[Important] Petit questionnaire rapide pour tous ceux qui ont déjà participé à un atelier constituant

19/08/2016 | 14 commentaires

[Important] Petit questionnaire rapide pour tous ceux qui ont déjà participé à un atelier constituant.

C’est pour un mémoire (à l’Université) sur le sujet des ateliers constituants et des Gentils Virus.

Merci à chacun d’y répondre le plus rapidement possible, la soutenance se faisant dans la quinzaine.

Un grand MERCI pour votre participation ! 🙂

http://webquest.fr/?m=19610_enquete-sur-les-ateliers-constituants

Fil fb correspondant à ce billet :
https://www.facebook.com/etienne.chouard/posts/10154428183262317

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Étienne

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14 Commentaires

  1. etienne

    Le gouvernement russe reconsidère sa politique néolibérale


    Paul Craig Roberts
    HudsonPar Paul Craig Roberts et Michael Hudson – Le 11 août 2016 – Source thesaker

    Selon divers rapports, le gouvernement russe est en train de reconsidérer la politique néolibérale qui a si mal servi la Russie depuis l’effondrement de l’Union soviétique.

    Si la Russie avait adopté une politique économique intelligente, son économie serait très en avance sur ce qu’elle est aujourd’hui. Elle aurait évité la majeure partie du pillage de son capital par l’Ouest en s’appuyant sur l’auto-financement.

    Washington a profité d’un gouvernement russe démoralisé, qui se tournait vers lui pour le guider dans l’ère post-soviétique. Pensant que la rivalité entre les deux pays avait pris fin avec l’effondrement soviétique, les Russes ont fait confiance aux conseils américains pour moderniser leur économie, avec les meilleures pratiques des idées occidentales. Au lieu de cela, Washington a abusé de cette confiance, et a chargé la Russie avec une politique économique visant à dépecer les actifs économiques russes et à transférer leur propriété dans des mains étrangères. En incitant la Russie à accepter des capitaux étrangers et à exposer le rouble à la spéculation monétaire, Washington a fait en sorte que les États-Unis puissent déstabiliser la Russie, par des sorties de capitaux et des attaques sur le taux de change du rouble. Seul un gouvernement peu familier avec l’objectif néoconservateur d’hégémonie mondiale des États-Unis pouvait exposer son système économique à une telle manipulation étrangère.

    Les sanctions que Washington a imposées – et contraint l’Europe à imposer – à la Russie montrent à quel point l’économie néolibérale travaille contre la Russie. Son dogme de taux d’intérêt élevés et d’austérité a coulé l’économie russe – inutilement. Le rouble a été affaibli par les sorties de capitaux, ce qui a entraîné la Banque centrale russe, soumise aux politiques néo-libérales, à dilapider les réserves de change de la Russie dans un effort pour soutenir le rouble, mais a en réalité soutenu la fuite des capitaux.

    Même Vladimir Poutine trouve attrayante la notion romantique d’une économie mondiale à laquelle chaque pays a un accès égal. Mais les problèmes résultant de la politique néo-libérale l’ont forcé à se tourner vers le remplacement des importations par des marchandises produites dans le pays, afin de rendre l’économie russe moins dépendante de l’extérieur. Poutine s’est aussi rendu compte que si la Russie devait avoir un pied dans l’ordre économique de l’Ouest, elle avait également besoin d’avoir l’autre pied dans le nouvel ordre économique en cours de construction avec la Chine, l’Inde et les anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale.

    L’économie néolibérale prescrit une politique de dépendance qui se fonde sur les prêts et les investissements étrangers. Cette politique crée de la dette en devises et transfère à l’étranger les bénéfices russes. Ce sont des vulnérabilités dangereuses pour une nation déclarée par Washington comme étant «une menace existentielle pour les États-Unis».

    Les élites économiques que Washington a mises en place en Russie sont d’idéologie néolibérale. Plus particulièrement, la dirigeante de la Banque centrale russe, Elvira Nabiullina, le ministre du Développement économique Alexei Ulyukayev, et les ministres des Finances actuels et anciens, Anton Siluanov et Alexei Kudrin, sont des néolibéraux doctrinaires. Cette foule voulait régler la question du déficit budgétaire de la Russie par la vente d’actifs publics à des étrangers. Si elle est effectivement réalisée, cette politique donnera à Washington plus de contrôle sur l’économie russe.

    Sergei Glaziev
    Sergeï Glaziev

    Face à cette bande d’«économistes de pacotille» se dresse Sergeï Glaziev avec Boris Titov et Andreï Klepach comme alliés.

    Ce trio comprend que les politiques néolibérales risquent de déstabiliser l’économie de la Russie, en la rendant vulnérable aux agressions de Washington, qui veut punir le gouvernement russe pour ne pas suivre sa politique étrangère. Leur but est de promouvoir une plus grande autonomie en Russie, afin de protéger la souveraineté de la nation et la capacité du gouvernement à agir dans le sens des intérêts nationaux, plutôt que de soumettre ces intérêts à ceux de Washington. Le modèle néolibéral n’est pas un modèle de développement, mais de prédation pure et simple. Les Américains ont décrit cela en caractérisant la Russie, et d’autres, comme des «coupeurs de bois et des porteurs d’eau»– ou, dans ce cas, pétrole, gaz, platine et diamants.

    L’autosuffisance signifie ne pas être dépendant des importations ni des capitaux étrangers pour des investissement qui pourraient être financés par la Banque centrale de Russie. Cela signifie également garder les parties stratégiques de l’économie dans les mains du public, et non du privé. Les services d’infrastructure de base devraient être fournis à l’économie au prix de revient, sur une base subventionnée ou libre, et non pas remis à des propriétaires étrangers pour en extraire une rente monopolistique. Glaziev veut aussi que la valeur de change du rouble soit fixée par la Banque centrale, et non par les spéculateurs sur le marché des devises.

    Les économistes néolibéraux ne reconnaissent pas que le développement économique d’une nation avec des dotations en ressources naturelles, telle que la Russie, peut être financé par la Banque centrale en créant l’argent nécessaire pour entreprendre les projets. Ils prétendent que ce serait inflationniste. Les néolibéraux nient le fait reconnu depuis longtemps que, en termes de quantité d’argent, cela ne fait aucune différence que les prêts proviennent de la Banque centrale, de banques privées ou même de l’étranger. La différence est que si l’argent provient de banques privées ou de l’étranger, l’intérêt doit leur être payé et les bénéfices doivent être partagés avec les investisseurs étrangers, qui se retrouvent avec un certain contrôle sur l’économie.

    Apparemment, les néolibéraux en Russie sont insensibles à la menace que Washington et ses vassaux européens représentent pour l’État russe. Sur la base de mensonges, Washington a imposé des sanctions économiques à la Russie. Cette diabolisation politique est aussi fallacieuse que la propagande économique néolibérale. Sur la base de ces mensonges, Washington a mis en place des forces militaires et des bases de missiles sur les frontières de la Russie et dans les eaux russes. Washington cherche à renverser les gouvernement des anciennes provinces russes ou soviétiques, pour y installer des régimes hostiles à la Russie, comme en Ukraine et en Géorgie. La Russie est toujours diabolisée par Washington et l’OTAN. Washington a même politisé les Jeux olympiques, en empêchant la participation de nombreux athlètes russes.

    En dépit de ces mouvements hostiles manifestes contre la Russie, les néolibéraux russes croient encore que les politiques économiques que Washington encourage en Russie sont dans l’intérêt de la Russie, et ne visent pas à prendre le contrôle de son économie. Accrocher le destin de la Russie à l’hégémonie occidentale dans ces conditions condamnerait sa souveraineté.

    Paul Craig-Roberts et Michael Hudson

    Traduit et édité par jj, relu par nadine pour le Saker Francophone

     
    Source : le Saker francophone,
    http://lesakerfrancophone.fr/le-gouvernement-russe-reconsidere-sa-politique-neoliberale

    Réponse
  2. etienne

    Oui, Obama et Clinton ont crée Daesh – dommage que Trump soit incapable d’expliquer comment. (Black Agenda Report)

    par Glen FORD

    « C’est un fait historique que le États-Unis et l’Arabie Saoudite ont créé, il y a près de quarante ans, le réseau jihadiste international à partir de laquelle Al-Qaïda et Daesh ont jailli. […] Soyons clairs sur un point : ce ne sont pas les États-Unis qui ont rejeté la secte macabre djihadiste qui est devenue Daesh ; c’est Daesh qui s’est dissocié des Etats-Unis et leurs alliés européens et royaux.

    Donald Trump a fait marche arrière – en quelque sorte – sur son affirmation que le président Obama et Hillary Clinton étaient les « fondateurs » de Daesh, ou les « joueurs les plus précieux » de l’équipe Daesh. « Évidemment, je suis sarcastique, » a dit le soi-disant avocat de l’ « Amérique avant tout » – en ajoutant aussitôt « mais pour être honnête, pas tant que ça ».

    Trump ne peut pas formuler ou saisir toute la vérité horrible contenue dans sa déclaration initiale parce que cela exigerait de prononcer un acte d’accusation beaucoup plus fondamental de la politique américaine impériale dans le monde musulman depuis la fin de 1979, lorsque Zbigniew Brzezinski a convaincu le président Jimmy Carter de lâcher les chiens djihadistes en Afghanistan. Comme indiqué dans ses mémoires From the Shadow, Brzezinski a conseillé Carter d’aider la résistance musulmane de droite contre le gouvernement laïque de gauche en Afghanistan afin de « provoquer une intervention militaire soviétique » et entraîner l’URSS dans un bourbier de type Vietnamien. Brzezinski voyait les soi-disant Moudjahidin comme des fantassins potentiels de la politique globale des Etats-Unis. « Qu’est-ce qui est le plus important pour l’histoire du monde ? Les Talibans ou la chute de l’Empire soviétique ? Quelques musulmans agités ou la libération de l’Europe centrale et la fin de la Guerre Froide ? » demanda Brzezinski, de façon rhétorique, quelques décennies plus tard.

    JPEG – 35.2 ko
    Zbigniew Brzezinski en discussion avec Oussama Ben Laden
    Ayant suivi les conseils de Brzezinski, le président Carter peut à raison être décrit comme un « père fondateur » d’Al-Qaïda, avec son camarade et autre « joueur le plus précieux », Ronald Reagan, dont la CIA en partenariat avec l’Arabie Saoudite dépensèrent des milliards pour attirer des musulmans du monde entier dans la guerre en Afghanistan. Ensemble, les États-Unis et les Saoudiens ont donné naissance au mouvement djihadiste islamique internationale – un phénomène qui n’avait jamais existé auparavant dans l’histoire du monde. Les djihadistes allaient devenir une arme essentielle dans l’arsenal impérial US, un outil horrible pour accomplir des changements de régime dans le monde musulman et qui sert également à justifier, depuis la disparition de l’épouvantail soviétique, la quête sans fin des Etats-Unis d’une domination mondiale,. […]

    (Lire la suite)

    http://www.legrandsoir.info/oui-obama-et-clinton-ont-cree-daesh-dommage-que-trump-soit-incapable-d-expliquer-comment-black-agenda-report.html

    Source : Le Grand Soir

    Réponse
  3. etienne

    Les pièges du Labyrinthe

    La grogne sociale a fait place à la douce torpeur estivale, des mouvements comme nuit debout peinent désormais à mobiliser les citoyens, découragés. Pourtant rien n’a changé, sinon en pire, la présidentielle se profile à l’horizon, les candidats affûtent leurs programmes basés sur la duperie, et le gouvernement n’a de cesse de dresser les citoyens les uns contre les autres.
    (lire la suite)
    http://www.levilainpetitcanard.be/articles/edito/les-pieges-du-labyrinthe_851125482

    Réponse
    • binnemaya

      Salut Etienne,
      Ce texte est très juste a mon avis sur toi mais sur l’UPR pas du tout:
      https://blogs.mediapart.fr/beruriervon77/blog/220611/upr-lultra-droite-souverainiste
      et sur JL Mélenchon n’ont plus qui a effectivement voté pour le traité de Maastricht mais le regrette officiellement et sur le fait qu’il ne ferait rien que faire perdurer le système pourrit actuel rien ne permet de l’affirmer.
      Son discours et ses votes(secret des affaires etc) est plutôt cohérent comme son programme de 6ème république.
      La question est le ferait-il ou jusqu’où irait-il car toutes les banques se retourneraient contre lui comme en Grèce et a cela je n’ai aucune réponse que de l’espoir…l’avenir nous le dira.
      Pour le reste je suis d’accord avec l’analyse du vilainpetitcanard.
      A+

      Réponse
    • Eve

      Bonsoir !

      Ça s’organise en catimini !

      Un temps d’arrêt mérité pour les troupes fatiguées appauvries et désarçonnées ….. les salariés ont depuis longtemps acquis l’habitude de  » croiser le fer  » avec le patronat !

      Ce n’est pas fini… nos droits, on les aura !

      http://www.humanite.fr/ce-nest-pas-fini-nos-droits-les-aura-613499

      Ils n’ont pas l’intention de lâcher un si gros morceau !

      Intéressant votre article sur les traitres en place en Russie !
      Bonne continuation

      Réponse
  4. etienne

    De l’indécence d’une illusoire neutralité (Howard Zinn, Desmond Tutu, Banksy, Sophie Scholl, etc.)

    « Rester neutre face à l’injustice, c’est choisir le camp de l’oppresseur ».

    Desmond Tutu

    « Les endroits les plus sombres de l’enfer sont réservés aux indécis qui restent neutre ».

    citation apocryphe, reprise par Dan Brown.

    « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par ceux qui les regardent sans rien faire ».

    Albert Einstein

    « Celui qui accepte passivement le mal est tout autant responsable que celui qui le commet. Celui qui voit le mal et ne proteste pas, celui-là aide à faire le mal ».

    Martin Luther King

    « Tu ne dois pas être une victime, tu ne dois pas être un oppresseur, mais avant tout, tu ne dois pas être un spectateur ».

    Yehuda Bauer

    En ces temps troublés de crises planétaires, tandis que la guerre continue de faire rage dans de nombreux endroits sur Terre, que la déforestation continue à atrophier le couvert forestier, que les diverses pollutions engendrées par la société industrielle empoisonnent l’air, l’eau et le sol dont dépend la toile du vivant, que d’innombrables oppressions érodent les communautés humaines (racisme, sexisme, diverses phobies, dépressions, burn-out, harcèlements, conflits en tous genres, etc.) et non-humaines (élevages industriels, étalement urbain, …), que les inégalités économiques augmentent, nous remarquons non sans consternation que certains individus, tout en vivant au sein de la civilisation industrielle, affirment rester neutres. Bien évidemment, et de leur point de vue, bien malheureusement, c’est non seulement faux et impossible, mais aussi relativement indécent.

    A partir du moment où un individu évolue au sein de la civilisation industrielle, qu’il en consomme les produits, qu’il bénéficie de ses technologies, du confort qu’elle offre, il participe à son fonctionnement et par-là même en cautionne les effets, les exactions, les oppressions, les pollutions et les destructions. Il serait par exemple absurde de se prétendre neutre vis-à-vis de la déforestation tout en consommant du Nutella, où n’importe quel produit qui en serait la cause. Même chose pour tous les actes de notre quotidien, tous nos achats, notre travail. Tout cela a des conséquences dans le monde réel. Que nous l’admettions ou pas. Que nous le voulions ou pas.

    Comme le rappelle Antonio Gramsci:

    Je hais les indifférents. Je crois comme Friedrich Hebbel que « vivre signifie être partisans ». Il ne peut exister seulement des hommes, des étrangers à la cité. Celui qui vit vraiment ne peut qu’être citoyen, et prendre parti. L’indifférence c’est l’aboulie, le parasitisme, la lâcheté, ce n’est pas la vie. C’est pourquoi je hais les indifférents.

    L’indifférence est le poids mort de l’histoire. C’est le boulet de plomb pour le novateur, c’est la matière inerte où se noient souvent les enthousiasmes les plus resplendissants, c’est l’étang qui entoure la vieille ville et la défend mieux que les murs les plus solides, mieux que les poitrines de ses guerriers, parce qu’elle engloutit dans ses remous limoneux les assaillants, les décime et les décourage et quelquefois les fait renoncer à l’entreprise héroïque.

    L’indifférence œuvre puissamment dans l’histoire. Elle œuvre passivement, mais elle œuvre. Elle est la fatalité; elle est ce sur quoi on ne peut pas compter; elle est ce qui bouleverse les programmes, ce qui renverse les plans les mieux établis; elle est la matière brute, rebelle à l’intelligence qu’elle étouffe. Ce qui se produit, le mal qui s’abat sur tous, le possible bien qu’un acte héroïque (de valeur universelle) peut faire naître, n’est pas tant dû à l’initiative de quelques uns qui œuvrent, qu’à l’indifférence, l’absentéisme de beaucoup. Ce qui se produit, ne se produit pas tant parce que quelques uns veulent que cela se produisent, mais parce que la masse des hommes abdique devant sa volonté, laisse faire, laisse s’accumuler les nœuds que seule l’épée pourra trancher, laisse promulguer des lois que seule la révolte fera abroger, laisse accéder au pouvoir des hommes que seule une mutinerie pourra renverser. La fatalité qui semble dominer l’histoire n’est pas autre chose justement que l’apparence illusoire de cette indifférence, de cet absentéisme. Des faits mûrissent dans l’ombre, quelques mains, qu’aucun contrôle ne surveille, tissent la toile de la vie collective, et la masse ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas. Les destins d’une époque sont manipulés selon des visions étriquées, des buts immédiats, des ambitions et des passions personnelles de petits groupes actifs, et la masse des hommes ignore, parce qu’elle ne s’en soucie pas. Mais les faits qui ont mûri débouchent sur quelque chose; mais la toile tissée dans l’ombre arrive à son accomplissement: et alors il semble que ce soit la fatalité qui emporte tous et tout sur son passage, il semble que l’histoire ne soit rien d’autre qu’un énorme phénomène naturel, une éruption, un tremblement de terre dont nous tous serions les victimes, celui qui l’a voulu et celui qui ne l’a pas voulu, celui qui savait et celui qui ne le savait pas, qui avait agi et celui qui était indifférent. Et ce dernier se met en colère, il voudrait se soustraire aux conséquences, il voudrait qu’il apparaisse clairement qu’il n’a pas voulu lui, qu’il n’est pas responsable. Certains pleurnichent pitoyablement, d’autres jurent avec obscénité, mais personne ou presque ne se demande: et si j’avais fait moi aussi mon devoir, si j’avais essayé de faire valoir ma volonté, mon conseil, serait-il arrivé ce qui est arrivé? Mais personne ou presque ne se sent coupable de son indifférence, de son scepticisme, de ne pas avoir donné ses bras et son activité à ces groupes de citoyens qui, précisément pour éviter un tel mal, combattaient, et se proposaient de procurer un tel bien.

    La plupart d’entre eux, au contraire, devant les faits accomplis, préfèrent parler d’idéaux qui s’effondrent, de programmes qui s’écroulent définitivement et autres plaisanteries du même genre. Ils recommencent ainsi à s’absenter de toute responsabilité. Non bien sûr qu’ils ne voient pas clairement les choses, et qu’ils ne soient pas quelquefois capables de présenter de très belles solutions aux problèmes les plus urgents, y compris ceux qui requièrent une vaste préparation et du temps. Mais pour être très belles, ces solutions demeurent tout aussi infécondes, et cette contribution à la vie collective n’est animée d’aucune lueur morale; il est le produit d’une curiosité intellectuelle, non d’un sens aigu d’une responsabilité historique qui veut l’activité de tous dans la vie, qui n’admet aucune forme d’agnosticisme et aucune forme d’indifférence.

    Je hais les indifférents aussi parce que leurs pleurnicheries d’éternels innocents me fatiguent. Je demande à chacun d’eux de rendre compte de la façon dont il a rempli le devoir que la vie lui a donné et lui donne chaque jour, de ce qu’il a fait et spécialement de ce qu’il n’a pas fait. Et je sens que je peux être inexorable, que je n’ai pas à gaspiller ma pitié, que je n’ai pas à partager mes larmes. Je suis partisan, je vis, je sens dans les consciences viriles de mon bord battre déjà l’activité de la cité future que mon bord est en train de construire. Et en elle la chaîne sociale ne pèse pas sur quelques uns, en elle chaque chose qui se produit n’est pas due au hasard, à la fatalité, mais elle est l’œuvre intelligente des citoyens. Il n’y a en elle personne pour rester à la fenêtre à regarder alors que quelques uns se sacrifient, disparaissent dans le sacrifice; et celui qui reste à la fenêtre, à guetter, veut profiter du peu de bien que procure l’activité de peu de gens et passe sa déception en s’en prenant à celui qui s’est sacrifié, à celui qui a disparu parce qu’il n’a pas réussi ce qu’il s’était donné pour but.

    Je suis en vie, je suis résistant. C’est pourquoi je hais ceux qui ne résistent pas, c’est pourquoi je hais les indifférents.

    A ce propos, citons également l’historien militant Howard Zinn:

    Que ce soit en tant qu’enseignant ou écrivain, je n’ai jamais été obsédé par “l’objectivité”, qui ne m’a paru ni possible ni désirable. J’ai compris assez tôt que ce qu’on nous présente comme“l’histoire” ou “l’actualité” a nécessairement été sélectionné parmi une quantité infinie d’informations, et que cette sélection reflète les priorités de celui qui l’a réalisée. Ceux qui prêchent la sainteté des faits depuis leur piédestal ne font qu’imiter le pédant des Temps difficiles de Charles Dickens, le sévère Mr Gradgrind, qui exigeait que ses élèves lui présentent« des faits, rien que des faits ». Mais j’en suis venu à penser que chaque fait présenté dissimule un jugement, celui qu’il était important de mettre ce fait-la en avant ce qui implique, par opposition, qu’on peut en laisser d’autres de côté. Et tout jugement de ce genre reflète les croyances, les valeurs de l’historien ou de l’historienne, quelles que soient ses prétentions à l’objectivité. Ce fut pour moi un grand soulagement d’arriver à la conclusion qu’il est impossible d’exclure ses jugements du récit historique, car j’avais déjà décidé de ne jamais le faire. J’avais grandi dans la pauvreté, vécu une guerre, observé l’ignominie de la haine raciale : je n’allais pas faire semblant d’être neutre. Comme je l’ai dit à mes étudiants en commençant mon cours : « On ne peut pas rester neutre dans un train en marche ». En d’autres termes, le monde avance déjà dans certaines directions dont beaucoup sont atroces. Des enfants souffrent de la faim. On livre des guerres meurtrières. Rester neutre dans une telle situation, c’est collaborer. Le mot« collaborateur » a eu une signification funeste pendant l’ère nazie, il devrait conserver ce sens. C’est pourquoi je doute que vous trouviez dans les pages qui suivent le moindre signe de« neutralité ». […]

    Il n’y a pas une seule image vraie d’une situation historique, pas une seule et unique description objective. Mais par un retournement ironique, la quête d’une objectivité imaginaire nous a conduits à adopter une forme de subjectivité particulièrement régressive, celle du passant. Des intérêts divers et antagonistes coexistent dans la société; ce qu’on appelle objectivité n’est que le déguisement d’un de ces intérêts habillé de neutralité. Mais dans un monde qui n’est pas neutre, la neutralité est fiction. Il y a des victimes, il y a des bourreaux, et il y a des passants. Dans la dynamique de notre ère où les têtes tombent régulièrement dans le panier, le « vrai »évolue en fonction du sort de notre propre tête et l’objectivité du passant est une invitation à rester passif pendant que tombent les autres têtes. Rappelons-nous le docteur Rieux dans La Peste, de Camus : « Je dis seulement qu’il y a sur cette terre des fléaux et des victimes, et qu’il faut, autant qu’il est possible, refuser d’être avec le fléau ». Ne pas agir, c’est s’unir au fléau. […]

    Je propose d’abandonner notre position habi­tuelle d’observateurs privilégiés. Tant que nous ne serons pas libérés de cette attitude que nous aimons qualifier d’objective, nous resterons psychologiquement plus proches, que nous l’admettions ou non, du bourreau que de la victime.

    Et enfin, Sophie Scholl :

    Les véritables dommages sont le fait de ces millions qui ne veulent que « survivre ». Ces braves gens qui ne demandent qu’à ce qu’on les laisse tranquilles. Ceux qui ne veulent pas que leurs petites vies soient dérangées par quoi que ce soit qui les dépasse. Ceux qui n’ont ni camp ni cause. Ceux qui ne réaliseront pas l’ampleur de leurs propres forces, par peur de se confronter à leurs propres faiblesses. Ceux qui n’aiment pas faire de vagues ni se faire des ennemis. Ceux pour qui la liberté, l’honneur, la vérité, et les principes ne sont que littérature. Ceux qui vivent petit, forment de petits couples, et meurent petit. C’est l’approche réductionniste de la vie : si vous vous faites discrets, vous la garderez sous contrôle. Si vous ne faites pas de bruit, le croque-mitaine ne vous trouvera pas. Mais c’est une illusion, parce qu’ils meurent aussi, ces gens qui enferment leurs esprits dans de minuscules bulles afin de se sentir protégés. Protégés?! Mais de quoi?! La vie tutoie toujours la mort ; les routes étroites mènent au même endroit que les larges avenues, et une petite bougie se consume tout comme une torche enflammée. Je choisis ma propre façon de brûler.

    « Se laver les mains du conflit entre les puissants et les opprimés, ce n’est pas rester neutre, mais prendre parti pour les puissants » (graffiti peint par Banksy sur un mur de Gaza, la citation est de Paulo Freire).

    Source : Le Partage, signalé par les-crises.fr :

    http://partage-le.com/2016/08/de-lindecence-dune-illusoire-neutralite-howard-zinn-desmond-tutu-banksy-sophie-scholl-etc/

    http://www.les-crises.fr/je-nallais-pas-faire-semblant-detre-neutre/

    Réponse
    • Eve

      Bonsoir Monsieur !
      M’expliquer comment on fait actuellement pour ne pas être obligée d’acheter un plein de gazole pour me rendre à mes cours , étant domiciliée
      à plus de dix kilomètres de la ville ?
      Je trouve qu’écrire et parler , c’est super , prévenir aussi , citer encore mieux , mais voyez-vous , il est un peu tard pour çà quand il ne reste que des solutions qui mènent aux leurs ! Et si réagir de la sorte apparait comme un comportement neutre , bin je suis neutre , parce que je n’ai pas d’autres choix , du moins pour l’instant !
      Bien entendu , je souhaite comme beaucoup que tout se recrée et se transforme , mais en attendant , faire avec ce qu’on a et continuer de tendre vers une autonomie complète , si possible !
      Je vous souhaite une bonne rentrée !
      ève

      Réponse
  5. etienne

    La désobéissance civile n’est pas notre problème.
    Notre problème c’est l’obéissance civile.

    Notre problème, ce sont les gens qui obéissent aux diktats imposés par les dirigeants de leurs gouvernements et qui ont donc soutenu des guerres. Des millions de personnes ont été tuées à cause de cette obéissance.

    Notre problème, c’est l’obéissance des gens quand la pauvreté, la famine, la stupidité, la guerre et la cruauté ravagent le monde.

    Notre problème, c’est que les gens soient obéissants alors que les prisons sont pleines de petits voleurs et que les plus grands bandits sont à la tête du pays.

    C’est ça notre problème.

    Howard Zinn.

    https://old.chouard.org/Europe/precieuses_pepites.pdf

    Réponse
    • Eve

      Bonjour !
      Je ne peux pas tout dire sur le net , mais vous seriez étonné de voir comment je sais bien désobéir et j’aime beaucoup !
      Bonne semaine
      ève

      Réponse
  6. etienne

    [Veinards de parisiens]
    (je trouve ces deux chercheurs passionnants)

    Rencontre entre Bernard Friot et Michel Bauwens
    Entre Peer to peer et salaire à vie,
    « Quelles convergences possibles pour un nouveau paradigme économique ? »

    lundi 26 septembre 2016 à 19h30, Lieu : Paris 20e, Bar-restaurant « Le lieu dit », 6 rue Sorbier, Métro Ménilmontant ou Gambetta

    « De la réappropriation de nos communs comme la caisse de sécurité sociale à l’autogestion de caisses de salaires et d’investissement par territoire en passant par la redéfinition du travail au sein des collectifs de production et l’absence de propriété lucrative qu’elle soit intellectuelle ou matérielle, des ponts existent entre ces 2 mondes que sont le peer to peer et le salaire à vie, et qui s’adressent souvent à des classes sociales différentes.

    Quand 2 écosystèmes révolutionnaires émanant de paradigmes de l’utopie concrète se rencontrent : quel champs des possibles? La révolution numérique et les mutations qu’elle engendre notamment en terme de modèle de production et nouveau travailleur, est-elle compatible avec le salaire à vie?

    Ce sont toutes ces questions que nous voulons aborder lors de cette rencontre.

    Nous nous appuierons pour cette séquence – qui ce veut libre et ouverte – plus particulièrement sur 2 de leurs ouvrages respectifs : émanciper le travail et sauvez le monde vers une économie post-capitaliste avec le peer-to-peer. »

    Lien : https://paris.demosphere.eu/rv/49526
    Source : https://www.facebook.com/events/1275384469161

    Réponse

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