[#MémoireDesLuttes, ici contre Sarkozy] Étienne Chouard dans Libération (22 octobre 2007) : chaque traité européen est un viol politique (c’est même une tournante, puisque la gauche nous viole aussi)

12/11/2025 | 0 commentaires

Chers vous tous,

La comé­die de l’emprisonnement fac­tice d’un des plus grands cri­mi­nels de France (comp­tez les morts en Libye et toutes les vies dévas­tées par sa faute, c’est déjà mons­trueux) me conduit à res­sor­tir un de mes vieux articles que le torche-cul ami du pou­voir frau­du­leu­se­ment nom­mé « Libé­ra­tion » (aus­si mal nom­mé que l’é­tait le robi­net à men­songes d’É­tat sovié­tique qui s’ap­pe­lait « la Prav­da », soit « La Véri­té »… sans décon­ner…) avait publié en 2007.

Cet article est introu­vable avec Google, même en tapant le titre exact, et donc je le repro­duis ici, puisque c’est mon œuvre et qu’elle n’a pas pris une ride (sauf peut-être une ou deux quand même : en 2007, je par­lais encore de démo­cra­tie sans guille­mets… je n’é­tais donc pas encore bien réveillé).

Bonne lec­ture.

Étienne.


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Le traité européen « est un viol politique »

Déjà pourfendeur du projet de Constitution européenne rejeté par les français en 2005, l’économiste et professeur d’informatique Etienne Chouard dénonce violemment le nouveau traité de Lisbonne. Une copie conforme du texte précédent, estime-t-il

par Fran­çois VIGNAL (Libé­ra­tion)
publié le 22 octobre 2007 à 7h00

Etienne Chouard s’é­tait fait connaître en 2005 grâce à son site inter­net qui décor­ti­quait et dénon­çait la Consti­tu­tion euro­péenne. Il revient aujourd’­hui à la charge contre le nou­veau trai­té euro­péen de Lis­bonne. Pour ce pro­fes­seur d’é­co­no­mie, de droit et d’in­for­ma­tique d’un lycée du sud de la France, il s’a­git sur le fond de la même Consti­tu­tion, pour­tant reje­tée par les Fran­çais et les Hol­lan­dais. Et appelle à la com­battre. Entretien.

Le nouveau traité européen a été adopté vendredi à Lisbonne. Ce texte ressemble-t-il à la Constitution rejetée en 2005 ?

Ce n’est pas une ver­sion édul­co­rée, c’est la même ver­sion et je la com­bats vio­lem­ment. On a reti­ré trois détails sans impor­tance : le dra­peau, l’hymne, la réfé­rence à la mon­naie, le mot Consti­tu­tion, comme si le fait de reti­rer l’é­ti­quette reti­rait le dan­ger. Et puis on nous impose par voie par­le­men­taire ce qu’on vient de refu­ser par réfé­ren­dum. Pour moi, c’est un viol,  un viol poli­tique, c’est une cause de guerre civile. Et les jour­na­listes qui défendent cela sont subor­don­nés. Ils ne font pas leur bou­lot de journaliste.

Pour vous, un nouveau référendum est un minimum ?

Oui, ça me paraît évident, pour cinq rai­sons. Parce que sur le fond, tout ce qui est dan­ge­reux est là : la confu­sion des pou­voirs dans les mains de l’exé­cu­tif, avec les « pro­cé­dures légis­la­tives spé­ciales » ou les « actes non légis­la­tifs ». Le Par­le­ment ne les contrôle pas et ce sont des normes obli­ga­toires qui s’ap­pliquent à tout le monde. C’est incroyable. Et cela peut concer­ner la concur­rence, le mar­ché inté­rieur, la cir­cu­la­tion de capi­taux, des choses très impor­tantes, qui sont hors contrôle !

Deuxième point : la dépen­dance des juges euro­péens vis-à-vis de l’exé­cu­tif pour leur car­rière. Ils sont nom­més pour six ans par les gou­ver­ne­ments, et renou­ve­lables. Dans les démo­cra­ties, ça ne se fait pas comme ça. L’in­dé­pen­dance des magis­trats est l’un des fon­de­ments de la démocratie.

Troi­siè­me­ment : l’ar­ticle 104 de Maas­tricht, c’est-à-dire l’in­ter­dic­tion pour les États de créer la mon­naie. On est fou d’ac­cep­ter ça. Les États l’ont accep­té à Maas­tricht, c’est tou­jours là aujourd’­hui. Main­te­nant, ils doivent s’en­det­ter quand ils ont besoin d’argent et payer un inté­rêt aux banques. Mais on est fou ! C’est contraire à l’in­té­rêt géné­ral. La sou­ve­rai­ne­té poli­tique dépend de la sou­ve­rai­ne­té moné­taire. Si vous l’a­ban­don­nez, vous avez tout perdu.

Autre point : la révi­sion de la Consti­tu­tion. Elle se fait sans les peuples.

Et enfin, dans cette Consti­tu­tion, aucun organe n’est res­pon­sable de ses actes. A part la motion de cen­sure, qui est théo­rique, parce qu’à la majo­ri­té des 23, il n’y a pas de méca­nisme de res­pon­sa­bi­li­té. Le Conseil des ministres, le Conseil euro­péen, le Par­le­ment ne peuvent être ren­ver­sés ou dis­sous par per­sonne. La Banque cen­trale n’a de compte à rendre à per­sonne. Mais qui est res­pon­sable de ses actes là-dedans ?

L’article sur la concurrence libre et non-faussée ne figure plus dans le traité. Mais dans les annexes sur les dispositions pour le marché intérieur, il est toujours dit que la concurrence doit être non-faussée. Pensez-vous que les gouvernements veulent contourner les « non » français et hollandais ?

Ils ne les contournent pas, ils les violent. Ils ont reti­ré le mot Consti­tu­tion et la par­tie III. Mais en réa­li­té, elle est encore en œuvre. C’est le royaume de l’hy­po­cri­sie. C’est de la violence.

Pensez-vous que la chancelière allemande Angela Merkel a pris l’ascendant sur Nicolas Sarkozy ?

Non, pour moi, ils sont en col­lu­sion par­faite. Ils ont conve­nu du jeu que Sar­ko­zy allait jouer. Il a dit du mal d’eux, mais il sait très bien qu’il ne peut rien faire. Il n’a qu’une envie, c’est de pas­ser son trai­té en force, comme les autres diri­geants européens.

La contestation peut-elle monter, notamment par Internet, comme en 2005 ?

Ça dépend des jour­na­listes. En 2005, il a pu y avoir une contes­ta­tion car il y avait une pers­pec­tive, un réfé­ren­dum. Mais si les gens qui vous gou­vernent ont déci­dé de vous vio­ler, c’est-à-dire de ne plus vous deman­der votre avis, de remettre le bâillon à la vic­time, eh bien elle ne peut plus crier. On ne nous demande plus notre avis, là. Pour­quoi les gens se mobi­li­se­raient dans ce cas ? Les visites sur mon site n’ont pas aug­men­té pour le moment. Mais je compte sur les jour­na­listes pour être les sen­ti­nelles du peuple et l’alerter.

Étienne Chouard, 21 octobre 2007.
Source : « Libé­ra­tion », https://​www​.libe​ra​tion​.fr/​f​r​a​n​c​e​/​2​0​0​7​/​1​0​/​2​2​/​l​e​-​t​r​a​i​t​e​-​e​u​r​o​p​e​e​n​-​e​s​t​-​u​n​-​v​i​o​l​-​p​o​l​i​t​i​q​u​e​_​1​2​2​49/

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