Aurélien Bernier : « Faire ouvertement front au projet européen »

25/07/2015 | 108 commentaires

Voi­ci un texte impor­tant, d’Au­ré­lien Ber­nier, sur son blog :
http://​aber​nier​.vef​blog​.net/​3​2​.​h​t​m​l​#​F​a​i​r​e​_​o​u​v​e​r​t​e​m​e​n​t​_​f​r​o​n​t​_​a​u​_​p​r​o​j​e​t​_​e​u​r​o​p​e​e​n​e​u​r​o​p​een

Faire ouver­te­ment front au pro­jet européen

La séquence de « négo­cia­tions » entre la Grèce et l’U­nion euro­péenne s’est ache­vée de la pire façon qui soit : par la signa­ture, le 13 juillet, d’un accord ren­for­çant l’aus­té­ri­té et détrui­sant encore un peu plus la sou­ve­rai­ne­té du peuple. Un accord accep­té par le gou­ver­ne­ment de gauche radi­cale, élu jus­te­ment pour en finir avec l’aus­té­ri­té et l’hu­mi­lia­tion vécue par les Grecs depuis de longues années.

En ren­dant les armes, la majo­ri­té de Syri­za emme­née par le pre­mier ministre Alexis Tsi­pras n’a pas tota­le­ment tra­hi son pro­gramme élec­to­ral. Ce der­nier, en effet, n’a jamais évo­qué le fait de rompre avec l’U­nion euro­péenne ou de sor­tir de la zone euro. Par contre, le réfé­ren­dum du 5 juillet, qui a vu le peuple dire mas­si­ve­ment Non à un pre­mier pro­jet d’ac­cord, inter­di­sait abso­lu­ment à Alexis Tsi­pras de signer un plan aus­si proche du pro­jet reje­té dans les urnes et aus­si défa­vo­rable à la Grèce.

Le pre­mier ministre a cru que la large vic­toire du Non le 5 juillet suf­fi­rait à assou­plir la posi­tion des créan­ciers. Ce fut exac­te­ment le contraire. Mais cette erreur d’ap­pré­cia­tion n’est rien à côté de la faute poli­tique com­mise par la suite. Un réfé­ren­dum n’est pas un simple son­dage d’o­pi­nion. Il enga­geait Alexis Tsi­pras à obte­nir de meilleures condi­tions ou à refu­ser de signer. Quitte à démis­sion­ner en cas de blo­cage com­plet des négo­cia­tions, lui qui avait mis cette démis­sion sur la table huit jours plus tôt, à l’oc­ca­sion du scrutin.

En accep­tant l’ul­ti­ma­tum des créan­ciers, Syri­za envoie un mes­sage ter­rible, à savoir que la rup­ture avec l’U­nion euro­péenne serait encore pire que l’ex­trême aus­té­ri­té et la mise sous tutelle poli­tique qui figurent dans l’ac­cord. C’est une vic­toire de Mar­ga­ret That­cher à titre post­hume : il n’y aurait aucune alter­na­tive à l’eu­ro­li­bé­ra­lisme. C’est évi­dem­ment faux. Certes, il fal­lait envi­sa­ger d’autres alliances (avec la Rus­sie, la Chine…) qui n’au­raient pas été sans contre­par­ties, il fal­lait s’at­tendre à des repré­sailles de la part des diri­geants euro­péens et il fal­lait sur­tout avoir le cou­rage de natio­na­li­ser lar­ge­ment, de déva­luer, de relan­cer la pro­duc­tion et la consom­ma­tion natio­nales. Mais on ima­gine dif­fi­ci­le­ment que ce « plan B » puisse don­ner de pires résul­tats que le « plan A » qu’A­lexis Tsi­pras a signé.

Peut-être la majo­ri­té de Syri­za mise-t-elle sur un coup de billard à trois bandes pour se sous­traire, à pos­te­rio­ri, à cer­taines clauses de l’ac­cord. En atten­dant, ceux qui ont voté Non le 5 juillet ont bel et bien été tra­his. Et les consé­quences de cette faute sont pré­vi­sibles : le par­ti d’ex­trême droite Aube dorée s’est déjà posi­tion­né comme der­nier rem­part face à l’U­nion euro­péenne ; il risque fort de pro­gres­ser de façon spec­ta­cu­laire lors des pro­chains scrutins.

Les réper­cus­sions seront éga­le­ment sévères dans le reste de l’Eu­rope. Pour Pode­mos en Espagne tout d’a­bord, qui a cru bon de sou­te­nir la majo­ri­té de Syri­za après l’ac­cord du 13 juillet. Dans ces condi­tions, où la coa­li­tion de gauche annonce à l’a­vance qu’elle aus­si pré­fé­re­ra se cou­cher plu­tôt que de rompre avec Bruxelles, on voit mal pour­quoi les Espa­gnols la por­te­raient au pou­voir. Le renon­ce­ment de Syri­za se paie­ra cher aus­si en France. On ima­gine déjà Marine Le Pen ren­voyer cet échec de la gauche radi­cale grecque à la figure de Jean-Luc Mélen­chon ou de Pierre Laurent, qui auront bien du mal à trou­ver des argu­ments convain­cants pour se défendre.

Les dif­fi­cul­tés actuelles et celles qui s’an­noncent sont très lar­ge­ment dues à la myo­pie de la gauche radi­cale sur la véri­table nature de l’U­nion euro­péenne. Pen­dant dix ans, entre le Non fran­çais du 29 mai 2005 et aujourd’­hui, elle n’a ces­sé de pré­tendre, en dépit du bon sens, que les ins­ti­tu­tions com­mu­nau­taires étaient réfor­mables. L’U­nion euro­péenne pou­vait bien impo­ser le trai­té de Lis­bonne, le trai­té sur la sta­bi­li­té, la coor­di­na­tion et la gou­ver­nance (TSCG), mar­ty­ri­ser et humi­lier les pays du Sud, négo­cier avec les États-Unis le Grand mar­ché trans­at­lan­tique… les Syri­za, les Front de gauche et les Pode­mos n’en démor­daient pas : la négo­cia­tion avec Bruxelles, Franc­fort et Ber­lin per­met­trait de « chan­ger l’Eu­rope ». Et de faire de l’eu­ro un outil au ser­vice des peuples… Le plus tra­gique est de ne pas avoir per­çu que ce dis­cours, même s’il est plus viru­lent dans sa forme, n’est qu’une réplique de la pro­pa­gande sociale-démo­crate : demain, l’Eu­rope sociale ! Les pro­messes tra­hies de Fran­çois Mit­ter­rand, de Lio­nel Jos­pin puis de Fran­çois Hol­lande suf­fi­saient à dis­qua­li­fier tota­le­ment cette stra­té­gie. Mais la gauche radi­cale s’en­tê­tait. Jus­qu’à la séquence grecque de 2015 qui fait défi­ni­ti­ve­ment voler en éclat l’illu­sion de la « réforme de l’intérieur ».

Il est bien temps aujourd’­hui d’en­trou­vrir ces débats, tout en les cana­li­sant pour qu’ils ne nous emmènent pas trop loin. Clé­men­tine Autain (Ensemble) estime que l’on peut à pré­sent dou­ter du fait que l’u­nion moné­taire soit le para­dis sur Terre et que, par consé­quent, on est en droit de remettre en cause son exis­tence. Tout en pré­ci­sant aus­si­tôt que refu­ser l’eu­ro ne veut pas dire refu­ser l’U­nion euro­péenne. En Bel­gique, le trots­kiste Daniel Tanu­ro accepte enfin d’en­vi­sa­ger la sor­tie de la Grèce de la zone euro… avant d’in­di­quer que cette solu­tion n’est pas valable pour la France ou d’autres pays. Je repense alors aux écrits de mon ami et cama­rade Samir Amin, au len­de­main du 29 mai 2005 : « On ne pour­ra jamais faire évo­luer « de l’in­té­rieur » l’Eu­rope enga­gée dans la voie du libé­ra­lisme atlan­tiste, en direc­tion d’une « Europe sociale » et indé­pen­dante (des États-Unis). C’est en fai­sant front ouver­te­ment au pro­jet euro­péen tel qu’il est qu’on maxi­mi­se­ra les chances d’une construc­tion alter­na­tive authen­tique1. » Et je me dis que nous avons per­du dix ans.

J’ai défen­du de mon côté l’i­dée de « déso­béis­sance euro­péenne », en lui don­nant un conte­nu très clair : res­tau­rer la sou­ve­rai­ne­té juri­dique et moné­taire au niveau natio­nal pour mener des poli­tiques de gauche. Je consi­dé­rais qu’à par­tir du moment où un État diri­gé par la gauche radi­cale recou­vrait sa sou­ve­rai­ne­té, l’ap­par­te­nance for­melle aux ins­ti­tu­tions com­mu­nau­taires était secon­daire. Cela reste tech­ni­que­ment vrai, mais le sort qui est fait aujourd’­hui à la Grèce change la donne. Le simple fait d’être membre de l’U­nion euro­péenne est deve­nu poli­ti­que­ment into­lé­rable pour la gauche. Il ne s’a­git plus seule­ment de rompre avec l’eu­ro­li­bé­ra­lisme. Il s’a­git d’af­fir­mer que nous n’a­vons abso­lu­ment rien en com­mun, ni du point de vue des objec­tifs, ni du point de vue des valeurs, avec ces ins­ti­tu­tions conçues dans une logique de classe, pour lut­ter contre les peuples, et qui se sentent à pré­sent assez puis­santes pour ne plus faire le moindre com­pro­mis. Le seul objec­tif valable est d’en sor­tir et de les démanteler.

Auré­lien Bernier.

________
Notes :
1« Quel « pro­jet euro­péen » ? », Samir Amin, 21 juin 2005.

Source : Démon­dia­li­ser et coopé­rer.

 
Mon com­men­taire : seuls ceux qui appellent clai­re­ment à quit­ter l’UE tout de suite sont des résis­tants dignes de ce nom. Les autres, volon­tai­re­ment ou non, sont des col­la­bo­ra­teurs de l’occupant.

La capi­tu­la­tion est totale. Abjecte.
Comme celle de nos « socia­listes » et « com­mu­nistes » à nous.
« Élites » tou­jours capi­tu­lardes et cruelles quand leurs pri­vi­lèges sont contes­tés par le peuple.

Qu’on ne vienne plus me dire que la solu­tion vien­dra de l’é­lec­tion ou des « élus » :
Le faux « suf­frage uni­ver­sel » (l’é­lec­tion de maîtres consti­tuants par­mi des can­di­dats) FONDE le capi­ta­lisme, et le VERROUILLE.

 
Ne ratez pas ce livre important :

 
(Moi, après avoir lu le seul rap­pel sur l’é­pou­van­table félo­nie du chef (Robert HUE) du PC en 1997 (confir­mée chaque jour depuis par TOUS les chefs du PC fran­çais), j’au­rais plu­tôt inti­tu­lé le livre : « La gauche radi­cale et ses trahisons »…)

Pour ceux qui n’aiment pas lire, c’est cette vidéo qu’il ne faut man­quer à aucun prix :

http://​les​mu​tins​.org/​l​a​-​g​a​u​c​h​e​-​r​a​d​i​c​a​l​e​-​e​t​-​s​e​s​-​t​a​b​ous

– »’

Le fil Face­book cor­res­pon­dant à ce billet :
https://​www​.face​book​.com/​e​t​i​e​n​n​e​.​c​h​o​u​a​r​d​/​p​o​s​t​s​/​1​0​1​5​3​5​6​3​8​9​1​8​8​7​317

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Étienne

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108 Commentaires

  1. etienne

    Pauvres Grecs : après les tanks en 1941, les banks en 2015…

    Les Pan­zer des banques alle­mandes écrasent la Grèce, Washing­ton grimace
    http://​lesa​ker​fran​co​phone​.net/​l​e​s​-​p​a​n​z​e​r​-​d​e​s​-​b​a​n​q​u​e​s​-​a​l​l​e​m​a​n​d​e​s​-​e​c​r​a​s​e​n​t​-​l​a​-​g​r​e​c​e​-​w​a​s​h​i​n​g​t​o​n​-​g​r​i​m​a​ce/

    « Le payeur alle­mand de l’Europe a sou­mis la Grèce avec une cruau­té à cou­per le souffle. En 1941, l’Allemagne nazie a écra­sé la Grèce avec ses chars Pan­zer. Aujourd’hui, sans coup férir, les banques Pan­zer alle­mandes ont accom­pli la même chose, trans­for­mant le pays de fac­to en un pro­tec­to­rat alle­mand dont les actifs et la sou­ve­rai­ne­té natio­nale sont remis par dik­tat entre les mains des finan­ciers de Berlin. »
    [Lire la suite…]

    Réponse
  2. etienne
  3. claude saint-jarre

    Bon­jour. Alors, là, si je com­prends bien, le nou­veau mot d’ordre du Plan C est de quit­ter L’u­nion euro­péenne tout de suite. Pas­ser par les élections ?

    Réponse
    • etienne

      Ce n’est pas vrai­ment nou­veau : ça fait dix ans…

      🙂

      Réponse
      • claude saint-jarre

        Je voyais une dif­fé­rence entre ne pas vou­loir y entrer et vou­loir en sor­tir, sur le plan de l’ac­tion, de la stratégie.

        Réponse
        • Norton

          Exact, claude saint-jarre, mais dire que l’on veut en sor­tir implique de don­ner rai­son sur toute la ligne à l’U­PR qui ne répète cela à qui veut l’en­tendre…, que depuis 8 ans !…
          La réa­li­té de l’UE se fait jour car le sys­tème est accu­lé et ne peut plus dis­si­mu­ler qu’il est escla­va­giste et en étroite sym­biose avec la poli­tique américaine…
          Si tout le monde a le droit de rêver, tout le monde a aus­si le droit de se réveiller… Et mieux vaut tard que jamais !

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          • claude saint-jarre

            Mer­ci Nor­ton ! On en sort par l’é­cri­ture citoyenne de la Consti­tion ? Si je com­prends que la Consti­tu­tion est actuel­le­ment sus­pen­due aux States, il n’y en a aucune en réa­li­té qui eset effective.

        • Mic El

          je ne com­prend pas vrai­ment ta logique claude ?
          Quand tu dis « ne pas vou­loir y entrer » ; tu parle du Canada ?

          Réponse
          • claude saint-jarre

            Non, en 2005 les Euro­péens ne vou­laient pas y entrer, avoir une union euro­péenne, elle s’est consti­tuée par la force. Alors, main­te­nant, il y a un désir d’en sor­tir. Mais, en sor­tir, c’est dif­fé­rent, je pré­sume , d’y être entré !

    • joss

      Le 21 juillet, Jun­cker a dit :
      « les Euro­péens n’aiment pas l’Europe, qui est en mal d’explications. La construc­tion euro­péenne, née de la volon­té des peuples, est deve­nue un pro­jet d’élite, ce qui explique le fos­sé entre les opi­nions publiques et l’action européenne ».
      D’a­bord, il confond Europe et UNION DES BANKSTERS.
      Il confirme bien que c’est « un pro­jet d’é­lite », donc aristocratie.
      Mais là où il se trompe, c’est que ça en est un depuis son origine.
      Et sa volon­té des peuples dans une aris­to­cra­tie, c’est du vent.

      Réponse
  4. joss

    Le modèle de l’U­nion Euro­péenne n’est qu’une vul­gaire copie du pro­gramme de l’Al­le­magne NAZIE. Ils n’ont pas pu faire mieux. Ce que Hit­ler et ses créan­ciers avaient rêvé, nous (notre élite) l’a­vons réalisé.
    http://​www​.comite​-val​my​.org/​s​p​i​p​.​p​h​p​?​a​r​t​i​c​l​e​5​975
    Question :
    Si le CNR avait vou­lu chan­ger l’Al­le­magne Nazie de l’in­té­rieur, nous serions déjà tous Alle­mands aujourd’hui.
    Qu’ont ils fait alors à la place ? Ils ont résis­té et ren­ver­sé l’en­va­his­seur en appli­quant leur propre programme :
    http://​www​.comite​-val​my​.org/​s​p​i​p​.​p​h​p​?​a​r​t​i​c​l​e13
    C’est ce pro­gramme que l’U­nion des Banks­ters a démoli.
    Dans ce pro­gramme je retiens entre autres :
    ‑l’instauration d’une véri­table démo­cra­tie éco­no­mique et sociale, impli­quant l’éviction des grandes féo­da­li­tés éco­no­miques et finan­cières de la direc­tion de l’économie ;
    ‑une orga­ni­sa­tion ration­nelle de l’économie assu­rant la subor­di­na­tion des inté­rêts par­ti­cu­liers à l’intérêt géné­ral et affran­chie de la dic­ta­ture pro­fes­sion­nelle ins­tau­rée à l’image des Etats fascistes ;
    ‑la liber­té de la presse, son hon­neur et son indé­pen­dance à l’égard de l’Etat, des puis­sances de l’argent et des influences étrangères ;
    ‑la liber­té d’association, de réunion et de manifestation ;
    ‑l’inviolabilité du domi­cile et le secret de la correspondance ;

    Réponse
    • Norton

      joss,
      « Le modèle de l’Union Euro­péenne n’est qu’une vul­gaire copie du pro­gramme de l’Allemagne NAZIE. Ils n’ont pas pu faire mieux. Ce que Hit­ler et ses créan­ciers avaient rêvé, nous (notre élite) l’avons réalisé. »

      Wal­ter Hall­stein ne vous le ferait pas dire…

      https://m.youtube.com/watch?v=nwS0E1N1OCg

      Réponse
  5. claude saint-jarre

    La sépa­ra­tion d’un ter­ri­toire de l’u­nion e se fait elle de la plus petite par­tie à la plus grande ou par une fédé­ra­tion glo­bale euro­péenne des élé­ments pro séparaion ?

    Réponse
    • Norton

      claude saint-jarre,
      Voyez comme l’U­PR a du mal à ras­sem­bler en France,… ima­gi­nez au niveau européen !
      L’a­ve­nir reste natio­nal ou bien uto­pique et fina­le­ment servile.

      Réponse
    • Mic El

      Claude, vous par­lez comme si vous étiez maître de votre des­tin, et nous du notre !

      Réponse
      • claude saint-jarre

        À Bou­cher­ville où je demeure, il y a des trains pleins de pétrole des sables bitu­mi­neux qui passent sur des voies chan­ce­lantes, tout près de mai­sons ; sur le fleuve des pétro­liers pas­se­ront ( pro­ba­ble­ment) et s’ils en échappent nous le boi­rons ! et pour cou­ron­ner le tout, des pipe­lines en trans­portent sur le ter­ri­toire de la ville. Maître chez-nous??!! Le gou­ver­ne­ment Fédé­ral qui gère tout ça a les pou­voirs sur le trans­port en ver­tu de la constitution.

        Réponse
  6. etienne

    Pierre Laurent, la Grèce et les mensonges

    Pierre Laurent, secré­taire natio­nal du PCF, vient de don­ner le same­di 25 juillet une inter­view à Marianne[1]. Il jus­ti­fie sa posi­tion au sujet de la Grèce et son sou­tien à la capi­tu­la­tion consen­tie par Alexis Tsi­pras. C’est son droit. Mais, pour se faire, il prend un cer­tain nombre de liber­tés avec les faits. Et cela est beau­coup plus condam­nable. Cette inter­view est une excel­lente illus­tra­tion des illu­sions d’une par­tie de la « Gauche Radi­cale », illu­sions sur l’Euro et sur l’Europe, dont il semble désor­mais que le Par­ti de Gauche com­mence à se déga­ger[2].

    Un petit flo­ri­lège des cita­tions de Pierre Laurent per­met de voir qu’il entre­tient de sérieuses illu­sions, et même qu’il adopte un point de vue « euro­péiste » qui n’est pas éloi­gné de celui du Par­ti dit « socia­liste ». Mais, il faut aus­si savoir que les prises de posi­tion de Pierre Laurent sont aujourd’hui for­te­ment cri­ti­quées dans de larges frac­tions de la base comme de l’appareil du PCF. Ces prises de posi­tion reflètent bien plus les errances d’un homme et d’un groupe de direc­tion du PCF qu’une posi­tion lar­ge­ment défen­due au sein du Parti.

    Une ana­lyse ten­dan­cieuse du 13 juillet

    Tout d’abord, quand il entend jus­ti­fier la capi­tu­la­tion de Tsi­pras, Pierre Laurent dit au jour­na­liste la chose suivante :

    « Ils ont enfer­mé la Grèce et ses diri­geants dans une alter­na­tive qui était soit le Grexit — sou­hai­té par les Alle­mands de manière ouverte, Wolf­gang Schaüble, le ministre des Finances alle­mand, a plai­dé jusqu’au der­nier moment auprès des Grecs pour une sor­tie ordon­née —, soit le plan d’austérité qui a fina­le­ment été impo­sé. Le choix qu’a fait Tsi­pras est un choix qui évite la ban­que­route ban­caire de son pays, une situa­tion qui aurait été ter­rible pour les Grecs. Je crois qu’il n’avait pas d’autres alter­na­tives »[3].

    Si je suis d’accord qu’un effon­dre­ment des banques est une catas­trophe, je signale à Pierre Laurent que ce que Tsi­pras a refu­sé c’est la pro­po­si­tion de Varou­fa­kis de (1) réqui­si­tion­ner les banques et (2) de réqui­si­tion­ner la Banque de Grèce. Ce fai­sant, le gou­ver­ne­ment aurait eu accès aux réserves (sous contrôle de la BCE avant la réqui­si­tion) dépo­sées à la Banque de Grèce mais aus­si dans les banques com­mer­ciales. La réqui­si­tion est un méca­nisme qui per­met à tout gou­ver­ne­ment de la zone Euro de s’affranchir de la tutelle de la BCE. Dire, dans ces condi­tions, que le choix de Tsi­pras était entre la ban­que­route et la capi­tu­la­tion est faux. La déci­sion de Tsi­pras a été poli­tique, et non éco­no­mique. C’était un choix entre s’engager sur une voie, celle que pro­po­sait son Ministre des finances Yanis Varou­fa­kis, voie pou­vant le conduire à sor­tir de l’Euro, ou bien d’accepter l’austérité. Pré­sen­ter cela comme une déci­sion éco­no­mique est un men­songe éhon­té[4]. Les choses sont désor­mais publiques, et il est triste de voir Pierre Laurent s’enferrer dans le mensonge.

    Pierre Laurent révo­lu­tionne la science économique

    Com­men­tant un pos­sible Grexit, Pierre Laurent ajoute alors :

    « Et une sor­tie de la zone euro lais­se­rait n’importe quel pays qui la pra­ti­que­rait devant la même pres­sion des mar­chés finan­ciers, voire une pres­sion décu­plée et une déva­lua­tion natio­nale plus grave encore ».

    Il semble ici que Pierre Laurent, qui a pour­tant fait des études d’économie à Paris 1, ignore qu’il existe des moyens régle­men­taires per­met­tant à un pays de faire for­te­ment bais­ser la pres­sion exer­cée par les mar­chés finan­ciers. Cela s’appelle le contrôle des capi­taux. Non pas le « contrôle des capi­taux » impo­sé par la BCE à la Grèce, et qui abou­tit à empê­cher les entre­prises grecques de faire des opé­ra­tions sur l’étranger via les comptes Target2 (et qui s’apparente en réa­li­té à un contrôle des changes), mais les contrôles sur les mou­ve­ments de capi­taux à court terme non liés à des opé­ra­tions maté­rielles. Ces mou­ve­ments repré­sentent entre 90% et 95% des flux de capi­taux, et sont essen­tiel­le­ment des mou­ve­ments spé­cu­la­tifs. Bien enten­du, pour les mettre en œuvre, il faut recou­vrer le contrôle sur la Banque Cen­trale. Ici, soit Pierre Laurent fait la preuve de sa mécon­nais­sance des méca­nismes éco­no­miques de base, soit il les connaît, et en ce cas il ment en toute connais­sance de cause. Je laisse le lec­teur libre de son choix.

    Pierre Laurent est un grand logicien

    Pierre Laurent assène alors un argu­ment qui lui appa­raît impa­rable pour écar­ter une sor­tie de l’Euro. Cet argu­ment, le voici :

    « Il y a d’ailleurs des pays aujourd’hui qui, en dehors de la zone euro, sont éga­le­ment frap­pés par des poli­tiques d’austérité. Car la pres­sion des mar­chés s’exerce par­tout et sur tous les pays ».

    On reste sidé­ré par ce que ce para­graphe implique comme mécon­nais­sance des liens logiques qui relient plu­sieurs élé­ments. Bien sûr, il existe des pays qui ont des poli­tiques d’austérité sans appar­te­nir à l’Euro. Nul ne l’a nié. Mais, connaît-on un pays de la zone Euro qui n’applique pas une poli­tique d’austérité ? En fait, on peut mon­trer que la zone Euro induit un cadre dépres­sif pour les éco­no­mies qui y par­ti­cipent[5]. Donc, cet argu­ment ignore ce qu’en logique on appelle des condi­tions néces­saires et des condi­tions suf­fi­santes. La sor­tie de l’Euro est une condi­tion néces­saire à une rup­ture avec une poli­tique d’austérité, mais ne consti­tue nul­le­ment une condi­tion suf­fi­sante. Par contre, par sa mécon­nais­sance de la logique la plus élé­men­taire, Pierre Laurent nous montre qu’il est suf­fi­sant mais pas nécessaire.

    Pierre Laurent révo­lu­tionne la science éco­no­mique (bis)

    On revient à un argu­ment en appa­rence plus éco­no­mique avec la cita­tion sui­vante, qui se révèle, à nou­veau, tout à fait catastrophique :

    « Oui, mais aujourd’hui, la dif­fé­rence est que tous les avoirs déte­nus par les Grecs sont en euros. Et le trans­fert de ces avoirs dans une mon­naie natio­nale qui serait déva­luée par les mar­chés finan­ciers condui­rait, dans un pre­mier temps, à un affai­blis­se­ment consi­dé­rable du poten­tiel de res­sources des Grecs. Alors que pour recons­truire leur pays, ils ont besoin d’un niveau d’investissement impor­tant ».

    Notons tout d’abord que ce ne sont pas les « mar­chés finan­ciers » qui trans­fèrent les avoirs qui sont déte­nus par les grecs. C’est en réa­li­té le sys­tème ban­caire, s’il s’agit d’avoirs déte­nus en Grèce. Pierre Laurent, à l’évidence soit ne connaît pas les règles de fonc­tion­ne­ment de l’économie, soit cherche à nous mener en bateau. Ces avoirs en Euros seront auto­ma­ti­que­ment re-déno­mi­nés en Drachmes. Mais cette redé­no­mi­na­tion tou­che­ra toutes les valeurs de l’économie grecque. Donc, le poten­tiel d’investissement sur la base de l’épargne (oui, cette chose que l’on apprend en fin de pre­mière année d’économie, l’égalité entre l’épargne et l’investissement) sera inchan­gé par rap­port aux valeurs de l’économie grecque. Mais, une par­tie de ces avoirs ne sont pas déte­nus en Grèce. Donc, ils res­te­ront en Euros (ou dans une autre mon­naie, que ce soit le Dol­lar ou, peut être, le Mark alle­mand…). Si la Drachme est déva­lué, disons de 25%, cela signi­fie que ces avoirs seront rééva­lués de 33%. Donc, le poten­tiel d’investissement, sur la base des avoirs grecs déte­nus à l’étranger, sera lar­ge­ment aug­men­té. Ce qui veut dire que les grecs ayant mis leurs avoirs à l’étranger pour­raient les rapa­trier avec un effet bien plus posi­tif sur les inves­tis­se­ments que si la Drachme n’avait pas été déva­luée. Notons encore que ceci s’applique aus­si à l’ensemble des inves­tis­seurs étran­gers. En fait, une sor­tie de l’Euro et une déva­lua­tion de 25% de la Drachme consti­tuent la condi­tion pour qu’un flux d’investissement impor­tant en drachmes se recons­ti­tue en Grèce.

    Mais, il est peu pro­bable que Pierre Laurent ignore à ce point les méca­nismes de base de l’économie, ou alors il faut s’interroger sur les consé­quences délé­tères sur le cer­veau humain d’années de tra­vail au jour­nal l’Humanité. Il est bien plus pro­bable que Pierre Laurent, ici encore, mente, et qu’il mente avec l’appond d’un arra­cheur de dents.

    Quand Pierre Laurent joue au prestidigitateur

    Repre­nons le cours du rai­son­ne­ment. Pierre Laurent nous offre une magni­fique perle avec la cita­tion suivante :

    « Puisque les solu­tions appor­tées par Tsi­pras étaient tota­le­ment viables et elles res­tent pra­ti­cables dans la zone euro. Ce n’est pas la zone euro qui les empêche mais la déci­sion poli­tique prise par les diri­geants alle­mands et un cer­tain nombre d’autres diri­geants euro­péens de rendre impos­sible l’expérience poli­tique de Syri­za ».

    Ici, Pierre Laurent fait mine de croire que les diri­geants alle­mands et euro­péens ont été conduits uni­que­ment par leur haine poli­tique de Syri­za. Que ces diri­geants n’aient pas appré­cié Syri­za est cer­tain. Mais, quand bien même l’auraient-ils appré­cié, accep­ter les solu­tions pro­po­sées par Tsi­pras impli­quait, à rela­ti­ve­ment court terme, faire bas­cu­ler la zone Euro vers ce que l’on appelle une « union de trans­fert ». Or, les mon­tants néces­saires pour faire fonc­tion­ner la zone Euro sans les poli­tiques d’austérité ont été éva­lués, et on trou­ve­ra l’une de ces éva­lua­tions d’ailleurs dans ce car­net. Pour faire court, il fau­drait que l’Allemagne consacre entre 8% et 10% de son PIB tous les ans pen­dant envi­ron dix ans à ces trans­ferts. Il est clair que cela n’est pas pos­sible, sauf à vou­loir détruire l’économie alle­mande. La véri­table cause du rejet des options de Syri­za se trouve là. Affir­mer que « les solu­tions appor­tées par Tsi­pras étaient tota­le­ment viables et elles res­tent pra­ti­cables dans la zone euro » est un nou­veau men­songe. Les solu­tions pro­po­sées par Tsi­pras impli­quaient une refonte totale de la zone Euro, et cette refonte abou­tis­sait à faire peser un poids exces­sif sur l’Allemagne. Telle est la véri­té. Mais, cette véri­té gêne Pierre Laurent, qui pré­fère la faire pas­ser sous le tapis pour sau­ver l’illusion de la pos­si­bi­li­té d’une zone Euro qui ne soit pas aus­té­ri­taire. Pierre Laurent doit donc men­tir quant aux condi­tions de via­bi­li­té de la zone Euro, mais, nous l’avons vu, il n’est pas à un men­songe près.

    Le der­nier mensonge

    Il ne reste donc à Pierre Laurent qu’un argu­ment : le point God­win ou la réduc­tion du dilemme grec à un affron­te­ment avec le Front Natio­nal. Il suf­fit de regar­der le para­graphe sui­vant pour s’en convaincre :

    « Il y a aujourd’hui trois options en débat. L’option d’une Europe de l’ordre libé­rale, celle qui existe aujourd’hui. Il y a l’option d’une des­truc­tion de l’Europe et d’un retour à la com­pé­ti­tion, voire au choc des nations dans la crise que tra­verse l’Europe, c’est l’option du Front natio­nal et des forces qui l’appuient. Et il y a l’option qui est la nôtre, celle de Tsi­pras, la mienne, celle que nous défen­dons, qui est l’option de la recons­truc­tion d’une Europe de coopé­ra­tion, de soli­da­ri­té, d’une Europe de sou­ve­rai­ne­té qui doit lais­ser plus de place aux pou­voirs de chaque nation de négo­cier démo­cra­ti­que­ment son inser­tion dans cette Europe de soli­da­ri­té. Nous par­lons d’une Europe à géo­mé­trie choi­sie… ».

    Pas­sons sur le fait que pro­cla­mer que l’on vivrait mieux dans le monde des bisou­nours, la troi­sième option, na jamais fait avan­cer le débat. Mais, une sor­tie de la Grèce de l’Euro, et à terme, une dis­so­lu­tion de l’Euro, entrai­ne­raient-ils ce cata­clysme que pré­voit Pierre Laurent ? En fait, de nom­breux éco­no­mistes sou­tiennent aujourd’hui qu’une sor­tie de l’Euro était pré­fé­rable, cer­tains conser­va­teurs comme Hen­kel[6], d’autres pro­gres­sistes comme Kevin O’Rourke[7] ou Ste­fa­no Fas­si­na[8], ancien ministre du PD en Ita­lie, et par­mi eux des assis­tants de Varou­fa­kis[9]. C’est donc un nou­veau men­songe de Pierre Laurent que de pré­tendre que l’option d’une sor­tie de l’Euro serait le fait du seul Front Natio­nal. Un men­songe de plus dira-t-on. Espé­rons, en tous les cas, qu’il soit le dernier.

    [1] Pierre Laurent : “Une sor­tie de la zone euro n’empêche pas la pres­sion des mar­chés”, entre­tien avec Bru­no Rieth, Marianne, 25 juillet 2015, http://​www​.marianne​.net/​p​i​e​r​r​e​-​l​a​u​r​e​n​t​-​s​o​r​t​i​e​-​z​o​n​e​-​e​u​r​o​-​n​-​e​m​p​e​c​h​e​-​p​a​s​-​p​r​e​s​s​i​o​n​-​m​a​r​c​h​e​s​-​1​0​0​2​3​5​6​3​7​.​h​tml

    [2] Voir le blog de Guillaume Etie­vant, res­pon­sable éco­no­mique du PG, le 24 juillet 2015,http://​guillau​mee​tie​vant​.com/​2​0​1​5​/​0​7​/​2​4​/​s​o​y​o​n​s​-​p​r​e​t​s​-​a​-​s​o​r​t​i​r​-​d​e​-​l​e​u​ro/

    [3] Pierre Laurent : “Une sor­tie de la zone euro n’empêche pas la pres­sion des mar­chés”, op.cit..

    [4] Je ren­voie à l’article de Jamie Gal­braith, qui a tra­vaillé avec Varou­fa­kis publié dans Harper’s,http://​har​pers​.org/​b​l​o​g​/​2​0​1​5​/​0​7​/​g​r​e​e​c​e​-​e​u​r​o​p​e​-​a​n​d​-​t​h​e​-​u​n​i​t​e​d​-​s​t​a​t​es/ ain­si qu’aux expli­ca­tions don­nées par Yan­nis Varou­fa­kis lui-même sur son blog : http://​yanis​va​rou​fa​kis​.eu/​2​0​1​5​/​0​7​/​1​4​/​o​n​-​t​h​e​-​e​u​r​o​-​s​u​m​m​i​t​s​-​s​t​a​t​e​m​e​n​t​-​o​n​-​g​r​e​e​c​e​-​f​i​r​s​t​-​t​h​o​u​g​h​ts/

    [5] Voir Bibow, J., et A. Ter­zi (eds.), Euro­land and the World Economy—Global Player or Glo­bal Drag ? Londres, Pal­grave, 2007.

    [6] http://​www​.conser​va​ti​ve​home​.com/​p​l​a​t​f​o​r​m​/​2​0​1​5​/​0​7​/​h​a​n​s​-​o​l​a​f​-​h​e​n​k​e​l​-​m​e​p​-​g​r​e​e​c​e​-​m​u​s​t​-​l​e​a​v​e​-​t​h​e​-​e​u​r​o​z​o​n​e​-​f​o​r​-​t​h​e​-​g​o​o​d​-​o​f​-​u​s​-​a​l​l​.​h​tml

    [7] http://​www​.socia​leu​rope​.eu/​2​0​1​5​/​0​7​/​m​o​v​i​n​g​-​o​n​-​f​r​o​m​-​t​h​e​-​e​u​ro/

    [8] http://​www​.ste​fa​no​fas​si​na​.it/​l​a​v​o​r​o​e​l​i​b​e​r​t​a​/​2​0​1​5​/​0​7​/​1​9​/​s​o​n​o​-​d​a​c​c​o​r​d​o​-​c​o​n​-​s​c​h​o​u​b​l​e​-​u​n​a​-​g​r​e​x​i​t​-​a​s​s​i​s​t​i​t​a​-​u​n​i​c​a​-​s​o​l​u​z​i​o​ne/

    [9] Mune­var D., « Why I’ve Chan­ged My Mind About Grexit », inSocia­lEu­rope, 23 juillet 2015,http://​www​.socia​leu​rope​.eu/​2​0​1​5​/​0​7​/​w​h​y​-​i​v​e​-​c​h​a​n​g​e​d​-​m​y​-​m​i​n​d​-​a​b​o​u​t​-​g​r​e​x​it/

    Source : https://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​144

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    • Norton

      https://​his​toi​reet​so​ciete​.word​press​.com/​2​0​1​5​/​0​7​/​2​6​/​l​e​-​c​h​a​n​g​e​m​e​n​t​-​d​e​-​r​e​g​i​m​e​-​e​n​-​r​u​s​s​i​e​-​n​e​o​c​o​n​s​-​d​e​t​r​o​m​p​e​z​-​v​o​u​s​-​p​a​r​-​n​e​i​l​-​c​l​a​r​k​/​#​c​o​m​m​e​nts

      Com­men­taire :

      Nor­ton
      juillet 26, 2015 at 1:42
      Du bon usage du communisme…(je plaisante…)

      « Ce n’est pas seule­ment les popu­la­ri­té de m. Pou­tine qui consti­tue la pierre d’achoppement selon les neo­cons pour le « chan­ge­ment de régime ». Le prin­ci­pal par­ti d’opposition à Pou­tine et à son par­ti Rus­sie unie, n’est pas les Pro-OTAN, pro-Israël « libé­raux », mais le par­ti com­mu­niste, qui est le par­ti le plus popu­laire dans le pays…»

      Où l’on mesure l’ampleur des dégâts cau­sés par la tra­hi­son des élites com­mu­nistes françaises…
      Le PCF, le vrai, est demeu­ré jusqu’en 81 la com­po­sante essen­tielle de la bar­rière anti-impé­ria­liste car les USA ne pou­vaient prendre appuis sur lui pour colo­ni­ser la France et ren­ver­ser de Gaulle…
      L’action d’un vrai PCF dans l’opposition ne se mesure donc pas seule­ment au tra­vers des luttes syn­di­cales et du com­bat social en géné­ral mais éga­le­ment à son effet répul­sif contre la dic­ta­ture finan­cière concoc­tée outre-Manche et outre-Atlantique…

      Triple tra­hi­son, donc, de la part des élites com­mu­nistes, puisqu’en tra­his­sant le com­mu­nisme et les adhé­rents du PCF, ils ont tra­his la France pour quelques miettes de pou­voir, en aban­don­nant le poste de garde que le gaul­lisme avait su si intel­li­gem­ment leur confier…

      La France est peut-être de droite, mais depuis au moins le Conseil Natio­nal de la Résis­tance, une chose est cer­taine, c’est que la force et l’action du PCF ont lar­ge­ment contri­bué à la pré­ser­va­tion de sa sou­ve­rai­ne­té et ce, jusqu’à la grande tra­hi­son mitterandienne…

      Mit­te­rand n’était ni le « der­nier des grands pré­si­dents », ni le pre­mier des petits…
      Son intel­lec­tua­lisme lui a per­mis de dis­si­mu­ler son vrai visage, mais n’a pu cacher à tous qu’il n’avait d’Auguste que le masque…

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      • Mic El

        « Triple tra­hi­son, donc, de la part des élites communistes, »
        on peu rajou­ter dans la fou­lée que cette tra­hi­son est aus­si cer­tai­ne­ment res­pon­sable de la pro­gres­sion de l’ex­trême droite…

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  7. etienne

    Pierre Laurent est le digne suc­ces­seur de Robert Hue, dont l’i­gnoble et catas­tro­phique tra­hi­son des mili­tants en 1997 est très uti­le­ment rap­pe­lée et sou­li­gnée par Auré­lien Ber­nier dans la vidéo et le livre signa­lés ci-dessus. 

    Le PC n’est même plus l’ombre de lui-même ; à cause de ses chefs. 

    C’est le pro­blème de toutes les orga­ni­sa­tions hié­rar­chiques : il suf­fit de cor­rompre la tête pour para­ly­ser tout le groupe. 

    Le par­ti des ouvriers est com­plè­te­ment dévoyé par une bande de fri­pouilles qui ne pensent qu’à leurs places et à leurs pri­vi­lèges d’ « élus ». 

    Pauvres ouvriers.

    Et pauvres de nous tous.

    Réponse
    • joss

      Les par­tis poli­tiques sont comme des trains.
      On monte dans un qui était sen­sé nous mené à Paris et il nous débarque à Lyon. Une fois qu’on est dans le train, on y croit jus­qu’à la fin. Ils nous donnent un tas de jus­ti­fi­ca­tifs : il faut vivre avec son temps, il faut s’a­dap­ter au chan­ge­ment, c’est la mon­dia­li­sa­tion, il n’y a pas d’autre alternative,…
      Ce qui compte pour eux, c’est que l’on monte dans leur train, qu’on y croit, qu’on joue le jeu des élections.
      Puis, il y en a qui croit qu’en mon­tant dans le train, ils vont pou­voir chan­ger la des­ti­na­tion, en négo­ciant… Le train pour Ausch­witz arrive à Auschwitz.

      Réponse
    • Norton

      Pas seule­ment à cause de ses chefs, Étienne… Les syn­di­cats étaient la boîte à idées du PCF et leurs diri­geants ne valent pas plus cher…

      Le PCF, inca­pable de la moindre auto­cri­tique, c’est figé comme un mort… Il pour­rit à la fois de sa tête et de sa base syn­di­cale qui ont en com­mun de pèter toutes deux dans la soie bruxelloise…

      Pen­dant qu’ils choi­sis­saient le mobi­lier de leur bureaux flam­bant-neufs, la cour­roie de trans­mis­sion c’est com­plè­te­ment arrêtée…
      Qu’au­raient t’ils bien pu se trans­mettre, sinon les adresses de leur fournisseurs…?

      On leur laisse com­bien de temps avant de les trai­ter de collabos ?

      Pen­dant qu’on enterre nos pay­sans, morts sale­ment de can­cers étranges, pay­sans-chi­mistes, chi­mistes-pay­sans qui s’i­gnorent, pra­ti­quant l’a­gri­cul­ture de l’UE, avec des pro­duits estam­pillés « CEE », pro­té­gés par des sca­phandres estam­pillés « CEE », dans des cabines de trac­teurs fil­trantes estam­pillées « CEE »…, pen­dant qu’on crève au tra­vail à la cam­pagne, donc, ces mes­sieurs choi­sissent leur mobilier…!

      Pour­tant le sénat avait bel et bien réuni une com­mis­sion sur le sujet, avec des spé­cia­listes qui n’ont pas caché que la dan­ge­ro­si­té des pro­duits était lar­ge­ment sous esti­mée et qu’en consé­quence, le maté­riel de pro­tec­tion répon­dait à des normes insuffisantes.

      N’y a t’il pas un séna­teur de Paris qui s’ap­pelle Laurent ?…, Pierre Laurent…, com­mu­niste à la ville,…propre sur lui…, grand défen­seur des jour­na­listes et de la presse,…sa prin­ci­pale acti­vi­té au sénat…?

      Mais on ne l’en­tend jamais défendre les ouvriers et les employés…,alors les paysans…!

      Il va fal­loir faire sans le PCF, cette fois-ci,… Mos­cou n’en­voie plus d’ordres…, c’est Bruxelles qui leur jette des cacahuètes…
      Ça change pas mal de choses…

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  8. etienne

    La haute tra­hi­son de Robert Hue (puis de ses suc­ces­seurs) est expli­quée ici à par­tir de la minute 9’05 : 

    Réponse
  9. Elisabetha

    Oui l’af­faire grecque révèle bien le carac­tère de trai­trise de la « gauche dite radi­cale » qui ne l’est que de façade et ce depuis le début : le PG ou FdG sont aus­si des Syri­za et Pode­mos, des futurs traitres, dans l’âme, à la cause de ceux qui l’ai­de­ront à être élus ou au pou­voir si tou­te­fois, ils y arrivent.https://​www​.wsws​.org/​f​r​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​2​0​1​5​/​m​a​r​2​0​1​5​/​n​p​a​f​-​m​0​5​.​s​h​tml.

    .Bien que WSWS avait pré­vu d’a­vance ce qu’il en était de cette pseu­do-gauche concoc­tée par l’é­lite pour la mener droit dans le mur ou dans la gueule du loup : https://​www​.wsws​.org/​f​r​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​2​0​1​5​/​j​u​l​2​0​1​5​/​p​e​r​s​-​j​2​5​.​s​h​tml En effet depuis le début ce jour­nal de gauche d’o­bé­dience pour­tant trots­kiste, dénonce les Varou­fa­kis et autres Tsi­pra ou Pode­mos comme autant de leurres adou­bés par le FMI ou le Broo­king Ins­ti­tute Usa et l’U­nion Euro­péenne : https://​www​.wsws​.org/​f​r​/​a​r​t​i​c​l​e​s​/​2​0​1​3​/​f​e​v​2​0​1​3​/​t​s​i​p​-​f​0​2​.​s​h​tml.

    Et le FdG/PG avec Mélen­chon a sa tête ne fera pas mieux sur­tout quand on lit qu’il approuve les faits et fait pas­ser pour une vic­toire ce qui est une défaite pro­gram­mée : une vraie tra­hi­son, il est temps de dénon­cer ces Mélen­chon, et autres Coque­rel, Mar­tine Billard, qui sont prêts à vendre le peuple et ceux qui les élisent au pro­fit de l’UE et les banques…Surtout quand ils dési­rent res­ter dans l’UE et pré­tendent « refor­mer de l’in­té­rieur » un vaste blague . a part une révolte popu­laire géné­rale je ne vois pas d’autre façon d’y arri­ver. Hélas

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  10. SERGE trottier

    CLAUDE tu es res­pon­sable je t’ac­cuse de m’ins­truire par la plus belle ency­clo­pé­die actuel­le­ment avec un prix conjoint ( nobel et trot­tier ) à ÉTIENNE chouard.
    Pour gagner de l’argent, il faut bien le prendre à quelqu’un…
    Mar­cel Pagnol (1895−1974)
    Vrai jus­qu’en 1912, ensuite les faux mon­nayeurs impriment l’argent pour eux (supers riches-banks­ters) les esclaves-pauvres eux n’ont pas cet argent ils doivent tra­vailler au lieu de pen­ser quoi faire pour chan­ger les règles du jeu. Bonne nou­velle aujourd’­hui il y un groupe avec comme men­tor ÉTIENNE chouard qui en toute humi­li­té la solu­tion se trouve dans la cause des causes. Il s’a­git de se ser­vir de notre intel­li­gence col­lec­tive d’en faire un déno­mi­na­teur com­mun, c’est tel­le­ment simple que j’ai peur que pour la masse ce soit trop com­pli­qué. ♥ allez à http://​www​.acrq​.org Tout sim­ple­ment pour arrê­ter de nous faire voler par les per­sonnes que nous met­tons en place pour nous voler, il nous faut être des mil­lions. mer­ci de me lire. serge1trottier@gmail.com

    Réponse
  11. claude saint-jarre

    Hors-pro­pos : retour à Dale Scott : j’ai bien com­pris que selon lui les États-Unis sont actuel­le­ment en état de sus­pen­sion de la Consti­tu­tion. Vrai ?

    Réponse
  12. binnemaya

    Bon­soir à tous,
    Je suis peut-être naïf mais j’es­père tou­jours que tsi­pras a un plan B.
    Actuel­le­ment je me dis qu’il y tra­vaille car vu que les condi­tions qu’il a accep­té sont tota­le­ment inte­nables et donc explo­sives a très court terme.
    Peut-être qu’il attend d’a­voir une nou­velle ligne de cré­dit de la BCE pour redon­ner la sou­ve­rai­ne­té moné­taire et poli­tique a son pays en les envoyant pro­me­ner sur la dette ? De toute façon on va le savoir très bien­tôt car le plan de sou­mis­sion de la grèce ne tien­dra pas six mois.
    Sinon le plan B de Varou­fa­kis n’é­tait pas si bête
    http://​www​.huf​fing​ton​post​.fr/​2​0​1​5​/​0​7​/​2​6​/​c​r​i​s​e​-​d​e​-​l​a​-​d​e​t​t​e​-​p​l​a​n​-​b​-​f​o​u​-​y​a​n​i​s​-​v​a​r​o​u​f​a​k​i​s​-​s​e​c​r​e​t​-​s​a​u​v​e​r​-​g​r​e​c​e​_​n​_​7​8​7​5​3​8​6​.​h​tml
    D’une manière géné­rale il fau­dra s’at­tendre au même style de blo­cage ban­caire de la part de la BCE si nous fran­çais ou autres essayons un jour de reprendre le pou­voir alors il vaut mieux com­men­cer a y réflé­chir dés main­te­nant pour ne pas se retrou­ver dans la même situa­tion que les grecques.

    Réponse
    • Ana Sailland

      Pos­sible.

      Réponse
  13. Sam

    J’ai pris « quelques » heures pour com­po­ser le texte qui suit, et que j’ai pos­té sur le blog de Jacques Sapir (c’est une pre­mière que je m’au­to­ri­sais…), en réponse au texte signa­lé plus haut par Étienne « Pierre Laurent, la Grèce et les men­songes ». On y trou­ve­ra quelques élé­ments qui résonnent avec ce débat (notam­ment avec le mes­sage qu’É­li­sa­be­tha apos­té hier après-midi). 

    —–

    « illu­sions sur l’Euro et sur l’Europe, dont il semble désor­mais que le Par­ti de Gauche com­mence à se déga­ger [2] »

    [2] http://​guillau​mee​tie​vant​.com/​2​0​1​5​/​0​7​/​2​4​/​s​o​y​o​n​s​-​p​r​e​t​s​-​a​-​s​o​r​t​i​r​-​d​e​-​l​e​u​ro/

    Bon­soir Jacques,

    une fois n’est pas cou­tume, je ne sou­tiens pas cette part[ie] d’a­na­lyse de votre part – du moins cette impres­sion opti­miste, par­ta­gée comme par paren­thèse, qui aura pu vous ani­mer dans un moment de fai­blesse bien com­pré­hen­sible (cha­cun a besoin de se lais­ser quelques temps d’es­poir…). Et comme il va sans dire que cette ques­tion par­ti­cu­lière a une assez grande impor­tance dans le débat « euro­péen », je sors de ma petite retraite tem­po­raire de la vie poli­tique (et je res­sors un peu mes dos­siers) pour vous faire cette réponse.

    Ayant eu l’hon­neur, il y a quelques années, d’être affu­blé quelques mois du titre pom­peux de secré­taire natio­nal aux affaires euro­péennes et moné­taires (1) d’un mou­ve­ment qui s’é­ver­tua à être le com­pa­gnon de route du Front de Gauche, j’ai eu, à l’é­poque, à consa­crer une atten­tion par­ti­cu­lière aux décla­ra­tions et autres écrits du Par­ti de Gauche – ce mou­ve­ment poli­tique auquel j’ai appar­te­nu aspi­rait encore, à cette époque, à inté­grer le Front de gauche, dont les diri­geants l’ont écar­té du fait qu’il appe­lait à sor­tir de l’eu­ro et de l’UE et n’en­ten­dait évi­dem­ment pas négo­cier ce point (il n’est pas inutile de pré­ci­ser encore que les­dits diri­geants n’ont four­ni à leurs mili­tants que des expli­ca­tions fal­la­cieuses au sujet de cette alliance jamais opé­rée, illus­tra­tion par­mi d’autres du fait que l’op­tion de la sor­tie « sèche » de l’eu­ro (a for­tio­ri, de l’UE) était tout bon­ne­ment pri­vée de voix au cha­pitre au FdG, ce qui, je le crains fort, reste le cas).

    I) Même si je pré­fé­re­rais fran­che­ment évi­ter de bra­quer d’emblée cer­tains lec­teurs mili­tants, il me paraît essen­tiel de com­men­cer par cette mise au point. Jacques Géné­reux (pré­dé­ces­seur de Guillaume Étie­vant au titre de secré­taire natio­nal offi­ciel­le­ment en charge au PG), dans son petit mani­feste « Nous, on peut ! » (p 58), a fait un aveu à peine croyable pour un citoyen qui comp­te­rait sur la bonne foi de ses élus : « la Gauche » du temps de Maas­tricht a accep­té de sou­te­nir la créa­tion de l’eu­ro… dont elle savait per­ti­nem­ment qu’il serait inte­nable. Pour­quoi ? Il allait en faire baver les peuples, les tra­vailleurs, les entre­pre­neurs, mais… jus­te­ment (!!!) : cela les for­ce­rait donc à se rebel­ler et, donc, à devoir s’u­nir (mal­gré tous les obs­tacles qu’on ima­gine, et avec les­quels « la rue », « les luttes », après tout, n’au­raient qu’à se débrouiller elles-mêmes)… pour « chan­ger l’Eu­rope » (pos­tu­lat non dis­cu­té, qui exclut bien sûr celui d’un déman­tè­le­ment de la mon­naie unique), ce pro­ces­sus (inhu­main) abou­tis­sant dans les faits à la for­ma­tion du peuple euro­péen… (ce qui était évi­dem­ment le but de cette stra­té­gie cynique, autant que la condi­tion du fédé­ra­lisme). Je prie le lec­teur, au besoin, de relire trois fois ce para­graphe, sur­tout s’il avait déjà com­pris la manoeuvre, au point de ne plus s’en émerveiller.

    Natu­rel­le­ment, « on » n’a pas pré­sen­té les choses ain­si aux élec­teurs, ni à l’im­mense majo­ri­té des mili­tants. Et à l’é­vi­dence, ce n’est tou­jours pas le cas (à l’ex­cep­tion rare de pro­pos de ce genre, qu’il faut encore savoir un peu décryp­ter, ou dont il faut sim­ple­ment réap­prendre à s’é­mer­veiller). J’a­joute, en pas­sant, qu’au regard de la « curieuse » logique décryp­tée au para­graphe pré­cé­dent, il fau­drait re-consi­dé­rer jus­qu’aux impli­cites de votre ques­tion sur les « illu­sions » en ques­tion… Quoi qu’il en soit, l’une des seules ques­tions qui se pose au pré­sent, à ce sujet, est de savoir si la direc­tion du PG (pour ne par­ler que de ce cas) a réel­le­ment aban­don­né cette abo­mi­nable stra­té­gie. A cette ques­tion, je consi­dère mal­heu­reu­se­ment que la réponse reste négative.

    II) Une seconde mise au point me paraît tout aus­si indis­pen­sable, qui concerne le pro­blème fon­da­men­tal de « l’u­nion de trans­ferts » – vous avez été (c’est un drame) l’un des rares, à ce jour, à dai­gner expli­quer assez cor­rec­te­ment cette ques­tion au menu peuple – mais sur­tout, ses condi­tions de viabilité. 

    1) Il doit être bien clair (ce qui est très rare­ment dit et encore plus rare­ment expli­qué) qu’un tel méca­nisme, pour être à la hau­teur des mon­tants concer­nés et pour être durable (non remis en cause à la pre­mière occa­sion), implique néces­sai­re­ment le véri­table fédé­ra­lisme, qui sup­pose pré­ci­sé­ment que la loi fon­da­men­tale et les ins­tru­ments juri­diques déri­vés qui déter­mi­ne­raient notam­ment – et ren­draient auto­ma­tiques – les com­pen­sa­tions finan­cières entre « État membres » (label irré­mé­dia­ble­ment confé­dé­ral) soient éta­blies par des ins­ti­tu­tions (légi­times) qui ne seraient plus aucu­ne­ment diri­gées par des repré­sen­tants des « État membres », mais qui consti­tue­raient un « arbitre » situé « au-delà et au-des­sus » de ces der­niers. (2) En somme, que les exé­cu­tifs natio­naux rentrent chez eux (même la chambre haute fédé­rale ne sau­rait être com­po­sée de gens exer­çant simul­ta­né­ment la fonc­tion de dépu­tés natio­naux, du moins à moyen terme). Sur ce point car­di­nal, il paraît évident : d’une part, que l’UE demeure aux anti­podes du sché­ma ins­ti­tu­tion­nel néces­saire à la via­bi­li­té d’une union moné­taire ; d’autre part, que tous les euro­péistes (plu­tôt que de les qua­li­fier de natio­na­listes « euro­péens » je pré­fère, pour cette même rai­son, par­ler de sup­pôts de l’im­pé­ria­lisme) se bercent d’illu­sions (la folle et meur­trière stra­té­gie sus­dite consti­tuant en quelque sorte la « défense psy­cho­lo­gique » la moins coû­teuse face à ce problème).

    2) Avant que l’on me reproche de vou­loir tout, tout de suite, je tiens à sou­li­gner que, si le ver­dict du para­graphe pré­cé­dent semble décou­ler d’une ana­lyse déses­pé­ram­ment sta­tique, celle-ci n’a mal­heu­reu­se­ment pas d’é­chap­pa­toire tri­vial à trou­ver dans la dyna­mique. Ou plu­tôt, il y a que tout reste à inven­ter, à ima­gi­ner. Quand bien même toute une classe poli­tique et toute une intel­li­gent­sia, ou presque, se réfu­gient dans la fuite en avant déses­pé­rée ; quand bien même on peut tout à fait conce­voir, dans une logique tech­no­cra­tique ô com­bien avan­cée, qu’un appa­reil d’É­tat tout entier se sui­cide pour pas­ser la main à « l’Eu­rope » (pour­vu qu’il reste en vie tout en débar­ras­sant son per­son­nel des res­pon­sa­bi­li­tés poli­tiques) ; quand bien même, allons‑y gaie­ment, on peut ima­gi­ner que les défis de la diver­si­té des langues et de l’or­ga­ni­sa­tion pan-euro­péenne des « luttes sociales » trouvent (à moyen terme) des solu­tions géniales à coups de tech­no­lo­gie et de cyber­né­tique ; quand bien même, encore, cette popu­la­tion qui se fait à tout accep­te­rait (à moyen terme), pour les besoins de l’u­nion moné­taire, d’al­ler bou­cher les trous du « mar­ché du tra­vail » non plus à 500 bornes de chez elle mais, assez dura­ble­ment, aux confins du conti­nent (ça com­mence fran­che­ment à faire beau­coup pour consti­tuer un peuple), il y a que les classes diri­geantes, d’i­ci ou d’ailleurs, n’ont elles-mêmes aucun inté­rêt égoïste à trou­ver dans la re-consti­tu­tion d’un sys­tème dont elles ont si bien pro­fi­té de la désa­gré­ga­tion au plan natio­nal : un régime par­le­men­taire un tant soit peu digne de ce nom… Ou l’on devrait finir par com­prendre que le « pos­tu­ra­lisme » (F. Lor­don) des tenants de l’in­ter­na­tio­na­lisme mal com­pris (F. Lor­don encore [par la néga­tive]) à de quoi s’en­li­ser long­temps… sauf à ce que l’é­preuve des faits en vienne à tor­tu­rer autre chose que les gueux sans-voix qu’ils pré­tendent défendre – je peine à m’in­ter­dire ici de com­men­ter l’af­freux révi­sion­nisme que le chef du mou­ve­ment pour la 6e Répu­blique ver­sion PG, para­chu­té poli­ti­card pro­fes­sion­nel (rien que son CV en ligne laisse son­geur), en croyant convo­quer Marx, a déve­lop­pé dans un texte qu’il a com­po­sé en oppo­si­tion fré­né­tique au tirage au sort (sa seule qua­li­té est de pré­sen­ter le plus naï­ve­ment qui soit ce à quoi en est arri­vé le socia­lisme institutionnel).

    Je sou­hai­te­rais ici ouvrir une paren­thèse, en par­ti­cu­lier à l’a­dresse des éco­no­mistes de pro­fes­sion (ou de for­ma­tion). La théo­rie (lar­ge­ment admise, semble-t-il) de la « zone moné­taire opti­male » me semble recou­rir à plu­sieurs concepts dan­ge­reu­se­ment mal ou mal for­mu­lés, et en défi­ni­tive elle me paraît très pro­blé­ma­tique dans son ensemble, du moins dans l’u­sage qu’on ne peut man­quer d’en faire (Mun­del lui-même n’a-t-il pas sou­te­nu la créa­tion de l’eu­ro ?). En un mot, d’a­bord, elle est sup­po­sée éta­blir les condi­tions de via­bi­li­té d’une union moné­taire, alors que nous savons, y com­pris par l’ex­pé­rience, que toutes les ten­ta­tives d’u­nion moné­taire finissent par échouer… Autre­ment dit, alors qu’une mon­naie unique ne fonc­tionne pas (sauf, jus­te­ment, dans un cadre natio­nal, dans lequel l’emploi de ce terme n’a plus guère de sens, la men­tion de l’u­ni­ci­té rele­vant de la tau­to­lo­gie). Ensuite, la notion d’ « accord poli­tique entre les États-membres » est émi­nem­ment trom­peuse : comme je l’ai dit plus haut, c’est un oxy­more (une contra­dic­tion dans les termes), pour la bonne rai­son que la condi­tion même de la sou­te­na­bi­li­té de cet accord fon­da­men­tal (et de la via­bi­li­té de l’u­nion moné­taire) est que les­dits « État-membres » ne doivent pas, eux-mêmes, être en posi­tion de le remettre en cause, ce qui fait d’eux de simples États fédé­rés dans un sys­tème fédé­ral au sens strict (pour qui admet les points 1) et 2) ci-des­sus, la confé­dé­ra­tion n’est pas seule­ment un mode dis­tinct de la fédé­ra­tion, ces deux modes sont aus­si et sur­tout anta­go­nistes). Du reste, cette notion même de « zone moné­taire opti­male » forme un dan­ge­reux euphé­misme : en réa­li­té, elle devrait signi­fier rien moins que les condi­tions de via­bi­li­té de l’u­nion moné­taire, sauf à sup­po­ser que la dyna­mique du pro­ces­sus ins­ti­tu­tion­nel puisse débou­cher sur le fédé­ra­lisme (retour à la dyna­mique déses­pé­rée dont je par­lais à l’ins­tant : il est extrê­me­ment dou­teux que l’on puisse modi­fier de l’in­té­rieur un sys­tème confé­dé­ral pour le rendre fédé­ral). (3)

    La plu­part des dis­cours autour des notions d’ « union de trans­fert » et de « zone moné­taire opti­male », enfin, font appel à une der­nière for­mule pro­blé­ma­tique, repo­sant sur un pos­tu­lat impli­cite qui me paraît for­te­ment sus­pect : on y pré­sente les trans­ferts finan­ciers inter-« régions » comme essen­tiel­le­ment conjonc­tu­rels, liés à des « chocs » éco­no­miques plus ou moins pas­sa­gers. Vous par­lez d’ailleurs, ici même, d’une période limi­tée à 10 années envi­ron – pour le niveau cal­cu­lé « entre 8% et 10% » du PIB de l’Al­le­magne (et ensuite, plus rien ?). Je conteste éga­le­ment cette hypo­thèse du carac­tère seule­ment conjonc­tu­rel des trans­ferts, pour la simple rai­son que, par hypo­thèse, il s’a­git de via­bi­li­ser à long terme une union moné­taire, ce qui, encore une fois, impli­que­rait la fédé­ra­li­sa­tion au sens strict. En clair : dans un cadre natio­nal, il ne s’a­git évi­dem­ment pas d’im­plan­ter une indus­trie aéro­nau­tique en Lozère et en Ardèche pour que ces « régions » atteignent tel niveau de PIB par tête égal à celui de cha­cune des autres, afin d’être en mesure d’é­qui­li­brer leur balance com­mer­ciale avec le dépar­te­ment du Rhône ou l’Île-de-France… Pour la même rai­son, on sait qu’à terme, l’u­nion moné­taire a pour consé­quence de pous­ser à concen­trer l’in­dus­trie auto­mo­bile à Détroit, telle acti­vi­té ici, telle autre là, et on en revient au pro­blème cru­cial, évo­qué plus haut, de la mobi­li­té du « fac­teur de pro­duc­tion tra­vail » à l’é­chelle d’un gros mor­ceau de conti­nent – avec des dépla­ce­ment sur des durées longues, qui ne soient pas seule­ment ceux d’une classe de mana­gers déra­ci­nés (qui véhi­cule une idéo­lo­gie du déra­ci­ne­ment). Soit on vise l’u­nion moné­taire, donc la fédé­ra­li­sa­tion (à sup­po­ser que le pro­jet soit tenable), et alors on parle bien de trans­ferts (mas­sifs) en grande par­tie struc­tu­rels et non pas conjonc­tu­rels, soit on parle de trans­ferts essen­tiel­le­ment conjonc­tu­rels… mais on n’am­bi­tionne qu’une forme ins­ti­tu­tion­nelle bâtarde et un pro­jet poli­tique ban­cal ou inhu­main. Pour le dire encore autre­ment, soit on exige de la Grèce d’é­qui­li­brer sa balance com­mer­ciale avec les autres États-membres, soit on fait une mon­naie unique et une véri­table fédé­ra­tion euro­péenne (et un peuple euro­péen…) mais on ne demande jus­te­ment plus, dans ce cas, à des « régions » agri­coles, tou­ris­tiques, mon­ta­gneuses ou autre­ment « encla­vées » de main­te­nir une telle balance. Là encore, donc, nous voyons des for­mules bâtardes, repo­sant sur des pos­tu­lats incon­sé­quents, qui ont sur­tout pour effet de trom­per quant à ce qui est viable et de sou­te­nir l’exi­gence des classes diri­geantes d’ob­te­nir du peuple le beurre et l’argent du beurre. Et en par­ti­cu­lier, les trans­ferts de sou­ve­rai­ne­té sans les trans­ferts de responsabilité.

    III) En écri­vant « il semble désor­mais… », vous parais­sez consi­dé­rer que la « doc­trine Étié­vant » marque une évo­lu­tion par rap­port à la « qua­trième voie » de J. Géné­reux, posi­tion pré­sen­tée notam­ment dans l’ou­vrage cité en I), ou bien que cette der­nière pro­pose une stra­té­gie qui tien­drait enfin un peu la route. Quoi qu’il en soit, ce n’est pas mon avis. 

    En un mot, la voie que le PG pro­pose conti­nue de traî­ner le défaut rédhi­bi­toire d’es­sayer de chan­ger les trai­tés UE pour via­bi­li­ser, en par­ti­cu­lier, la mon­naie unique. Si sor­tir de l’eu­ro, pour la direc­tion du PG, n’a sur­tout pas à être un préa­lable, c’est pré­ci­sé­ment parce que sa prio­ri­té, en dépit de tout son bara­tin assu­rant qu’on n’hé­si­te­ra abso­lu­ment pas à sor­tir de l’eu­ro « si on ne nous laisse pas d’autre choix » (tout est dit), est tou­jours de sau­ver l’eu­ro et l’UE. Or, outre que les réformes consi­dé­rables qui seraient requises pour main­te­nir l’eu­ro (et le rendre plus social et démo­cra­tique, ce qui est la même chose) sup­po­se­raient un accord una­nime des vingt-huit, outre que cela sup­po­se­rait sans doute, de sur­croît, de la part de l’Al­le­magne, de se défaire en bonne part de l’ « idio­syn­cra­sie » (F. Lor­don encore) moné­taire que l’on sait, il y a qu’on parle dans le vide de « refonte radi­cale des trai­tés euro­péens » du fait que la condi­tion fon­da­men­tale de la struc­ture fédé­rale – a for­tio­ri, celle de la dyna­mique qui pour­rait y mener (pas dans 50 ans) – n’est, assu­ré­ment, pas du tout expli­ci­tée (qu’elle effraie une majeure par­tie des élec­teurs et des mili­tants, et ceci d’ailleurs de plus en plus, est une chose, mais ce n’est évi­dem­ment pas une rai­son de la mas­quer, bien au contraire).

    Dans la même logique, le can­di­dat pré­si­den­tiel (et pré­su­mé­ment hos­tile au « pré­si­den­tia­lisme ») du PG entend obte­nir pour man­dat de choi­sir lui-même, dans le fil d’une navi­ga­tion à vue dans les arcanes de la finance et des Conseils euro­péens, de la sor­tie ou non de l’eu­ro… Belle avan­cée que cette « qua­trième voie » : la même impasse à la clef, plus un nou­veau chèque en blanc… Et le PG feint de ne pas com­prendre que le peuple ne gobe pas mas­si­ve­ment sa pro­po­si­tion, alors qu’elle empeste la cachot­te­rie. Plus acces­soi­re­ment, dans le texte auquel vous vous réfé­rez, Étie­vant pré­sente avec une can­deur inouïe la ques­tion de la sor­tie de l’eu­ro comme un argu­ment bas­se­ment élec­to­ra­liste… – fut-il contre-pro­duc­tif à ses yeux (il en appelle oppor­tu­né­ment à la confir­ma­tion par les faits, dans le cas de la Grèce et de Syri­za, sans son­ger (ou en fai­sant sem­blant de ne pas son­ger) que ladite expé­rience élec­to­rale, par elle-même, ne démontre pas du tout que Syri­za n’au­ra pas obte­nu encore plus de voix si son pro­gramme avait celui d’une sor­tie annon­cée de l’eu­ro… mais il n’y a rien de sur­pre­nant à ce que, sur la base d’un pro­jet ban­cal et, qui plus est, occulte, on ne compte plus les prises de liber­té avec la logique).

    Je crains de dis­traire le lec­teur de l’es­sen­tiel en com­men­tant cette énième ver­sion floue de la rhé­to­rique PG, qu’É­tie­vant déve­loppe en quelques phrases dans le billet en ques­tion. Mais rigueur et trans­pa­rence obligent, il me faut aus­si en pas­ser par là, et le mieux est même d’en citer in exten­so presque toute la (seconde) moitié : 

    « Ce que porte aujourd’hui le Par­ti de Gauche, c’est que quel que soit l’état du rap­port de force au niveau euro­péen, s’il arri­vait au pou­voir, il appli­que­rait son pro­gramme, en déso­béis­sance avec les trai­tés euro­péens et avec un contrôle immé­diat des mou­ve­ments de capi­taux pour per­mettre la mise en place de sa poli­tique. S’ensuivrait une crise diplo­ma­tique en Europe qui pour­rait ame­ner à une rené­go­cia­tion des trai­tés (a), mais qui pour­rait éga­le­ment conduire au même type d’étranglement que celui qui vient de faire plier le gou­ver­ne­ment d’Alexis Tsi­pras : le blo­cage des liqui­di­tés par la BCE. Alors, il fau­dra sor­tir de l’euro (b) et être prêt à cela ©.

    Au Par­ti de Gauche, nous assu­mons que nous tra­vaillons à un plan B (d) : si notre stra­té­gie de déso­béis­sance aux trai­tés n’aboutit pas à une refonte radi­cale des trai­tés euro­péens (e), nous
    orga­ni­se­rons une sor­tie négo­ciée de la zone euro (f), qui condui­ra à un chan­ge­ment radi­cal de struc­ture moné­taire, via l’instauration d’une mon­naie com­mune (g). (…)

    La posi­tion du Par­ti de Gauche est donc claire (h) : nous ne ferons aucun sacri­fice pour l’euro et nous en sor­ti­rons plu­tôt que de renon­cer à notre poli­tique (i). Mais nous consi­dé­rons que le
    préa­lable au chan­ge­ment n’est pas la sor­tie, mais bien au contraire (j) la bataille poli­tique pour créer une crise diplo­ma­tique et poli­tique au sein de l’Union euro­péenne. C’est cette bataille qui, sou­te­nue par les mou­ve­ments sociaux, per­met­tra de conscien­ti­ser et de fédé­rer les peuples euro­péens (k). Notre but stra­té­gique est l’application de notre pro­gramme et donc la sor­tie de l’austérité.
    Faire de la sor­tie de l’euro ou de l’Union euro­péenne un but en soi, c’est détour­ner notre com­bat de son hori­zon : sor­tir de la domi­na­tion du capi­tal sur la vie. (l)

    Notre sor­tie de l’euro et notre déso­béis­sance aux trai­tés met­tront fin à l’Union euro­péenne (m). Car il n’y a pas d’Union euro­péenne sans la France. Ce ne sera donc pas à la France de sor­tir de l’Union euro­péenne (n), ce qui serait une posi­tion qui nous mino­ri­se­rait et qui ferait le jeu de l’Allemagne et de ses alliés (o). La France devra construire d’autres soli­da­ri­tés avec les gou­ver­ne­ments qui le sou­hai­te­ront dans un nou­veau cadre euro­péen et inter­na­tio­na­liste. ℗ »

    Fichtre…

    (h) : Une posi­tion très claire, en effet…

    (a) / (e) / (j) / (n) : il est sur­tout très clair que le PG conti­nue à vou­loir chan­ger l’eu­ro et l’UE, autre­ment dit à vou­loir qu’on y reste, que cela reste (donc) son objec­tif prio­ri­taire, et qu’il conti­nue à ne sur­tout pas abor­der la ques­tion ins­ti­tu­tion­nelle fon­da­men­tale (de la muta­tion fédé­rale néces­saire à la via­bi­li­sa­tion de l’u­nion moné­taire), tan­dis qu’il dis­trait les gens avec un ou quelques hochets (comme si un contrôle natio­nal des mou­ve­ments de capi­taux était dura­ble­ment pra­ti­cable dans le contexte d’un mar­ché unique affu­blé d’une mon­naie unique…).

    (k) : for­mule visant, à l’ins­tar du pas­sage du livre de J. Géné­reux évo­qué au début de ce mes­sage, à confé­rer une appa­rence de res­pec­ta­bi­li­té à la cynique « stra­té­gie du pire » sus­dite – où il est confir­mé une nou­velle fois que le PG ne s’est pas démar­qué de cette stra­té­gie inavouable que Géné­reux attri­bue pudi­que­ment à « la Gauche » (de l’é­pi­sode Maas­tricht). Plus « poli­ment », on en remet encore et encore une couche pour ancrer dans les esprits le mythe d’une « construc­tion euro­péenne » vou­lue par les euro­péens et au ser­vice des euro­péens, aux­quels il n’est tou­jours pas pro­po­sé la moindre pers­pec­tive d’é­vo­lu­tion ins­ti­tu­tion­nelle viable, sim­ple­ment de se démer­der seuls pour for­mer, dans la dou­leur et sous la ter­reur, un peuple euro­péen on ne sait comment.

    (b) / © / (d) / (f) / (g) / (i) : il est aus­si très clair qu’on ne sau­ra même pas à quoi consiste au juste le plan B du PG… alors qu’il devrait jus­te­ment être bien cla­ri­fié. Sauf pour les igno­rants ou les naïfs, sur les voix des­quels « on » compte, il y a un gouffre entre une sor­tie « sèche », nila­té­rale, de l’eu­ro (ou de l’UE) et une sor­tie « négo­ciée »… aux fins d’é­ta­blir une mon­naie com­mune, c’est-à-dire non seule­ment négo­ciée mais concer­tée (on recon­naît à ce symp­tôme, qu’on retrouve par­ti­cu­lier dans le pro­gramme du Front natio­nal, la réso­lu­tion à ne pas sor­tir…). Sans cher­cher à être du tout exhaus­tif, il y a, en par­ti­cu­lier, ce « point de détail » que consti­tue la néces­si­té d’une una­ni­mi­té des dix-sept (et même des vingt-huit), dif­fi­cul­tée com­bi­née à un cadre ô com­bien pres­su­ri­sant et à un pro­blème déci­sif de timing sous (disons) la pres­sion des « mar­chés finan­ciers » et (selon l’ob­jec­tif sui­vi, ici une sor­tie « de Gauche ») dans l’op­tique éven­tuelle de déman­te­ler ces der­niers (comme J. Sapir, ou encore, Niko­noff, res­pec­ti­ve­ment, l’ont ample­ment expli­qué). Par­lant de timing (dans le cas plus direc­te­ment ambi­tieux d’une sor­tie de l’UE), il est mani­feste que la plu­part des gens qui parlent de l’ar­ticle 50 ne l’ont pas lu : il est tout à fait abu­sif de voir dans cette clause la per­mis­sion d’une sor­tie par déci­sion réel­le­ment uni­la­té­rale (l’a­val de cer­taines ins­ti­tu­tions UE étant expli­ci­te­ment requis, celles-ci gar­dant même le contrôle du calen­drier), et il est par­fai­te­ment évident qu’elle forme ce qu’on appelle une mesure dila­toire (en l’oc­cur­rence, c’est une mesure per­met­tant de gagner du temps afin de dis­sua­der le can­di­dat à la sor­tie, notam­ment au motif d’as­su­rer la conti­nui­té de la « juri­dic­tion » ô com­bien démo­cra­tique de l’OMC, l’ar­ticle 50 fai­sant expli­ci­te­ment réfé­rence à l’ar­ticle 88) – un grand mérite de la posi­tion de Nico­las Dupont-Aignan (quoi­qu’elle ne me semble pas entiè­re­ment claire), est pré­ci­sé­ment de reje­ter l’i­dée d’un recours à cet article 50 qui est un piège et une offense (un État n’a pas à négo­cier sa sor­tie selon des moda­li­tés impo­sées par le cadre dont il sort, ce qui ne signi­fie évi­dem­ment pas qu’il aie inté­rêt à ne rien négo­cier mais que c’est à lui de défi­nir ce qui mérite de l’être).

    (j) / (l) : où l’on conti­nue d’as­su­rer les gens qu’on peut abou­tir à un euro non aus­té­ri­taire, social et démo­cra­tique, bref, sup­por­table (en s’a­char­nant, une fois encore, à ne pas par­ler du prin­ci­pal, d’un cadre ins­ti­tu­tion­nel requié­rant un bou­le­ver­se­ment com­plet, impli­quant que les exé­cu­tifs natio­naux perdent tout pou­voir au plan européen). 

    (o) : natu­rel­le­ment, le PG, qui conti­nue odieu­se­ment à assi­mi­ler la volon­té de sor­tir de l’eu­ro et de l’UE au « natio­na­lisme », en arri­ve­ra et en arrive déjà, à l’ins­tar de tous les autres
    euro­péistes, à recou­rir à la rhé­to­rique natio­na­liste : c’est (une fois de plus) la faute à « l’Allemagne ».

    ℗ : on en revien­drait donc sur­tout à l’ho­ri­zon déses­pé­rant d’un cadre euro­péen, prio­ri­té dou­teuse au sens de l’internationalisme.

    (1) Je ne suis pas éco­no­miste de for­ma­tion, juste un ingé­nieur en méca­nique qui, certes, avait pas­sé une grosse décen­nie de mes temps libres à me for­mer. J’ai depuis « repris ma liber­té » vis-à-vis de cette orga­ni­sa­tion, non par désac­cord poli­tique mais du fait d’o­bli­ga­tion per­son­nelles, prin­ci­pa­le­ment (du reste, disons que je n’at­tends pas d’un par­ti poli­tique qu’il soit un miracle
    démocratique).

    (2) F. Lor­don, par exemple, a pro­po­sé cette impor­tante cla­ri­fi­ca­tion, mais ne l’a mal­heu­reu­se­ment pas pous­sé expli­ci­te­ment jus­qu’à ses conclu­sions ultimes, por­tant sur la struc­ture ins­ti­tu­tion­nelle : « (…) ce qui per­siste de trans­ferts finan­ciers inter­ré­gio­naux auto­ma­tiques, liés au poids domi­nant du bud­get cen­tral, conduit objec­ti­ve­ment les régions les plus riches à sou­te­nir les plus pauvres, mais sans que ces contri­bu­tions soient vécues par les contri­bu­teurs comme une charge contin­gente dont ils auraient été injus­te­ment les­tés, par là propre à nour­rir une pro­tes­ta­tion acri­mo­nieuse. Faute de poser le pro­blème en ces termes, les dis­cours qui en appellent avec des tré­mo­los à la « soli­da­ri­té » (finan­cière) des peuples euro­péens (« Nous devrions nous mon­trer soli­daires avec la Grèce »), ou au contraire qui stig­ma­tisent l’« égoïsme » de l’Allemagne, se condamnent au der­nier degré de l’inanité poli­tique — par dis­so­lu­tion dans un conster­nant bouillon mora­liste. (…) » – http://​www​.monde​-diplo​ma​tique​.fr/​2​0​1​4​/​0​4​/​L​O​R​D​O​N​/​5​0​3​0​1​#​nh4

    (3) Pour aller un peu plus loin sur le sujet, je me per­mets de vous signa­ler ce texte que j’ai com­po­sé un peu plus tard, éga­le­ment à titre per­son­nel : http://​www​.ago​ra​vox​.fr/​a​c​t​u​a​l​i​t​e​s​/​e​u​r​o​p​e​/​a​r​t​i​c​l​e​/​n​o​u​s​-​o​n​-​v​e​u​t​-​p​o​u​r​q​u​o​i​-​i​l​-​f​a​u​t​-​1​1​8​812

    Réponse
  14. etienne

    [Edit (28÷7÷2015 17h30) : 

    Pour bien lire le texte sui­vant, il faut sou­li­gner que son auteur, Zoe Kons­tan­to­pou­lou, est une euro­lâtre déter­mi­née, un de ces innom­brables poli­ti­ciens de métier qui nous ont jetés en 1957 — et qui nous enferment encore aujourd’­hui — dans le piège anti­dé­mo­cra­tique et colo­nial que sont l’UE, l’eu­ro et l’O­TAN. C’est-à-dire que cette dame se lamente ici (avec talent) des consé­quences épou­van­tables dont elle impose ELLE-MÊME les causes pro­fondes à son peuple (puisque c’est bien elle qui est au pou­voir, et pas les Grecs), soit par aveu­gle­ment dog­ma­tique, soit par duplicité. 

    Il y a donc une façon de lire ce dis­cours qui consiste à noter sur­tout que JAMAIS, pas une seule fois, cette dame ne pro­pose de (sim­ple­ment, logi­que­ment, cou­ra­geu­se­ment, réso­lu­ment, puis­sam­ment) SORTIR du piège dont elle dénonce les méfaits.

    É.C.]

     

    Dis­cours de Zoe Kons­tan­to­pou­lou au Par­le­ment grec le 22 juillet 2015 :
    La sou­mis­sion totale d’un pays démo­cra­tique à la volon­té d’autres gou­ver­ne­ments ne consti­tue pas un accord

    « En ma capa­ci­té de Pré­si­dente du Par­le­ment, j’ai écrit au Pré­sident de la Répu­blique grecque, M. Pro­ko­pis Pav­lo­pou­los et au Pre­mier ministre Alexis Tsi­pras pour leur faire remar­quer qu’il est de ma res­pon­sa­bi­li­té ins­ti­tu­tion­nelle de sou­li­gner que les condi­tions dans les­quelles cette loi est pré­sen­tée n’offre aucune garan­tie que la Consti­tu­tion sera res­pec­tée, pas plus que le pro­ces­sus démo­cra­tique que doit favo­ri­ser le Par­le­ment dans l’exercice du pou­voir légis­la­tif, pas plus qu’elle ne per­met aux dépu­tés de voter en conscience. Nous nous trou­vons dans une situa­tion de chan­tage fla­grant exer­cé par les gou­ver­ne­ments d’autres États membres de l’Union euro­péenne sur ce gou­ver­ne­ment et sur les membres du par­le­ment. En effet comme le recon­naît le Ministre de la Jus­tice que je res­pecte pro­fon­dé­ment comme il le sait, à cause des exi­gences d’autres États membres, le par­le­ment ne peut pas amen­der le texte de cette loi qui consti­tue une inter­ven­tion majeure dans le fonc­tion­ne­ment de la jus­tice et dans l’exercice des droits fon­da­men­taux des citoyens, d’une manière qui nie le fonc­tion­ne­ment de la démo­cra­tie grecque en tant qu’État de droit qui doit pré­ser­ver la sépa­ra­tion des pou­voirs selon la Consti­tu­tion ain­si que le prin­cipe de juge­ments équitables.

    Actuel­le­ment, les ministres sont obli­gés de pré­sen­ter des mesures légis­la­tives qu’ils désap­prouvent (et la décla­ra­tion du Ministre de la Jus­tice est révé­la­trice à cet égard), des mesures aux­quelles ils sont en fait direc­te­ment oppo­sés, et les dépu­tés sont obli­gés de les voter alors qu’ils y sont éga­le­ment oppo­sés, comme l’exprime clai­re­ment cha­cune des prises de posi­tion des dépu­tés appar­te­nant aux deux familles poli­tiques de la majorité.

    Tout ceci se passe sous la menace d’une faillite désor­don­née et révèle qu’en fait ces mesures qui sont une exi­gence préa­lable de gou­ver­ne­ments étran­gers, consti­tuent une ten­ta­tive de mener à terme la dis­so­lu­tion de notre sys­tème, car elles pré­voient une inter­ven­tion majeure dans le troi­sième pou­voir indé­pen­dant, à savoir la jus­tice. Ces mesures veulent miner la fonc­tion judi­ciaire et sup­pri­mer des garan­ties fon­da­men­tales à un pro­cès équi­table et les droits fon­da­men­taux des citoyens.

    Je consi­dère qu’il est de mon devoir ins­ti­tu­tion­nel de réagir en tant que Pré­si­dente du Par­le­ment et de deman­der à mes homo­logues de tous les par­le­ments des États membres de l’Union euro­péenne, ain­si que je l’ai déjà fait dans le pas­sé et comme je l’ai fait dans ma lettre au Pré­sident du Par­le­ment euro­péen, et d’appeler à s’opposer à pareille dissolution.

    De même dans ma lettre au Pré­sident et au Pre­mier Ministre, qui sera reprise dans le compte-ren­du, je leur demande d’informer leurs homo­logues des condi­tions de chan­tage dans les­quelles nous sommes ame­nés à voter.

    Mon­sieur le Ministre, je m’adresse à vous en me réfé­rant aux fonc­tions que j’occupais lors de la légis­la­ture pré­cé­dente : le groupe par­le­men­taire de SYRIZA et le Pre­mier ministre actuel, alors chef de l’opposition, m’avaient pla­cée à la tête du groupe par­le­men­taire pour la trans­pa­rence, la jus­tice et les droits humains. Pré­cé­dem­ment, à ce titre, je vous ai féli­ci­té pour les pro­jets de lois que vous avez pré­sen­tés, et par­ti­cu­liè­re­ment pour votre pro­jet de loi sur le sys­tème péni­ten­tiaire. Aujourd’hui, en cette capa­ci­té, je vous dis qu’il est évident que per­sonne dans le groupe par­le­men­taire de SYRIZA ne peut sou­te­nir les clauses de cette loi puisque pen­dant la légis­la­ture pré­cé­dente, le groupe par­le­men­taire de SYRIZA s’est expres­sé­ment et farou­che­ment oppo­sé à ces mêmes mesures, qui là, non sans iro­nie, nous sont pré­sen­tées sous une forme qua­si iden­tique au pro­jet de votre pré­dé­ces­seur M. Atha­nas­siou, et sont impo­sées avec une urgence pro­pre­ment cho­quante par les créan­ciers afin de se débar­ras­ser défi­ni­ti­ve­ment de la démocratie.

    En effet, exac­te­ment comme ils ont essayé de trans­for­mer le NON du peuple grec en un OUI tant dans le com­mu­ni­qué du som­met de la zone euro que la loi pré­sen­tée ici à nou­veau en urgence le mer­cre­di 15, ils essaient ici de trans­for­mer en OUI, 93,12% de NON lors du réfé­ren­dum orga­ni­sé auprès des avo­cats en décembre 20141.

    Ces démarches qui nient les résul­tats de deux réfé­ren­dums montrent clai­re­ment que pour les créan­ciers tout pro­ces­sus démo­cra­tique est vain, que la démo­cra­tie directe par laquelle se sont expri­més les citoyens ou les avo­cats n’a aucune per­ti­nence. C’est là un mes­sage empoi­son­né pour les socié­tés euro­péennes, c’est un mes­sage dont la gauche et SYRIZA doivent empê­cher la propagation.

    Il est clair que l’objectif visé est l’anéantissement du gou­ver­ne­ment et du groupe par­le­men­taire qui le sou­tient, par le chan­tage. Il est clair que ce qui est mis en cause est la démo­cra­tie dans notre pays. Ce qui nous est deman­dé, ce qui m’est deman­dé par les créan­ciers, c’est en fait de leur remettre un sceau qui dirait « Par­le­ment grec » pour vali­der leurs diktats.

    Il n’est pas accep­table qu’aujourd’hui, après la lutte achar­née menée en novembre 2012 par SYRIZA et la com­mis­sion pour la trans­pa­rence, la jus­tice et les droits humains contre les 800 pages de mani­pu­la­tion anti­dé­mo­cra­tique que consti­tuaient ces mesures, le gou­ver­ne­ment soit obli­gé par le chan­tage de pré­sen­ter deux articles com­pre­nant 977 pages, le pre­mier conte­nant 1008 articles du Code de Pro­cé­dure civile et l’autre 130 articles trans­po­sant une direc­tive euro­péenne, dont beau­coup couvrent deux à trois pages ; le résul­tat recher­ché est l’humiliation. Le gou­ver­ne­ment de gauche ne peut pas être obli­gé de pré­sen­ter ces mesures urgentes, dans des délais inte­nables, alors qu’il les a dénon­cées par le passé.

    M. le Ministre, je sais qu’en m’adressant à vous, je frappe à une porte ouverte puisque vous avez com­bat­tu ces mesures, vous avez ana­ly­sé les rai­sons qui font que ce code devait être reti­ré en 2014, et l’a d’ailleurs été, ce qui était une grande vic­toire non seule­ment pour les avo­cats qui s’étaient bat­tus pour défendre les citoyens mais aus­si pour les mou­ve­ments citoyens, pour toutes ces asso­cia­tions qui s’étaient mobi­li­sées, et enfin pour le prin­ci­pal par­ti d’opposition de l’époque et pour l’opposition dans son ensemble.

    C’est cette vic­toire qu’ils veulent trans­for­mer en défaite pour envoyer le mes­sage que nous devons légi­fé­rer sous l’égide de la peur. M. Jun­cker a dit sans ver­gogne : l’accord a été obte­nu par la peur. Est-il pos­sible que ceci soit jamais accep­té et tolé­ré dans une Union euro­péenne qui reprend dans ses prin­cipes fon­da­teurs la pro­tec­tion des droits des citoyens et de la démocratie ?

    M. le Ministre, le NON des avo­cats en décembre 2014 vou­lait et veut tou­jours dire NON à des évic­tions en réfé­ré, NON à des mises en vente for­cées, NON à des pro­cès bidons sur papier qui court-cir­cuitent les pro­cé­dures d’audience, NON à la dété­rio­ra­tion de la jus­tice, qui est un pilier de la démo­cra­tie, il veut dire NON à la des­truc­tion des droits consti­tu­tion­nels des citoyens.

    Quand à l’été 2014, M. Har­dou­ve­lis a repris à son compte l’obligation impo­sée par la Troï­ka de com­pen­ser toute consé­quence de déci­sion judi­ciaire qui irait à l’encontre des clauses des pro­to­coles d’accord, l’opposition d’alors, la com­mis­sion pour la trans­pa­rence, la jus­tice et les droits et le dépar­te­ment de la jus­tice de SYRIZA ont été les pre­miers à pro­cla­mer que c’était into­lé­rable, qu’une telle ingé­rence dans le fonc­tion­ne­ment judi­ciaire était inac­cep­table, et pour­tant, c’est ce même pro­jet qui nous est impo­sé sous le chan­tage. Il serait donc bon que les col­lègues et cama­rades, que je res­pecte sans excep­tion, n’oublient pas leurs convic­tions et n’aillent pas par­ler d’accord. La coer­ci­tion n’est pas un accord. Le chan­tage n’est pas un accord. La sou­mis­sion totale d’un pays démo­cra­tique à la volon­té d’autres gou­ver­ne­ments et d’autres pays n’est pas un accord.

    Et nous ne devons pas oublier nos convic­tions parce qu’alors nous pour­rions aus­si bien tout oublier et en venir à par­ler de ces textes comme s’ils étaient à nous. Ils ne sont pas à nous, le conte­nu de cette loi, ce n’est pas le sou­hait et la volon­té du gou­ver­ne­ment. C’est aus­si mani­feste, M. le Ministre, dans le fait que vous ayez créé une com­mis­sion spé­ciale pour étu­dier un nou­veau code de Pro­cé­dure Civile.

    Et ce n’est pas non plus le sou­hait des dépu­tés qui vont voter pour et font par­tie de groupes par­le­men­taires qui sou­tiennent le gou­ver­ne­ment. Ils ne sou­haitent pas appli­quer ces mesures inhu­maines, qui laissent les citoyens (sur­tout les emprun­teurs) sans aucune défense face aux banques.

    M. le Ministre, vous le savez, vous, mais peut-être les citoyens ne le savent-ils pas aus­si bien, qu’à la tête de la com­mis­sion qui a rédi­gé ce code se trou­vait M. Cha­mi­lo­tho­ris, qui était res­pon­sable de l’odieuse loi 4055 sous le mémo­ran­dum de 2012, une loi qui a été dénon­cée non seule­ment par des asso­cia­tions mais aus­si par les avo­cats et des repré­sen­tants de l’appareil judi­ciaire et que SYRIZA s’est enga­gé à faire abro­ger, vous le savez aus­si que des membres de cette com­mis­sion étaient des conseillers de banques pri­vées. Il ne doit donc faire aucun doute que l’objectif est à nou­veau de dépouiller les citoyens au pro­fit des banques, de ser­vir les ban­quiers au détri­ment des citoyens.

    Nous ne devons pas per­mettre que cet objec­tif soit atteint, un objec­tif que vise pré­ci­sé­ment l’adoption aujourd’hui de ce Code de Pro­cé­dure Civile et je vou­drais ici vous deman­der à vous et à mes col­lègues avo­cats de vous expri­mer fran­che­ment ; voter une loi n’est pas à prendre à la légère, ce n’est pas juste pour un temps, et ça n’a rien d’une plai­san­te­rie. Il va s’agir d’un cadre légis­la­tif qui sti­pule que l’État grec cède le pas aux banques et passe après elles en cas de liqui­da­tion. Il va s’agir d’un cadre légis­la­tif qui sti­pule que les tra­vailleurs cèdent le pas aux banques et passent après elles en cas de liqui­da­tion. Il ne suf­fit pas de dire que ce que nous votons main­te­nant nous ne l’appliquerons pas. Ils nous diront « Vous l’avez voté » et quelle que soit la posi­tion que nous occu­pons, nous savons que ce n’est que pour un temps.

    Il s’agit d’une loi appli­cable à par­tir du 1er jan­vier 2016. Cela montre bien qu’il n’y a pas urgence et que nous pou­vons prendre le temps de débats dans des condi­tions nor­males mais sou­lève éga­le­ment de grandes inquié­tudes quant aux aspi­ra­tions et aux capa­ci­tés de nuire de ceux qui cherchent à ren­ver­ser ce gou­ver­ne­ment et à humi­lier les forces poli­tiques qui le sou­tiennent, dont l’objectif immé­diat est de les dis­cré­di­ter aux yeux des citoyens.

    Col­lègues, en tant que dépu­tée de SYRIZA je ne pour­rai jamais voter cette loi ; en tant que res­pon­sable de la com­mis­sion pour le contrôle du tra­vail par­le­men­taire sur des ques­tions de jus­tice, trans­pa­rence et droits humains du groupe par­le­men­taire de SYRIZA, un poste où pen­dant trois ans j’ai com­bat­tu les attaques des Pro­to­coles d’accord contre la jus­tice et les droits humains mais aus­si l’orgie de cor­rup­tion et d’intérêts pri­vés ins­crite dans les Pro­to­coles, je ne pour­rai jamais voter cette loi ; en tant qu’avocate, je ne pour­rai jamais voter cette loi, et en tant que Pré­si­dente du par­le­ment, je ne pour­rai jamais rendre légales des pro­cé­dures qui font du Par­le­ment un élé­ment déco­ra­tif, qui nient son rôle de garan­tie du citoyen, qui cir­con­viennent la conscience de par­le­men­taires et fina­le­ment se débar­rassent de la démo­cra­tie. Je vous remer­cie pour votre attention. »

    Tra­duit par le CADTM

    Source CADTM : http://​cadtm​.org/​D​i​s​c​o​u​r​s​-​d​e​-​Z​o​e​-​K​o​n​s​t​a​n​t​o​p​o​u​l​o​u​-au

    Réponse
    • Sam

      Un coup d’É­tat sous faux drapeau

      Cette décla­ra­tion que Mme Zoi Kons­tan­to­pou­lou a faite devant le Par­le­ment grec le 22 juillet 2015 est l’un des mes­sages poli­tiques les plus répu­gnants que j’aie vus pas­ser cette année (ce qui n’est évi­dem­ment pas peu dire). Mais si vous croyez déjà me voir venir, je crains que vous n’y soyez pas du tout.

      Il est cer­tain que le conte­nu de ce pro­pos aura révol­té beau­coup de monde (et c’est bien le pro­blème, disais-je) : les grecs souffrent, ils vont souf­frir tou­jours plus, les vio­la­tions des méca­nismes démo­cra­tiques les plus élé­men­taires sont même fla­grantes, et tout cela se pro­duit sous l’ac­tion de la Troï­ka (au ser­vice de ces hor­ribles et impla­cables « mar­chés finan­ciers ») – et même par le « chan­tage fla­grant exer­cé par les gou­ver­ne­ments d’autres États membres de l’Union euro­péenne sur ce gou­ver­ne­ment et sur les membres du par­le­ment » (pour qui dou­te­raient encore que l’UE nous ramène au nationalisme). 

      C’est effec­ti­ve­ment à vomir. Mais ce qui rend cette décla­ra­tion spé­ci­fi­que­ment scan­da­leuse n’est jus­te­ment pas à cher­cher dans ce que cette décla­ra­tion dit – n’a­vez-vous pas remar­qué, d’ailleurs, à la longue, qu’en fait, à peu près tout le monde dit peu ou prou la même chose, … dont l’im­mense majo­ri­té des euro­péistes, faux inter­na­tio­na­listes et autres « pos­tu­ra­listes », qui seront d’ailleurs réjouis de voir cette dame en rajou­ter une couche, vali­der le hur­le­ment des loups avec le tam­pon de sa légi­ti­mi­té élective ? 

      Le plus odieux, de très loin, réside pré­ci­sé­ment dans ce qu’elle ne dit pas :

      1) Pas une seule fois elle évoque la sor­tie de l’euro, ne fut-ce que comme une pos­si­bi­li­té qui existe pour libé­rer d’un coup son peuple de ces fléaux, et la « démo­cra­tie » grecque de ces vio­la­tions de pro­cé­dures tou­jours plus carac­té­ri­sées ; pas une seule fois elle se réfère aux méca­nismes ins­ti­tu­tion­nels UE pour y cher­cher une cause pro­fonde de ce qu’elle pré­sente ici comme un coup d’État, là comme une colo­ni­sa­tion, ou là encore comme un « tota­li­ta­risme éco­no­mique » (on nous vole tous les mots) ;

      2) pas une seule fois, non plus, elle rap­pelle que ce Par­le­ment grec, auquel elle s’adresse ici, dans lequel son par­ti (sa coa­li­tion) est majo­ri­taire (et qu’accessoirement elle pré­side), a le pou­voir INT֤ÉGRAL, d’une simple signa­ture, de faire sor­tir son pays de l’Union euro­péenne, de l’euro, ou d’organiser un réfé­ren­dum sur ces ques­tions. Et non pas sur des ques­tions (comme le paie­ment ou non de telle échéance) qui ne mènent qu’au milieu d’un gué pour très vite rame­ner, comme cha­cun le com­prend ou, du moins, le constate, à la case départ – dans une autre décla­ra­tion récente, elle a pas­sé beau­coup de temps à dire ce que le oui ou le non grecs veut dire et ne veut pas dire, et bien sûr, en bonne pale copie d’une numé­ro 2, 3, 5 ou 10 d’un PG fran­çais, elle a insis­té notam­ment pour dire que si un oui n’aurait pas signi­fié un « oui à l’Europe »… le non ne signi­fiait pas une volon­té du peuple grec de sor­tir de l’euro.

      Ni vu ni connu… 

      Et ça va tour­ner en quelques jours sur des mil­liers de blogs, nour­rir des dizaines de mil­liers de com­men­taires tout aus­si lar­moyants, et ce nuage de fumée ren­dor­mir les peuples. (1)

      La moindre des choses, faute de rem­plir ses devoirs élé­men­taires, si elle ne les a pas com­pris (elle enfume d’autant mieux le lec­teur qu’elle ne fait que par­ler de ses devoirs dans les petits détails pour mieux ne pas rap­pe­ler quels sont les prin­ci­paux), soit si elle se croit effec­ti­ve­ment si impuis­sante, serait encore de démissionner.

      Car il est bien pos­sible qu’elle soit aveu­glée par son idéo­lo­gie. Mais le peuple s’en fout, du moins ça ne change rien à son affaire. Il est très secon­daire d’apprendre, par exemple, que son papa, qui fut même ministre quelques mois, diri­gea pen­dant dix ans un par­ti (Synas­pis­mos) qui, en gros ancêtre de Syri­za, vota oui à Maas­tricht, ou qu’avant de se faire payer les frais de sco­la­ri­té de l’Université de Colum­bia, elle a béné­fi­cié d’une bourse Eras­mus, en plus des faveurs de a prin­cesse fran­çaise, pour étu­dier le droit euro­péen (et international). 

      En France, le Pré­sident et le Pre­mier ministre mani­festent dans la rue, pour dire qu’ils « sont Char­lie » (une évi­dente offense à ses morts, on n’est plus à une igno­mi­nie et à une pro­pa­gande gro­tesque près), au lieu de faire leur bou­lot et de com­battre le ter­ro­risme, ce qui devrait consis­ter d’abord à s’abstenir de fer­mer les yeux sur qui le finance, ensuite à affran­chir leur pays de son empire ; en Grèce, la Pré­si­dente du Par­le­ment, numé­ro deux de l’É­tat dans l’ordre pro­to­co­laire, repré­sen­tante émi­nente du par­ti du chef de l’État, se fait pas­ser et le fait pas­ser pour tota­le­ment impuis­sants alors qu’ils devraient avoir à assu­mer cha­cune des misères du peuple grec, qui ne sont pour eux qu’un moyen de nous enfu­mer pour le compte de l’empire.

      Le plus scan­da­leux, dans cette décla­ra­tion de Mme Kons­tan­to­pou­lou, est pré­ci­sé­ment qu’elle voile tota­le­ment la réa­li­té du pou­voir légi­time alors qu’elle est de son fait. Elle viole ain­si ce qui consti­tue le tout pre­mier devoir des « repré­sen­tants » ; car du point de vue du citoyen qui vou­drait pou­voir s’y fier, ce qui est en quelque sorte, en retour, son pre­mier droit poli­tique, il n’y a effec­ti­ve­ment plus de défi­ni­tion des Pou­voirs, de sépa­ra­tion des Pou­voirs (ce qui est la même chose). (2) Un faux constat signé par le Pou­voir, au nom même de la démocratie. 

      (1) Je pré­cise que j’avais pré­vu de faire cette réponse avant l’ « edit » qu’a insé­ré Étienne tout à l’heure (avouons même que notre hôte s’est fait pas­ser un savon par votre ser­vi­teur…), non pas pour me faire mous­ser ou je ne sais quoi, mais sim­ple­ment pour rap­pe­ler que, sous le coup de l’émotion et dans la pré­ci­pi­ta­tion que semble nous impo­ser sans cesse un calen­drier dont nous ne déci­dons pas, nous sommes cha­cun sus­cep­tibles de nous lais­ser aller à relayer à peu près n’importe quelle pro­pa­gande pour­vu qu’elle soit lar­moyante), et que cette dic­ta­ture de l’urgence qui en résulte dans les débats est un drame, elle anéan­tit la capa­ci­té de ceux qui le vou­draient de mener le mini­mum de recherches et de com­mu­ni­quer ; bref, que cela fait plon­ger le niveau des débats, et sauf à en prendre conscience et à se faire vio­lence, cha­cun, c’est irré­mé­diable et ça ira de mal en pis.

      (2) Et puisque nous en reve­nons, très logi­que­ment, à la chasse hys­té­rique au « conspi­ra­tion­nisme », il nous faut ajou­ter cette der­nière remarque élé­men­taire : par construc­tion, un Pou­voir qui n’est pas défi­ni est usur­pé. Tyran : du grec ὁ τύραννος, lit­té­ra­le­ment « celui qui a usur­pé le pou­voir », sans conno­ta­tion néces­saire de brutalité.

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      • Ana Sailland

        Ce que disent les repré­sen­tants est inté­res­sant, mais les gens ? Depuis ici, il est très dif­fi­cile de savoir si les citoyens grecs sou­haitent quit­ter l’euro.

        Réponse
        • Sam

          Ce qu’ils disent… et, plus encore, par­fois, disais-je, ce qu’ils ne disent pas.

          Et sur­tout ce qu’ils ne font pas. On se pignole et on se fric­tionne avec des résul­tats de réfé­ren­dums qui ne nous sont jamais qu’octroyés ; le plus athée et le plus féroce anti-UE en est réduit, admet­tons-le, à se voir secrè­te­ment bénir le ciel qu’on les ait eus, ces ques­tions et ces réponses, alors qu’é­vi­dem­ment, en 2005 ici et en 2015 en Grèce, quitte à dis­sua­der les gens d’al­ler à la pêche, ça ne coû­tait à peu près rien d’a­jou­ter ce genre de ques­tion : quit­ter l’eu­ro O/N, quit­ter l’UE O/N. Et tant qu’à faire : Quit­ter l’O­TAN O/N, Quit­ter l’OMC O/N.

          Tout au plus a‑t-on quelques bouts de son­dages, octroyés par le jour­nal de mon­sieur untel et celui de mon­sieur untel, sur des ques­tions rare­ment non faus­sées d’ailleurs, et nos gou­ver­ne­ment pas de gêne que l’on ait à s’en conten­ter. « Depuis ici il est très dif­fi­cile… » : tu sais bien que c’est tout aus­si dif­fi­cile de savoir ce que pensent les fran­çais. Le tout est de ne pas leur poser offi­ciel­le­ment la question. 

          Fou­tage de gueule libre et non faus­sé. Mais qui en parle, en reparle sans se las­ser ? Et à force de ne pas reve­nir à l’es­sen­tiel, on en vient même à s’entre-déchi­rer pour des réponses à ces ques­tions non posées. 

          Le tout est de matra­quer le peuple d’une pro­pa­gande qui, très clai­re­ment quoique indi­rec­te­ment juste ce qu’il faut, fasse paraître ces ques­tions comme incon­ce­vables, ou odieuses, ou bien pas déci­sives, ou encore de pré­sen­ter la sor­tie comme le début d’un che­min qui mène à l’en­fer – quand l’UMPS joue sur les quatre options à la fois, la fausse oppo­si­tion des diri­geants du PCF ne prend que la der­nière option, celle des diri­geants du PG (ou du NPA, à leurs manières res­pec­tives), l’a­vant der­nière ; quant à ceux du FN, qui se posent comme tou­jours en der­nier recours, elle consiste car­ré­ment à faire croire qu’ils veulent sor­tir de l’eu­ro et de l’UE, ce qui n’est pas le cas.

          Réponse
          • Ana Sailland

            Le réfé­ren­dum à l’i­ni­tia­tive du prince a pour fonc­tion de ne poser que les ques­tions qui conviennent au prince. En effet.

  15. etienne

    JOSEPH STIGLITZ :
    GRÈCE, L’AGNEAU SACRIFICIEL

    26 juillet 2015 | Par Moni­ca M.

    « Joseph Sti­glitz a publié hier dans Le New York Times un article sur l’i­na­ni­té des exi­gences de la Troï­ka envers la Grèce.

    L’in­té­rêt de cet article très clair est de mon­trer à quel point la poli­tique de l’Eu­ro­zone a dépas­sé toutes les limites du bon sens en matière même de … capi­ta­lisme. Le plus inquié­tant est que cette poli­tique euro­péenne, menée sous les aus­pices de l’Al­le­magne pré­ten­du­ment « ordo-libé­rale » (en fait, tenante d’un capi­ta­lisme à visage inhu­main), soit cau­tion­née et mise en œuvre sans état d’âme par des zélés « socia­listes » et autres « sociaux-démo­crates ». Ces Lea­ders élus ne prêtent appa­rem­ment qu’un œil dis­trait ou aveugle à la pau­pé­ri­sa­tion des peuples qu’ils gou­vernent, au chô­mage galo­pant de la jeune géné­ra­tion, et adoptent tran­quille­ment, au nom du « prag­ma­tisme du réel » des règles insen­sées éla­bo­rées par des technocrates.

    Voi­ci ma tra­duc­tion de cet article Greece, the sacri­fi­cial lamb, de Jos­peh Stiglitz,ancien Éco­no­miste en chef de la Banque Mondiale. »

    [à lire sur Mediapart…]

    Source : https://blogs.mediapart.fr/blog/monica‑m/260715/joseph-stiglitz-grece-lagneau-sacrificiel

    Réponse
  16. Ana Sailland
  17. joss
  18. gracia

    Je me pose la ques­tion sur l’en­det­te­ment des états. Faire appel aux banques pri­vées est ce vrai­ment la réa­li­té et la loi de 1973 est-elle res­pon­sable de notre dette. Voir la vidéo de Vincent Brous­seau. Tout sim­ple­ment j’y perd mon latin…
    A par­tir de la 39 mn vidéo ‘l’Eu­ro est-il irré­vo­cable’ de Vincent Brousseau…j’attends des explications.

    Réponse
    • Ana Sailland

      Tout euro cir­cu­lant est un euro de dette.
      Besoin de plus ?

      Réponse
    • Sam

      @ Gra­cia,

      il aurait, bien sûr, beau­coup trop de déve­lop­pe­ments à faire pour répondre à tout ça d’un coup, et il fau­drait déjà ample­ment déve­lop­per les ques­tions elles-mêmes. Cela a sus­ci­té des cen­taines et des cen­taines de pages de débats rien que sur ce blog (ou plu­tôt son ancêtre).

      Je ne peux guère que répondre, ici, que si j’ap­pré­cie gran­de­ment le sou­ci de qua­li­té péda­go­gique de V. Brous­seau, je suis en grand désac­cord avec lui sur ce qu’il PARAIT dire ou pen­ser (lui aus­si doit bien faire court).

      Une des grandes sources de mal­en­ten­dus sur ces ques­tions fon­da­men­tales pro­vient, comme sou­vent, du fait que l’a­na­lyse ou la cri­tique se situent soit dans un cadre qui est ce qui est, soit au regard de ce qui pour­rait être, et que cette dis­tinc­tion est elle-même rare­ment posée. Exemple, même si la loi de 1973 n’a­vait rien chan­gé pour la dette publique et en termes de pou­voirs confé­rés aux « mar­chés finan­ciers » (ce qui est faux, mais je ne peux me per­mettre de redé­mon­trer en quoi ici, à la va-vite), il y a encore qu’elle aurait pu le faire – une loi qui n’au­rait rien chan­ger à un sys­tème de pri­vi­lèges et de pou­voir occulte res­te­rait une loi scé­lé­rate, un sem­blant de chan­ge­ment qu’on appor­te­rait jus­te­ment pour que rien ne change (cette loi était d’a­bord sen­sée répondre au pro­jet d’en faire une, annon­cé à la Libé­ra­tion dans le cadre d’un pro­gramme qui devait nous libé­rer des féo­da­li­tés économiques).

      Une autre source de confu­sion énorme vient du fait qu’on ne peut pas ana­ly­ser les choses de la même manière selon qu’on est ou non dans l’eu­ro. Par paren­thèse, avant de reve­nir sur ce point par­ti­cu­lier, je répète ici que la ques­tion pas­sion­nante et fon­da­men­tale de la créa­tion moné­taire consti­tue elle-même (un comble) une dis­trac­tion impor­tante par rap­port à la ques­tion éga­le­ment déci­sive mais en très grande par­tie indé­pen­dante, de l’eu­ro (dont on aurait du se pas­ser)… Un exemple très emblé­ma­tique en est don­né par le débat – à science-po, de mémoire (en tous cas c’est sur You­tube) – entre le « néo-char­ta­liste » Grje­bine et J. Sapir. En un mot, quand le second mar­tèle, à très juste titre, que le pro­blème de l’eu­ro n’est pas une affaire de dette publique mais une ques­tion de dés­équi­libre des balances com­mer­ciales entre États-membres, que ne sau­rait com­bler qu’un sys­tème de com­pen­sa­tions dit « Union de trans­ferts » (auto­ma­tiques, ajoute Lor­don, et j’ai bien ré-expli­qué plus haut que cela ne peut se faire que dans un sys­tème stric­te­ment fédé­ral, qui est aux anti­podes de ce qu’est l’UE – voir mon mes­sage du 2707 à 20:16), le pre­mier nous assure (à tort, je pense) que la créa­tion moné­taire pour­rait résoudre mira­cu­leu­se­ment la chose. 

      Je reviens, disais-je, sur le fait qu’on ne peut pas ana­ly­ser les choses de la même manière selon qu’on est ou non dans l’eu­ro. En par­ti­cu­lier, il y a que ce qu’ex­plique V. Brous­seau au début (à la minute 39) tient à peu près la route si, jus­te­ment, on est dans l’eu­ro, tan­dis que ce ne serait pas du tout une fata­li­té sinon. Un point très impor­tant est que toute émis­sion de mon­naie par la banque cen­trale s’ins­crit, dans ses comptes, comme un pas­sif en ce qui la concerne, mais que cela ne veut abso­lu­ment pas dire que cette « dette » doive être rem­bour­sée. Et d’ailleurs, cha­cun sait ou devrait savoir que la masse moné­taire (en par­ti­cu­lier M0, celle de la mon­naie fidu­ciaire) ne cesse d’aug­men­ter (donc ce pas­sif vir­tuel). Dans le cadre d’une nation sou­ve­raine, c’est, en un mot, une dette de la socié­té envers elle-même, et on s’en fout éper­du­ment, l’im­por­tant étant que la cir­cu­la­tion moné­taire (au besoin, l’é­mis­sion moné­taire) soit suf­fi­sante pour finan­cer la pro­duc­tion de biens et de ser­vices dont le peuple a besoin. L’er­reur consi­dé­rable que semble com­mettre V. Brous­seau au début de pas­sage (minute 39) (*), n’est pas tant de ne rai­son­ner que sur les inté­rêts (« loyer » de l’argent) en oubliant que des inté­rêts ver­sés aux épar­gnants pri­vés ou à la BC ne sont pas la même chose (il s’a­gi­rait déjà, a mini­ma, de com­pen­ser cela par l’im­pôt, ce qui n’est pas méca­nique), mais de rai­son­ner sur un ensemble État – BC pro­prié­té de l’É­tat en oubliant que l’ins­ti­tut d’é­mis­sion n’a abso­lu­ment pas à rem­bour­ser le pas­sif en ques­tion (ce qui ne revien­drait évi­dem­ment pas à rem­bour­ser qui­conque, seule­ment à reti­rer de la mon­naie de la circulation).

      Mais du fait de l’u­nion moné­taire, le pas­sif (vir­tuel) en ques­tion, pour la Banque de France, se tra­duit par une dette de la nation fran­çaise envers l’en­semble des peuples des États membres de la zone euro. En quelque sorte, par ce biais malé­fique, la Banque de France rede­vient un agent ordi­naire, qui peut faire faillite, et dont la dette devrait être épon­gée soli­dai­re­ment par tous les États de la zone euro (au pro­ra­ta de leurs parts au capi­tal du SEBC, soit, disons, de leurs popu­la­tions res­pec­tives ou de leurs parts de PIB à la date du trai­té machin, pas­sons). Une autre manière de le dire est que la banque cen­trale de Grèce a un « droit de tirage » qui se limite à la part de PIB de la Grèce dans la zone euro alors qu’il fau­drait jus­te­ment l’aug­men­ter si on veut qu’elle se déve­loppe pour « rat­tra­per » les autres pays (sans ajus­te­ment vers le bas de la variable « reve­nus du tra­vail ») – et ici, Grje­bine a rai­son, même si, dans la pra­tique, son miracle qui ne sera jamais mis en place dans le cadre UE est sur­tout une diver­sion par rap­port à la ques­tion de la néces­saire sor­tie de l’eu­ro (qui, pour la nième fois, s’im­pose du fait que jamais une union moné­taire n’a tenu, du simple fait, pour la énième fois, que cela sup­pose le véri­table fédé­ra­lisme, en l’occurrence un État euro­péen, avec des gou­ver­ne­ments des « États membres » qui n’exercent plus aucun pou­voir au plan fédé­ral, bref, le contraire de ce qui découle d’une construc­tion par traités).

      Sur un point tech­nique plus acces­soire, V. Brous­seau me semble prendre les choses tout à fait à l’en­vers (il a du sim­ple­ment inver­ser les mots sans s’en rendre compte) : il dit que, s’il n’y avait qu’une seule banque de dépôt dans le sys­tème, elle ferait ce qu’elle vou­drait, tan­dis que s’il y en a un très grand nombre, le mul­ti­pli­ca­teur moné­taire ne mar­che­rait plus. C’est le contraire : c’est pré­ci­sé­ment parce qu’il y a plu­sieurs banques de dépôt, et non une seule, que les banques de dépôt peuvent créer de la mon­naie par le biais du cré­dit (et béné­fi­cier d’une part des inté­rêts et du pou­voir de déci­der de l’o­rien­ta­tion du cré­dit, donc des inves­tis­se­ments), et qu’elles peuvent le faire sans limite pour­vu sim­ple­ment que cha­cune le fasse en pro­por­tion de sa part de « chiffre d’af­faires » en termes de dépôts qu’elle attire. Quant à dire qu’e, tel cas, la BC n’au­rait plus d’im­por­tance, cela n’a pas de sens, du moins au regard de ce qui pour­rait être, du fait que la BC (de pré­fé­rence, sur déci­sion géné­rale du Par­le­ment) pour­rait notam­ment impo­ser d’im­por­tantes réserves obli­ga­toires (à 100%, il n’y a plus de ver­se­ments d’in­té­rêts à des agents pri­vés), des boni­fi­ca­tions de cré­dit selon les sec­teurs d’ac­ti­vi­tés finan­cées (avec plu­sieurs banques, on a encore l’en­ca­dre­ment du cré­dit qui met un point d’ar­rêt bru­tal à la course au chiffre d’af­faire pour le cré­dit (et pour les dépôts)). 

      (*) https://​you​tu​.be/​K​D​9​5​J​L​g​q​d64

      Réponse
      • Sam

        L’a­na­lyse de V. Brous­seau, déci­dé­ment, me paraît et dan­ge­reu­se­ment pri­son­nière d’une vision erro­née de l’é­co­no­mie comme sys­tème de vases com­mu­ni­cants (une vision archaïque d’ailleurs reprise par aucun grand éco­no­miste dans l’his­toire, sauf par les gratte-papier du régime impé­rial qui nous gouverne). 

        Cela appa­raît notam­ment à la minute 52, quand il dit que « le pro­tec­tion­nisme », s’il nous est indis­pen­sable pour ne pas som­brer sans fin vers le niveau de déve­lop­pe­ment et de reve­nus du Laos, revien­drait à lais­ser ce der­nier dans sa misère.

        Du reste, « le pro­tec­tion­nisme », entier et aveugle, n’est évi­dem­ment pas la solu­tion, il est à pra­ti­quer au cas par cas, ce qu’on sait depuis son pre­mier théo­ri­cien moderne, dont le nom m’é­chappe, là tout de suite… Des mesures pro­tec­tion­nistes uni­la­té­ra­le­ment déci­dées par la France, pour­vu qu’elles soient ciblées, réflé­chies, n’empêchent pas le Laos d’en prendre aus­si (ni d’a­dop­ter un régime moné­taire juste), ni même de pas­ser des accords d’é­changes com­mer­ciaux équi­tables avec le Laos, etc.

        Le pro­blème constant de ces débats minu­tés est de for­cer celui qui s’ex­prime à iso­ler bien trop les para­mètres. Mais il paraît que les gens, qui ont tou­jours le temps de lire mille textes courts et de ce simple fait trom­peurs, répugnent à lire de très longs textes (quand bien même ils sup­plient le ciel de leur envoyer des pro­grammes com­plets, fice­lés et cohérents).

        Réponse
      • Ana Sailland

        Sor­tir de l’eu­ro sauve ( c’est néces­saire ) mais on peut faire beau­coup mieux.
        Les rares poli­tiques qui prônent la sor­tie sans abor­der la ques­tion d’une reforme fon­da­men­tale très au loin de 1972 loupent un cha­pitre immense … et se privent d’un énorme pou­voir de séduction.
        Car selon les méca­nismes moné­taires choi­sis, on est dans la civi­li­sa­tion de la pin­gre­rie ou dans celle de l’abondance.

        Réponse
    • joss

      La loi de 73 s’ins­crit dans un pro­ces­sus qui mène à la créa­tion d’une banque cen­trale euro­péenne (BCE) pri­vée et indé­pen­dante des états et qui contrôle les banques natio­nales (voir trai­tés de Maas­tricht et Lis­bonne qui ont sui­vi cette loi). C’est la pre­mière marche de l’escalier.

      L’ob­jec­tif :
      Les états s’en­dettent uni­que­ment envers des banques privées.
      Ce qui per­met une poli­tique éco­no­mique d’en­det­te­ment des états et d’en­ri­chis­se­ment du sec­teur pri­vé (sur­tout bancaire).
      Asser­vis­se­ment de l’é­tat par les banques privées.

      Mais l’aug­men­ta­tion de la dette qui a été enre­gis­trée n’a été pos­sible que grâce à la poli­tique « d’aus­té­ri­té » (com­pli­ci­té de nos chers politiques) :
      ‑de réduc­tion de cer­taines dépenses (ser­vices publics),
      ‑d’aug­men­ta­tion de cer­taines dépenses (aides aux multi-nationales),
      ‑de casse salariale,
      ‑d’aug­men­ta­tion d’im­pôts (pour le citoyen),
      ‑de dimi­nu­tion d’im­pôts (pour les multi-nationales),
      ‑sans oublier les pri­va­ti­sa­tions (le dépe­çage de l’état).

      Réponse
    • joss

      Sur la créa­tion monétaire :
      Tout l’argent qui cir­cule au niveau mon­dial est de l’argent prêté.
      Par qui ? par les banques privées.
      Prê­té ? les banques ne donnent pas d’argent, elles ne savent que le prêter.
      Jusque là, on joue au « Mono­po­ly », à la fin du jeu tout retourne dans la boîte (la banque).
      Main­te­nant 2 points importants :
      Avant de le prê­ter, elles le créent à par­tir de rien.
      Comme l’argent n’est que prê­té, elles demandent de le rem­bour­ser, avec un loyer : des intérêts.
      Mais les inté­rêts ne sont pas prê­tés ! Il fau­dra les cher­cher dans l’emprunt du voi­sin (pro­voque faillite) ou dans l’emprunt futur (aug­mente la dette).
      Ce qui veut dire que :
      A- si tout le monde rem­bourse ses dettes, il n’y aura plus d’argent qui circule,
      B- et pour rem­bour­ser les inté­rêts de la dette, il fau­dra se ré-endet­ter (retour au point A-).
      Ce qui est un cercle vicieux :
      on passe de A- à B- à A- à B- à A- à…
      C’est pire que le Monopoly !

      Réponse
      • Ana Sailland

        NB : Tous autres vices répa­rés, la créa­tion par le cré­dit reste nuisible

        Réponse
    • Mic El

      le pro­blème c’est qu’en même temps E&R sou­lève des rires gras par ses inci­ta­tions à la vio­lence à peine masquée…

      Réponse
  19. binnemaya
    • Ana Sailland

      Je ne vou­drais pas être pes­si­miste et me réjouis de me trom­per et de consta­ter la réus­site, mais le salaire à vie dans le cadre de l’eu­ro me semble dif­fi­cile techniquement.

      Par contre si outre un fran­xit on réfor­mait le méca­nisme de créa­tion moné­taire en pas­sant du méca­nisme mon­naie-prê­tée au méca­nisme mon­naie-injec­tée, le reve­nu incon­di­tion­nel devien­drait plus une consé­quence qu’une revendication.

      ( cf quan­ti­ta­tive easing for the people )

      Réponse
  20. DESBOIS

    JE NE CONNAIS QU’UN SEUL PARTI POLITIQUE ENTIEREMENT TOURNE VERS LA SORTIE DE L’EURO / L’U.P.R.
    http://​www​.upr​.fr/
    Son défaut : il n’en­vi­sage pas de remettre à plat la constitution.

    Réponse
    • Mic El

      À pro­pos de l’article 50 autant pio­cher dans des argu­ments déjà bien écrits plus haut pas Sam :

      « Par­lant de timing (dans le cas plus direc­te­ment ambi­tieux d’une sor­tie de l’UE), il est mani­feste que la plu­part des gens qui parlent de l’article 50 ne l’ont pas lu : il est tout à fait abu­sif de voir dans cette clause la per­mis­sion d’une sor­tie par déci­sion réel­le­ment uni­la­té­rale (l’aval de cer­taines ins­ti­tu­tions UE étant expli­ci­te­ment requis, celles-ci gar­dant même le contrôle du calen­drier), et il est par­fai­te­ment évident qu’elle forme ce qu’on appelle une mesure dila­toire (en l’occurrence, c’est une mesure per­met­tant de gagner du temps afin de dis­sua­der le can­di­dat à la sor­tie, notam­ment au motif d’assurer la conti­nui­té de la « juri­dic­tion » ô com­bien démo­cra­tique de l’OMC, l’article 50 fai­sant expli­ci­te­ment réfé­rence à l’article 88) — un grand mérite de la posi­tion de Nico­las Dupont-Aignan (quoiqu’elle ne me semble pas entiè­re­ment claire), est pré­ci­sé­ment de reje­ter l’idée d’un recours à cet article 50 qui est un piège et une offense (un État n’a pas à négo­cier sa sor­tie selon des moda­li­tés impo­sées par le cadre dont il sort, ce qui ne signi­fie évi­dem­ment pas qu’il aie inté­rêt à ne rien négo­cier mais que c’est à lui de défi­nir ce qui mérite de l’être).’

      Réponse
  21. Ana Sailland

    J’en­vi­sage une migra­tion gra­tuite vers ubunto 😉

    Réponse
    • Mic El

      tu n’y es pas déjà??

      Réponse
      • Ana Sailland

        Pas évident quand on achète un ordi où le bios est qua­si verrouillé

        Réponse
        • Mic El

          il faut bien sûr y consa­crer un mini­mum de temps, mais pour s’af­fran­chir cela en vaut la peine. il existe main­te­nant même des tablettes et des télé­phone sur les­quels tu peu ins­tal­ler ubun­tu. il faut prendre patience de poser quelques ques­tion sur des pages spé­cia­li­sée, pour véri­fier la confor­mi­té de tes appa­reils avec les dif­fé­rents déri­vés de linux, ce genre http://​doc​.ubun​tu​-fr​.org/​p​o​r​t​a​ble

          Alter­na­tive, tu peu trou­ver une esclave qui en échange d’une modique séduc­tions sera prêt à mouiller sa che­mise pour ta ‘muta­tion’…

          Réponse
          • Ana Sailland

            La séduc­tion n’est pas plus évi­dente que le bios, grand éclat de rire.

            J’ai déjà consa­cré des jours à faire ce que tu me sug­gères, mais mer­ci quand même pour les conseils.

            Si je vis plus long­temps que mon PC, j’en achè­te­rai un dans une petite échoppe en posant mes condi­tions, ou chez un assembleur.

          • Mic El

            alter­na­tive à l’al­ter­na­tive, prendre ton vieux pc, por­ta­blet­tect, y col­ler des­sus un ubun­tu pas trop récent mais main­te­nu a jour genre ubun­tu 12.04 LTS…
            après, sauf excep­tion excep­tion­nelle, tu n’au­ra plus besoin d’escrosoft.

        • joss

          Il faut presque avoir 2 PC :
          un avec Micro­soft (ou autre OS Orwel­lien) NON CONNECTE,
          un avec UBUNTU (ou autre OS Libre) CONNECTE.

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    • binnemaya

      Pour les plus bri­co­leurs il y a Voya­ger X8 (une Débian per­son­na­li­ser) et sinon je suis fan de Voya­ger sous Xubun­tu qui tourne très bien même sur des vieux PC vive le Libre en Open Source

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  22. etienne

    Pour Varoufakis

    Source : http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​160

    La menace d’une incul­pa­tion pour Haute Tra­hi­son pesant désor­mais sur Yanis Varou­fa­kis a quelque chose d’absurde, mais aus­si de ter­ri­ble­ment révé­la­teur[1]. Elle éclaire de manière crue le faite que la zone Euro est désor­mais deve­nue un monstre, ou plus pré­ci­sé­ment un tyran qui s’est déga­gé de toute règle.

     

    Les faits

    Yanis Varou­fa­kis, en tant que Ministre des finances, a pris la déci­sion de faire péné­trer clan­des­ti­ne­ment le sys­tème infor­ma­tique de l’administration fis­cale grecque. On a ren­du compte de ce « plan B » dans ce car­net[2], et c’est ce qui lui est repro­ché. Mais, il a pris cette déci­sion en accord avec le Pre­mier ministre, Alexis Tsi­pras. Il a pris cette déci­sion concer­nant le sys­tème infor­ma­tique de l’administration fis­cale grecque parce que ce der­nier était en réa­li­té sous le contrôle d’hommes de la « Troï­ka », c’est à dire du Fond Moné­taire Inter­na­tio­nal, de la Banque Cen­trale Euro­péenne et de la Com­mis­sion Euro­péenne. C’est donc le Pre­mier ministre conser­va­teur, M. Sama­ras, bat­tu lors des élec­tions du 25 jan­vier, qui a en réa­li­té com­mis cet acte de Haute Tra­hi­son en confiant l’administration fis­cale à une (ou des) puis­sances étran­gères. C’est lui, et lui seul, qui porte la totale res­pon­sa­bi­li­té de ce qui est alors survenu.

    Cette déci­sion avait pour but de mettre en œuvre un sys­tème de paie­ments paral­lèles qui aurait per­mis au gou­ver­ne­ment grec de contour­ner le blo­cage des banques qui fut orga­ni­sé par la BCE à par­tir de la fin juin 2015. Ceci aurait été néces­saire pour évi­ter la des­truc­tion du sys­tème ban­caire grecque qu’a pro­vo­quée l’action de la Banque Cen­trale Euro­péenne. Cette action illé­gale de la BCE a mis en péril le sys­tème ban­caire alors que l’une de ses mis­sions, ins­crites dans la charte de la BCE est jus­te­ment d’assurer le bon fonc­tion­ne­ment de ce sys­tème ban­caire. Si Yanis Varou­fa­kis doit être incul­pé, il serait logique, il serait juste, que le Pré­sident de la BCE M. Dra­ghi ain­si que le Pré­sident de l’Eurogroupe, M. Dijs­sel­bloem, le soient aussi.

    Il est exact que ce sys­tème paral­lèle de paie­ments aurait aus­si pu per­mettre un glis­se­ment très rapide de l’Euro vers la Drachme, mais Varou­fa­kis, selon les pro­pos rap­por­té par The Tele­graph, n’envisageait cela qu’en toute der­nière extré­mi­té[3].

     

    Une déci­sion absurde.

    Incul­per M. Varou­fa­kis est ain­si absurde. Le fait qu’il soit désor­mais défen­du par des per­son­na­li­tés comme Moha­med El-Erian, l’économiste en chef d’Allianz et Pré­sident d’un comi­té d’experts éco­no­miques auprès du Pré­sident des Etats-Unis[4], montre bien que ce qu’il a fait, il l’a fait pour le plus grand bien de l’Etat qu’il ser­vait comme Ministre des finances. Cette incul­pa­tion, si elle devait de confir­mer, ne pour­rait avoir lieu qu’avec la com­pli­ci­té d’Alexis Tsi­pras qui aurait alors lâché son ancien Ministre des finances, et qui n’assumerait pas ses res­pon­sa­bi­li­tés. Cette incul­pa­tion, si elle sur­ve­nait, serait un acte odieux, un acte de pure jus­tice poli­tique, de ven­geance des auto­ri­tés euro­péennes contre un homme qui a osé, appuyé par son peuple, les défier.

    Cette incul­pa­tion serait aus­si quelque chose de très révé­la­teur de l’attitude néo-colo­niale qu’ont les auto­ri­tés euro­péennes aujourd’hui vis-à-vis de la Grèce, mais aus­si d’autre pays. Ste­fa­no Fas­si­na, ancien Vice-Ministre des finances du gou­ver­ne­ment ita­lien, membre du Par­le­ment de ce pays et l’un des membres émi­nents du Par­ti Démo­crate actuel­le­ment au pou­voir, a écrit dans un texte qui a été publié sur le blog de Yanis Varou­fa­kis[5] : « Alexis Tsi­pras, Syri­za et le peuple grec ont eu le mérite his­to­rique indé­niable d’arracher le voile de rhé­to­rique Euro­péiste et d’objectivité tech­nique qui n’a pour but que de mas­quer la dyna­mique de la zone Euro »[6]. Il ajoute aus­si : « Nous devons recon­naître que l’Euro fut une erreur de pers­pec­tive poli­tique. Il nous faut admettre que dans la cage néo-libé­rale de l’Euro, la Gauche perd sa fonc­tion his­to­rique et qu’elle est morte comme force ser­vant la digni­té et l’importance poli­tique du tra­vail ain­si que de la citoyen­ne­té sociale en tant qu’instrument d’une démo­cra­tie réelle »[7]. Il conclut enfin en écri­vant : « Pour une dés­in­té­gra­tion qui soit gérée de la mon­naie unique, nous devons construire une large alliance de fronts de libé­ra­tion natio­nale »[8].

    Cette pers­pec­tive est aujourd’hui entiè­re­ment jus­ti­fiée. La zone Euro s’est bien révé­lée une machine de guerre au ser­vice d’une idéo­lo­gie, le néo-libé­ra­lisme, et au ser­vice d’intérêts par­ti­cu­liers, ceux de la finance, et d’une oli­gar­chie sans fron­tières. La pers­pec­tive offerte par Ste­fa­no Fas­si­na est bien celle que nous avons aujourd’hui devant nous, soit la consti­tu­tion d’une « alliance des fronts de libé­ra­tion natio­nale » des pays de la zone Euro pour faire plier le tyran, et pour déman­te­ler la zone Euro.

    Jacques Sapir.

    Notes

    [1] Evans-Prit­chards A., « Euro­pean ‘alliance of natio­nal libe­ra­tion fronts’ emerges to avenge Greek defeat », The Tele­graph, 29 juillet 2015, http://​www​.tele​graph​.co​.uk/​f​i​n​a​n​c​e​/​e​c​o​n​o​m​i​c​s​/​1​1​7​6​8​1​3​4​/​E​u​r​o​p​e​a​n​-​a​l​l​i​n​c​e​-​o​f​-​n​a​t​i​o​n​a​l​-​l​i​b​e​r​a​t​i​o​n​-​f​r​o​n​t​s​-​e​m​e​r​g​e​s​-​t​o​-​a​v​e​n​g​e​-​G​r​e​e​k​-​d​e​f​e​a​t​.​h​tml

    [2] http://​rus​seu​rope​.hypo​theses​.org/​4​148

    [3] http://​www​.tele​graph​.co​.uk/​f​i​n​a​n​c​e​/​e​c​o​n​o​m​i​c​s​/​1​1​7​6​4​0​1​8​/​V​a​r​o​u​f​a​k​i​s​-​r​e​v​e​a​l​s​-​c​l​o​a​k​-​a​n​d​-​d​a​g​g​e​r​-​P​l​a​n​-​B​-​f​o​r​-​G​r​e​e​c​e​-​a​w​a​i​t​s​-​t​r​e​a​s​o​n​-​c​h​a​r​g​e​s​.​h​tml

    [4] http://www.project-syndicate.org/commentary/varoufakis-agenda-defended-by-mohamed‑a–el-erian-2015–07

    [5] Voir Fas­si­na S., « For an alliance of natio­nal libe­ra­tion­fronts », article publié sur le blog de Yanis Varou­fa­kis par Ste­fa­no Fas­si­na, membre du Par­le­ment (PD), le 27 juillet 2015, http://​yanis​va​rou​fa​kis​.eu/​2​0​1​5​/​0​7​/​2​7​/​f​o​r​-​a​n​-​a​l​l​i​a​n​c​e​-​o​f​-​n​a​t​i​o​n​a​l​-​l​i​b​e​r​a​t​i​o​n​-​f​r​o​n​t​s​-​b​y​-​s​t​e​f​a​n​o​-​f​a​s​s​i​n​a​-​mp/

    [6] Alexis Tsi­pras, Syri­za and the Greek people have the unde­niable his­to­ri­cal merit of having rip­ped away the veil of Euro­pea­nist rhe­to­ric and tech­ni­cal objec­ti­vi­ty aimed at cove­ring up the dyna­mics in the eurozone

    [7] We need to admit that in the neo-libe­ral cage of the euro, the left loses its his­to­ri­cal func­tion and is dead as a force com­mit­ted to the digni­ty and poli­ti­cal rele­vance of labour and to social citi­zen­ship as a vehicle of effec­tive democracy.

    [8] For a mana­ged dis-inte­gra­tion of the single cur­ren­cy, we must build a broad alliance of natio­nal libe­ra­tion fronts

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    • Ana Sailland

      Le droit devient bizarre qui envi­sage de pour­suivre pour haute tra­hi­son une pen­sée non réa­li­sée. Mais bon. On va vers le pire.

      Et tra­hi­son de qui au fait ? De la Grèce ou des infor­ma­ti­ciens extérieurs ?

      Réponse
      • joss

        Ca devient du « 1984 » pur jus (avec leur Police de la Pensée).
        Mais toutes les tra­hi­sons d’in­ten­tion, man­quées ou non, ne sont pas jugées, c’est une jus­tice à la tête du client. On doit éli­mi­ner un tel, qu’est-ce qu’on peut ima­gi­ner pour pou­voir l’inculper ?
        Tsi­pras, n’a t’il pas tra­hi son peuple en refu­sant le résul­tat du réfé­ren­dum ? ou quand il a signé l’ac­cord de la Troï­ka en disant « qu’il n’y croyait pas », n’a t’il pas une inten­tion de tra­hi­son der­rière la tête ? ou plu­tôt de haute trahison.

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      • nlesca

        Même si elle a une cer­taine légi­ti­mi­té de la part d’un démis­sion­naire post referendum/pré capi­tu­la­tion, cette réponse ne me paraît pas cin­glante du tout, je la trouve un peu molle et mal­heu­reu­se­ment tou­jours empreinte d’un manque de réa­lisme sus­pect quant à l’at­ti­tude à adop­ter vis-à-vis de l’UE et de ses technocrates.

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    • joss

      Gérard Fou­cher sur Varou­fa­kis, son plan B et le complot :

      Réponse
      • Ronald

        Le point notable est que l’argent créé ne devient réel­le­ment de la « dette » qu’à par­tir du moment où la recon­nais­sance de dette est refi­lée à un épar­gnant réel, en échange de son pécule. A la base, un habi­tant du nord de l’Eu­rope, par sen­ti­ment pro­so­cial, aurait ten­dance à sou­te­nir le peuple grec, et son sou­hait d’être libé­ré du far­deau de l’en­det­te­ment. Mais dès lors qu’il com­prend que le cré­di­teur, c’est deve­nu lui-même (indi­rec­te­ment : par les assu­rances-vie, les comptes en banques mena­cés de faillite, le bud­get des Etats prê­teurs, etc ), les sen­ti­ments égoïstes des gens du nord l’emportent sur leurs sen­ti­ments altruistes, et ils s’en­gagent dans la lutte aux côtés de la finance contre les habi­tants du sud. Si ça, ce n’est pas un méca­nisme pro­pre­ment satanique …

        Réponse
        • Ana Sailland

          La TITRISATION modi­fie l’i­den­ti­té du créan­cier, et dope le devoir moral de l’emprunteur :->

          Au la racine du cir­cuit de la dette, le créan­cier est l’é­met­teur de mon­naie ex nihi­lo, légal mais illé­gi­time, et l’emprunteur, s’il a un devoir ins­ti­tu­tion­nel ( dou­teux ) n’a aucun devoir moral au sens strict.
          Son défaut ne lèse pas.

          Mais celui qui plus tard achète sur les mar­chés des titres de dette les paye de sa poche, et de ce fait, l’emprunteur ini­tial se voit alour­di d’une dette morale envers un créan­cier phy­sique et de chair.
          Désor­mais, le défaut lèse.

          La titri­sa­tion est une sorte de blan­chi­ment de la mon­naie ex nihi­lo, qui en cas d’au­dit de la dette des états rend l’al­lè­ge­ment dif­fi­cile et néces­sai­re­ment partiel.

          La titri­sa­tion a été auto­ri­sée dans les années 80 et per­met de jon­gler et tri­cher à qui mieux mieux.

          Réponse
          • Mic El

            La titri­sa­tion est une sorte de blan­chi­ment de la mon­naie ex nihilo

            belle expres­sion, je dirais même plus, dans le pro­ces­sus de blan­chi­ment de la drogue de l’argent, la titri­sa­tion est le moment où l’ad­dic­tion prend corps.
            Or, la crise de manque est aus­si insup­por­table que tabou, …ce qui peut par­ti­ci­per à expli­quer l’ac­cu­sa­tion de haute tra­hi­son faite à Marie Varoufakir.

        • joss

          C’est comme un type A qui vend une voi­ture volée à un type B. Si le pro­prié­taire retrouve sa voi­ture, le type B aura tout per­du : la voi­ture et son argent.
          Le type A, c’est la banque.
          Le type B, c’est l’é­par­gnant (nous).
          Le pro­prié­taire, c’est l’état.
          Créer l’argent ex nihi­lo et l’u­ti­li­ser de cette manière, c’est donc du vol.
          Et pour pro­fi­ter du sys­tème, le pro­prié­taire (en par­tie, les poli­tiques dans le cas de l’é­tat) est com­plice avec le type A !

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  23. etienne

    Très bon texte : 

    « Grèce : six mois pour rien ? »


    http://​www​.revue​-bal​last​.fr/​g​r​e​c​e​-​s​i​x​-​m​o​i​s​-​p​o​u​r​-​r​i​en/

    Extraits :

    « Le « tour­nant de la rigueur » de Mit­ter­rand en 1983 (deux ans après l’ar­ri­vée des socia­listes au pou­voir en France) n’est rien à côté de ce fran­chis­se­ment de toutes les « lignes rouges » de Syri­za : réduc­tion des retraites, limi­ta­tion des impôts des entre­prises, tra­vail du dimanche, détri­co­tage des droits syn­di­caux, mesures concer­nant la pro­prié­té des phar­ma­cies ou la concur­rence entre bou­lan­ge­ries… Sans oublier l’augmentation de la TVA sur des pro­duits ali­men­taires et de pre­mière néces­si­té (îles com­prises, jusqu’alors épar­gnées pour com­pen­ser le coût de trans­port des mar­chan­dises) — au hasard : la TVA pas­se­ra de 13 à 23 % sur les pré­ser­va­tifs, le sel et l’eau de mer, la viande de bœuf (mais pas le porc), les bro­chettes (mais pas sans sel), le sucre (mais pas les yaourts sucrés), les huiles (mais pas d’olive), le fro­mage râpé (mais pas au kilo)… Bref, tout ce que la gou­ver­nance euro­péenne sait pro­duire de plus ubuesque et indi­geste. Elle va appli­quer à la socié­té grecque, après cinq ans de chô­mage mas­sif et de coupes bud­gé­taires sociales, une nou­velle dose de che­val de ses « remèdes » qui ont pour­tant déjà lar­ge­ment prou­vé leur carac­tère inepte et néfaste. En for­çant le gou­ver­ne­ment grec à prendre des déci­sions qui ne sont pas seule­ment « impo­pu­laires » mais inhu­maines, injustes, déses­pé­rantes et rava­geuses dans un pays déjà rui­né par six années de récession. »

    […]

    « Il fal­lait faire payer aux Grecs le réfé­ren­dum et son résul­tat. Se ser­vir d’eux comme exemple pour mon­trer qu’aucune alter­na­tive poli­tique n’est envi­sa­geable dans le cadre euro­péen. Voi­là à quoi nos chers diri­geants, fiers d’avoir « sau­vé l’euro », ont pas­sé leur week-end. »

    […]

    « Varou­fa­kis dira avoir été stu­pé­fait par cette « absence totale de scru­pules démo­cra­tiques, […] d’avoir des per­son­nages très puis­sants qui vous regardent dans les yeux et disent : « Ce que vous dites est vrai, mais nous allons vous broyer quand même. » » Le plus incom­pré­hen­sible reste que, pen­dant six mois, l’équipe Tsi­pras a ain­si encais­sé les coups sans jamais les rendre ni chan­ger de stratégie. »

    […]

    « les diri­geants euro­péens ont aus­si condi­tion­né leur aide au fait que le pre­mier paquet de mesures soit voté dans les trois jours. Un temps record, qui ne per­met évi­dem­ment pas que les par­le­men­taires prennent cor­rec­te­ment connais­sance des textes signés à Bruxelles, ni qu’un débat de fond ait lieu. D’autres pays euro­péens ont pris des années pour faire pas­ser de telles mesures. Par exemple, la révi­sion du Code de pro­cé­dure civile, qui signi­fie­ra notam­ment la mul­ti­pli­ca­tion des expul­sions de ménages n’ayant pas pu s’acquitter de leur taxe d’habitation, doit être adop­tée la semaine sui­vante (ce jour-là, les dépu­tés rece­vront les 970 pages de lois vingt-quatre heures avant le vote). Une pro­cé­dure d’urgence que Syri­za a tou­jours ver­te­ment cri­ti­quée lorsqu’elle était uti­li­sée par les pré­cé­dents gou­ver­ne­ments et qui des­ti­tue d’autant plus le par­le­ment de son rôle et de sa fonc­tion qu’elle se déroule doré­na­vant « sans la pos­si­bi­li­té d’introduire le moindre amendement ». »

    […]

    « La majo­ri­té des sec­tions locales de Syri­za et des membres de son Comi­té cen­tral s’oppose à la déci­sion du Pre­mier ministre. Celui-ci, après avoir renié la tota­li­té de son pro­gramme et ava­lé toutes les cou­leuvres euro­péennes, s’accroche au pou­voir. Il refuse de reti­rer son plan et même de réunir le Comi­té cen­tral de Syri­za avant l’accord (comme il s’y était pour­tant enga­gé), mena­çant au contraire de convo­quer des élec­tions s’il n’obtient pas le sou­tien des par­le­men­taires de son par­ti, d’exclure les « fron­deurs » qui ose­raient voter « non ». Bien loin des pos­tures roo­se­vel­tiennes prises il y a une semaine à peine, le chef d’État qui s’affichait comme l’un des der­niers défen­seurs de la démo­cra­tie se montre sous un autre jour. »

    […]

    « Pour la pre­mière fois depuis l’arrivée de Syri­za au pou­voir, les ser­vices publics sont en grève. Aux alen­tours de Syn­tag­ma, des affron­te­ments éclatent. Les forces spé­ciales de police (MAT), que Syri­za avait pro­mis de dis­soudre et qu’on ne voyait plus en rue depuis jan­vier, refont leur appa­ri­tion et chargent bru­ta­le­ment les manifestants. »

    […]

    « Dès sa divul­ga­tion, l’accord a été des­cen­du en flammes, qua­li­fié de toutes parts de néfaste et d’impraticable. Quelques jours après sa signa­ture, il est deve­nu qua­si impos­sible d’en trou­ver le moindre défen­seur, hor­mis par­mi les socia­listes fran­çais et quelques obs­curs tech­no­crates bruxellois. »

    […]

    « Le « Water­loo de Syri­za » (comme l’appelle l’ethnologue Pana­gio­tis Gri­go­riou sur son blog Greek Cri­sis) aura démon­tré l’impasse dans laquelle mène la double volon­té de faire par­tie de la zone euro et d’y mener des poli­tiques anti-aus­té­ri­té. Il aura été un accé­lé­ra­teur de muta­tions : muta­tion expresse du pou­voir grec, muta­tions de la socié­té et de l’opinion. Car il n’est pas du tout cer­tain qu’après avoir pré­sen­té ce choix si cru­ment, le peuple grec et d’autres qui sont en appa­rence atta­chés à l’Europe pré­fèrent res­ter à tout prix dans son union moné­taire. Ce chiffre impres­sion­nant vient nous le rap­pe­ler : 85% des Grecs de 18 à 24 ans ont voté non au réfé­ren­dum, ce qui indique com­bien cette géné­ra­tion sacri­fiée est loin de par­ta­ger l’européanisme béat de ses dirigeants. »

    […]

    Source : BALLAST

    À l’é­vi­dence, tout « élu de gauche » qu’il soit, Tsi­pras prouve à tout pro­pos qu’il ne vaut pas mieux que Hol­lande et la clique des voleurs-men­teurs que sont les chefs du P$ (et du PC) en France. Encore un men­teur, un traître.

    Le faux « suf­frage uni­ver­sel » (l’é­lec­tion de maîtres par­mi des can­di­dats pro­mus par les plus riches) ne porte au pou­voir QUE des enne­mis du peuple.

    La véri­table cause pre­mière de nos mal­heurs, c’est NOTRE INAPTITUDE à écrire nous-mêmes une consti­tu­tion digne de ce nom.

    Rap­pel, à pla­car­der sur tous les murs de toutes les villes et de tous les vil­lages DU MONDE :

    « La source de tous nos maux, c’est l’indépendance abso­lue où les repré­sen­tants se sont mis eux-mêmes à l’égard de la nation sans l’avoir consultée.

    Ils ont recon­nu la sou­ve­rai­ne­té de la nation, et ils l’ont anéantie.

    Ils n’étaient de leur aveu même que les man­da­taires du peuple, et ils se sont faits sou­ve­rains, c’est-à-dire des­potes, car le des­po­tisme n’est autre chose que l’usurpation du pou­voir souverain.

    Quels que soient les noms des fonc­tion­naires publics et les formes exté­rieures du gou­ver­ne­ment, dans tout État où le sou­ve­rain ne conserve aucun moyen de répri­mer l’abus que ses délé­gués font de sa puis­sance et d’arrêter leurs atten­tats contre la consti­tu­tion de l’État, la nation est esclave, puisqu’elle est aban­don­née abso­lu­ment à la mer­ci de ceux qui exercent l’autorité.

    Et comme il est dans la nature des choses que les hommes pré­fèrent leur inté­rêt per­son­nel à l’intérêt public lorsqu’ils peuvent le faire impu­né­ment, il s’ensuit que le peuple est oppri­mé toutes les fois que ses man­da­taires sont abso­lu­ment indé­pen­dants de lui.

    Si la nation n’a point encore recueilli les fruits de la révo­lu­tion, si des intri­gants ont rem­pla­cé d’autres intri­gants, si une tyran­nie légale semble avoir suc­cé­dé à l’ancien des­po­tisme, n’en cher­chez point ailleurs la cause que dans le pri­vi­lège que se sont arro­gés les man­da­taires du peuple de se jouer impu­né­ment des droits de ceux qu’ils ont cares­sés bas­se­ment pen­dant les élec­tions. »

    Robes­pierre, 29 juillet 1792.

    Réponse
  24. joss
  25. BA

    À pro­pos de la faillite de la Grèce en 2009 :

    Le 6 octobre 2009, Geor­gios Papan­dréou devient Pre­mier ministre. 

    Onze jours après son arri­vée au pou­voir, il annonce, dans un sou­ci de trans­pa­rence, que l’é­tat réel des finances grecques avait été caché par le pré­cé­dent gou­ver­ne­ment. Il fait réta­blir les véri­tables don­nées éco­no­miques, dont un défi­cit équi­valent à 12,5 % du PIB pour la seule année 2009. La Com­mis­sion euro­péenne confir­me­ra cette fal­si­fi­ca­tion des don­nées quelques semaines plus tard.

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ge%C3%B3rgios_Papandr%C3%A9ou_(1952-)

    Le 17 octobre 2009, tout le monde com­prend que la Grèce est en faillite : la dette publique de la Grèce est de 299,69 mil­liards d’eu­ros, soit 129,7 % du PIB. Mais les autres diri­geants euro­péens, la BCE et le FMI ne veulent pas que la Grèce quitte la zone euro. 

    Les autres diri­geants euro­péens, la BCE et le FMI décident de tout faire, et même de faire n’im­porte quoi, pour gar­der la Grèce dans la zone euro. 

    En 2009, au lieu de lais­ser la Grèce faire un défaut total sur sa dette, sor­tir de l’eu­ro, reve­nir à la drachme, déva­luer, etc, ils décident de sacri­fier le peuple grec et de gar­der la Grèce dans la zone euro.

    Six ans plus tard, le résul­tat est le suivant :

    Le peuple grec a été sacrifié.

    La Grèce est en faillite.

    Les banques grecques sont en faillite.

    L’Al­le­magne a réa­li­sé 100 mil­liards d’eu­ros d’é­co­no­mies grâce à la crise grecque. C’est ça, le plus important.

    Pour que l’Al­le­magne conti­nue à s’en­ri­chir, il faut que la Grèce conti­nue à s’appauvrir.

    La construc­tion euro­péenne, c’est des nations du sud qui doivent conti­nuer à s’ap­pau­vrir, pour que les nations du nord conti­nuent à s’enrichir.

    La construc­tion euro­péenne, c’est un bou­le­vard pour les fureurs natio­na­listes, pour les colères popu­laires, pour les par­tis extré­mistes, puis, au bout du boulevard, …

    … la guerre.

    L’Al­le­magne, qui a adop­té une ligne dure vis-à-vis d’A­thènes, a for­te­ment pro­fi­té de la crise éco­no­mique et finan­cière en Grèce, révèle un ins­ti­tut d’é­tudes éco­no­miques alle­mand aujourd’hui.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2015/08/10/97002–20150810FILWWW00214-grece-l-allemagne-a-profite-de-la-crise-etude.php

    Réponse
    • Norton

      Sauf qu’il me semble que l’Al­le­magne ne peut plus se per­mettre de reve­nir au Mark étant don­né que l’é­norme masse de capi­taux engran­gée serait com­pen­sable en Marks et celui-ci s’é­crou­le­rait si les dépo­sants reti­raient subi­te­ment leur argent…, ce qui est la han­tise des Allemands…
      L’Al­le­magne pour­rait perdre bien plus que ce qu’elle a gagné au moindre inci­dent de la zone Euro… Le « sys­tème UE » repose sur la libre cir­cu­la­tion des capi­taux ( article 63 du TFUE…) et fait que l’Al­le­magne est condam­née à faire durer l’Eu­ro…, bien qu’à la fin, elle risque d’être la seule à en avoir et qu’il ne vau­dra plus rien…
      Remar­quez, c’est sou­vent comme ça que finissent les envo­lées ger­ma­niques : à la fin, l’Al­le­magne est marron !… 

      La situa­tion s’est blo­quée et l’U­nion Euro­péenne est pat…, mais cha­cun fait comme si la par­tie pou­vait continuer…
      L’af­faire grecque montre que nous entrons dans l’ère des contor­sions plus ou moins légales pour faire durer une ago­nie dont cha­cun espère se sor­tir le moins mal possible…
      C’est pitoyable et absurde…, mais aus­si très dangereux…

      Réponse
    • quelqu'un

      et à continuer :

      « L’Allemagne a réa­li­sé 100 mil­liards d’euros d’économies grâce à la crise grecque. C’est ça, le plus important.

      Pour que l’Allemagne conti­nue à s’enrichir, il faut que la Grèce conti­nue à s’appauvrir. »

      « C’est les boches qui payent tout », n’est-ce pas ? (Célèbre parole pro­non­cée dans les négo­cia­tions à Ver­sailles en 1918)

      N’au­riez-vous tou­jours pas com­pris que ce gou­ver­ne­ment Juncker/Lagarde/Draghi de l’UE tra­vaille pour l’o­li­gar­chie mon­diale ? Et que ce n’est pas « L’Al­le­magne » qui gagne des mil­lions mais les oli­garches de la France, de l’An­gle­terre, ‚de l’Al­le­magne, d’Is­rael, des Etats-Unis et j’en passe, sou­te­nus par L’UE qui le font et ne paye­ront pas un rond d’im­pôts, ni en Alle­magne ni en Grèce, par decret de Juncker ?

      Com­ment peut-on être rétro à ce point ? N’a­vez-vous pas lu que l’ap­pau­vris­se­ment du peuple alle­mand conti­nue et conti­nue ? cela vous fait peut-être plai­sir, vu le cou­loir idéo­lo­gique dans lequel vous me sem­blez vous trou­ver, mais sérieu­se­ment, com­ment Etienne, vous pou­vez sou­li­gner en rouge ces « ana­lyses » qui ne donnent que du mépris comme d’hab envers « les alle­mands » et n’a­na­lysent rien du tout ? 

      ce que vous saviez peut-être pas, puisque la dimen­sion extrême de votre mépris tra­di­tion­nel reste têtue : « le peuple » alle­mand est aus­si peu cohé­rent comme celui de la France. 

      Plus encore, il est mélan­gé de toute forme, mais pour­tant, ce même peuple, en 1945, a créé ce dont vous rêvez encore : le BGB, un texte de base de lois, qui est humai­ne­ment à une hau­teur jamais atteinte en France. 

      Et ce que vous ne savez tou­jours pas : l’Al­le­magne que vous ima­gi­nez être un pays consti­tué de richis­simes pro­prié­taires avares, n’a tou­jours pas de traî­té de paix . En 1955, les Russes le lui ont pro­po­sé mais c’é­tait les Amé­ri­cains, la France et l’An­gle­terre qui ont fait obs­tacle. Jusqu’aujourd’hui.

      Devi­nez pourquoi ?

      Pour pou­voir mieux les mettre sous pres­sion per­ma­nente et les culpa­bi­li­ser jus­qu’à la fin de nos jours ? Exactement.

      Quand je lis ces « ana­lyses » pas meilleures que la une du dai­ly mir­ror ou de Paris match, la bonne idée d’E­tienne, les ana­lyses dis­pa­raissent au pro­fit du :
      Tous les humains sont pareils sauf les alle­mands. Et celle-là elle a une barbe longue comme celle de Méthulasem. 

      Allez-vous vous réveiller un jour ?

      Réponse
  26. etienne

    Pas­sion­nant et essentiel :
    Éric Tous­saint (CADTM) résume les étapes du coup d’É­tat des banques en Grèce depuis 2010, tor­ture du peuple pour sau­ver les banques grecques de la faillite frau­du­leuse qu’elles méri­taient mille fois, tour­ments popu­laires impo­sés avec la col­la­bo­ra­tion active des bour­reaux de la fausse « gauche radi­cale par­le­men­taire » (oxy­more impossible).

    Éric Tous­saint explique aus­si en deux minutes impor­tantes (à la fin) l’al­ter­na­tive prin­ci­pale, (expé­ri­men­tée avec suc­cès en Équa­teur, mais refu­sée par les traîtres pré­ten­du­ment « de gauche » de Syri­za) : reprendre le contrôle public de la créa­tion monétaire :


    Ce qui est évident, c’est le paral­lèle criant entre la haute tra­hi­son de Tsi­pras et celle des « élus » fran­cais : ramas­sis de men­teurs pro­fes­sion­nels, TOUS au ser­vice des usu­riers (à qui ils doivent TOUT).

    Réponse
  27. etienne

    Inté­res­sant :

    Fran­cis Cou­sin : « Nos enfants ne ver­ront plus les nations »

    Réponse
    • Ana Sailland

      « Si quelqu’un vou­lait encore une preuve du dan­ger que font peser les réfé­ren­dums sur le fonc­tion­ne­ment des démo­cra­ties modernes, la voi­là », ful­mi­nait le site de l’hebdomadaire Der Spie­gel le 6 juillet 2015

      ->

      Au delà du cadre par­ti­cu­lier pré­sent, on voit ici en clair le més­usage dra­ma­tique du mot démo­cra­tie. C’est cari­ca­tu­ral. Et sur­tout cauchemardesque.

      ;;;;;;;;;;;;

      « Pour lui, les règles ont un carac­tère divin »
      « faire res­pec­ter les règles »

      Voi­ci donc que les éco­no­mistes libé­raux se prennent pour des archanges, des pro­phètes, les mes­sa­gers de la parole divine, donc incontestable.
      Tout ceci avec le mot démo­cra­tie plein la bouche, quand il s’a­git d’une reli­gion, armée qui plus est.

      Ces gens sont les réin­car­nats de l’in­qui­si­tion, qui vont brû­ler toute pen­sée à son stade foe­tal. La réflexion est inter­dite. Le hold up moné­taire mon­dial est consi­dé­ré comme sain. C’est la fin de l’humanisme.

      Réponse
      • quelqu'un

        ah oui, la nou­velle tac­tique : par­ler comme les révo­lu­tion­naires pour semer le doute et recon­for­ter le fa niente. « tu vois, même le Spie­gel dit qu’il faut chan­ger, donc tout va bien, ils vont bou­ger… » Le Spie­gel a été autre­fois le jour­nal cri­tique intel­lec­tuel tout comme Libé­ra­tion l’E­TAIT. Il est, comme DIE ZEIT, détour­né donc redoutable.

        Réponse
    • quelqu'un

      et alors ? Fixer des règles (= la consti­tu­tion) est exac­te­ment ce que vous pro­po­siez, Etienne, où est la nou­veau­té ? Où est la sur­pre­nante analyse ?

      Il se peut que pour les mon­dia­listes et les bobos le mot « règle » c’est du blasphème.

      L’im­por­tant est quand-même de savoir qui a construit les règles et si c’é­tait avec le consen­te­ment du peuple oubien, mieux encore, s’ils sont le fruit des ate­liers consti­tuants. Voi­là ce qui devrait être le centre des réflexions.

      A don­ner un mot (« ordo­li­bé­ra­lismes ») à une chose que tout le monde fait, n’a rien de nou­veau et il montre com­bien ces « poli­tiques » sont tota­le­ment bêtes et bouf­fés par le fric et le pou­voir, Varou­fa­kis inclu.

      Réponse
  28. etienne

    Il y a aus­si, dans le même numé­ro du Diplo, un article poi­gnant sur l’u­tra-vio­lence d’É­tat et les ultra-vio­lences connexes » au Mexique ; une auto­no­mi­sa­tion de tous les pou­voirs qui glace le sang : 

    Dire la vio­lence extrême au Mexique
    « Deux indi­vi­dus armés se sont approchés… »

    https://​www​.monde​-diplo​ma​tique​.fr/​2​0​1​5​/​0​8​/​G​O​N​Z​A​L​E​Z​_​R​O​D​R​I​G​U​E​Z​/​5​3​512

    Pour se pro­té­ger dura­ble­ment de toutes les formes de tor­ture impu­nie, les humains doivent deve­nir constituants.

    Mas­si­ve­ment.

    Réponse
  29. etienne
    • etienne

      Escro­que­rie politique 
      http://​www​.greek​cri​sis​.fr/​2​0​1​5​/​0​8​/​F​r​0​4​5​9​.​h​tml

      Le gou­ver­ne­ment d’Alexis Tsi­pras vient de démis­sion­ner au soir du jeu­di 20 août. Les élec­tions légis­la­tives anti­ci­pées auront lieu le 20 sep­tembre pro­chain. C’est très pro­ba­ble­ment le der­nier acte de l’escroquerie poli­tique SYRIZA… pri­mi­tif ; du temps d’avant, et en pre­mier lieu de son équipe diri­geante-diri­gée. Dans son allo­cu­tion radio­té­lé­vi­sée, le Pre­mier ministre du mémo­ran­dum III s’est jus­ti­fié avec mal­adresse, s’accrochant à l’hybris, men­songe après men­songe. Piètre spec­tacle des temps modernes.

      Athènes, août 2015

       
      Alexis Tsi­pras a donc démis­sion­né, après avoir fait exac­te­ment le contraire de ce qu’il pré­ten­dait accom­plir devant la nou­velle situa­tion méta-démo­cra­tique, ins­tau­rée par la gou­ver­nance par la dette en 2010. Une déci­sion qui s’imposait, tout d’a­bord parce que le gou­ver­ne­ment avait per­du sa majo­ri­té à la Chambre, situa­tion il faut dire inso­luble autre­ment, et d’autre part, parce qu’il n’a­vait plus aucune légi­ti­mi­té démo­cra­tique pour mettre en œuvre un pro­gramme sur lequel… il n’a pas été élu. Sauf que la légi­ti­mé démo­cra­tique est désor­mais le der­nier des sou­cis pour les poli­ti­ciens… arri­vés à matu­ra­tion de SYRIZA II. Le mémo­ran­dum est pas­sé par là.

      Aus­si­tôt, un proche conseiller de Jean-Claude Jun­cker, pré­sident de la Com­mis­sion euro­péenne, vient de décla­rer via son compte Twit­ter que “les élec­tions anti­ci­pées en Grèce peuvent être un moyen d’é­lar­gir le sou­tien au MES, et de son pro­gramme d’ap­pui à la sta­bi­li­té que vient de signer le Pre­mier Ministre Tsi­pras au nom de la Grèce”. C’est la suite… logique, à l’autre phrase désor­mais bien célèbre de Jean-Claude Jun­cker : “Il ne peut y avoir de choix démo­cra­tique contre les trai­tés euro­péens déjà rati­fiés”, (“Le Figa­ro”, 29/01/2015).

      Suite logique que seule la sophis­tique d’Alexis Tsi­pras pré­tend alors igno­rer : “Nous tenons entre nos mains, la démo­cra­tie et la Grèce” avait-il lan­cé avant de conclure lors de son allo­cu­tion. J’ai remar­qué qu’il n’a pas pro­non­cé une seule fois le mot “Consti­tu­tion”. Lors de son dis­cours d’investiture en jan­vier der­nier, Alexis Tsi­pras avait pour­tant décla­ré : “La fier­té et la digni­té de notre peuple ne seront pas posées sur la table des négo­cia­tions ; Nous sommes la chair de la chair de ce peuple, nous sommes chaque mot de la Consti­tu­tion de ce pays et c’est lui que nous ser­vi­rons jusqu’au bout”. Effec­ti­ve­ment, “Nous sommes chaque mot de la Consti­tu­tion de ce pays… l’Al­le­magne”, iro­nise-t-on en ce moment en Grèce.

      Expres­sion du moment. Athènes, août 2015

       
      Il faut bien le recon­naître. Le plan euro­péiste (et mon­dia­liste) aurait été si bien pré­pa­ré, il com­por­tait d’ailleurs déjà en son sein SYRIZA (d’en haut) et cela depuis long­temps. La suite est connue : Calen­drier des élec­tions anti­ci­pées en jan­vier, fausses et rare­ment vraies négo­cia­tions, éjec­tion de la Pla­te­forme de Gauche et nou­velles élec­tions en sep­tembre 2015 aus­si­tôt après le choc du mémo­ran­dum III, le but étant de consti­tuer un nou­veau bloc mémo­ran­diste (SYRIZA, Pota­mi, PASOK etc.).

      Seul impré­vu, ce résul­tat du réfé­ren­dum, les Tsi­priotes et les autres “ven­dus” de la Colo­nie auraient sans doute expli­qué aux maîtres-fous troï­kans que le ‘NON’ l’emporterait seule­ment de jus­tesse. C’est ain­si qu’Alexis Tsi­pras a osé même pro­non­cé cette phrase ter­rible lors de son allo­cu­tion du 20 août : “J’ai la conscience tran­quille”, copiant de la sorte Anto­nis Sama­ras jusqu’au gro­tesque, igno­rant comme il semble l’être, de cette éven­tua­li­té désor­mais plau­sible le concer­nant, à savoir de com­pa­raître un jour devant un tri­bu­nal, au même titre que les autres diri­geants de la gou­ver­nance mémo­ran­daire (Papan­dréou, Papa­dé­mos, Sama­ras), en com­men­çant par l’initiateur même de l’avant-projet, Costas Simítis.

      Jeu­di 20 août, Alexis Tsi­pras a dis­sous le Par­le­ment, après avoir dis­sous la Démo­cra­tie, l’espoir, la Grèce, et même SYRIZA, pour ne pas dire toute la Gauche dans un sens. Sauf qu’il était aus­si grand temps peut-être. Car lorsqu’enfin Alexis Tsi­pras déclare “enta­mer une dis­cus­sion démo­cra­tique avec nos par­te­naires euro­péens”, plus per­sonne n’y croit en Grèce et ceci est un réel pro­grès. Et donc, nom­breux sont ceux qui retien­dront son autre petite phrase “il faut que mon gou­ver­ne­ment puisse tirer tout le béné­fice du sou­tien popu­laire” alors que SYRIZA d’en haut, a tout fait pour court-cir­cui­ter tout mou­ve­ment d’en bas authen­ti­que­ment en sa faveur, sur­tout entre jan­vier et février 2015.

      Grèce, été 2015

       
      SYRIZA II, navigue déjà loin, très loin des pré­oc­cu­pa­tions des Grecs. Les Tsi­priotes espé­rèrent en tout cas se main­te­nir au pou­voir, sous les effets du choc et dans la mesure où le nou­veau Front de gauche orga­ni­sé autour du ‘NON’ (Pla­te­forme de gauche quit­tant SYRIZA, mou­ve­ment du Plan‑B et bien d’autres), a déjà suf­fi­sam­ment tar­dé à prendre corps. Suf­fi­sam­ment tar­dé par cette accé­lé­ra­tion du temps his­to­rique signi­fie pour nous tous vivant dans la Colo­nie, quelques semaines seule­ment… et pourtant.

      En ce moment, de nom­breux élec­teurs dégoû­tés de l’escroquerie SYRIZA, se dirigent déjà vers l’abstention, à l’instar de mon voi­sin Costas : “Depuis tant d’années je lutte et je votais SYRIZA. J’en suis pro­fon­dé­ment dégou­té, voire trou­blé. Nous autres Grecs, nous sommes bien incor­ri­gibles. Je me retire de tout, je ne sui­vrai même plus l’actualité et je n’irai plus jamais voter. Je ferai de l’ésotérisme, je fabri­que­rai mon sens autre­ment”.

      D’autres au contraire, élec­teurs de droite et anciens du PASOK, se sentent mieux libres pour voter en faveur du par­ti ins­tru­men­ta­li­sé par les diri­geants Tsi­priotes, main­te­nant que SYRIZA est un par­ti du mémo­ran­dum exac­te­ment comme les autres, le faux ali­bi en plus. Alexis Tsi­pras devient ain­si… le plus jeune… cadavre poli­tique du pays depuis bien long­temps. Même en cas de réélec­tion, il gou­ver­ne­ra de concert avec les déchets du népo­tisme athé­nien Bruxel­lo­com­pa­tible, et sur­tout, il ne gou­ver­ne­ra guère trop longtemps.

      Autres navires. Musée de l’A­cro­pole. Athènes, août 2015

       
      Car les rai­sins de la colère grecque sont déjà mûrs. Depuis son île, Naxos, Manó­lis Glé­zos aver­tit déjà Alexis Tsi­pras : “Le gou­ver­ne­ment du Palais du Pre­mier ministre, a déci­dé de conduire à des élec­tions hâtives et anti­ci­pées pour le 209, en igno­rant SYRIZA, ce qui explique pour­quoi aucune vaste réunion n’a été convo­quée. L’ob­jec­tif est évident : La sou­mis­sion aux créan­ciers (Troï­ka) et à l’o­li­gar­chie. Suite à cela, tous les fon­da­teurs de SYRIZA, comme tous ceux qui ne tiennent pas à la répé­ti­tion d’un nou­veau Liban (accords néfastes pour la Resis­tance de Gauche en 1944), ils sont appe­lés à for­mer un Front de Résis­tance uni, popu­laire, béné­fi­ciant de la coopé­ra­tion par­ti­sane, pour évi­ter l’hé­mor­ra­gie impo­sée à notre peuple et la des­truc­tion du pays, le peuple est le seul com­pé­tent, à en juger comme de déci­der de son ave­nir”, “Quo­ti­dien des Rédac­teurs” du 20 août au soir.

      À quelques heures seule­ment de la dis­so­lu­tion du Par­le­ment du 25 jan­vier et de Zoé Kons­tan­to­poú­lou (sa Pré­si­dente), les dépu­tés de la Pla­te­forme de Gauche for­me­ront très pro­ba­ble­ment un groupe indé­pen­dant, deve­nant ain­si le troi­sième groupe par­le­men­taire, der­rière SYRIZA et der­rière la Nou­velle démo­cra­tie. Ce qui lui don­ne­ra dans pareil cas, une meilleure pré­sence à tra­vers les médias durant la cam­pagne élec­to­rale… que le voi­sin Costas ne sui­vra pas, puisque “c’est de la comé­die, tout est déci­dé par avance et par les vrais centres du pou­voir pla­né­taire”.

      Rai­sins sous l’A­cro­pole. Août 2015

       
      Les temps galopent, l’été grec déci­dé­ment se prolonge.

      En Crète, “le maire de la ville de Siteia, se réfé­rant à une ‘lacune’ qu’existe dans la loi grecque, entre­prend l’a­bat­tage des ani­maux dits ‘sans sur­veillance’, leur viande est ensuite dis­tri­buée à tra­vers l’épicerie sociale muni­ci­pale aux familles confron­tées à de graves pro­blèmes finan­ciers. Comme l’a décla­ré le maire Theo­do­ros Pate­ra­kis : ‘Seule­ment la semaine der­nière, 37 chèvres et boucs ont été trans­for­més en nour­ri­ture pour les popu­la­tions néces­si­teuses de Siteia, plus de 500 kg de viande ont été dis­tri­bués !”, quo­ti­dien “Kathi­me­riní” du 20 août.

      Tout est dit à tra­vers la petite phrase : “des ani­maux dits ‘sans sur­veillance’”, dont nous sommes en quelque sorte… la chair de la chair, et la Grèce n’est plus à sa pre­mière muta­tion de la méta-démo­cra­tie galopante.

      Source : greek​cri​sis​.fr

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