[GILETS JAUNES – Passionnant et important] Comprendre la situation au Venezuela (et en Amérique Latine) avec Romain Migus

27/07/2019 | 10 commentaires

Chers amis,

Je vais vous par­ler d’un jeune homme épa­tant, enthou­sias­mant, important.

Il s’ap­pelle Romain Migus et c’est un des meilleurs connais­seurs du Vene­zue­la que je connaisse. Son blog est une source d’in­for­ma­tions pré­cieuse pour contre­dire et inva­li­der les men­songes quo­ti­diens de la presse fran­çaise (toute entière ven­due aux ultra-riches) sur le Venezuela.

Les ana­lyses de Romain sont sou­vent reprises sur le site Le Grand Soir, que je consi­dère comme un des cinq ou six meilleurs sites d’in­for­ma­tion en France (avec Les Crises, RT France, Le Saker fran­co­phone, Inves­tig’Ac­tion et le CADTM, notamment).

Je vais regrou­per dans ce billet quelques perles récentes de Romain. Vous allez voir comme c’est exci­tant et stimulant :


• D’a­bord, ce for­mi­dable entre­tien de Romain avec Blan­ca Eekhout, Ministre des Com­munes, sur l’or­ga­ni­sa­tion de la démo­cra­tie véné­zué­lienne — en com­pa­rai­son (pour l’ins­tant), la France peut rou­gir de honte pour sa nul­li­té crasse en matière démocratique :

Interview de Blanca Eekhout, ministre des Communes de la République Bolivarienne du Venezuela

https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​6​/​l​a​-​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​-​p​a​r​t​i​c​i​p​a​t​i​v​e​-​a​u​.​h​tml

Depuis l’étranger, le Vene­zue­la est sou­vent dépeint comme une dic­ta­ture, où le chef de l’Etat, Nico­las Madu­ro, règne­rait de manière auto­ri­taire et vio­lente sans prendre en compte les aspi­ra­tions popu­laires. Cette des­crip­tion se heurte pour­tant à une réa­li­té qu’il est impos­sible de nier : le cha­visme et le pré­sident Madu­ro pos­sèdent le sou­tien d’une par­tie non négli­geable de la popu­la­tion véné­zué­lienne. La pro­pa­gande du sys­tème média­tique [fran­çais] ne per­met donc pas de répondre à la ques­tion : Pourquoi ?

Un des élé­ments de réponse est à cher­cher du coté de la démo­cra­tie directe et par­ti­ci­pa­tive implan­tée au Vene­zue­la depuis l’avènement d’Hugo Chá­vez au pou­voir. Cet aspect cen­tral de la Révo­lu­tion Boli­va­rienne est sys­té­ma­ti­que­ment nié par le sys­tème média­tique. Les luttes du Peuple véné­zué­lien au sein du sys­tème de Conseils com­mu­naux et des Com­munes socia­listes sont invi­si­bi­li­sés. Nous sommes donc allés inter­vie­wer Blan­ca Eekhout, ministre des Com­munes afin qu’elle explique au lec­teur fran­co­phone l’originalité et la robus­tesse de la démo­cra­tie vénézuélienne. 

Blan­ca est une mili­tante sociale de la pre­mière heure, elle a été la fon­da­trice de nom­breux médias asso­cia­tifs comme Catia Tv, et est deve­nu la pre­mière pré­si­dente de la chaine publique ViVe TV, puis de VTV. Élu dépu­tée en 2010, elle devien­dra vice-pré­si­dente de l’Assemblée natio­nale de 2011 à 2015.  Cette jeune femme, qui a consa­cré sa vie à la lutte sociale et à l’approfondissement de la démo­cra­tie dans son pays, a occu­pé plu­sieurs postes de la haute fonc­tion publique. Elle a été Ministre de la Com­mu­ni­ca­tion et de l’Information (2009−2010), Ministre de la Femme et de l’Égalité des genres (2016−2018). Elle est aujourd’hui Ministre des Com­munes depuis sep­tembre 2018. 

Le Minis­tère des Com­munes est situé dans le centre de Cara­cas dans un immeuble où furent relo­gés plu­sieurs ven­deurs ambu­lants, il y a quelques années. Il appa­rais­sait logique que ce minis­tère cen­tral déserte les quar­tiers admi­nis­tra­tifs tra­di­tion­nels pour s’implanter aux côtés du Peuple. La ministre nous rece­vra dans son modeste bureau où trône côte à côte un por­trait d’Hugo Chá­vez et de Jose­fa Came­jo, une héroïne de la guerre d’indépendance du Vene­zue­la : bon résu­mé ico­no­gra­phique du par­cours poli­tique de notre interlocutrice. 

Pen­dant que Blan­ca répon­dait avec fougue et pas­sion à mes ques­tions, je pen­sais aux reven­di­ca­tions des Gilets jaunes fran­çais, expri­mées à plu­sieurs mil­liers de kilo­mètres de Cara­cas. En cause ? Les thèmes évo­qués par la ministre véné­zué­lienne : l’Assemblée Consti­tuante et la mobi­li­sa­tion popu­laire pour écrire la nou­velle Charte suprême, les moda­li­tés du réfé­ren­dum révo­ca­toire pour tous les élus, la force des conseils com­mu­naux et des com­munes —où toutes les déci­sions sont prises lors d’Assemblées géné­rales—, la néces­si­té d’inventer de nou­velles formes de pro­prié­té pour déve­lop­per le pays. Les paroles de Blan­ca Eekhout fusent comme une rafale de AK47, chaque balle est un concept qui fait écho aux pré­oc­cu­pa­tions poli­tiques expri­mées sur les ronds-points de France. 

L’autre son de cloche que vous pou­vez lire ci-des­sous témoigne de l’extraordinaire viva­ci­té démo­cra­tique du Vene­zue­la, qui marque la colonne ver­té­brale du pro­jet poli­tique de la Révo­lu­tion boli­va­rienne. On com­prend mieux alors la ter­rible vio­lence poli­tique et média­tique qui s’abat contre ce Peuple. La démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive véné­zué­lienne doit être abso­lu­ment balayée pour enrayer le risque de voir fleu­rir 1, 2, 3 Blan­ca. Pour que ce modèle ne donne pas d’idées à d’autres et ne menace pas le sys­tème poli­tique encore domi­nant… pour l’instant.  


Avec Blan­ca Eeckout, Cara­cas 2019. 

Romain Migus Quelles sont les racines de la démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive au Vene­zue­la ? Com­ment s’est construit le modèle démo­cra­tique de la Révo­lu­tion Bolivarienne ? 

Blan­ca Eekhout : Il faut com­men­cer par le début de notre mou­ve­ment poli­tique, ou en tout cas par la prise de pou­voir par le Com­man­dant Chá­vez. Sa pre­mière action du gou­ver­ne­ment fut de convo­quer un pro­ces­sus natio­nal consti­tuant. Hugo Chá­vez a appe­lé le Peuple à refon­der notre Répu­blique. Avant cela, tout notre cadre juri­dique était déter­mi­né par le pou­voir en place, par les oli­gar­chies mais aus­si par la dépen­dance his­to­rique héri­tée de notre his­toire colo­niale. Donc, refon­der notre Répu­blique a impli­qué de chan­ger de charte suprême, mais le plus impor­tant était de savoir qui allait par­ti­ci­per à ce débat. La pre­mière action a donc consis­té à convo­quer un réfé­ren­dum pour mettre en place ce pro­ces­sus consti­tuant. Ce fait poli­tique extra­or­di­naire avait pour racine his­to­rique le Congrès d’Angostura, réa­li­sé sous l’égide de notre Libé­ra­teur Simon Boli­var, en 1819 (1). Boli­var don­ne­ra un dis­cours his­to­rique lors de ce congrès et rap­pel­le­ra notam­ment : « Heu­reux le citoyen qui invoque et convoque son peuple, consulte la volon­té du sou­ve­rain ». C’est pour cette rai­son qu’au Vene­zue­la, à par­tir de 1999, une fois que la nou­velle consti­tu­tion est approu­vée, notre démo­cra­tie est deve­nue par­ti­ci­pa­tive et « protagonique ».

R.M : Excuse-moi de t’interrompre, mais pour­rais-tu expli­quer à nos lec­teurs com­ment se sont orga­ni­sés les comi­tés consti­tuants ? Com­ment s’est dérou­lé le débat au sein de la popu­la­tion pour nour­rir de pro­jets cette Assem­blée Natio­nale Constituante ?

B.E : D’abord, il y a eu une élec­tion natio­nale pour choi­sir nos repré­sen­tants : il y avait des indi­gènes, des tra­vailleurs et tra­vailleuses, les femmes en tant que mou­ve­ment, les pêcheurs, les pay­sans, toutes les forces sociales, ceux qui étaient invi­sibles, ceux qui n’avaient jamais été consul­tés sur le des­tin de leur patrie ni sur les lois qui régis­saient leur vie. Mais la véri­table consul­ta­tion a été réa­li­sée lors d’assemblées de rue. On a créé dif­fé­rents méca­nismes par les­quels on sys­té­ma­ti­sait les pro­po­si­tions ; des camions recueillaient les pro­po­si­tions à tra­vers tout le ter­ri­toire natio­nal. Les mou­ve­ments ini­tiaux, ceux du mou­ve­ment ouvrier, pay­san, par­ti­ci­paient par des lettres de pro­po­si­tions et de requêtes historiques.

Ce fut une consul­ta­tion natio­nale très, très large et com­plète car le modèle duquel nous vou­lions sor­tir avait eu comme objec­tif l’application des mesures néo­li­bé­rales dic­tées par le FMI et la Banque Mon­diale. Ceci avait pro­vo­qué une réponse forte de la part du peuple qui était des­cen­du dans la rue en 1989. Cet évé­ne­ment, que nous appe­lons le Cara­ca­zo avait été répri­mé de façon très vio­lente. Toutes les demandes qui s’étaient expri­mées en réac­tion contre le modèle néo­li­bé­ral ont fini par se trou­ver recueillies dans le pro­ces­sus consti­tuant, en tant que demande de la Répu­blique, pour garan­tir le droit à la Sécu­ri­té Sociale, la réaf­fir­ma­tion de notre droit à l’éducation gra­tuite, à la san­té gra­tuite, à la redis­tri­bu­tion des reve­nus, à la recon­nais­sance des droits indi­gènes, etc.

Au début, nous avions une révolte natio­nale mais nous n’avions pas encore un déve­lop­pe­ment des mou­ve­ments sociaux suf­fi­sam­ment orga­ni­sé. C’est la convo­ca­tion du pré­sident à une Assem­blée Natio­nale Consti­tuante qui fait que nombre de ces mou­ve­ments se regroupent comme force natio­nale. On recon­naît alors, par exemple, la com­mu­ni­ca­tion comme un droit de l’homme ; pour la pre­mière fois, les médias alter­na­tifs com­mencent à occu­per l’espace hert­zien alors que dans le vieux modèle pré­cé­dent, ceux-ci étaient consi­dé­rés comme illé­gaux, pirates, et étaient sanc­tion­nés. Nous avons mis en marche un pro­ces­sus de révi­sion de la ques­tion pétro­lière, ain­si que de la ques­tion agraire pour face à toutes ces pra­tiques ter­ribles de sac­cage de la terre par les grands pro­prié­taires ; c’est pour cela que le mou­ve­ment pay­san avance à par­tir du pro­ces­sus consti­tuant. Ce pro­ces­sus a été une impul­sion pour que se déve­loppent, se conso­lident et se ren­forcent les dif­fé­rents mou­ve­ments sociaux dans notre pays.


« Nous sommes un Peuple consti­tuant et souverain » 

R.M : On peut dire que le pro­ces­sus consti­tuant marque le départ d’une nou­velle démo­cra­tie. En quoi est-elle dif­fé­rente de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive dans laquelle vit la majo­ri­té des peuples du monde ?

B.E : En pre­mier lieu, nous, nous avons inno­vé en ce qui concerne l’exercice per­ma­nent du pou­voir et de la non-délé­ga­tion de la volon­té. C’est-à-dire que pour le peuple véné­zué­lien, notre sou­ve­rai­ne­té réside dans le peuple, elle ne peut pas être délé­guée. C’est pour cela que nous dépas­sons le modèle de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive dans lequel tous les cinq ou six ans, selon les élec­tions, le peuple finit par délé­guer à un autre son droit de sou­ve­rai­ne­té. Dans le cas du Vene­zue­la, il ne peut pas être délé­gué même si nous réaf­fir­mons l’élection directe et uni­ver­selle. Nous avons d’ailleurs, au Vene­zue­la, bat­tu des records, car nous avons eu 25 pro­ces­sus élec­to­raux. Nous avons inclus lors de notre Consti­tuante, la pos­si­bi­li­té pour les citoyens d’organiser des réfé­ren­dum révo­ca­toire à mi-man­dat pour tous les élus. Nous avons été le pre­mier pays à faire un réfé­ren­dum révo­ca­toire pour le pré­sident de la Répu­blique. Nous avons orga­ni­sé un réfé­ren­dum révo­ca­toire au pré­sident Cha­vez ; et il a été confir­mé dans ses fonctions.

Mais, au Vene­zue­la, je disais que l’exercice de la démo­cra­tie et de la par­ti­ci­pa­tion n’est pas déli­mi­té par des élec­tions au terme d’un quin­quen­nat ou sex­ten­nat. D’abord, nous élar­gis­sons les pou­voirs. Des trois pou­voirs tra­di­tion­nels en démo­cra­tie (exé­cu­tif, légis­la­tif et judi­ciaire), nous en avons rajou­té deux : le pou­voir élec­to­ral et le pou­voir moral. Le pou­voir élec­to­ral est deve­nu un pou­voir avec suf­fi­sam­ment de force et d’autonomie pour garan­tir des élec­tions libres, directes, trans­pa­rentes, tota­le­ment auto­ma­ti­sées(2). Quant au pou­voir moral, il traite tout ce qui a à voir avec la défense du peuple (3), la fis­ca­li­té ; il est deve­nu un pou­voir impor­tant à l’intérieur de la République.

En plus de cela, nous avons éta­bli quelque chose de plus impor­tant et de nou­veau, c’est le ren­for­ce­ment du pou­voir popu­laire. Le pou­voir popu­laire, c’est l’exercice per­ma­nent de l’autogouvernement sur le ter­ri­toire. Nous avons approu­vé des lois pour orga­ni­ser ce pou­voir popu­laire, et qui déter­minent l’organisation, le déve­lop­pe­ment éco­no­mique de tout ce qui est ce modèle de trans­fert d’attributions poli­tiques, de ges­tions de res­sources éco­no­miques. C’est ce qui nous donne aujourd’hui une force dans le pays.

R.M : Avant de s’attaquer à l’expérience des com­munes, on va déjà par­ler des conseils com­mu­naux. La pre­mière loi de Conseil com­mu­nal a été votée en 2006  et, je crois qu’il y a eu de nom­breuses modi­fi­ca­tions pour l’adapter peu à peu à la réa­li­té concrète. Ceci démontre  aus­si que le Vene­zue­la est en train d’inventer un nou­veau sys­tème et qu’au début en tout cas, il a tâton­né. On va poser une ques­tion basique, mais essen­tiel pour nos lec­teurs qui ne savent rien ou presque du modèle de démo­cra­tie véné­zué­lienne : qu’est-ce qu’un conseil com­mu­nal ? En quoi consiste-t-il ?

B.E : La loi des Conseils Com­mu­naux garan­tit l’exercice, à tous les niveaux ter­ri­to­riaux de nos com­mu­nau­tés de voi­si­nage, à tous les citoyens d’un ter­ri­toire, de se réunir en Assem­blée citoyenne. Ils décident des pro­ces­sus d’actions au cours d’une prise de parole géné­rale. Grâce à des élec­tions directes, lors des assem­blées ter­ri­to­riales, il est déci­dé par l’Assemblée géné­rale de qui est à la tête des pro­jets, des comi­tés, et de la mise en marche des poli­tiques publiques sur le ter­ri­toire. Nous avons éga­le­ment une loi pour orga­ni­ser l’économie popu­laire, nous avons les lois qui régissent l’organisation des com­munes, ain­si que des lois de com­mu­ni­ca­tion qui relèvent éga­le­ment du pou­voir populaire.

R.M : Qui décide du rayon d’action du Conseil Com­mu­nal ? Par qui va-t-il être com­po­sé ? Quelle est la rela­tion avec l’Etat et les éche­lons admi­nis­tra­tifs de la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive qui conti­nuent d’exister ?

B.E : Au sein du Conseil com­mu­nal, les gens décident, en Assem­blée de l’espace ter­ri­to­rial qui va déli­mi­ter l’action de leur conseil.  Les citoyens doivent être dis­po­sés à se regrou­per volon­tai­re­ment en fonc­tion de la déli­mi­ta­tion géo­gra­phique de leur ter­ri­toire. Il y a des conseils com­mu­naux beau­coup plus petits, il y en a de plus grands ; s’ils se consti­tuent dans les zones urba­ni­sées, la popu­la­tion se concentre dans un immeuble, et cela peut dépendre de l’urbanisme. Dans les immeubles d’un même quar­tier, il peut y avoir deux ou même trois conseils com­mu­naux. L’assemblée de citoyens décide éga­le­ment de la capa­ci­té d’organisation. Pour nous, l’as­sem­blée citoyenne est l’instance de déli­bé­ra­tion la plus impor­tante ; c’est ce qu’il y a écrit dans l’article 20 de notre loi des Conseils Com­mu­naux (4). Elle est aus­si l’organe de déci­sion pour l’exercice du pou­voir des com­mu­nau­tés de voi­si­nage : la par­ti­ci­pa­tion et le pro­ta­go­nisme popu­laire. Les déci­sions du conseil com­mu­nal doivent s’appliquer de manière obli­ga­toire. Le conseil com­mu­nal est recon­nu par toutes les autres auto­ri­tés qu’elles soient muni­ci­pales ou régio­nales. Les conseils com­mu­naux dans une com­mu­nau­té pay­sanne peuvent être consti­tués par un plus petit nombre de familles en rai­son de l’immensité de l’espace et de la faible concen­tra­tion de popu­la­tion. Ain­si, les assem­blées de citoyens éta­blissent eux-mêmes la déli­mi­ta­tion de leur espace territorial.

R.M : Com­ment les gens s’organisent-ils au sein du Conseil communal ? 

B.E : Dans le Conseil com­mu­nal, il y a des comi­tés de san­té, d’éducation, de culture, d’alimentation, de com­mu­ni­ca­tion popu­laire, il y a aus­si un comi­té de d’équité et d’égalité entre les genres, et bien d’autres comi­tés en fonc­tion de la réa­li­té de la vie sur le ter­ri­toire du Conseil com­mu­nal. Mais il y a éga­le­ment un comi­té qui se charge de la ques­tion de l’économie et un autre qui se charge de la sécu­ri­té. Par sécu­ri­té nous n’entendons pas seule­ment la sécu­ri­té inter-per­son­nelle, mais aus­si la sécu­ri­té et la défense inté­grale de notre ter­ri­toire qui est constam­ment mena­cé par une inva­sion étrangère.

R.M : Com­bien de conseils com­mu­naux y a‑t-il sur tout le ter­ri­toire vénézuélien ? 

B.E : En ce moment, il y en a 47.834. Cela repré­sente l’équivalent de 14 mil­lions de personnes.

R.M : Cet appro­fon­dis­se­ment de la démo­cra­tie directe et du pou­voir popu­laire vous a ame­né à recon­si­dé­rer le thème de la pro­prié­té (de la terre et des moyens de pro­duc­tions). Com­ment ces deux thèmes s’articulent-ils ? Pour­quoi, aux cotés de la pro­prié­té pri­vé ou publique avez-vous dû inclure la pro­prié­té sociale directe et indi­recte ? Com­ment s’interconnectent l’économie popu­laire et le pou­voir populaire ?

B.E : Les uni­tés de pro­duc­tion fami­liale, nombre d’entre elles sont éga­le­ment dis­cu­tées en assem­blée citoyenne. Le déve­lop­pe­ment d’une uni­té de pro­duc­tion fami­liale, une Entre­prise de Pro­duc­tion Sociale, nombres de réa­li­sa­tions de ce type naissent dans le débat lors de l’assemblée de citoyens. En ce moment, nous sommes encore en train de tra­vailler pour ampli­fier les types de pro­prié­té, non seule­ment les types d’organisation de pro­prié­té sociale mais aus­si les types de pro­prié­té indi­vi­duelle, fami­liale qui existent dans la com­mune et se mettent au ser­vice de la com­mune. Nous avons encore beau­coup à faire en ce qui concerne le déve­lop­pe­ment d’un modèle éco­no­mique com­mu­nal, d’un cir­cuit éco­no­mique communal.

Les ini­tia­tives et les expé­riences de quelques com­munes sont extra­or­di­naires, mais nous ne sommes pas encore par­ve­nus à une arti­cu­la­tion totale. Nous avons des sys­tèmes de mon­naie ou de banque com­mu­nale qui existent, mais le déve­lop­pe­ment est inégal. Il y a des com­munes qui ont réus­si à dépas­ser les attentes même de ce que per­met­tait la capa­ci­té pro­duc­tive et d’autres qui ne sont pas par­ve­nues à s’articuler au niveau éco­no­mique et conti­nuent d’être des expé­riences iso­lées. Aujourd’hui, nous fai­sons un tra­vail impor­tant pour sys­té­ma­ti­ser la pro­prié­té sociale et col­lec­tive. Nous nous ins­pi­rons aus­si des conseils pay­sans qui ne fonc­tionnent pas tous selon la pro­prié­té sociale. Les pay­sans ont la pro­prié­té de leur terre, pro­prié­té indi­vi­duelle ou fami­liale, et néan­moins, à par­tir d’expérience coopé­ra­tives, ils finissent par se ras­sem­bler pour que s’ajoute toute la pro­duc­tion d’une com­mune à un effort col­lec­tif bien que la pro­prié­té soit diver­si­fiée. Les méca­nismes et les types de pro­prié­té sont diver­si­fiés sur le ter­ri­toire com­mu­nal et nous affron­tons un défi énorme qui consiste à garan­tir que tout per­mette l’autogestion, l’autonomie ali­men­taire et le ren­for­ce­ment éco­no­mique sur le territoire.

R.M : Venons-en à la Com­mune. Qu’appelez-vous une Com­mune au Vene­zue­la ? Com­ment expli­que­rais-tu à une per­sonne qui ignore tout de ce pro­ces­sus poli­tique de pre­mier ordre, ce qu’est une com­mune et com­ment fonc­tionne-t-elle ? Quelle est la rela­tion de la Com­mune avec les Conseils communaux ?

B.E : Peut-être que la pre­mière chose serait de dire qu’il s’agit d’un regrou­pe­ment de conseils com­mu­naux mais c’est beau­coup plus que cela. L’idée est que toutes les forces et les mou­ve­ments pré­sents sur un ter­ri­toire forment une com­mune.  En plus des Conseils com­mu­naux, on trouve dans la Com­mune les conseils de jeu­nesse, les conseils pay­sans, les Conseils de pro­duc­tion des tra­vailleurs ; tout ce qui fait la vie poli­tique et éco­no­mique d’un ter­ri­toire vient for­mer la com­mune.  Les dif­fé­rents comi­tés qui forment un conseil com­mu­nal ont ensuite un porte-parole, qui, dans la com­mune, par­ti­cipe aux ins­tances d’autogouvernement. Un porte-parole de chaque conseil com­mu­nal siège au par­le­ment de la com­mune. L’idée est que cela consti­tue un sys­tème d’agrégation et déter­mine une nou­velle géo­mé­trie du pou­voir. L’objectif est qu’à un moment don­né, ce modèle com­mu­nal dépasse les struc­tures héri­tées de notre vieil état, où le modèle admi­nis­tra­tif est basé sur la mai­rie, ou le gou­ver­ne­ment régio­nal. Ces struc­tures qui nous viennent de la colo­ni­sa­tion sont très liées au vieux modèle de démo­cra­tie repré­sen­ta­tive. Elles ne relèvent pas du sys­tème per­ma­nent et direct d’autogouvernement du peuple sur un ter­ri­toire qu’il a lui-même déci­dé. Aujourd’hui au Vene­zue­la, il existe 3078 com­munes de ce type. Dans la com­mune et le conseil com­mu­nal, l’assemblée de citoyens est l’instance supé­rieure, rai­son pour laquelle elle per­met une démo­cra­tie per­ma­nente qui ne peut être délé­guée. C’est une démo­cra­tie pleine, elle est par­ti­ci­pa­tive, protagonique.

R.M : Quelle est la rela­tion entre cet État com­mu­nal qui prend forme et les struc­tures tra­di­tion­nelles de l’État vénézuélien ?

B.E : Les vieilles struc­tures de l’État, les mai­ries, les conseils muni­ci­paux, les gou­ver­ne­ments régio­naux, conti­nuent d’avoir un rôle. Nous les avons main­te­nus, nous les avons réno­vés, nous conti­nuons d’organiser des élec­tions — que le cha­visme vient de gagner, d’ailleurs — mais nous croyons que, si le pou­voir réside dans le peuple, l’exercice de démo­cra­tie par ce sou­ve­rain qu’est le peuple doit être per­ma­nent, et le déve­lop­pe­ment de poli­tiques publiques doit être éga­le­ment entre les mains du peuple. C’est pour­quoi, pour nous, le pou­voir de la com­mune et du conseil com­mu­nal consti­tue la base de ce que doit être le nou­vel État, un État véri­ta­ble­ment popu­laire, un État qui rompt avec la bureau­cra­tie, avec l’héritage de ce modèle de fausse démo­cra­tie bour­geoise et repré­sen­ta­tive. Nous sommes dans un pro­ces­sus d’invention per­ma­nente avec des erreurs et des réus­sites mais nous essayons de construire un autre modèle. Nous ne pou­vons être pro­ta­go­nistes de notre pro­ces­sus poli­tique qu’en le fai­sant, qu’en nous ren­con­trant, qu’en débat­tant, qu’en le dis­cu­tant dans le même temps où nous sommes un acteur pro­ta­go­nique de ce changement.


Assem­blée géné­rale pour élire l’au­to­gou­ver­ne­ment de la Com­mune Simon Boli­var dans l’E­tat rural d’A­pure (pho­to : Caro­li­na Cruz) 

R.M : Si le Conseil com­mu­nal dépend en par­tie des ins­tances admi­nis­tra­tives locales ou natio­nales pour finan­cer ses pro­jets, la Com­mune entend être véri­ta­ble­ment auto­nome. Qu’en est-il de l’é­co­no­mie communale ?

B.E : La com­mune a son mode de fonc­tion­ne­ment propre mais elle intègre les ini­tia­tives de l’Etat cen­tral comme la créa­tion de comi­té pour la pro­tec­tion sociale ou le Car­net de la Patrie (5). Elle se charge aus­si de nou­velles tâches. A cause de la guerre que nous subis­sons, les Comi­tés locaux d’approvisionnement et de pro­duc­tion (CLAP) ont été créés et se chargent de la dis­tri­bu­tion directe de l’alimentation dans la Com­mune, mai­son par mai­son (5).

Il faut que la Com­mune soit auto­suf­fi­sante dans le temps, et qu’elle ait les capa­ci­tés de pro­duire dans tous les sec­teurs : agri­cole, tou­ris­tique et même dans l’industrie com­mu­nale car nous avons déve­lop­pé, grâce à l’investissement de l’État, des pro­ces­sus indus­triels com­mu­naux qui garan­tissent tant l’approvisionnement au niveau de la com­mune que l’échange et l’apport au niveau natio­nal. Le déve­lop­pe­ment éco­no­mique de la com­mune est un élé­ment fon­da­men­tal pour qu’une com­mune soit une com­mune. Dans ces temps de guerre, la pro­duc­tion est une impé­rieuse néces­si­té. Mais il y a aus­si des pro­ces­sus dif­fé­ren­ciés : la capa­ci­té de pro­duc­tion n’est pas la même dans une zone urba­ni­sée que dans une com­mu­nau­té rurale.

R.M : Évi­dem­ment.

B.E : Néan­moins, dans les com­munes urbaines, nous avons des bou­lan­ge­ries com­mu­nales, des pota­gers com­mu­naux, les gens com­mencent sur­tout à déve­lop­per l’activité tex­tile et nous avons obte­nu, qu’à l’intérieur d’une com­mune urbaine, il existe des bri­gades de pro­duc­tion aux­quelles l’Etat a attri­bué des terres pour qu’ils pro­duisent dans des zones rurales et rap­portent les pro­duits en zone urbaine.

R.M : Quel est le lien entre l’État, le Minis­tère des Com­munes, dont tu es la plus haute repré­sen­tante, et les com­munes elles-mêmes ? C’est-à-dire entre cet État héri­té mais éga­le­ment néces­saire pour appli­quer une macro-poli­tique, et les forces popu­laires organisées ?

B.E : Le Minis­tère des Com­munes pro­meut l’organisation de la Com­mune, il faci­lite les méca­nismes pour qu’elle soit légale, pour qu’elle s’organise, pour que l’on forme les citoyens et citoyennes et qu’ils puissent se consti­tuer en conseils com­mu­naux puis en com­mune. Ain­si, l’une des prin­ci­pales tâches est de pro­mou­voir l’organisation du peuple pour qu’il par­vienne à éta­blir ses propres méca­nismes d’autogouvernement. L’un des élé­ments éga­le­ment impor­tant, c’est la for­ma­tion. D’une part, dans le pro­ces­sus de pro­duc­tion et d’autre part dans la mise en marche des poli­tiques sur le ter­ri­toire, des poli­tiques publiques qui se font au niveau de la com­mune. Nous sou­te­nons de fait tous les lea­der­ships nais­sants pour que se consti­tuent des Communes.

Mais, il y a un autre élé­ment qui repré­sente une tâche impor­tante pour nous en tant que minis­tère. Il nous faut per­mettre l’articulation natio­nale de toutes les com­munes. Le com­man­dant Chá­vez disait qu’une com­mune iso­lée pou­vait même être contre-révo­lu­tion­naire. La seule façon pour qu’elle soit révo­lu­tion­naire, pro­fon­dé­ment démo­cra­tique et trans­for­ma­trice, c’est qu’il y ait un tis­su social com­mu­nal, qu’il y ait une véri­table arti­cu­la­tion entre toutes les com­munes. Nous favo­ri­sons l’organisation de Congrès et de ren­contres entre les com­munes. Lors d’une récente ren­contre natio­nale que nous avons orga­ni­sé, a sur­git l’idée de la créa­tion d’une Uni­ver­si­té des Com­munes. Ou plu­tôt devrais-je dire d’une Mul­ti­ver­si­té plu­tôt qu’Université. Tout ce tra­vail de mise en rela­tion dépend du Minis­tère. Celui-ci apporte, lorsque cela est néces­saire, des res­sources pour le déve­lop­pe­ment d’initiatives de pro­duc­tion, des semences pour l’agriculture, des outils, des machines.

Mais l’organisation des com­munes ne peut rele­ver exclu­si­ve­ment de la res­pon­sa­bi­li­té du Minis­tère des Com­munes. Il existe un tel niveau de déve­lop­pe­ment des forces com­mu­nales qu’elles-mêmes sont et doivent être pro­mo­trices de la créa­tion d’autres com­munes, et orga­ni­sa­trices de ce grand mou­ve­ment com­mu­nal natio­nal. Nous sommes donc dans une phase de trans­fert de pou­voir et d’attributions que détient le Minis­tère aux com­munes. Pour l’organisation du ter­ri­toire, l’un des méca­nismes est : « la com­mune sème d’autres com­munes ». Une com­mune pion­nière, entre­pre­nante qui s’est déve­lop­pée de façon impor­tante éco­no­mi­que­ment, socia­le­ment et au niveau poli­tique devient un fac­teur mul­ti­pli­ca­teur des com­munes à par­tir de son fonctionnement.


La ministre des Com­munes Blan­ca Eeck­hout lors d’un échange avec les comu­ne­ros 

R.M : Quels sont vos pro­chains défis politiques ?

B.E : Nous pen­sons que l’exercice per­ma­nent de la démo­cra­tie est plus que jamais néces­saire. C’est pour­quoi, il nous faut accé­lé­rer le trans­fert de nou­velles attri­bu­tions au mou­ve­ment com­mu­nal. Nous sommes actuel­le­ment dans une phase d’organisation d’élections pour garan­tir le renou­vel­le­ment des lea­der­ships, et le ren­for­ce­ment des assem­blées citoyennes. Et nous orga­ni­sons ceci dans un scé­na­rio com­plexe, à cause de toutes les menaces et les attaques contre notre pays, ain­si que la guerre éco­no­mique qui s’abat contre le Venezuela.

R.M : Der­nière ques­tion, quelle est l’importance du thème de la démo­cra­tie pour la  Révo­lu­tion Boli­va­rienne au Venezuela ? 

B.E : La Révo­lu­tion boli­va­rienne au Vene­zue­la existe parce qu’il y a un peuple orga­ni­sé qui exerce le pou­voir. Sans cela, nous n’aurions pas pu sup­por­ter les ter­ribles attaques dont nous sommes vic­times depuis vingt ans. On nous a appli­qué toutes les doc­trines de guerre pour trans­for­mer le Vene­zue­la en un État voyou, failli, nous vivons sous la menace per­ma­nente de coups d’état et d’une inter­ven­tion mili­taire. Dans ces cir­cons­tances, dans les moments les plus dif­fi­ciles, la Révo­lu­tion a tou­jours convo­qué le peuple sou­ve­rain, comme ce fut le cas encore lors du pro­ces­sus consti­tuant que nous avons ini­tié en 2017.

Cette année là, alors que nous affron­tions depuis plu­sieurs semaines un épi­sode insur­rec­tion­nel qui pou­vait pro­vo­quer une guerre civile dans le pays, le pré­sident Nico­las Madu­ro a déci­dé de consul­ter le peuple, et de convo­quer de nou­veau une Assem­blée Consti­tuante. Ce pro­ces­sus a été encore plus démo­cra­tique que celui que nous avons fait en 1999 car le pro­ces­sus d’élections a été ter­ri­to­rial et par sec­teurs de la popu­la­tion. Nous avons choi­si de façon directe nos propres porte-paroles pour les per­sonnes âgées, pour les per­sonnes pré­sen­tant un han­di­cap, pour les pay­sans, pour les pêcheurs, pour la jeu­nesse, pour les tra­vailleurs, pour les com­munes, pour toutes les forces vives de notre pays. Il y a des repré­sen­tants de tous les sec­teurs dans notre Assem­blée Natio­nale Constituante.

Actuel­le­ment, il y a un débat sur tout, ouvert, achar­né, mais ce qui était fon­da­men­tal pour aller à cette Assem­blée Natio­nale Consti­tuante, ce fut de cher­cher la paix. Ce qui démontre que la démo­cra­tie apporte la paix, la vraie démo­cra­tie, celle qui ne réduit pas la volon­té du peuple, qui n’est pas la démo­cra­tie repré­sen­ta­tive. La démo­cra­tie par­ti­ci­pa­tive et pro­ta­go­nique est une garan­tie de paix et c’est la garan­tie d’une Patrie. Dans les moments les plus dif­fi­ciles, notre pré­sident Nico­las Madu­ro, de même que le Com­man­dant Cha­vez avant lui, a constam­ment appe­lé au dia­logue, à la négo­cia­tion, à écou­ter les autres, et il a assu­mé au sein de ce dia­logue des enga­ge­ments énormes, comme réno­ver tous les pou­voirs au beau milieu d’une guerre.

En 2017 et 2018, au milieu de la guerre éco­no­mique (6), de la guerre ter­ro­riste, de la ten­ta­tive de guerre civile (7), nous avons convo­qué un pro­ces­sus consti­tuant et nous avons gagné. La voix du peuple est la voix de Dieu, elle s’est mani­fes­tée et nous avons retrou­vé la paix le len­de­main de l’élection des dépu­tés consti­tuants. Puis, nous avons convo­qué des élec­tions muni­ci­pales et régio­nales et enfin une élec­tion pré­si­den­tielle, et nous avons gagné. Je crois que, dif­fi­ci­le­ment, en plein état de siège, en situa­tion de blo­cus, un gou­ver­ne­ment se sou­met à autant d’élections comme nous l’avons fait. C’est la confiance du peuple, c’est l’exercice direct et réel de la volon­té du peuple de vivre en démo­cra­tie et d’avoir la paix. Devant toutes les menaces de la bar­ba­rie fas­ciste, je ne crois pas qu’il existe d’autres façons de garan­tir notre révo­lu­tion, si ce n’est par une démo­cra­tie totale. Parce que, ain­si, c’est le peuple entier qui est concer­né et qui s’unit pour la défendre.

C’est cela un peuple en mou­ve­ment. Et pour être en mou­ve­ment, il doit être pro­ta­go­niste de son des­tin. Il ne peut être un « invi­té de pierre ». C’est pour­quoi, mal­gré les men­songes média­tiques, mal­gré le fait que des mil­lions d’hommes et de femmes ont été ren­du com­plè­te­ment invi­sibles, ils conti­nuent de défendre cette révo­lu­tion. Si nous résis­tons et que nous conti­nuons d’avancer, c’est parce que le peuple est un véri­table acteur poli­tique, parce que cette démo­cra­tie est une vraie démocratie.


Extrait de notre ren­contre avec Blan­ca Eekhout (en français)

Cette inter­view serait sûre­ment encore un fichier .mp3 dis­si­mu­lé dans un des nom­breux dos­siers de mon ordi­na­teur sans l’aide pré­cieuse et admi­rable de Syl­vie Car­ras­co qui nous a aidé à la trans­crire et à la tra­duire. Qu’elle en soit mille fois remerciée. 

Notes ajou­tées par nous :

(1)  Convo­qué par Simon Boli­var le 15 février 1819 dans la ville d’Angostura (actuelle Ciu­dad Boli­var) au Vene­zue­la, cette Assem­blée consti­tuante avait pour but d’organiser admi­nis­tra­ti­ve­ment et légis­la­ti­ve­ment les ter­ri­toires libé­rés de l’Empire espa­gnol ou en passe de l’être.

(2)  Pour connaître com­ment fonc­tionne le pou­voir élec­to­ral, et le sys­tème élec­to­ral véné­zué­lien, lire Romain Migus, « Tout com­prendre à la nou­velle offen­sive contre le Vene­zue­la », Vene­zue­la en Vivo, 09/01/2018, https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​1​/​t​o​u​t​-​c​o​m​p​r​e​n​d​r​e​-​s​u​r​-​l​a​-​n​o​u​v​e​l​l​e​.​h​tml

(3)  Le défen­seur du Peuple est une figure équi­va­lente au Défen­seur des droits, en France.

(4)  « Ley Orga­ni­ca de los Conse­jos Comu­nales », publié au jour­nal offi­ciel nº39.335, 28/12/2009, dis­po­nible sur http://www.minci.gob.ve/wp-content/uploads/downloads/2012/11/LEY-CONSEJOS-COMUNALES‑6–11-2012-WEB.pdf

(5)  Pour com­prendre le sys­tème du Car­net de la Patrie ou des CLAP, lire Romain Migus, « Entre mesures d’ur­gence et construc­tion de l’E­tat. Chro­niques d’en bas nº4 », Vene­zue­la en Vivo, 02/08/2018,

https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​8​/​0​8​/​e​n​t​r​e​-​m​e​s​u​r​e​s​-​d​u​r​g​e​n​c​e​-​e​t​-​c​o​n​s​t​r​u​c​t​i​o​n​.​h​tml

(6)  Pour se rendre compte de la féro­ci­té de la guerre éco­no­mique contre le Vene­zue­la, lire Romain Migus, « Chro­no­lo­gie actua­li­sée des sanc­tions éco­no­miques contre le Vene­zue­la », Vene­zue­la en Vivohttps://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​1​/​c​h​r​o​n​o​l​o​g​i​e​-​d​e​s​-​s​a​n​c​t​i​o​n​s​-​e​c​o​n​o​m​i​q​u​e​s​.​h​tml

(7)  Lire Mau­rice Lemoine, Chro­nique d’une désta­bi­li­sa­tion, Mon­treuil : éd. Le Temps des Cerises, 2019.

 

 

Source : https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​6​/​l​a​-​d​e​m​o​c​r​a​t​i​e​-​p​a​r​t​i​c​i​p​a​t​i​v​e​-​a​u​.​h​tml



• Ensuite, je vous signale ce tout récent entre­tien, pas­sion­nant et impor­tant, de Romain Migus avec Vincent Lapierre (lui aus­si un connais­seur du Vene­zue­la), expo­sé à écou­ter le crayon à la main pour mieux fixer les noms et les dates :

Comprendre la situation au Venezuela



• Ensuite, cet entre­tien de Romain avec l’ex­cellent Michel Col­lon (Inves­tig’Ac­tion) :

Qu’est-ce que les Gilets Jaunes en ont à foutre du Venezuela ?



GILETS JAUNES ET AMÉRIQUE LATINE


*Texte tra­duit par Clau­dia Karlinsky

1. Le PIB de la ville de Bue­nos Aires repré­sente 25% du PIB natio­nal ; Ka Nation 13–08-20022.Ana Maria Fer­nan­dez, “ El mar en una botel­la ”, publié par la revue “ El cam­po gru­pal ” AÑO4, n°32-Marzo 2002, Bue­nos Aires,

3. Pour voir une ana­lyse minu­tieuse par rap­port aux années quatre-vingt-dix en Amé­rique Latine voir Brie­ger, Pedro : “ De la déca­da per­di­da a la déca­da del mito neo­li­be­ral ”.In La glo­ba­li­za­cion eco­no­mi­co-fiann­cie­ra. Su impac­to en Amé­ri­ca Lati­na (AAVV) Ed. CLASCO5.Clarin, 10 juin 1999

6. Cla­rin, 23 novembre 2001

7. Cla­rin, 17 décembre 1999

8. Ariel Ogan­do : Deso­cu­pa­dos y cortes de ruta en el noroeste argen­ti­no ”. in Revis­ta Her­ra­mien­ta n°15. Bue­nos Aires, Automne 2001

9. Voir Tony Flores. De la culpa a la auto­ges­tion. Un recor­ri­do del movi­mien­to de Tra­ba­ja­dores Deso­cu­pas de La Matan­za. MTD Edi­to­ra, Bue­nos Aires, décembre 2002.

10. Voir le tra­vail de Nico­la Inigo Car­re­ra et Maria Cel­la Cota­re­lo “ Clase y pro­tes­ta social en la Argen­ti­na de los “ 90 ”. Agen­cia Way­ru­ro, 26 juin 2001.

11. “ Una inves­ti­ga­cion de la UBA sobre las fabri­cas recu­pe­ra­das por sus obre­ros ” in Pagi­na 12, 5 jan­vier 2003

12. Pour com­prendre en pro­fon­deur le phé­no­mène des “ nou­veaux pauvres ” voir l’excellent tra­vail d’Alberto Minu­jin et Gabriel Kess­ler “ La nue­va pobre­za en la Argen­ti­na. ” Bue­nos Aires. Ed Pla­ne­ta, 1995

13. Voir Pedro Brie­ger “ Tes­ti­mo­nio de una pue­bla­da ”, in El GRANO DE ARENA n° 120, 26/12/2001

14. Voir Emi­lio Cafas­si : Olla a pre­sion (cace­ro­la­zos, piquetes y asam­bleas sobre fue­go argen­ti­no. Univ. De Bue­nos Aires, avril 2002, Pgs 79–82

15. Avant De la Rua, les pré­si­dents sui­vants sont tom­bés suite à des mobi­li­sa­tions popu­laires : Fer­nan­do Col­lor de Mel­ho au Bré­sil, en décembre 1992, Car­los Andrés Per­ez au Véné­zue­la en mai 1993, Abda­la Buca­ram en Equa­teur en février 1997, Raul Cubas Grau au Para­guay en Mars 1999, Jamil Mahuad en Equa­teur en jan­vier 2000 et Alber­to Fuji­mo­ri au Pérou en novembre 2000.

16. Ale­jan­dro Horo­wicz, dans Oscar Caram ‘que se vaya todo’, Manuel Sua­rez Edi­tor, Bue­nos Aires 2002, pag. 22.

17. Pagina/12, 20 jan­vier 2001

18. Asu­ce­na , Assem­blée d’Almagro ; in Oscar Caram, opus cité page 30

19. S’il est vrai que l’essor de ces assem­blées semble la consé­quence du ras le bol public face aux conduites peu dignes de confiance de la classe poli­tique, l’on doit tenir compte du fait que de tels méca­nismes de déli­bé­ra­tion popu­laire ren­ferment un dan­ger, de par leur nature, on peut les rap­pro­cher de l’inquiétant modèle de déci­sion des “ soviets ”, (La Nacion , 14 fdé­vrier 2002)

20. Denis et Joelle Chas­sin : Pour com­prendre la crise argen­tine. Ins­ti­tut d’études poliitques. Strasbourg.Janvier 2003, pag. 186

21. Pol­lo (pseu­do­nyme) “ Para mili­tantes y mili­ta­dos ”, 13 février 2002, in www. Indy​me​dia​.org 5e22.Modesto Emi­lio Guer­re­ro : “ Emer­gen­cia y desa­fios de las asam­bleas bar­riales ”, Revis­ta Her­ra­mien­ta N°19, Automne 2002, Bue­nos Aires.“

23. Modes­to Emi­lio Guer­re­ro ; “ Emer­gen­cia y desa­fios de las asam­bleas bar­riales ”, Revis­ta Her­ra­mien­ta N° 19, Automne 2002, Bue­nos Aires, Argentine.

24. Julie­ta Mira y Car­los Jua­rez Alda­za­bal “ Cultu­ra y poli­ti­ca en un bar­rio : La tra­ma de la Asam­blea de Paler­mo Vie­jo ”. Sou­te­nance pré­sen­tée aux Vèmes jour­nées de socio­lo­gie de la UBA, novembre 2002

26. Gus­ta­vo Vera, Asam­blea Popu­lar 20 décembre, Parc Avel­la­ne­da ; in Oscar Caram, Opus.Cité page 80

27. Entre­vue avec Ani­bal Qui­ja­no, Bue­nos Aires, Juillet 2002.

28. Cris­ti­na Fei­joo et Lucio Salas Oroño ; “ Las asam­bleas y el movi­mien­to social ”. In qué son las Asam­bleas popu­lares. Ed. Continente/Pena Lil­lo ; Bue­nos Aires 2002..Pag.2429. Entre­vue avec Toty Flores, jan­vier 2003.30. Entre­vue avec Sil­va­no Vil­la­gra, jan­vier 2003.

Source : https://​www​.romain​mi​gus​.info/​2​0​1​9​/​0​5​/​p​e​d​r​o​-​b​r​i​e​g​e​r​-​l​e​s​-​a​s​s​e​m​b​l​e​e​s​-​d​e​-​v​o​i​s​i​n​s​.​h​tml


Michel Collon résume son livre (important) : « les 7 péchés d’Hugo Chavez » :


https://​www​.legrand​soir​.info/​l​e​s​-​7​-​p​e​c​h​e​s​-​d​-​h​u​g​o​-​c​h​a​v​e​z​.​h​tml


Voi­ci aus­si un débat très inté­res­sant sur le Vene­zue­la, sur RT France avec Fré­dé­ric Tad­déi, en jan­vier 2019, où Romain Migus est accom­pa­gné de Mau­rice Lemoine (une autre réfé­rence abso­lue pour com­prendre l’A­mé­rique Latine, de mon point de vue) pour contrer les erreurs de Renaud Girard et Gabriel Giménez-Roche :

Interdit d’interdire : La crise vénézuélienne : le débat


Il faut aus­si signa­ler une pas­sion­nante série d’ar­ticles de Romain pour com­prendre la guerre qui vient contre le Venezuela :

Com­prendre la Guerre qui vient 

Romain Migus : « La guerre contre le Vene­zue­la a déjà com­men­cé. Mais une offen­sive d’envergure est en train de se pré­pa­rer contre le pays cari­béen, que seule la capi­tu­la­tion totale, ou la dis­pa­ri­tion du camp boli­va­rien, pour­raient endi­guer. Comme ces options ne sont pas à l’ordre du jour, le conflit mili­taire contre le Vene­zue­la prend chaque jour un peu plus forme.

Com­ment com­prendre la guerre qui s’annonce ? Quels seront les acteurs impli­qués dans ce conflit ? Quelles seront les stra­té­gies mises en place pour dévas­ter le pays ? Dans cette ana­lyse en cinq par­ties, nous ten­te­rons d’apporter des élé­ments de réponse pour que nos lec­teurs com­prennent toutes les dimen­sions d’un affron­te­ment qui paraît inéluctable. »

1ère par­tie : Le rôle des Etats-Unis et de leurs alliés (22÷05÷2019). Lire l’ar­ticle
2ème par­tie : Consti­tu­tion d’une armée paral­lèle (03÷06÷2019). Lire l’ar­ticle
3ème par­tie : Les com­bat­tants véné­zué­liens (déser­teurs, civils et cri­mi­nels) (07÷06÷2019). Lire l’ar­ticle 
4ème par­tie : Les élé­ments étran­gers (mer­ce­naires, para­mi­li­taires et forces spé­ciales) (11÷06÷2019) Lire l’ar­ticle
5ème par­tie : La stra­té­gie d’a­gres­sion contre le Vene­zue­la. (19÷06÷2019). Lire l’ar­ticle


Tout ça est pas­sion­nant, je trouve, très proche des pré­oc­cu­pa­tions des gilets jaunes consti­tuants fran­çais, très utile pour tenir bon et pour progresser.

Bon tra­vail à tous pour décou­vrir tout ça.

Étienne.

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10 Commentaires

  1. JPM

    Tou­jours sur Cuba… L excellent Vik­tor Dedaj… Une des rares per­sonnes qui reus­sit à me recon­ci­lier avec « La gauche« https://​you​tu​.be/​T​P​R​G​s​Y​k​Y​RCc

    Réponse
  2. JPM

    Pour en reve­nir à Vik­tor Dedaj…A titre per­son­nel.. c est en le lisant que je me suis for­mé poli­ti­que­ment… avec la decou­verte de son blog Cuba soli­da­ri­ty pro­ject. Tour le monde cra­chait sur Cuba… y com­pris chez les gau­chistes… lui a gar­dé son hon­neur.. J ai beau­coup de res­pect pour ce Mon­sieur… https://​www​.legrand​soir​.info/​A​d​o​l​f​-​H​i​t​l​e​r​-​p​o​r​t​r​a​i​t​-​d​-​u​n​-​h​o​m​m​e​-​o​r​d​i​n​a​i​r​e​.​h​tml

    Réponse
  3. ève

    Ces pra­tiques men­son­gères se fai­saient déjà dans l’en­tente US . Hit­ler quand ils
    ont oeu­vré pour déclen­cher la guerre de 39 – 45 finan­cé par les divers car­tels de l’époque !
    Ils s’y sont pris de la même manière avec d’autres moyens pour des­ti­tuer H. Cha­vez ! Ils espèrent remettre çà une nou­velle fois , au Véné­zué­la .…et ailleurs .… !
    J’ai beau­coup appré­cié la vidéo sur les révé­la­tions de la mon­naie per­mise aux afri­cains . J’ai appris une foule de ren­sei­gne­ments .…. Mer­ci à vous et aux autres inter­ve­nants de cette émission !

    Réponse
  4. Olivier Magnin

    Cher Étienne, d’a­bord mer­ci pour nous aider constam­ment à accé­der à de vraies infor­ma­tions. En lisant et en écou­tant ces inter­views, il y a de vraies émo­tions : celle bien sûr de voir l’am­pleur de la trom­pe­rie et de la souf­france infli­gée au peuple vene­zue­lien par ce ter­ro­risme éta­su­nien, mais aus­si celle de ce sys­tème démo­cra­tique incroyable qui donne vrai­ment de l’espoir.
    N’é­tant pas un éco­no­miste, je serais curieux de com­prendre pour­quoi l’in­fla­tion a pu atteindre de tels niveaux ?
    Et puis ont-ils une sou­ve­rai­ne­té monétaire ?
    Au plai­sir de te croi­ser à nou­veau en Suisse… Peut-être pour une seconde ini­tia­tive mon­naie pleine. Olivier

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  5. Alkali

    Très joli texte qui démontre que les GJ se sont four­voyés à suivre dans les villes dans les manifs inutiles de toute l’opposition Contrô­lée des anti­fas­cistes d’opérette et leur maîtres à pen­ser des médias soit disant alternatifs.
    Ces inqui­si­teurs et pro­cu­reurs qui se sont appro­priés le terme « gauche » dans le seul but d’empêcher la conver­gence des luttes et le rap­pro­che­ment hori­zon­tal des français.
    Ces gens aux­quels vous accor­dez tant d’importance en leur par­don­nant par avance toutes leurs traî­trises, au mépris des GJ qui sont ain­si par­qués par tranche idéo­lo­gique ren­dant ain­si toute union impossible.
    Au moins sur les ronds points, points de gau­chistes exa­cer­bés aucun Bloc de fas­ciste de gauche ne peut se for­mer et encore moins de Black vêtus,
    On com­prend cher Étienne que vous ne vou­lez pas vous radi­ca­li­ser mais faites au moins l’effort de ces­ser de les encen­ser au moins autant qu’à ceux aux­quels ils vous imposent de ne plus parler.

    Réponse

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