés au virus pour la pre­mière fois, 700 seule­ment l’ont attra­pé – alors que l’on sait que le SARS-COV2 cir­cu­lait mal­gré le confi­ne­ment en cabine, par le sys­tème d’aération (beau­coup moins que sans confi­ne­ment, mais il cir­cu­lait tout de même). C’est l’idée que Michael Levitt (prix Nobel de chi­mie) a défen­du, et il a pu mon­trer éga­le­ment dès mars 2020 que l’épidémie ne sui­vait pas une courbe expo­nen­tielle, mais que le taux de crois­sance dimi­nuait rapidement.

Ces hypo­thèses essen­tielles pour réa­li­ser des pré­dic­tions numé­riques, qui méri­te­raient au moins d’être tes­tées, n’ont sûre­ment pas ser­vi à pro­duire les chiffres, presque iden­tiques à ceux qui était annon­cés six mois plus tôt. C’est comme si rien n’avait été appris.

Par exemple, la ques­tion de l’évolution du virus (les « variants ») était évo­quée publi­que­ment dès sep­tembre en France, et on pou­vait donc com­prendre que plu­sieurs épi­dé­mies se suc­cé­daient déjà, cha­cune construi­sant une courbe plus ou moins en cloche. Mais cette don­née a été igno­rée dans les dis­cus­sions de sémi­naires en France ou à l’étranger : comme s’il fal­lait recon­naître une « seconde vague », un « rebond » auto­ma­tique à la fin du confi­ne­ment, et ce même si les courbes des modèles ne res­sem­blaient pas du tout aux courbes des don­nées. Ain­si, la « seconde vague », arte­fact de modé­li­sa­tion, s’est-elle impo­sée comme véri­té dans le grand public, sans qu’il soit pos­sible de la mesu­rer dans la réa­li­té. Le modèle est, à nou­veau, « plus vrai » que la réa­li­té.

Pour autant, sa valeur de véri­té demeu­rait rela­tive puisque Simon Cau­che­mez lui-même rédui­sait un peu l’ampleur de la « catas­trophe annon­cée » : lorsque le Pré­sident disait 400 000, lui-même misait plu­tôt sur 300 000. Il convient de noter la non­cha­lance avec laquelle 13 de morts sont ajou­tés dans la balance. On voit que toute hypo­thèse trop pes­si­miste est tou­jours bonne à prendre chez les épi­dé­mio­logues offi­ciels. D’autant que ce chiffre pose un pro­blème lorsqu’il est aban­don­né sans cor­rec­tion dans l’espace public. Face à une léta­li­té esti­mée de 0,5% à ce moment, n’importe quel citoyen connais­sant la règle de trois savait que 400 000 morts n’adviendraient que sur une popu­la­tion fran­çaise plus grande qu’elle ne l’est à l’heure actuelle (il fau­drait 80 mil­lions d’habitants). En outre, la répar­ti­tion par classe d’âge de la mor­ta­li­té était lar­ge­ment connue de tous et retom­ber sur un chiffre si sim­ple­ment pro­por­tion­nel mon­trait que les modèles n’avaient pas grand-chose de « savant ». On peut se deman­der quelle part du public a per­du confiance dans les affir­ma­tions des scien­ti­fiques face à cette extra­po­la­tion un peu farfelue.

Plus grave encore : cet épi­sode a révé­lé que, tout en agi­tant sans cesse des chiffres et des nombres, les épi­dé­mio­logues ne pre­naient pas les valeurs annon­cées au sérieux : la déné­ga­tion reste faible dans le Check news, et aucun membre du conseil scien­ti­fique n’a cor­ri­gé publi­que­ment le chiffre en insis­tant sur l’exagération du Pré­sident. Tra­vailler dans la modé­li­sa­tion quan­ti­ta­tive et ne pas défendre la valeur numé­rique des résul­tats : c’est un manque de sérieux qui pose vrai­ment ques­tion dans le contexte d’inquiétude que subit la popu­la­tion.

Enfin, peut-être le pire : à aucun moment les épi­dé­mio­logues n’ont pris le soin de pré­ci­ser en com­bien de temps toutes ces per­sonnes étaient cen­sées mou­rir. Or, on ne s’inquiète pas de la même façon quand une mala­die fera 300 000 morts en cinq ans (ce qui semble envi­sa­geable si la Covid-19 devient endé­mique et si les soins pré­coces sont tou­jours invi­si­bi­li­sés dans notre pays) ou 300 000 morts en une sai­son. En jouant sur cette ambi­guï­té, les membres du Conseil Scien­ti­fique ont donc bien fait de la poli­tique plu­tôt que de la science (dont le tra­vail est au contraire de réduire toute ambiguïté).

Cet épi­sode met en lumière non seule­ment la per­sis­tance dans l’erreur de méthode, le refus d’intégrer des nou­velles don­nées, et – par la bande – le manque de capa­ci­té cri­tique des grands jour­naux qui ont relayé ces infor­ma­tions sans par­ti­cu­liè­re­ment s’inquiéter de leur validité.

L’homogénéité du monde et l’agrégation de données

D’autres chiffres sont appa­rus ici ou là, comme le fameux nombre 6 pour les ras­sem­ble­ments pri­vés auto­ri­sés ou les tables au res­tau­rant. On serait bien en peine de connaître le modèle sous-jacent à l’édiction de cette norme, voire sa logique : si des ren­contres de six per­sonnes se font régu­liè­re­ment, et si les per­sonnes impli­quées changent de groupe régu­liè­re­ment, la pro­pa­ga­tion devrait se faire à peu près aus­si bien dans des groupes de huit ou quatre. Aujourd’hui, on auto­rise les étu­diants à rem­plir les uni­ver­si­tés à 20%, sans qu’on ait même une idée d’où pour­rait sor­tir un tel chiffre. Des nombres magiques régulent ain­si nos vies.

À ma connais­sance, peu de cher­cheurs sont inter­ve­nus pour signi­fier que les modèles uti­li­sés ne per­met­taient pas de trai­ter ces ques­tions de modi­fi­ca­tions de réseaux (et donc de « pré­voir » l’effet d’un confi­ne­ment ou autres règles de « dis­tan­cia­tion »). Gian­lu­ca Man­zo signa­lait le rôle des super-dis­­sé­­mi­­na­­teurs dans l’épidémie, qui néces­si­tait une atten­tion sérieuse à la réa­li­té des inter­ac­tions. Sans cette réflexion, com­ment pen­ser une poli­tique effi­cace puisque l’hétérogénéité du nombre de liens est essen­tielle dans les dyna­miques de dif­fu­sion. J’avais insis­té moi-même sur le fait qu’on ne peut pas faire de pré­dic­tion ferme avec des modèles de dif­fu­sion sur des réseaux, qui sont sou­mis de façon très impor­tante à l’histoire des hasards de cer­taines ren­contres (on appelle cet effet la « dépen­dance au chemin »).

En l’absence d’analyse fine de ces ques­tions de réseaux, cer­tains épi­dé­mio­logues ont trai­té le confi­ne­ment dans les quelques modèles qui les repré­sen­taient en reti­rant de façon homo­gène 70% des inter­ac­tions à cha­cun des agents. C’est évi­dem­ment une erreur de bas niveau que de croire qu’on cap­ture ain­si une repré­sen­ta­tion cré­dible du confi­ne­ment tel qu’il a été vécu et, sur­tout, de croire que cette façon de repré­sen­ter n’a pas d’influence sur les résul­tats. Il ne s’agit pas de repro­cher aux col­lègues de réa­li­ser ces modèles homo­gènes pour en obser­ver les résul­tats et les ana­ly­ser. Le pro­blème sur­git dès qu’on les uti­lise comme des guides pour l’action dans un monde for­te­ment hétérogène.

Un autre aspect absurde de la modé­li­sa­tion offi­cielle a été de pro­duire des courbes natio­nales d’extrapolation de don­nées, sans pas­ser par des ana­lyses locales de situa­tion. Or, lors du pre­mier confi­ne­ment, les dif­fé­rentes zones obser­vées étaient sépa­rées et le virus ne cir­cu­lait pas plus que les humains entre les régions : du point de vue de la dif­fu­sion du virus, cha­cune d’entre elles était dans une dyna­mique spé­ci­fique, et les extra­po­la­tions de cas ne pou­vaient se faire de façon inté­res­sante et per­ti­nente qu’à l’échelon local. Pour autant, on a conti­nué à entendre des asser­tions comme « mon modèle est meilleur pour les don­nées natio­nales que locales, donc je l’utilise à l’échelle natio­nale » – là où tout modé­li­sa­teur sérieux aurait plu­tôt conclu que le modèle devait DONC aller à la pou­belle et être sérieu­se­ment révi­sé. De façon étrange, les col­lègues ne sem­blaient pas com­prendre les ques­tions concer­nant les dyna­miques locales quand on les posait en sémi­naire, et n’y répon­daient jamais. Fina­le­ment, c’est en novembre qu’Alexandra Hen­­rion-Caude (dans une vidéo appa­rem­ment sup­pri­mée par You­Tube) a mon­tré com­bien une ana­lyse des dyna­miques locales aurait été infor­ma­tive – en par­ti­cu­lier pour affron­ter l’apparition d’une seconde épi­dé­mie en connais­sant mieux le degré de naï­ve­té de la popu­la­tion et les formes épi­dé­miques à attendre.

Le modèle à la place de la réalité

L’idée de la « seconde vague » a été lon­gue­ment dis­cu­tée. Appa­rem­ment, de nom­breux spé­cia­listes des mala­dies res­pi­ra­toires s’inquiétaient que cette idée se répande car ils savaient qu’elle n’est pas per­ti­nente. Ils s’attendaient à voir une courbe en cloche, puis à devoir attendre pour voir ce qu’il advien­drait ensuite de l’épidémie : revien­­drait-elle ou non ? Dans les modèles, par contre, si un confi­ne­ment ne dure pas très long­temps, dès qu’il s’interrompt on voit une remon­tée qua­­si-immé­­diate du nombre de cas. Dans notre livre, nous mon­trons que cela est vrai quel que soit le modèle. Si cet effet appa­raît quelles que soient les hypo­thèses, c’est qu’il est méca­ni­que­ment lié à la modé­li­sa­tion en SIR (Sain, Infec­té, Réta­bli), pas qu’il est « vrai ». Dans les chiffres d’infection, ce n’est qu’avec un cer­tain déca­lage qu’on a pu voir une remon­tée des cas en juillet – pas du tout comme les modèles l’auraient « pré­dit ». On peut alors faire l’hypothèse que ce résul­tat est lié au fait que la dyna­mique du virus-même n’est pas prise en compte dans les modèles (sa « sai­son­na­li­té »). La seule façon de croire à une « seconde vague » iden­tique à celle des modèles est de nier une fois de plus les pro­prié­tés tem­po­relles et dyna­miques. On peut noter d’ailleurs que c’est en s’intéressant à cette remon­tée de juillet, qu’ils ont consi­dé­ré comme une ano­ma­lie, que les membres de l’IHU de Mar­seille ont pu détec­ter un pre­mier variant, et pré­ve­nir les Fran­çais avec une bonne connais­sance du phé­no­mène dès le mois de sep­tembre 2020.

La ques­tion de la qua­li­té des don­nées a été évo­quée de façon régu­lière par les démo­graphes. Pour Her­vé Le Bras, très tôt on pou­vait iden­ti­fier les limites des ana­lyses chif­frées. D’autres ont pu rap­pe­ler les méthodes habi­tuelles de recueil de don­nées pour suivre une épi­dé­mie, ou mon­trer com­ment les dis­cours offi­ciels uti­li­saient sans cesse de nou­velles mesures pour décrire l’épidémie, sans qu’aucune ne soit bien défi­nie, ni ses incer­ti­tudes spé­ci­fiées – en par­ti­cu­lier en ce qui concerne les décla­ra­tions de décès de per­sonnes avec Covid-19 ou de Covid-19.

Or, mal­gré la dépen­dance fon­da­men­tale aux don­nées de tous les modèles basés sur des extra­po­la­tion dans le temps, aucune atten­tion n’a été prê­tée à cette dis­cus­sion par les épi­dé­mio­logues les plus visibles. Les preuves tour­naient par­fois en rond d’un modèle d’évaluation à un autre modèle, et la qua­li­té des don­nées mesu­rées sem­blait fina­le­ment acces­soire. Par exemple, R0 est une valeur approxi­mée grâce à un modèle basée sur les don­nées d’infection (non mesu­rée avant que le nombre de tests soit suf­fi­sant), mais sert de variable d’entrée à de nom­breux modèles de pré­dic­tion, sans que soient tou­jours prises des pré­cau­tions concer­nant la com­pa­ti­bi­li­té des hypo­thèses, ou l’accumulation des incer­ti­tudes lors de l’enchâssement de modèles.

Ain­si, le satis­fe­cit épi­dé­mio­lo­gique, repris com­plai­sam­ment par Libé­ra­tion, repose tout de même sur l’idée qu’on ne prend en compte ni les erreurs à court terme (en nombre d’occupation des lits de réani­ma­tion avec quelques semaines d’avance), ni à long terme (une année entière). À par­tir d’un modèle qui a été rapi­de­ment vali­dé sur quelques jeux de données–excessivement impar­faites – Simon Cau­che­mez pré­tend être cer­tain que ses pré­dic­tions auraient été réa­li­sées si on n’avait pas confi­né. On parle ici d’une dif­fé­rence d’ordre de gran­deur de 1 à 3, ce qui est énorme. Cette logique pose un pro­blème : il n’y a aucun contre­fac­tuel pour démon­trer qu’il a rai­son, puisque les modèles ne pou­vaient être vali­dés. Par exemple, on ne peut pas cal­cu­ler l’ampleur de l’effet du confi­ne­ment avec le type de modèle uti­li­sé, donc aucune pré­dic­tion réfu­table n’a été émise.

Pour­tant, il n’y a aucune obser­va­tion de pays où la catas­trophe annon­cée ait été réa­li­sée au niveau pré­vu, et on en reste même loin. On peut faire réfé­rence à quelques situa­tions pré­oc­cu­pantes, très loca­li­sées, mais on voit qu’elles sont des excep­tions plus que des règles, et qu’il fau­drait en ana­ly­ser fine­ment les causes.

Un autre genre de preuve pour­rait en effet être appor­té par les pays qui ont éta­bli le contre­fac­tuel poli­tique, comme la Suède. Mal­heu­reu­se­ment pour nos épi­dé­mio­logues, elle joue le rôle de preuve inver­sée, avec des courbes presque simi­laires aux nôtres, sans qu’aucune règle auto­ri­taire n’y ait été impo­sée, pas plus que la des­truc­tion métho­dique de l’économie. Si on doit dire que « les modèles ne se sont pas trom­pés » il faut alors expli­quer pour­quoi notre mor­ta­li­té est simi­laire à celle de la Suède, qui en toute logique devrait voir son ratio de morts être envi­ron trois fois plus éle­vé que le nôtre. Plu­sieurs études montrent main­te­nant que le confi­ne­ment strict ne pré­sente pas de gain per­cep­tible face à des mesures plus légères de dis­tan­cia­tion, que l’obligation de res­ter à la mai­son n’est pas garante d’une réduc­tion de cir­cu­la­tion du virus, pointent que la sup­pres­sion des grands ras­sem­ble­ments est la meilleure expli­ca­tion pour décrire l’histoire de l’épidémie en Suède (qui a aus­si fer­mé les uni­ver­si­tés et les lycées). Pour autant, on lit sou­vent que la Suède serait « dif­fé­rente » et ne pour­rait être com­pa­rée à la France. On peut se deman­der sur quels cri­tères cette affir­ma­tion puisque ni les carac­té­ris­tiques de la popu­la­tion ni l’organisation ne sont pour l’instant expli­ca­tifs des courbes de mor­ta­li­té, et que la Suède avait visi­ble­ment un défi­cit de lits en réani­ma­tion supé­rieur au nôtre, et une den­si­té de popu­la­tion dans les grandes villes équi­va­lente à nos métro­poles.

Pour­quoi les col­lègues, et les jour­na­listes, conti­­nuent-ils à répé­ter, sou­vent de façon péremp­toire, que leurs modèles sont justes alors que cela n’a aucun sens sans démons­tra­tion rigou­reuse ? Le niveau d’éducation étant ce qu’il est, beau­coup d’internautes s’amusent de façon visible à poin­ter les erreurs de pré­dic­tion, ce qui per­met de réduire encore la confiance dans la parole des experts. Il n’y a qu’au pays de Lewis Car­roll que la répé­ti­tion rend vraie une pro­po­si­tion (1).

Admettre quelques exa­gé­ra­tions, et expli­quer les modi­fi­ca­tions appor­tées aux modèles tan­dis que le temps pas­sait, aurait per­mis de remettre en cause la ten­dance signa­lée au pes­si­misme. Fai­sons une expé­rience de pen­sée : il semble accep­table aujourd’hui de pro­duire une sur­es­ti­ma­tion dans un rap­port de 1 à 3 du nombre de morts, sans que l’ampleur de la dif­fé­rence ne soit dis­cu­tée. Ima­gi­nons à l’inverse que quelqu’un ait pré­vu 70 000 morts plu­tôt que 90 000  : l’erreur est bien moins grande, les ordres de gran­deur sont conser­vés.  Mais cette pré­vi­sion aurait sûre­ment valu des cri­tiques à son émet­teur, si on l’avait même écouté.

Fina­le­ment, avec le recul, on constate que les modèles sup­po­sé­ment quan­ti­ta­tifs nous auront don­né des nar­ra­tions vagues, et n’auront jamais été vali­dés de façon convain­cante par des obser­va­tions. Cer­tains finissent par être don­nés sous forme d’outils à géné­rer des « pré­dic­tions » brutes jetées en pâture à un public non infor­mé, sans claire qua­li­fi­ca­tion des « pré­cau­tions » à prendre pour les inter­pré­ter. Le public risque encore de se rendre compte que ces modèles ne pré­voient « bien » qu’en de très rares occa­sions, elles-mêmes peu pré­vi­sibles. Si cela déçoit un peu plus le public, gou­ver­né depuis un an par des argu­ments qu’il découvre si fra­giles, que va deve­nir l’autorité d’une « science » qui n’est plus dis­cu­tée entre savants mais sert sur­tout de pro­mo­tion médiatique ?

Interprétation d’un naufrage intellectuel

Que s’est-il pas­sé lorsque l’épidémie est arri­vée en France et que la science a été sou­dain mise au centre de l’attention média­tique et poli­tique ? La même chose que ce que notre pro­fes­sion connaît depuis des années : l’ANR a lan­cé un appel à pro­jets. Cer­tains pro­jets ont été sélec­tion­nés, et d’autres non : ceci a créé des res­sen­ti­ments et des inquié­tudes, et a pous­sé cha­cun à s’agiter encore plus pour être visible ou recon­nu – et donc « écrire des papiers » rapi­de­ment plu­tôt que de col­la­bo­rer pour amé­lio­rer la com­pré­hen­sion col­lec­tive des pro­blèmes. Même si on a pu voir des excep­tions notables, ini­tiées dès mars, comme le col­lec­tif CoV­pre­hen­sion, où l’explication des phé­no­mènes a été col­lec­ti­ve­ment ana­ly­sée et rédi­gée, les sémi­naires de ModCov19 (le réseau offi­ciel lan­cé par le CNRS autour de la modé­li­sa­tion) ont par contre mon­tré un monde d’échanges savants très « habi­tuel », où cha­cun pré­sente un papier réa­li­sé en petit groupe, et où la dis­cus­sion est limi­tée à quelques ques­tions mini­males posées en dix minutes, sans cri­tique pos­sible. Cette orga­ni­sa­tion indi­vi­dua­liste et cou­pant court aux dis­cus­sions n’est pas un choix des cher­cheurs eux-mêmes, c’est sim­ple­ment la forme deve­nue rituelle, la norme émer­gente des vingt der­nières années. C’est le résul­tat d’un long glis­se­ment lié à la culture du pro­jet et de l’évaluation indi­vi­duelle : mieux vaut main­te­nant rendre invi­sible les col­lègues et leurs résul­tats ou ques­tions, que de se confron­ter à leur point de vue et perdre un temps pré­cieux en construc­tion de car­rière ou en accès aux financements.

Ain­si, bien que l’académie de méde­cine ait indi­qué dès juillet que l’analyse des eaux usées per­met­taient de pré­voir effi­ca­ce­ment la pré­sence du virus dans la popu­la­tion et anti­ci­per avec deux semaines d’avance les entrées à l’hôpital, cer­tains épi­dé­mio­logues ont pré­fé­ré igno­rer cette infor­ma­tion, et ne pas la croi­ser avec leurs propres pré­vi­sions pour amé­lio­rer les modèles – alors que ceux-ci rem­plis­saient exac­te­ment le même rôle. L’apparition des variants et son impact sur la stra­té­gie sani­taire n’est mis en avant que tar­di­ve­ment par l’épidémiologie offi­cielle, alors que tout ceci était clai­re­ment signa­lé dès sep­tembre par l’IHU.  Pas plus que les ques­tions sou­le­vées sur l’efficacité du vac­cin, depuis des mois, ne sont même signa­lées comme limite pour les modèles présentés.

Cette com­pé­ti­tion intense pour l’accès aux res­sources repose en plus sur des néces­saires hié­rar­chies impli­cites, et l’autorité de cer­taines ins­tances sont acquises dans beau­coup de dis­cus­sions savantes. Par exemple : les résul­tats de l’Institut Pas­teur sont tou­jours vrais, même si – si on en croit leurs propres ana­lyses – cer­taines recon­naissent que leurs modèles n’étaient pas pré­vus pour inté­grer l’effet d’un confi­ne­ment, et qu’il a fal­lu impro­vi­ser. Pour­tant, la pré­ca­ri­sa­tion des cher­cheurs étant par­fai­te­ment ins­tal­lée, on se rend compte que l’équipe qui a don­né des indi­ca­tions depuis des mois à notre gou­ver­ne­ment, est com­po­sée presqu’exclusivement de jeunes non sta­tu­taires. Ceux qu’on appelle les « pré­caires » de la recherche ont sou­vent un peu moins d’expérience et de culture scien­ti­fique du fait de leur âge, donc poten­tiel­le­ment un peu moins de réflexi­vi­té, et un réseau plus limi­té pour dis­cu­ter avec leurs pairs et tes­ter lar­ge­ment leurs hypo­thèses et idées (car la rela­tion aux pairs ne se réduit pas au « peer-review » mais est un exer­cice d’échange quo­ti­dien). Enfin, on sait qu’il est très déli­cat pour eux de déve­lop­per une recherche pro­fonde et ris­quée, voire d’apporter des contra­dic­tions au sein des espaces de recherche dont leur car­rière dépend.

Cette accep­ta­tion pas­sive de la com­pé­ti­tion va de pair avec une mécon­nais­sance de dis­ci­plines avec les­quelles les épi­dé­mio­logues devraient pour­tant être fami­liers. Par exemple, com­ment com­prendre que cer­tains cher­cheurs de sciences dures confondent démo­cra­tie et res­pect de leurs recom­man­da­tions ? Parce qu’ils n’ont pas de culture de l’aide à la déci­sion inté­grant la science, ne connaissent pas l’idée d’arbitrage entre des options pos­sibles comme la déve­loppent par exemple les éco­no­mistes, ni ne savent qu’une déci­sion en uni­vers com­plexe ne peut en aucun cas se baser sur un unique cri­tère d’analyse. Pen­dant un an, c’est un arbi­trage entre accep­ta­bi­li­té per­çue dans la popu­la­tion et nombre de morts qui a été fait – or, « l’acceptabilité » est un concept de mani­pu­la­tion sociale bien plus que de dis­cus­sion démo­cra­tique. En confon­dant leurs idées per­son­nelles avec le bien com­mun, les scien­ti­fiques qui se pré­ten­daient aptes à aider au gou­ver­ne­ment du pays ont fait preuve de leur incul­ture en phi­lo­so­phie, en épis­té­mo­lo­gie, en aide à la déci­sion, ou même en socio­lo­gie des sciences. Ce biais est mal­heu­reu­se­ment très répan­du, et on n’imagine pas le résoudre sans trans­for­mer en pro­fon­deur les par­cours éducatifs.

On peut espé­rer que cette rapide expo­si­tion des défauts struc­tu­rels du tra­vail dans le monde scien­ti­fique et l’expertise, dont on ne donne ici que quelques élé­ments, per­met­tra de revoir intel­li­gem­ment les tra­jec­toires de poli­tique scien­ti­fique dans les pro­chaines années. En par­ti­cu­lier si les mala­dies infec­tieuses émer­gentes sont à attendre en grand nombre, on ne pour­ra pas se per­mettre un tel manque de dis­cus­sion entre scien­ti­fiques. La com­pé­ti­tion à tout crin n’a jamais été, a prio­ri, le che­min à prendre pour que la connais­sance puisse ser­vir à tous.

Juliette ROUCHIER, direc­trice de recherche au CNRS en éco­no­mie et envi­ron­ne­ment, spé­cia­liste de l’utilisation des modèles agents appli­qués aux sciences sociales, et ancienne res­pon­sable du GDR « Poli­cy Ana­ly­tics » (Aide à la déci­sion inno­vante pour les poli­tiques publiques).

Source : le blog de Laurent Muc­chiel­li sur Media­part, https://​blogs​.media​part​.fr/​l​a​u​r​e​n​t​–​m​u​c​c​h​i​e​l​l​i​/​b​l​o​g​/​2​2​0​3​2​1​/​q​u​e​–​r​e​s​t​e​r​a​–​t​–​i​l​–​d​e​–​l​–​e​p​i​d​e​m​i​o​l​o​g​i​e​–​l​a​–​f​i​n​–​d​e​–​l​a​–​c​r​i​s​e​–​c​o​v​i​d​-19

Fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​9​0​7​8​8​5​3​0​2​7​317

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PS : C’est vrai qu’ils sont incroya­ble­ment jeunes, les modé­li­sa­teurs de (la mul­ti­na­tio­nale) Pasteur…

https://​research​.pas​teur​.fr/​f​r​/​t​e​a​m​/​m​a​t​h​e​m​a​t​i​c​a​l​–​m​o​d​e​l​l​i​n​g​–​o​f​–​i​n​f​e​c​t​i​o​u​s​–​d​i​s​e​a​s​es/

Pétition : NON au passeport vaccinal !

Je signe des péti­tions, comme une vic­time qui crie dans le noir de la cave où elle a été enfer­mée, parce que je suis rava­lé au rang dégra­dant d’É­LEC­TEUR (c’est-à-dire INCAPABLE poli­tique majeur) par ceux qui osent pré­tendre être mes « repré­sen­tants » — et qui se sont arro­gé le droit d’é­crire eux-mêmes la Consti­tu­tion (qu’ils devraient craindre).

J’en suis réduit à signer de déri­soires péti­tions (sans force contrai­gnante) parce que mon pays n’a pas de Consti­tu­tion (digne de ce nom).

Dans un peuple deve­nu consti­tuant, donc vigi­lant, il n’y aurait plus AUCUNE place pour un tyran.

Je signe, mais la mort dans l’âme car je sais bien que le « régime » qui nous opprime devient tota­li­taire et qu’il fau­drait beau­coup plus qu’une péti­tion pour lui résister.

Les pou­voirs abusent parce qu’on les laisse faire.

Les juristes sont trop confor­mistes : ils devraient aider les élec­teurs à deve­nir citoyens, en les aidant à écrire eux-mêmes les règles de leur représentation.

Étienne Chouard, aspi­rant citoyen constituant.


La péti­tion contre le pas­se­port vac­ci­nal : https://​www​.les​li​gnes​bougent​.org/​p​e​t​i​t​i​o​n​s​/​n​o​n​–​a​u​–​p​a​s​s​e​p​o​r​t​–​v​a​c​c​i​nal

NON au passeport vaccinal

Vos libertés sont en jeu !

Adres­sé à : M. Oli­vier Véran, Ministre de la San­té et des Solidarités

Alors que les cam­pagnes de vac­ci­na­tion battent leur plein en France et par­tout en Europe, de plus en plus de pays envi­sagent l’instauration d’un pas­se­port vaccinal.

ATTENTION : le gou­ver­ne­ment, jouant sur les mots, parle désor­mais de “pas­se­port sanitaire”.

C’est stric­te­ment la même chose.

Un tel “pas­se­port” restreindrait :

  • Votre liber­té de vous déplacer.
  • Votre droit de fré­quen­ter cer­tains lieux.
  • Votre droit d’accéder à cer­tains services.

C’est de la vac­ci­na­tion obli­ga­toire dégui­sée. Et c’est du fichage.

POUR NOUS, LE PASSEPORT VACCINAL C’EST NON !

La Pré­si­dente de la Com­mis­sion euro­péenne Ursu­la von der Leyen a annon­cé qu’un pro­jet de légis­la­tion sur un tel pas­se­port serait pré­sen­té le 17 mars 2021, ce qui per­met­trait un “retour gra­dué” à la libre cir­cu­la­tion. (1)

Nous devons réagir D’URGENCE, avant que ce pro­jet aboutisse.

Mettre en place un pas­se­port vac­ci­nal n’a AUCUN SENS :

1. Ce n’est pas parce que vous êtes vac­ci­né que vous n’êtes pas conta­gieux, et même Pfi­zer et Moder­na l’ont recon­nu ! Leurs vac­cins portent sur la dimi­nu­tion des symp­tômes du Covid-19… pas sur l’absence de conta­gio­si­té de la per­sonne vac­ci­née. (2)

2. Que le vac­cin soit fiable ou non, le bien­fait atten­du d’un pas­se­port vac­ci­nal est limi­té et ne jus­ti­fie abso­lu­ment pas de nous pri­ver de notre liber­té de choix :

    • si le vac­cin pro­tège effi­ca­ce­ment, ceux qui l’ont reçu ne devront pas craindre de se retrou­ver près de per­sonnes non vaccinées.
    • si le vac­cin ne pro­tège que par­tiel­le­ment, un pas­se­port vac­ci­nal engen­dre­rait un faux sen­ti­ment de sécu­ri­té. (3)

3. Refu­ser de se faire vac­ci­ner est un droit. Début mars, seuls 59% de nos conci­toyens se disent prêts à subir une vac­ci­na­tion Covid. (4) Cette méfiance est d’autant plus com­pré­hen­sible que nous avons encore très peu de recul sur l’innocuité et l’efficacité des vac­cins sur le long terme.

4. Il est beau­coup trop tôt pour ce genre de mesures. La France accuse un retard impor­tant en termes de vac­ci­na­tion. Avec seule­ment 0,10% de sa popu­la­tion qui a reçu les 2 doses du vac­cin, notre pays est le “mau­vais élève de l’Union Euro­péenne”. (5) Com­ment pour­­rait-on impo­ser un pas­se­port vac­ci­nal alors que la plu­part de la popu­la­tion n’a pas encore accès au vaccin ?

Disons “non”, main­te­nant à un tel projet !

Si, vous aus­si, vous refu­sez qu’un pas­se­port vac­ci­nal devienne un lais­­ser-pas­­ser pour cer­tains (les citoyens vac­ci­nés) et une res­tric­tion de liber­tés pour les autres (les non-vaccinés)…

…alors signez cette pétition !

Demain, une ségrégation par le vaccin ?

Pour encou­ra­ger le pas­se­port vac­ci­nal, l’argument du “retour à la nor­male” est employé.

Le gou­ver­ne­ment et les médias font croire qu’un pas­se­port vac­ci­nal vous per­met­tra de voya­ger plus libre­ment, de revoir vos proches fré­quem­ment. Ce serait donc “pour votre bien”.

C’est le contraire qui se produira.

Ce pas­se­port accroî­tra les res­tric­tions et por­te­ra une grave atteinte à nos liber­tés individuelles.

Ce ne sont pas seule­ment les res­tric­tions d’accès à un pays, un res­tau­rant, un ciné­ma, un musée, qui sont en cause.

C’est le jour où un petit-fils sera exclu de l’école car il ne sera pas vacciné.

C’est le jour où un frère per­dra son emploi car son pas­se­port vac­ci­nal ne por­te­ra pas la case “Covid”.

Mal­heu­reu­se­ment, cette ségré­ga­tion est déjà dans les têtes de tous !

Au Vati­can, les oppo­sants aux vac­cins Covid sont qua­li­fiés de “néga­tion­nistes sui­ci­daires” par le Pape Fran­çois et les employés qui refusent l’injection sont mena­cés de licen­cie­ment. (6)

En Suisse, l’Union patro­nale suisse (UPS) a esti­mé que : “Dans le sec­teur pri­vé, il doit être pos­sible pour les employeurs de faire la dif­fé­rence entre les sala­riés vac­ci­nés et non vac­ci­nés” (7)

Tout cela est inacceptable.

Disons non à cette manière détour­née d’imposer le vac­cin à toute la popu­la­tion. (8)

Un tel pas­se­port irait à l’encontre de la réso­lu­tion 23612021 prise par le Conseil de l’Europe le 27 jan­vier dernier.

Cette réso­lu­tion sti­pule que toute obli­ga­tion de vac­ci­na­tion est désor­mais illé­gale par défaut : per­sonne ne peut être vac­ci­né contre sa volon­té, sous la pres­sion. (9)

Que dit cette résolution ?

  • Que les 47 États membres sont obli­gés de signa­ler avant toute injec­tion que la vac­ci­na­tion n’est PAS obli­ga­toire (7.3.1) ;
  • Que les per­sonnes non vac­ci­nées ne doivent pas subir de dis­cri­mi­na­tion (7.3.2) ;
  • Que la dis­cri­mi­na­tion est éga­le­ment expres­sé­ment inter­dite en cas de risques sani­taires exis­tants ou si une per­sonne ne sou­haite pas être vac­ci­née (7.3.2)
  • Que les fabri­cants de vac­cins sont tenus de publier toutes les infor­ma­tions sur la sécu­ri­té des vac­cins (7.3.4).

L’obligation d’un tel vac­cin serait une atteinte aux droits de l’Homme, ni plus ni moins.

Renoncer aux vaccins Covid, c’est un droit

Nous ne por­tons aucun juge­ment sur ceux qui ont choi­si de se faire vacciner.

Qu’on ne porte pas de juge­ment sur ceux qui choi­sissent d’y renoncer !

Cer­tains ont peur des dan­gers pour leur san­té, manquent de confiance en l’efficacité ou la fia­bi­li­té des vac­cins Covid, ont besoin de plus de recul, etc…

Ils en ont le droit !

Chaque indi­vi­du est libre de l’usage qu’il fait de son corps, confor­mé­ment à ses choix. (10) Le droit de dis­po­ser de son corps a été recon­nu par la Cour Euro­péenne des Droits de l’Homme en 2002 ! (11)

Le pas­se­port vac­ci­nal nous pri­ve­ra de cette liber­té de déci­der de notre santé.

Le pas­se­port vac­ci­nal mena­ce­ra la pro­tec­tion de nos don­nées personnelles.

Après les confi­ne­ments, l’enfermement de nos aînés dans les Ehpads, le port du masque obli­ga­toire, l’application Tou­sAn­ti­Co­vid et le tra­çage numé­rique, le pas­se­port vac­ci­nal sera le coup de grâce à nos liber­tés indi­vi­duelles.

Ne nous lais­sons pas faire !

Mettre en place un pas­se­port vac­ci­nal serait enfin un véri­table cata­ly­seur d’inégalités : les vac­ci­nés du Covid auront des droits que les autres n’auront pas.

Nous devons refu­ser qu’un fos­sé se creuse entre per­sonnes vac­ci­nées et non-vac­­ci­­nées, qu’ils soient riches ou pauvres, en bonne san­té ou malades.

C’est pour­quoi nous exi­geons du gouvernement :

  • Qu’il déclare renon­cer offi­ciel­le­ment et défi­ni­ti­ve­ment à la mise en place de tout pas­se­port vac­ci­nal, cer­ti­fi­cat de vac­ci­na­tion ou pas­se­port sanitaire
  • Qu’il recon­naisse la liber­té de choix de cha­cun face à la vac­ci­na­tion contre le Covid-19
  • Qu’il défi­nisse un cadre strict pour empê­cher le sec­teur pri­vé d’imposer des obli­ga­tions vac­ci­nales à ses salariés
  • Qu’il pour­suive les recherches sur les vac­cins en s’assurant que la sécu­ri­té de tous est garantie.

Signez et par­ta­gez cette péti­tion pour faire valoir votre liberté !

Plus nous serons nom­breux, moins le pas­se­port vac­ci­nal aura de chances de s’imposer !

À l’attention de M. Oli­vier Véran, Ministre de la San­té et des Solidarités

Mon­sieur le Ministre de la Santé,

Votre devoir est de pro­té­ger la san­té des Français.

Jusqu’à pré­sent, votre stra­té­gie se concentre sur la vac­ci­na­tion géné­ra­li­sée de la popu­la­tion, et nous espé­rons que cela por­te­ra ces fruits.

Cer­tains Fran­çais refusent de se faire vac­ci­ner. C’est aus­si de votre devoir que de res­pec­ter leur liber­té et de les protéger.

Ayant eu vent du pro­jet immi­nent de pas­se­port vac­ci­nal de la Com­mis­sion euro­péenne, nous vous deman­dons solennellement :

  • Que la France annonce à l’Union Euro­péenne qu’elle renonce offi­ciel­le­ment et défi­ni­ti­ve­ment à la mise en place du pas­se­port vac­ci­nal, cer­ti­fi­cat de vac­ci­na­tion, pas­se­port sani­taire ou toutes les formes qu’il pour­rait prendre,
  • De recon­naître la liber­té de choix de cha­cun face à la vac­ci­na­tion contre le Covid-19,
  • De défi­nir un cadre strict pour empê­cher le sec­teur pri­vé d’imposer des obli­ga­tions vac­ci­nales à ses salariés,
  • De pour­suivre les recherches sur les vac­cins en vous assu­rant que la sécu­ri­té de tous est garantie.

Nous comp­tons, Mon­sieur le Ministre, sur votre com­pré­hen­sion des enjeux der­rière cette péti­tion et vous prions de croire en l’expression de notre haute considération.

Sources

 

  1. https://www.france24.com/fr/europe/20210301-union-europ%C3%A9enne-un-projet-de‑l%C3%A9gislation-sur-un-passeport-vaccinal-propos%C3%A9-en-mars
  2. Kern, J. (2021). Covid-19 : la vac­ci­na­tion signi­­fie-t-elle l’arrêt du port du masque ? Futu­­ra-sciences, San­té.https://​www​.futu​ra​-sciences​.com/​s​a​n​t​e​/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​s​/​c​o​r​o​n​a​v​i​r​u​s​–​c​o​v​i​d​–​1​9​–​v​a​c​c​i​n​a​t​i​o​n​–​s​i​g​n​i​f​i​e​–​t​–​e​l​l​e​–​a​r​r​e​t​–​p​o​r​t​–​m​a​s​q​u​e​–​8​4​7​11/
  3. https://​www​.tdg​.ch/​l​e​–​p​a​s​s​e​p​o​r​t​–​v​a​c​c​i​n​a​l​–​n​o​n​–​m​e​r​c​i​–​9​0​9​5​9​6​0​2​4​175
  4. https://​www​.lejdd​.fr/​S​o​c​i​e​t​e​/​s​o​n​d​a​g​e​–​c​o​v​i​d​–​1​9​–​l​a​–​c​a​m​p​a​g​n​e​–​f​r​a​n​c​a​i​s​e​–​d​e​–​v​a​c​c​i​n​a​t​i​o​n​–​d​u​r​e​m​e​n​t​–​j​u​g​e​e​–​e​n​–​f​r​a​n​c​e​–​e​t​–​a​–​l​e​t​r​a​n​g​e​r​–​4​0​2​8​281
  5. https://​www​.capi​tal​.fr/​e​c​o​n​o​m​i​e​–​p​o​l​i​t​i​q​u​e​/​d​e​u​x​i​e​m​e​–​d​o​s​e​–​d​u​–​v​a​c​c​i​n​–​l​a​–​f​r​a​n​c​e​–​e​s​t​–​e​n​c​o​r​e​–​e​n​–​r​e​t​a​r​d​–​p​a​r​–​r​a​p​p​o​r​t​–​a​–​s​e​s​–​v​o​i​s​i​n​s​–​e​u​r​o​p​e​e​n​s​–​1​3​9​2​790
  6. https://​www​.euro​pe1​.fr/​i​n​t​e​r​n​a​t​i​o​n​a​l​/​c​o​v​i​d​–​1​9​–​a​u​–​v​a​t​i​c​a​n​–​c​e​u​x​–​q​u​i​–​r​e​f​u​s​e​n​t​–​l​e​–​v​a​c​c​i​n​–​r​i​s​q​u​e​n​t​–​l​e​–​l​i​c​e​n​c​i​e​m​e​n​t​–​4​0​2​6​269
  7. https://www.lepoint.fr/monde/suisse-licencier-les-employes-qui-refusent-la-vaccination-25–02–2021–2415500_24.php
  8. https://​www​.lese​chos​.fr/​i​d​e​e​s​–​d​e​b​a​t​s​/​e​d​i​t​o​s​–​a​n​a​l​y​s​e​s​/​l​e​s​–​n​o​n​–​d​i​t​s​–​d​u​–​p​a​s​s​e​p​o​r​t​–​v​a​c​c​i​n​a​l​–​1​2​9​0​601
  9. Assem­blée par­le­men­taire. (2021). Réso­lu­tion 2361 : Vac­cins contre la covid-19 : consi­dé­ra­tions éthiques, juri­diques et pra­tiques. https://​pace​.coe​.int/​f​r​/​f​i​l​e​s​/​2​9​0​0​4​/​h​tml
  10. https://cours-de-droit.net/le-droit-de-disposer-de-son-corps-et-le-droit-a-l-integrite-physique-a121609240/#:~:text=L’Expression%20contest%C3%A9e%20%C2%AB%20libre%20disposition,capacit%C3%A9%20et%20de%20sa%20personne
  11. Cour eur. D.H., arrêt Pret­ty c. Royaume-Uni du 29 avril 2002, §§ 61–62 et 66, http://​echr​.coe​.int (7 mai 2014)

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[Résistance à l’oppression des enfermistes] Prophètes de malheur : rendez les exponentielles ! (Jean-François Toussaint chez Laurent Mucchielli)

Une fois de plus, on trouve sur le blog de Laurent Muc­chiel­li des argu­ments solides contre la tyran­nie qui vient. J’ap­pré­cie depuis un an les ana­lyses de Jean-Fran­­çois Tous­saint : c’est lui que j’ai enten­du le pre­mier sou­te­nir avec force la cor­ré­la­tion entre la gra­vi­té de la mala­die de 2020 et l’âge des popu­la­tions tou­chées, ce que les sta­tis­tiques ont depuis lar­ge­ment confirmé.

Je pense que nous devrions défendre les liber­tés publiques sans nous lais­ser inti­mi­der par les cris et les menaces des enfer­mistes, qui exa­gèrent outran­ciè­re­ment (avec des modèles mathé­ma­tiques à la con) la gra­vi­té des dan­gers d’une mala­die sai­son­nière, pour nous faire oublier leur res­pon­sa­bi­li­té per­son­nelle dans la des­truc­tion volon­taire (et donc cri­mi­nelle) de nos sys­tèmes publics de soin et de recherche depuis cin­quante ans.

 

Je repro­duis ici inté­gra­le­ment l’ar­ticle du Dr Tous­saint (je vous conseille de suivre les liens qu’il indique, c’est inté­res­sant), et je vous invite à consul­ter sou­vent le blog de Laurent Muc­chel­li, qui nous signale tou­jours des ana­lyses les plus sérieuses.

Étienne.


Laurent Muc­chiel­li (18 mars 2021) : Le pro­fes­seur Jean-Fran­­çois Tous­saint pour­suit son ana­lyse des évo­lu­tions actuelles de l’épidémie de coro­na­vi­rus. Il répond à l’occasion aux jour­na­listes auteurs de fan­tai­sies récentes et aux pro­pos fort peu res­pon­sables de cer­tains savants.


Prophètes de malheur : rendez les exponentielles !

Par Jean-Fran­­çois TOUSSAINT, pro­fes­seur de phy­sio­lo­gie à l’U­ni­ver­si­té de Paris

Comme sou­vent depuis 6 mois les articles anti-« ras­su­ristes », entiè­re­ment à charge ou presque, omettent à des­sein de men­tion­ner plu­sieurs points essen­tiels à la com­pré­hen­sion du débat. Dans une obtuse obs­ti­na­tion, ils se contentent de confron­ter des frag­ments de décla­ra­tions tron­quées, alors qu’elles étaient éta­blies sur des constats expri­més au pré­sent. Nous avions par exemple très tôt pré­ci­sé qu’il pour­rait y avoir une deuxième vague à l’automne mais qu’elle serait alors condi­tion­née à des cri­tères de sai­son­na­li­té issus de ce que l’on obser­vait alors en Amé­rique du Sud, bien plus qu’au soi-disant relâ­che­ment des Fran­çais qui devait entrai­ner les deuxièmes vagues de mai, juin, juillet ou août derniers.

Après des mois de confi­ne­ment par­tiel ou total, de couvre-feu à toute heure, et d’enfermement domi­ni­cal à géo­gra­phie variable, on com­prend à quel point le com­por­te­ment de nos conci­toyens n’a plus rien à voir avec les sur­sauts impré­dic­tibles de l’épidémie et ses muta­tions virales. L’Espagne, qui conti­nue d’aller au théâtre et à l’opéra (1 550 décès par mil­lion d’habitants),  ou la Suède, sans masque et sans confi­ne­ment mais confiante dans ses auto­ri­tés (1 300), finissent comme il était dit il y a un an au même niveau de mor­ta­li­té que la France (1 360) dont les ins­tances se perdent en hys­té­ries suc­ces­sives et contro­verses inutiles.

L’une de ces « enquêtes » aurait ain­si pu évo­quer les rai­sons pour les­quelles je me suis oppo­sé très tôt à la déci­sion de confi­ne­ment géné­ral et qui res­tent les plus impor­tantes à ce jour : des­truc­tions sociales majeures ; impacts mas­sifs sur tous les pans de la socié­té ; pertes d’espérance à tous les âges et sur­tout chez les plus jeunes ; effon­dre­ments dra­ma­tiques dans un contexte de stag­na­tion attes­té depuis plus de 10 ans – contexte dans lequel il eut fal­lu au contraire agir avec la plus extrême pru­dence, ce dont n’ont pas vou­lu tenir compte les membres du conseil scien­ti­fique Covid-19.

Leur auteur aurait pu signa­ler que ma for­ma­tion m’avait d’ailleurs conduit à prendre des res­pon­sa­bi­li­tés en réani­ma­tion pen­dant près de 20 ans – je connais les dif­fi­cul­tés du métier – mais que ma par­ti­ci­pa­tion à toutes les ins­tances du Haut Conseil de la San­té Publique m’avait aus­si per­mis d’aborder depuis long­temps les ques­tions concer­nant les risques futursleur pré­ven­tion, nos marges d’adaptationles mala­dies émer­gentes ou ré-émer­­gentes et leurs consé­quences sur la vie humaine.

Il aurait pu éga­le­ment rap­pe­ler les erreurs des modé­li­sa­teurs qui se sont juste trom­pés dès les pre­miers jours sur l’ampleur de la mor­ta­li­té. Les pro­jec­tions du 28 octobre pré­voyant 9 000 patients en réani­ma­tion « quoi qu’on fasse » (ce chiffre n’a jamais été atteint, la vague offi­cielle s’est arrê­tée à 4903 le 16 novembre) ayant mon­tré a contra­rio que le deuxième confi­ne­ment n’était pas néces­saire https://blogs.mediapart.fr/laurent-mucchielli/blog/231220/une-etude-montre-t-elle-que-le-deuxieme-confinement-n-%C3%A9tait%20pas%20n%C3%A9cessaire (page sup­pri­mée).

Mais ces pro­jec­tions ont suf­fi­sam­ment refroi­di quelques déci­deurs pour qu’ils se soient oppo­sés pen­dant les deux der­niers mois, aux appels à l’enfermement abso­lu de tout le ter­ri­toire, encore expri­més dans cer­taines décla­ra­tions irres­pon­sables récentes qui encou­ra­ge­raient à confi­ner « le cou­teau sous la gorge », geste à l’appui, comme s’il s’agissait d’une lutte entre bol­che­viks et men­che­viks. Le contexte est peut-être pré-révo­­lu­­tion­­naire mais, s’il est encou­ra­gé par ces pro­pos d’une autre époque, nous bas­cu­le­rions alors dans une phase qui ne serait plus du tout favo­rable à la prise en charge des plus vul­né­rables. Or ceci reste pour­tant l’objectif de ces achar­nés de l’enfermement. Essayez de comprendre.

Et même si les mesures du moment, inef­fi­caces sur le taux d’occupation des lits de réani­ma­tion, ne sont prises que pour cal­mer quinze jours les plus exal­tés, elles ne sont aucu­ne­ment liées aux pseu­­do-courbes expo­nen­tielles annon­cées à coup de trom­pette depuis jan­vier. Celles-ci ne se sont tout sim­ple­ment pas pro­duites. Il suf­fit pour s’en convaincre d’observer les courbes de la mor­ta­li­té quo­ti­dienne dans les 8 dépar­te­ments d’Ile-de-France depuis un an :

 

figure-1a

 

 

figure-1b

Figure 1 : Nombre de décès quo­ti­diens dans les 8 dépar­te­ments d’Ile de France depuis 1 an (gra­phiques du site Le Monde au 17 mars 2021). Aucune hausse signi­fi­ca­tive n’est obser­vable depuis 5 mois. La seule phase mas­sive cor­res­pond à l’accélération bru­tale de mars 2020.

 

Il ne s’agit donc plus d’un pro­blème de sur­mor­ta­li­té, comme le rap­pellent les tra­vaux récents de l’INED, mais d’un pro­blème de ges­tion des réani­ma­tions hos­pi­ta­lières en manque de moyens. Faut-il à nou­veau enfer­mer des mil­lions de gens pour cela ?

Il aurait enfin pu rap­pe­ler les argu­ments en faveur de l’immunité col­lec­tive, natu­relle ou vac­ci­nale (mal­gré toutes les caco­pho­nies sur le sujet) et de la stra­té­gie pré­coce « tes­ter – iso­ler – tra­cer » n’isolant que les seuls malades et non la tota­li­té des pays, à laquelle un grand nombre d’États, dont les pre­miers tou­chés (Corée du Sud), ont su recou­rir sans engen­drer de des­truc­tions mas­sives de leur société.

Tout cela aurait per­mis de com­prendre pour­quoi le gou­ver­ne­ment s’oppose encore par­tiel­le­ment au confi­ne­ment natio­nal, dans une posi­tion qua­si « ras­su­riste » qu’il tien­dra, peut-être (dans le délire ambiant tout est désor­mais pos­sible), tant que les par­ti­sans de la déten­tion pour tous et tout le temps n’auront pas démon­tré un rap­port bénéfice/risque favo­rable sur le long terme. Or la lit­té­ra­ture inter­na­tio­nale évo­lue actuel­le­ment dans la direc­tion oppo­sée, mal­gré les hur­le­ments des zélotes de l’utopie « Zéro Covid » et de ceux qui pro­phé­tisent chaque jour l’apocalypse parce qu’ils auront tou­jours peur de chaque jour.

De la même façon un article récent, qui aurait pu être écrit il y a 6 mois, tant sa grille de lec­ture n’a pas évo­lué, croyait pou­voir révé­ler que cer­tains avaient « bom­bar­dé la popu­la­tion de dés­in­for­ma­tions de tout calibre, la plu­part contre­di­sant les résul­tats scien­ti­fi­que­ment éta­blis ». Mal­heu­reu­se­ment leurs auteurs ne par­viennent pas à don­ner à leurs lec­teurs la moindre réfé­rence ayant démon­tré scien­ti­fi­que­ment (donc avec des preuves éta­blies sur l’observation du réel et non sur des modé­li­sa­tions) un rap­port béné­­fice-risque favo­rable au confi­ne­ment géné­ral. Pour­quoi ? Tout sim­ple­ment parce que ces démons­tra­tions n’existent nulle part dans la lit­té­ra­ture scientifique.

Ces com­men­ta­teurs font alors sem­blant de croire que « les médias avaient pro­duit des efforts par­ti­cu­liers pour appor­ter une infor­ma­tion de qua­li­té … Ce qui fut le cas pour la plu­part des quo­ti­diens natio­naux… » Ten­ta­tive d’auto-amnistie ? Abso­lu­tion rétro­ac­tive ? La réa­li­té est que loin de ces cri­tères, au moins trois d’entre eux, et deux uni­tés dites de veille jour­na­lis­tique ont par­fois inven­té une autre véri­té https://​www​.libe​ra​tion​.fr/​f​r​a​n​c​e​/​2​0​2​1​/​0​1​/​1​0​/​d​r​o​i​t​–​d​e​–​r​e​p​o​n​s​e​_​1​8​1​0​8​20/ (page sup­pri­mée), basée sur des faits qui ne se sont jamais pro­duits. Jour­na­lisme de veille dites-vous ? Qui veille ? Qui pro­duit les fake news ?

Mais le plus éton­nant dans tout cela fut de consta­ter ce 11 mars qu’il avait fal­lu douze mois, et des demandes mille fois répé­tées, pour qu’on assiste enfin à une aug­men­ta­tion du nombre de lits de réani­ma­tion – la pro­messe des 12 000 faite en août par le ministre de la san­té est tom­bé aux oubliettes depuis long­temps, d’autant que c’est l’une de ses adver­saires qui inves­tit logi­que­ment, avec l’appui de sa région, pour répondre à l’évident constat et aux carences de l’état. Or les taux de rem­plis­sage de ces lits consti­tuent l’un des prin­ci­paux cri­tères pour, soi-disant, jus­ti­fier le confi­ne­ment. En espé­rant qu’il ne s’agisse pas de modu­la­tion des cri­tères d’admission au moment d’entrer dans deux cam­pagnes élec­to­rales suc­ces­sives, doit-on alors conclure que ce nombre fait désor­mais l’objet de cri­tères poli­tiques et non plus sanitaires ?

Les mêmes causes pro­dui­sant les mêmes effets, la véri­té devient de plus en plus floue et la panique conti­nue de gui­der le monde. Beau­coup de com­men­ta­teurs, omni­pré­sents dans le débat public, se com­portent alors comme des influen­ceurs ayant aban­don­né l’objectivité qui devraient gui­der leurs déon­to­lo­gies pro­fes­sion­nelles res­pec­tives. Retour­nant leurs accu­sa­tions per­ma­nentes, n’est-il pas temps de ques­tion­ner leur res­pon­sa­bi­li­té dans la caco­pho­nie ambiante ?

 

figure-2

Figure 2 : Don­nées Insee des décès quo­ti­diens en France pour les mois de jan­vier et février 2019 (losanges blancs), 2020 (car­rés blancs) et 2021 (car­rés noirs). L’ensemble du mois de février 2021 se super­pose à celui de 2019 (la dif­fé­rence sur les quatre der­niers jours est due au retard usuel d’archivage). Mer­ci à Eric Le Bourg pour la consti­tu­tion du graphique.

 

Et nous voi­là fin mars… Nous venons de pas­ser l’hiver entre­te­nus dans la peur d’une catas­trophe immi­nente, chaque fois repous­sée à la pro­chaine quin­zaine. Alors qu’il n’y a pas eu de sur­mor­ta­li­té en France en février (nous sommes reve­nus à l’étiage de 2019), on nous pro­met main­te­nant que ce sera pour avril. Dans quel but ? Par quelle frayeur de l’autre ? Quelle lubie de contrôle ? Ou de sou­mis­sion ? Quand ces­se­ra cette fuite en avant ? Car on com­prend que le virus se fiche abso­lu­ment de toutes nos pré­dic­tions, de tous nos modèles et de nos com­por­te­ments. Il va où il veut, touche qui il veut et rien, à part l’immunisation natu­relle ou vac­ci­nale, ne l’empêche de se répandre dans l’air du temps.

Le temps des cerises

Sauf que… sauf que jus­te­ment voi­là l’printemps. Et bien­tôt le temps des cerises. Et ce temps-là n’est pas bon pour le virus, qui pré­fère l’humidité hiver­nale de nos réclu­sions inté­rieures. Alors sor­tez ! Flâ­nez sur le canal de l’Ourcq. Cour­rez sur les quais de Seine. Diva­guez sur les digues de Dun­kerque et de Nice. II en va de votre san­té men­tale. Ouvrez les portes et les fenêtres. Met­tez la lite­rie au grand air et débar­­ras­­sez-vous des para­sites qui vous ont encom­bré tout l’hiver : les épi­dé­mio­lo­gistes rui­neux, les membres du conseil scien­ti­fique, les pré­di­ca­teurs d’apocalypse, et tous ceux qui ne nous offrent comme hori­zon que la geôle her­mé­tique et la déten­tion à perpétuité.

Fêtez la com­mune. Com­mé­mo­rez le cou­rage des com­mu­nards. Crai­­gnaient-t-ils le typhus avant de rejoindre la butte rouge ? Deman­­daient-ils l’autorisation d’Adolphe Thiers ?

Allez Butte aux cailles, au Châ­teau d’eau, au Père Lachaise, rue Ramponeau.

Éva­­dez-vous.

Jean-Fran­­çois TOUSSAINT

Les belles auront la folie en tête
Et les amou­reux, du soleil au cœur …
Le temps des cerises, Jean-Bap­­tiste Clément

Jean-Fran­­çois Tous­saint est direc­teur de l’IRMES (Ins­ti­tut de Recherche bio­Mé­di­cale et d’É­pi­dé­mio­lo­gie du Sport) qu’il a créé en 2006 à l’Insep avec l’université Paris Des­cartes, l’Inserm et l’AP-HP. Ses tra­vaux sont consa­crés au contexte de la per­for­mance au XXIe siècle, aux béné­fices sani­taires de l’activité phy­sique ou spor­tive, aux risques du haut niveau et aux limites humaines. Après une thèse de science à Har­vard, il devient car­dio­logue et pro­fes­seur de phy­sio­lo­gie à l’université Paris Des­cartes. Il est co-auteur de plus d’une cen­taine d’ouvrages et de publi­ca­tions scien­ti­fiques. Il orga­nise les États Géné­raux de la Pré­ven­tion en 2006 et rédige plu­sieurs plans natio­naux pour le compte des minis­tères de la san­té et des sports. Il dirige le Groupe Adap­ta­tion et Pros­pec­tive du Haut Conseil de la san­té publique dont il oriente les ana­lyses vers les grands enjeux de san­té et la pré­ven­tion des risques émergents.

Membre du Comi­té d’Orientation stra­té­gique du Musée de l’Homme, il pré­side le groupe d’experts de la Com­mis­sion Euro­péenne « Sport, San­té et Par­ti­ci­pa­tion ». Il a orga­ni­sé plu­sieurs congrès inter­na­tio­naux dont le récent col­loque « L’homme peut-il s’adapter à lui-même ? » fai­sant inter­ve­nir notam­ment Jacques Delors, Albert Fert, Jean-Claude Amei­sen, Gilles Boeuf et Cédric Villani.


Com­plé­ments :

Un an après le premier confinement, la privatisation de l’hôpital toujours en marche

https://​fran​cais​.rt​.com/​e​n​t​r​e​t​i​e​n​s​/​8​4​3​5​1​–​u​n​–​a​n​–​a​p​r​e​s​–​p​r​e​m​i​e​r​–​c​o​n​f​i​n​e​m​e​n​t​–​p​r​i​v​a​t​i​s​a​t​i​o​n​–​h​o​p​i​t​a​l​–​t​o​u​j​o​u​r​s​–​e​n​–​m​a​r​che

INTERVIEW. Le confinement est sans effet ? Le chercheur John Ioannidis défend son étude polémique

https://​www​.scien​ce​se​ta​ve​nir​.fr/​s​a​n​t​e​/​i​n​t​e​r​v​i​e​w​–​l​e​–​c​h​e​r​c​h​e​u​r​–​j​o​h​n​–​i​o​a​n​n​i​d​i​s​–​d​e​f​e​n​d​–​s​o​n​–​e​t​u​d​e​–​s​u​r​–​l​e​–​c​o​n​f​i​n​e​m​e​n​t​_​1​5​1​510

Évaluation des effets du séjour obligatoire au domicile et de la fermeture d’entreprise sur la propagation du COVID-19

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Et voilà… ça coûte moins cher

 
Fina­le­ment, au bout du compte, le pré­ten­du « libé­ra­lisme » est un crime contre l’humanité.

À l’é­vi­dence, ceux qui se disent « libé­raux » détestent LES COMMUNS et ne rêvent que de se les appro­prier pour en faire des centres de pro­fit (pri­vés).
C’est comme ça depuis l’o­ri­gine : le pre­mier crime des « libé­raux » fut les ENCLOSURES (le fait d’en­clore les com­muns, de se les appro­prier), puis d’en­fer­mer et de mas­sa­crer (lit­té­ra­le­ment) les résistants.

Ce qui nous perd, dans notre espèce humaine, c’est notre incroyable vul­né­ra­bi­li­té aux bobards : il aura suf­fi aux pires canailles de se pro­cla­mer eux-mêmes « libé­raux » pour gru­ger toute l’hu­ma­ni­té, qui aime natu­rel­le­ment la liber­té mais sans prê­ter atten­tion au piège (pour­tant gros­sier) de la liber­té du renard libre dans un pou­lailler libre.

Le Dr. Gérald Kierzek résiste à la doxa : « C’EST L’AUTORITÉ ADMINISTRATIVE QUI NE VEUT PAS CRÉER DE LITS PÉRENNES » et qui nous enferme volontairement dans la crise !

Je trouve le Dr. Gérald Kier­zek très convain­cant pour résis­ter aux pres­sions vers un régime tota­li­taire. J’ai noté :

  • Les réas sont satu­rées DEPUIS DES DÉCENNIES (rien à voir avec la COVID, donc : n’im­porte quelle épi­dé­mie met désor­mais notre sys­tème à genoux) à cause de la des­truc­tion volon­taire de l’hô­pi­tal (par ceux-là même qui nous appellent aujourd’­hui, comme des tar­tuffes, à « défendre l’hô­pi­tal » contre l’engorgement…)
    .
  • Les chiffres épou­van­tables semant la ter­reur (« 90 000 morts »…) sont obte­nus en CUMULANT les chiffres de PLUSIEURS années (!) au lieu de remettre les comp­teurs à zéro (comme tous les ans, évidemment).
    .
  • En plus, les chiffres des morts publiés par­tout sont des chiffres ABSOLUS : ils ne sont jamais mis en rela­tion ni avec les années pré­cé­dentes, ni avec le nombre total de morts (le nb de mort NORMAUX en France est de 600 000/an (!) tous les ans), ni avec les tranches d’âge concer­nées : il n’y a rigou­reu­se­ment aucune sur­mor­ta­li­té en 2020 pour les moins de 65 ans (!) : ce sont les plus de 75 ans qui meurent, comme d’ha­bi­tude donc, sauf que les papy-boo­­mers sont de plus en plus nom­breux à être très vieux, ET C’EST ÇA (ET PAS LA COVID19) QUI EXPLIQUE LA SURMORTALITÉ EN VALEUR ABSOLUE mais pas en valeur rela­tive de la tranche d’âge… Ces chiffres sont donc mani­pu­la­toires : ils servent à faire croire à une héca­tombe excep­tion­nelle qui n’existe pas.
    .
  • Les modèles mathé­ma­tiques catas­tro­phistes qui fondent toutes les alertes ter­ri­fiantes sont tous BIDON : ils se sont TOUS trom­pés, tout le temps… C’est idiot de conti­nuer à leur faire confiance.
    .
  • On sait main­te­nant soi­gner les gens AVANT la réani­ma­tion, mais encore fau­­drait-il avoir des lits simples pour les accueillir… Or IL N’Y A PLUS DE LITS, puisque le gou­ver­ne­ment les a volon­tai­re­ment et régu­liè­re­ment détruits, et qu’il conti­nue à en détruire en 2020 et 2021 !!
    .
  • Les trans­ferts chers et spec­ta­cu­laires de malades sont de la pro­pa­gande men­son­gère : les trans­ferts ne sont pas néces­saires, il suf­fi­rait de sol­li­ci­ter les lits libres à proxi­mi­té dans le pri­vé. Mais non, c’est idéo­lo­gi­que­ment insup­por­table de faire appel au privé…
    .
  • Dr Kier­zek : « Dans mon hôpi­tal, à l’Hô­tel-Dieu, on pour­rait ouvrir 100 lits du jour au len­de­main ! Pour­quoi on le fait pas ? À l’hô­tel Dieu, en effet, la réa a été désaf­fec­tée il y a 5 ans : on l’a visi­tée la semaine der­nière, tout est prêt, les fluides, l’oxy­gène, etc. (OK, on va nous dire « mais non c’est pas une réa », alors ok : met­tons des lits de pré-réa, jus­te­ment, pour faire sor­tir les patients de réa quand ils n’ont plus besoin de réani­ma­tion mais pour les­quels on est aujourd’­hui coin­cés parce qu’on n’a pas de lits d’a­val… Mais là, on ne veut pas, et ça : c’est L’AUTORITÉ ADMINISTRATIVE QUI NE VEUT PAS CRÉER DE LITS PÉRENNES : ils veulent juste pous­ser un peu les murs, faire un peu de show avec les trans­ferts, mais rien de plus,  pour évi­ter d’as­su­mer la res­pon­sa­bi­li­té de dire « on crée des lits », parce que ça vou­drait dire « on a fait une conne­rie en les fer­mant ces der­nières années »
    .
  • Il n’y a pas du tout de flux abon­dant de malades : urgences : – 30% d’ac­ti­vi­té, ser­vices nor­maux d’hos­pi­ta­li­sa­tion non débor­dés, il n’y a que la réa qui sature, mais c’est pas par un flux de cen­taines de malades qui arrivent, c’est juste la dif­fé­rence entre les entrées et les sor­ties : sur les 1200 lits en Île de France, il y a envi­ron 1000 malades qui res­tent plu­si­suers jours, for­cé­ment, donc, sur les entrées et sor­ties quo­ti­diennes, il y a une dif­fé­rence de 25 à 50 malades…(pas qui s’ad­di­tionnent tous les jours, c’est juste le del­ta entrées – sor­ties) qu’on essaie d’é­clu­ser un peu par les trans­ferts… Alors ça pour­rait se faire par les cli­niques pri­vées, ça pour­rait se faire en créant un ser­vice ou deux en Île de France, et ça per­met­trait de nor­ma­li­ser la situa­tion (sans ter­ro­ri­ser tout le monde)…
    .
  • L’ob­jec­tif, c’est de vider les réas, et donc le confi­ne­ment ça ne ser­vi­rait à rien !
    .
  • On est pri­son­niers des modèles mathé­ma­tiques où on nous dit « atten­tion, il faut vite libé­rer des lits, et même encore plus !, pour gar­der des réserves parce que « ça va être catas­tro­phique dans trois semaines »… Et ça fait 4 mois qu’on nous dit ça !…Voi­là pour­quoi on éloigne les malades de façon cen­tri­fuge le plus loin pos­sible de Paris : pour gar­der des places libres à côté… Sauf que ces modèles mathé­ma­tiques, à un moment don­né, il fau­drait réexa­mi­ner leur pertinence…

 

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[Edit (9h après la publication) :

Un ami que j’aime me reproche mon « irres­pon­sa­bi­li­té » d’ain­si dédra­ma­ti­ser la situa­tion, ce qui pour­rait conduire la popu­la­tion à « bais­ser la garde »…

Je lui ai répon­du ceci (qui pour­rait qua­si­ment faire l’ob­jet d’un nou­veau billet) :

« Cher …,

• Les chiffres de l’IN­SEE sont sor­tis pour 2020 : sur toutes les tranches d’âge infé­rieures à 65 ans, il y a eu MOINS de morts en 2020 qu’en 2019 (1000 de moins).

Je répète : non pas plus de morts, mais MOINS de morts en 2020.

• De 65 à 75 ans, UN PEU plus de morts.

• La plus grande par­tie des morts sont au-delà de 75 ans (moyenne d’âge des morts supé­rieure à 85 ans).

=> Ce qui s’est pas­sé cette année, Guy-Fran­­çois, c’est qu’il y avait BEAUCOUP PLUS DE VIEUX de plus de 65 ans (comme moi bien­tôt) ET en même temps BEAUCOUP MOINS DE JEUNES de moins de 65 ans : 800 000 très vieux de plus ! et 600 000 jeunes de moins !! (qu’en 2017). Gros vieillis­se­ment de la popu­la­tion, donc, qui vient sim­ple­ment de l’ar­ri­vée des papy-boo­­mers (et ça se passe comme ça depuis 5 ans dans plein de pays dans le monde). Et ça va durer encore 25 ans ! Et il se trouve que, sta­tis­ti­que­ment, ce sont les vieux qui meurent, pas les jeunes (natu­rel­le­ment, méca­ni­que­ment, fata­le­ment, banalement).

Je t’an­nonce donc que, du simple fait des lois élé­men­taires de la démo­gra­phie, il y aura de plus en plus de morts pen­dant les 20 ans qui viennent, EN VALEURS ABSOLUES, en nombre de morts, comme ça, pour les mêmes rai­sons, pen­dant encore des décennies.

MAIS pas en valeurs relatives !

CE QUI FAIT QUE l’aug­men­ta­tion des morts en valeur abso­lue n’est PAS une bonne rai­son pour rava­ger la socié­té (par des mesures aus­si inutiles que dévas­ta­trices), puisque c’est une situa­tion NORMALE.

• EN VALEURS RELATIVES, — et c’est évi­dem­ment comme ça qu’il faut comp­ter sinon on se fait peur pour rien, — les TAUX de mor­ta­li­té PAR TRANCHE D’ÂGE sont sen­si­ble­ment LES MÊMES en 2020 que les années pré­cé­dentes. On a plus de morts en valeurs abso­lues parce qu’on a beau­coup plus de très vieux, C’EST TOUT. Si cela n’a­vait pas été le COVID, cela aurait été n’im­porte quelle épi­dé­mie. C’est la vie : les infec­tions res­pi­ra­toires nous emportent nos vieux, tous les ans depuis la nuit des temps (2,6 mil­lions de morts par an TOUS LES ANS dans le monde par infec­tion res­pi­ra­toire, c’est la nor­ma­li­té de notre humanité.

• En plus, je n’ou­blie pas le sort épou­van­table que « les auto­ri­tés de san­té » ont réser­vé à nos vieux, pré­ci­sé­ment, au prin­temps dernier :
ENFERMÉS comme des rats dans leurs EHPADs,
SANS SOIN (para­cé­ta­mol obli­ga­toire et C’EST TOUT, C’EST UN ORDRE),
SANS VISITES,
INTERDITS d’HÔ­PI­TAL (sou­­viens-toi : les méde­cins avaient peur eux-mêmes de rece­voir les gens qui tous­saient, tel­le­ment les médias ter­ro­ri­saient tout le monde),
on les a même ache­vés au RIVOTRIL…
on ne les a même pas inhumés,
on les a jetés dans des sacs.
C’est de la méde­cine, ça ?
PAS DU TOUT : ON A INTERDIT AUX MÉDECINS DE SOIGNER.
On a impo­sé à tout le monde de RESTER CHEZ SOI et d’al­ler l’hô­pi­tal seule­ment au der­nier moment, quand on était bon pour la réa direct, ce qui a évi­dem­ment débor­dé l’hô­pi­tal (déjà dévas­té par 50 ans d’ul­tra­li­bé­ra­lisme). EMPÊCHER LES MÉDECINS DE PRESCRIRE EST UN AUTRE CRIME DE CE RÉGIME.

• Je n’ou­blie pas non plus que ce sont LES MÊMES qui reprochent sévè­re­ment aux jeunes — et mêmes aux enfants, bor­del ! — de ne pas por­ter leurs masques en papier et de se mon­trer ain­si « égoïstes » et même « res­pon­sables des blo­cages des urgences » (quel culot !), ce sont LES MÊMES, donc, qui ont DÉTRUIT VOLONTAIREMENT 8 lits sur 10 depuis 1970 ! Et LES MÊMES qui conti­nuent à détruire des lits en 2020 !! et LES MÊMES qui conti­nuent à détruire des lits d’hô­pi­taux par cen­taines encore en 2021 !!!

Bon sang, mais arrê­tez de trai­ter d’ir­res­pon­sables ceux qui refusent le masque, l’en­fer­me­ment et la ruine des PME (mesures tota­le­ment INUTILES, c’est prou­vé scien­ti­fi­que­ment par le plus grand épi­dé­mio­lo­giste du monde), et pre­­nez-vous-en plu­tôt au gou­ver­ne­ment, qui est LE SEUL RESPONSABLE DE CETTE CRISE, POUR AVOIR VOLONTAIREMENT, CRIMINELLEMENT, DEPUIS LONGTEMPS, OBSTINÉMENT, AVEUGLÉMENT,DÉTRUIT TOUT NOTRE SYSTÈME DE SOINS.

Ça me désole de te voir me trai­ter, moi, d’  »irres­pon­sable » au motif que je dénonce seule­ment les crimes de ce régime de merde.

Tu te trompes d’irresponsable.

• Enfin, la Suède a LES MÊMES RÉSULTATS QUE NOUS SANS CONFINER, SANS ENFERMER PERSONNE, SANS JETER AUCUNE PME DANS LA MISÈRE, SANS TERRORISER TOUT LE MONDE, SANS RENDRE DÉPRESSIFS SES ENFANTS… La Suède a LES MÊMES RÉSULTATS QUE NOUS. Il faut arrê­ter de dire que nos chiffres sont liés aux mesures prises, ce n’est pas vrai.

(et ne me parle pas des pouièmes de dif­fé­rence, ce serait indé­cent, s’il te plaît : regarde le coût des mesures, éco­no­mique, sani­taire et social, y a pas pho­to : les mesures prises sont catas­tro­phiques et elles ne sont que ça). IL NE FALLAIT PAS DÉTRUIRE LES HÔPITAUX, voi­là ce que les tyrans essaient de cacher en nous fai­sant por­ter, nous, la res­pon­sa­bi­li­té de leurs crimes à eux.

Avec toute mon ami­tié, cher …

Étienne. »

Gérard MAUDRUX, médecin : « Pourquoi l’IVERMECTINE est probablement le meilleur traitement de la Covid » (chez Laurent Mucchielli)

Chers amis,

Je vais encore une fois vous par­ler de cette pré­ten­due « crise sani­taire » — que j’a­na­lyse, moi, comme une bas­cule tota­li­taire, ce qui est, de mon point de vue, évi­dem­ment une bonne et forte rai­son pour vous en par­ler, et urgemment.

Et je vais vous en par­ler mal­gré les reproches amers que me font cer­tains amis d’o­ser par­ler de ça, d’o­ser avoir une opi­nion sur ça, alors que je ne suis pas méde­cin, alors que je ne suis pas scien­ti­fique, alors que, en un mot, je suis pré­ten­du­ment « incompétent »…

• Je fais d’a­bord remar­quer que je ne suis pas le seul incom­pé­tent sur terre à m’ex­pri­mer sur cette ques­tion : abso­lu­ment tout le monde en parle, abso­lu­ment tout le temps. Je ne vois donc pas du tout au nom de quoi le fait que je donne mon propre avis serait un scandale.

• Je fais ensuite remar­quer que la démo­cra­tie est pré­ci­sé­ment ce régime poli­tique dans lequel les déci­sions publiques ne sont PAS prises par les experts, les com­pé­tents, mais que la sou­ve­rai­ne­té (le droit de pen­ser, d’o­pi­ner et fina­le­ment de déci­der) appar­tient à tous les citoyens, sans excep­tion et à éga­li­té : en démo­cra­tie, « un homme=une voix » (et pas du tout « un expert=une voix »).

Je vais donc évi­ter de culpa­bi­li­ser, et conti­nuer à m’in­for­mer : « bien faire et lais­ser braire » m’a appris mon papa (il y a fort longtemps).


L’heure est grave : ceux qui pré­tendent nous « repré­sen­ter » vont bien­tôt empê­cher de vivre libre­ment ceux qui refusent de se faire « vac­ci­ner » (c’est-à-dire injec­ter de force des pro­duits qu’on peut esti­mer très dan­ge­reux) : c’est appa­rem­ment la Com­mis­sion euro­péenne (non élue et tota­le­ment irres­pon­sable devant per­sonne) qui l’im­po­se­ra aux pauvres Euro­péens. Une source par­mi mille autres : « Covid : un « pas­se­port vert » euro­péen avant les vacances d’été »

C’est donc bien un APARTHEID qui se pré­pare à très courte échéance : une socié­té à deux vitesses, avec des hommes doté de droits (les dociles) et des sous-hommes pri­vés de droits, pri­vés de liber­tés (les indociles).

Sur quoi est fon­dée cette hor­reur qui vient ?

Le fon­de­ment unique de l’o­bli­ga­tion vac­ci­nale est que, soi-disant, ON NE PEUT PAS FAIRE AUTREMENT
(there is no alter­na­tive, TINA, quoi, ça ne vous rap­pelle rien ?).
Et pour­quoi est-ce qu’on ne peut pas faire autrement ?

Parce que :

1) cette mala­die est TRÈS GRAVE (épou­van­table même),

2) il n’existe AUCUN AUTRE TRAITEMENT QUE LES VACCINS,

3) et bien sûr LES VACCINS SONT EFFICACES ET SANS DANGER.

DONC, logi­que­ment, IL FAUT vac­ci­ner tout le monde… Pour le bien des gens, évidemment.

Celui qui démon­tre­rait la faus­se­té d’UNE SEULE de ces trois affir­ma­tions met­trait par terre le fon­de­ment même de l’o­bli­ga­tion vac­ci­nale — et il détrui­rait aus­si le fon­de­ment — et donc la légi­ti­mi­té — de toutes les lois scé­lé­rates liber­ti­cides avec les­quelles on nous per­sé­cute depuis un an.

Or, ces TROIS affir­ma­tions sont fausses…

L’ar­ticle du Dr Mau­drux ci-des­­sous semble bien détruire l’ar­gu­ment 2 :
il existe au moins un trai­te­ment très effi­cace et par­fai­te­ment inof­fen­sif contre la COVID19, et c’est L’IVERMECTINE.

Il y a en fait beau­coup d’autres trai­te­ments éprou­vés (et uti­li­sés) contre la COVID, mais un seul suf­fit à contes­ter l’o­bli­ga­tion vac­ci­nale.

Or, il se trouve que les scien­ti­fiques et les méde­cins qui ont décou­vert et qui prouvent que l’I­ver­mec­tine a des résul­tats spec­ta­cu­laires sur la COVID19 ont toutes les peines du monde à se faire entendre dans les médias mains­tream, et toutes les peines du monde à faire publier leurs études dans les revues scien­ti­fiques mains­tream… Ceci res­semble bien à un énorme scan­dale, car on prive ain­si, poten­tiel­le­ment, des mil­lions de per­sonnes de médi­ca­ments effi­caces, sûrs et pas chers, pour per­mettre à quelques para­sites de faire d’é­normes pro­fits avec des vac­cins inef­fi­caces, dan­ge­reux et hors de prix. Les poli­ti­ciens bradent notre san­té et nos liber­tés contre la for­tune de quelques privilégiés.

L’af­faire est donc pro­fon­dé­ment poli­tique ; elle n’a rien à voir avec la vraie science ; elle a tout à voir avec « la science » cor­rom­pue par l’industrie.

Nous avons un pro­blème poli­tique car­di­nal avec la cor­rup­tion par l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique des auto­ri­tés de san­té (y com­pris des facul­tés, des experts et des agences) et des médias (y com­pris des revues scien­ti­fiques). La der­nière preuve en date, que je sou­mets aus­si au feu de votre esprit cri­tique, est celle-ci : « Cor­rup­tion épis­té­mique, indus­trie phar­ma­ceu­tique et corps de la science médi­cale », par Ser­gio Sis­mon­do (Source) J’en ferai un billet à part, la des­crip­tion des moyens pra­tiques de tru­quer les études scien­ti­fiques à tout pro­pos est édifiante.

Je trouve le dos­sier ci-des­­sous sur les bien­faits et l’in­no­cui­té de l’I­ver­mec­tine assez convain­cant (il pro­pose de nom­breuses sources sérieuses à consul­ter) et je le verse au dos­sier de la défense des liber­tés et de la démo­cra­tie, pour exa­men cri­tique par les membres de notre cer­veau col­lec­tif : y a‑t‑il, selon vous, des erreurs dans les affir­ma­tions du Dr Mau­drux, s’il vous plaît ?

Je revien­drai plus tard 1) sur la contes­ta­tion (puis­sante) des deux autres fon­de­ments de la bas­cule tota­li­taire (gra­vi­té de la mala­die et inno­cui­té des vac­cins), ain­si que 2) sur le crime contre l’hu­ma­ni­té qu’est la des­truc­tion volon­taire du sys­tème de soins depuis qua­rante ans au pré­texte mal­hon­nête de « la dette publique ».

Bonne lec­ture.

Étienne.

Pourquoi l’Ivermectine est probablement le meilleur traitement de la Covid

L’Ivermectine, asso­ciée à des macro­lides, donne des résul­tats posi­tifs par­ti­cu­liè­re­ment impor­tants dans le trai­te­ment des dif­fé­rentes formes de Covid, tant en pré­ven­tion, en trai­te­ment pré­coce qu’au début des phases sévères en hos­pi­ta­li­sa­tion. Son déni­gre­ment par les « auto­ri­tés sani­taires » consti­tue un nou­veau refus de soi­gner et donc un nou­veau scan­dale vis-à-vis des malades.

par Gérard MAUDRUX, méde­cin, ancien pré­sident de la Caisse mala­die des pro­fes­sions libé­rales et de la Caisse de retraite des médecins

https://​blogs​.media​part​.fr/​l​a​u​r​e​n​t​–​m​u​c​c​h​i​e​l​l​i​/​b​l​o​g​/​2​5​0​2​2​1​/​p​o​u​r​q​u​o​i​–​l​–​i​v​e​r​m​e​c​t​i​n​e​–​e​s​t​–​p​r​o​b​a​b​l​e​m​e​n​t​–​l​e​–​m​e​i​l​l​e​u​r​–​t​r​a​i​t​e​m​e​n​t​–​d​e​–​l​a​–​c​o​vid

L’Ivermectine res­te­ra peut-être dans l’histoire sur le podium des trois médi­ca­ments ayant ren­du le plus de ser­vices à l’humanité, avec la Péni­cil­line et l’Aspirine. Sur quelle marche ? Pas la pre­mière si on regarde sim­ple­ment l’ampleur de son uti­li­sa­tion (près de 4 mil­liards de pres­crip­tions depuis 40 ans), mais à coup sûr sur la pre­mière en regard du fac­teur bénéfice/risque. Ce médi­ca­ment a en effet un large éven­tail d’indications et n’a pra­ti­que­ment pas d’effets secon­daires graves contrai­re­ment à ses deux voi­sines (aller­gies et choc ana­phy­lac­tique pour la Péni­cil­line, hémor­ra­gies pour l’Aspirine).

Un antiparasitaire puissant

Dès sa nais­sance à la fin des années 1970, l’Ivermectine s’est avé­ré être un agent anti­pa­ra­si­taire puis­sant, contre un large éven­tail de néma­todes (vers) et d’arthropodes internes et externes chez les ani­maux. Chez l’homme elle est uti­li­sée contre des mala­dies dévas­ta­trices et défi­gu­rantes des popu­la­tions pauvres des tro­piques, comme l’onchocercose des rivières qui rend aveugle, et les fila­rioses, ces vers fins qui pénètrent et cir­culent dans votre orga­nisme. Elle est uti­li­sée gra­tui­te­ment comme seul médi­ca­ment dans des cam­pagnes visant à éli­mi­ner ces deux mala­dies au niveau mondial.

L’Ivermectine est très uti­li­sée en méde­cine vété­ri­naire depuis 1981, elle est recon­nue pour être active contre 183 espèces de néma­todes et 129 espèces d’insectes et aca­riens, listes qui aug­mentent chaque année. Elle est aus­si uti­li­sée sur nombre de virus, comme le virus de la pseu­do rage por­cine. Ain­si l’Ivermectine traite les vers ronds de l’estomac ou de l’intestin, les vers dans les pou­mons, les aca­riens, les poux, les mouches des cornes, les tiques (qui causent d’énormes dégâts chez les bovins dans les régions tro­pi­cales), jusqu’aux poux des pois­sons en aqua­cul­ture (mais inter­dit en rai­son des effets sur le reste de la faune aquatique).

Elle est auto­ri­sée chez l’homme dans plus de 100 pays, en France elle a une auto­ri­sa­tion pour l’anguillulose gas­­tro-intes­­ti­­nale, la micro­fi­la­ré­mie et la gale. Près de 100 mil­lions de per­sonnes sont trai­tées chaque année avec ce pro­duit dans le monde, et plus de 4 mil­liards de dose ont été pres­crites en 30 ans. Des pro­grammes sont en train d’être mis en place dans cer­tains pays comme le Nige­ria, le Bur­ki­na Faso et le Gha­na pour trai­ter la tota­li­té de la popu­la­tion, 0,15 mg/kg une fois l’an étant suf­fi­sant pour gué­rir l’onchocercose (30 à 40 mil­lions de cas /an), mais éga­le­ment l’anguillulose intes­ti­nale (35 mil­lions de cas), la gale (300 mil­lions), les leish­ma­nioses, toutes les mala­dies para­si­taires de la peau, etc.

Prix Nobel pour son découvreur

L’Ivermectine est une des rares molé­cules à avoir obte­nu un prix Nobel et est issue d’une col­la­bo­ra­tion inter­na­tio­nale public-pri­­vé. Sa décou­verte est due à 大村 智, Ōmu­ra Sato­shi, spé­cia­liste des anti­bio­tiques à l’Ins­ti­tut Kita­sa­to de Tokyo, qui l’a confié à un labo­ra­toire pri­vé amé­ri­cain, Merck, Sharp and Dohme (MSD) en 1974 pour l’évaluation in vitro de sa bio-acti­­vi­­té. MSD s’est inté­res­sé à son appli­ca­tion humaine dès 1978, avant la com­mer­cia­li­sa­tion pour les ani­maux. Les pre­miers essais phase 1 ont démar­ré en 1980, phase 2 en 1983, pour se ter­mi­ner en 1987 avec une pre­mière auto­ri­sa­tion mon­diale, en France, pour l’onchocercose, au vu des résul­tats sur 1 206 patients. Aujourd’hui, le même orga­nisme, qui l’a auto­ri­sé, pense, comme le Natio­nal Ins­ti­tut of Health, que plus de 14 000 cas dans dif­fé­rentes études n’est pas suf­fi­sant pour l’autoriser dans le cas du Sars-Cov‑2. Le prix Nobel de méde­cine a été attri­bué en 2015 à ses décou­vreurs, Sato­shi Ōmu­ra au Japon et William Camp­bel aux Etats-Unis.

Outre cette action sur les para­sites, l’Ivermectine a une action viru­cide, d’abord tes­tée et adop­tée chez nombre d’infections virales chez l’animal, comme la pseu­do rage por­cine due à un virus à ARN, comme le Sars-COV‑2. Chez l’homme des études sont en cours contre dif­fé­rentes varié­tés de fla­vi­vi­rus, sur la dengue, le Zika, le Chi­kun­gu­nya, et le virus res­pon­sable de l’in­fec­tion du Nil occi­den­tal. Les résul­tats cli­niques sur le Sars-cov‑2 sont très pro­met­teurs (cette pré­sen­ta­tion du Dr Paul Marik offre un pano­ra­ma d’ensemble de l’état des connais­sances et des hypo­thèses sur les modes d’action de l’Ivermectine).

Innocuité

En géné­ral en méde­cine, plus un trai­te­ment est effi­cace, plus il y a de risques qu’il y ait des effets indé­si­rables sur d’autres organes, ce qui est logique. Pour l’Ivermectine il n’en est rien, ce médi­ca­ment est inoffensif.

Si on regarde Vigi­base, base de don­nées de l’OMS qui récolte depuis 30 ans les effets secon­daires de chaque agence du médi­ca­ment dans plus de 130 pays (dont la France), on relève 175 208 décla­ra­tions pour l’Aspirine, 159 824 pour le Doli­prane, et 4 614 pour l’Ivermectine. Sur 4 mil­liards de pres­crip­tions dans cette période, cela fait 0,0001% d’effets secon­daires. Il est dif­fi­cile d’ailleurs d’attribuer tous ces effets à la seule Iver­mec­tine, beau­coup étant dus au relar­gage de déchets de para­sites morts et, pour le Covid, aux autres médi­ca­ments asso­ciés. Par com­pa­rai­son, depuis le début de l’année et au 15 février, cette base signale 65 188 décla­ra­tions pour Comir­na­ty (le vac­cin Pfi­zer), contre 46 pour l’Ivermectine.

Dans son rap­port du 11 jan­vier sur ces effets secon­daires dans le trai­te­ment de la Covid, l’ANSM ne signale aucun pro­blème. Sur les 15 143 spé­cia­li­tés phar­ma­ceu­tiques rem­bour­sées en France, c’est cer­tai­ne­ment la molé­cule, ou une des molé­cules qui pré­sente le moins de risques. « l’I­ver­mec­tine est sans dan­ger et peut être uti­li­sé à grande échelle » écrit éga­le­ment l’OMS. Les études in vitro et les dos­siers d’AMM montrent que les doses effi­caces sont faibles par rap­port aux doses pou­vant poser pro­blème, cela a même été tes­té à 10 fois la dose chez l’homme, sans réac­tion. Une étude a même été faite chez le chien à 30 fois la dose (10mg/kg), sans problème.

Pour l’anecdote, une seule publi­ca­tion au monde parle de mor­ta­li­té due à Iver­mec­tine, dans The Lan­cet (un jour­nal dont la fia­bi­li­té n’est déci­dé­ment pas à la hau­teur de la répu­ta­tion). Cette publi­ca­tion de 1997, décrit 15 décès sur 47 pen­sion­naires d’Ehpad trai­tés par Iver­mec­tine pour une épi­dé­mie de gale. The Lan­cet aurait pu remar­quer qu’un trai­te­ment par Lin­dane et Per­me­thrine, insec­ti­cides mor­tels pour nombre d’animaux comme les chats, avait été appli­qué en badi­geon juste avant. Il a fal­lu une autre publi­ca­tion pour le décou­vrir. L’Ivermectine a ain­si mis des années pour se remettre d’un seul article aux conclu­sions erronées.

Pour le dire sim­ple­ment, tan­dis qu’un sur­do­sage de Doli­prane, médi­ca­ment recom­man­dé par les auto­ri­tés, peut entraî­ner une nécrose du foie poten­tiel­le­ment mor­telle, un sur­do­sage d’Ivermectine est inoffensif.

Prophylaxie

L’Ivermectine a une action remar­quable en pro­phy­laxie contre le Sars-Cov‑2. Le faible taux de Covid en Afrique, alors qu’au début de l’épidémie l’OMS pré­voyait une héca­tombe, n’est peut-être pas étran­ger à sa large uti­li­sa­tion (sans comp­ter tous les trai­te­ments pour le palu­disme avec Hydroxy­chlo­ro­quine). Dans le Inter­na­tio­nal Jour­nal of Anti­mi­cro­bial AgentsMar­tin Hell­wig et ses col­lègues de Ply­mouth (USA), après une revue de la lit­té­ra­ture, constatent que les pays où la chi­­mio-pro­­phy­­laxie par Iver­mec­tine est admi­nis­trée en masse connaissent une épi­dé­mie signi­fi­ca­ti­ve­ment plus faible. Tou­te­fois si une prise annuelle est suf­fi­sante pour nombre de para­sites, ce n’est pas le cas pour les virus, d’où l’intérêt des tra­vaux en cours de la socié­té Medin­cell à Mont­pel­lier pour déve­lop­per une forme à action prolongée.

Il y a actuel­le­ment dans le monde, concer­nant la seule pro­phy­laxie, 11 études sur le sujet (3ECR), por­tant sur plus de 7 000 patients, avec une effi­ca­ci­té moyenne de 89%. En voi­ci deux exemples, avec 100% d’efficacité :

- Une étude en Argen­tine a por­té sur près de 1 200 soi­gnants au contact de patients Covid, sur 4 sites, pen­dant 2 mois et demi. 788 ont reçu de l’Ivermectine et 407 non. Résul­tat : 237 infec­tions dans le groupe non trai­té (soit 58% du groupe), et 0 dans le groupe trai­té. Un résul­tat sans appel.

- Une seconde publi­ca­tion, fran­çaise, a por­té sur les 121 rési­dents et employés d’un Ehpad (69 rési­dents, moyenne d’âge 90 ans, et 52 employés) de Seine et Marne qui se sont retrou­vé pro­té­gés de la Covid, grâce au trai­te­ment d’une épi­dé­mie de gale dans l’établissement en mars 2020.

Action thérapeutique

Si l’Ivermectine agit sur le Sars-CoV‑2 lorsqu’il attaque l’organisme humain, empê­chant son entrée dans les cel­lules et sa mul­ti­pli­ca­tion, il serait tota­le­ment illo­gique que ce que l’on constate en pro­phy­laxie ne se repro­duise pas en thé­ra­peu­tique. C’est ce que montrent la plu­part des études, décri­vant une amé­lio­ra­tion très rapide des troubles en phase pré­coce (dans les 48 heures). Et elle n’est pas dénuée d’intérêt non plus en phase plus tar­dive. La plu­part du temps, l’Ivermectine est tou­te­fois asso­ciée à des macro­lides (azi­thro­my­cine ou doxy­cy­cline le plus sou­vent), comme dans le pro­to­cole de l’IHU de Mar­seille (où l’azithromycine est don­née en com­plé­ment de l’hydroxychloroquine). C’est donc prin­ci­pa­le­ment sur l’association de ces deux médi­ca­ments que porte l’évaluation scien­ti­fique de leur effi­ca­ci­té thérapeutique.

Aucune étude dans le monde ne montre une inef­fi­ca­ci­té de l’Ivermectine. Seules 2 ou 3 études (par ex. Cha­car, 2020) ne montrent pas de dif­fé­rence avec d’autres soins (ou une absence de soins par­ti­cu­liers) mais ces études portent chaque fois sur peu de cas et sur­tout sur des sujets jeunes (âgés de 20 à 40 ans). Com­ment démon­trer qu’un trai­te­ment marche mieux qu’un autre à un âge où la qua­­si-tota­­li­­té des per­sonnes gué­rit naturellement ?

S’il est dif­fi­cile d’analyser ces études, toutes dif­fé­rentes, toutes avec imper­fec­tions pos­sibles, le mieux est de les addi­tion­ner, ce qu’est en train de faire l’OMS pour éva­luer l’Ivermectine. On trouve plu­sieurs sites qui le font, et il y a les études de plu­sieurs méde­cins, comme les doc­teurs Marik et Kory aux Etats Unis et Hill et Lawrie en Angleterre.

Le site c19i​ver​mec​tin​.com recense 41 études (dont 20 ran­do­mi­sées) faites par 304 auteurs por­tant sur 14 833 patients, avec des résul­tats de 89% en pro­phy­laxie, 83% en phase pré­coce, la mor­ta­li­té glo­bale dimi­nuant de 78%.

En mars 2020 le pro­fes­seur Paul Marik a créé un groupe d’experts, avec le Dr Kory, la Front Line COVID-19 Cri­ti­cal Care Alliance (FLCCC), pour col­li­ger et ana­ly­ser toutes les études afin d’é­la­bo­rer un pro­to­cole de trai­te­ment pour le COVID-19. Ils ont décou­vert sur le tard l’I­ver­mec­tine. Leurs tra­vaux reprennent tous les modes d’action de l’Ivermectine et les résul­tats de tous les essais dis­po­nibles en pro­phy­laxie et en thé­ra­peu­tique. Ils détaillent cha­cune des études, sans faire de méta ana­lyse et concluent à une effi­ca­ci­té de l’Ivermectine en pro­phy­laxie, thé­ra­peu­tique et Covids longs. Ces résul­tats sur plus de 7 000 patients ont été pré­sen­tés le 6 jan­vier devant le Natio­nal Ins­ti­tut of Health.

Andrew Hill, à la demande de l’OMS/Unitaid a ana­ly­sé 18 essais cli­niques ran­do­mi­sés les moins dis­cu­tables, por­tant sur 2 282 patients. Il a noté une amé­lio­ra­tion rapide des troubles, une hos­pi­ta­li­sa­tion réduite et une réduc­tion de 75% de la mortalité.

Il y a éga­le­ment les tra­vaux du Dr Tess Lawrie. Ce méde­cin d’origine sud-afri­­caine, cher­cheur en Grande Bre­tagne, direc­trice d’une socié­té indé­pen­dante de Conseil en Méde­cine basée sur des preuves (Evi­­dence-Base Mede­cine Consul­tan­cy Ltd), qui traque les bonnes et les mau­vaises publi­ca­tions. Son tra­vail sur l’Ivermectine est fait selon les règles Cochrane comme elle a l’habitude de le faire pour l’OMS pour ses recom­man­da­tions dans le monde entier. Elle a repris les 27 ana­lyses de la FLCCC, pour en faire une méta-ana­­lyse incluant les essais contrô­lés ran­do­mi­sés (ECR) et les études obser­va­tion­nelles contrô­lées (EOC), et excluant 11 études dont 5 pro­phy­lac­tiques. Les résul­tats sur les seules études les moins dis­cu­tables, contrô­lées, relues et publiées, montrent une dimi­nu­tion de la mor­ta­li­té de 83%. Sur les études en pro­phy­laxie, effi­ca­ci­té à 88%. Tout est résu­mé dans une excel­lente inter­view à voir.

Toutes ces études, de part et d’autre de l’Atlantique convergent, donnent toutes les mêmes résul­tats, résul­tats confir­més en ne sélec­tion­nant que les études ne pou­vant pas com­por­ter de biais. Comme le dit Tess Lawrie, on peut dis­cu­ter selon les études du pour­cen­tage de baisse de la mor­ta­li­té, mais la seule chose qu’on ne peut pas mettre en ques­tion, c’est la réa­li­té de la baisse. L’OMS et l’ANSM, ain­si que d’autres pays (Afrique du Sud, Royaume-Uni, …) sont en train d’étudier le dos­sier Iver­mec­tine pour revoir leur posi­tion. L’Inde dis­tri­bue mas­si­ve­ment (120 mil­lions de doses ven­dues) et a 3 à 4 fois moins de décès que nous, et chaque mois 2 ou 3 pays de plus auto­risent son uti­li­sa­tion. Voir ici une carte du monde.

Une comparaison cruelle pour la France (et la plupart des pays occidentaux)

Que sont les études non rete­nues ? Quelques études trop petites ou peu repré­sen­ta­tives (moins de 40 ans, patients en réani­ma­tion), mais aus­si de grosses études, car non encore relues et publiées, mais les résul­tats sont là. Pre­nons l’exemple de cette très grosse étude obser­va­tion­nelle réa­li­sée en Répu­blique Domi­ni­caine, dans les hôpi­taux de Bour­ni­gal et Pun­ta Cana, sur une cohorte de près de 3 100 patients s’étant pré­sen­tés aux urgences des hôpi­taux avec des symp­tômes datant de 3,6 jours en moyenne. Ce pays pauvre trai­tait lar­ge­ment à l’hydroxychloroquine, mais est tom­bé en rup­ture de stock dès la troi­sième semaine d’avril 2020. Ayant lu que l’Ivermectine pou­vait être avan­ta­geu­se­ment uti­li­sée dans la Covid dans une étude aus­tra­lienne in vitro, leur Comi­té d’éthique a tran­ché entre Doli­prane et Iver­mec­tine. Ils ont alors trai­té entre le 1er mai et le 10 aout (date de fin de l’étude en ques­tion) tous les patients se pré­sen­tant aux urgences pour Covid, soit 3 099 au total. Selon l’importance des troubles, ils ont dis­tin­gué ces patients en 4 catégories.

- Caté­go­rie 1 : 2 706 patients ont été ren­voyés et sui­vis chez eux, avec Iver­mec­tine. Sur ces 2 706 patients, 16 ont dû par la suite être hos­pi­ta­li­sés en uni­tés Covid (soit 0,6%), 2 sont pas­sés en soins inten­sifs et fina­le­ment un seul est décé­dé, soit un taux de léta­li­té de 0,04% dans l’ensemble de la cohorte). En France, où l’on se conten­tait offi­ciel­le­ment de don­ner du Doli­prane, on peut esti­mer que 10 à 15% des patients symp­to­ma­tiques sont pas­sés par l’hôpital et que 2% sont morts (envi­ron 20 000 cas posi­tifs et 400 morts par jour en moyenne depuis 2 mois).

- Caté­go­rie 2 : 300 patients pré­sen­taient des troubles plus sévères et ont été immé­dia­te­ment hos­pi­ta­li­sés dans des uni­tés Covid. Sur ces 300 patients, 3 sont décé­dés, soit un taux de léta­li­té de 1%. En France, ce chiffre est de l’ordre de 15 à 20%.

- Les caté­go­ries 3 et 4 concernent des patients encore plus malades et arri­vés plus tar­di­ve­ment (7 à 8 jours) après l’apparition des pre­miers symp­tômes, qui ont été immé­dia­te­ment pla­cés en soins inten­sifs. Sur ces 93 patients, un bon tiers (34) sont décé­dés. Ici il est mani­feste que l’Ivermectine n’a plus d’intérêt thérapeutique.

Ain­si, aux stades pré­coces, l’association Ivermectine/Azithromycine évite l’hospitalisation dans l’immense majo­ri­té des cas, et ramène la mor­ta­li­té à 1 cas sur 2 700, soit un taux qua­si­ment égal à 0. A ce stade comme au stade de l’hospitalisation, la dif­fé­rence avec les taux de mor­ta­li­té consta­tés en France est frap­pante. Il n’y a fina­le­ment qu’au stade de la réani­ma­tion que cette bithé­ra­pie ne montre plus vrai­ment d’intérêt.

Autorisation de traitement, mensonges et dénis

Pour­quoi l’Ivermectine n’est-elle pas encore offi­ciel­le­ment auto­ri­sée en France ? Tout médi­ca­ment, avant com­mer­cia­li­sa­tion, doit pas­ser nombre d’examens pour démon­trer son effi­ca­ci­té et son inno­cui­té, avec un rap­port bénéfice/risque qui doit être favo­rable. Les études sont longues et coû­teuses, finan­cées uni­que­ment par les labo­ra­toires, qui remettent fina­le­ment un dos­sier clés en main aux auto­ri­tés sani­taires en atten­dant que ces der­nières leur délivrent le sésame (l’autorisation de mise sur le mar­ché, AMM). Pour qu’un labo­ra­toire fasse ces démarches, il faut qu’il y trouve un inté­rêt finan­cier. Le pro­blème de l’Ivermectine – comme de l’hydroxychloroquine – est qu’elle est tom­bée dans le domaine public, qu’elle est géné­ri­quée et ne rap­porte donc plus beau­coup d’argent aux indus­triels qui la produisent.

C’est le labo­ra­toire Merck qui en déte­nait jadis le bre­vet. En France, il ne vend plus actuel­le­ment que moins de 5% des onze pré­sen­ta­tions com­mer­ciales auto­ri­sées, le reste étant des géné­riques. Ce médi­ca­ment ne pré­sente donc plus aucun inté­rêt pour lui. Faut-il dès lors s’étonner que Merck dénigre à pré­sent son propre médi­ca­ment ? Comme l’hydroxychloroquine, l’Ivermectine est une molé­cule « orphe­line » que per­sonne ne pren­dra plus en charge (ni dans la lutte contre la Covid, ni dans d’autres mala­dies). Dès lors, ce devrait être le rôle des auto­ri­tés sani­taires publiques de s’en empa­rer, dans l’intérêt géné­ral. Un pays aus­si immense que l’Inde l’a com­pris. Pas la France, dont la stra­té­gie tota­le­ment hos­­pi­­ta­­lo-cen­­trée empêche plus lar­ge­ment de pen­ser les trai­te­ments en phase pré­coce, ce qui nous vaut de figu­rer dans le pelo­ton de tête des pays où la mor­ta­li­té liée à la Covid aura été la plus forte, sans par­ler des séquelles durables de la mala­die chez les patients qui n’ont pas été véri­ta­ble­ment soignés.

Sur tout ceci pèse cepen­dant une chappe de plomb, un déni voire un tabou, qui n’est pas sans rap­pe­ler l’affaire de l’hydroxychloroquine. Les auto­ri­tés sani­taires, l’INSERM et nombre de méde­cins triés sur le volet pour inter­ve­nir sur les pla­teaux de télé­vi­sion dénigrent l’Ivermectine. La presse (à com­men­cer par l’AFP) relaye immé­dia­te­ment ce déni­gre­ment et il ne se trouve pas un seul jour­na­liste pour aller véri­fier tout ça. Enfin la revue Pres­crire (qui est indé­pen­dante des indus­triels mais pas de l’Etat dont elle reçoit des sub­sides) se laisse aller à son tour à mani­pu­ler les résul­tats des études scien­ti­fiques pour déni­grer ce médicament.

L’OMS et, en France, l’Agence Natio­nale de Sécu­ri­té du Médi­ca­ment (ANSM) sont en train d’étudier le dos­sier de l’Ivermectine, ce médi­ca­ment dont les décou­vreurs ont été nobé­li­sés et qui démontre son effi­ca­ci­té dans de nom­breux pays ailleurs qu’en Occi­dent. Il faut espé­rer que la situa­tion se débloque avant la fin de l’épidémie et avant qu’il ne nous reste plus que les yeux pour pleu­rer les morts.

Gérard MAUDRUX.

Source : https://​blogs​.media​part​.fr/​l​a​u​r​e​n​t​–​m​u​c​c​h​i​e​l​l​i​/​b​l​o​g​/​2​5​0​2​2​1​/​p​o​u​r​q​u​o​i​–​l​–​i​v​e​r​m​e​c​t​i​n​e​–​e​s​t​–​p​r​o​b​a​b​l​e​m​e​n​t​–​l​e​–​m​e​i​l​l​e​u​r​–​t​r​a​i​t​e​m​e​n​t​–​d​e​–​l​a​–​c​o​vid

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Covid19 : crise sanitaire ou bascule totalitaire ? Débat Etienne Chouard Jean Bricmont – Ça va bien se passer ! #02

Je suis venu à Paris au début du mois de février 2021, et Vincent Lapierre m’a per­mis d’a­voir deux échanges, à la fois ani­més et ins­truc­tifs, avec des gens que j’aime bien et avec qui pour­tant je ne suis pas d’ac­cord du tout sur ce point pré­cis de l’a­na­lyse de ce qu’on appelle « la crise sani­taire » (que je consi­dère beau­coup plus comme une bas­cule tota­li­taire) : un échange avec Jor­da­nix (dont j’ai par­lé dans un pré­cé­dent billet), et un autre avec Jean Bricmont.

La seconde de ces ren­contres à avoir été publiée (ci-des­­sus) est celle avec Jean Bric­mont (voir sa page Face­book).

J’ai un grand res­pect pour Jean, dont j’es­time l’hu­ma­nisme et le cou­rage. Il m’a fait l’hon­neur de me pro­po­ser d’é­crire la pré­face de son livre (Les cen­seurs contre la Répu­blique), que je trouve très impor­tant, et j’ai beau­coup tra­vaillé sur cette pré­face, en défense ration­nelle de la liber­té d’ex­pres­sion. Nous nous connais­sons depuis des années et ce qui nous arrive ici est inat­ten­du : alors que nous sommes le plus sou­vent d’ac­cord sur tout ce qui est impor­tant, nous voi­là en désac­cord presque total sur un sujet qui nous paraît impor­tant à tous les deux. Je vois là une occa­sion en or d’or­ga­ni­ser une bonne mise en scène des conflits, loyale et res­pec­tueuse, exem­plaire quoi, où les deux amis que nous sommes vont pou­voir com­pa­rer leurs peurs res­pec­tives avec bien­veillance, en cher­chant tous les deux où est le vrai plu­tôt que d’es­sayer d’a­voir rai­son (et prou­ver que l’autre à tort).

Je trouve que, comme l’é­change avec Jor­da­nix, cet échange avec Jean repré­sente assez bien quelques facettes du cli­vage incroyable qui est en train de se creu­ser dans nos socié­tés humaines, et par­ti­cu­liè­re­ment en France, entre des mil­lions de simples citoyens à la fois non scien­ti­fiques et direc­te­ment concer­nés par « les mesures prises au nom de la science » : ceux qui ont peur de perdre leur san­té ou même leur vie, et ceux qui ont peur de perdre leurs liber­tés et même de bas­cu­ler vers une tyrannie.

Il me semble, depuis le début, que nous devrions nous par­ler de nos peurs res­pec­tives (toutes sont légi­times, au départ, par prin­cipe) en les éva­luant toutes, avec une bien­veillance mutuelle, pour trier celles qui sont bien fon­dées et celles qui sont mal fon­dées. Ceux qui traitent leurs contra­dic­teurs d’in­com­pé­tents ou de para­noïaques ont peu de chance de pro­gres­ser, à mon avis : c’est mal connaître sa propre cause que d’i­gno­rer celle de ses contra­dic­teurs. Nous avons besoin de com­prendre en pro­fon­deur pour­quoi nos contra­dic­teurs pensent ce qu’ils pensent, et cette com­pré­hen­sion ne peut adve­nir que par une dis­cus­sion franche, loyale et res­pec­tueuse. Et le fait de ne pas arri­ver à tom­ber d’ac­cord ne doit pas nous décou­ra­ger. Nous devons construire ensemble nos désac­cords, pour évi­ter que ceux-ci ne s’hy­per­tro­phient par mal­en­ten­dus suc­ces­sifs et cumu­la­tifs au point de nous jeter dans une détes­ta­tion mutuelle insensée.

À pro­pos des com­men­taires, comme je l’ai fait à pro­pos de mon échange avec Jor­da­nix, je vou­drais dire ici que je désap­prouve et condamne for­mel­le­ment les com­men­taires mépri­sants et insul­tants : c’est un bien mau­vais ser­vice à rendre à la cause de la véri­té que d’ac­ca­bler vio­lem­ment ceux dont on estime qu’ils se trompent. Je vous en sup­plie : IL FAUT DÉDIABOLISER L’ERREUR ! Arrê­tez (de part et d’autre) de faire de l’er­reur un crime impar­don­nable, une tache indé­lé­bile, un stig­mate infa­mant… c’est absurde : on ne pro­gresse que grâce aux erreurs (des siennes propres et de celles des autres), celui qui tré­buche montre aux autres le che­min. C’est régres­sif de deve­nir mal­veillant contre celui qui se trompe. Je fais des efforts per­ma­nents pour res­ter bien­veillant dans mes débats avec des gens avec qui je suis pour­tant en pro­fond désac­cord, parce que je consi­dère que LE RESPECT RÉCIPROQUE EST LA CONDITION PREMIÈRE D’UN DÉBAT DIGNE DE CE NOM, et je découvre ensuite des com­men­ta­teurs qui ne font, eux, aucun effort ni de res­pect ni de bien­veillance com­pré­hen­sive et qui déchaînent leur res­sen­ti­ment… Je suis très attris­té (et même un peu déses­pé­ré, je l’a­voue) par ceux qui pensent me « défendre » en étant aus­si vio­lents et insul­tants avec mes inter­lo­cu­teurs : sans s’en rendre compte (j’es­père), il me com­pliquent ter­ri­ble­ment la tâche, et pas seule­ment conjonc­tu­rel­le­ment, fon­da­men­ta­le­ment aus­si : c’est inco­hé­rent de se dire démo­crate et d’être en fait aus­si mépri­sant de ses adversaires.

Je vou­drais dire aus­si un mot à pro­pos de ceux qui me reprochent de prendre la parole sur la pré­ten­due « crise sani­taire », en pré­ten­dant que je suis incom­pé­tent et que je ferais donc mieux de me taire, en déplo­rant que je « dis­cré­dite ain­si tout mon tra­vail sur la démo­cra­tie » (domaines où je serais soi-disant com­pé­tent et donc légi­time à m’exprimer »…

Il est ques­tion ici des liber­tés publiques mena­cées par des abus de pou­voir his­to­riques (jamais on n’a­vait ain­si enfer­mé toute la popu­la­tion sur terre). Je ne vois pas du tout pour­quoi je me tai­rais ici, alors que je consacre ma vie depuis quinze ans (!) à défendre pré­ci­sé­ment les liber­tés contre les abus de pou­voir, au pré­texte que seuls les scien­ti­fiques pour­raient opi­ner en ces matières ? C’est une blague ? Il n’est évi­dem­ment pas ques­tion que ces ques­tions ultra-poli­­tiques soient aban­don­nées aux scien­ti­fiques (ou pré­ten­dus tels). PAS QUESTION, inutile d’in­sis­ter. Si ça vous insup­porte, vous n’êtes pas obli­gé de vous infli­ger cette dou­leur de me lire et vous êtes libre d’al­ler lire ailleurs.

Pour ceux qui sont res­tés, je vou­drais pré­ve­nir mes amis férus de science, amis de la science (je le suis aus­si), qu’il existe chez les savants un risque non négli­geable d’ar­ro­gance, d’im­pa­tience et fina­le­ment de bru­ta­li­té très anti­dé­mo­cra­tique : on a tant tra­vaillé sur un sujet qu’on est excé­dé par la sot­tise et la pré­ten­tion de ceux qui pré­tendent débattre sans avoir autant tra­vaillé que nous. On com­prend bien ce rai­son­ne­ment. Je com­prends qu’on en arrive, dans ce cas, à mépri­ser la démo­cra­tie et à pré­fé­rer l’i­dée d’une dic­ta­ture  éclai­rée, une « gou­ver­nance par les nombres », objec­tive, rigou­reuse, fiable, meilleure pour le bien com­mun que les déli­bé­ra­tions démo­cra­tiques des incom­pé­tents. Je com­prends ce rai­son­ne­ment, il est logique, mais je le crains. Il fait comme si la science ne pou­vait pas être cor­rom­pue (jus­qu’à la moelle), il fait comme si la science était tou­jours fiable, il fait comme si la science était homo­gène et sans oppo­si­tions ni désac­cords de fond, il néglige les opi­nions dis­si­dentes, et ce mépris des oppo­sants mino­ri­taires est pro­fon­dé­ment anti-scien­­ti­­fique, c’est ce qu’on appelle le scien­tisme, une sorte de dévo­tion aveugle envers « la science » pré­ten­du­ment incor­rup­tible et infaillible..

Au contraire de ces pré­ten­tions scien­tistes, toute la phi­lo­so­phie démo­cra­tique repose sur l’af­fir­ma­tion que la poli­tique (l’art de déci­der à pro­pos des com­muns) n’est pas une com­pé­tence et que la déci­sion publique appar­tient à tous, à éga­li­té : une homme = une voix pour déci­der ensemble de notre des­tin. Donc, même si les savants sont évi­dem­ment plus savants que les simples citoyens (per­sonne ne nie cela), en démo­cra­tie, ce ne sont pas les savants qui décident. Certes, les savants éclairent et influencent nos déci­sions, mais c’est nous qui déci­dons ; nous, c’est-à-dire la tota­li­té des êtres vivants sous le régime démocratique.

Il manque à cet échange des pas­sages impor­tants (par exemple celui où j’in­ter­pelle Jean sur l’ir­res­pon­sa­bi­li­té cri­mi­nelle des scien­ti­fiques qui se per­mettent de pra­ti­quer en secret des expé­riences folles pour créer des virus ultra-conta­­gieux et ultra-meur­­triers), pas­sages réser­vés par Vincent uni­que­ment à ceux qui paient un abon­ne­ment. Je regrette ce choix mais il appar­tient à Vincent, c’est sa liber­té. J’es­père qu’il pour­ra, un jour pro­chain, déci­der fina­le­ment de publier l’in­té­grale gra­tui­te­ment. Et j’es­père qu’a­lors, ceux que ces débats inté­ressent l’ai­de­ront finan­ciè­re­ment libre­ment et natu­rel­le­ment. Nos médias indé­pen­dants ont besoin que nous les aidions nous-mêmes, c’est la condi­tion de leur indépendance.

Mer­ci à Vincent d’or­ga­ni­ser de telles ren­contres, mal­gré les difficultés.

Étienne.

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Jean Bricmont vient de rééditer un grand livre, « Les censeurs contre la République »

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[Abus de pouvoir] Envoyé Spécial (France 2) : le reportage sur les origines du coronavirus choque les internautes (VIDEO)

TOUS les citoyens du monde sont évi­dem­ment LÉGITIMES À PROTESTER contre ces scien­ti­fiques dingues et leurs expé­riences cri­mi­nelles, trom­peu­se­ment nom­mées « gain de fonc­tion » (une folie scien­ti­fique qui consiste à rendre volon­tai­re­ment trans­mis­sibles à l’homme les formes les plus meur­trières de virus nor­ma­le­ment inof­fen­sifs pour nous).

« HÉ ! Vous n’êtes pas les seuls concer­nés ! Et les risques que vous faites cou­rir à l’Hu­ma­ni­té sont INSENSÉS. ARRÊTEZ !!! »

Étienne.

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Source (« com­plo­tiste », elle aus­si ?) : Envoyé Spé­cial France 2 :

Envoyé Spé­cial (France 2) : le repor­tage sur les ori­gines du coro­na­vi­rus choque les inter­nautes (VIDEO)
L’en­quête incroyable d’  »Envoyé Spé­cial » sur les ori­gines mys­té­rieuses de la pan­dé­mie ont énor­mé­ment fait réagir les télé­spec­ta­teurs sur les réseaux sociaux ce jeu­di 11 mars.

Ce jeu­di 11 mars 2021, la dif­fu­sion des nou­veaux repor­tages d’Envoyé Spé­cial sur France 2 a pro­vo­qué une grande vague de réac­tions sur les réseaux sociaux. En effet, plu­sieurs preuves dans cette enquête édi­fiante laissent pen­ser que la pan­dé­mie a pu être cau­sée par la fuite acci­den­telle du virus depuis le labo­ra­toire de Wuhan. Si les jour­na­listes du ser­vice public ont lais­sé une place au doute, l’in­ves­ti­ga­tion s’ap­puie tout de même sur des recherches scien­ti­fiques, et a décou­vert qu’un coro­na­vi­rus cau­sant des symp­tômes très simi­laires à la Covid-19 était à l’é­tude à Wuhan depuis la pneu­mo­nie des mineurs du Yun­nan en 2012, et que la per­sonne qui avait fait les pré­lè­ve­ments dans la mine a par la suite par­ti­ci­pé à la créa­tion de huit coro­na­vi­rus syn­thé­tiques en mélan­geant le SRAS à un coro­na­vi­rus de chauve-sou­­ris. Aujourd’­hui, cette mine est inac­ces­sible et pla­cée sous haute sur­veillance par le gou­ver­ne­ment chinois.

Une méthode contro­ver­sée au sein la com­mu­nau­té scien­ti­fique, effec­tuée d’a­près l’ex­perte pour anti­ci­per les dan­gers des nou­veaux virus d’o­ri­gine ani­male afin de mieux les anti­ci­per [Là, avec ce pré­texte tota­le­ment bidon, on nous prend vrai­ment pour des cons, c’est clair. ÉC]. Le labo­ra­toire en ques­tion se trouve « à quelques dizaines de mètres » du mar­ché de Wuhan, soup­çon­né il y a un an d’a­voir été le lieu d’o­ri­gine de l’é­pi­dé­mie. Deux ans plus tôt encore, deux diplo­mates avaient aler­té dans un com­mu­ni­qué les « failles du sécu­ri­té » et le manque de per­son­nel cor­rec­te­ment for­més après avoir visi­té ce labo­ra­toire qui effec­tue des mani­pu­la­tions dan­ge­reuses de coro­na­vi­rus de chauve-souris.

L’OMS a écar­té la thèse d’une fuite acci­den­telle de labo­ra­toire, mais son inves­ti­ga­tion n’é­tait pas indé­pen­dante. En réa­li­té, elle a été faite conjoin­te­ment avec la Chine, avec un accès extrê­me­ment limi­té au labo­ra­toire de Wuhan. Par exemple, Envoyé Spé­cial rap­porte que l’OMS n’a eu accès à aucune don­nées sto­ckées par le labo­ra­toire, aucun dos­sier, et qu’un membre de la com­mis­sion d’en­quête de l’OMS, Peter Das­zak, était l’un des finan­ceurs des tra­vaux de ce labo­ra­toire sur les coro­na­vi­rus de chauve-sou­­ris. Des e‑mails de Peter Das­zak prouvent qu’il a par la suite conseillé aux experts de l’OMS de pri­vi­lé­gier la piste de trans­mis­sion ani­male plu­tôt que de celle d’un acci­dent de laboratoire.

De plus, comme le montrent les dif­fé­rents extraits ci-des­­sous, la cir­cu­la­tion du virus chez l’homme por­te­rait à croire qu’il a été façon­né spé­ci­fi­que­ment pour être conta­gieux chez les humains, et sur­tout, l’ac­cès à la base de don­nées du labo­ra­toire de Wuhan a été sup­pri­mé sans expli­ca­tions trois mois seule­ment avant le début de la pan­dé­mie. La Chine avait-elle quelque chose à cacher ? De quoi relan­cer les soup­çons qui avaient com­men­cé à émer­ger dès le mois de mars 2020, avec les doutes sur le nombre réel de décès en Chine cau­sés par la Covid-19. Sur Twit­ter, les inter­nautes n’en reve­naient pas de l’en­quête d’Envoyé Spé­cial et ont été nom­breux à expri­mer leur, comme le montrent les tweets ci-des­­sous. Pour vision­ner le repor­tage dans son inté­gra­li­té, cli­quez ici.


Source : Envoyé Spé­cial France 2 :
https://​www​.pro​gramme​-tele​vi​sion​.org/​n​e​w​s​–​t​v​/​E​n​v​o​y​e​–​S​p​e​c​i​a​l​–​F​r​a​n​c​e​–​2​–​l​e​–​r​e​p​o​r​t​a​g​e​–​s​u​r​–​l​e​s​–​o​r​i​g​i​n​e​s​–​d​u​–​c​o​r​o​n​a​v​i​r​u​s​–​c​h​o​q​u​e​–​l​e​s​–​i​n​t​e​r​n​a​u​t​e​s​–​V​I​D​E​O​–​4​6​7​0​421

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1) DICTATURE SANITAIRE, 2) ASSANGE ET 3) LA CENSURE – ÇA VA BIEN SE PASSER #01 – Rencontre entre Étienne Chouard, Jordanix et Viktor Dedaj, chez Vincent Lapierre

Je suis venu à Paris au début du mois de février 2021, et Vincent Lapierre m’a per­mis d’a­voir deux échanges, à la fois ani­més et ins­truc­tifs, avec des gens que j’aime bien et avec qui pour­tant je ne suis pas d’ac­cord du tout sur ce point pré­cis de l’a­na­lyse de ce qu’on appelle « la crise sani­taire » (que je consi­dère beau­coup plus comme une bas­cule tota­li­taire) : un échange avec Jor­da­nix, et un autre avec Jean Bric­mont (dont je par­le­rai dans le billet suivant).

La pre­mière de ces ren­contres à avoir été publiée est celle avec Jor­da­nix (voir sa chaîne You­tube).

Je trouve que cet échange repré­sente assez bien quelques facettes du cli­vage incroyable qui est en train de se creu­ser dans nos socié­tés humaines, et par­ti­cu­liè­re­ment en France, entre des mil­lions de simples citoyens à la fois non scien­ti­fiques et direc­te­ment concer­nés par « les mesures prises au nom de la science » : ceux qui ont peur de perdre leur san­té ou même leur vie, et ceux qui ont peur de perdre leurs liber­tés et même de bas­cu­ler vers une tyrannie.

Il me semble, depuis le début, que nous devrions nous par­ler de nos peurs res­pec­tives (toutes sont légi­times, au départ, par prin­cipe) en les éva­luant toutes, avec une bien­veillance mutuelle, pour trier celles qui sont bien fon­dées et celles qui sont mal fon­dées. Ceux qui traitent leurs contra­dic­teurs d’in­com­pé­tents ou de para­noïaques ont peu de chance de pro­gres­ser, à mon avis : c’est mal connaître sa propre cause que d’i­gno­rer celle de ses contra­dic­teurs. Nous avons besoin de com­prendre en pro­fon­deur pour­quoi nos contra­dic­teurs pensent ce qu’ils pensent, et cette com­pré­hen­sion ne peut adve­nir que par une dis­cus­sion franche, loyale et res­pec­tueuse. Et le fait de ne pas arri­ver à tom­ber d’ac­cord ne doit pas nous décou­ra­ger. Nous devons construire ensemble nos désac­cords, pour évi­ter que ceux-ci ne s’hy­per­tro­phient par mal­en­ten­dus suc­ces­sifs et cumu­la­tifs au point de nous jeter dans une détes­ta­tion mutuelle insensée.

C’est l’é­change avec Jor­da­nix (plus que celui avec Vik­tor) qui est par­ti­cu­liè­re­ment com­men­té en-des­­sous de la vidéo sur Youtube.

À pro­pos des com­men­taires, je vou­drais dire ici que je désap­prouve et condamne for­mel­le­ment les com­men­taires mépri­sants et insul­tants : c’est un bien mau­vais ser­vice à rendre à la cause de la véri­té que d’ac­ca­bler vio­lem­ment ceux dont on estime qu’ils se trompent. Je vous en sup­plie : IL FAUT DÉDIABOLISER L’ERREUR ! Arrê­tez (de part et d’autre) de faire de l’er­reur un crime impar­don­nable, une tache indé­lé­bile, un stig­mate infa­mant… c’est absurde : on ne pro­gresse que grâce aux erreurs (des siennes propres et de celles des autres), celui qui tré­buche montre aux autres le che­min. C’est régres­sif de deve­nir mal­veillant contre celui qui se trompe. Je fais des efforts per­ma­nents pour res­ter bien­veillant dans mes débats avec des gens avec qui je suis pour­tant en pro­fond désac­cord, parce que je consi­dère que LE RESPECT RÉCIPROQUE EST LA CONDITION PREMIÈRE D’UN DÉBAT DIGNE DE CE NOM, et je découvre ensuite des com­men­ta­teurs qui ne font, eux, aucun effort ni de res­pect ni de bien­veillance com­pré­hen­sive et qui déchaînent leur res­sen­ti­ment… Je suis très attris­té (et même un peu déses­pé­ré, je l’a­voue) par ceux qui pensent me « défendre » en étant aus­si vio­lents et insul­tants avec mes inter­lo­cu­teurs : sans s’en rendre compte (j’es­père), il me com­pliquent ter­ri­ble­ment la tâche, et pas seule­ment conjonc­tu­rel­le­ment, fon­da­men­ta­le­ment aus­si : c’est inco­hé­rent de se dire démo­crate et d’être en fait aus­si mépri­sant de ses adversaires.

Je vou­drais dire aus­si un mot à pro­pos de ceux qui me reprochent de prendre la parole sur la pré­ten­due « crise sani­taire », en pré­ten­dant que je suis incom­pé­tent et que je ferais donc mieux de me taire, en déplo­rant que je « dis­cré­dite ain­si tout mon tra­vail sur la démo­cra­tie » (domaines où je serais soi-disant com­pé­tent et donc légi­time à m’exprimer »…

Je vou­drais pré­ve­nir mes amis férus de science, amis de la science (je le suis aus­si), qu’il existe chez les savants un risque non négli­geable d’ar­ro­gance, d’im­pa­tience et fina­le­ment de bru­ta­li­té très anti­dé­mo­cra­tique : on a tant tra­vaillé sur un sujet qu’on est excé­dé par la sot­tise et la pré­ten­tion de ceux qui pré­tendent débattre sans avoir autant tra­vaillé que nous. On com­prend bien ce rai­son­ne­ment. Je com­prends qu’on en arrive, dans ce cas, à mépri­ser la démo­cra­tie et à pré­fé­rer l’i­dée d’une dic­ta­ture  éclai­rée, une « gou­ver­nance par les nombres », objec­tive, rigou­reuse, fiable, meilleure pour le bien com­mun que les déli­bé­ra­tions démo­cra­tiques des incom­pé­tents. Je com­prends ce rai­son­ne­ment, il est logique, mais je le crains. Il fait comme si la science ne pou­vait pas être cor­rom­pue (jus­qu’à la moelle), il fait comme si la science était tou­jours fiable, il fait comme si la science était homo­gène et sans oppo­si­tions ni désac­cords de fond, il néglige les opi­nions dis­si­dentes, et ce mépris des oppo­sants mino­ri­taires est pro­fon­dé­ment anti-scien­­ti­­fique, c’est ce qu’on appelle le scien­tisme, une sorte de dévo­tion aveugle envers « la science » pré­ten­du­ment incor­rup­tible et infaillible..

Au contraire de ces pré­ten­tions scien­tistes, toute la phi­lo­so­phie démo­cra­tique repose sur l’af­fir­ma­tion que la poli­tique (l’art de déci­der à pro­pos des com­muns) n’est pas une com­pé­tence et que la déci­sion publique appar­tient à tous, à éga­li­té : une homme = une voix pour déci­der ensemble de notre des­tin. Donc, même si les savants sont évi­dem­ment plus savants que les simples citoyens (per­sonne ne nie cela), en démo­cra­tie, ce ne sont pas les savants qui décident. Certes, les savants éclairent et influencent nos déci­sions, mais c’est nous qui déci­dons ; nous, c’est-à-dire la tota­li­té des êtres vivants sous le régime démocratique.

Je vous conseille de lire ou de relire ces deux excel­lents Pro­pos d’A­lain (mon cher Émile Char­tier, phare de la pen­sée). On pour­rait inti­tu­ler le pre­mier « L’INDIGNATION DES COMPÉTENTS ». C’est un texte remar­quable. Nous vivons, avec cette « crise sani­taire » où les citoyens sont comme tenus à l’é­cart des débats par des scien­tistes sûrs et cer­tains de ne jamais se trom­per, nous vivons un cas d’é­cole de ce contre quoi nous aver­tit Alain : le peuple est l’ar­ma­teur, les ministres sont le capi­taine. Ce n’est pas au capi­taine de fixer la des­ti­na­tion, c’est à l’armateur.

« Lisez les feuilles publiques ; vous ver­rez qu’ils sont tous sai­sis d’un furieux besoin de décla­mer contre l’é­lec­teur, disant qu’il est igno­rant, qu’il est cor­rom­pu, qu’il est incons­tant, qu’il est ingrat, et qu’en­fin il faut cher­cher quelque sys­tème ingé­nieux qui per­mette aux émi­nents dépu­tés, aux émi­nents ministres, aux émi­nents bureau­crates de remettre l’é­lec­teur à sa place, et de tra­vailler à son bon­heur mal­gré lui.

Je connais cette chan­son. Tous les bureau­crates que j’ai ren­con­trés me l’ont chan­tée ; et cela reve­nait à dire, presque sans détour, que le suf­frage uni­ver­sel, si on le prend sérieu­se­ment, est une ins­ti­tu­tion absurde. Car, disaient-ils, il faut avant tout savoir, si l’on veut agir. Or, dans votre beau sys­tème, le petit nombre des citoyens qui savent bien une chose, que ce soit les finances, la mutua­li­té, l’en­sei­gne­ment on la poli­tique exté­rieure, ce petit nombre est écra­sé par la mul­ti­tude des igno­rants. « Nous espé­rions, disaient-ils, que les igno­rants feraient du moins modestes et dis­crets, et qu’ils se lais­se­raient tout de même un peu gou­ver­ner par ceux qui sont pré­pa­rés à cette tâche dif­fi­cile. Mais point du tout. Votre répu­blique se réa­lise. Le dépu­té vient dans les bureaux, et y parle au nom du peuple. Le tard-ins­­truit méprise les com­pé­tences, et veut réfor­mer tout. Bien­tôt on nom­me­ra les ingé­nieurs, les ami­raux, les pro­fes­seurs au suf­frage uni­ver­sel. Ils ont déjà sac­ca­gé notre culture fran­çaise. L’i­gno­rant dit : voi­là ce que l’on doit m’ap­prendre. Ce beau sys­tème est arri­vé à sa per­fec­tion propre avec votre Combes ; et nous y retom­be­rons, c’est inévi­table, à moins qu’une grande révolte de l’é­lite ne coïn­cide avec quelque mou­ve­ment de crainte et de modes­tie dans la masse igno­rante. Mais, avec ces ambi­tieux et pré­ten­tieux ins­ti­tu­teurs, qui ne sup­portent plus aucun frein, je crois bien qu’on ne peut guère comp­ter sur une abdi­ca­tion volon­taire des citoyens-rois. Et alors, où allons-nous ? »

Tout direc­teur, tout ins­pec­teur, tout conseiller, tout pré­fet. tout rec­teur, tout ministre pense ain­si et parle ain­si, dès que l’é­lec­teur est retour­né à son tra­vail. Un Combes, un Pel­le­tan, sont haïs et mépri­sés par l’é­lite, jus­te­ment parce qu’ils résistent à ce mouvement-là.

Les par­tis n’y font rien. Le radi­cal s’en­tend très bien là-des­­sus avec le monar­chiste. Tous sentent très vive­ment que le peuple se hausse sur la pointe des pieds, et regarde dans les bureaux. L’é­lite des bureau­crates est contrô­lée, cri­ti­quée, mena­cée dans ses pri­vi­lèges. Les dépu­tés éprouvent, plus direc­te­ment encore, cette puis­sance des masses, qui, bien loin de deman­der à grands cris quelque bou­le­ver­se­ment impos­sible, pré­tendent tout sim­ple­ment s’ins­tal­ler au fau­teuil, et véri­fier les livres de cui­sine et de blan­chis­sage. Péril immi­nent, contre quoi ils ont trou­vé déjà la repré­sen­ta­tion pro­por­tion­nelle, en atten­dant l’en­sei­gne­ment pro­fes­sion­nel, qui remet­tra les citoyens à la chaîne. Citoyens, tâchez de bien sai­sir cette Révo­lu­tion des bureau­crates contre le Peuple. Et méfiez-vous ; l’ad­ver­saire a plus d’un tour dans son sac. »

Alain, 4 juin 1910.

Et je vous rap­pelle aus­si cet autre Pro­pos, plus expli­cite encore, qu’on pour­rait inti­tu­ler « LES NON-COMPÉTENTS PEUVENT CONTRÔLER LES COMPÉTENTS » :

« Il y a un argu­ment contre la Démo­cra­tie éga­li­taire, que je trouve dans Auguste Comte, et qui a été sou­vent repris, c’est que, par le suf­frage popu­laire, on aura tou­jours des dépu­tés incom­pé­tents. C’est pour­quoi notre phi­lo­sophe ne veut consi­dé­rer le sys­tème de la libre cri­tique et de l’é­ga­li­té radi­cale que comme un pas­sage à un état meilleur, où le pou­voir sera tou­jours aux mains d’un savant dans chaque spé­cia­li­té, et d’un conseil d’é­mi­nents socio­logues pour la coor­di­na­tion et l’ensemble.

Il est très vrai qu’un dépu­té, le plus sou­vent, ne sait rien à fond en dehors du mé­tier qu’il exer­çait ; mais remar­quez que, s’il est avo­cat, il connaît tout de même assez bien les lois, la pro­cé­dure, et les vices du sys­tème judi­ciaire ; que, s’il est commer­çant, il s’en­tend aux comptes et à l’é­co­no­mie ; que, s’il est entre­pre­neur, il dira utile­ment son mot au sujet des tra­vaux publics, et ain­si pour le reste. Aus­si, quand on parle de l’i­gno­rance et de l’in­com­pé­tence des dépu­tés, je ne puis voir là qu’un déve­loppement facile et sans portée.

Mais je ne regar­de­rais pas tant à la science ; plu­tôt à la pro­bi­té, et à la sim­pli­ci­té des mœurs pri­vées. Car si l’on prend pour dépu­té un grand arma­teur, ou un grand indus­triel, ou un grand ban­quier, ou un grand avo­cat, afin d’u­ser de leur savoir-faire, ce sera un cal­cul de dupe assez sou­vent. On connaît des hommes fort habiles et intel­li­gents, mais qui, peut-être, par l’ha­bi­tude des affaires, pen­se­ront un peu trop à leur for­tune, ou bien exer­ce­ront volon­tiers un pou­voir tyran­nique, comme ils font natu­rel­le­ment chez eux et dans leur métier. Ain­si leur science pour­ra bien nous coû­ter cher. J’ai­me­rais sou­vent mieux un hon­nête homme qui n’au­rait pas trop réus­si. Bref, je ne désire pas avant tout des Compétences.

Et pour­quoi ? Parce que nous en avons autant qu’il nous en faut dans les ser­vices publics. La Cour de Cas­sa­tion et le Conseil d’É­tat connaissent pro­fon­dé­ment les lois. La Cour des Comptes a la science des Finances publiques. Tous les minis­tères ont des direc­teurs fort ins­truits. La guerre et la marine dépendent d’hommes qui connaissent leur métier. En fait les Com­pé­tences sont aux affaires. Il reste à les sur­veiller, et ce n’est pas si difficile.

On prend à tort les ministres pour des hommes qui devraient être plus savants que leurs subor­don­nés. Le ministre n’est autre chose qu’un délé­gué du peuple pour la sur­veillance d’un tra­vail déter­mi­né et nous avons, pour sur­veiller le sur­veillant, un autre dépu­té, rap­por­teur du bud­get ; les autres dépu­tés sont arbitres. Par exemple on peut bien juger de la fabri­ca­tion des poudres sans être chi­miste, car les spé­cia­listes seront bien for­cés de par­ler clair, si on l’exige, et c’est ce qui est arri­vé. De la même manière, un juré peut appré­cier la res­pon­sa­bi­li­té d’a­près les rap­ports des méde­cins. Si le civet est brû­lé, d’a­bord je le sen­ti­rai très bien, sans être cui­si­nier, et ensuite j’arrive­rai à me pro­té­ger contre ce petit mal­heur, même sans entrer dans la cui­sine, car je suis celui qui paie. Le peuple est celui qui paie ; et ses repré­sen­tants ont mille moyens de faire que le peuple soit bien ser­vi, si seule­ment ils le veulent.

On peut même dési­rer ici une divi­sion du tra­vail plus par­faite, les dépu­tés jugeant avant tout d’a­près les effets sans cher­cher les causes. Comme cet homme très riche et très occu­pé qui a plu­sieurs autos et ne connaît pas la panne. Sa méthode est de bien payer, et de ren­voyer le chauf­feur sans com­men­taires, à la pre­mière panne ; cela le dis­pense d’ap­prendre la mécanique. »

Alain (Pro­pos, 27 octobre 1912).

Ce pre­mier échange avec Jor­da­nix est sui­vi par un expo­sé impor­tant de Vik­tor Dedaj sur le mar­tyr de Julian Assange.

Je consi­dère Vik­tor comme un ami, il m’est cher, je le trouve à la fois savant sur ses sujets, hon­nête et cou­ra­geux. Son expo­sé sur le comble de l’a­bus de pou­voir (qu’est le sort réser­vé par les cri­mi­nels de guerre à leur dénon­cia­teur Assange) est pas­sion­nant et important.

Un troi­sième échange, sur la pro­blé­ma­tique cen­trale des « réseaux sociaux », n’est visible que pour les abon­nés. Je regrette ça. J’es­père que Vincent fini­ra par publier gra­tui­te­ment l’in­té­gra­li­té de l’é­change. C’est aux audi­teurs de l’ai­der libre­ment s’ils jugent utile son tra­vail de jour­na­liste (ce que je crois). Pour l’ins­tant, il y a toute une par­tie de notre échange qui est « à péage », je n’ai jamais fait comme ça, je n’aime pas ça, j’es­père que ça chan­ge­ra, advienne que pourra.

En tout état de cause, mer­ci à Vincent de rendre ces ren­contre possibles.

Étienne.

PS : le des­crip­tif de l’é­mis­sion sur le site du Média pour tous : https://lemediapourtous.fr/cvbsp-emission‑1/
 


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« Point de vue d’Etienne Chouard face au procès dénué de sens que lui fait la gauche sectaire »

Cette vidéo est un pas­sage, pro­duit et publié par quel­qu’un que je ne connais pas du tout, extrait du long entre­tien que j’ai eu à la mai­son en juillet 2018 avec les Affran­chis.

Ce serait bien, de la part de ceux qui pensent beau­coup de mal de moi (de bonne foi), d’ac­cep­ter de débattre de tout ça loyalement.

Il me semble que, du point de vue du bien com­mun, ce serait bien.

Étienne.

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Troisième interview d’Étienne CHOUARD Être Humain : #3

J’ai reçu à la mai­son un jeune homme, nom­mé Thier­ry Jour­dan, et cet échange lui a per­mis de publier sur son site (Stu­dio One) les trois vidéos que voi­ci (les deux autres sont dans des billets séparés).

Troi­sième partie :
8:15 Le ciel sur la tête…
12:14 Le cré­dit social…
23:01 Impôts / corvées…
31:40 La dette publique…
35:59 Tout est langage ?
39:51 Un monde absurde ?
43:27 Le monde de demain ?

Bon, là encore, ce serait bien de pré­ci­ser un peu ce som­maire.
S’il y en a qui veulent bien m’ai­der (en rédi­geant des petits résu­més des par­ties), merci 🙂
 
Étienne.

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Deuxième interview d’Étienne CHOUARD Être Humain : #2

J’ai reçu à la mai­son un jeune homme, nom­mé Thier­ry Jour­dan, et cet échange lui a per­mis de publier sur son site (Stu­dio One) les trois vidéos que voi­ci (les deux autres sont dans des billets séparés).

Deuxième par­tie :
4:45 Le risque de la liberté…
6:03 S’émanciper !
14:44 Urgence ?
16:34 Refu­ser l’impôt ?
17:07 Créer de la thune…
18:20 Case prison !
21:56 Social net­work my ass !
29:55 Les libertaires…
35:46 Music.…
39:03 Savoir ou croire ?

Bon, ce serait bien de pré­ci­ser un peu ce som­maire.
S’il y en a qui veulent bien m’ai­der, merci 🙂
 
Étienne.

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Première interview d’Étienne CHOUARD : ÊTRE HUMAIN #1

J’ai reçu à la mai­son un jeune homme, nom­mé Thier­ry Jour­dan, et cet échange lui a per­mis de publier sur son site (Stu­dio One) les trois vidéos que voi­ci (les deux autres seront dans des billets séparés).

Pre­mière partie :
2 min 22 Les pre­miers souvenirs ?
3 min 03 Enfant quel métier vou­lais tu faire ?
20 min53 Un prof un élève…
25 min 44 L’implication politique…
30 min 46 Etienne Chouard président…
37 min 57 La démo­cra­tie Athénienne
50 min 55 La peine de mort remise en cause ?
56 min 52 La légi­ti­mé de la constitution ?
1h07 min 29 Com­ment cela fut mis en place…

Bon, ce serait bien de pré­ci­ser un peu ce som­maire.
S’il y en a qui veulent bien m’ai­der, merci 🙂
 
Étienne.

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🔑 Interview sans coupure Inform’Action – Étienne CHOUARD, Toulouse 20 mai 2017

Inter­view inté­grale, tour­née pen­dant la série de repor­tages d’In­form’Ac­tion (4 par­ties) à Tou­louse le 20 mai 2017.

☛ Cha­pitres :
00:30​ Les ate­liers constituants
04:00​ Com­ment rendre cette idée accessible ?
15:20​ La crois­sance du pro­grès technologique
19:52​ Réponse aux groupes Antifas



Aki­na d’Inform’action s’est fait sup­pri­mer sa chaine Youtube.
Je vous conseille vive­ment de le suivre sur sa chaine Peer­Tube, à cette adresse :
https://​peer​tube​.infor​mac​tion​.info/​a​c​c​o​u​n​t​s​/​a​k​i​n​a​/​v​i​d​e​o​–​c​h​a​n​n​els

Aki­na (c’est le nom afri­cain qu’il s’est lui-même choi­si) est un jeune homme lumi­neux, une pile d’optimisme et de dévoue­ment au bien com­mun, un bour­reau de tra­vail pour détec­ter et publier (jour et nuit, il n’arrête pas) tout ce qui peut inté­res­ser les citoyens, soit pour s’émanciper soit pour connaître les diverses menaces contre les liber­tés. Il mérite infi­ni­ment que vous l’aidiez.


▶️ Pour pas­ser à l’action : https://​www​.chouard​.org/​a​gir

🔗 SITE : https://​www​.chouard​.org (pour approfondir)
🎧 DISCORD : https://​www​.chouard​.org/​d​i​s​c​o​r​d​-gv (pour orga­ni­ser des réunions et débats)
💌 NEWSLETTER : https://​www​.chouard​.org/​n​e​w​s​l​e​t​ter (pour res­ter infor­mé vraiment)
🐘 MASTODON : https://​www​.chouard​.org/​m​a​s​t​o​don (pour rem­pla­cer Twitter)
🐙 PEERTUBE : https://​www​.chouard​.org/tv (pour accé­der aux vidéos prô­nant la vraie démo­cra­tie sans aucune censure)

Atten­tion : les algo­rithmes des outils sui­vants (face­book, twit­ter et You­tube) FILTRENT les infor­ma­tions, ils font sem­blant de nous mettre en « réseau social », mais en fait ils ne vous informent pas (du tout) des nou­velles publi­ca­tions des comptes aux­quels vous vous êtes abon­nés : au lieu de nous connec­ter, ils nous ISOLENT (sans nous le mon­trer, évi­dem­ment). Et si, un jour, on les dérange, ils sup­priment car­ré­ment un compte… et pour celui dont ce compte était le porte-voix, c’est bru­ta­le­ment la nuit sociale, arbi­traire et injuste. Pour cette rai­son, nous devrions pré­fé­rer les outils précédents.

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🔑 Et si nous réécrivions la constitution ? Toulouse, 20 mai 2017, avec Étienne CHOUARD 🌅 NOUVEAU MONDE #4

Qua­trième épi­sode d’une série de repor­tages réa­li­sés lors de la venue d’É­tienne CHOUARD à Tou­louse le 20 mai 2017. Et si cette idée-là fonc­tion­nait ? Si cha­cun d’entre nous déci­dions de rédi­ger les règles d’ac­com­plis­se­ment des lois ? Quelles idées en ressortiraient ?



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Aki­na (c’est le nom afri­cain qu’il s’est lui-même choi­si) est un jeune homme lumi­neux, une pile d’optimisme et de dévoue­ment au bien com­mun, un bour­reau de tra­vail pour détec­ter et publier (jour et nuit, il n’arrête pas) tout ce qui peut inté­res­ser les citoyens, soit pour s’émanciper soit pour connaître les diverses menaces contre les liber­tés. Il mérite infi­ni­ment que vous l’aidiez.


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[Catalogne, droit des peuples à disposer d’eux-mêmes] Jordi Cuixart, Catalan emprisonné pour résistance à l’oppression : 17 leçons de démocratie, leçons de dignité (magnifique vidéo, 5 min)

Un mes­sage de Jor­di Cuixart, juste avant son pro­cès, il y a 2 ans, en février 2019, depuis une pri­son espagnole :

« Je suis Jor­di Cuixart, pré­sident d’Òmnium Cultu­ral, la plus grande ONG cultu­relle de Cata­logne. Je suis en pri­son pré­ven­tive depuis plus de quinze mois pour avoir orga­ni­sé des mani­fes­ta­tions mas­sives et tou­jours paci­fiques en défense du droit à l’autodétermination de la Cata­logne. Je suis le pri­son­nier poli­tique d’un sys­tème juri­­di­­co-exé­­cu­­tif espa­gnol héri­té du fran­quisme. Oui, en Espagne le fran­quisme a sur­vé­cu à la tran­si­tion démo­cra­tique et les organes juri­diques d’exception char­gés de juger les dis­si­dences poli­tiques ont été maintenus.

En l’occurrence s’ouvre ce 12 février devant la Cour suprême espa­gnole, à Madrid, un pro­cès contre la démo­cra­tie. Je serai assis sur le banc des accu­sés aux côtés de six anciens membres du gou­ver­ne­ment cata­lan, de l’ancienne pré­si­dente du par­le­ment et de l’ancien pré­sident d’une autre grande ONG. J’encours jusqu’à dix-sept ans de pri­son pour des actes que je n’ai pas com­mis. Je serai jugé pour un crime de rébel­lion comme a pu l’être le géné­ral Teje­ro suite à sa ten­ta­tive armée de coup d’État au par­le­ment espa­gnol en 1981.

Ce crime ima­gi­naire que j’aurais com­mis néces­site un pro­ces­sus de vio­lence carac­té­ri­sé qui n’a jamais eu lieu. Je serai éga­le­ment accu­sé du crime de sédi­tion, qui exige un sou­lè­ve­ment popu­laire qui empê­che­rait l’application des lois ou l’actuation des auto­ri­tés. Là aus­si, c’est une pure inven­tion. Ce pro­cès a pour but de juger des hauts res­pon­sables cata­lans et les aspi­ra­tions démo­cra­tiques de plus 80% de la popu­la­tion en Cata­logne de déci­der de son ave­nir dans les urnes. Dépas­sé, Madrid répond à cette volon­té popu­laire par la répres­sion phy­sique et judiciaire.

Nos liber­tés fon­da­men­tales sont en péril et cette paro­die de pro­cès, où la sen­tence à une lourde peine de pri­son semble par ailleurs déjà écrite, sera mise sous le feu des pro­jec­teurs de la com­mu­nau­té inter­na­tio­nale. Aux yeux de celle-ci, les accu­sés seront décla­rés non cou­pables et l’État, cou­pable de son inca­pa­ci­té à dia­lo­guer, ver­ra sa cré­di­bi­li­té s’effondrer. Cri­ti­qué pour la poli­ti­sa­tion de son sys­tème judi­ciaire et son manque de trans­pa­rence, ce pro­cès est l’expression d’un État en grande souf­france démocratique.

Être en pri­son me per­met d’accuser l’État de vio­ler nos droits fon­da­men­taux. Rous­seau dit que « renon­cer à sa liber­té, c’est renon­cer à sa qua­li­té d’homme, aux droits de l’humanité, même à ses devoirs », je n’y renon­ce­rai pas ! Le res­pect des droits de l’homme est une base solide qui doit régir nos socié­tés démo­cra­tiques. Aujourd’hui, en Espagne, ces droits sont bafoués sur l’autel de l’unité consti­tu­tion­nelle. « I have a dream » qu’un jour l’État espa­gnol, un État étouf­fé par l’héritage du fran­quisme, se trans­forme en une oasis de démo­cra­tie. La crise est à la fois poli­tique et démo­cra­tique. La réponse judi­ciaire qui est appor­tée ne fait que cata­ly­ser les ten­sions alors que seuls le dia­logue et une issue poli­tique per­met­tront de les résoudre. »

Jor­di Cuixart, 11/2/2019.
Source : https://​www​.tdg​.ch/​r​e​f​l​e​x​i​o​n​s​/​p​r​o​c​e​s​–​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​–​s​–​o​u​v​r​e​–​m​a​d​r​i​d​/​s​t​o​r​y​/​2​5​8​5​3​737

Et puis une pro­tes­ta­tion sur la condam­na­tion à 9 ans de pri­son (!) pour ces oppo­sants poli­tiques pacifiques :

Jordi Cuixart, condamné à 9 ans d’emprisonnement pour avoir exercé des droits fondamentaux

Bar­ce­lone, le 14 octobre 2019 – La Cour suprême espa­gnole a condam­né Jor­di Cuixart, pré­sident d’Òmnium Cultu­ral, à pur­ger une peine de 9 ans de pri­son pour le délit de sédi­tion, délit qu’il n’a pas com­mis. Toutes ses actions ont été paci­fiques, civiques et dans l’exercice de ses droits civils. Cette déci­sion de jus­tice repré­sente une attaque directe aux droits fon­da­men­taux de Jor­di Cuixart et des autres accu­sés, ain­si que la péna­li­sa­tion du droit de mani­fes­ta­tion paci­fique pour tous les citoyens de l’Etat espagnol.

La déci­sion de jus­tice consti­tue une attaque contre les liber­tés d’expression et de manifestation

Le pré­sident de l’Òmnium a été injus­te­ment mis en exa­men, incul­pé et fina­le­ment condam­né à une peine de pri­son pour avoir orga­ni­sé une mani­fes­ta­tion paci­fique le 20 sep­tembre 2017 et pour avoir appe­lé publi­que­ment à par­ti­ci­per au réfé­ren­dum d’autodétermination du 1er octobre 2017. Il a été empri­son­né en date du 16 octobre de cette année-là et a donc pas­sé pra­ti­que­ment 2 ans en déten­tion provisoire.

Toutes ces actions s’inscrivent dans le cadre de l’exercice de droits fon­da­men­taux comme la liber­té d’expression et le droit de mani­fes­ta­tion, inclus et pro­té­gés par la Consti­tu­tion espa­gnole, la Charte des droits fon­da­men­taux de l’UE, le Pacte inter­na­tio­nal rela­tif aux droits civils et poli­tiques ou la Décla­ra­tion uni­ver­selle des droits de l’homme. Le Groupe de tra­vail sur la déten­tion arbi­traire de l’ONU et des ONG telles qu’Amnis­ty Inter­na­tio­nal, l’Orga­ni­sa­tion mon­diale contre la tor­ture ou la Front Line Defen­ders, ont dénon­cé cela et ont récla­mé sa mise en liberté.

Il n’y a pas eu de sédi­tion : Jor­di Cuixart a agit de manière paci­fique et civique

Jor­di Cuixart a exer­cé le droit de réunion paci­fique et sa liber­té d’expression, au même titre que tous les citoyens qui ont par­ti­ci­pé à la mani­fes­ta­tion du 20 sep­tembre 2017. Consi­dé­rer une mani­fes­ta­tion mas­sive comme une émeute, et donc un délit de sédi­tion, c’est une attaque au plu­ra­lisme idéo­lo­gique et une cri­mi­na­li­sa­tion de toute mobi­li­sa­tion massive.

Mani­fes­ta­tions et actions pré­vues pour les jours et semaines à venir

En réponse à la déci­sion de jus­tice, des mobi­li­sa­tions de citoyens sont atten­dues dans les prin­ci­pales villes de Cata­logne. Ce midi, les repré­sen­tants de la socié­té civile cata­lane (indé­pen­dan­tistes et nonin­dé­pen­dan­tistes) se sont concen­trés à Bar­ce­lone pour démon­trer leur uni­té face à la déci­sion de jus­tice de la Cour suprême. La concen­tra­tion a comp­té sur la par­ti­ci­pa­tion des prin­ci­paux syn­di­cats et des orga­ni­sa­tions patro­nales de Cata­logne. Des actions mas­sives seront pro­chai­ne­ment annon­cées pour les jours et semaines à venir.

INFORMATIONS GÉNÉRALES

Jor­di Cuixart est le pré­sident de l’Òmnium Cultu­ral, l’ONG cultu­relle et de défense des droits de l’homme la plus impor­tante de Cata­logne et d’Espagne, avec plus de 170 000 membres. Le 16 octobre 2017, il a été empri­son­né pour avoir orga­ni­sé et par­ti­ci­pé à une mani­fes­ta­tion le 20 sep­tembre de cette année-là, pour pro­tes­ter contre la déten­tion de 16 membres du gou­ver­ne­ment cata­lan qui étaient pré­ten­du­ment en train d’organiser le réfé­ren­dum du 1er octobre. Depuis lors, ils ont pas­sé 2 ans en déten­tion provisoire.

Le 1er octobre 2017, 2,3 mil­lions de citoyens ont par­ti­ci­pé à un réfé­ren­dum préa­la­ble­ment sus­pen­du par le Tri­bu­nal consti­tu­tion­nel. En réponse à cela, le gou­ver­ne­ment espa­gnol a déployé 10 000 agents de la Police natio­nale et de la Guar­dia Civil (force de police espa­gnole à sta­tut mili­taire) et a usé de vio­lence à l’égard des votants, en bles­sant, selon les ser­vices de san­té, plus de 1 000 per­sonnes. À ce jour, les pou­voirs publics espa­gnols n’ont pas res­pec­té leur obli­ga­tion d’enquêter sur la vio­lence poli­cière, confor­mé­ment à la demande de divers orga­nismes internationaux.

Et, para­doxa­le­ment, les per­sonnes qui se sont employées à maté­ria­li­ser un réfé­ren­dum d’autodétermination sur le futur poli­tique de la Cata­logne, un ins­tru­ment poli­tique défen­du par 80 % de la socié­té cata­lane, ont été pour­sui­vies en jus­tice ; ce même pour­cen­tage s’oppose à la judi­cia­ri­sa­tion du conflit. Par ailleurs, des obser­va­teurs inter­na­tio­naux comme Inter­na­tio­nal Trial Watch, la Fédé­ra­tion Inter­na­tio­nale des droits de l’homme et Euro­Med Rights ont rele­vé des irré­gu­la­ri­tés au cours de la pro­cé­dure judiciaire.

Appels d’organisations internationales

Appel du GTDA de l’ONU au gou­ver­ne­ment espagnol

Com­mu­ni­qués des ONG internationales

Com­mu­ni­qué d’Amnesty International
Com­mu­ni­qué de l’Organisation mon­diale contre la torture
Com­mu­ni­qué du Front Line Defenders
Com­mu­ni­qué de l’International Trial Watch
Com­mu­ni­qué de la Fédé­ra­tion inter­na­tio­nale des droits de l’homme et d’EuroMed Rights

Source : https://​www​.omnium​.cat/​f​r​/​j​o​r​d​i​–​c​u​i​x​a​r​t​–​c​o​n​d​a​m​n​e​–​a​–​9​–​a​n​s​–​d​e​m​p​r​i​s​o​n​n​e​m​e​n​t​–​p​o​u​r​–​a​v​o​i​r​–​e​x​e​r​c​e​–​d​e​s​–​d​r​o​i​t​s​–​f​o​n​d​a​m​e​n​t​a​ux/

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LA LIBERTÉ D’EXPRESSION, C’EST LA DÉMOCRATIE MÊME, 1) pour protéger la population contre les tyrans et 2) pour protéger l’opinion publique contre l’erreur – Préface d’Étienne Chouard au grand livre de Jean Bricmont : « Les censeurs contre la République »

En défense de la liber­té d’ex­pres­sion, Jean Bric­mont vient de réédi­ter un grand livre, « Les cen­seurs contre la Répu­blique », aux édi­tions Jeanne, pour lequel j’ai pré­pa­ré une longue PRÉFACE que je vous pré­sente ici. Voi­ci son plan, un outil pour la feuille­ter ou pour la télé­char­ger, et plus bas le texte sous une forme ordinaire :

  1. Liber­té de par­ler pour pro­té­ger la démo­cra­tie contre les com­plots (la cor­rup­tion ? l’oppression ?)
  2. Liber­té de par­ler pour proté­ger la démo­cra­tie contre l’erreur : per­mettre aux citoyens d’identifier cor­rec­te­ment le bien com­mun, de vou­loir les bonnes déci­sions publiques

http://​etienne​.chouard​.free​.fr/​E​u​r​o​p​e​/​L​a​_​l​i​b​e​r​t​e​_​d​_​e​x​p​r​e​s​s​i​o​n​_​c​_​e​s​t​_​l​a​_​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​_​m​e​m​e​_​P​r​e​f​a​c​e​_​d​_​E​t​i​e​n​n​e​_​a​u​_​l​i​v​r​e​_​d​e​_​J​e​a​n​.​pdf

[3d-flip-book mode=« fulls­creen » id=« 13911 » ][/3d-flip-book]

Je vous recom­mande le livre de Jean, c’est un livre important :

Jean Bricmont vient de rééditer un grand livre, « Les censeurs contre la République »

 




Pré­face :

La liber­té de tout dire n’a d’ennemis que ceux qui veulent se réser­ver la liber­té de tout faire.
Quand il est per­mis de tout dire, la véri­té parle d’elle-même et son triomphe est assuré.

Jean-Paul Marat « Les Chaînes de l’esclavage », 1774.

 

Sous le gou­ver­ne­ment repré­sen­ta­tif, sur­tout, c’est-à-dire, quand ce n’est point le peuple qui fait les lois, mais un corps de repré­sen­tants, l’exercice de ce droit sacré [la libre com­mu­ni­ca­tion des pen­sées entre les citoyens] est la seule sau­ve­garde du peuple contre le fléau de l’oligarchie. Comme il est dans la nature des choses que les repré­sen­tants peuvent mettre leur volon­té par­ti­cu­lière à la place de la volon­té géné­rale, il est néces­saire que la voix de l’opinion publique reten­tisse sans cesse autour d’eux, pour balan­cer la puis­sance de l’intérêt per­son­nel et les pas­sions indi­vi­duelles ; pour leur rap­pe­ler, et le but de leur mis­sion et le prin­cipe de leur auto­ri­té. Là, plus qu’ailleurs, la liber­té de la presse est le seul frein de l’ambition, le seul moyen de rame­ner le légis­la­teur à la règle unique de la légis­la­tion. Si vous l’enchaînez, les repré­sen­tants, déjà supé­rieurs à toute auto­ri­té, déli­vrés encore de la voix impor­tune de ces cen­seurs, éter­nel­le­ment cares­sés par l’intérêt et par l’adulation, deviennent les pro­prié­taires ou les usu­frui­tiers pai­sibles de la for­tune et des droits de la nation ; l’ombre même de la sou­ve­rai­ne­té dis­pa­raît, il ne reste que la plus cruelle, la plus indes­truc­tible de toutes les tyran­nies ; c’est alors qu’il est au moins dif­fi­cile de contes­ter la véri­té de l’anathème fou­droyant de Jean-Jacques Rous­seau contre le gou­ver­ne­ment repré­sen­ta­tif absolu.

Robes­pierre, Le Défen­seur de la Consti­tu­tion, n° 5, 17 juin 1792.

 

La liberté d’expression, c’est la démocratie même

pour protéger la population contre les tyrans

et pour protéger l’opinion publique contre l’erreur

 

Ce livre est impor­tant. Il est cou­ra­geux. C’est un acte de résis­tance à la tyran­nie qui vient. Il m’a don­né de nou­veaux exemples de la fra­gi­li­té de nos cer­ti­tudes les plus enra­ci­nées, et il m’a conduit à actua­li­ser et détailler  ma convic­tion que nous avons tous un vital besoin de libre débat, pour nous détrom­per en toutes matières. Ce livre m’a aus­si per­mis de mesu­rer l’ampleur et la gra­vi­té des per­sé­cu­tions qu’on peut subir en France pour sim­ple­ment avoir expri­mé des pen­sées, des paroles qui déplaisent aux puissants.

Le blas­phème est une parole inter­dite par les prêtres de la reli­gion du moment. Je pen­sais que ce qu’on appelle « Les Lumières » nous avaient débar­ras­sés du délit d’opinion, qu’elles nous avaient libé­rés de toutes les formes de blas­phème. Il n’en est rien : il est aujourd’hui à nou­veau des opi­nions inter­dites, des avis dont ceux-qui-parlent-dans-les-micros répètent comme un man­tra : « ce que vous dites là n’est pas une opi­nion, c’est un délit », sans admettre qu’ils sont évi­dem­ment par-là même en train d’accepter, et même d’encourager, le retour du délit d’opinion.

Sitôt que les citoyens cessent de lut­ter per­son­nel­le­ment pour défendre leurs liber­tés, à com­men­cer par leur liber­té de pen­ser, ils s’enfoncent pro­gres­si­ve­ment dans la ser­vi­tude, les « élus » et leurs com­plices leur mettent petit à petit des fers aux mains et aux pieds.

Et il est plus dif­fi­cile de sor­tir de pri­son que de refu­ser d’y entrer pen­dant qu’on est encore libre. Ce livre est pas­sion­nant, je l’ai lu et relu le crayon à la main.

Un livre qui défend la liber­té d’expression repré­sente for­cé­ment un enjeu plus large : la démo­cra­tie — régime poli­tique où le peuple déli­bère et décide lui-même des poli­tiques publiques qu’il juge bonnes — est une orga­ni­sa­tion sociale fra­gile, tou­jours mena­cée par les intrigues secrètes de quelques-uns contre la volon­té géné­rale, et tou­jours mena­cée de se trom­per, de prendre de mau­vaises déci­sions, contraires au bien commun.

Comme démo­crate, je vois deux rai­sons majeures de défendre la liber­té d’expression, l’une liée à l’intérêt col­lec­tif, l’autre aux inté­rêts individuels :

  • La liber­té d’expression recon­nue à tous les citoyens leur donne à la fois une arme d’alerte déci­sive et un entraî­ne­ment for­ti­fiant à la vigi­lance pour ser­vir de « sen­ti­nelles du peuple », capables de sur­veiller l’exercice des pou­voirs d’un œil sour­cilleux et de lan­cer l’alarme à la moindre intrigue des puis­sants contre la démocratie.
    La liber­té d’expression sert à inquié­ter les pou­voirs abusifs. 

  • La liber­té d’expression recon­nue à tous les citoyens per­met à cha­cun de recher­cher per­son­nel­le­ment et acti­ve­ment ce qui est vrai, et donc de le com­prendre en pro­fon­deur ; d’entendre et donc d’analyser tous les points de vue oppo­sés sur chaque ques­tion inté­res­sant la Cité ; de voir ain­si la véri­té triom­pher du men­songe publi­que­ment et métho­di­que­ment, à tra­vers une loyale mise en scène des conflits ; de vivre per­son­nel­le­ment et en détail la mise en évi­dence du bien commun.
    La liber­té d’expression éclaire l’opinion et, par-là même, légi­time les suf­frages (fonde le droit d’opiner, de don­ner son opinion).

Alors que, symé­tri­que­ment, les intri­gants, les char­la­tans et les tyrans ont les deux bonnes rai­sons inverses d’entraver la liber­té d’expression :

  • Quand les citoyens ont peur de par­ler, il ne leur est plus pos­sible de dénon­cer les plus graves com­plots contre la démocratie.
    Sans la liber­té d’expression, les com­plo­teurs ont la voie libre et la démo­cra­tie est perdue. 

  • Quand les citoyens ont peur de par­ler, seules les idées reçues de la classe domi­nante sont visibles, les pires erreurs sont vouées à per­du­rer, et même la véri­té n’est pas bien connue, ni bien comprise.
    Sans la liber­té d’expression, l’opinion popu­laire, faci­le­ment trom­pée, perd sa fia­bi­li­té, et l’amour du bien com­mun ne peut pas s’imposer dans les esprits.

  

  1. Pro­té­ger la démo­cra­tie contre les com­plots (la cor­rup­tion ? l’oppression?)

Com­plot :  des­sein secret, concer­té entre plu­sieurs per­sonnes, avec l’in­ten­tion de nuire à l’au­to­ri­té d’un per­son­nage public ou d’une institution.
(Défi­ni­tion du Tré­sor de la langue fran­çaise.)

Pour sim­ple­ment sur­vivre aux cor­rup­tions et aux com­plots de toutes sortes contre l’intérêt géné­ral, sur­tout ceux des gou­ver­nants, une démo­cra­tie a besoin de citoyens-sol­­dats armés, au moins intel­lec­tuel­le­ment, pour la pro­té­ger : c’est pour cette rai­son que, il y a 2 500 ans déjà, à Athènes, l’iségoria, droit de parole libre pour tous les citoyens athé­niens, à tout pro­pos et à tout moment, don­nait à cha­cun la puis­sance d’agir pour pro­té­ger lui-même sa Cité : l’isègoria dotait la démo­cra­tie de mil­liers de paires d’yeux de sen­ti­nelles vigi­lantes. Si des intri­gants venaient à men­tir pour trom­per le peuple, ou à mani­gan­cer pour prendre le pou­voir, des lan­ceurs d’alerte, bien pro­té­gés par des ins­ti­tu­tions démo­cra­tiques dignes de ce nom, aler­taient (grâce à leur parole libre) les autres citoyens, pour les mobi­li­ser contre le dan­ger et pour pro­té­ger la démocratie.

Ce grand droit de libre parole entraî­nait natu­rel­le­ment avec lui une grande res­pon­sa­bi­li­té : cha­cun pou­vait avoir des comptes à rendre, devant une assem­blée de citoyens tirés au sort, du mau­vais usage qu’il pou­vait avoir fait de l’isègoria :

« Cepen­dant qui­conque exer­çait son droit fon­da­men­tal d’isé­go­ria cou­rait le risque d’une condam­na­tion  sévère,  pour une pro­po­si­tion qu’il avait eu le droit de faire, même si cette pro­po­si­tion avait été adop­tée par l’Assemblée. La fonc­tion du graphe para­no­mon, pro­cé­dure par laquelle un homme pou­vait être accu­sé et jugé pour avoir fait une « pro­po­si­tion illé­gale » à l’As­sem­blée, est assez claire, une fonc­tion double : modé­rer l’iségoria  par la dis­ci­pline, et don­ner au peuple, au démos, la pos­si­bi­li­té de recon­si­dé­rer une déci­sion prise par lui-même. Un graphe para­no­mon abou­tis­sant à une condam­na­tion avait pour effet d’an­nu­ler un vote posi­tif de l’As­sem­blée, grâce au ver­dict, non pas d’une élite res­treinte telle que la Cour suprême des États-Unis, mais du démos, par l’in­ter­mé­diaire d’un jury popu­laire nom­breux, choi­si par tirage au sort. Notre sys­tème pro­tège la liber­té des repré­sen­tants grâce aux pri­vi­lèges par­le­men­taires, or ces mêmes pri­vi­lèges, de façon para­doxale, pro­tègent aus­si l’ir­res­pon­sa­bi­li­té des repré­sen­tants. Le para­doxe athé­nien se situait dans une voie tout à fait oppo­sée : il pro­té­geait à la fois la liber­té de l’As­sem­blée en son ensemble, et celle de ses membres pris indi­vi­duel­le­ment en leur refu­sant l’immunité. »

Moses I. Fin­ley, « Démo­cra­tie antique et démo­cra­tie moderne », Payot 1972, p. 73–74.

Cette liber­té d’expression était si impor­tante pour les démo­crates, si vitale, que les Athé­niens la jugeaient encore plus impor­tante que l’isonomia (l’égalité devant la loi) :

« Quand Héro­dote décrit la nais­sance de la démo­cra­tie athé­nienne, il met en évi­dence l’isègoria et non l’isonomia comme prin­cipe de l’é­ga­li­té démo­cra­tique ; et d’ailleurs son expo­sé est conforme à ce qu’on trouve dans les sources athé­niennes : ce que les démo­crates athé­niens ché­rissent le plus dans l’é­ga­li­té, c’est l’isègoria, pas l’isonomia. »

Mogens H. Han­sen, « La démo­cra­tie athé­nienne à l’époque de Démos­thène », Les Belles Lettres 2003, p. 111.

Ils jugeaient même la liber­té d’expression si consub­stan­tielle à la démo­cra­tie qu’ils pou­vaient uti­li­ser les deux termes démo­cra­tie et isè­go­ria indif­fé­rem­ment, comme s’ils étaient synonymes :

« Le mot isé­go­ria, le droit pour tous de par­ler à l’as­sem­blée, était quel­que­fois employé par les écri­vains grecs comme un syno­nyme de « démocratie ». »

Moses I. Fin­ley, « Démo­cra­tie antique et démo­cra­tie moderne », Payot 1972, p. 65.

 

Depuis cette loin­taine époque athé­nienne, les plus grands pen­seurs ont conti­nué à défendre la liber­té de parole pour les citoyens dans le but pré­cis de résis­ter aux pou­voirs abu­sifs, quels qu’ils soient (même au pou­voir d’une majo­ri­té popu­laire deve­nue into­lé­rante). Il est utile de gar­der vivante la mémoire de leurs luttes, et de médi­ter len­te­ment ces pen­sées pas­sées, car leurs argu­ments pour­raient tous nous ser­vir aujourd’hui.

Au pre­mier reproche oppo­sé au peuple pour lui refu­ser le droit à la parole libre, le reproche d’incompétence, nous avons (nous le peuple) com­pris depuis long­temps que cette incom­pé­tence était soi­gneu­se­ment entretenue :

« Les mêmes qui lui ont ôté les yeux reprochent au peuple d’être aveugle. »

John Mil­ton (1608−1674).

Aris­tote déjà, il y a 2 500 ans, pen­sait la foule capable d’une intel­li­gence col­lec­tive supé­rieure à l’intelligence indi­vi­duelle d’un prince :

« D’a­près ces (consi­dé­ra­tions) il semble mani­feste qu’au­cun de ces cri­tères [ver­tu, richesse, nais­sance, liber­té] n’est cor­rect au nom des­quels cer­tains estiment conve­nable que ce soit eux qui gou­vernent et que tous les autres leur soient sou­mis. Car même à ceux qui s’es­timent dignes d’être sou­ve­rains sur le gou­ver­ne­ment au nom de leur ver­tu, tout comme à ceux qui invoquent leur richesse, les masses pour­raient oppo­ser un argu­ment juste : rien n’empêche à un cer­tain moment la masse d’être meilleure que le petit nombre ni d’être plus riche (que lui), non pas chaque indi­vi­du, mais l’en­semble des gens. »

Aris­tote (-384 – 322 av JC)„ « Les poli­tiques », III, 13, 1283‑b, Folio p. 251.

Cette obser­va­tion devrait conduire logi­que­ment à pro­té­ger le droit de cette foule à s’exprimer librement.

Contre le reproche d’incompétence et d’inconstance, sou­vent oppo­sé au peuple pour le faire taire, Machia­vel a aus­si écrit des pages éton­nantes en l’honneur de l’intelligence col­lec­tive popu­laire, sorte de « sagesse des foules » :

« Tite-Live et tous les autres his­to­riens affirment qu’il n’est rien de plus chan­geant et de plus incons­tant que la foule. […] Mais, quoi qu’il en soit, je ne pense ni ne pen­se­rai jamais que ce soit un tort que de défendre une opi­nion par le rai­son­ne­ment, sans vou­loir recou­rir ni à la force ni à l’au­to­ri­té.

Je dis donc que ce défaut dont les écri­vains accusent la foule, on peut en accu­ser tous les hommes per­son­nel­le­ment, et notam­ment les princes. Car tout indi­vi­du qui n’est pas sou­mis aux lois peut com­mettre les mêmes erreurs qu’une foule sans contraintes. […]

Car on doit les com­pa­rer [les princes sages] avec une foule réglée par les lois, comme ils le sont eux-mêmes. On trou­ve­ra alors en cette foule la même ver­tu que nous consta­tons chez les princes ; et l’on ne ver­ra pas qu’elle domine avec orgueil, ni qu’elle serve avec bassesse. […]

Aus­si ne faut-il pas accu­ser davan­tage la nature de la foule que celle des princes, car ils se trompent tous, quand ils peuvent sans crainte se trom­per. […]

Je conclus donc contre l’o­pi­nion géné­rale, qui pré­tend que les peuples, quand ils ont le pou­voir, sont chan­geants, incons­tants et ingrats. Et j’af­firme que ces défauts ne sont pas dif­fé­rents chez les peuples et chez les princes. Qui accuse les princes et les peuples conjoin­te­ment peut dire la véri­té ; mais, s’il en excepte les princes, il se trompe. Car un peuple qui gou­verne et est bien régle­men­té est aus­si constant, sage et recon­nais­sant, et même davan­tage, qu’un prince esti­mé pour sa sagesse. Et, d’autre part, un prince affran­chi des lois est plus ingrat, chan­geant et dépour­vu de sagesse qu’un peuple.

La dif­fé­rence de leurs conduites ne naît pas de la diver­si­té de leur nature, parce qu’elle est iden­tique chez tous — et, s’il y a une supé­rio­ri­té, c’est celle du peuple ; mais du plus ou moins de res­pect qu’ils ont pour les lois, sous les­quelles ils vivent l’un et l’autre. […]

Quant à la sagesse et à la constance, je dis qu’un peuple est plus sage, plus constant et plus avi­sé qu’un prince. Ce n’est pas sans rai­son que l’on com­pare la parole d’un peuple à celle de Dieu. Car on voit que l’o­pi­nion géné­rale réus­sit mer­veilleu­se­ment dans ses pro­nos­tics ; de sorte qu’elle semble pré­voir par une ver­tu occulte le bien et le mal qui l’at­tendent. Quant à son juge­ment, il arrive rare­ment, lors­qu’un peuple entend deux ora­teurs oppo­sés et de force égale, qu’il ne choi­sisse pas le meilleur avis et qu’il ne soit pas capable de dis­cer­ner la véri­té qu’on lui dit. Si, dans les entre­prises ris­quées ou qui lui semblent pro­fi­tables, il se trompe, un prince se trompe aus­si très sou­vent dans ses pas­sions, qui sont beau­coup plus nom­breuses que celles du peuple. […]

On voit en outre que les cités où le peuple gou­verne font en très peu de temps des pro­grès inouïs : beau­coup plus grands que les cités qui ont tou­jours vécu sous un prince. […] Ceci ne peut pro­ve­nir que du fait que le gou­ver­ne­ment des peuples est meilleur que celui des princes. »

Machia­vel, « Dis­cours sur la Pre­mière Décade de Tite-Live » (1531) Livre 1, Cha­pitre 58 « La foule est plus sage et plus constante qu’un prince ».

Là encore, si la foule est sage, on peut en déduire qu’il faut pro­té­ger sa liber­té de parole.

Au 18e siècle, contre les élites de cen­seurs, Condor­cet (1743−1794) a cal­cu­lé sous forme pro­ba­bi­liste ce qui peut s’appeler « la sagesse des foules » :

« Nous nous sou­ve­nons du prin­cipe de Scott Page : « La diver­si­té prime sur la com­pé­tence », et si j’y reviens, c’est qu’il repré­sente la condi­tion d’une idée sou­te­nant tout l’é­di­fice de la démo­cra­tie déli­bé­ra­tive : le théo­rème de Condor­cet. Condor­cet a fait et écrit des choses admi­rables. Il est pro­ba­ble­ment l’un de ceux, dans l’his­toire de la pen­sée, qui a le pre­mier ten­té de modé­li­ser les phé­no­mènes sociaux. S’in­té­res­sant à la ques­tion des assem­blées qui déli­bèrent, il a mis en relief le risque que cer­tains choix col­lec­tifs deviennent intran­si­tifs. Mais il a défen­du aus­si de façon pré­coce l’i­dée de la sagesse des foules en consi­dé­rant, dans son célèbre « Essai sur l’ap­pli­ca­tion de l’a­na­lyse à la pro­ba­bi­li­té des déci­sions ren­dues à la plu­ra­li­té des voix » (cha­pitre CLXXX), que si chaque votant a une pro­ba­bi­li­té de chance supé­rieure à 50 % de prendre une bonne déci­sion, plus l’as­sem­blée est impor­tante, plus la pro­ba­bi­li­té est grande qu’une déci­sion col­lec­tive, prise à la majo­ri­té, tende vers une conclu­sion opti­male et ration­nelle.

Ce théo­rème cen­tral de la démo­cra­tie déli­bé­ra­tive est expri­mé d’une autre façon par Hélène Lan­de­more (en 2010) : « Dans la mesure où la diver­si­té cog­ni­tive est, jus­qu’à un cer­tain point, fonc­tion du nombre de par­ti­ci­pants, la déli­bé­ra­tion au sein d’un groupe nom­breux est, d’un point de vue épis­té­mique, supé­rieure à la déli­bé­ra­tion au sein d’un petit groupe. »

Les erreurs des uns étant com­pen­sées par les erreurs des autres, comme dans le cas de l’ex­pé­ri­men­ta­tion de Kate Gor­don por­tant sur l’é­va­lua­tion de la masse d’ob­jets, on peut sup­po­ser que le nombre accroît les chances qu’une assem­blée tende vers la sagesse.

Gérald Bron­ner, La démo­cra­tie des cré­dules (2013), évo­quant le théo­rème de Condor­cet, p 234.

La mau­vaise image du peuple (qu’on peut donc faire taire) — comme la bonne image des princes (qui peuvent donc par­ler libre­ment) — a été ana­ly­sée très tôt par les plus grands esprits, qui ont repé­ré dans ces pré­ju­gés les effets de la parole libre, comme ceux de la parole asservie :

« Mais si l’on veut savoir d’où naît le pré­ju­gé défa­vo­rable au peuple, géné­ra­le­ment répan­du, c’est que tout le monde a la liber­té d’en dire ouver­te­ment le plus grand mal, même au moment où il domine ; au lieu que ce n’est qu’avec la plus grande cir­cons­pec­tion et en trem­blant qu’on parle mal des princes. »

Machia­vel, « Dis­cours sur la pre­mière décade de Tite-Live », publié en 1521, Livre Pre­mier, chap LVIII.

Machia­vel, dont on sait trop peu com­bien il défen­dait le peuple contre les princes, tenait déjà (au 16e siècle) à ce que cha­cun entende tous les points de vue afin de se for­mer un juge­ment digne de ce nom — ce qui sup­pose que tous les points de vue soient libre­ment exprimés :

« La manière la plus prompte de faire ouvrir les yeux à un peuple est de mettre indi­vi­duel­le­ment cha­cun à même de juger par lui-même et en détail de l’objet qu’il n’avait jusque-là appré­cié qu’en gros. »

Machia­vel, « Dis­cours sur la pre­mière décade de Tite-Live » (« Dis­cor­si ») livre I, chap. 47.

Le même Machia­vel sou­li­gnait l’intérêt car­di­nal des conflits entre domi­nants et domi­nés — et donc, logi­que­ment, de leur liber­té de parole — pour pro­duire les meilleures lois. Ici, c’est Alain Supiot, juriste pas­sion­nant, qui le cite et le commente :

C’est à cette his­toire romaine que Machia­vel s’est réfé­ré pour affir­mer que les bonnes lois sont celles qui s’en­ra­cinent dans l’ex­pé­rience des conflits :
« Dans toute répu­blique, écrit-il, il y a deux par­tis : celui des grands et celui du peuple ; et toutes les lois favo­rables à la liber­té ne naissent que de leur oppo­si­tion […]. On ne peut […] qua­li­fier de désor­don­née une répu­blique [la Répu­blique romaine] où l’on voit briller tant de ver­tus : c’est la bonne édu­ca­tion qui les fait éclore, et celle-ci n’est due qu’à de bonnes lois ; les bonnes lois à leur tour sont le fruit de ces agi­ta­tions que la plu­part condamnent si incon­si­dé­ré­ment.23 »

Ain­si que l’a mon­tré Claude Lefort, Machia­vel découvre ici une véri­té scan­da­leuse : dans une cité libre, la loi n’est pas une œuvre de la froide rai­son, mais le fruit du heurt de deux dési­rs éga­le­ment illi­mi­tés, le désir des Grands de tou­jours pos­sé­der davan­tage et celui du peuple de ne pas être oppri­mé. Aus­si la loi n’est-elle jamais don­née une fois pour toute : elle demeure ouverte aux conflits qui tou­jours conduisent à la réfor­mer.24

Alain Supiot, La gou­ver­nance des nombres, p. 114.

23 Machia­vel, « Dis­cours sur la pre­mière décade de Tite-Live », I, 4, in Œuvres com­plètes, Paris, Gal­li­mard, coll. « Biblio­thèque de la Pléiade », 1952, p. 390.

24 Claude Lefort, « Le Tra­vail de l’œuvre : Machia­vel » [1972], Paris, Gal­li­mard, coll. « Tel », 1986, p. 472 et s.

Pour le faire taire, on a aus­si repro­ché au peuple des paroles immo­dé­rées qui pour­raient inci­ter à la haine et à la vio­lence, et donc trou­bler l’ordre public. Mais là aus­si, nous savons depuis long­temps que c’est un argu­ment fal­la­cieux, uti­li­sé de mau­vaise foi le plus sou­vent soit par les tyrans soit par ceux qui se savent illé­gi­times et inca­pables de prou­ver leurs propres thèses :

« Si l’on y fait atten­tion, l’on trou­ve­ra qu’il ne peut point y avoir de livre vrai­ment dan­ge­reux. Qu’un écri­vain vienne nous dire que l’on peut assas­si­ner ou voler, on n’en assas­si­ne­ra et l’on n’en vole­ra pas plus pour cela, parce que la loi dit le contraire. Il n’y a que lorsque la reli­gion et le zèle diront d’as­sas­si­ner ou de per­sé­cu­ter que l’on pour­ra le faire, parce qu’a­lors on assas­sine impu­né­ment ou de concert avec la loi, ou parce que dans l’es­prit des hommes la reli­gion est plus forte que la loi et doit être pré­fé­ra­ble­ment écou­tée. Quand les prêtres excitent les pas­sions des hommes, leurs décla­ma­tions ou leurs écrits sont dan­ge­reux parce qu’il n’existe plus de frein pour conte­nir les pas­sions sacrées qu’ils ont exci­tées, et parce que les dévots n’exa­minent jamais ce que disent leurs guides spirituels.

Il n’y a que l’im­pos­ture et la mau­vaise foi qui puissent craindre ou inter­dire l’exa­men. La dis­cus­sion four­nit de nou­velles lumières au sage, elle n’est affli­geante que pour celui qui veut d’un ton superbe impo­ser ses opi­nions ou pour le fourbe qui connaît la fai­blesse de ses preuves, ou pour celui qui a la conscience de la futi­li­té de ses pré­ten­tions. L’es­prit humain s’é­claire même par ses éga­re­ments, il s’en­ri­chit des expé­riences qu’il a faites sans suc­cès, elles lui apprennent au moins à cher­cher des routes nouvelles.

Haïr la dis­cus­sion, c’est avouer qu’on veut trom­per, qu’on doute soi-même de la bon­té de sa cause, ou qu’on a trop d’or­gueil pour reve­nir sur ses pas. »

Paul-Hen­­ri Thi­ry d’Hol­bach, « Essai sur les pré­ju­gés ; ou De l’in­fluence des opi­nions sur les mœurs & sur le bon­heur des hommes », 1770.

En fait, la cen­sure vou­lue par les puis­sants contre leurs oppo­sants est repé­rée depuis longtemps :

« La liber­té de tout dire n’a d’ennemis que ceux qui veulent se réser­ver la liber­té de tout faire. Quand il est per­mis de tout dire, la véri­té parle d’elle-même et son triomphe est assuré. »

Jean-Paul Marat « Les Chaînes de l’esclavage », 1774.

Et la pré­fé­rence affi­chée « pour la véri­té et contre l’erreur », dans la bouche des domi­nants, n’est sou­vent qu’un prétexte :

« La véri­té est le nom que les plus forts donnent à leur opinion. »

Alphonse Karr (1808−1890).

C’est une fonc­tion lit­té­ra­le­ment vitale, pour une socié­té démo­cra­tique, que celle de res­ter tou­jours vigi­lant et capable de lan­cer l’alarme quand les puis­sants abusent de leur puis­sance. Marat et les révo­lu­tion­naires de 1789 voyaient les jour­na­listes comme des « sen­ti­nelles du peuple », de pré­cieux lan­ceurs d’alerte, char­gés d’entretenir la méfiance des citoyens et d’éclairer leur opinion :

« Pour res­ter libre, il faut être sans cesse en garde contre ceux qui gou­vernent : rien de plus aisé que de perdre celui qui est sans défiance ; et la trop grande sécu­ri­té des peuples est tou­jours l’a­vant-cou­reur de leur servitude.

Mais comme une atten­tion conti­nuelle sur les affaires publiques est au-des­­sus de la por­tée de la mul­ti­tude, trop occu­pée d’ailleurs de ses propres affaires, il importe qu’il y ait dans l’État des hommes qui tiennent sans cesse leurs yeux ouverts sur le cabi­net, qui suivent les menées du gou­ver­ne­ment, qui dévoilent ses pro­jets ambi­tieux, qui sonnent l’a­larme aux approches de la tem­pête, qui réveillent la nation de sa léthar­gie, qui lui découvrent l’a­bîme qu’on creuse sous ses pas, et qui s’empressent de noter celui sur qui doit tom­ber l’in­di­gna­tion publique. Aus­si, le plus grand mal­heur qui puisse arri­ver à un État libre, où le prince est puis­sant et entre­pre­nant, c’est qu’il n’y ait ni dis­cus­sions publiques, ni effer­ves­cence, ni partis.

Tout est per­du, quand le peuple devient de sang-froid, et que sans s’in­quié­ter de la conser­va­tion de ses droits, il ne prend plus de part aux affaires : au lieu qu’on voit la liber­té sor­tir sans cesse des feux de la sédition. »

Jean-Paul Marat, « Les chaînes de l’esclavage » (1774).

Plus géné­ra­le­ment, l’idée même, pour un homme ou un groupe,  d’imposer une pen­sée et une parole aux autres est illé­gi­time et indéfendable :

« Si ceux qui font les lois ou ceux qui les appliquent étaient des êtres d’une intel­li­gence supé­rieure à l’intelligence humaine, ils pour­raient exer­cer cet empire sur les pen­sées ; mais s’ils ne sont que des hommes, s’il est absurde que la rai­son d’un homme soit, pour ain­si dire, sou­ve­raine de la rai­son de tous les autres hommes, toute loi pénale contre la mani­fes­ta­tion des opi­nions n’est qu’une absur­di­té. »

Maxi­mi­lien Robes­pierre, Dis­cours sur la liber­té de la presse, pro­non­cé à la Sté des Amis de la Consti­tu­tion, le 11 mai 1791.

La qua­li­té même des pou­voirs dépend de leur expo­si­tion (ou pas) à la libre cri­tique des per­sonnes sou­mises à leur autorité :

« Tout pou­voir est méchant dès qu’on le laisse faire ; tout pou­voir est sage dès qu’il se sent jugé. »

Émile Char­tier dit « Alain », « Pro­pos », 25 jan­vier 1930.

Nos liber­tés publiques dépendent donc aus­si de l’exposition des pou­voirs à la libre critique :

« La liber­té réelle sup­pose une orga­ni­sa­tion constam­ment diri­gée contre le pou­voir. La liber­té meurt si elle n’agit point. »

Alain (Émile Char­tier), « Mars ou la guerre jugée » (1936), page 122.

Au 18e siècle, on atten­dait du pou­voir légis­la­tif qu’il pro­tège le peuple contre les abus du pou­voir exécutif :

« La loi doit pro­té­ger la liber­té publique et indi­vi­duelle contre l’op­pres­sion de ceux qui gouvernent. »

DDHC, Décla­ra­tion des Droits de l’homme et du citoyen du 24 juin 1793, article 9.

Mais l’expérience éter­nelle montre que des légis­la­teurs cor­rom­pus peuvent empê­cher les oppo­sants de s’exprimer en votant des lois de cen­sure, lois scé­lé­rates. C’est ce type de lois illé­gi­times que le 1er amen­de­ment a vou­lu inter­dire défi­ni­ti­ve­ment au Par­le­ment américain :

« Le Par­le­ment n’a­dop­te­ra aucune loi pour limi­ter la liber­té d’ex­pres­sion, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir paci­fi­que­ment ou d’a­dres­ser au Gou­ver­ne­ment des péti­tions pour obte­nir répa­ra­tions des torts subis. »

Pre­mier amen­de­ment de la Consti­tu­tion des États-Unis d’A­mé­rique, Bill of Rights rati­fié en 1791.

L’isègoria des Grecs est donc res­tée une idée bien vivante à tra­vers les siècles, comme rem­part contre les pou­voirs abu­sifs. Au 17e, au 18e, au 19e comme au 20e siècle, la liber­té de parole, c’est presque la liber­té tout court, et c’est une vieille grande idée de pro­té­ger le peuple contre ses repré­sen­tants en les empê­chant de jamais muse­ler les représentés.

Ain­si, pour Machia­vel, il faut que tous les pou­voirs ins­ti­tués aient peur de quelque chose :

« Le peuple, quand il fait des magis­trats, doit les créer de manière qu’ils aient lieu d’appréhender, s’ils venaient à abu­ser de leur pouvoir. »

Nico­las Machia­vel, « Dis­cours sur la pre­mière décade de Tite-Live », livre 1, chap. 41.

Alors que ces pou­voirs, pré­ci­sé­ment, cherchent tou­jours, évi­dem­ment, à n’avoir peur de rien de sérieux, à com­men­cer par la parole libre de leurs opposants :

« Il y en a pour qui la liber­té d’expression c’est la liber­té de pen­ser comme eux.

Pri­ver un homme des moyens que la nature et l’art ont mis en son pou­voir de com­mu­ni­quer ses sen­ti­ments et ses idées, pour empê­cher qu’il n’en fasse un mau­vais usage, ou bien enchaî­ner sa langue de peur qu’il ne calom­nie, ou lier ses bras de peur qu’il ne les tourne contre ses sem­blables, tout le monde voit que ce sont là des absur­di­tés du même genre, que cette méthode est tout sim­ple­ment le secret du des­po­tisme qui, pour rendre les hommes sages et pai­sibles, ne connaît pas de meilleur moyens que d’en faire des ins­tru­ments pas­sifs ou de vils automates. »

Robes­pierre, « Dis­cours sur la liber­té de la presse », pro­non­cé à la Socié­té des Amis de la Consti­tu­tion le 11 mai 1791, et uti­li­sé devant l’Assemblée Natio­nale le 22 août 1791.

 

« Les des­potes eux-mêmes ne nient pas que la liber­té ne soit excel­lente ; seule­ment ils ne la veulent que pour eux-mêmes, et ils sou­tiennent que tous les autres en sont tout à fait indignes. »

Alexis de Toc­que­ville, « L’An­cien Régime et la Révo­lu­tion », 1866 [décri­vant hon­nê­te­ment le fond de l’idéologie escla­va­giste dite libérale].

 

« La liber­té seule­ment pour les par­ti­sans du gou­ver­ne­ment, pour les membres d’un par­ti, aus­si nom­breux soient-ils, ce n’est pas la liber­té. La liber­té, c’est tou­jours la liber­té de celui qui pense autre­ment. Non pas par fana­tisme de la « jus­tice », mais parce que tout ce qu’il y a d’ins­truc­tif, de salu­taire et de puri­fiant dans la liber­té poli­tique tient à cela et perd de son effi­ca­ci­té quand la « liber­té » devient un privilège. »

Rosa Luxem­bourg, « La révo­lu­tion russe », 1918.

Et même plus encore dans un gou­ver­ne­ment repré­sen­ta­tif que dans une démo­cra­tie véri­table, la totale liber­té de parole est abso­lu­ment essen­tielle, fon­da­men­tale, vitale :

« Sous le gou­ver­ne­ment repré­sen­ta­tif, sur­tout, c’est-à-dire, quand ce n’est point le peuple qui fait les lois, mais un corps de repré­sen­tants, l’exercice de ce droit sacré [la libre com­mu­ni­ca­tion des pen­sées entre les citoyens] est la seule sau­ve­garde du peuple contre le fléau de l’oligarchie. Comme il est dans la nature des choses que les repré­sen­tants peuvent mettre leur volon­té par­ti­cu­lière à la place de la volon­té géné­rale, il est néces­saire que la voix de l’opinion publique reten­tisse sans cesse autour d’eux, pour balan­cer la puis­sance de l’intérêt per­son­nel et les pas­sions indi­vi­duelles ; pour leur rap­pe­ler, et le but de leur mis­sion et le prin­cipe de leur autorité.

Là, plus qu’ailleurs, la liber­té de la presse est le seul frein de l’ambition, le seul moyen de rame­ner le légis­la­teur à la règle unique de la légis­la­tion. Si vous l’enchaînez, les repré­sen­tants, déjà supé­rieurs à toute auto­ri­té, déli­vrés encore de la voix impor­tune de ces cen­seurs, éter­nel­le­ment cares­sés par l’intérêt et par l’adulation, deviennent les pro­prié­taires ou les usu­frui­tiers pai­sibles de la for­tune et des droits de la nation ; l’ombre même de la sou­ve­rai­ne­té dis­pa­raît, il ne reste que la plus cruelle, la plus indes­truc­tible de toutes les tyran­nies ; c’est alors qu’il est au moins dif­fi­cile de contes­ter la véri­té de l’anathème fou­droyant de Jean-Jacques Rous­seau contre le gou­ver­ne­ment repré­sen­ta­tif absolu. »

Robes­pierre, Le Défen­seur de la Consti­tu­tion, n° 5, 17 juin 1792.

Je trouve que ces pen­sées de Robes­pierre sont d’une actua­li­té par­faite pour nous aider à pen­ser la tyran­nie qui vient aujourd’hui, et nous devrions les faire lire — et même médi­ter — par nos enfants, pour qu’ils soient bien conscients en pro­fon­deur de ces condi­tions vitales de leur propre liberté.

Je fais remar­quer que la liber­té d’acheter un média aban­donne lit­té­ra­le­ment les prin­ci­paux médias aux plus riches : la liber­té de la presse est comme assas­si­née par un légis­la­teur qui consent à ce que les médias soient ache­tés comme on achète une mar­chan­dise : cette licence a per­mis en France à neuf mil­liar­daires de contrô­ler fina­le­ment toute la presse du pays France, ce qui leur per­met de ne publier que les « oppo­si­tions contrô­lées » (© Orwell, 1984) et de faire silence sur toute les oppo­si­tions réelles, non contrô­lées. Cette appro­pria­tion est cri­mi­nelle. La liber­té de la presse bien conçue, pour éclai­rer cor­rec­te­ment l’opinion, devrait rendre inalié­nables, indé­pen­dants à la fois des puis­sances poli­tiques et des puis­sances éco­no­miques, tous les médias impor­tants : les jour­naux, les radios et les télé­vi­sions, bien sûr, mais aus­si les agences de presse, les ins­ti­tuts de son­dages et les ins­ti­tuts statistiques.

Les par­ti­sans de l’ordre, qui acceptent la cen­sure pour être pai­sible, devraient com­prendre qu’il est dérai­son­nable de vou­loir à la fois la liber­té et la tranquillité :

« Deman­der, dans un État libre, des gens har­dis dans la guerre et timides dans la paix, c’est vou­loir des choses impos­sibles, et, pour règle géné­rale, toutes les fois qu’on ver­ra tout le monde tran­quille dans un État qui se donne le nom de répu­blique, on peut être assu­ré que la liber­té n’y est pas. »

Mon­tes­quieu, « Consi­dé­ra­tions sur les causes de la gran­deur des Romains et de leur déca­dence », 1721, Cha­pitre IX Deux causes de la perte de Rome, p. 51.

En fait, tout le monde, même le tyran du moment, a inté­rêt, un jour ou l’autre, à la liber­té d’expression sans réserves, car nul ne peut être cer­tain de res­ter tou­jours à l’abri des cen­sures qu’il désire pour les autres :

« Celui qui veut conser­ver sa liber­té doit pro­té­ger même ses enne­mis de l’op­pres­sion ; car s’il ne s’y astreint pas il crée­ra ain­si un pré­cé­dent qui l’at­tein­dra un jour. »

Tho­mas Paine (1737−1809).

D’autant plus que, au fond, la cen­sure ne fonc­tionne pas : elle fait des cen­su­rés des mar­tyrs et elle les aide même à se faire connaître, sous le man­teau. Seule la libre contro­verse per­met d’affaiblir vrai­ment les oppo­si­tions mal fondées :

« L’autorité ne doit jamais pros­crire une reli­gion, même quand elle la croit dan­ge­reuse. […] Le seul moyen d’affaiblir une opi­nion, c’est d’établir le libre exa­men. Or, qui dit libre exa­men dit éloi­gne­ment de toute espèce d’autorité, absence de toute conven­tion col­lec­tive : l’examen est essen­tiel­le­ment individuel. »

Ben­ja­min Constant, « Cours de poli­tique consti­tu­tion­nelle » (1861).

C’est quel­que­fois la popu­la­tion elle-même qui fixe des inter­dits à la parole, tan­tôt par into­lé­rance, tan­tôt par lâche­té. Toc­que­ville, pen­seur « libé­ral » (entre guille­mets parce que les « libé­raux » sont sou­vent libé­raux pour eux et escla­va­gistes pour les autres, prêts à enfer­mer leurs oppo­sants — le sujet d’étude du voyage en Amé­rique de Toc­que­ville était… le sys­tème car­cé­ral, enjeu majeur pour les « libé­raux »), redou­tait le risque de cen­sure par la majorité :

« En Amé­rique, la majo­ri­té trace un cercle for­mi­dable autour de la pen­sée. Au-dedans de ces limites, l’écrivain est libre ; mais mal­heur à lui s’il ose en sor­tir. Ce n’est pas qu’il ait à craindre un auto­da­fé, mais il est en butte à des dégoûts de tous genres et à des per­sé­cu­tions de tous les jours. La car­rière poli­tique lui est fer­mée : il a offen­sé la seule puis­sance qui ait la facul­té de l’ouvrir. On lui refuse tout, jusqu’à la gloire. Avant de publier ses opi­nions, il croyait avoir des par­ti­sans ; il lui semble qu’il n’en a plus, main­te­nant qu’il s’est décou­vert à tous ; car ceux qui le blâment s’expriment hau­te­ment, et ceux qui pensent comme lui, sans avoir son cou­rage, se taisent et s’éloignent.

Il cède, il plie enfin sous l’effort de chaque jour, et rentre dans le silence, comme s’il éprou­vait des remords d’avoir dit vrai. »

Alexis de Toc­que­ville, « De la démo­cra­tie en Amé­rique », tome 1, 1835 – 2ème par­tie – Cha­pitre 7 Du pou­voir qu’exerce la majo­ri­té en Amé­rique sur la pensée.

Mais la popu­la­tion elle-même, comme les pou­voirs, n’est pas légi­time à impo­ser une parole ou une autre à qui que ce soit. Ici, c’est Mill qui le clame :

« Un légis­la­tif ou un exé­cu­tif dont les inté­rêts ne seraient pas iden­ti­fiés à ceux du peuple n’est pas auto­ri­sé à lui pres­crire des opi­nions ni à déter­mi­ner pour lui les doc­trines et les argu­ments à entendre. []

Sup­po­sons donc que le gou­ver­ne­ment ne fasse qu’un avec le peuple et ne songe jamais à exer­cer aucun pou­voir de coer­ci­tion, à moins d’être en accord avec ce qu’il estime être la voix du peuple. Mais je refuse au peuple le droit d’exercer une telle coer­ci­tion, que ce soit de lui-même ou par l’intermédiaire de son gou­ver­ne­ment, car ce pou­voir est illé­gi­time. Le meilleur gou­ver­ne­ment n’y a pas davan­tage de droit que le pire : un tel pou­voir est aus­si nui­sible, si ce n’est plus, lorsqu’il s’exerce en accord avec l’opinion publique qu’en oppo­si­tion avec elle. »

John Stuart Mill – De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion (1859)

Chris­to­pher Lasch a bien ana­ly­sé cer­tains res­sorts intel­lec­tuels qui conduisent les popu­la­tions à deve­nir pro­gres­si­ve­ment into­lé­rantes et à redou­ter les controverses :

« Ces déve­lop­pe­ments jettent une lumière sup­plé­men­taire sur le déclin du débat démo­cra­tique. « La diver­si­té » — slo­gan qui semble sédui­sant à pre­mière vue — en est arri­vée à signi­fier le contraire de ce qu’elle semble vou­loir dire. Dans la pra­tique, la diver­si­té sert à légi­ti­mer un nou­veau dog­ma­tisme, dans lequel des mino­ri­tés rivales s’a­britent der­rière un ensemble de croyances qui échappe à la dis­cus­sion ration­nelle. La ségré­ga­tion phy­sique de la popu­la­tion dans des ghet­tos racia­le­ment homo­gènes et refer­més sur eux-mêmes a pour pen­dant la bal­ka­ni­sa­tion de l’o­pi­nion. Chaque groupe essaye de se cla­que­mu­rer der­rière ses propres dogmes. Nous sommes deve­nus une nation de mino­ri­tés ; il ne manque que leur recon­nais­sance offi­cielle en tant que telles pour ache­ver le processus.

Cette paro­die de « com­mu­nau­té » — terme fort à la mode mais qui n’est pas très bien com­pris — char­rie avec elle le pos­tu­lat insi­dieux selon lequel on peut attendre de tous les membres d’un groupe don­né qu’ils pensent de la même manière. L’o­pi­nion devient ain­si fonc­tion de l’i­den­ti­té raciale ou eth­nique, du sexe ou de la pré­fé­rence sexuelle. Des « porte-parole » auto-dés­i­­gnés de la mino­ri­té appliquent ce confor­misme en frap­pant d’os­tra­cisme ceux qui dévient de la ligne du par­ti — par exemple ces noirs qui « pensent blanc ». Com­bien de temps encore l’es­prit de libre exa­men et de débat ouvert peut-il sur­vivre dans de telles conditions ? »

Chris­to­pher Lasch, « La révolte des élites », 1996.

Chom­sky a sou­vent décrit les façons insi­dieuses, indi­rectes, par la bande, de cen­su­rer sans que ça se voie :

« La façon la plus intel­li­gente de main­te­nir la pas­si­vi­té des gens, c’est de limi­ter stric­te­ment l’éventail des opi­nions accep­tables, mais en per­met­tant un débat vif à l’intérieur de cet éven­tail et même d’encourager des opi­nions plus cri­tiques et dis­si­dentes. Cela donne aux gens l’impression d’être libres de leurs pen­sées, alors qu’en fait, à tout ins­tant, les pré­sup­po­si­tions du sys­tème sont ren­for­cées par les limites posées au débat. »

Noam Chom­sky, « Le bien com­mun », 1998.

À pro­pos de façons insi­dieuses de cen­su­rer les opi­nions dis­si­dentes, il faut connaître la tech­nique uti­li­sée par les puis­sants au 20e siècle pour dépo­li­ti­ser pro­gres­si­ve­ment les choix de socié­té les plus impor­tants. C’est Alain Supiot (dans ses for­mi­dables confé­rences au Col­lège de France sur la Gou­ver­nance par les nombres et sur le Retour des liens d’allégeance de type féo­dal) qui m’a ren­du sen­sible cette ruse déci­sive (que les citoyens devraient bien connaître et faire connaître) : le pré­ten­du « Prix Nobel d’économie » est en fait un prix décer­né par la Banque de Suède (!) « en l’honneur d’Alfred Nobel » ; c’est donc en fait un Grand-prix-des-usu­­riers (des ban­quiers) ; ce faux « Prix Nobel » sert à enra­ci­ner dans l’opinion publique l’affirmation (fausse) que « l’économie est une science ». Or, les sciences ne sont pas déli­bé­rées au Par­le­ment, on ne sou­met pas les lois de la gra­vi­ta­tion au suf­frage uni­ver­sel ; ce qui relève des sciences est sous­trait au champ poli­tique. Ain­si, en par­lant de « sciences éco­no­miques » plu­tôt que d’« éco­no­mie poli­tique », on fait taire les pen­seurs hété­ro­doxes qui auraient bien des pro­po­si­tions alter­na­tives aux lois cruelles des usu­riers. C’est une forme de cen­sure dia­bo­li­que­ment astucieuse.

Supiot sou­ligne aus­si l’étonnant paral­lèle qu’on peut obser­ver entre le scien­tisme de l’URSS, le scien­tisme des nazis, et le scien­tisme de… l’Union euro­péenne ! Dans tous ces cas, les puis­sants mettent le débat démo­cra­tique hors-jeu au pré­texte qu’il s’agit de sciences, qu’on vise l’efficacité et qu’ « il n’y a pas d’alternative » (TINA). L’économie poli­tique se trans­forme ain­si en reli­gion, avec des dogmes rigides, inco­hé­rents et mys­té­rieux, des rites, des prêtres cruels, des excom­mu­ni­ca­tions, des sacri­fices, etc. Le scien­tisme est une façon moderne, détour­née mais très effi­cace, de pri­ver les citoyens de leur droit de parole.

Par­mi ses innom­brables ver­tus, la liber­té d’expression per­met de dis­si­per les mys­tères entre­te­nus par les puis­sants pour fon­der frau­du­leu­se­ment leur domination :

« Tout gou­ver­ne­ment a besoin d’ef­frayer sa popu­la­tion et une façon de le faire est d’en­ve­lop­per son fonc­tion­ne­ment de mys­tère. C’est la manière tra­di­tion­nelle de cou­vrir et de pro­té­ger le pou­voir : on le rend mys­té­rieux et secret, au-des­­sus de la per­sonne ordi­naire. Sinon, pour­quoi les gens l’accepteraient-ils ? »

Noam Chom­sky, « Com­prendre le pou­voir, pre­mier mou­ve­ment », 1993.

C’est pour­quoi, pour les domi­nants, il est extrê­me­ment impor­tant de décou­ra­ger les oppo­sants poli­tiques de par­ler librement :

« On sait, en effet, que la pro­pa­gande tota­li­taire n’a pas besoin de convaincre pour réus­sir et même que ce n’est pas là son but. Le but de la pro­pa­gande est de pro­duire le décou­ra­ge­ment des esprits, de per­sua­der cha­cun de son impuis­sance à réta­blir la véri­té autour de soi et de l’inutilité de toute ten­ta­tive de s’opposer à la dif­fu­sion du men­songe. Le but de la pro­pa­gande est d’obtenir des indi­vi­dus qu’ils renoncent à la contre­dire, qu’ils n’y songent même plus.

Cet inté­res­sant résul­tat, l’abasourdissement média­tique l’obtient très natu­rel­le­ment par le moyen de ses men­songes inco­hé­rents, péremp­toires et chan­geants, de ses révé­la­tions fra­cas­santes et sans suite, de sa confu­sion bruyante de tous les instants.

Cepen­dant, si cha­cun, là où il se trouve, avec ses moyens et en temps utile, s’appliquait à faire valoir les droits de la véri­té en dénon­çant ce qu’il sait être une fal­si­fi­ca­tion, sans doute l’air du temps serait-il un peu plus respirable. »

Ency­clo­pé­die des Nui­sances, George Orwell devant ses calom­nia­teurs, Quelques observations.

Les pires tyrans l’écrivent eux-mêmes clai­re­ment, ils savent très bien qu’il est vital pour leur domi­na­tion que les dis­si­dents dénon­çant leurs men­songes soient bâillonnés :

« Si vous pro­fé­rez un men­songe assez gros et conti­nuez à le répé­ter, les gens fini­ront par le croire. Le men­songe ne peut être main­te­nu que le temps que l’État puisse pro­té­ger les gens des consé­quences poli­tiques, éco­no­miques et/ou mili­taires du men­songe. Il devient donc d’une impor­tance vitale pour l’État d’utiliser tous ses pou­voirs pour répri­mer la dis­si­dence, car la véri­té est l’ennemi mor­tel du men­songe, et donc par exten­sion, la véri­té est le plus grand enne­mi de l’État. »

Phrases attri­buées à Joseph Goeb­bels, Ministre à l’Éducation du peuple et à la Pro­pa­gande sous le Troi­sième Reich de 1933 à 1945.

Et ceux qui pro­cèdent à la cen­sure des libres pen­seurs sont tou­jours des com­plices du pouvoir :

« Les gou­ver­ne­ments pro­tègent et récom­pensent les hommes à pro­por­tion de la part qu’ils prennent à l’or­ga­ni­sa­tion du mensonge. »

Léon Tol­stoï, « L’esclavage moderne », 1900.

C’est notre humaine vul­né­ra­bi­li­té aux bobards qui rend effi­caces et utiles les men­songes des gou­ver­nants — et c’est elle aus­si qui rend si néces­saire la liber­té géné­rale et abso­lue de dénon­cer les men­songes pour détrom­per les citoyens :

« Abu­sés par les mots, les hommes n’ont pas hor­reur des choses les plus infâmes, déco­rées de beaux noms ; et ils ont hor­reur des choses les plus louables, décriées par des noms odieux. Aus­si l’ar­ti­fice ordi­naire des cabi­nets est-il d’é­ga­rer les peuples en per­ver­tis­sant le sens des mots ; et sou­vent des hommes de lettres avi­lis ont l’in­fa­mie de se char­ger de ce cou­pable emploi.

En fait de poli­tique, quelques vains sons mènent le stu­pide vul­gaire, j’al­lais dire le monde entier. Jamais aux choses leurs vrais noms. Les princes, leurs ministres, leurs agents, leurs flat­teurs, leurs valets, appellent art de régner celui d’é­pui­ser les peuples, de faire de sottes entre­prises, d’af­fi­cher un faste scan­da­leux, et de répandre par­tout la ter­reur ; poli­tique, l’art hon­teux de trom­per les hommes ; gou­ver­ne­ment, la domi­na­tion lâche et tyran­nique ; pré­ro­ga­tives de la cou­ronne, les droits usur­pés sur la sou­ve­rai­ne­té des peuples ; puis­sance royale, le pou­voir abso­lu ; magni­fi­cence, d’o­dieuses pro­di­ga­li­tés ; sou­mis­sion, la ser­vi­tude ; loyau­té, la pros­ti­tu­tion aux ordres arbi­traires ; rébel­lion, la fidé­li­té aux lois ; révolte, la résis­tance à l’op­pres­sion ; dis­cours sédi­tieux, la récla­ma­tion des droits de l’homme ; fac­tion, le corps des citoyens réunis pour défendre leurs droits ; crimes de lèse-majes­­té, les mesures prises pour s’op­po­ser à la tyran­nie ; charges de l’é­tat, les dila­pi­da­tions de la cour et du cabi­net ; contri­bu­tions publiques, les exac­tions ; guerre et conquête, le bri­gan­dage  à la tête d’une armée, art de négo­cier, l’hy­po­cri­sie, l’as­tuce, le manque de foi, la per­fi­die et les tra­hi­sons ; coups d’É­tat, les outrages, les meurtres et les empoi­son­ne­ments ; offi­ciers du prince, ses satel­lites ; obser­va­teurs, ses espions ; fidèles sujets, les sup­pôts du des­po­tisme ; mesure de sûre­té, les recherches inqui­si­to­riales ; puni­tion des sédi­tieux, le mas­sacre des enne­mis de la liber­té. Voi­là com­ment ils par­viennent à détruire l’hor­reur qu’ins­pire l’i­mage nue des for­faits et de la tyran­nie. »

Jean-Paul Marat, « Les chaînes de l’esclavage » (1774), « 53 – Déna­tu­rer les noms des chose ».

Et une longue pra­tique des men­songes endur­cis — pas contre­dits à temps — rend dif­fi­cile l’acceptation de la vérité :

« Les vieux men­songes ont plus d’a­mis que les nou­velles véri­tés. Quand un tis­su de men­songes bien embal­lé a été ven­du pro­gres­si­ve­ment aux masses pen­dant des géné­ra­tions, la véri­té paraî­tra com­plè­te­ment absurde et son repré­sen­tant un fou furieux. »

Pen­sée attri­buée à « Dresde James ».

 

« En des temps de super­che­rie, dire la véri­té est un acte révo­lu­tion­naire. » Orwell.

Sou­vent, c’est la parole la plus sub­ver­sive et la plus légi­time qui fait l’objet d’une cen­sure ; au point qu’on peut être ten­té de voir la cen­sure d’une pen­sée comme un indi­ca­teur de pen­­sée-utile-au-bien-com­­mun, comme une preuve, une légion d’honneur, de résis­tance digne de nom :

« Il y a la ques­tion de savoir quelle infor­ma­tion est impor­tante pour le monde, quel type d’in­for­ma­tion peut per­mettre le chan­ge­ment. Et il y a une grande quan­ti­té d’in­for­ma­tion. Alors, l’in­for­ma­tion que les orga­ni­sa­tions font un effort éco­no­mique pour cacher, c’est vrai­ment un bon signal que, quand l’in­for­ma­tion sort, il y ait un espoir que ça fasse du bien. Parce que les orga­ni­sa­tions qui la connaissent le mieux, qui la connaissent de l’in­té­rieur, tra­vaillent à la dis­si­mu­ler. Et c’est ce que nous avons décou­vert par la pra­tique. Et c’est là l’his­toire du journalisme. »

Julian Assange, entre­tien pour Ted, 2010.

Quand on parle de liber­té d’expression en 2020, on ne peut pas ne pas évo­quer le scan­dale du trai­te­ment de Julian Assange. Julian a uti­li­sé son immense maî­trise en infor­ma­tique pour offrir à tous les jour­na­listes du monde Wiki­Leaks, un outil (inédit dans l’histoire des hommes) per­met­tant à n’importe qui de dénon­cer un com­plot, un men­songe ou un crime sans jamais rien craindre des cen­seurs, en garan­tis­sant aux lan­ceurs d’alerte le plus invio­lable ano­ny­mat, et en offrant aux peuples du monde la tota­li­té de l’information brute en accès direct.

Wiki­Leaks est un cau­che­mar pour tous les cen­seurs du monde.

Eh bien, pour avoir ain­si per­mis de dénon­cer impu­né­ment des crimes d’État (et toutes sortes de men­songes cra­pu­leux d’élus et de res­pon­sables de tout poil), dénon­cia­tion publique qui est la fonc­tion pre­mière des jour­na­listes, pour ce ser­vice ren­du à l’humanité, Julian Assange est car­ré­ment tor­tu­ré en pri­son depuis dix ans sans juge­ment et sans pou­voir se défendre, sui­vant une simu­lacre de jus­tice digne des pro­cès sta­li­niens, avec la com­pli­ci­té de tous les gou­ver­ne­ments et de tous les « jour­na­listes » mains­tream du monde (tous ven­dus à quelques mil­liar­daires), qui entre­tiennent un silence de mort sur son sup­plice au lieu de le défendre bec et ongles, si bien que, aujourd’hui encore, la plu­part des citoyens ignorent tout des crimes com­mis par leurs repré­sen­tants contre leur meilleur ami.

Julian est un héros mon­dial, il incarne à la fois le jour­na­lisme (le vrai), la liber­té d’expression (la vraie), et la cruau­té arbi­traire impu­nie des pou­voirs pour cen­su­rer leurs vrais opposants.

Les tyrans n’acceptent que les « oppo­si­tions contrô­lées » (© 1984, Orwell), c’est-à-dire les oppo­sions dont ils n’ont rien à craindre. Avec le cas Assange, on voit bien que la cen­sure est tou­jours là, ter­rible, contre les oppo­sants dignes de ce nom.

La liber­té d’Assange, c’est notre liber­té. Le com­bat d’Assange, ce devrait être le nôtre : l’isègoria n’est pas un concept théo­rique antique pour le plai­sir de pen­ser, c’est une exi­gence pra­tique moderne pour garan­tir les liber­tés. Le mar­tyr d’Assange, c’est notre propre ave­nir, cau­che­mar­desque, si nous n’arrivons pas à le sor­tir des griffes des tyrans. Julian n’a que nous, les simples citoyens, pour le défendre. En fait, la liber­té d’expression elle-même n’a que nous, les simples citoyens, pour la défendre.

Liber­té d’expression garan­tie ou pas par la puis­sance publique, les humains fiers de leur libre-arbitre s’appellent des « libres pen­seurs ». Leur rôle est essen­tiel dans la pré­ser­va­tion des liber­tés publiques. Comme on vient de le dire à pro­pos d’Assange, c’est à cha­cun d’entre nous de résis­ter à la cen­sure, cou­ra­geu­se­ment, et de res­ter des libres pen­seurs envers et contre tout. Jean Bric­mont, à ce sujet, de mon point de vue, est exemplaire :

« À chaque époque, il existe des libres pen­seurs, c’est-à-dire des gens qui n’ap­par­tiennent à aucune secte, n’adhèrent à aucune reli­gion, s’in­té­ressent aux faits avant de par­ler de valeurs, jugent de la véri­té d’une opi­nion indé­pen­dam­ment de la per­sonne qui l’é­nonce, écoutent dif­fé­rents points de vue, hésitent, doutent et dis­cutent avec tout le monde. Ils pensent que cha­cun a le droit d’ex­pri­mer son opinion.

En face d’eux, il y a les fana­tiques, les clé­ri­caux, les obs­cu­ran­tistes, qui font exac­te­ment le contraire. Ils tiennent à jour leurs fiches, sur­veillent qui parle avec qui et lancent des cam­pagnes de haine et de dif­fa­ma­tion contre les libres pen­seurs. Ils cen­surent tout ce qu’ils peuvent. Ils croient incar­ner la lutte du Bien contre le Mal.

Mal­heu­reu­se­ment, de nos jours, les fana­tiques, les clé­ri­caux et les obs­cu­ran­tistes ne parlent que de démo­cra­tie et de droits de l’homme, de lutte contre la haine, l’ex­trême-droite, le racisme et l’antisémitisme.

Cela a pour effet d’é­ga­rer un cer­tain nombre d’es­prits faibles qui se pensent comme étant de gauche tout en n’é­tant que des vic­times de l’illu­sion consis­tant à croire que l’on appar­tient au camp du Bien, et qui se privent et tentent de pri­ver les autres des res­sources de l’es­prit critique. »

Jean Bric­mont, juin 2016.

Sou­vent, nous res­tons silen­cieux devant le men­songe public, comme le feraient des com­plices, par peur de nous lever seul contre la doxa et de nous voir sévè­re­ment punis. D’où l’importance poli­tique des plus cou­ra­geux : par la ver­tu de l’exemple et par la force d’entraînement du pré­cé­dent, les libres pen­seurs  faci­litent la mobi­li­sa­tion géné­rale à venir :

Une per­sonne affir­mant la véri­té en public
peut libé­rer les gens de la pen­sée du groupe.

En fait, le com­bat entre la véri­té et l’autorité est éternel :

« Tout homme qui fera pro­fes­sion de cher­cher la véri­té et de la dire sera tou­jours odieux à celui qui exer­ce­ra l’autorité. »

Condor­cet (Mémoire sur l’instruction publique, 1791).

Et fina­le­ment, c’est une vieille idée que, de toutes les liber­tés, celle de s’exprimer est la première :

« Qu’on me donne la liber­té de connaître, de m’ex­pri­mer et de dis­pu­ter libre­ment, selon ma conscience, avant toute autre liberté. »

John Mil­ton, « Pour la liber­té d’imprimer sans auto­ri­sa­tion ni cen­sure », 1644.

 

Mais il y a une deuxième rai­son de défendre une liber­té d’expression abso­lue, plus impor­tante encore que la résis­tance aux abus de pou­voir : la défi­ni­tion du bien com­mun, défi­ni­tion poli­tique, tou­jours en mou­ve­ment et en débat, a besoin des libres contro­verses pour repé­rer les croyances erro­nées et pour que cha­cun puisse pro­gres­ser dans la per­cep­tion de la vérité :

 

  1. Pro­té­ger la démo­cra­tie contre l’erreur : per­mettre aux citoyens d’identifier cor­rec­te­ment le bien com­mun, de vou­loir les bonnes déci­sions publiques :

Toute socié­té est tra­ver­sée par une infi­ni­té d’intérêts contraires et anta­go­nistes, par­mi les­quels il faut arbi­trer, sans com­mettre ni erreurs ni injus­tices. La démo­cra­tie est un régime poli­tique qui sup­pose que ces arbi­trages, ces choix com­muns, soient loya­le­ment et métho­di­que­ment débat­tus par les per­sonnes concer­nées elles-mêmes.

L’importance de la contro­verse publique dans la recherche de la véri­té a été iden­ti­fiée par les plus grands pen­seurs connus depuis la nuit des temps. Sur cette deuxième idée — défendre la liber­té d’expression pour évi­ter les erreurs et déjouer les trom­pe­ries —, on peut, comme dans la pre­mière par­tie, s’appuyer sur des traces des temps pas­sés pour nous aider à pen­ser aujourd’hui la véri­té et la cen­sure des erreurs/mensonges.

Déjà au 4e siècle avant JC, Aris­tote défen­dait à sa manière l’intelligence col­lec­tive :

« La déli­bé­ra­tion sera, en effet, meilleure si tous déli­bèrent en com­mun, le peuple avec les notables, ceux-ci avec la masse. »

Aris­tote (-384 – 322 av JC), « Les Poli­tiques » IV, 14, 1298‑b, p. 325.

Mais l’occident n’a pas été seul à repé­rer la qua­li­té des déci­sions prises ensemble :

« Au Japon, au début du 7e siècle, le prince boud­dhiste Sho­ko­to […] fut aus­si l’initiateur d’une consti­tu­tion rela­ti­ve­ment libé­rale ou KEMPO, appe­lée la « consti­tu­tion des 17 articles », en 604 après JC. Tout à fait dans l’esprit de la Grande Charte (Magna Car­ta) signée six siècles plus tard en Angle­terre, elle insis­tait sur le fait que les déci­sions rela­tives à des sujets d’importance ne devaient pas être prises par un seul. Elles devaient être dis­cu­tées par plu­sieurs personnes. 

Cette consti­tu­tion don­nait aus­si le conseil sui­vant : « ne soyons pas por­tés à l’esprit de res­sen­ti­ment lorsque les opi­nions d’autrui dif­fèrent des nôtres. Car tout homme a un cœur, et tout cœur a ses propres incli­na­tions. Ce qui est juste pour les uns est faux pour les autres, et inversement. »

Amar­tya Sen, « La démo­cra­tie des autres », 2005, page 32.

John Stuart Mill, grande réfé­rence du libé­ra­lisme, iden­ti­fie la liber­té com­plète de contre­dire n’importe quelle thèse à la meilleure assu­rance de ne pas se tromper :

« Il existe une dif­fé­rence extrême entre pré­su­mer vraie une opi­nion qui a sur­vé­cu à toutes les réfu­ta­tions et pré­su­mer sa véri­té afin de ne pas en per­mettre la réfu­ta­tion. La liber­té com­plète de contre­dire et de réfu­ter notre opi­nion est la condi­tion même qui nous per­met de pré­su­mer sa véri­té en vue d’agir : c’est là la seule façon ration­nelle don­née à un être doué de facul­tés humaines de s’assurer qu’il est dans le vrai. »

John Stuart Mill, « De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion », 1859, cha­pitre 2.

Chris­to­pher Hill est un immense his­to­rien anglais, un de ceux qui tâchent de pen­ser l’histoire vue depuis le peuple, comme Howard Zinn, Hen­ri Guille­min, Gérard Noi­rel, Michelle Zan­­ca­­ri­­ni-Four­­nel ou Jacques Pau­wels. Selon cet homme, dont les livres sont si impor­tants pour nous dés­in­toxi­quer des men­songes des his­to­riens offi­ciels, il n’y a pas de véri­té sacrée, et nous devons tous lut­ter pour pré­ser­ver notre droit supé­rieur à tou­jours cher­cher nos erreurs par­mi nos actuelles croyances :

« Ce qu’il faut sau­ve­gar­der avant tout, ce qui est le bien ines­ti­mable conquis par l’homme à tra­vers tous les pré­ju­gés, toutes les souf­frances et tous les com­bats, c’est cette idée qu’il n’y a pas de véri­té sacrée, c’est-à-dire inter­dite à la pleine inves­ti­ga­tion de l’homme ; c’est ce qu’il y a de plus grand dans le monde, c’est la liber­té sou­ve­raine de l’esprit ; c’est qu’aucune puis­sance ou inté­rieure ou exté­rieure, aucun pou­voir, aucun dogme ne doit limi­ter le per­pé­tuel effort et la per­pé­tuelle recherche de la race humaine […] ; c’est que toute véri­té qui ne vient pas de nous est un mensonge. »

Chris­to­pher Hill, « 1640 : la révo­lu­tion anglaise » (1940).

Mon­taigne, au 16e siècle déjà, aime à être fran­che­ment contre­dit, au nom de la recherche com­mune de la véri­té. Je lis cette recherche sys­té­ma­tique de la contra­dic­tion comme un appel à n’en faire taire aucune. Notre quête de véri­té devrait nous conduire à craindre toute forme de cen­sure. Je recom­mande la lec­ture des Essais dans la tra­duc­tion de Lan­ly, en fran­çais moderne. Mon­taigne est un ami pour la vie, il nous aide tous à penser.

« Quand on me contre­dit, on éveille mon atten­tion, mais non ma colère : je m’a­vance vers celui qui me contre­dit, qui m’ins­truit. La cause de la véri­té devrait être la cause com­mune de l’un et de l’autre. […]

Je fais fête à la véri­té et je la ché­ris en quelque main que je la trouve et je me livre à elle et lui tends mes armes vain­cues d’aus­si loin que je la vois appro­cher. Et, pour­vu qu’on n’y pro­cède pas avec l’air trop impé­rieux d’un maître d’é­cole, je prête l’é­paule aux reproches que l’on fait sur mes écrits ; je les ai même sou­vent modi­fiés plus pour une rai­son de civi­li­té que pour une rai­son d’a­mé­lio­ra­tion, car j’aime à favo­ri­ser et à encou­ra­ger la liber­té de ceux qui me font des cri­tiques par ma faci­li­té à céder, même à mes dépens.

Tou­te­fois il est assu­ré­ment dif­fi­cile d’at­ti­rer à cela les hommes de mon temps : ils n’ont pas le cou­rage de cri­ti­quer les autres parce qu’ils n’ont pas le cou­rage de sup­por­ter de l’être, et ils parlent tou­jours avec dis­si­mu­la­tion en pré­sence les uns des autres. Je prends un si grand plai­sir à être jugé et connu qu’il m’est pour ain­si dire indif­fé­rent que ce soit de l’une ou de l’autre des deux façons. Ma pen­sée se contre­dit elle-même si sou­vent, et se condamne, qu’il revient au même pour moi qu’un autre le fasse, vu prin­ci­pa­le­ment que je ne donne à sa cri­tique que l’im­por­tance que je veux. »

Mon­taigne (1533−1592), « Essais », livre 3, chap. 8 « Sur l’art de la conver­sa­tion ». p 1119.

En cen­su­rant les pen­sées qu’il fau­drait com­battre, on prive le citoyen d’entraînement à apprendre seul :

« L’exercice le plus fruc­tueux et le plus natu­rel de notre esprit, c’est, à mon avis, la conver­sa­tion. J’en trouve l’usage plus doux que celui d’aucune autre action de notre vie, et c’est la rai­son pour laquelle, si j’étais à cette heure for­cé de choi­sir, je consen­ti­rais plu­tôt, je crois, à perdre la vue que l’ouïe ou la parole.

La conver­sa­tion apprend et exerce en même temps. Si je dis­cute avec un esprit vigou­reux et un rude jou­teur, il me presse les flancs, il m’éperonne à droite à gauche, ses idées sti­mulent les miennes. La riva­li­té, la recherche d’une cer­taine gloire, la lutte me poussent et m’élèvent au-des­­sus de moi-même, tan­dis que l’accord est une chose tout à fait ennuyeuse dans la conversation. »

Mon­taigne (1533−1592), « Essais », livre 3, chap. 8 « Sur l’art de la conversation ».

 

« Les contra­dic­tions des juge­ments, donc, ne me blessent ni ne m’é­meuvent : elles m’é­veillent seule­ment et me mettent en action.

Nous n’ai­mons pas la rec­ti­fi­ca­tion de nos opi­nions ; il fau­drait au contraire s’y prê­ter et s’y offrir, notam­ment quand elle vient sous forme de conver­sa­tion, non de leçon magistrale.

À chaque oppo­si­tion, on ne regarde pas si elle est juste, mais, à tort ou à rai­son, com­ment on s’en débar­ras­se­ra. Au lieu de lui tendre les bras, nous lui ten­dons les griffes. Je sup­por­te­rais d’être rudoyé par mes amis : « Tu es un sot, tu rêves. » J’aime qu’entre hommes de bonne com­pa­gnie on s’ex­prime à cœur ouvert, que les mots aillent où va la pensée.

Il faut for­ti­fier notre ouïe et la dur­cir contre cette mol­lesse du son conven­tion­nel des paroles. […] La conver­sa­tion n’est pas assez vigou­reuse et noble si elle n’est pas que­rel­leuse, si elle est civi­li­sée et étu­diée, si elle craint le choc et si elle a des allures contraintes. »

Mon­taigne (1533−1592), « Essais », livre 3, chap. 8 « Sur l’art de la conver­sa­tion ». p 1118.

 

« Nous n’apprenons à dis­cu­ter que pour contre­dire, et, cha­cun contre­di­sant et étant contre­dit, il en résulte que tout le pro­fit de la dis­cus­sion, c’est de rui­ner et anéan­tir la vérité. »

Mon­taigne (1533−1592), « Essais », livre 3, chap. 8 « Sur l’art de la conver­sa­tion ». p 1121.

Des siècles après Mon­taigne, on conti­nue à défendre l’humble recherche de la véri­té contre les com­bats de coqs cher­chant tou­jours à avoir rai­son contre tout le monde :

« Si nous étions fon­da­men­ta­le­ment hon­nêtes, nous ne cher­che­rions rien d’autre, en tout débat, qu’à faire sor­tir la véri­té de son puits, en nous sou­ciant peu de savoir si telle véri­té appa­raît fina­le­ment conforme à la pre­mière opi­nion que nous ayons sou­te­nue ou à celle de l’autre ; ce qui serait indif­fé­rent, ou du moins d’importance tout à fait secondaire. »

Scho­pen­hauer, « L’art d’avoir tou­jours rai­son », 1830, introduction.

Pour Rous­seau, au 18e siècle, les règles de la vie en socié­té et de la poli­tesse (qui sont assu­ré­ment une forme intime de cen­sure) forment comme un moule, un car­can qui nous empêche de par­ler libre­ment, ce qui nous empêche tous de savoir ce que pensent vrai­ment les autres :

« Aujourd’­hui que des recherches plus sub­tiles et un goût plus fin ont réduit l’art de plaire en prin­cipes, il règne dans nos mœurs une vile et trom­peuse uni­for­mi­té, et tous les esprits semblent avoir été jetés dans un même moule : sans cesse la poli­tesse exige, la bien­séance ordonne : sans cesse on suit des usages, jamais son propre génie. On n’ose plus paraître ce qu’on est ; et dans cette contrainte per­pé­tuelle, les hommes qui forment ce trou­peau qu’on appelle socié­té, pla­cés dans les mêmes cir­cons­tances, feront tous les mêmes choses si des motifs plus puis­sants ne les en détournent. On ne sau­ra donc jamais bien à qui l’on a affaire. »

Jean-Jacques Rous­seau, « Dis­cours sur les sciences et les arts » (1750).

Même Blan­qui, « l’Enfermé », au 19e siècle, van­tait la tolé­rance mutuelle entre adversaires :

« Prou­dho­niens et com­mu­nistes sont éga­le­ment ridi­cules dans leurs dia­tribes réci­proques et ils ne com­prennent pas l’utilité immense de la diver­si­té dans les doc­trines. Chaque école, chaque nuance a sa mis­sion à rem­plir, sa par­tie à jouer dans le grand drame révo­lu­tion­naire, et si cette mul­ti­pli­ci­té des sys­tèmes vous sem­blait funeste, vous mécon­naî­triez la plus irré­cu­sable des véri­tés : La lumière ne jaillit que de la dis­cus­sion. »

Auguste Blan­qui (1805−1881), « Main­te­nant, il faut des armes ».

Contre ceux qui veulent pro­té­ger la popu­la­tion de l’erreur en la cen­su­rant, en la cachant, Mil­ton, au 17e siècle, voyait la véri­té capable seule de tou­jours vaincre l’erreur, pour­vu qu’on lui garan­tisse des joutes loyales, joutes très néces­saires pour accé­der au vrai :

« Et quand même tous les vents de la doc­trine auraient libre cours sur Terre, si la Véri­té est en lice, c’est lui faire injure que dou­ter de sa force, en met­tant en place cen­sure et inter­dic­tion. Que la Faus­se­té s’empoigne avec elle ; qui a jamais vu que la Véri­té ait le désa­van­tage dans une ren­contre libre et ouverte ? Aucune cen­sure n’a le poids de sa réfutation.

Quand tout le monde pense la même chose, per­sonne ne pense.

Toutes les opi­nions, y com­pris les erreurs, sont d’un grand ser­vice pour atteindre rapi­de­ment la plus haute vérité.

Tuer un bon livre, c’est à peu près comme tuer un homme.

Qu’on me donne la liber­té de connaître, de m’exprimer et de dis­pu­ter libre­ment, selon ma conscience, avant toute autre liberté.

Connaître le bien et le mal, c’est-à-dire connaître le bien par le mal, telle est la condi­tion pré­sente de l’homme : quelle sagesse peut-on choi­sir, quelle conti­nence obser­ver sans connais­sance du mal ? […] Je ne sau­rais louer une ver­tu cloî­trée et fugi­tive, qui jamais ne sort ni ne res­pire, qui jamais ne se rue à l’as­saut de l’ad­ver­saire, mais quitte la course […] ce qui nous puri­fie, c’est l’é­preuve, laquelle pro­cède par l’opposition. »

John Mil­ton, « Pour la liber­té d’imprimer sans auto­ri­sa­tion ni cen­sure » (1644).

Des­cartes nous sug­gère de dou­ter par méthode de toutes nos croyances, ce que je lis comme une invi­ta­tion à accep­ter au débat toutes les pen­sées hété­ro­doxes, pour pou­voir les évaluer :

« Pour atteindre la véri­té, il faut une fois dans la vie se défaire de toutes les opi­nions qu’on a reçues, et recons­truire de nou­veau tout le sys­tème de ses connaissances. »

René Des­cartes, « Dis­cours de la méthode » (1637).

L’immense Alain (j’aime ce phi­lo­sophe), au 20e siècle, nous aide à pen­ser tout à la fois notre indi­vi­duelle et fon­da­trice liber­té de pen­ser — et de par­ler contre « l’opinion publique » s’il le faut — et la grande dan­ge­ro­si­té de l’État :

« L’É­tat est aisé­ment neu­ras­thé­nique. Mais qu’est-ce qu’un neu­ras­thé­nique ? C’est un homme pen­sant, je veux dire ins­truit et fort atten­tif à ses opi­nions et à ses affec­tions ; atten­tif en ce sens qu’il en est le spec­ta­teur. Et c’est en cela que consiste ce genre de folie, à consta­ter ses propres opi­nions au lieu de les choi­sir et vou­loir. Comme un homme qui, condui­sant une auto­mo­bile à un tour­nant, se deman­de­rait : « Je suis curieux de savoir si je vais sau­ter dans le ravin. » Mais c’est jus­te­ment son affaire de n’y point sau­ter. De même le neu­ras­thé­nique se demande : « Est-ce que je serai gai ou triste aujourd’­hui ? Est-ce que j’au­rai de la volon­té ou non ? Que vais-je choi­sir ? Je suis curieux de le savoir. » Mais il ne vient jamais à cette idée si simple de décré­ter au lieu d’at­tendre, pour les choses qui dépendent de lui.

Or ce genre de folie n’est jamais com­plet dans l’in­di­vi­du. Com­mu­né­ment, dans les cir­cons­tances qui importent, il cesse d’at­tendre et se met à vou­loir, résis­tant aux vices et aux crimes mieux qu’à la tris­tesse, et plu­tôt mal­heu­reux que méchant.

Cette mala­die sin­gu­lière me paraît au contraire propre à tout État ; et par là j’ex­plique que ce grand corps soit tou­jours  mal­heu­reux  et   sou­vent  dan­ge­reux.   Et   voi­ci pour­quoi. Cha­cun a pu remar­quer, au sujet des opi­nions com­munes, que cha­cun les subit et que per­sonne ne les forme. Un citoyen, même avi­sé et éner­gique quand il n’a à conduire que son propre des­tin, en vient natu­rel­le­ment et par une espèce de sagesse à recher­cher quelle est l’o­pi­nion domi­nante au sujet des affaires publiques. « Car, se dit-il, comme je n’ai ni la pré­ten­tion ni le pou­voir de gou­ver­ner à moi tout seul, il faut que je m’at­tende à être conduit ; à faire ce qu’on fera, à pen­ser ce qu’on pen­se­ra. » Remar­quez, que tous rai­sonnent de même, et de bonne foi. Cha­cun a bien peut-être une opi­nion ; mais c’est à peine s’il se la for­mule à lui-même ; il rou­git à la seule pen­sée qu’il pour­rait être seul de son avis.

Le voi­là donc qui hon­nê­te­ment écoute les ora­teurs, lit les jour­naux, enfin se met à la recherche de cet être fan­tas­tique que l’on appelle l’o­pi­nion publique. « La ques­tion n’est pas de savoir si je veux ou non faire la guerre, mais si le pays veut ou non faire la guerre. » Il inter­roge donc le pays. Et tous les citoyens inter­rogent le pays, au lieu de s’in­ter­ro­ger eux-mêmes.

Les gou­ver­nants font de même, et tout aus­si naï­ve­ment. Car, sen­tant qu’ils ne peuvent rien tout seuls, ils veulent savoir où ce grand corps va les mener. El il est vrai que ce grand corps regarde à son tour vers le gou­ver­ne­ment, afin de savoir ce qu’il faut pen­ser et vou­loir. Par ce jeu, il n’est point de folle concep­tion qui ne puisse quelque jour s’im­po­ser à tous, sans que per­sonne pour­tant l’ait jamais for­mée de lui-même et par libre réflexion. Bref, les pen­sées mènent tout, et per­sonne ne pense. D’où il résulte qu’un État for­mé d’hommes rai­son­nables peut pen­ser et agir comme un fou. Et ce mal vient ori­gi­nai­re­ment de ce que per­sonne n’ose for­mer son opi­nion par lui-même ni la main­te­nir éner­gi­que­ment, en lui d’a­bord, et devant les autres aus­si.

Posons que j’ai des devoirs, et qu’il fau­dra que j’o­béisse. Fort bien. Mais je veux obéir à une opi­nion réelle ; et, pour que l’o­pi­nion publique soit réelle, il faut d’a­bord que je forme une opi­nion réelle et que je l’ex­prime ; car si tous renoncent d’a­bord, d’où vien­dra l’o­pi­nion ? Ce rai­son­ne­ment est bon à suivre, et fait voir que l’o­béis­sance d’es­prit est tou­jours une faute. »

Alain (Émile Char­tier), « Mars ou la guerre jugée », 1921, cha­pitre LXIX

Comme tant d’autres pen­seurs, Alain se méfie de la sacra­li­sa­tion des « idées vraies » (qui est le fon­­de­­ment-même de la cen­sure, conçue pré­ci­sé­ment pour inter­dire les paroles « non vraies ») :

« J’aime qu’on me réfute, et je me réfute moi-même sou­vent. Ces libres pro­pos n’ont nul­le­ment pour objet de lan­cer dans la cir­cu­la­tion un cer­tain nombre d’i­dées vraies. Je ne sais pas ce que c’est qu’une idée vraie. Une idée, pour moi, c’est une affir­ma­tion que l’on veut redres­ser et com­plé­ter aus­si­tôt qu’on l’en­tend ; c’est une pen­sée qui en appelle une autre. Et je n’é­cri­rais point si je ne lisais presque par­tout de fades lieux com­muns qui n’ap­pellent rien, qui n’é­veillent rien. Toutes mes idées, si elles sont comme je veux, sont des pierres d’at­tente. Et j’ai le droit de comp­ter que ceux qui cherchent seule­ment l’oc­ca­sion d’un oui ou d’un non ne me lisent point. »

Émile Char­tier, dit Alain.

Hen­ri Labo­rit, au 20e siècle, a rap­pro­ché le racisme de la cen­sure, car les cen­seurs consi­dèrent effec­ti­ve­ment les simples citoyens comme des êtres infé­rieurs, à protéger :

« Tout endoc­tri­ne­ment faci­li­té par l’ignorance de l’informé, ne lui pré­sen­tant qu’un aspect des choses, ten­dant à lui impo­ser des auto­ma­tismes de pen­sée et de com­por­te­ment, occul­tant les opi­nions contraires en décré­tant qu’elles sont erro­nées ou ten­tant de les pré­sen­ter de telle sorte qu’elles perdent aus­si­tôt toute cohé­rence face à la solu­tion pré­pa­rée par celui qui informe, indi­vi­du ou ins­ti­tu­tion, est l’expression d’un mépris pro­fond de l’homme.

C’est consi­dé­rer qu’il est inca­pable de se faire une opi­nion per­son­nelle parce qu’ignorant, ce qui est vrai, mais au lieu de com­bler son igno­rance en lui four­nis­sant des opi­nions et des infor­ma­tions dif­fé­rentes ou contraires, c’est le trom­per que de ne lui mon­trer qu’un aspect des choses. C’est le consi­dé­rer comme un sous-homme, c’est faire preuve d’un véri­table racisme. 

Le rôle d’un pou­voir ne devrait pas être de « for­mer » l’opinion, mais de lui four­nir des élé­ments d’information nom­breux et dif­fé­ren­ciés per­met­tant à chaque indi­vi­du de remettre en cause chaque jour les bases de la péren­ni­té de ce pou­voir même.

Autre­ment dit, ce serait alors se sup­pri­mer tout pou­voir cen­tra­li­sé. Ce serait de four­nir à chaque indi­vi­du les moyens d’apporter sa part ima­gi­na­tive à la construc­tion jamais finie de la socié­té humaine. »

Hen­ri Labo­rit, « La Nou­velle Grille », 1974.

Je dois à Jean la décou­verte du bijou que j’ai gar­dé pour la fin. C’est assu­ré­ment dans le livre de John Stuart Mill, « De la liber­té » (1859), au cha­pitre 2, « De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion », qu’on trouve la plus belle et la plus forte démons­tra­tion que la cen­sure est un mal et que la liber­té est un bien. Lais­­sez-moi don­ner à JS Mill un peu de mon temps de parole, voyez comme il rai­sonne bien et comme ce qu’il démontre est important :

« Ce qu’il y a de par­ti­cu­liè­re­ment néfaste à impo­ser silence à l’expression d’une opi­nion, c’est que cela revient à voler l’humanité : tant la pos­té­ri­té que la géné­ra­tion pré­sente, les détrac­teurs de cette opi­nion davan­tage encore que ses déten­teurs. Si l’opinion est juste, on les prive de l’occasion d’échanger l’erreur pour la véri­té ; si elle est fausse, ils perdent un béné­fice presque aus­si consi­dé­rable : une per­cep­tion plus claire et une impres­sion plus vive de la véri­té que pro­duit sa confron­ta­tion avec l’erreur.

Il est néces­saire de consi­dé­rer sépa­ré­ment ces deux hypo­thèses, à cha­cune des­quelles cor­res­pond une branche dis­tincte de l’argument. On ne peut jamais être sûr que l’opinion qu’on s’efforce d’étouffer est fausse ; et si nous l’étions, ce serait encore un mal. »

John Stuart Mill – De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion (1859).

  • Si l’information qu’on cherche à cen­su­rer est vraie (et les idées reçues fausses) :

« Pre­miè­re­ment, il se peut que l’opinion qu’on cherche à sup­pri­mer soit vraie : ceux qui dési­rent la sup­pri­mer en contestent natu­rel­le­ment la véri­té, mais ils ne sont pas infaillibles. Il n’est pas en leur pou­voir de tran­cher la ques­tion pour l’humanité entière, ni de reti­rer à d’autres qu’eux les moyens de juger. Refu­ser d’entendre une opi­nion sous pré­texte qu’ils sont sûrs de sa faus­se­té, c’est pré­su­mer que leur cer­ti­tude est la cer­ti­tude abso­lue. Étouf­fer une dis­cus­sion, c’est s’arroger l’infaillibilité. Cet argu­ment com­mun suf­fi­ra à la condam­na­tion de ce pro­cé­dé, car tout com­mun qu’il soit, il n’en est pas plus mauvais.

[…] Moins un homme fait confiance à son juge­ment soli­taire, plus il s’en remet impli­ci­te­ment à l’infaillibilité « du  monde »  en  géné­ral. Et le monde, pour chaque indi­vi­du, signi­fie la par­tie du monde avec laquelle il est en contact : son par­ti, sa secte, son Église, sa classe sociale. […] Il délègue à son propre monde la res­pon­sa­bi­li­té d’avoir rai­son face aux mondes dis­si­dents des autres hommes, et jamais il ne s’inquiète de ce que c’est un pur hasard qui a déci­dé lequel de ces nom­breux mondes serait l’objet de sa confiance.

Les époques ne sont pas plus infaillibles que les indi­vi­dus, chaque époque ayant pro­fes­sé nombre d’opinions que les époques sui­vantes ont esti­mées non seule­ment fausses, mais absurdes. De même il est cer­tain que nombre d’opinions aujourd’hui répan­dues seront reje­tées par les époques futures, comme l’époque actuelle rejette nombre d’opinions autre­fois répandues.

[…]

« Une qua­li­té de l’esprit humain [est] à la source de tout ce qu’il y a de res­pec­table en l’homme en tant qu’être intel­lec­tuel et moral, à savoir que ses erreurs sont rec­ti­fiables. Par la dis­cus­sion et l’expérience — mais non par la seule expé­rience — il est capable de cor­ri­ger ses erreurs : la dis­cus­sion est néces­saire pour mon­trer com­ment inter­pré­ter l’expérience. Fausses opi­nions et fausses pra­tiques cèdent gra­duel­le­ment devant le fait et l’argument ; mais pour pro­duire quelque effet sur l’esprit, ces faits et argu­ments doivent lui être pré­sen­tés. Rares sont les faits qui parlent d’eux-mêmes, sans com­men­taire qui fasse res­sor­tir leur signi­fi­ca­tion. Il s’ensuit que toute la force et la valeur de l’esprit humain — puisqu’il dépend de cette facul­té d’être rec­ti­fié quand il s’égare — n’est vrai­ment fiable que si tous les moyens pour le rec­ti­fier sont à por­tée de main. Le juge­ment d’un homme s’avère-t-il digne de confiance, c’est qu’il a su demeu­rer ouvert aux cri­tiques sur ses opi­nions et sa conduite ; c’est qu’il a pris l’habitude d’écouter tout ce qu’on disait contre lui, d’en pro­fi­ter autant qu’il était néces­saire et de s’exposer à lui-même — et par­fois aux autres — la faus­se­té de ce qui était faux : c’est qu’il a sen­ti que la seule façon pour un homme d’accéder à la connais­sance exhaus­tive d’un sujet est d’écouter ce qu’en disent des per­sonnes d’opinions variées et  com­ment  l’envisagent  dif­fé­rentes  formes d’esprit. Jamais homme sage n’acquit sa sagesse autre­ment ; et la nature de l’intelligence humaine est telle qu’elle ne peut l’acquérir autre­ment. Loin de sus­ci­ter doute et hési­ta­tion lors de la mise en pra­tique, s’habituer à cor­ri­ger et com­plé­ter sys­té­ma­ti­que­ment son opi­nion en la com­pa­rant à celle des autres est la seule garan­tie qui la rende digne de confiance.

[…]

S’il était inter­dit de remettre en ques­tion la phi­lo­so­phie new­to­nienne, l’humanité ne pour­rait aujourd’hui la tenir pour vraie en toute cer­ti­tude. Les croyances pour les­quelles nous avons le plus de garan­tie n’ont pas d’autre sau­ve­garde qu’une invi­ta­tion constante au monde entier de les prou­ver non fon­dées. Si le défi n’est pas rele­vé — ou s’il est rele­vé et que la ten­ta­tive échoue — nous demeu­re­rons assez éloi­gnés de la cer­ti­tude, mais nous aurons fait de notre mieux dans l’état actuel de la rai­son humaine : nous n’aurons rien négli­gé pour don­ner à la véri­té une chance de nous atteindre. Les lices res­tant ouvertes, nous pou­vons espé­rer que s’il existe une meilleure véri­té, elle sera décou­verte lorsque l’esprit humain sera capable de la rece­voir. Entre-temps, nous pou­vons être sûrs que notre époque a appro­ché la véri­té d’aussi près que pos­sible. Voi­là toute la cer­ti­tude à laquelle peut pré­tendre un être faillible, et la seule manière d’y parvenir.

[…]

Il est éton­nant que les hommes admettent la vali­di­té des argu­ments en faveur de la libre dis­cus­sion, mais qu’ils objectent dès qu’il s’agit de les « pous­ser jusqu’au bout », et cela sans voir que si ces rai­sons ne sont pas bonnes pour un cas extrême, c’est qu’elles ne valent rien. Il est éton­nant qu’ils s’imaginent s’attribuer l’infaillibilité en recon­nais­sant la néces­si­té de la libre dis­cus­sion sur tous les sujets ouverts au doute, mais pensent éga­le­ment que cer­taines doc­trines ou prin­cipes par­ti­cu­liers devraient échap­per à la remise en ques­tion sous pré­texte que leur cer­ti­tude est prou­vée, ou plu­tôt qu’ils sont cer­tains, eux, de leur cer­ti­tude. Qua­li­fier une pro­po­si­tion de cer­taine tant qu’il existe un être qui nie­rait cette cer­ti­tude s’il en avait la per­mis­sion alors qu’il est pri­vé de celle-ci, c’est nous pré­su­mer — nous et ceux qui sont d’accord avec nous — les garants de la cer­ti­tude, garants qui de sur­croît pour­raient se dis­pen­ser d’entendre la par­tie adverse.

Dans notre époque — qu’on a décrite comme « pri­vée de foi, mais ter­ri­fiée devant le scep­ti­cisme » — où les gens se sentent sûrs non pas tant de la véri­té de leurs opi­nions que de leur néces­si­té, les droits d’une opi­nion à demeu­rer pro­té­gée contre l’attaque publique se fondent moins sur sa véri­té que sur son impor­tance pour la socié­té. Il y a, dit-on, cer­taines croyances si utiles, voire si indis­pen­sables au bien-être qu’il est du devoir des gou­ver­ne­ments de les défendre, au même titre que d’autres inté­rêts de la socié­té. Devant une telle situa­tion de néces­si­té, devant un cas s’inscrivant aus­si évi­dem­ment dans leur devoir, assure-t-on, un peu moins d’infaillibilité suf­fi­rait pour jus­ti­fier, voire obli­ger, les gou­ver­ne­ments à agir selon leur propre opi­nion, confir­mée par l’opinion géné­rale de l’humanité.

On avance aus­si sou­vent — et on le pense plus sou­vent encore — que seuls les méchants dési­re­raient affai­blir ces croyances salu­taires ; aus­si n’y a‑t‑il rien de mal à inter­dire ce qu’eux seuls vou­draient faire. Cette manière de pen­ser, en jus­ti­fiant les res­tric­tions sur la dis­cus­sion, fait de ce pro­blème non plus une ques­tion de véri­té, mais d’utilité des doc­trines ; et on se flatte ce fai­sant d’échapper à l’accusation de garant infaillible des opi­nions. Mais ceux qui se satis­font à si bon compte ne s’aperçoivent pas que la pré­ten­tion à l’infaillibilité est sim­ple­ment dépla­cée. L’utilité même d’une opi­nion est affaire d’opinion : elle est un objet de dis­pute ouvert à la dis­cus­sion, et qui l’exige autant que l’opinion elle-même. Il fau­dra un garant infaillible des opi­nions tant pour déci­der qu’une opi­nion est nui­sible que pour déci­der qu’elle est fausse, à moins que l’opinion ain­si condam­née n’ait toute lati­tude pour se défendre. Il ne convient donc pas de dire qu’on per­met à un héré­tique de sou­te­nir l’utilité ou le carac­tère inof­fen­sif de son opi­nion si on lui défend d’en sou­te­nir la véri­té. La véri­té d’une opi­nion fait par­tie de son uti­li­té. […] Il ne peut y avoir de dis­cus­sion loyale sur la ques­tion de l’utilité quand un seul des deux par­tis peut se per­mettre d’avancer un argu­ment aus­si vital.

[…]

Le fait de se sen­tir sûr d’une doc­trine (quelle qu’elle soit) n’est pas ce que j’appelle pré­tendre à l’infaillibilité. J’entends par là le fait de vou­loir déci­der cette ques­tion pour les autres sans leur per­mettre d’entendre ce qu’on peut dire de l’autre côté. Et je dénonce et ne réprouve pas moins cette pré­ten­tion quand on l’avance en  faveur de mes convic­tions  les plus solen­nelles. Quelque per­sua­dé que soit un homme non seule­ment de la faus­se­té, mais des consé­quences per­ni­cieuses d’une opi­nion — non seule­ment de ses consé­quences per­ni­cieuses, mais (pour employer des expres­sions que je condamne abso­lu­ment) de son immo­ra­li­té et de son impié­té — c’est pré­su­mer de son infailli­bi­li­té, et cela en dépit du sou­tien que lui accor­de­rait le juge­ment public de son pays ou de ses contem­po­rains, que d’empêcher cette opi­nion de plai­der pour sa défense. Et cette pré­somp­tion, loin d’être moins dan­ge­reuse ou répré­hen­sible, serait d’autant plus fatale que l’opinion en ques­tion serait appe­lée immo­rale ou impie. Telles sont jus­te­ment les occa­sions où les hommes com­mettent ces ter­ribles erreurs qui ins­pirent à la pos­té­ri­té stu­peur et hor­reur. Nous en trou­vons des exemples mémo­rables dans l’histoire lorsque nous voyons le bras de la jus­tice uti­li­sé pour déci­mer les meilleurs hommes et les meilleurs doc­trines, et cela avec un suc­cès déplo­rable quant aux hommes. [Suivent les exemples de Socrate, de Jésus et de Marc-Aurèle…] […]

Révé­ler au monde quelque chose qui lui importe au pre­mier chef et qu’il igno­rait jusque-là, lui mon­trer son erreur sur quelque point vital de ses inté­rêts spi­ri­tuels et tem­po­rels, c’est le ser­vice le plus impor­tant qu’un être humain puisse rendre à ses semblables.

[…]

D’ailleurs cette règle se détruit d’elle-même en se cou­pant de ce qui la fonde. Sous pré­texte que les athées sont des men­teurs, elle incite tous les athées à men­tir et ne rejette que ceux qui bravent la honte de confes­ser publi­que­ment une opi­nion détes­tée plu­tôt que de sou­te­nir un men­songe. Une règle qui se condamne ain­si à l’absurdité eu égard à son but avoué ne peut être main­te­nue en vigueur que comme une marque de haine, comme un ves­tige de per­sé­cu­tion — per­sé­cu­tion dont la par­ti­cu­la­ri­té est de n’être infli­gée ici qu’à ceux qui ont prou­vé ne pas la méri­ter. Cette règle et la théo­rie qu’elle implique ne sont guère moins insul­tantes pour les croyants que pour les infi­dèles. Car si celui qui ne croit pas en une vie future est néces­sai­re­ment un men­teur, il s’ensuit que seule la crainte de l’enfer empêche, si tant est qu’elle empêche quoi que ce soit, ceux qui y croient de mentir.

[…]

Les hommes qui ne jugent pas mau­vaise cette réserve des héré­tiques [impo­sée par la cen­sure] devraient d’abord consi­dé­rer qu’un tel silence revient à ce que les opi­nions héré­tiques ne fassent jamais l’objet d’une réflexion franche et appro­fon­die, de sorte que celles d’entre elles qui ne résis­te­raient pas à une pareille dis­cus­sion ne dis­pa­raissent pas, même si par ailleurs on les empêche de se répandre. Mais ce n’est pas à l’esprit héré­tique que nuit le plus la mise au ban de toutes les recherches dont les conclu­sions ne seraient pas conformes à l’orthodoxie. Ceux qui en souffrent davan­tage sont les bien-pen­­sants, dont tout le déve­lop­pe­ment intel­lec­tuel est entra­vé et dont la rai­son est sou­mise à la crainte de l’hérésie.

[…]

Il est impos­sible d’être un grand pen­seur sans recon­naître que son pre­mier devoir est de suivre son intel­li­gence, quelle que soit la conclu­sion à laquelle elle peut mener. La véri­té béné­fi­cie encore plus des erreurs d’un homme qui, après les études et la pré­pa­ra­tion néces­saire, pense par lui-même, que des opi­nions vraies de ceux qui les détiennent uni­que­ment parce qu’ils s’interdisent de pen­ser. Non pas que la liber­té de pen­ser soit exclu­si­ve­ment néces­saire aux grands pen­seurs. Au contraire, elle est aus­si indis­pen­sable — sinon plus indis­pen­sable — à l’homme du com­mun pour lui per­mettre d’atteindre la sta­ture intel­lec­tuelle dont il est capable. Il y a eu, et il y aura encore peut-être, de grands pen­seurs indi­vi­duels dans une atmo­sphère géné­rale d’esclavage intel­lec­tuel. Mais il n’y a jamais eu et il n’y aura jamais dans une telle atmo­sphère de peuple intel­lec­tuel­le­ment actif. Quand un peuple accé­dait tem­po­rai­re­ment à cette acti­vi­té, c’est que la crainte des spé­cu­la­tions hété­ro­doxes était pour un temps suspendue. »

John Stuart Mill – De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion (1859).

  • Si l’information qu’on cherche à cen­su­rer est fausse (et les idées reçues vraies) :

« Pas­sons main­te­nant à la deuxième branche de notre argu­ment et, aban­don­nant l’hypothèse que les opi­nions reçues puissent être fausses, admet­tons qu’elles soient vraies et exa­mi­nons ce que vaut la manière dont on pour­ra les sou­te­nir là où leur véri­té n’est pas libre­ment et ouver­te­ment débat­tue. Quelque peu dis­po­sé qu’on soit à admettre la pos­si­bi­li­té qu’une opi­nion à laquelle on est for­te­ment atta­ché puisse être fausse, on devrait être tou­ché par l’idée que, si vraie que soit cette opi­nion, on la consi­dé­re­ra comme un dogme mort et non comme une véri­té vivante, si on ne la remet pas entiè­re­ment, fré­quem­ment, et har­di­ment en ques­tion.

Il y a une classe de gens (heu­reu­se­ment moins nom­breuse qu’autrefois) qui estiment suf­fi­sant que quelqu’un adhère aveu­glé­ment à une opi­nion qu’ils croient vraie sans même connaître ses fon­de­ments et sans même pou­voir la défendre contre les objec­tions les plus super­fi­cielles. Quand de telles per­sonnes par­viennent à faire ensei­gner leur croyance par l’autorité, elles pensent natu­rel­le­ment que si l’on en per­met­tait la dis­cus­sion, il n’en résul­te­rait que du mal. Là où domine leur influence, elles rendent presque impos­sible de repous­ser l’opinion reçue avec sagesse et réflexion, bien qu’on puisse tou­jours la reje­ter incon­si­dé­ré­ment et par igno­rance ; car il est rare­ment pos­sible d’exclure com­plè­te­ment la dis­cus­sion, et aus­si­tôt qu’elle reprend, les croyances qui ne sont pas fon­dées sur une convic­tion réelle cèdent faci­le­ment dès que sur­git le moindre sem­blant d’argument. Main­te­nant, écar­tons cette pos­si­bi­li­té et admet­tons que l’opinion vraie reste pré­sente dans l’esprit, mais à l’état de pré­ju­gé, de croyance indé­pen­dante de l’argument et de preuve contre ce der­nier : ce n’est pas encore là la façon dont un être rai­son­nable devrait déte­nir la véri­té. Ce n’est pas encore connaître la véri­té. Cette concep­tion de la véri­té n’est qu’une super­sti­tion de plus qui s’accroche par hasard aux mots qui énoncent une véri­té. […] Si l’entretien de l’intelligence a bien une prio­ri­té, c’est bien de prendre conscience des fon­de­ments de nos opi­nions per­son­nelles. Quoi que l’on pense sur les sujets où il est pri­mor­dial de pen­ser juste, on devrait au moins être capable de défendre ses idées contre les objec­tions ordinaires.

[…]

Sur tous sujets où la dif­fé­rence d’opinion est pos­sible, la véri­té dépend d’un équi­libre à éta­blir entre deux groupes d’arguments contra­dic­toires. […] Celui qui ne connaît que ses propres argu­ments connaît mal sa cause. Il se peut que ses rai­sons soient bonnes et que per­sonne n’ait été capable de les réfu­ter. Mais s’il est tout aus­si inca­pable de réfu­ter les rai­sons du par­ti adverse, s’il ne les connaît même pas, rien ne le fonde à pré­fé­rer une opi­nion à l’autre. Le seul choix rai­son­nable pour lui serait de sus­pendre son juge­ment, et faute de savoir se conten­ter de cette posi­tion, soit il se laisse conduire par l’autorité, soit il adopte, comme on le fait en géné­ral, le par­ti pour lequel il se sent le plus d’inclination. Mais il ne suf­fit pas non plus d’entendre les argu­ments des adver­saires tels que les exposent ses propres maîtres, c’est-à-dire à leur façon et accom­pa­gnés de leurs réfu­ta­tions. Telle n’est pas la façon de rendre jus­tice à ces argu­ments ou d’y mesu­rer véri­ta­ble­ment son esprit. Il faut pou­voir les entendre de la bouche même de ceux qui y croient, qui les défendent de bonne foi et de leur mieux. Il faut les connaître sous leur forme la plus plau­sible et la plus per­sua­sive : il faut sen­tir toute la force de la dif­fi­cul­té que la bonne approche du sujet doit affron­ter et résoudre. Autre­ment, jamais on ne pos­sé­de­ra cette par­tie de véri­té qui est seule capable de ren­con­trer et de sup­pri­mer la dif­fi­cul­té. […] Seuls [la] connaissent ceux qui ont éga­le­ment et impar­tia­le­ment fré­quen­tés les deux par­tis et qui se sont atta­chés res­pec­ti­ve­ment à envi­sa­ger leurs rai­sons sous leur forme la plus convain­cante. Cette dis­ci­pline est si essen­tielle à une véri­table com­pré­hen­sion des sujets moraux ou humains que, s’il n’y a pas d’adversaires pour toutes les véri­tés impor­tantes, il est indis­pen­sable d’en ima­gi­ner et de leur four­nir les argu­ments les plus forts que puisse invo­quer le plus habile avo­cat du diable.

[…]

L’absence de dis­cus­sion fait oublier non seule­ment les prin­cipes, mais trop sou­vent aus­si le sens même de l’opinion. […] Il ne reste plus que quelques phrases apprises par cœur. […] Presque toutes les doc­trines morales et croyances reli­gieuses sont pleines de sens et de vita­li­té pour leurs ini­tia­teurs et leurs pre­miers dis­ciples. Leur sens demeure aus­si fort — peut-être même devient-il plus plei­ne­ment conscient — tant qu’on lutte pour don­ner à la doc­trine ou la croyance un ascen­dant sur toutes les autres.  […] À la fin, soit elle s’impose et devient l’opinion géné­rale, soit son pro­grès s’arrête ; elle conserve le ter­rain conquis, mais cesse de s’étendre. Quand l’un ou l’autre de ces résul­tats devient mani­feste, la contro­verse sur le sujet fai­blit et s’éteint gra­duel­le­ment. La doc­trine a trou­vé sa place, sinon comme l’opinion reçue, du moins comme l’une des sectes ou divi­sions admises de l’opinion ; ses déten­teurs l’ont géné­ra­le­ment héri­tée, ils ne l’ont pas adop­tée ; c’est ain­si que les conver­sions de l’une à l’autre de ces doc­trines deviennent un fait excep­tion­nel et que leurs par­ti­sans finissent par ne plus se pré­oc­cu­per de conver­tir. Au lieu de se tenir comme au début constam­ment sur le qui-vive, soit pour se défendre contre le monde, soit pour le conqué­rir, ils tombent dans l’inertie, n’écoutent plus que rare­ment les argu­ments avan­cés contre leur cre­do et cessent d’ennuyer leurs adver­saires (s’il y en a) avec des argu­ments en sa faveur. C’est à ce point qu’on date habi­tuel­le­ment le déclin de la vita­li­té d’une doc­trine. On entend sou­vent les cathé­chistes de toutes croyances se plaindre de la dif­fi­cul­té d’entretenir dans l’esprit des croyants une per­cep­tion vive de la vérité.

[…]

Une fois la croyance deve­nue héré­di­taire — une fois qu’elle est admise pas­si­ve­ment et non plus acti­ve­ment, une fois que l’esprit ne se sent plus autant contraint de concen­trer toutes ses facul­tés sur les ques­tions qu’elle lui pose — on tend à tout oublier de cette croyance pour ne plus en rete­nir que des for­mules ou ne plus lui accor­der qu’un mol et tor­pide assen­ti­ment, comme si le fait d’y croire dis­pen­sait de la néces­si­té d’en prendre clai­re­ment conscience ou de l’appliquer dans sa vie. […] Les doc­trines n’ont aucune prise sur les croyants ordi­naires, aucun pou­voir sur leurs esprits. Par habi­tude, ils en res­pectent les for­mules, mais pour eux, les mots sont dépour­vus de sens et ne sus­citent aucun sen­ti­ment qui force l’esprit à les assi­mi­ler et à les rendre conformes à la for­mule. Pour savoir quelle conduite adop­ter, les hommes prennent comme modèle leurs voi­sins pour apprendre jusqu’où il faut aller dans l’obéissance.

[…]

Dès qu’il n’y a plus d’ennemi en vue, maîtres et dis­ciples s’endorment à leur poste.

[…]

Nom­breuses sont les véri­tés dont on ne peut pas com­prendre tout le sens tant qu’on ne les a pas vécues per­son­nel­le­ment. Mais on aurait bien mieux com­pris la signi­fi­ca­tion de ces véri­tés, et ce qui en aurait été com­pris aurait fait sur l’esprit une impres­sion bien plus pro­fonde, si l’on avait eu l’habitude d’entendre des gens qui la com­pre­naient effec­ti­ve­ment dis­cu­ter le pour et le contre. La ten­dance fatale de l’espèce humaine à lais­ser de côté une chose dès qu’il n’y a plus de rai­son d’en dou­ter est la cause de la moi­tié de ses erreurs. Un auteur contem­po­rain a bien décrit « le pro­fond som­meil d’une opi­nion arrêtée ».

[…]

Aucune opi­nion ne mérite le nom de connais­sance à moins d’avoir sui­vi, de gré ou de force, la démarche intel­lec­tuelle qu’eût exi­gée de son tenant une contro­verse active avec des adver­saires. On voit donc à quel point il est aus­si absurde de renon­cer à un avan­tage indis­pen­sable qui s’offre spon­ta­né­ment, alors qu’il est si dif­fi­cile à créer quand il manque. S’il y a des gens pour contes­ter une opi­nion reçue ou pour dési­rer le faire si la loi ou l’opinion publique le leur per­met, il faut les en remer­cier, ouvrir nos esprits à leurs paroles et nous réjouir qu’il y en ait qui fassent pour nous ce que nous devrions prendre davan­tage la peine de faire, si tant est que la cer­ti­tude ou la vita­li­té de nos convic­tions nous importe. »

John Stuart Mill – De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion (1859).

 

  • Si l’information qu’on cherche à cen­su­rer (comme les idées reçues) est à la fois par­tiel­le­ment fausse et par­tiel­le­ment vraie :

« Nous n’avons jusqu’à pré­sent exa­mi­né que deux pos­si­bi­li­tés : la pre­mière, que l’opinion reçue peut être fausse, et une autre, du même coup, vraie ; la deuxième, que si l’opinion reçue est vraie, c’est que la lutte entre celle-ci et l’erreur oppo­sée est essen­tielle à une per­cep­tion claire et à un pro­fond sen­ti­ment de sa véri­té. Mais il arrive plus sou­vent encore que les doc­trines en conflit, au lieu d’être l’une vraie et l’autre fausse, se dépar­tagent la véri­té ; c’est ain­si que l’opinion non conforme est néces­saire pour four­nir le reste de la véri­té dont la doc­trine reçue n’incarne qu’une par­tie.

[…]

Dans l’état actuel de l’esprit humain, seule la diver­si­té donne une chance équi­table à toutes les facettes de la véri­té. Lorsqu’on trouve des gens qui ne par­tagent  point l’apparente una­ni­mi­té du monde sur un sujet, il est tou­jours pro­bable — même si le monde est dans le vrai — que ces dis­si­dents ont quelque chose de per­son­nel à dire qui mérite d’être enten­du, et que la véri­té per­drait quelque chose à leur silence.

[…]

Il faut s’élever contre la pré­ten­tion exclu­sive d’une par­tie de la véri­té d’être la véri­té tout entière.

[…]

Ce n’est pas la lutte vio­lente entre les par­ties de la véri­té qu’il faut redou­ter, mais la sup­pres­sion silen­cieuse d’une par­tie de la véri­té ; il y a tou­jours de l’espoir tant que les hommes sont contraints à écou­ter les deux côtés ; c’est lorsqu’ils ne se pré­oc­cupent que d’un seul que leurs erreurs s’enracinent pour deve­nir des pré­ju­gés, et que la véri­té, cari­ca­tu­rée, cesse d’avoir les effets de la véri­té. Et puisque rien chez un juge n’est plus rare que la facul­té de rendre un juge­ment sen­sé sur une cause où il n’a enten­du plai­der qu’un seul avo­cat, la véri­té n’a de chance de se faire jour que dans la mesure où cha­cune de ses facettes, cha­cune des opi­nions incar­nant une frac­tion de véri­té, trouve des avo­cats et les moyens de se faire entendre. »

John Stuart Mill – De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion (1859).

 

  • Réca­pi­tu­lons :

« Nous avons main­te­nant affir­mé la néces­si­té — pour le bien-être intel­lec­tuel de l’humanité (dont dépend son bien-être géné­ral) — de la liber­té de pen­sée et d’expression à l’aide de quatre rai­sons dis­tinctes que nous allons réca­pi­tu­ler ici.

Pre­miè­re­ment, une opi­nion qu’on rédui­rait au silence peut très bien être vraie : le nier, c’est affir­mer sa propre infaillibilité.

Deuxiè­me­ment, même si l’opinion réduite au silence est fausse, elle peut conte­nir — ce qui arrive très sou­vent — une part de véri­té ; et puisque l’opinion géné­rale ou domi­nante sur n’importe quel sujet n’est que rare­ment ou jamais toute la véri­té, ce n’est que par la confron­ta­tion des opi­nions adverses qu’on a une chance de décou­vrir le reste de la vérité.

Troi­siè­me­ment, si l’opinion reçue est non seule­ment vraie, mais toute la véri­té, on la pro­fes­se­ra comme une sorte de pré­ju­gé, sans com­prendre ou sen­tir ses prin­cipes ration­nels, si elle ne peut être dis­cu­tée vigou­reu­se­ment et loyalement.

Et cela n’est pas tout car, qua­triè­me­ment, le sens de la doc­trine elle-même sera en dan­ger d’être per­du, affai­bli ou pri­vé de son effet vital sur le carac­tère et la conduite : le dogme devien­dra une simple pro­fes­sion for­melle, inef­fi­cace au bien, mais encom­brant le ter­rain et empê­chant la nais­sance de toute convic­tion authen­tique et sin­cère fon­dée sur la rai­son ou l’expérience personnelle. »

John Stuart Mill – De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion (1859).

 

« Quant à ce que l’on entend com­mu­né­ment par le manque de rete­nue en dis­cus­sion, à savoir les invec­tives, les sar­casmes, les attaques per­son­nelles, etc., la dénon­cia­tion de ces armes méri­te­rait plus de sym­pa­thie si l’on pro­po­sait un jour de les inter­dire éga­le­ment des deux côtés ; mais ce qu’on sou­haite, c’est uni­que­ment en res­treindre l’emploi au pro­fit de l’opinion domi­nante. Qu’un homme les emploie contre les opi­nions mino­ri­taires, et il est sûr non seule­ment de n’être pas blâ­mé, mais d’être loué pour son zèle hon­nête et sa juste indi­gna­tion. Cepen­dant, le tort que peuvent cau­ser ces pro­cé­dés n’est jamais si grand que lorsqu’on les emploie contre les plus faibles, et les avan­tages déloyaux qu’une opi­nion peut tirer de ce type d’argumentation échoient presque exclu­si­ve­ment aux opi­nions reçues. La pire offense de cette espèce qu’on puisse com­mettre dans une polé­mique est de stig­ma­ti­ser comme des hommes dan­ge­reux et immo­raux les par­ti­sans de l’opinion adverse. Ceux qui pro­fessent des opi­nions impo­pu­laires sont par­ti­cu­liè­re­ment expo­sés à de telles calom­nies, et cela parce qu’ils sont en géné­ral peu nom­breux et sans influence, et que per­sonne ne s’intéresse à leur voir rendre jus­tice. Mais étant don­né la situa­tion, cette arme est refu­sée à ceux qui attaquent l’opinion domi­nante ; ils cour­raient un dan­ger per­son­nel à s’en ser­vir, et s’ils s’en ser­vaient mal­gré tout, ils ne réus­si­raient qu’à expo­ser par contre­coup leur propre cause. En géné­ral, les opi­nions contraires à celles com­mu­né­ment reçues ne par­viennent à se faire entendre qu’en modé­rant scru­pu­leu­se­ment leur lan­gage et en met­tant le plus grand soin à évi­ter toute offense inutile : elles ne sau­raient dévier d’un pouce de cette ligne de conduite sans perdre de ter­rain. En revanche, de la part de l’opinion domi­nante, les injures les plus outrées finissent tou­jours par dis­sua­der les gens de pro­fes­ser une opi­nion contraire, voire même d’écouter ceux qui la pro­fessent. C’est pour­quoi dans l’intérêt de la véri­té et de la jus­tice, il est bien plus impor­tant de réfré­ner l’usage du lan­gage inju­rieux dans ce cas pré­cis que dans le pre­mier ; et par exemple, s’il fal­lait choi­sir, il serait bien plus néces­saire de décou­ra­ger les attaques inju­rieuses contre l’incroyance que contre la reli­gion. Il est évident tou­te­fois que ni la loi ni l’autorité n’ont à se mêler de répri­mer l’une ou l’autre, et que le juge­ment de l’opinion devrait être déter­mi­né, dans chaque occa­sion, par les cir­cons­tances du cas par­ti­cu­lier. D’un côté ou de l’autre, on doit condam­ner tout homme dans la plai­doi­rie duquel per­ce­rait la mau­vaise foi, la mal­veillance, la bigo­te­rie ou encore l’intolérance, mais cela sans infé­rer ses vices du par­ti qu’il prend, même s’il s’agit du par­ti adverse.

Il faut rendre à cha­cun l’honneur qu’il mérite, quelle que soit son opi­nion, s’il pos­sède assez de calme et d’honnêteté pour voir et expo­ser — sans rien exa­gé­rer pour les dis­cré­di­ter, sans rien dis­si­mu­ler de ce qui peut leur être favo­rable — ce que sont ses adver­saires et leurs opi­nions. Telle est la vraie mora­li­té de la dis­cus­sion publique. »

John Stuart Mill – De la liber­té de pen­sée et de dis­cus­sion (1859).

 

* * * * *

 

Le livre de Jean Bric­mont que vous tenez entre les mains traite de sujets que je trouve essen­tiels par rap­port à mes propres thèses : je tra­vaille pour qu’un grand nombre d’électeurs se trans­forment en citoyens et com­mencent à vou­loir ensemble un pro­ces­sus consti­tuant popu­laire. Une consti­tu­tion digne de ce nom est un contrat social éla­bo­ré et signé par une mul­ti­tude d’êtres humains, très dif­fé­rents mais déci­dant de se consti­tuer en « peuple » pour coexis­ter paci­fi­que­ment mal­gré de grandes et par­fois irré­duc­tibles dif­fé­rences d’intérêts indi­vi­duels. Pour pen­ser, d’abord, et pour vou­loir, ensuite, une telle consti­tu­tion, pour savoir où est le vrai, où est le bien com­mun, pour com­prendre où nous nous trom­pons et donc pour pro­gres­ser, nous allons avoir besoin d’une vraie liber­té de parole, d’une vraie loyau­té des débats, d’une hon­nête mise en scène des conflits, aus­si bien pen­dant les pro­ces­sus consti­tuants que pen­dant les pro­ces­sus législatifs.

Jean Bric­mont fait par­tie de ces hommes libres et cou­ra­geux dont la démo­cra­tie (donc l’iségoria) a besoin pour la défendre. Je connais Jean depuis de nom­breuses années, et j’aime à la fois son huma­nisme irré­pro­chable, son aspi­ra­tion pro­fonde à la jus­tice sous toutes ses formes, son esprit ration­nel, logique et rigou­reux (il est pro­fes­seur de phy­sique théo­rique), son res­pect par prin­cipe de toutes les pen­sées adverses par méthode scien­ti­fique et par goût pour la recherche de la véri­té, et sur­tout aujourd’hui son cou­rage, car nous vivons à nou­veau une époque où il faut bien du cou­rage pour résis­ter à la tyran­nie qui vient.

Il faut dire un mot aus­si de Vincent Lapierre, l’éditeur de ce livre deve­nu dif­fi­cile à édi­ter du fait, pré­ci­sé­ment, de la cen­sure qui gran­dit. Je connais moins bien Vincent que Jean, mais j’en appré­cie les qua­li­tés humaines et je lui suis sur­tout recon­nais­sant pour son tra­vail remar­quable sur la vie d’Hugo Cha­vez, admi­rable et emblé­ma­tique « Ami du peuple ». Voi­là un jeune homme qui a bien du cou­rage, lui aus­si, conti­nuant vaillam­ment son tra­vail de jour­na­liste enga­gé, alors qu’il prend des coups lit­té­ra­le­ment de toutes parts.

J’ai lu et relu le livre que vous allez lire, le crayon à la main, et je le trouve à la fois pas­sion­nant et impor­tant. Il va sûre­ment vous trans­for­mer un peu, intérieurement.

Peut-être les abus de pou­voir dénon­cés dans ce livre vous don­­ne­­ront-ils des idées pour rédi­ger vous-même, dans un pro­chain ate­lier consti­tuant per­son­nel J, un article de consti­tu­tion qui défi­ni­rait et qui pro­tè­ge­rait dura­ble­ment la liber­té d’expression dans votre pays. Si vous avez « le ver­tige de la feuille blanche », si vous avez du mal à démar­rer sans base de tra­vail, vous pou­vez vous ins­pi­rer, pour l’améliorer (en pré­voyant, par exemple, qui va contrô­ler et qui va sanc­tion­ner la règle), de cet extrait du pre­mier amen­de­ment de la consti­tu­tion des États-Unis :

Le Par­le­ment n’a­dop­te­ra aucune loi pour limi­ter la liber­té d’ex­pres­sion, de la presse ou le droit des citoyens de se réunir pacifiquement.

Vous allez voir : le fait de prendre votre sty­lo et d’écrire, vrai­ment, un article de consti­tu­tion va vous chan­ger en pro­fon­deur : si vous y pre­nez goût, vous allez rapi­de­ment deve­nir un adulte poli­tique, un être humain qui n’accepte plus que ses repré­sen­tants l’infantilisent. Défi­nir vous-même la liber­té d’expression, c’est sor­tir du rang dégra­dant d’électeur et c’est deve­nir un vrai citoyen, consti­tuant. Si vous lais­sez les puis­sants ins­ti­tuer votre liber­té d’expression, vous ne l’aurez jamais. Si vous déci­dez de l’instituer vous-même, vous l’aurez bien­tôt, et pour longtemps.

C’est confi­né chez moi, avec inter­dic­tion de sor­tir et de mani­fes­ter (et bien­tôt, je le redoute, inter­dic­tion d’accuser publi­que­ment des impos­teurs, des men­teurs ou des oppres­seurs du peuple), sous pré­texte de « guerre » (éco­no­mique ou sani­taire ou autre, peu importe) et donc d’urgente et impé­rieuse dis­ci­pline soi-disant « pour sur­vivre », que j’écris ces lignes. Nos maîtres, les « élus », n’ont pas de pitié, pas de scru­pules, c’est à peine s’ils nous consi­dèrent au fond comme des humains, comme leurs pro­chains, ils iront jusqu’à ce qu’ils ren­contrent une limite, et c’est à nous, fon­da­men­ta­le­ment, à nous les repré­sen­tés, de fixer leurs limites.

Il faut être cou­ra­geux pour être libre.

Heu­reu­se­ment, le cou­rage est conta­gieux, comme dit Julian.

J’espère que ce livre nous aide­ra à deve­nir plus nom­breux à défendre per­son­nel­le­ment les liber­tés publiques.

 

Étienne Chouard, avril 2020.
https://​www​.chouard​.org/​b​l​og/

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